Une libération corporelle en Occident

En Europe occidentale au Moyen-Age, le corps humain (celui de l'homme comme celui de la femme) était considéré comme un résultat du péché originel, et donc marqué négativement. De plus, si les femmes devaient alors se voiler la tête, c'est parce que "le chef de la femme c'est l'homme" : "Le chef de tout homme c'est le Christ. Le chef de toute femme c'est l'homme. Le chef du Christ c'est Dieu. Tout homme qui prie ou prophétise la tête couverte fait affront à son chef [= le Christ]. Mais toute femme qui prie ou prophétise tête nue fait affront à son chef [= l'homme]. Car c'est exactement comme si elle était rasée" (Première Epître aux Corinthiens, 11/3-5). "L'homme, lui, ne doit pas se voiler la tête : il est l'image et la gloire de Dieu. Mais la femme est la gloire de l'homme" (Idem, 11/7).

Après ces longs siècles d'emprisonnement des corps, aujourd'hui est venu le temps de la liberté, où l'homme comme la femme peuvent s'habiller comme bon leur semble, où les corps peuvent s'afficher en public sans gêne et sans honte. Qui oserait dire qu'il faudrait revenir en arrière pour revivre ce qu'on connaissait au Moyen-Age ? Pourtant, les choses ne sont pas aussi roses qu'on pourrait le penser...

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L'excès...

Des voix s'élèvent aujourd'hui (parfois celles de féministes elles-mêmes), qui déplorent que le nudité féminine (comme d'ailleurs parfois la nudité masculine) soit devenue un objet publicitaire et commercial.
D'une façon générale, le fait d'afficher ainsi partout les attraits des corps ne fait que flatter un instinct qui, bien qu'il soit naturel chez l'humain, a tendance alors à prendre une place de plus en plus importante dans la vie et la pensée de celui-ci. Liliane Crété écrit : "Après la Deuxième guerre mondiale, les choses changent. Les barrières, les unes après les autres, tombent. (...) Seulement, dans les années 1970, (...) dans la foulée des événements de mai 1968 (...), ce féminisme new look sombre dans l'hédonisme et la permissivité. Au nom de la libération des femmes, la famille éclate. Au nom de la liberté, le mariage est détruit. (...) Disposer de soi, limiter les naissances, ne plus être rivée au destin biologique est une chose. Résumer le droit à la liberté à un droit à jouir au maximum de la vie sans contrainte en est une autre" (Le protestantisme et les femmes, Liliane Crété).

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D'un extrême à l'autre ?

Le rapport au corps humain s'est tellement inversé en Occident qu'on semble être progressivement passé d'un extrême à l'autre : alors qu'hier le corps était marqué négativement dans "son être même" par la religion dominante en Europe, aujourd'hui il est devenu de bon ton non pas seulement d' "être bien dans son corps" - ce qui est naturel et normal - mais de ne plus éprouver de gêne à en montrer de nombreux attraits publiquement, ou à le montrer de façon très osée sur les affiches publicitaires. Et on a tellement vécu le fait de devoir dissimuler son corps comme une expression du marquage négatif de ce corps, qu'aujourd'hui, direz-vous tout doucement qu'il serait mieux d'éviter les tenues très courtes en public et les affiches publicitaires osées, que vous recevrez cette réponse : "Il ne faut pas (ou plus) avoir honte de son corps !" Il semblerait donc qu'on ait aujourd'hui du mal à faire la distinction entre la "pudeur" et la "honte".
La "honte par rapport au corps" consiste à ne pas se sentir bien dans sa peau, ou à considérer son corps comme une tache, une chose marquée négativement. Cette honte, une mauvaise chose, est différente de la "pudeur", qui, elle, consiste à dissimuler ses attraits en public. La pudeur n'implique pas qu'on ne soit pas bien dans son corps ou que celui-ci soit marqué négativement, elle signifie qu'on en réserve les attraits aux seuls regards de l'être avec qui on a choisi de partager sa vie : son conjoint.

Et c'est en fait ce qu'enseigne l'islam. Car pour l'islam, si l'homme comme la femme doivent en public dissimuler certains de leurs attraits, ce n'est pas parce que le corps est marqué négativement. C'est parce que la mise en valeur de son corps partout ne peut conduire qu'à la désacralisation de ce corps, avec toutes les retombées sociales et familiales que cela peut avoir.

Pour plus de détails, lire les articles : Le corps et ce qui y est lié en islam ; Pourquoi l'islam demande-t-il à la femme de se vêtir davantage que l'homme ?

Wallâhu A'lam (Dieu sait mieux).

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