La Péninsule Arabique englobe le Hedjaz (dans lequel sont sises les cités de La Mecque et de Médine), la partie méridionale de Shâm, tout le Yémen, le Najd (ce qui englobe Bâdiyat ul-'Irâq) et le 'Arûdh

Le Prophète (que Dieu le bénisse et le salue) a dit : "O Dieu, bénis pour nous notre Shâm ! O Dieu, bénis pour nous notre Yémen !" ; les Compagnons (présents) dirent : "Messager de Dieu, et notre Najd (aussi) ?". (Mais) le Prophète dit : "O Dieu, bénis pour nous notre Shâm ! O Dieu, bénis pour nous notre Yémen !" ; les Compagnons (présents) dirent : "Messager de Dieu, et notre Najd (aussi) ?". A la troisième reprise, le Prophète répondit : "Là-bas il y a les secousses et les troubles ; et de là se lèvera la corne du Diable" : "عن ابن عمر، قال: ذكر النبي صلى الله عليه وسلم: "اللهم بارك لنا في شأمنا، اللهم بارك لنا في يمننا"، قالوا: "يا رسول الله، وفي نجدنا؟". قال: "اللهم بارك لنا في شأمنا، اللهم بارك لنا في يمننا"، قالوا: "يا رسول الله، وفي نجدنا؟". فأظنه قال في الثالثة: "هناك الزلازل والفتن، وبها يطلع قرن الشيطان" (al-Bukhârî, 6681).
Une autre version de ce hadîth mentionne celui-ci avec les termes : "Et notre Irak (aussi) ?" : "حدثنا الحسن بن علي المعمري، ثنا إسماعيل بن مسعود، ثنا عبيد الله بن عبد الله بن عون، عن أبيه، عن نافع، عن ابن عمر أن النبي صلى الله عليه وسلم قال: "اللهم بارك لنا في شامنا، اللهم بارك في يمننا"، فقالها مرارا. فلما كان في الثالثة أو الرابعة، قالوا: "يا رسول الله، وفي عراقنا؟"، قال: "إن بها الزلازل والفتن، وبها يطلع قرن الشيطان" (Al-Mu'jam ul-Kakîr, at-Tabarânî, 13422). Il y a aussi ce hadîth : "حدثنا ابن نمير، حدثنا حنظلة، عن سالم بن عبد الله بن عمر، عن ابن عمر، قال: رأيت رسول الله صلى الله عليه وسلم يشير بيده يؤم العراق: "ها، إن الفتنة هاهنا؛ ها، إن الفتنة هاهنا" - ثلاث مرات -: "من حيث يطلع قرن الشيطان" (Ahmad, 6302).

Ibn Hazm est d'avis que ce hadîth parle de baraka dunyawiyya (Fat'h ul-bârî).

On trouve dans ce hadîth mention de Shâm ("notre Shâm") et du Yémen ("notre Yémen"), et, dans la question de ces Compagnons, du Najd ("notre Najd"). Et ce propos s'est tenu alors que tous ces personnages se trouvaient probablement au Hedjaz.

Est-ce que c'est parce que ces 4 régions font partie de la Péninsule Arabique que, dans ce hadîth, les 3 régions sus-nommées - "Shâm", "Yémen" et "Najd" - ont été évoquées précédées du pronom "notre" ?

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Il y a certes ici le propos de Abdullâh ibn Omar ayant cité un jour les noms des quatre premiers mîqât comme ayant été spécifiés par le Prophète ; quelqu'un parla alors de l'Irak ; Ibn Omar répondit : "Il n'y avait alors pas d'Irak" : "عن ابن عمر: "وقت النبي صلى الله عليه وسلم قرنا لأهل نجد، والجحفة لأهل الشأم، وذا الحليفة لأهل المدينة". قال: "سمعت هذا من النبي صلى الله عليه وسلم. وبلغني أن النبي صلى الله عليه وسلم قال: "ولأهل اليمن يلملم"". وذكر العراق، فقال: "لم يكن عراق يومئذ" (al-Bukhârî, 6912). Cependant, Ibn Omar voulait seulement dire, ici, que, à l'époque du Prophète (sur lui soit la paix), il n'y avait pas encore de musulmans qui viendraient en pèlerinage à la Kaaba depuis l'Irak. Les Banû Lakhm, des Arabes qui avaient régné en Irak en tant que vassaux des Perses, étaient pour leur part chrétiens, ne venant donc pas en pèlerinage à la Kaaba. Il se trouvait alors peut-être en Irak des Arabes qui étaient eux aussi hénothéistes et venaient donc eux aussi en pèlerinage à la Kaaba, mais eux ne respectaient pas les règles du mîqât...

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Note introductive :

--- Le nom "Hedjaz" désigne en fait plusieurs choses :
----- Au sens premier, le Hedjaz désigne seulement la barrière montagneuse séparant - c'est le sens littéral du terme "hijâz" - le Tihâma (la plaine - ghawr - bordant la mer Rouge) du Najd (le plateau de l'Arabie centrale, qui redescend vers la côte orientale de la Péninsule). Le terme Hedjaz désigne alors la chaîne montagneuse de as-Sarât (جبل السراة), qui s'étend depuis le Yémen (inclus), jusqu'à près du golfe d'Aqaba (au nord). As-Sam'hûdî écrit : "وقال بعضهم: "جبل السّراة أعظم جبال العرب حجزا، وهو الحد بين تهامة ونجد؛ وذلك أنه أقبل من قعر اليمن حتى بلغ أطراف الشام؛ فسمته العرب حجازا، لأنه حجز بين الغور - وهو هابط - وبين نجد - وهو ظاهر" (Wafâ' ul-wafâ' bi akhbâri dâr il-Mustafâ).
----- Or, au sens second du terme, le Hedjaz s'arrête avant la province du 'Assîr (où est sise Najran), cela alors même que la chaîne montagneuse as-Sarât continue vers le sud (Jazîrat ul-'Arab, cheikh Râbi' Nadwî, p. 35). C'est ainsi qu'on distingue "le Tihâma du Yémen" (au sud), et "le Tihâma du Hedjaz". Selon un sens dérivé (de ce second sens), le terme "Hedjaz" se met à désigner toute la région qui est distincte du Yémen et de Shâm, et englobe jusqu'au Tihâma de cette région. C'est avec ce sens dérivé du second sens que le terme Hedjaz est employé dans cet article : il englobe le Tihâma qui le borde.

--- Shâm et Yémen :
----- sont, au sens strict : deux régions qui débutent à partir de lieux fixes ;
----- mais, parfois, avec un sens très élargi, ces deux noms sont employés pour signifier respectivement : "ce qui est plus près de Shâm que du sud de la Péninsule", et : "ce qui est plus près du Yémen que du nord de la Péninsule". Cela confère à chacun de ces noms - et qualificatifs issus de ces noms - un sens relatif. C'est ainsi qu'il a été dit que "La cité de La Mecque est yéménite" et "La ville de Médine est shâmite". "وقال ابن شبة: "المدينة حجازية". وقال الحرقي: "إن تبوك وفلسطين من الحجاز". وتقدم في ظهور نار الحجاز أن الشافعي نصّ على أن "المدينة ومكة يمانيتان"، مع الحديث الوارد في بيان الشام من اليمن، وأن النووي قال: "المدينة ليست شامية ولا يمانية بل حجازية". وتقدم في العروض من أسمائها أنها نجدية. وكأن بعض الأسماء يطلق على بعض بحسب الاعتبار" (Wafâ' ul-wafâ' bi akhbâri dâr il-Mustafâ).
----- Cependant, ce n'est pas avec ce sens très élargi mais avec le sens originel que ces deux noms Shâm et Yémen seront employés dans cet article (voir plus bas).

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I) Jazîrat ul-'Arab (la Péninsule arabique) est une région qui englobe le Hedjaz (en son sens dérivé, englobant le Tihâma aussi), une partie de Shâm, le Yémen, le Najd (lequel englobe Bâdiyat ul-'Irâq également) et le 'Arûdh :

Il y a ici deux termes, le premier étant en rapport d'annexion vers le second :
--- Jazîra,
--- et al-'Arab.

Le terme "Jazîra" signifie : "île" ; il désigne ici une péninsule.
Le nom "al-'Arab" signifie : "les Arabes".

Il s'agit de l'habitat originel des Arabes.
Un autre hadîth la désigne ainsi sous le nom "la terre des Arabes" : "La Fin du Monde n'aura pas lieu avant que (vienne le moment où) (...) la terre des Arabes redeviendra prairies et rivières" : "عن أبي هريرة، أن رسول الله صلى الله عليه وسلم قال: "لا تقوم الساعة حتى يكثر المال ويفيض حتى يخرج الرجل بزكاة ماله فلا يجد أحدا يقبلها منه، وحتى تعود أرض العرب مروجا وأنهارا" (Muslim, 157).

Et cette terre se trouve être une péninsule.
Dans d'autres hadîths on trouve ces termes "Jazîrat ul-'Arab", comme celui-ci : "Le Diable a désespéré du fait que les Croyants (se trouvant actuellement) dans la Péninsule des Arabes se mettent à l'adorer. Mais (il s'efforcera) de provoquer la mésentente entre eux" : "عن جابر، قال: سمعت النبي صلى الله عليه وسلم يقول: "إن الشيطان قد أيس أن يعبده المصلون في جزيرة العرب، ولكن في التحريش بينهم" (Muslim, 2812).
Le fait est que la terre originelle des Arabes est bordée :
--- au sud par l'océan Indien,
--- à l'est par le golfe Persique,
--- à l'ouest par la mer Rouge.
--- Pour al-Khalîl ibn Ahmad al-Farâhîdî, c'est d'autant plus une Jazîra que cette terre est également bordée au nord par un plan d'eau : le fleuve Euphrate : "قال الخليل: إنما قيل لها "جزيرة" لأن بحر الحبش وبحر فارس والفرات قد أحاطت بها؛ ونسبت إلى العرب لأنها أرضها ومسكنها ومعدنها" (Al-Mughnî ; Fat'h ul-bârî).

(Al-Hamadânî en a la définition la plus large : selon lui, la Péninsule Arabique englobe tout le Shâm, et même la péninsule dite du Sinaï ; à l'ouest elle englobe même une partie du littoral de l'Afrique, jusqu'aux berges orientale du Nil. Cette définition semble quelque peu singulière.
Les autres auteurs limitent la Péninsule Arabique à l'ouest par la mer Rouge et, dans le prolongement de celle-ci, le golfe d'Aqaba.)

Par ailleurs, je penche vers la théorie qui dit que la langue sémitique mère, ou "proto-sémitique", est originaire de cette péninsule. Et donc que les peuples sémitiques en sont originaires, différentes vagues ayant au cours des millénaires émigré d'elle vers ses régions avoisinantes, où leur langue a évolué et s'est différenciée de la langue originelle. La langue de ceux restés sur place a elle aussi évolué par rapport à la langue-mère, s'étant d'ailleurs multipliées et séparées. L'ensemble forme la famille des langue sémitiques. Jean Bottéro, assyriologue bien connu, écrit, parlant des Akkadiens (des sémites) : "Les Sémites en question, que nous appelons conventionnellement des Akkadiens, sont les plus vieux représentants de cette branche culturelle et linguistique vénérable qui fleurit encore de nos jours. Sa première patrie pourrait avoir été l'Arabie, dont la transformation successive en savane puis dans l'impossible désert qu'elle est devenue aurait repoussé sur ses franges ses anciens occupants" (Babylone – A l'aube de notre culture, Jean Bottéro, Découvertes Gallimard, 1994, p. 18).

Il reste que les langues qui sont endogènes à cette péninsule ont toutes été considérées "arabes" par les historiens arabo-musulmans de l'époque classique : c'est-à-dire : "proto-arabes".
Cela ne signifie pas que toutes ces langues "proto-arabes" ne présentent forcément que d'infimes variantes avec la langue arabe classique.
Cela signifie d'une part qu'elles présentent entre elles des différences moins importantes que celles que présentent les langues qui sont apparues dans les groupes ayant émigré de la péninsule : akkadien, araméen, canaanéen, phénicien, etc.
Cela signifie aussi et d'autre part que la langue arabe classique est l'héritière d'au moins une partie de ces langues - les autres ayant disparu au cours des âges, d'où l'appellation : "العرب البائدة" pour désigner ceux qui les parlaient -, langues dont elle est l'une des soeurs ou des nièces.
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Pour être reconnue "
arabe" (au sens de "proto-arabe"), une langue doit :
--- soit être née de façon endogène à l'intérieur de la péninsule des Arabes, même si, alors, elle a connu des modifications suffisantes pour former une tout autre langue que la langue sémitique-mère ;
--- soit, si elle est née chez un peuple ayant émigré de la péninsule des Arabes, être ramifiée à partir de l'une des langues de cette péninsule, mais sans, alors, avoir connu tellement de modifications qu'elle en a été considérée comme devenue "une tout autre langue" que sa langue-mère "arabe".

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Quelle est la limite septentrionale (au nord) de la Péninsule arabique ?

Il y a divergence entre les spécialistes sur le sujet :

--- al-Istakharî et Ibn Hawqal pensent que la Péninsule Arabique est limitée au nord-est par l'Euphrate, englobant toute la partie de Shâm qui est à l'ouest de ce fleuve, mais pas celle qui en est à l'est ; et au nord-ouest par le Jourdain, n'englobant pas Sawâd ush-Shâm (c'est-à-dire : pas la partie ouest et nord-ouest du Croissant Fertile) (source : هل الشام من جزيرة العرب؟) ; eux incluent donc "Bâdiyat ush-Shâm" dans la Péninsule arabique, laquelle s'étend donc jusqu'aux confins septentrionaux de Shâm ;
--- al-Jîhânî pense pour sa part que la Péninsule Arabique
a, comme limite septentrionale, une ligne allant de Moab - à l'est de la mer Morte - jusqu'à la ville de Kûfa en Irak (source : هل الشام من جزيرة العرب؟) ; "وقال أبو النصر سعيد بن غالب الجيهاني: "حد جزيرة العرب ممّا يلي الشمال: في الخط الذي يخرج من ساحل أيلة، فيمر مستقبل الشرق في أرض مدين إلى تبوك ودومة الجندل إلى البلقاء وتيماء ومأب، وهي كلّها من الشام" (Al-Massâlik wa-l-mamâlik, al-Bak'rî) ;
--- Ibn Taymiyya écrit que le Hedjaz constitue la limite septentrionale de la Péninsule arabique, car Shâm ne fait nullement partie de celle-ci. Or le Hedjaz se termine selon lui avec 'Aqabat us-Suwwân (au sud de Ma'ân, actuellement en Jordanie). On en déduit que, selon lui, la limite nord-ouest de la Péninsule arabique est 'Aqabat us-Suwwân (cette limite-ci se situe un peu plus au sud que celle
 fixée par al-Jîhânî).


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Et quelle est la limite septentrionale du Hedjaz ?

En réponse à cette autre question, voici deux avis :
--- pour Ibn Taymiyya : le Hedjaz se termine à 'Aqabat us-Suwwân. Et, comme nous venons de le dire, selon lui, le Hedjaz constitue la limite septentrionale de la Péninsule arabique, car Shâm ne fait nullement partie de cette Péninsule ;
--- pour Ibn ul-Qayyim : le Hedjaz se termine juste avant Wâdi-l-qurâ : Wâdi-l-qurâ et Téma ne font déjà plus partie du Hedjaz mais de Shâm. Par ailleurs, selon Ibn ul-Qayyim, la Péninsule arabique se termine plus au nord que le Hedjaz ; (au moins une partie de) Shâm fait partie de la Péninsule arabique.
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Je penche vers l'avis de Ibn ul-Qayyim.
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Cet avis de Ibn ul-Qayyim peut se marier soit avec l'avis de al-Istakharî et Ibn Hawqal (selon lesquels la Péninsule arabique s'étend jusqu'aux confins septentrionaux de Shâm) ; soit avec celui de al-Jîhânî (selon lequel seule la partie méridionale de Shâm fait partie de la Péninsule arabique) (voir plus haut).

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La limite méridionale du Hedjaz étant, nous l'avons vu, comme suit : le Hedjaz s'arrête avant la province du 'Assîr (où est sise Najran), bien que la chaîne montagneuse as-Sarât continue pour sa part vers le sud (Jazîrat ul-'Arab, cheikh Râbi' Nadwî, p. 35).

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Les écrits de Ibn Taymiyya exprimant ce que nous avons vu :

"واسم العرب في الأصل كان اسما لقوم جمعوا ثلاثة أوصاف: أحدها: أن لسانهم كان باللغة العربية؛ الثاني: أنهم كانوا من أولاد العرب؛ الثالث: أن مساكنهم كانت أرض العرب؛ وهي جزيرة العرب، التي هي من بحر القلزم* إلى بحر البصرة** ومن أقصى حجر باليمن إلى أوائل الشام، بحيث كانت تدخل اليمن في دارهم، ولا تدخل فيها الشام؛ وفي هذه الأرض كانت العرب حين المبعث وقبله" (Al-Iqtidhâ, pp. 155-156).
* il s'agit de la mer Rouge ;
** il s'agit du golfe Persique.

"وسئل: هل المدينة من الشام؟ فأجاب: مدينة النبي صلى الله عليه وسلم من الحجاز باتفاق أهل العلم. ولم يقل أحد من المسلمين ولا غيرهم أن المدينة النبوية من الشام. وإنما يقول هذا جاهل بحد الشام والحجاز جاهل بما قاله الفقهاء وأهل اللغة وغيرهم. ولكن يقال: "المدينة شامية، ومكة يمانية"؛ أي المدينة أقرب إلى الشام، ومكة أقرب إلى اليمن؛ وليست مكة من اليمن، ولا المدينة من الشام. وقد أمر النبي صلى الله عليه وسلم في مرض موته أن تخرج اليهود والنصارى من جزيرة العرب - وهي الحجاز -؛ فأخرجهم عمر بن الخطاب رضي الله عنه من المدينة وخيبر وينبع واليمامة ومخاليف هذه البلاد؛ ولم يخرجهم من الشام؛ بل لما فتح الشام أقر اليهود والنصارى بالأردن وفلسطين وغيرهما كما أقرهم بدمشق وغيرها. وتربة الشام تخالف تربة الحجاز كما يوجد الفرق بينهما عند المنحنى الذي يسمى عقبة الصوان. فإن الإنسان يجد تلك التربة مخالفة لهذه التربة، كما تختلف تربة الشام ومصر. فما كان دون وادي المنحنى، فهو من الشام؛ مثل معان. وأما العلى وتبوك ونحوهما: فهو من أرض الحجاز. والله أعلم" (MF 28/630-631. Cet avis de Ibn Taymiyya concernant la limite méridionale de Shâm a été repris et cité dans Al-Iqnâ'.

Une partie des Gens du Livre qu'il a fait sortir du Hejdaz, Omar ibn ul-Khattâb (que Dieu l'agrée) les a installés à Téma (al-Bukhârî, Muslim). Cela prouve d'une part qu'il s'agissait de faire sortir les non-musulmans du Hedjaz seulement, et ce car - d'autre part - si Téma fait bien "partie de la Péninsule arabique", elle "ne fait pas partie du Hedjaz" : "قوله "فأجلاهم عمر إلى تيماء وأريحاء" هما ممدودتان وهما قريتان معروفتان. وفي هذا دليل على أن مراد النبي صلى الله عليه وسلم بإخراج اليهود والنصارى من جزيرة العرب إخراجهم من بعضها وهو الحجاز خاصة لأن تيماء من جزيرة العرب لكنها ليست من الحجاز والله أعلم" (Shar'hu Muslim, an-Nawawî, 10/212-213).

Or Téma se trouve au sud par rapport à 'Aqabat us-Suwwân (que Ibn Taymiyya considère être la limite nord du Hedjaz).

Ibn Taymiyya expliquerait-il donc le fait que Omar a installé ces Gens du Livre à Téma en localisant cette cité dans le Najd ?
Je ne sais pas (لا أدري)
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L'argumentation de Ibn ul-Qayyim :

Si Téma fait bien "partie de la Péninsule arabique", elle "ne fait pas partie du Hedjaz" : "قوله "فأجلاهم عمر إلى تيماء وأريحاء" هما ممدودتان وهما قريتان معروفتان. وفي هذا دليل على أن مراد النبي صلى الله عليه وسلم بإخراج اليهود والنصارى من جزيرة العرب إخراجهم من بعضها وهو الحجاز خاصة لأن تيماء من جزيرة العرب لكنها ليست من الحجاز والله أعلم" (Shar'hu Muslim, an-Nawawî, 10/212-213).

Le fait qu'une partie des Gens du Livre qu'il a fait sortir du Hejdaz, Omar ibn ul-Khattâb les a installés à Téma, Ibn ul-Qayyim l'explique par le fait que Téma fait partie de la terre de Shâm selon lui (comme d'ailleurs Wâdi-l-qurâ' selon son avis) : "فلما كان زمن عمر بن الخطاب رضي الله عنه، أخرج يهود خيبر وفدك؛ ولم يخرج أهل تيماء ووادي القرى، لأنهما داخلتان في أرض الشام" (Zâd ul-ma'âd, 3/355).

--- Muhammad Tâhir Patnî écrit lui aussi que Téma fait partie de Shâm - comme cela est évident pour Jéricho - : "فأجلاهم إلى تيماء وأريحاء، - بفتح تاء وهمزة ومد -: قريتان بالشام" (Majma'u bihâr il-anwâr).
--- Al-Jîhânî aussi pense que Téma, Tabûk, Madian, Dûmat ul-jandal font partie de Shâm : "وقال أبو النصر سعيد بن غالب الجيهاني: "حد جزيرة العرب ممّا يلي الشمال: في الخط الذي يخرج من ساحل أيلة، فيمر مستقبل الشرق في أرض مدين إلى تبوك ودومة الجندل إلى البلقاء وتيماء ومأب، وهي كلّها من الشام" (Al-Massâlik wa-l-mamâlik, al-Bak'rî) ; pour lui aussi, une partie de Shâm fait également partie de la Péninsule arabique : celle qui se trouve au sud de Moab.
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Téma fait partie de la Péninsule Arabique, et en même temps de Shâm : on en déduit qu'une partie de la terre de Shâm relève bel et bien de la Péninsule arabique.

D'ailleurs, les Ghassân étaient des Arabes Qahtanides, et pourtant ils habitaient la partie sud du Shâm : "وكان من حول رسول الله صلى الله عليه وسلم قد استقام له، فلم يبق إلا ملك غسان بالشأم، كنا نخاف أن يأتينا" (al-Bukhârî, 5505). Mu'ta fait également partie de Shâm ("باب غزوة مؤتة من أرض الشأم" : Sahîh ul-Bukhârî, Kitâb ul-maghâzî) ; or c'est là-bas qu'eut lieu la célèbre bataille entre des Compagnons et les armées levées par et pour Ghassân pour l'occasion.

De même en est-il des Nabatéens - lesquels sont pour leur part des Arabes Adnanites -, et dont il est connu que l'habitat était la partie sud du Shâm : on trouve allusion à cela dans le long récit de Ka'b ibn Mâlik également : "فبينا أنا أمشي بسوق المدينة، إذا نبطي من أنباط أهل الشأم ممن قدم بالطعام يبيعه بالمدينة، يقول: من يدل على كعب بن مالك، فطفق الناس يشيرون له، حتى إذا جاءني دفع إلي كتابا من ملك غسان" (al-Bukhârî, Muslim).

On voit ici qu'au moment où le Prophète (sur lui soit la paix) prononce les paroles citées plus haut, une partie de la terre de Shâm est arabisée. Et, certes, les Ghassân étaient vassaux des Byzantins, mais ils étaient présents là bien avant que les Romains y établissent leur autorité.
Comment, dès lors, ne pas considérer cette partie de Shâm comme faisant partie de la Péninsule des Arabes ?

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De Adhri'ât (localisée près de Deraa, en Syrie), Yaqût al-Hamawî écrit qu'elle faisait partie de la terre des Arabes avant même l'islam : "
أَذْرِعاتُ: بالفتح، ثم السكون، وكسر الراء، وعين مهملة، وألف وتاء. كأنه جمع أذرعة، جمع ذراع جمع قلة. وهو بلد في أطراف الشام، يجاور أرض البلقاء وعمّان، ينسب اليه الخمر، وقال الحافظ أبو القاسم: أذرعات مدينة بالبلقاء. (...) وقد ذكرتها العرب في أشعارها، لأنها لم تزل من بلادها في الإسلام وقبله" (Mu'jam ul-buldân).

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Quant au Hedjaz,
Ibn ul-Qayyim expose sa limite septentrionale dans l'explication suivante : "(Omar) n'a pas fait sortir les gens de Téma et de Wâdi-l-Qurâ, car ces deux (cités) font partie de la terre de Shâm ; et il considérait que ce qui est en-deçà de Wâdi-l-Qurâ jusqu'à Médine (fait partie du) Hejdaz, et que ce qui est au-delà de (Wâdi-l-Qurâ) fait partie de Shâm" : "فلما بلغ يهود تيماء ما واطأ عليه رسول الله صلى الله عليه وسلم أهل خيبر وفدك ووادي القرى، صالحوا رسول الله صلى الله عليه وسلم وأقاموا بأموالهم. فلما كان زمن عمر بن الخطاب رضي الله عنه، أخرج يهود خيبر وفدك؛ ولم يخرج أهل تيماء ووادي القرى، لأنهما داخلتان في أرض الشام. ويرى أن ما دون وادي القرى إلى المدينة: حجاز، وأن ما وراء ذلك: من الشام" (Zâd ul-ma'âd, 3/355).
Wâdi-l-Qurâ est un oued au long duquel se trouvaient plusieurs cités. On dit que cela correspond aujourd'hui à Wâdî al-'Ulâ.

D'après Mash'hûr ibn Hassan Âlu Salmân aussi, Tabûk fait partie de ce Shâm géographico-historique.

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II) Le Hedjaz :

Le Messager de Dieu (que la paix soit sur lui) a dit : "La dureté du cœur et la rudesse se trouvent chez (les gens de) l'Est. Et la foi se trouve chez les gens du Hedjaz" : "عن جابر بن عبد الله قال: قال رسول الله صلى الله عليه وسلم: "غلظ القلوب والجفاء في المشرق. والإيمان في أهل الحجاز" (Muslim, 53).

"Le Dîn se rassemble" (ou : "se rassemblera") "au Hedjaz, comme le serpent se love dans son antre. Et assurément le Dîn prendra refuge au Hedjaz à la façon dont le mouflon prend refuge au sommet de la montagne" : "إن الدين ليأرز إلى الحجاز كما تأرز الحية إلى جحرها. وليعقلن الدين من الحجاز معقل الأروية من رأس الجبل" (at-Tirmidhî 2630).
"(...) L'islam se rassemble" (ou : "se rassemblera") "entre les Deux Mosquées (...)" [= celle de La Mecque et celle de Médine] : "إن الإسلام بدأ غريبا وسيعود غريبا كما بدأ وهو يأرز بين المسجدين كما تأرز الحية فى جحرها" (Muslim 146).
"La foi se rassemble" (ou : "se rassemblera")Médine, comme le serpent se love en son antre" : "عن أبي هريرة رضي الله عنه، أن رسول الله صلى الله عليه وسلم، قال: "إن الإيمان ليأرز إلى المدينة كما تأرز الحية إلى جحره" (al-Bukhârî 1777, Muslim 147).
Pour Alî al-qârî, "يأرز" signifie : "se rassemblera" (Mirqât 1/234) : il s'agit, d'après l'une des deux interprétations qu'il relate, de quelque chose qui se passera dans le futur (Ibid.).

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C'est la cité de la Mecque qui est la terre la plus aimée de Dieu. Le Prophète (sur lui la paix) n'a-t-il pas dit, s'adressant à sa ville natale : "Par Dieu, tu es, de toute la terre de Dieu, la meilleure, et, de toute la terre de Dieu, la plus aimée de Dieu. Si je n'avais pas été exilé de toi, je ne serais pas parti" : "عن عبد الله بن عدي بن حمراء، قال: رأيت رسول الله صلى الله عليه وسلم واقفا على الحزورة فقال: "والله إنك لخير أرض الله وأحب أرض الله إلى الله. ولولا أني أخرجت منك ما خرجت" (at-Tirmidhî 3925) ; "Combien es-tu agréable comme ville, et combien m'es-tu aimée ! Si les miens ne m'avaient pas expulsé de toi, je n'aurais pas habité ailleurs que toi" : "عن ابن عباس، قال: قال رسول الله صلى الله عليه وسلم لمكة: "ما أطيبك من بلد، وأحبك إلي. ولولا أن قومي أخرجوني منك ما سكنت غيرك" (at-Tirmidhî, 3926). Accomplir une prière dans la Mosquée al-Harâm qui se trouve autour de la Kaaba vaut cent mille prières faites ailleurs sur Terre.
Autour de la cité de La Mecque se trouve un espace nommé "al-Haram" : le territoire sacré : il y est interdit de tuer du gibier ainsi que de couper les plantes y poussant d'elles-mêmes.

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Après la Mecque, la terre ayant le plus de valeur est celle de Médine : "O Dieu, fais-nous aimer Médine comme nous aimons la Mecque, ou plus encore (…)" a dit le Prophète : "اللهم حبب إلينا المدينة كحبنا مكة أو أشد. اللهم بارك لنا في صاعنا وفي مدنا. وصححها لنا، وانقل حماها إلى الجحفة" (al-Bukhârî, 1790, Muslim, 1376).
"Il ne restera aucune ville que ad-Dajjâl ne foule, excepté la Mecque et Médine"
: "عن أنس بن مالك رضي الله عنه، عن النبي صلى الله عليه وسلم قال: "ليس من بلد إلا سيطؤه الدجال إلا مكة والمدينة. ليس له من نقابها نقب إلا عليه الملائكة صافين يحرسونها. ثم ترجف المدينة بأهلها ثلاث رجفات، فيخرج الله كل كافر ومنافق" (al-Bukhârî, 1782, Muslim, 2943).
"Le Yémen sera "ouvert" : des gens viendront alors "en se pressant"
[c'est l'une des traductions possibles du terme "yubissûn" / "yabussûn"], ils transporteront leurs familles et ceux qui les suivront, alors que Médine est meilleure pour eux s'ils savaient. Shâm sera "ouverte" : des gens viendront alors "en se pressant", ils transporteront leurs familles et ceux qui les suivront, alors que Médine est meilleure pour eux s'ils savaient. L'Irak sera "ouvert" : des gens viendront alors "en se pressant", ils transporteront leurs familles et ceux qui les suivront, alors que Médine est meilleure pour eux s'ils savaient"
: "عن سفيان بن أبي زهير رضي الله عنه أنه قال: سمعت رسول الله صلى الله عليه وسلم، يقول: "تفتح اليمن، فيأتي قوم يبسون، فيتحملون بأهلهم ومن أطاعهم، والمدينة خير لهم لو كانوا يعلمون. وتفتح الشأم، فيأتي قوم يبسون، فيتحملون بأهليهم ومن أطاعهم، والمدينة خير لهم لو كانوا يعلمون. وتفتح العراق، فيأتي قوم يبسون، فيتحملون بأهليهم ومن أطاعهم، والمدينة خير لهم لو كانوا يعلمون" (al-Bukhârî, 1776, Muslim, 1388 ; voir FB 4/119-120).
La cité de Médine est-elle, elle aussi, entourée d'un territoire "Haram", "sacré", ou pas ? L'école hanafite dit : "Non" ; les autres disent : "Oui".

Le propos de Ibn Taymiyya selon lequel s'installer ailleurs qu'à la Mecque et à Médine peut être meilleur eu égard à certaines circonstances, et que nous avons relaté dans un autre article, ne contredit nullement ce hadîth :
--- le propos de Ibn Taymiyya parle de circonstances qui rendent possible la réalisation de meilleures actions que celles pouvant être faites à la Mecque ou à Médine ;
--- tandis que ce Hadîth parle de personnes qui auront quitté Médine non pas pour se rendre dans un lieu où elles pourraient faire de meilleurs actions, mais pour se rendre dans un lieu où règnera une meilleure situation matérielle (ceci est explicitement affirmé dans la version rapportée par Ahmad, 21407, également citée dans FB 4/120) : ceci est bien entendu autorisé, mais ne constitue pas une action de haute valeur spirituelle et morale (Ibn Taymiyya a également évoqué ce point : MF 27/47).

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Il y a aussi ce hadîth : "عن أنس رضي الله عنه، عن النبي صلى الله عليه وسلم، قال: "اللهم اجعل بالمدينة ضعفي ما جعلت بمكة من البركة" (al-Bukhârî, 1786, Muslim, 1369) : il parle de baraka dunyawiyya. "قال الأبّيّ: ومعني "ضعفي ما بمكة" أن المراد: ما أشبع بغير مكة رجلا، أشبع بمكة رجلين، وبالمدينة ثلاثة؛ فالأظهر في الحديث أن البركة إنما هي في الاقتيات" (Mir'ât ul-mafâtîh).

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III) Shâm :

Après Médine, c'est la terre de Shâm qui a le plus de valeur. Des hadîths existent qui conseillent ash-Shâm (dans la perspective venant d'être évoquée ci-dessus) : "L'affaire en viendra à ce que vous serez plusieurs groupes constitués : un groupe à ash-Shâm, un groupe au Yémen et un groupe en Irak. – Choisis pour moi, ô Messager de Dieu, si je parviens à cette (situation). – Choisis ash-Shâm, car elle est ce que Dieu a choisi de Sa terre, Il y attirera ceux qu'Il a choisis parmi Ses serviteurs. Sinon, choisissez votre Yémen. Et donnez à boire de vos bassins. Dieu a pris pour moi la garantie de ash-Shâm et de ses habitants" : "عن ابن حوالة قال: قال رسول الله صلى الله عليه وسلم: "سيصير الأمر إلى أن تكونوا جنودا مجندة: جند بالشام، وجند باليمن، وجند بالعراق". قال ابن حوالة: "خر لي يا رسول الله إن أدركت ذلك"، فقال: "عليك بالشام، فإنها خيرة الله من أرضه، يجتبي إليها خيرته من عباده. فأما إن أبيتم، فعليكم بيمنكم. واسقوا من غدركم. فإن الله توكل لي بالشام وأهله" (Abû Dâoûd 2483, traduction de "junûdan mujannada" d'après 'Awn ul-ma'bûd).

Ce hadîth est à comprendre comme signifiant que ash-Shâm est la terre aimée par Dieu après celle de la Mecque et de Médine, conformément aux autres hadîths plus haut évoqués. D'ailleurs le Prophète a ici parlé de choisir Shâm face au Yémen et à l'Irak, et non face au Hedjaz (par contre il se peut que choisir Shâm ait plus de vertu que de demeurer à la Mecque ou à Médine, mais cela à cause d'une circonstance particulière – li 'âridh – ; lire un autre article pour en savoir plus).

Shâm est bordée, au sud, par le Hedjaz (voir plus haut), à partir de la limite duquel elle débute. A l'est, elle s'arrête sur les bords de l'Euphrate, autant pour ce qui est de la partie sud de ce fleuve, que de sa partie nord : la berge orientale de l'Euphrate fait partie de l'Irak, et pas de Shâm. A l'ouest elle est bordée par la mer Méditerranée. Au nord, elle s'étend jusqu'à la péninsule anatolienne (lire un article externe sur le sujet).
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Comme nous l'avons vu plus haut, même chez ceux qui disent que la Péninsule Arabique ne s'arrête pas là où débute Shâm, il est une partie de Shâm qui ne fait pas partie de cette Péninsule.

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IV) Le Yémen :

Le hadîth cité ci-dessus en dernier comporte aussi cette phrase : "Si non, choisissez votre Yémen", ce qui montre que après ash-Shâm, c'est la terre du Yémen qui a le plus de valeur.
Il y a aussi ce hadîth : "La foi est yéménite, la sagesse est yéménite" : "عن أبي هريرة رضي الله عنه، قال: سمعت رسول الله صلى الله عليه وسلم، يقول: "الفخر والخيلاء في الفدادين أهل الوبر. والسكينة في أهل الغنم. والإيمان يمان، والحكمة يمانية" (al-Bukhârî, 3308), "عن أبي هريرة، قال: قال رسول الله صلى الله عليه وسلم: "جاء أهل اليمن، هم أرق أفئدة. الإيمان يمان، والفقه يمان، والحكمة يمانية" (Muslim, 52).

Le Yémen historique englobe également ce qui s'appelait "Had'ramawt" et qui constitue aujourd'hui une partie du Sultanat d'Oman. Az-Zubayr ibn Bakkâr l'a dit : "قال الزبير: وهذا أشبه؛ وحضرموت آخر اليمن" (Fat'h ul-bârî, 6/).

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VI) Le Najd :

Il s'agit du plateau du Najd, lequel se situe en Arabie centrale mais englobe également la partie sud-est de l'Irak : "Bâdiyat ul-'Irâq", le désert d'Irak (au sud de l'Euphrate, et au sud de Sawâd ul-'Irâq) : ce désert ne fait pas partie du Hedjaz, ni du Shâm, ni de Sawâd ul-'Irâq, mais fait par contre partie de la Péninsule arabique.

Dans le hadîth cité en tout début, on lit ceci... Les Compagnons (présents) dirent : "Messager de Dieu, et notre Najd (aussi) ?". A la troisième reprise, le Prophète répondit : "Là-bas il y a les secousses et les troubles ; et de là se lèvera la corne du Diable" : "عن ابن عمر، قال: ذكر النبي صلى الله عليه وسلم: "اللهم بارك لنا في شأمنا، اللهم بارك لنا في يمننا"، قالوا: "يا رسول الله، وفي نجدنا؟". قال: "اللهم بارك لنا في شأمنا، اللهم بارك لنا في يمننا"، قالوا: "يا رسول الله، وفي نجدنا؟". فأظنه قال في الثالثة: "هناك الزلازل والفتن، وبها يطلع قرن الشيطان" (al-Bukhârî, 6681).

Dans d'autres hadîths, il a dit que la Fitna proviendrait de l'Est : "عن عبد الله رضي الله عنه، قال: قام النبي صلى الله عليه وسلم خطيبا، فأشار نحو مسكن عائشة فقال: "هنا الفتنة" - ثلاثا - "من حيث يطلع قرن الشيطان" (al-Bukhârî, 2937 etc., Muslim, 2905). "عن أبي هريرة، أن النبي صلى الله عليه وسلم، قال: "الإيمان يمان. والفتنة ها هنا؛ ها هنا يطلع قرن الشيطان" (al-Bukhârî, 4128). "عن جابر بن عبد الله قال: قال رسول الله صلى الله عليه وسلم: "غلظ القلوب والجفاء في المشرق. والإيمان في أهل الحجاز" (Muslim, 53). "عن أبي هريرة رضي الله عنه، أن رسول الله صلى الله عليه وسلم، قال: "رأس الكفر نحو المشرق. والفخر والخيلاء في أهل الخيل والإبل والفدادين أهل الوبر؛ والسكينة في أهل الغنم" (al-Bukhârî, 3125, Muslim, 52). "عن أبي سعيد الخدري رضي الله عنه، عن النبي صلى الله عليه وسلم قال: "يخرج ناس من قبل المشرق، ويقرءون القرآن لا يجاوز تراقيهم، يمرقون من الدين كما يمرق السهم من الرمية، ثم لا يعودون فيه حتى يعود السهم إلى فوقه". قيل ما سيماهم؟ قال: "سيماهم التحليق - أو قال: التسبيد" (al-Bukhârî, 7123).

Il s'agit de la même région : le Najd.
"ومن كان بالمدينة الطيبة صلى الله على ساكنها، كان نجده بادية العراق ونواحيها، وهي مشرق أهلها" (Al-Kawâkib ud-dirârî). "وقال الخطابي: نجد من جهة المشرق؛ ومن كان بالمدينة، كان نجده بادية العراق ونواحيها: وهي مشرق أهل المدينة. وأصل النجد ما ارتفع من الأرض؛ وهو خلاف الغور - فإنه ما انخفض منها - وتهامة كلها من الغور؛ ومكة من تهامة. انتهى. وعرف بهذا وهاء ما قاله الداودي "إن نجدا من ناحية العراق": فإنه توهم أن نجدا موضع مخصوص؛ وليس كذلك، بل كل شيء ارتفع بالنسبة إلى ما يليه يسمى المرتفع "نجدا" والمنخفض "غورا" (Fat'h ul-bârî, 13/59). "وفي ذلك إشارة إلى شدة كفر المجوس لأن مملكة الفرس ومن أطاعهم من العرب كانت من جهة المشرق بالنسبة إلى المدينة؛ وكانوا في غاية القسوة والتكبر والتجبر حتى مزق ملكهم كتاب النبي صلى الله عليه وسلم - كما سيأتي في موضعه -؛ واستمرت الفتن من قبل المشرق - كما سيأتي بيانه واضحا في الفتن" (Fat'h ul-bârî, 6). "ونجد هو خلاف الغور. والغور هو تهامة. وكل ما ارتفع عن تهامة إلى أرض العراق فهو نجد. وإنما ترك الدعاء لأهل المشرق ليضعفوا عن الشر الذي هو موضوع في جهتهم لاستيلاء الشيطان بلفتن عليها. قوله: "وبها" أي: وبنجد "يطلع قرن الشيطان"، أي: أمته وحزبه. وقال كعب رضي الله تعالى عنه: "يخرج الدجال من العراق" ('Umdat ul-qârî, 7/58).

La preuve que cet "Est" - ce Najd - englobe également cette partie de l'Irak, c'est que Sâlim a cité à des gens d'Irak ce hadîth parlant de la Fitna provenant de l'Est : "عن فضيل، قال: سمعت سالم بن عبد الله بن عمر يقول: "يا أهل العراق، ما أسألكم عن الصغيرة، وأركبكم للكبيرة! سمعت أبي عبد الله بن عمر يقول: سمعت رسول الله صلى الله عليه وسلم يقول: "إن الفتنة تجيء من هاهنا" - وأومأ بيده نحو المشرق - "من حيث يطلع قرنا الشيطان". وأنتم يضرب بعضكم رقاب بعض، وإنما قتل موسى الذي قتل من آل فرعون خطأ، فقال الله عز وجل له: {وقتلت نفسا فنجيناك من الغم وفتناك فتونا" (Muslim, 2905/50). D'ailleurs le Prophète a cité l'Ouest comme étant alors sur la vérité : "لا يزال أهل الغرب ظاهرين على الحق حتى تقوم الساعة" (Muslim 1925) : il s'agit de Shâm.

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Au moment où le Prophète (sur lui soit la paix) prononce toutes ces paroles, Shâm comme l'Irak sont des Dâr ul-kufr
: "قال أبو عمر: وفي هذا الحديث علم من أعلام نبوته صلى الله عليه وسلم لإخباره عن الشام وهي يومئذ دار كفر، وكان كما قال رسول الله صلى الله عليه وسلم؛ ومثل هذا حديث ابن عمر في المواقيت: "وقت لأهل الشام الجحفة ولأهل نجد قرنا" (Al-Istidhkâr). Ce n'est donc pas du seul Kufr, mais de la Fitna qui, dans le futur, allait provenir de l'Est que le Prophète a parlé dans le hadîth sus-cité.

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VII) Le reste de l'Irak :

Le reste de l'Irak - le Sawâd ul-'Irâq, et la Jezireh - fait-il partiellement partie de la Péninsule arabique ?

--- Si on retient que la limite de cette Péninsule est l'Euphrate (voir plus haut), alors la réponse est : Non.
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--- Pourtant, ne dit-on pas que Hîra, la capitale des Banû Lakhm - des Arabes Qahtanides devenus vassaux des Perses - était une cité arabe ? Or Hîra, était sise sur la rive est de l'Euphrate. Alors soit il faut dire que les Arabes avaient déjà commencé à s'installer hors de la Péninsule arabique ; soit cette région aussi fait partie de la Péninsule Arabique, laquelle ne s'arrête alors pas avec l'Euphrate.

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VIII) Le 'Arûdh :

Cela correspond à la partie orientale de la péninsule, depuis al-Yamâma jusqu'au littoral nommé à l'époque : "al-Bahrayn" (aujourd'hui "al-Hasâ'") ; cela englobe également une autre partie du Sultanat d'Oman.

Voici le propos de Ibn Shayba et de al-Jîhânî : "قالا: وصارت بلاد اليمامة والبحرين وما والاهما: العروض؛وفيها نجد وغور لقربها من البحار وانخفاضها فى مواضع منها، ومسايل أودية فيها؛ والعروض يجمع ذلك كلّه. وصار ما خلف تثليث وما قاربها إلى صنعاء وما والاها من البلاد إلى حضرموت والشحر وعمان: اليمن؛ وفيها التهائم والنجود؛ واليمن يجمع ذلك كلّه. انتهى قولهما" (Al-Massâlik wa-l-mamâlik, al-Bak'rî).

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IX) Quelques-unes des cités mentionnées dans les hadîths :

--- Eïlat et Aden :
"عن أبي هريرة أن رسول الله صلى الله عليه وسلم قال: "إن حوضي أبعد من أيلة من عدن" (Muslim, 247) (même matn en Muslim 248, sur la relation de Hudhayfa).

--- Sanaa et Hadramout :
"Par Dieu, Dieu fera se réaliser cette affaire, jusqu'à ce que le voyageur circulera de Sanaa jusqu'à Hadramaout n'ayant à craindre que Dieu, et le loup pour son troupeau. Mais vous êtes trop pressés" : "عن خباب بن الأرت قال: "شكونا إلى رسول الله صلى الله عليه وسلم وهو متوسد بردة له في ظل الكعبة، قلنا له: "ألا تستنصر لنا، ألا تدعو الله لنا؟" قال: "كان الرجل في من قبلكم يحفر له في الأرض، فيجعل فيه، فيجاء بالمنشار، فيوضع على رأسِه، فيشق باثنتين، وما يصده ذلك عن دينِه، ويمشط بأمشاط الحديد ما دون لحمِه من عظم أو عصَب، وما يصده ذلك عن دينِه. والله ليُتمن هذا الأمرَ حتى يسير الراكب من صنعاء إلى حضرموت لا يخاف إلا الله أو الذئب على غنمه. ولكنكم تستعجلون" (al-Bukhârî, 3416, 3639, 6544).

----- Hira (capitale des Lakhmides, des Arabes vassaux des Perses) :
"'Adî, as-tu déjà vu al-Hîra ? - Je ne l'ai pas vue, mais on m'a parlé d'elle. - Si la vie s'allonge pour toi, alors tu verras la voyageuse partir de al-Hîra jusqu'à venir accomplir la circumambulation autour de la Kaaba, n'ayant à craindre que Dieu". (Je me dis alors intérieurement : "Où seront donc passés les brigands de Tayy, qui ont enflammé le pays ?"). "Et si la vie s'allonge pour toi, tu ouvriras les trésors de Chosroes. - Chosroes le fils de Hormizd ? - Chosroes le fils de Hormizd ! Et si la vie s'allonge pour toi, tu verras l'homme prendre, d'or et d'argent, ce qui emplit sa paume, rechercher qui l'acceptera de lui, et ne trouver alors personne pouvant l'accepter (en tant qu'aumône). Chacun d'entre vous rencontrera Dieu (le Jour de la Résurrection) (...). 'Adî dit ensuite : "J'ai vu la voyageuse partir de al-Hîra et venir accomplir la circumambulation autour de la Kaaba, n'ayant à craindre que Dieu. Et j'ai fait partie de ceux qui ont ouvert les trésors de Chosroes fils de Hormizd. Et si la vie s'allonge pour vous, vous verrez (la réalisation de) ce que Abu-l-Qâssim (que la paix soit sur lui) a dit : "L'un d'entre vous prendra ce qui emplit sa paume..."" : "عن محل بن خليفة عن عدي بن حاتم قال: بينا أنا عند النبي صلى الله عليه وسلم إذ أتاه رجل فشكا إليه الفاقة، ثم أتاه آخر فشكا إليه قطع السبيل. فقال: "يا عدي هل رأيت الحيرة؟" قلت: "لم أرها وقد أنبئت عنها." قال: "فإن طالت بك حياة لترين الظعينة ترتحل من الحيرة حتى تطوف بالكعبة لا تخاف أحدا إلا الله." قلت فيما بيني وبين نفسي: فأين دعار طيئ الذين قد سعروا البلاد؟. "ولئن طالت بك حياة لتفتحن كنوز كسرى". قلت: "كسرى بن هرمز؟" قال: "كسرى بن هرمز. ولئن طالت بك حياة لترين الرجل يخرج ملء كفه من ذهب أو فضة يطلب من يقبله منه فلا يجد أحدا يقبله منه. وليلقين الله أحدكم يوم يلقاه وليس بينه وبينه ترجمان يترجم له فليقولن له ألم أبعث إليك رسولا فيبلغك فيقول بلى فيقول ألم أعطك مالا وأفضل عليك فيقول بلى فينظر عن يمينه فلا يرى إلاجهنم وينظر عن يساره فلا يرى إلا جهنم قال عدي سمعت النبي صلى الله عليه وسلم يقول اتقوا النار ولو بشقة تمرة فمن لم يجد شقة تمرة فبكلمة طيبة." قال عدي: "فرأيت الظعينة ترتحل من الحيرة حتى تطوف بالكعبة لا تخاف إلا الله. وكنت فيمن افتتح كنوز كسرى بن هرمز. ولئن طالت بكم حياة لترون ما قال النبي أبو القاسم صلى الله عليه وسلم: "يخرج ملء كفه" (al-Bukhârî, 3400) ; dans une autre version, on lit cette précision supplémentaire : "حتى تخرج الظعينة من الحيرة حتى تطوف بالبيت، في غير جوار أحد" (Ahmad, 18260 ; cf. Fath ul-bârî 6/749). 

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A lire après le présent article :

--- Pourquoi les shafi'ites ont-ils dit qu'il s'agissait de faire sortir les non-musulmans du Hedjaz seulement, et non pas du reste de la Péninsule arabique, alors que les termes présents dans la Sunna sont : "Jazîrat ul-'arab" ?.

Wallâhu A'lam (Dieu sait mieux).

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