Un nouvel ordre mondial, soumis à l'hyperpuissance ?

Ce à quoi nous assistons actuellement en Irak pourrait bien être la première phase d'un bouleversement radical de l'ordre mondial : il pourrait s'agir de la mainmise prochaine des Etats-Unis d'Amérique, l'hyperpuissance de la planète, sur tous les moyens de contrôle du monde. Et si chez ceux qui s'élèvent contre la guerre en Irak, il y en a qui entendent défendre de la sorte un peuple rendu exsangue par douze années d'embargo, il y en a d'autres qui veulent s'opposer à la première expression concrète de la mise en œuvre de ce nouvel ordre. Car si celui-ci se met effectivement en place, les autres nations ne vont plus avoir le choix qu'entre :
– affirmer joyeusement qu'on a toujours été la voix de son maître (comme le fait la Grande-Bretagne) ;
– approuver ce que dit le maître pour bénéficier du bien-être (comme le fait l'Espagne) ;
– s'y résigner pour ne pas perdre les subventions qu'il accorde (comme le fait l'Egypte) ;
– refuser, de façon plus ou moins ouverte, certaines de ses positions (comme le fait la France) ;
– refuser franchement de reconnaître l'hyperpuissance comme maître (comme l'ont fait des pays qui ont été aussitôt catalogués comme faisant partie de l'Axe du mal).

Plus le temps avance, plus des voix se font entendre qui disent que ce qui se déroule sous nos yeux a probablement été planifié de longue date. L'Irak ne subit actuellement que probablement la première d'une série de "libérations" à venir : après viendra le tour de l'Arabie Saoudite, puis de la Syrie ; à moins que l'ordre soit inverse ? Et gare à l'Egypte si un futur président venait à adopter une politique autre que celle tracée jusqu'aujourd'hui par un Hosni Moubarak vis-à-vis des Etats-Unis.

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La Guerre du Golfe (1991) :

La Guerre du Golfe (1991) avait été soigneusement planifiée : les Etats-Unis avaient besoin d'installer des bases dans la région, d'affaiblir l'Irak et d'engranger quelques sommes conséquentes.

De 1980 à 1988, Saddam Hussein guerroie contre l'Iran : il reçoit le soutien des pétromonarchies du Golfe ainsi que des armes en provenance des Etats-Unis. Ces derniers savent déjà qu'il est un dictateur qui n'a pas hésité à faire supprimer ceux qui, même dans son propre camp, pouvaient constituer un danger pour son pouvoir personnel. Mais le dictateur de Bagdad est laïque et il est perçu comme un rempart contre "la contagion révolutionnaire islamique" (la révolution iranienne étant survenue en 1979). Huit années de guerre qui ne serviront à rien (à la fin du conflit, les deux pays seront au même point que là où ils étaient au début) sinon à causer des dizaines de milliers de morts dans les deux camps et à appauvrir l'Irak ; seul l'objectif recherché aura été atteint : pas de contagion révolutionnaire. C'est donc appauvri que l'Irak aborde le tournant des années 90. Or il se trouve que si, au sein de l'Opep, chaque pays membre a un quota de production à respecter, le Koweït a dépassé le sien de 20% lors des années 88-89, ce qui se traduit par une baisse du coût du brut, d'où un manque à gagner pour l'Irak alors même qu'il se trouve dans une situation de pauvreté accrue et qu'il pense avoir contribué à agir pour protéger les monarchies du Golfe. Face au refus de ces dernières d'aider l'Irak, la tension monte. Saddam Hussein se dit alors que le Koweït avait été jusqu'à une époque assez récente une province irakienne et n'avait été érigé en Etat indépendant que par les colonisateurs. Pour S. Hussein, récupérer le Koweït permettrait donc à la fois d'enrichir le pays et de récupérer ce qui n'en avait qu'injustement été détaché. Mais il y a les grandes puissances, notamment les Américains, et il faut s'entendre avec elles. Saddam Hussein convoque alors Glaspie April, ambassadrice américaine en Irak, et évoque devant elle la possibilité qu'il aurait de récupérer ce qu'il dit être une ancienne province de son pays. "Ceci est un conflit entre deux pays frontaliers, ce qui ne concerne absolument pas les Etats-Unis" reçoit-il en substance comme réponse. Il interprète celle-ci comme une promesse de fermer les yeux, le 2 août 1990 il envahit le Koweït, et… il tombe dans le piège que lui dressait Washington.
Le documentaire télévisé Hidden Wars of Desert Storm a prouvé – témoignages filmés à l'appui – que depuis bien avant août 1990, des soldats américains présents dans la région du Golfe avaient reçu l'ordre de se tenir prêts à "un conflit qui allait survenir". Le documentaire montre aussi que lorsque, aussitôt après l'invasion du Koweït, des émissaires américains se rendent à Riyad, c'est munis de photos truquées tablant à faire croire que des mouvements de l'armée irakienne, visibles par satellite, montrent qu'après le Koweït viendra le tour de l'Arabie Saoudite ; "Vous allez être envahis bientôt", disent-ils en substance. Prenant peur, le roi Fahd donne son accord à l'implantation de bases américaines sur le sol de son pays.

Le reste est l'affaire de quelques mois : une formidable coalition se forme contre l'Irak sous la houlette des Etats-Unis : en 1991 on assiste à une guerre aveugle malgré les "frappes chirurgicales" ; on assiste aussi sans surprise à la déroute de l'armée irakienne (pourtant présentée depuis des mois dans des médias comme la cinquième armée du monde).
Mais coup de théâtre : alors que les armées approchent de Bagdad et que les soldats croient qu'ils vont mettre fin au régime du dictateur, ils reçoivent l'ordre de stopper leur progression. La raison ne leur sera pas dévoilée, et puis un soldat n'a pas à réfléchir mais à exécuter les ordres, pourtant elle est évidente : l'ordre américain dans la région a besoin de la présence de Saddam Hussein pour encore quelque temps : il faut qu'il demeure pour qu'on puisse justifier la maintenance des bases militaires en Arabie Saoudite ; il faut qu'il demeure pour que le pays puisse être placé sous embargo et que l'absence du pétrole irakien sur le marché permette de garder le prix du pétrole à un prix suffisamment élevé pour que l'Arabie Saoudite puisse régler la facture de la guerre et donc payer les Etats-Unis. Pourquoi n'a-t-on pas dès lors libéré le peuple irakien du dictateur ?

Chez les Etats-Unis, l'engrangement des sommes d'argent se fera sans grands états d'âme : en l'espace de dix années, l'embargo tuera, selon un rapport de l'Unicef, près de 500 000 enfants irakiens de moins de 5 ans. Questionnée par la télévision au sujet de ces milliers d'enfants morts, Madeleine Albright dira : "Si c'est le prix à payer…". Aberrant. On voit le décalage entre de la réalité de tels propos et le fait de se présenter comme le phare de la démocratie, comme la liberté éclairant le monde. "In God we trust" ou bien plutôt "In Gold we trust" ?

Hélas pour eux, les gagnants s'avèreront être aussi perdants : de nombreux vétérans de la Guerre du Golfe vont bientôt, après leur retour au pays auréolés de gloire, être atteints d'un mystérieux mal : le syndrome de la Guerre du Golfe. Malgré de multiples démarches, les autorités refuseront à reconnaître que maladie il y a. Et pour cause : il se pourrait que l'origine en soit la présence d'uranium appauvri dans les obus, utilisé par les Américains dans un souci de recyclage et d'économie ; or, malheureusement pour eux, de nombreux soldats américains ramenaient, en guise de trophée, un morceau du tank irakien qu'ils avaient réussi à détruire grâce à ces obus. En dix ans, plus de 9500 vétérans américains sont décédés. Qu'a-t-il dû en être des Irakiens habitant les environs où ces tanks furent détruits ? Ce sont aussi des êtres humains, n'est-ce pas ? Et ils n'ont pas choisi de se trouver sous la poigne d'un dictateur.

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La guerre d'Irak (2003) :

"Le pétrole est chose trop importante pour être laissée dans les mains des Arabes" (Henri Kissinger, lorsque secrétaire d'Etat américain).

Selon un récent rapport américain, la consommation américaine en pétrole devrait passer de 52 % de la consommation mondiale actuellement à 66 % en 2020. La consommation mondiale augmentant elle aussi, les Etats-Unis devraient, en 2020, devoir importer 60 % de pétrole de plus qu'aujourd'hui. Or, dans le même temps, dans les 20 années à venir, les besoins en pétrole de l'Asie devraient eux aussi tripler, tandis que ceux de l'Europe devraient doubler. Résultat : du pétrole, il n'y en aura plus pour tout le monde, et tout ce qui est rare étant cher, il faudra bientôt le payer au prix fort. Or le pétrole est une question vitale pour l'économie actuelle ; c'est une question stratégique majeure, une question de survie pour toux ceux – USA à leur tête – qui entendent garder leur niveau de vie actuel. Le seul moyen de parvenir à résoudre cette question dans le proche avenir est donc de persuader les fournisseurs étrangers d'augmenter leur production et de vendre davantage aux Etats-Unis. Le rapport recommande donc d'"accroître, par la puissance militaire, la sécurité des approvisionnements en pétrole en provenance des pays instables politiquement, notamment au Moyen-Orient".

Pour la fourniture de leur pétrole, les Etats Unis se retrouvent actuellement tributaires principalement de l'Arabie Saoudite. Or le vieillissement des personnalités dirigeantes de ce pays, le réveil de l'islam et le mécontentement grandissant du peuple n'en font plus un allié sûr dans la région. D'où la nécessité de s'assurer à bon prix une diversification dans l'approvisionnement de l'or noir. Et cette diversification, les Américains l'ont trouvée en Irak.

Le problème c'est que ce pays se trouve depuis 1991 sous embargo, et les Etats-Unis ne peuvent donc pas traiter avec lui. La solution pour eux est donc de dégager Saddam Hussein et de mettre en place un gouvernement qui leur soit redevable.

Voici ce qu'on peut lire sur le site Yahoo : "L'Irak est appelé à remplacer l'Arabie Saoudite dans le rôle du premier exportateur d'or noir. Si actuellement, sa production effective avoisine les 3 millions de barils par jour, les capacités du pays sont en réalité largement ignorées. Sans compter les zones inexplorées et celles laissées à l'abandon depuis la guerre contre l'Iran et le premier conflit du Golfe, le volume total de pétrole en place est estimé à 250 milliards de barils. Un chiffre colossal à mettre en corrélation avec la dépendance logique et croissante des Etats-Unis vis-à-vis des importations de pétrole. L'augmentation de la population et de l'activité industrielle entraîne inévitablement des besoins plus grands. Dès lors, la question semble mathématique et comme le souligne le directeur de la revue "Pétrole et Gaz arabe", "tout responsable politique, aux Etats-Unis et dans tout autre pays importateur, qui se hasarderait à concevoir la politique de son pays au Moyen-Orient en faisant abstraction du pétrole, serait simplement irresponsable"" (source Yahoo).

Pour mettre la main sur l'Irak, le prétexte est tout trouvé : le pays possède des armes de destruction massive, de plus il a à sa tête un dictateur ; le danger est là et la guerre préventive s'impose donc. Des mois de recherches infructueuses par les inspecteurs de l'ONU n'y changeront rien : s'il n'est pas prouvé – du moins pour l'instant – qu'il possède des armes prohibées, au moins on est sûr que Saddam Hussein est un dictateur : il s'agit donc de libérer le peuple irakien. On n'a plus besoin de ce laïque auparavant rempart contre la contagion révolutionnaire, et on a besoin de le supprimer ; on se souvient donc tout d'un coup qu'il est dictateur et que son peuple souffre sous sa poigne de fer...

La libération du peuple irakien se fait actuellement, sous nos yeux, en direct, à coup de bombes "intelligentes" frappant les enfants, les femmes, les vieillards et les civils ; comme preuve de cette libération, le drapeau américain a été élevé en lieu et place du drapeau irakien dans au moins une place conquise, le peuple résiste et ne montre pas beaucoup d'empressement à être libéré de la sorte, mais l'opération "Liberté en Irak" se poursuit, et des renforts arrivent du côté américain. Mais libère-t-on un peuple en le bombardant et en en tuant les enfants ? Et puis on voit mal les Etats-Unis en champions de la démocratie dans le monde, eux qui avaient soutenu en Grèce la dictature des colonels (1967-1974) parce que cela servait leurs intérêts stratégiques du moment.

En plus de permettre sa mainmise sur le pétrole, le contrôle de l'Irak pourrait permettre à Washington de "remodeler le Proche-Orient" en y annihilant tout ce qui pourrait mettre en danger la puissance de son protégé dans la région, l'Etat d'Israël. La guerre en Irak pourrait ainsi – l'avenir montrera ce qu'il en était – servir à appliquer la déclaration Biltmore : créer un État palestinien en Irak et y déporter – pardon, transférer – les populations de Cisjordanie et de Gaza. On ne peut en être certain pour le moment, mais en tous cas l'Etat d'Israël a déjà les coudées franches et détruit, massacre et pille les territoires palestiniens comme il ne l'a jamais fait. Et pour cause : le monde entier a les yeux rivés sur la rive de l'Euphrate et sur celle du Tigre.

On peut dès lors regarder les événements du 11 Septembre avec un autre regard. Ce qu'il y a c'est que de nombreuses zones d'ombre demeurent autour de ce dont on nous dit qu'il s'est passé ce jour-là :
– des pilotes novices ou apprentis capables de guider de façon précise de gros avions de ligne lancés à toute vitesse (qu'en disent les pilotes chevronnés : est-ce possible ?) ;
– une secousse enregistrée avant/durant l'effondrement de la tour (cliquez ici) ;
– un effondrement des tours en seulement 10 secondes alors que cela devrait en prendre plus (cliquez ici) ;
– le fait que la chaîne CNN ait évoqué Ben Laden... deux minutes seulement après le premier crash ;
– des informations reçues à propos d'une imminente attaque sur le sol américain et connues de hauts responsables américains (cliquez ici) ;
– le fait que, bien que l'acier et le béton eux-mêmes aient été détruits, on prétende avoir retrouvé intact le passeport d'un des présumés terroristes dans les décombres du WTC ;
– enfin, le fait qu'on ait annoncé le chiffre fort de 5500 morts, chiffre qui a ensuite très progressivement – sur une période de plusieurs mois – baissé avant de se stabiliser à 2800 ; aurait-on donc retrouvé 2700 personnes, manquantes dans un premier temps ? Curieux, n'est-ce pas ?
Oh, je ne pense ni ne dis qu'il serait impossible que ce soient des musulmans qui aient perpétré les attaques du 11 septembre 2001. Les théories du complot russe ou autre choses du même genre, personnellement je n'y pas crois du tout. Mais pour ce qui est du fait qu'on soupçonne des musulmans d'être les auteurs de ces attaques, je ne dis pas que ce n'est pas eux ; mais je ne dis pas non plus que c'est forcément eux. Par ailleurs la question de l'infiltration des groupuscules radicaux et de l'utilisation de leurs actes reste posée. Aurait-on oublié que l'imminence d'une attaque de Pearl Harbour avait été connue de hautes personnalités américaines mais n’avait volontairement pas été prévenue, le but ayant été de forcer l’opinion américaine à approuver l’entrée du pays dans la guerre ? La formule est bien connue des joueurs d'échecs : "Je fais semblant de ne pas remarquer qu'il met en danger ma tour et je le laisse me la prendre ; mais il ne se rend pas compte que, ce faisant, il va me permettre de lui prendre sa reine et, d'après mon calcul, lui faire ensuite très bientôt échec au roi". Après tout, le monde n'est-il pas, selon la formule d'un grand stratège américain, un Grand Echiquier ? Alors peut-être qu'un jour on en saura davantage sur un 11 septembre très à point nommé...

Tout ceci aura également révélé que les accords internationaux de paix sont finalement bien peu de choses face à la raison du plus fort. Les Etats-Unis l'ont démontré, et ont montré – aveuglés par leur force militaire et économique – à tous que ces accords n'avaient finalement que peu d'importance. Les années qui viennent pourraient hélas nous montrer que l'escalade que cela pourrait entraîner risque d'être fort dangereuse.

Monsieur Georges Walker Bush a des références culturelles et historiques intéressantes : il a parlé de "Croisade du bien contre le mal" (s'étonnera-t-on ensuite que Ben Laden parle de "réagir face aux Croisés", comme il l'a dit dans son dernier message diffusé sur bande audio ?). Pourtant, d'autres termes, d'autres textes, issus d'autres cultures, existent aussi. Voici par exemple ce qu'a dit un poète arabe d'il y a plusieurs siècles, Imru' ul-Qays :
La guerre est, à ses débuts, une jeune femme
Qui agit par sa parure pour séduire tout ignorant.
Jusqu'à ce que, lorsqu'elle s'enflamme et que son embrasement devient fort,
Elle se change en vieille femme qui n'a aucun compagnon,
Aux cheveux gris, au teint qui n'est pas apprécié, et elle devient
Non agréable à respirer et à embrasser
(cité par al-Bukhârî, Al-Jâmi' us-sahîh, kitâb ul-fitan).

M. Bush risque fort de se rendre compte bientôt que la guerre qu'il a déclenchée n'est pas la jeune femme séduisante qu'elle lui a paru être.

Pour le moment et en ce qui nous concerne, ce que nous pouvons opposer à la mise en place du nouvel ordre mondial basé sur la force brutale et l'accaparement des richesses est la parole pacifique, pour essayer de ramener à la raison ceux de l'opinion publique qui n'ont pas été subjugués par la propagande mondiale de l'hyperpuissance.

Wallâhu A'lam (Dieu sait mieux).

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