A qui s'adresse la lettre de tel, ou tel, verset du Coran ? (مَن المُخاطَب بلفظ الآية ؟) - Et qui est concerné par le contenu de ce même verset du Coran ? (مَن المُكلَّف/ المَعْنِيّ بحُكْم الآية ؟)

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Introduction :

Dans le Coran, c'est Dieu qui Parle (المُخاطِب هو الله) :

"وَإِنْ أَحَدٌ مِّنَ الْمُشْرِكِينَ اسْتَجَارَكَ فَأَجِرْهُ حَتَّى يَسْمَعَ كَلاَمَ اللّهِ ثُمَّ أَبْلِغْهُ مَأْمَنَهُ" : "Et si l'un de ces Polycultistes te demandent la protection, alors accorde-la lui, afin qu'il entende la Parole de Dieu, puis fais-le parvenir à son lieu de sécurité" (Coran 9/6).

"وَإِن كُنتُمْ فِي رَيْبٍ مِّمَّا نَزَّلْنَا عَلَى عَبْدِنَا فَأْتُواْ بِسُورَةٍ مِّن مِّثْلِهِ وَادْعُواْ شُهَدَاءكُم مِّن دُونِ اللّهِ إِنْ كُنْتُمْ صَادِقِينَ "فَإِن لَّمْ تَفْعَلُواْ وَلَن تَفْعَلُواْ فَاتَّقُواْ النَّارَ الَّتِي وَقُودُهَا النَّاسُ وَالْحِجَارَةُ أُعِدَّتْ لِلْكَافِرِينَ : "Et si vous êtes dans un doute au sujet de ce que Nous avons fait descendre sur Notre serviteur, alors apportez une sourate semblable à (ceci)..." (Coran 2/23-24).

"وَهَذَا كِتَابٌ أَنزَلْنَاهُ مُبَارَكٌ مُّصَدِّقُ الَّذِي بَيْنَ يَدَيْهِ وَلِتُنذِرَ أُمَّ الْقُرَى وَمَنْ حَوْلَهَا وَالَّذِينَ يُؤْمِنُونَ بِالآخِرَةِ يُؤْمِنُونَ بِهِ وَهُمْ عَلَى صَلاَتِهِمْ يُحَافِظُونَ وَمَنْ أَظْلَمُ مِمَّنِ افْتَرَى عَلَى اللّهِ كَذِبًا أَوْ قَالَ أُوْحِيَ إِلَيَّ وَلَمْ يُوحَ إِلَيْهِ شَيْءٌ وَمَن قَالَ سَأُنزِلُ مِثْلَ مَا أَنَزلَ اللّهُ" : "Et ceci est un Livre que Nous avons fait descendre, béni, confirmant ce qu'il y a avant lui, et afin que tu avertisses la mère des cités et ceux qui sont autour d'elle. (...)"(Coran 6/92-93).

"وَهَذَا كِتَابٌ أَنزَلْنَاهُ مُبَارَكٌ فَاتَّبِعُوهُ وَاتَّقُواْ لَعَلَّكُمْ تُرْحَمُونَ أَن تَقُولُواْ إِنَّمَا أُنزِلَ الْكِتَابُ عَلَى طَآئِفَتَيْنِ مِن قَبْلِنَا وَإِن كُنَّا عَن دِرَاسَتِهِمْ لَغَافِلِينَ أَوْ تَقُولُواْ لَوْ أَنَّا أُنزِلَ عَلَيْنَا الْكِتَابُ لَكُنَّا أَهْدَى مِنْهُمْ فَقَدْ جَاءكُم بَيِّنَةٌ مِّن رَّبِّكُمْ وَهُدًى وَرَحْمَةٌ فَمَنْ أَظْلَمُ مِمَّن كَذَّبَ بِآيَاتِ اللّهِ وَصَدَفَ عَنْهَا سَنَجْزِي الَّذِينَ يَصْدِفُونَ عَنْ آيَاتِنَا سُوءَ الْعَذَابِ بِمَا كَانُواْ يَصْدِفُونَ" : "Et ceci est un Livre que Nous avons fait descendre, béni ; aussi, suivez-le et acquerrez la piété, peut-être vous sera-t-il fait miséricorde. (...)" (Coran 6/155-157).

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Et, de fait, dans le Coran, on trouve des propos tels que :
--- "Nous avons créé les cieux et la Terre en 6 jours, et aucune fatigue ne Nous a touchée" : "وَلَقَدْ خَلَقْنَا السَّمَاوَاتِ وَالْأَرْضَ وَمَا بَيْنَهُمَا فِي سِتَّةِ أَيَّامٍ وَمَا مَسَّنَا مِن لُّغُوبٍ" (Coran 50/38) ;
--- "Ô les hommes, Nous vous avons créés d'un homme et d'une femme" : "يَا أَيُّهَا النَّاسُ إِنَّا خَلَقْنَاكُم مِّن ذَكَرٍ وَأُنثَى وَجَعَلْنَاكُمْ شُعُوبًا وَقَبَائِلَ لِتَعَارَفُوا إِنَّ أَكْرَمَكُمْ عِندَ اللَّهِ أَتْقَاكُمْ إِنَّ اللَّهَ عَلِيمٌ خَبِيرٌ" (Coran 49/13) ;
--- "Je n'ai créé les djinns et les humains que pour qu'ils M'adorent" : "
وَمَا خَلَقْتُ الْجِنَّ وَالْإِنسَ إِلَّا لِيَعْبُدُونِ" (Coran 51/56).

Personne d'autre que Dieu ne revendique avoir créé les cieux et la Terre !

Parfois, Dieu parle à la Première Personne, comme ci-dessus (soit la première personne du singulier, soit la première personne du pluriel).

Mais d'autres fois, Il parle de Lui par le biais du pronom à la Troisième Personne : "Huwa" ; et d'autres fois encore, Il parle de Lui par le biais d'un Nom : "Allah" / "Rabbu-ka", etc.

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Ce Coran, Dieu l'a révélé au prophète Muhammad (sur lui soit la paix) : c'est lui seul qui a reçu ce Wah'y (Révélation) (comme avant lui les autres prophètes de Dieu avaient reçu du Wah'y). Cependant, le contenu du Coran constitue une orientation à l'attention de tous les humains.

Le Prophète est donc le Messager de Dieu auprès de certaines de Ses créatures, recevant et retransmettant ces Paroles de Dieu aux humains (ainsi qu'aux djinns, comme nous le verrons plus bas).

Pour autant, certains propos (ce peut être un impératif à réaliser quelque chose, un impératif à s'abstenir de quelque chose, un reproche lié à une croyance précise ou à une action précise) s'adressent à des personnes spécifiques.

Celui à qui la lettre du propos s'adresse est dit : "المُخَاطَبُ بِلَفْظِ الْآيَة" : "al-mukhâtab bi lafz il-âyah".

Ainsi, dans le passage qui fait allusion au petit plan que Aïcha et Hafsa (que Dieu les agrée) avaient fait pour que leur mari, le Prophète, cesse de s'attarder chez Zaynab (une autre co-épouse), dans ce passage on trouve ce verset : "إِن تَتُوبَا إِلَى اللَّهِ فَقَدْ صَغَتْ قُلُوبُكُمَا وَإِن تَظَاهَرَا عَلَيْهِ فَإِنَّ اللَّهَ هُوَ مَوْلَاهُ وَجِبْرِيلُ وَصَالِحُ الْمُؤْمِنِينَ وَالْمَلَائِكَةُ بَعْدَ ذَٰلِكَ ظَهِيرٌ", qui s'adresse directement à deux personnes : "Si toutes deux vous vous repentez, alors (vous méritez de le faire car) votre coeur a dévié..." (Coran 66/4). Les deux personnes à qui cela s'adresse n'y étant pas nommées, Ibn Abbâs questionna Omar ibn ul-Khattâb quant à leur identité ; et il le fit en ces termes : "Qui sont les deux femmes d'entre les épouses du Prophète à qui Dieu a dit : "Si vous vous repentez, alors..." ?" (avant de recevoir comme réponse : "Aïcha et Hafsa") : "فقلت: "يا أمير المؤمنين، من المرأتان من أزواج النبي - صلى الله عليه وسلم - اللتان قال الله عز وجل لهما: {إن تتوبا إلى الله فقد صغت قلوبكما}؟" فقال: "واعجبي لك يا ابن عباس! عائشة وحفصة" (al-Bukhârî, 2336, Muslim, 1479/34). Ibn Abbâs a ici utilisé le verbe "qawl li", "dire à" : "à qui Dieu a dit (telle chose)". Al-Baghawî a employé pour sa part le verbe "mukhâtaba", "s'adresser à" : "يخاطب عائشة وحفصة" (Tafsîr ul-Baghawî).
Cependant, bien que dans cette parole Dieu s'est adressé à ces deux illustres dames, c'est seulement à Son Prophète que Dieu a fait Wah'y de cette parole : le fait est que le Wah'y est le fait que Dieu transmette, de façon dissimulée des autres, à un ange ou un humain, l'une de Ses Paroles, et ce : soit directement, soit par le truchement d'un ange. Cette parole de Dieu - qui leur est explicitement adressée, à la seconde personne - étant parvenue à Aïcha et Hafsa (que Dieu les agrée) par le truchement cette fois d'un humain (le prophète Muhammad, sur lui soit la paix), cela n'a pas consisté pour elles à recevoir du Wah'y. C'est justement celui qui est prophète qui, parmi les humains, a été choisi par Dieu pour être Son Messager auprès des hommes, de tel groupe d'hommes, ou de telle et telle personnes précises : "اللَّهُ يَصْطَفِي مِنَ الْمَلَائِكَةِ رُسُلًا وَمِنَ النَّاسِ إِنَّ اللَّهَ سَمِيعٌ بَصِيرٌ" (Coran 22/75).

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Par ailleurs, tout ce que le Coran dit (même ce qui s'adresse à autre que soi) constitue un ensemble de propos qui brossent, pour l'auditeur et le lecteur, un tableau d'ensemble précis. Cependant, certains versets, ce n'est pas à tout auditeur / lecteur qu'il est demandé d'en mettre en pratique le contenu :

En effet :

--- soit cela ne lui est jamais demandé (parce qu'il s'agit de versets dont la lettre s'adresse au Prophète, et dont le contenu n'est applicable que par lui) ;

--- soit cela ne lui est pas demandé à l'instant T :
----- soit parce qu'il ne commet pas ce dont le verset parle (par exemple lui est croyant, alors que le verset s'adresse aux polycultistes en leur reprochant de diviniser telle idole et en leur demandant de cesser de le faire) ;
----- soit parce que, même si le verset s'adresse aux croyants et qu'il est lui-même croyant, il ne se trouve pas dans la situation qui entraîne la mashrû'iyya pour lui de pratiquer ce que le verset évoque (par exemple le verset ordonne de s'acquitter de la zakât, alors qu'il est pauvre) ;
----- soit parce que, même si le verset s'adresse aux croyants, il s'adresse plus précisément aux détenteurs de l'autorité publique parmi les croyants, or le lecteur n'est pas détenteur de cette autorité ;
----- soit parce que l'application de ce verset demande l'application préalable de bien d'autres choses, or celles-ci ne sont pas réalisées dans le réel.

Celui ou ceux dont il est requis de mettre en pratique le hukm induit par le verset est dit : "المُكَلَّفُ بِحُكْمِ الْآيَة" / "المَعْنِيُّ بِحُكْمِ الْآيَة" : "al-mukallaf bi hukm il-âyah" / "al-ma'niy bi hukm il-âyah".

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En croisant le caractère général - ou au contraire particulier - de celui à qui la lettre du verset s'adresse (al-mukhâtab bi lafz il-âyah), avec le caractère général - ou au contraire particulier - de celui qui est concerné par le hukm induit par ce même verset (al-mukallaf bi hukm il-âyah), on obtient plusieurs cas de figure.

Comme cela est visible dans ce petit tableau :
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Ce qui suit concerne les versets qui contiennent des pronoms à la seconde personne : "toi" / "vous" :
--- soit les versets débutent par des vocatifs ("Ô les ...") ;
--- soit ils ne débutent pas ainsi mais contiennent des impératifs ("accomplissez la prière rituelle, et donnez l'aumône") ou des informations ("le feu que vous allumez" ; "et tu verrais" ; "si tu étais auprès d'eux").

A qui s'adresse donc le propos de ces versets comportant un "tu" ou un "vous" ?

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Ce qui suit concerne également les versets qui tiennent un propos relatif à un groupe de personnes particulières.
A l'instar des versets qui relatent que les polycultistes disent telle chose. Ou encore du verset qui dit que les femmes qui sont divorcées devront attendre 3 périodes (avant de pouvoir se remarier).

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Dans un célèbre verset, Dieu dit : "Et ils te questionnent au sujet de l'âme. Dis : "L'âme relève de l'affaire de mon Seigneur. Et il ne vous a été donné que peu de connaissances"" (Coran 17/85).
Qui est ce "vous" ?
Al-Qurtubî relate 3 commentaires :
--- le groupe de juifs qui avaient posé cette question ;
--- les juifs dans leur ensemble ;
--- l'humanité dans son ensemble :
"قوله تعالى: {وما أوتيتم من العلم إلا قليلا} اختلف فيمن خوطب بذلك. فقالت فرقة: السائلون فقط. وقال قوم: المراد اليهود بجملتهم. وعلى هذا هي قراءة ابن مسعود {وما أوتوا} ورواها عن النبي صلى الله عليه وسلم. وقالت فرقة: المراد العالم كله؛ وهو الصحيح" (Tafsîr ul-Qurtubî).
Al-Qurtubî a retenu le 3ème commentaire.
Or Shâh Waliyyullâh a retenu pour sa part le 1er commentaire, et en a déduit que le propos induit par ce verset ne s'applique donc pas à tous les humains : "قال الله تعالى: {يسألونك عن الروح قل الروح من أمر ربي وما أوتيتم من العلم إلا قليلا}؛ وقرأ الأعمش عن رواية ابن مسعود: "وما أوتوا من العلم إلا قليلا"، ويعلم من هنالك أن الخطاب لليهود السائلين عن الروح؛ وليست الآية نصا في إنه لا يعلم أحد من الأمة المرحومة حقيقة الروح كما يظن. وليس كل ما سكت عنه الشرع لا يمكن معرفته البتة، بل كثيرا ما يسكت عنه لأجل أنه معرفة دقيقة لا يصلح لتعاطيها جمهور الأمة وأن أمكن لبعضهم" (Hujjat ullâh il-bâligha, 1/66). Je ne partage pas tout ce qu'il a écrit ici ; je désire seulement montrer que la détermination de celui à qui un "vous" du Coran s'adresse, cela a des conséquences.

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I) Pour ce qui est des versets qui communiquent des informations : ils s'adressent à tout lecteur :

D'après l'un des deux commentaires, dans les versets tels que : "وَتَرَى الشَّمْسَ إِذَا طَلَعَت تَّزَاوَرُ عَن كَهْفِهِمْ ذَاتَ الْيَمِينِ وَإِذَا غَرَبَت تَّقْرِضُهُمْ ذَاتَ الشِّمَالِ وَهُمْ فِي فَجْوَةٍ مِّنْهُ" : "Et tu verrais le soleil, lorsqu'il se lève, s'écarter de leur caverne vers le côté droit, et lorsqu'il se couche, passer du côté gauche d'eux, eux-mêmes étant dans une partie spacieuse de (la caverne)" (Coran 18/17), le pronom "tu" s'adresse à tout lecteur : c'est lui qui est tutoyé ici. "أي ترى أيها المخاطب الشمس عند طلوعها تميل عن كهفهم. والمعنى: إنك لو رأيتهم لرأيتهم كذا؛ لا أن المخاطب رآهم على التحقيق" (Tafsîr ul-Qurtubî).

C'est, ici, à toi que Dieu S'adresse !

"اللّهُ الَّذِي خَلَقَ السَّمَاوَاتِ وَالأَرْضَ وَأَنزَلَ مِنَ السَّمَاء مَاء فَأَخْرَجَ بِهِ مِنَ الثَّمَرَاتِ رِزْقًا لَّكُمْ وَسَخَّرَ لَكُمُ الْفُلْكَ لِتَجْرِيَ فِي الْبَحْرِ بِأَمْرِهِ وَسَخَّرَ لَكُمُ الأَنْهَارَ وَسَخَّر لَكُمُ الشَّمْسَ وَالْقَمَرَ دَآئِبَينِ وَسَخَّرَ لَكُمُ اللَّيْلَ وَالنَّهَارَ وَآتَاكُم مِّن كُلِّ مَا سَأَلْـتُمُوهُ وَإِن تَعُدُّواْ نِعْمَتَ اللّهِ لاَ تُحْصُوهَا إِنَّ الإِنسَانَ لَظَلُومٌ كَفَّارٌ""Dieu est Celui qui a fait descendre du ciel une eau et a alors fait sortir par son moyen des fruits, en guise de nourriture pour vous. Et Il a assujetti pour vous le navire afin qu'il vogue sur la mer par Son Ordre. Et Il a assujetti pour vous les fleuves. Et Il a assujetti pour vous le soleil et la lune, voués à un perpétuel mouvement. Et il a assujetti pour vous la nuit et le jour. Et Il vous a donné de tout ce que vous Lui avez demandé. Et si vous comptez les bienfaits de Dieu, vous ne pourrez les dénombrer. Vraiment, l'homme est certes injuste, grand ingrat" (Coran 14/32-34).

C'est, ici, à vous tous, les humains, que Dieu S'adresse...

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II) Pour ce qui est maintenant des versets qui comportent un vocatif :

1) A un extrême, certains versets s'adressent aux djinns et aux humains :

"فَبِأَيِّ آلَاء رَبِّكُمَا تُكَذِّبَانِ" : "Lequel des bienfaits de votre Seigneur renierez-vous ?" : cette interrogation, répétée 31 fois dans sourate Ar-Rahmân (55ème sourate du Coran), s'adresse à deux interlocuteurs (tathniya) : d'après la majorité des commentateurs, dit al-Qurtubî, il s'agit des djinns et des humains : on en trouve indice au verset 55/31, qui comporte un vocatif : "أَيُّهَا الثَّقَلَانِ", de même qu'au verset 55/33, qui en comporte un encore plus explicite : "يَا مَعْشَرَ الْجِنِّ وَالْإِنسِ" ; certains autres versets de la sourate qui évoquent les humains et les djinns constituent eux aussi des indices allant dans ce sens : cette sourate s'adresse aux djinns et aux humains (voir Tafsîr ul-Qurtubî).
Le Messager de Dieu l'a d'ailleurs récitée devant un groupe de djinns : "عن جابر قال: خرج رسول الله صلى الله عليه وسلم على أصحابه، فقرأ عليهم سورة الرحمن من أولها إلى آخرها، فسكتوا. فقال: "لقد قرأتها على الجن ليلة الجن، فكانوا أحسن مردودا منكم. كنت كلما أتيت على قوله {فبأي آلاء ربكما تكذبان}، قالوا: "لا بشيء من نعمك ربنا نكذب، فلك الحمد"" (at-Tirmidhî, 3291)

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2) Et puis certains versets s'adressent à toute l'humanité :

2.1) et ils s'adressent à eux tous au même niveau :

"يَا أَيُّهَا النَّاسُ إِنَّ وَعْدَ اللَّهِ حَقٌّ فَلَا تَغُرَّنَّكُمُ الْحَيَاةُ الدُّنْيَا وَلَا يَغُرَّنَّكُم بِاللَّهِ الْغَرُورُ" : "Ô les hommes, la promesse de Dieu est vraie. Que la vie basse ne vous trompe donc pas, et que le Trompeur ne vous trompe pas au sujet de Dieu" (Coran 35/5).

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2.2) et ils s'adressent à eux tous, mais chacun est concerné par un niveau différent du propos :

"يَا أَيُّهَا النَّاسُ قَدْ جَاءكُمُ الرَّسُولُ بِالْحَقِّ مِن رَّبِّكُمْ فَآمِنُواْ خَيْرًا لَّكُمْ وَإِن تَكْفُرُواْ فَإِنَّ لِلَّهِ مَا فِي السَّمَاوَاتِ وَالأَرْضِ وَكَانَ اللّهُ عَلِيمًا حَكِيمًا" : "Ô les hommes, le messager est venu à vous emmenant la vérité provenant de votre Seigneur ; croyez donc, cela sera meilleur pour vous. Et si vous mécroyez, alors à Dieu appartient ce qui est dans les cieux et sur la Terre ; et Dieu est Savant, Sage" (Coran 4/170) : ce "croyez donc, cela sera meilleur pour vous" signifie :
---- en ce qui concerne les hommes qui ne croient pas : "apportez foi" ;
---- et, en ce qui concerne les hommes qui croient déjà : "demeurez sur la foi" (comme dans le verset : "يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آمَنُوا آمِنُوا بِاللَّهِ وَرَسُولِهِ" : Coran 4/136).

Note :
Au verset suivant, c'est si on retient la qirâ'ah de Ya'qûb, "يَدْعُونَ", que le propos commençant par "Ô les hommes" s'adresse véritablement à tous les hommes : "يَا أَيُّهَا النَّاسُ ضُرِبَ مَثَلٌ فَاسْتَمِعُوا لَهُ إِنَّ الَّذِينَ يَدْعُونَ مِن دُونِ اللَّهِ لَن يَخْلُقُوا ذُبَابًا وَلَوِ اجْتَمَعُوا لَهُ وَإِن يَسْلُبْهُمُ الذُّبَابُ شَيْئًا لَّا يَسْتَنقِذُوهُ مِنْهُ ضَعُفَ الطَّالِبُ وَالْمَطْلُوبُ" (Coran 22/73). Sinon, si on adopte la qirâ'ah la plus répandue, "تَدْعُونَ", ce propos ne s'adresse qu'aux Polycultistes ("les hommes" est un générique employé pour désigner particulièrement : "les polycultistes"), et pas à tous les humains (puisqu'il ne s'adresse alors pas aux Monothéistes).

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2') Il y a d'autres passages du Coran dont le contenu concerne tout humain, mais où certains détails se comprennent par rapport aux Arabes de l'époque seulement :

Ainsi, parlant des habitants (disparus) de la cité de Sodome, Dieu dit : "Et vous passez près d'eux matin, ainsi que soir. Ne raisonnez-vous donc pas ?" : "وَإِنَّكُمْ لَتَمُرُّونَ عَلَيْهِم مُّصْبِحِينَ وَبِاللَّيْلِ أَفَلَا تَعْقِلُونَ" (Coran 37/137-138). Cela se comprend lorsqu'on sait qu'Il S'adresse ici aux Arabes de l'époque, qui conduisaient des caravanes jusqu'à cette région.

En fait les Arabes furent les destinataires premiers du message (d'une primauté dans le temps) : ils devaient servir de noyau autour duquel toute la Communauté de foi allait venir se greffer et croître. Les fils d'Ismaël ont donc non plus une primauté de destination (comme c'était le cas des fils d'Israël quand ils furent choisis), mais une simple primauté dans le temps, pour raison pratique : il fallait bien que le Prophète apparaisse en un lieu donné au milieu d'un peuple donné, et que ce soit de là que son message soit connu (Hujjat ullâh il-bâligha 1/355-356, 341-342, Al-Fawz ul-kabîr, p. 45). Mais, avant de former les Arabes pour qu'ils soient le premier noyau chargé de faire connaître le Message, le prophète Muhammad eut comme mission de les faire sortir de l'idolâtrie dans laquelle ils étaient embourbés depuis des siècles (Hujjat ullâh il-bâligha 1/342, 361, 241), en leur enseignant de nouveau la religion originelle – le monothéisme – des ancêtres d'une partie d'entre eux : Abraham et Ismaël. 

C'est parce qu'ils furent les destinataires premiers du Coran qu'on lit en celui-ci des versets tels que : "إِنَّا جَعَلْنَاهُ قُرْآنًا عَرَبِيًّا لَّعَلَّكُمْ تَعْقِلُونَ" : "Nous en avons fait un Coran arabe afin que vous compreniez" (Coran 43/3) ; "إِنَّا أَنزَلْنَاهُ قُرْآنًا عَرَبِيًّا لَّعَلَّكُمْ تَعْقِلُونَ" : "Nous l'avons fait descendre étant un Coran arabe, afin que vous compreniez" (Coran 12/2) ; ces deux versets s'adressent aux Arabes, qui, parce que peuple parmi lequel le Dernier Prophète est suscité ("mab'ûth fîhim") sont les premiers interlocuteurs de la révélation divine communiquée à l'adresse de toute l'humanité par le biais de ce Prophète. "وَلَوْ جَعَلْنَاهُ قُرْآنًا أَعْجَمِيًّا لَّقَالُوا لَوْلَا فُصِّلَتْ آيَاتُهُ أَأَعْجَمِيٌّ وَعَرَبِيٌّ" : "Et si Nous en avions fait un Coran non-arabe, ils auraient dit : "Pourquoi ses versets n'ont-ils pas été rendus clairs ? Un (livre) non-arabe et un (prophète) arabe ?" (Coran 41/44).

Selon l'un des deux commentaires, c'est aussi ce qui explique la phrase : "Suivez) la forme de religion de votre père Abraham" : "مِّلَّةَ أَبِيكُمْ إِبْرَاهِيمَ" (Coran 22/78) ("فإن قيل: ما وجه قوله: ملة أبيكم وليس كل المسلمين يرجع نسبه إلى إبراهيم؟ قيل: خاطب به العرب وهم كانوا من نسل إبراهيم. وقيل: خاطب به جميع المسلمين وإبراهيم أب لهم على معنى وجوب احترامه وحفظ حقه كما يجب احترام الأب، وهو كقوله تعالى: {وأزواجه أمهاتهم}، وقال النبي صلى الله عليه وسلم: "إنما أنا لكم مثل الوالد" : Tafsîr ul-Baghawî - "ثم إن كان الخطاب موجها إلى الذين صحبوا النبيء صلى الله عليه وسلم، فإضافة أبوة إبراهيم إليهم باعتبار غالب الأمة، لأن غالب الأمة يومئذ من العرب المضرية؛ وأما الأنصار فإن نسبهم لا ينتمي إلى إبراهيم عليه الصلاة والسلام لأنهم من العرب القحطانيين، على أن أكثرهم كانت لإبراهيم عليهم ولادة من قبل الأمهات" : At-Tahrîr wa-t-tanwîr).

C'est aussi pourquoi Dieu n'a mentionné dans le Coran que les récits des peuples passés qui s'étaient déroulés en Arabie et dans la région alentour de l'Arabie, que les Arabes connaissaient globalement (Al-Fawz ul-kabîr, p. 42).

Lire ici notre article : Lorsque, quelque chose en relation avec l'instant T, le Coran et la Sunna le désignent par le nom qui n'a été employé, pour le désigner, que postérieurement à cet instant T, mais antérieurement à la prononciation, par Dieu, du Coran, et, par le prophète Muhammad (صلى الله عليه وسلم), des Hadîths.

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3) A l'autre extrême, il est certains des versets s'adressant au prophète Muhammad (sur lui soit la paix) (هو المخاطَب), et dont le propos n'est applicable qu'à lui (هو المعنِيّ) :

"يَا أَيُّهَا النَّبِيُّ إِنَّا أَحْلَلْنَا لَكَ أَزْوَاجَكَ اللَّاتِي آتَيْتَ أُجُورَهُنَّ وَمَا مَلَكَتْ يَمِينُكَ مِمَّا أَفَاءَ اللَّهُ عَلَيْكَ وَبَنَاتِ عَمِّكَ وَبَنَاتِ عَمَّاتِكَ وَبَنَاتِ خَالِكَ وَبَنَاتِ خَالَاتِكَ اللَّاتِي هَاجَرْنَ مَعَكَ وَامْرَأَةً مُّؤْمِنَةً إِن وَهَبَتْ نَفْسَهَا لِلنَّبِيِّ إِنْ أَرَادَ النَّبِيُّ أَن يَسْتَنكِحَهَا خَالِصَةً لَّكَ مِن دُونِ الْمُؤْمِنِينَ قَدْ عَلِمْنَا مَا فَرَضْنَا عَلَيْهِمْ فِي أَزْوَاجِهِمْ وَمَا مَلَكَتْ أَيْمَانُهُمْ لِكَيْلَا يَكُونَ عَلَيْكَ حَرَجٌ وَكَانَ اللَّهُ غَفُورًا رَّحِيمًا" (Coran 33/50). Ce verset, tout musulman le lit, prend connaissance de son contenu, apporte foi en son caractère véridique et juste, et modèle sa conception des choses en fonction de ce contenu ; cependant, le musulman ne le pratique pas, puisque cela est inapplicable en ce qui le concerne.

– Par contre, vous avez d'autres versets qui s'adressent au Prophète certes, mais pour introduire une directive s'adressant à tous les croyants, comme l'indique le "vous" qui suit immédiatement : "يَا أَيُّهَا النَّبِيُّ إِذَا طَلَّقْتُمُ النِّسَاءَ فَطَلِّقُوهُنَّ لِعِدَّتِهِنَّ وَأَحْصُوا الْعِدَّةَ وَاتَّقُوا اللَّهَ رَبَّكُمْ لَا تُخْرِجُوهُنَّ مِن بُيُوتِهِنَّ وَلَا يَخْرُجْنَ إِلَّا أَن يَأْتِينَ بِفَاحِشَةٍ مُّبَيِّنَةٍ وَتِلْكَ حُدُودُ اللَّهِ وَمَن يَتَعَدَّ حُدُودَ اللَّهِ فَقَدْ ظَلَمَ نَفْسَهُ" : "O Prophète, si vous répudiez les femmes, alors..." (Coran 65/1). Cela signifie en fait : "O Prophète, [dis aux croyants :] Si vous répudiez les femmes, alors...".

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4) D'autres versets encore s'adressent uniquement aux épouses du prophète Muhammad (sur lui soit la paix) :

– Le passage suivant commence par un "Ô Prophète, dis à tes épouses" (verset 33/28), mais ensuite, à partir du verset 33/30 jusqu'au verset 33/34, le discours se fait direct : "Ô femmes du Prophète..." : "يَا أَيُّهَا النَّبِيُّ قُل لِّأَزْوَاجِكَ إِن كُنتُنَّ تُرِدْنَ الْحَيَاةَ الدُّنْيَا وَزِينَتَهَا فَتَعَالَيْنَ أُمَتِّعْكُنَّ وَأُسَرِّحْكُنَّ سَرَاحًا جَمِيلًا وَإِن كُنتُنَّ تُرِدْنَ اللَّهَ وَرَسُولَهُ وَالدَّارَ الْآخِرَةَ فَإِنَّ اللَّهَ أَعَدَّ لِلْمُحْسِنَاتِ مِنكُنَّ أَجْرًا عَظِيمًا يَا نِسَاءَ النَّبِيِّ مَن يَأْتِ مِنـكُنَّ بِفَاحِشَةٍ مُّبَيِّنَةٍ يُضَاعَفْ لَهَا الْعَذَابُ ضِعْفَيْنِ وَكَانَ ذَٰلِكَ عَلَى اللَّهِ يَسِيرًا وَمَن يَقْنُتْ مِنـكُنَّ لِلَّهِ وَرَسُولِهِ وَتَعْمَلْ صَالِحًا نُّؤْتِهَا أَجْرَهَا مَرَّتَيْنِ وَأَعْتَدْنَا لَهَا رِزْقًا كَرِيمًا يَا نِسَاءَ النَّبِيِّ لَسْـتُنَّ كَأَحَدٍ مِّنَ النِّسَاءِ إِنِ اتَّقَيْـتُنَّ فَـلَا تَخْضَعْنَ بِالْقَوْلِ فَيَطْمَعَ الَّذِي فِي قَلْبِهِ مَرَضٌ وَقُلْنَ قَوْلًا مَّعْرُوفًا وَقَرْنَ فِي بُيُوتِكُنَّ وَلَا تَبَرَّجْنَ تَبَرُّجَ الْجَاهِلِيَّةِ الْأُولَىٰ وَأَقِمْنَ الصَّلَاةَ وَآتِينَ الزَّكَاةَ وَأَطِعْنَ اللَّهَ وَرَسُولَهُ إِنَّمَا يُرِيدُ اللَّهُ لِيُذْهِبَ عَنكُمُ الرِّجْسَ أَهْلَ الْبَيْتِ وَيُطَهِّرَكُمْ تَطْهِيرًا وَاذْكُرْنَ مَا يُتْلَىٰ فِي بُيُوتِكُنَّ مِنْ آيَاتِ اللَّهِ وَالْحِكْمَةِ إِنَّ اللَّهَ كَانَ لَطِيفًا خَبِيرًا" (Coran 33/28-34). Et bien que ce passage contient des hukm qui s'adressent dans d'autres versets à tout le monde ("établissez la prière rituelle et donnez la zakât"), il contient aussi cette phrase : "Ô femmes du Prophète, vous n'êtes pas comme une des femmes (ordinaires)", leur induisant certains devoirs particuliers.

– Au passage suivant, le lecteur du Coran trouve allusion à un épisode de la vie du Prophète (sur lui soit la paix), quand Aïcha et Hafsa (que Dieu les agrée) firent un petit plan pour que leur illustre mari ne s'attarde plus chez une autre co-épouse, Zaynab (que Dieu l'agrée), y buvant du miel : "يَا أَيُّهَا النَّبِيُّ لِمَ تُحَرِّمُ مَا أَحَلَّ اللَّهُ لَكَ تَبْتَغِي مَرْضَاتَ أَزْوَاجِكَ وَاللَّهُ غَفُورٌ رَّحِيمٌ قَدْ فَرَضَ اللَّهُ لَكُمْ تَحِلَّةَ أَيْمَانِكُمْ وَاللَّهُ مَوْلَاكُمْ وَهُوَ الْعَلِيمُ الْحَكِيمُ وَإِذْ أَسَرَّ النَّبِيُّ إِلَىٰ بَعْضِ أَزْوَاجِهِ حَدِيثًا فَلَمَّا نَبَّأَتْ بِهِ وَأَظْهَرَهُ اللَّهُ عَلَيْهِ عَرَّفَ بَعْضَهُ وَأَعْرَضَ عَن بَعْضٍ فَلَمَّا نَبَّأَهَا بِهِ قَالَتْ مَنْ أَنبَأَكَ هَٰذَا قَالَ نَبَّأَنِيَ الْعَلِيمُ الْخَبِيرُ إِن تَتُوبَا إِلَى اللَّهِ فَقَدْ صَغَتْ قُلُوبُكُمَا وَإِن تَظَاهَرَا عَلَيْهِ فَإِنَّ اللَّهَ هُوَ مَوْلَاهُ وَجِبْرِيلُ وَصَالِحُ الْمُؤْمِنِينَ وَالْمَلَائِكَةُ بَعْدَ ذَٰلِكَ ظَهِيرٌ عَسَىٰ رَبُّهُ إِن طَلَّقَـكُنَّ أَن يُبْدِلَهُ أَزْوَاجًا خَيْرًا مِّنـكُنَّ مُسْلِمَاتٍ مُّؤْمِنَاتٍ قَانِتَاتٍ تَائِبَاتٍ عَابِدَاتٍ سَائِحَاتٍ ثَيِّبَاتٍ وَأَبْكَارًا" :
----- les termes en marron consistent en un "Ô Prophète...", et la phrase qui suit lui rappelle ce qu'il fit suite à cet événement ;
----- le passage en bleu est une relation que Dieu nous fait d'une partie de l'événement ;
----- celui en vert insère dans le passage une règle générale, concernant tout croyant ;
----- celui en rouge est une phrase s'adressant directement aux deux épouses du Prophète qui furent en cause dans le petit plan : il s'agit de Aïcha et Hafsa (que Dieu les agrée) ;
----- juste après vient une phrase qui s'adresse à l'ensemble des épouses du Prophète (Coran 66/1-5).

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5) D'autres versets encore s'adressent à des groupes particuliers :

5.1) Certains versets s'adressent seulement à ceux qui sont polycultistes :

"أَفَرَأَيْـتُمُ اللَّاتَ وَالْعُزَّى وَمَنَاةَ الثَّالِثَةَ الْأُخْرَى أَلَكُمُ الذَّكَرُ وَلَهُ الْأُنثَى تِلْكَ إِذًا قِسْمَةٌ ضِيزَى إِنْ هِيَ إِلَّا أَسْمَاء سَمَّيْـتُمُوهَا أَنتُمْ وَآبَاؤُكُم مَّا أَنزَلَ اللَّهُ بِهَا مِن سُلْطَانٍ. إِن يَتَّبِعُونَ إِلَّا الظَّنَّ وَمَا تَهْوَى الْأَنفُسُ. وَلَقَدْ جَاءهُم مِّن رَّبِّهِمُ الْهُدَى" : "Avez-vous considéré al-Lât, al-'Uzzâ et Manât, la troisième, l'autre ? A vous les garçons, à Lui les filles ? Que voilà donc un partage injuste ! Ce ne sont que des noms que vous avez inventés, vous et vos ancêtres ! Dieu n'a pas fait descendre de preuve à leur sujet. Ils ne suivent que la conjecture et ce que les âmes désirent. (Or) la guidance leur est venue de la part de leur Seigneur" (Coran 53/19-23). Les versets 53/19 jusqu'à une partie du 53/23 s'adressent directement aux Polycultistes de l'Arabie, qui divinisaient ces 3 êtres : al-Lât, al-'Uzzâ et Manât.
Avant ce verset 53/19, il y a bien un verset qui s'adresse aux douteurs au discours direct, avec la seconde personne du pluriel ("أَفَـتُمَارُونَـهُ عَلَىٰ مَا يَرَىٰ" : Coran 53/12), mais même lui n'est pas introduit par un : "Dis : "Ô les incroyants !".
Ensuite, à la fin du verset 53/23 il y a un changement subit d'interlocuteur : Dieu S'adresse maintenant aux croyants, mais parlant toujours des polycultistes : "وَلَقَدْ جَاءهُم مِّن رَّبِّهِمُ الْهُدَى" : "(Or) la guidance leur est venue de la part de leur Seigneur" (Coran 53/23).

– D'autres versets s'adressent à un certain type de polycultistes seulement. Garder cela à l'esprit permet de comprendre de façon plus fine certaines nuances, et ne pas systématiser la totalité des éléments détaillés qui y figurent : "إِنَّـكُمْ وَمَا تَعْبُدُونَ مِن دُونِ اللَّهِ حَصَبُ جَهَنَّمَ أَنتُمْ لَهَا وَارِدُونَ لَوْ كَانَ هَؤُلَاء آلِهَةً مَّا وَرَدُوهَا وَكُلٌّ فِيهَا خَالِدُونَ لَهُمْ فِيهَا زَفِيرٌ وَهُمْ فِيهَا لَا يَسْمَعُونَ" : "Vous, ainsi que ce à quoi vous rendez le culte, serez le combustible de la Géhenne" (Coran 21/98-100). Ayant entendu ce verset, Ibn uz-Ziba'râ (alors encore polycultiste), dit en substance : "Il y a des hommes qui rendent le culte à Jésus aussi. Dès lors, si nos divinités seront dans le Feu comme le dit ce verset [21/98-100], alors Jésus aussi doit y être ! Si lui n'y sera pas, alors elles non plus ne devraient pas y être". Le verset suivant vint répondre à cette objection sarcastique : "وَلَمَّا ضُرِبَ ابْنُ مَرْيَمَ مَثَلًا إِذَا قَوْمُكَ مِنْهُ يَصِدُّونَ وَقَالُوا أَآلِهَتُنَا خَيْرٌ أَمْ هُوَ مَا ضَرَبُوهُ لَكَ إِلَّا جَدَلًا بَلْ هُمْ قَوْمٌ خَصِمُونَ إِنْ هُوَ إِلَّا عَبْدٌ أَنْعَمْنَا عَلَيْهِ وَجَعَلْنَاهُ مَثَلًا لِّبَنِي إِسْرَائِيلَ وَلَوْ نَشَاء لَجَعَلْنَا مِنكُم مَّلَائِكَةً فِي الْأَرْضِ يَخْلُفُونَ وَإِنَّهُ لَعِلْمٌ لِّلسَّاعَةِ" (Coran 43/57-61) : il est ici question de ce Mathal fait par Ibn uz-Ziba'râ. Or le passage auquel Ibn uz-Ziba'râ référait : "إِنَّـكُمْ وَمَا تَعْبُدُونَ مِن دُونِ اللَّهِ حَصَبُ جَهَنَّمَ" (Coran 21/98-100), évoque seulement les êtres autres que Dieu auxquels les Polycultistes de La Mecque rendaient le culte : ce verset comporte un "vous", et leur dit : "ce que vous adorez" ; il s'adressait donc aux Mushrikûn mecquois, lesquels, n'étant pas chrétiens, ne rendaient pas de culte à Jésus : Jésus n'était ainsi pas inclus dans le "ce que vous adorez" : "واعلم أن سؤال ابن الزبعرى ساقط من وجوه: أحدها: أن قوله {إنكم} خطاب مشافهة، وكان ذلك مع مشركي مكة، وهم كانوا يعبدون الأصنام فقط" (Tafsîr ur-Râzî).
Alors, certes, le propos (mahkûm bihî) n'est pas destiné à rester circonscrit à ceux auxquels le Coran s'est adressé directement (les polycultistes de la Mecque), de sorte que ce verset signifierait que les entités auxquelles d'autres polycultistes que les Mecquois rendaient le culte, ne seront pas placées, elles, dans la Géhenne. Cependant, c'est par analogie qu'il s'agit de "transmettre" ce propos (nous verrons cela plus bas, dans le Complément II) ; or l'analogie doit se faire uniquement à ceux qui sont semblables, dans la Ratio Legis, à ceux qui ont été évoqués dans le verset : cela concernera donc tous les djinns kâfir sur lesquels le culte tombe (Tafsîr ur-Râzî) ; cela pourra également englober également les statues de pierre et de bois ; ou encore le soleil. Mais Jésus n'est pour sa part pas semblable à ceux qui ont été évoqués dans ce verset (les idoles des Mecquois, à l'époque), puisque lui est un humain bien-aimé de Dieu. On voit ici qu'il ne faut pas faire de généralisations de façon simplificatrice.

– Cela est vrai quant à bien d'autres passages du Coran. Ainsi, le peuple de Abraham rendait le culte à des idoles, mais n'avait pas la même perception de ses statues que celle que le peuple de Hûd en avait : le peuple de Abraham ne croyait pas que les statues auxquelles ils faisaient des offrandes représentaient des esprits invisibles. Le peuple de Hûd, lui, croyait que les statues représentaient des esprits capables de faire du tort à qui les provoquait : "قَالُواْ يَا هُودُ مَا جِئْتَنَا بِبَيِّنَةٍ وَمَا نَحْنُ بِتَارِكِي آلِهَتِنَا عَن قَوْلِكَ وَمَا نَحْنُ لَكَ بِمُؤْمِنِينَ. إِن نَّقُولُ إِلاَّ اعْتَرَاكَ بَعْضُ آلِهَتِنَا بِسُوَءٍ" : "Ils dirent : "O Hûd ! Tu ne nous as pas apporté de preuve ! Nous n'en sommes pas à délaisser nos divinités à cause de ton propos. Nous n'en sommes pas à croire en toi. Nous ne disons rien d'autre que : "L'une de nos divinités t'a frappé d'un mal !"" (Coran 11/53-54) ("إِنْ نَقُولُ} فيك {إِلَّا اعْتَرَاكَ بَعْضُ آلِهَتِنَا بِسُوءٍ} أي: أصابتك بخبال وجنون، فصرت تهذي بما لا يعقل" : Tafsîr us-Sa'dî).
Les propos que Abraham tint à son peuple ("إِذْ قَالَ لِأَبِيهِ يَا أَبَتِ لِمَ تَعْبُدُ مَا لَا يَسْمَعُ وَلَا يُبْصِرُ وَلَا يُغْنِي عَنكَ شَيْئًا" : "O père, pourquoi adores-tu ce qui n'entend pas, ne voit pas, et ne te sert à rien ?" : Coran 19/42 ; "قَالَ أَتَعْبُدُونَ مَا تَنْحِتُونَ وَاللَّهُ خَلَقَكُمْ وَمَا تَعْمَلُونَ" : "Adorez-vous ce que vous sculptez, alors que Dieu vous a créés ainsi que ce que vous fabriquez (ainsi)" : Coran 37/95-96) ne sont donc pas transposables à tous les polycultistes.

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5.2) Un verset dont le contenu s'adresse peut-être aux Zoroastriens :

– Le verset coranique : "وَقَالَ اللّهُ لاَ تَتَّخِذُواْ إِلهَيْنِ اثْنَيْنِ إِنَّمَا هُوَ إِلهٌ وَاحِدٌ فَإيَّايَ فَارْهَبُونِ" : "Et Dieu a dit : "Ne prenez pas deux divinités ; Il n'est qu'un dieu unique. Aussi, Moi seul, craignez"" (Coran 16/51), Ibn 'Âshûr pense qu'il s'adresse aux Zoroastriens / Mazdéens, vu que certains Arabes de l'époque avaient embrassé la religion mazdéenne à cause de l'influence perse sur la région : "لما أشبع القول في إبطال تعدد الآلهة الشائع في جميع قبائل العرب، وأتبع بإبطال الاختلاق على الرسول صلى الله عليه وسلم والقرآن، نقل الكلام إلى إبطال نوع آخر من الشرك متبع عند قبائل من العرب، وهو الإشراك بإلهية أصلين للخير والشر، تقلدته قبائل العرب المجاورة بلاد فارس والساري فيهم سلطان كسرى وعوائدهم، مثل بني بكر بن وائل وبني تميم، فقد دان منهم كثير بالمجوسية، أي المزدكية والمانوية في زمن كسرى أبرويش وفي زمن كسرى أنوشروان" (At-Tahrîr wa-t-tanwîr).
(Pour leur part, bien d'autres commentateurs comprennent ce verset 16/51 comme signifiant seulement : "Ne prenez même pas une autre divinité en dehors de Dieu : Il n'est qu'une divinité unique". "إعلام بنهيه الصريح عن الإشراك وبأمره بعبادته وحده. وإنما خصص هذا العدد لأنه الأقل، فيعلم انتفاء ما فوقه بالدلالة" : Mahâssin ut-ta'wîl. Cela exactement comme dans ces versets : "إِنَّا كَفَيْنَاكَ الْمُسْتَهْزِئِينَ الَّذِينَ يَجْعَلُونَ مَعَ اللّهِ إِلهًا آخَرَ فَسَوْفَ يَعْمَلُونَ" : Coran 15/95-96 ; "لاَّ تَجْعَل مَعَ اللّهِ إِلَهًا آخَرَ فَتَقْعُدَ مَذْمُومًا مَّخْذُولاً" : Coran 17/22.)

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5.3) D'autres versets s'adressent aux chrétiens trinitariens :

"يَا أَهْلَ الْكِتَابِ لَا تَغْلُواْ فِي دِينِكُمْ وَلاَ تَقُولُواْ عَلَى اللّهِ إِلاَّ الْحَقِّ إِنَّمَا الْمَسِيحُ عِيسَى ابْنُ مَرْيَمَ رَسُولُ اللّهِ وَكَلِمَتُهُ أَلْقَاهَا إِلَى مَرْيَمَ وَرُوحٌ مِّنْهُ فَآمِنُواْ بِاللّهِ وَرُسُلِهِ وَلاَ تَقُولُواْ ثَلاَثَةٌ انتَهُواْ خَيْرًا لَّكُمْ إِنَّمَا اللّهُ إِلَهٌ وَاحِدٌ سُبْحَانَهُ أَن يَكُونَ لَهُ وَلَدٌ لَّهُ مَا فِي السَّمَاوَات وَمَا فِي الأَرْضِ وَكَفَى بِاللّهِ وَكِيلاً" :
"O Gens du Livre, n'exagérez pas dans votre religion et ne dites au sujet de Dieu que la vérité. Le Messie Jésus fils de Marie n'est que le Messager de Dieu, Sa Parole, qu'Il a envoyée vers Marie, et une Ame venant de Lui. Croyez donc en Dieu et en Ses Messagers et ne dites pas : "Trois" ; cessez, ce sera mieux pour vous. Dieu n'est qu'un dieu unique. Pureté à Lui par rapport au fait qu'Il ait un fils. A Lui appartient ce qui se trouve dans les cieux et sur la terre. Et Dieu suffit comme garant" (Coran 4/171).

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5.4) D'autres versets s'adressent aux fils d'Israël seulement (plus précisément à ceux d'entre eux qui sont juifs, et, plus précisément encore, qui le sont à l'époque du Coran, donc après l'abrogation de la validité de la loi de la Torah) :

"يَا بَنِي إِسْرَائِيلَ اذْكُرُوا نِعْمَتِيَ الَّتِي أَنْعَمْتُ عَلَيْكُمْ وَأَوْفُوا بِعَهْدِي أُوفِ بِعَهْدِكُمْ وَإِيَّايَ فَارْهَبُونِ" (Coran 2/40) :
--- suivent de nombreux versets qui s'adressent directement aux fils d'Israël (ceux d'entre eux qui sont juifs), la plupart de ces versets s'adressant à eux à la seconde personne du pluriel, leur rappelant des pans de leur histoire nationale (avec des "vous" s'adressant aux contemporains du Coran quant à ce que leurs ancêtres ont vécu) ;
--- on trouve aussi, dans ce long passage d'autres versets qui s'adressent cette fois aux musulmans, parlant des israélites à la troisième personne du pluriel.

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Remarque :

Dans le Coran, Dieu s'adresse à des incroyants parfois directement (avec des "vous") (nous l'avons vu plus haut).

Cependant, si on y trouve bien le vocatif particulier : "يَا أَهْلَ الْكِتَابِ", en revanche on n'y trouve pas une seule fois le vocatif particulier : "يَا أَيُّهَا الَّذِينَ أشْرَكُوْا", ni le vocatif général : "يَا أَيُّهَا الَّذِينَ كَفَرُوا".

Oui, on trouve une fois ce vocatif général, mais uniquement en tant que relation d'une parole qui sera prononcée le jour du Jugement : "يَا أَيُّهَا الَّذِينَ كَفَرُوا لَا تَعْتَذِرُوا الْيَوْمَ إِنَّمَا تُجْزَوْنَ مَا كُنْتُمْ تَعْمَلُونَ" (Coran 66/7).

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5.5) D'autres versets s'adressent aux musulmans (ceux qui débutent par "يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آمَنُوا" relèvent tous de cette catégorie) :

– Quant à "يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آمَنُوا آمِنُوا بِاللَّهِ وَرَسُولِهِ وَالْكِتَابِ الَّذِي نَزَّلَ عَلَىٰ رَسُولِهِ وَالْكِتَابِ الَّذِي أَنْزَلَ مِنْ قَبْلُ وَمَنْ يَكْفُرْ بِاللَّهِ وَمَلَائِكَتِهِ وَكُتُبِهِ وَرُسُلِهِ وَالْيَوْمِ الْآخِرِ فَقَدْ ضَلَّ ضَلَالًا بَعِيدًا" (Coran 4/136), il signifie : "demeurez sur la foi en Dieu, en Son Messager, en le Livre qu'Il a fait descendre sur Son Messager, et sur le Livre qu'Il a fait descendre auparavant" (Tafsîr ul-Jalâlayn).

– Vous avez encore des versets qui s'adressent aux Arabes devenus musulmans (du moins d'après une des interprétations) : "وَإِن تَتَوَلَّوْا يَسْتَبْدِلْ قَوْمًا غَيْرَكُمْ ثُمَّ لَا يَكُونُوا أَمْثَالَـكُمْ" : "Et si vous vous détournez, Il (prendra) à votre place un groupe d'hommes autre que vous, ensuite (ceux-là) ne seront pas comme vous" (Coran 47/38) ; d'après un des commentaires cités dans Rûh ul-ma'ânî, ce verset s'adresse aux Arabes : ce sont eux à qui Dieu annonce qu'Il pourrait donner le leadership à d'autres peuples si eux se détournent de la responsabilité liée à l'islam.

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–--- 5.5.1) Parmi les versets 5.5 (qui s'adressent aux musulmans), vous en avez qui s'adressent à tous les musulmans et toutes les musulmanes (en syntaxe, c'est seulement que le masculin l'emporte sur le féminin) :

– Ainsi en est-il par exemple du verset que nous avons cité ci-dessus : "يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آمَنُوا آمِنُوا بِاللَّهِ وَرَسُولِهِ وَالْكِتَابِ الَّذِي نَزَّلَ عَلَىٰ رَسُولِهِ وَالْكِتَابِ الَّذِي أَنْزَلَ مِنْ قَبْلُ وَمَنْ يَكْفُرْ بِاللَّهِ وَمَلَائِكَتِهِ وَكُتُبِهِ وَرُسُلِهِ وَالْيَوْمِ الْآخِرِ فَقَدْ ضَلَّ ضَلَالًا بَعِيدًا" il signifie : "Ô ceux qui ont apporté foi, demeurez sur la foi en Dieu, en Son Messager, en le Livre qu'Il a fait descendre sur Son Messager, et sur le Livre qu'Il a fait descendre auparavant" (Coran 4/136). Cela concerne les musulmans et les musulmanes.

– D'autres versets concernent eux aussi tous les musulmans et toutes les musulmanes, et contiennent pour leur part un interdit applicable de façon permanente : "يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آمَنُواْ إِنَّمَا الْخَمْرُ وَالْمَيْسِرُ وَالأَنصَابُ وَالأَزْلاَمُ رِجْسٌ مِّنْ عَمَلِ الشَّيْطَانِ فَاجْتَنِبُوهُ لَعَلَّكُمْ تُفْلِحُونَ إِنَّمَا يُرِيدُ الشَّيْطَانُ أَن يُوقِعَ بَيْنَكُمُ الْعَدَاوَةَ وَالْبَغْضَاء فِي الْخَمْرِ وَالْمَيْسِرِ وَيَصُدَّكُمْ عَن ذِكْرِ اللّهِ وَعَنِ الصَّلاَةِ فَهَلْ أَنتُم مُّنتَهُونَ" : "O ceux qui ont apporté foi, l'alcool, le jeu de hasard, les pierres dressées et les flèches divinatoires ne sont qu’impureté, relevant du fait du diable. Préservez-vous en, afin de réussir. Le diable ne veut, par le biais de l'alcool et du jeu de hasard, que jeter l'inimitié et la haine entre vous, et vous détourner du souvenir de Dieu et de la prière. Alors allez-vous arrêter" (Coran 5/90-91)

– Voici maintenant un interdit lié à une cause particulière : il s'agit du devoir de procéder aux ablutions lorsqu'on veut accomplir une prière rituelle : "يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آمَنُواْ إِذَا قُمْتُمْ إِلَى الصَّلاةِ فاغْسِلُواْ وُجُوهَكُمْ وَأَيْدِيَكُمْ إِلَى الْمَرَافِقِ وَامْسَحُواْ بِرُؤُوسِكُمْ وَأَرْجُلَكُمْ إِلَى الْكَعْبَينِ وَإِن كُنتُمْ جُنُبًا فَاطَّهَّرُواْ وَإِن كُنتُم مَّرْضَى أَوْ عَلَى سَفَرٍ أَوْ جَاء أَحَدٌ مَّنكُم مِّنَ الْغَائِطِ أَوْ لاَمَسْتُمُ النِّسَاء فَلَمْ تَجِدُواْ مَاء فَتَيَمَّمُواْ صَعِيدًا طَيِّبًا فَامْسَحُواْ بِوُجُوهِكُمْ وَأَيْدِيكُم مِّنْهُ" (Coran 5/6).
La cause de l'applicabilité de cet impératif (سبب الوجوب) est : "vouloir accomplir la prière rituelle".
Et la condition de l'applicabilité de cet impératif (شرط الوجوب) est : "être en état d'impureté rituelle".

– Un impératif lié à une cause particulière : jeûner : "يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آمَنُوا كُتِبَ عَلَيْكُمُ الصِّيَامُ كَمَا كُتِبَ عَلَى الَّذِينَ مِن قَبْلِكُمْ لَعَلَّكُمْ تَتَّقُون" (Coran 2/183).
La cause de l'applicabilité de cet impératif est mentionnée peu après (si on retient que ce verset 2/183 forme un bloc révélé en même temps avec le 2/185) : il s'agit d'être vivant pendant le mois de ramadan : "شَهْرُ رَمَضَانَ الَّذِيَ أُنزِلَ فِيهِ الْقُرْآنُ هُدًى لِّلنَّاسِ وَبَيِّنَاتٍ مِّنَ الْهُدَى وَالْفُرْقَانِ فَمَن شَهِدَ مِنكُمُ الشَّهْرَ فَلْيَصُمْهُ" (Coran 2/185).
Les conditions de l'applicabilité de cet impératif (شرط الوجوب) sont : être musulman (vu que le verset débute par "Ô Les croyants"), être sain d'esprit, et être pubère.
La condition de la mise en application de cet impératif dès la présence de cette cause (شرط وجوب الأداء) est : "ne pas être malade ni en voyage", comme le dit la suite du verset : " وَمَن كَانَ مَرِيضًا أَوْ عَلَى سَفَرٍ فَعِدَّةٌ مِّنْ أَيَّامٍ أُخَرَ يُرِيدُ اللّهُ بِكُمُ الْيُسْرَ وَلاَ يُرِيدُ بِكُمُ الْعُسْرَ" (Coran 2/185).

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–--- 5.5.2) Par contre, vous avez d'autres versets qui, alors même que leur lettre s'adresse apparemment à tout le monde, ne concerne qu'un groupe précis, parmi l'ensemble des musulmans :

– Au verset 2/232, qui débute par : "وَإِذَا طَلَّقْتُمُ النِّسَاءَ فَبَلَغْنَ أَجَلَهُنَّ", la phrase suivante : "فَـلَا تَعْضُلُوهُنَّ أَن يَنكِحْنَ أَزْوَاجَهُنَّ إِذَا تَرَاضَوْا بَيْنَهُم بِالْمَعْرُوفِ ذَٰلِكَ يُوعَظُ بِهِ مَن كَانَ مِنكُمْ يُؤْمِنُ بِاللَّهِ وَالْيَوْمِ الْآخِرِ ذَٰلِكُمْ أَزْكَىٰ لَكُمْ وَأَطْهَرُ وَاللَّهُ يَعْلَمُ وَأَنتُمْ لَا تَعْلَمُونَ" s'adresse soit aux responsables tels que pères, etc., soit aux maris venant de divorcer (Tafsîr ul-Qurtubî).

– Un verset qui s'adresse littéralement aux parents, mais dont l'application doit être faite par les enfants : demande d'autorisation, à 3 moments du jour, avant d'entrer dans les pièces intérieures à la demeure. Les parents doivent donc former leurs enfants à agir ainsi : "يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آمَنُوا لِيَسْتَأْذِنكُمُ الَّذِينَ مَلَكَتْ أَيْمَانُكُمْ وَالَّذِينَ لَمْ يَبْلُغُوا الْحُلُمَ مِنكُمْ ثَلَاثَ مَرَّاتٍ مِن قَبْلِ صَلَاةِ الْفَجْرِ وَحِينَ تَضَعُونَ ثِيَابَكُم مِّنَ الظَّهِيرَةِ وَمِن بَعْدِ صَلَاةِ الْعِشَاء ثَلَاثُ عَوْرَاتٍ لَّكُمْ لَّكُمْ لَيْسَ عَلَيْكُمْ وَلَا عَلَيْهِمْ جُنَاحٌ بَعْدَهُنَّ طَوَّافُونَ عَلَيْكُم بَعْضُكُمْ عَلَىٰ بَعْضٍ كَذَٰلِكَ يُبَيِّنُ اللَّهُ لَكُمُ الْآيَاتِ وَاللَّهُ عَلِيمٌ حَكِيمٌ وَإِذَا بَلَغَ الْأَطْفَالُ مِنكُمُ الْحُلُمَ فَلْيَسْتَأْذِنُوا كَمَا اسْتَأْذَنَ الَّذِينَ مِن قَبْلِهِمْ كَذَٰلِكَ يُبَيِّنُ اللَّهُ لَكُمْ آيَاتِهِ وَاللَّهُ عَلِيمٌ حَكِيمٌ" : "O ceux qui ont apporté foi, ceux dont vos mains sont propriétaires et ceux d'entre vous qui n'ont pas atteint la puberté doivent vous demander la permission [avant d'entrer dans vos pièces] à 3 moments : avant la prière de l'aube, lorsque vous vous dévêtez à cause de la mi-journée, et après la prière de la nuit : trois moments de (déshabillage) pour vous. (...)" (Coran 24/58).

– Quant à tous les versets qui induisent une sanction pénale à l'encontre de celui qui a commis le délit mentionné dans le verset :
---- soit l'impératif ne s'adresse qu'à l'exécutif (ou au juge de tribunal) du pays musulman (Dâr ul-islâm) ;
---- soit l'impératif s'adresse à l'ensemble des musulmans, mais la responsabilité et même la possibilité de l'appliquer est dévolue à l'exécutif seulement (ou au juge de tribunal) de la Dâr ul-islâm.
Al-Qurtubî a formulé cela à propos du verset 24/2 : "التاسعة: لا خلاف أن المخاطب بهذا الأمر الإمام ومن ناب منابه. (...). وقيل: الخطاب للمسلمين، لأن إقامة مراسم الدين واجبة على المسلمين، ثم الإمام ينوب عنهم، إذ لا يمكنهم الاجتماع على إقامة الحدود" (Tafsîr ul-Qurtubî).
Cela est vérifié chez Abû Hanîfa pour toute sanction pénale.

– On a des cas où le narratif couplé au discours direct ("Lorsque vous fîtes ainsi...") s'adresse aux Compagnons du Prophète, lesquels ont vécu ce qui est ainsi évoqué. Ainsi, parlant de la bataille de Uhud, Dieu dit à l'ensemble des Compagnons y ayant participé : "وَمَا أَصَابَـكُمْ يَوْمَ الْتَقَى الْجَمْعَانِ فَبِإِذْنِ اللّهِ" (Coran 3/166) ; "وَلِيَبْتَلِيَ اللّهُ مَا فِي صُدُورِكُمْ وَلِيُمَحَّصَ مَا فِي قُلُوبِـكُمْ وَاللّهُ عَلِيمٌ بِذَاتِ الصُّدُورِ" (Coran 3/154) ; "أَمْ حَسِبْتُمْ أَن تَدْخُلُواْ الْجَنَّةَ وَلَمَّا يَعْلَمِ اللّهُ الَّذِينَ جَاهَدُواْ مِنكُمْ وَيَعْلَمَ الصَّابِرِينَ" (Coran 3/142) ; "وَيَتَّخِذَ مِنكُمْ شُهَدَاء" (Coran 3/140).
Parfois il y a même que ce sont seulement certains Compagnons qui ont fait une Khata', et pourtant, c'est à tous que le reproche est adressé, en tant que collectivité, par rapport à la responsabilité dans ce qui arrive dans ce monde (même si, au niveau de l'autre monde, la responsabilité demeure individuelle). Ainsi, à Uhud il y eut un manquement dans la 'Amal (un abandon du strict impératif laissé par le Prophète, sur lui soit la paix) de la part de seulement 40 personnes (sur les 50 ayant été désignées au poste) ; et cela causa la défaite des 700 Compagnons présents. Mais lorsque Dieu en parla peu après, ce fut par des "vous" qu'Il en parla aux musulmans : "وَلَقَدْ صَدَقَكُمُ اللّهُ وَعْدَهُ إِذْ تَحُسُّونَهُم بِإِذْنِهِ حَتَّى إِذَا فَشِلْتُمْ وَتَنَازَعْتُمْ فِي الأَمْرِ وَعَصَيْتُم مِّن بَعْدِ مَا أَرَاكُم مَّا تُحِبُّونَ مِنكُم مَّن يُرِيدُ الدُّنْيَا وَمِنكُم مَّن يُرِيدُ الآخِرَةَ ثُمَّ صَرَفَكُمْ عَنْهُمْ لِيَبْتَلِيَكُمْ وَلَقَدْ عَفَا عَنكُمْ وَاللّهُ ذُو فَضْلٍ عَلَى الْمُؤْمِنِينَ" : "... jusqu'à ce que vous échouiez, que vous divergiez au sujet de l'ordre et que vous désobéîtes..." (Coran 3/152). "أَوَلَمَّا أَصَابَتْكُم مُّصِيبَةٌ قَدْ أَصَبْتُم مِّثْلَيْهَا قُلْتُمْ أَنَّى هَذَا قُلْ هُوَ مِنْ عِندِ أَنْفُسِكُمْ" (Coran 3/165). Il en fut de même pour le manquement dans le Tawakkul commis par quelques personnes avant la bataille de Hunayn : "لَقَدْ نَصَرَكُمُ اللّهُ فِي مَوَاطِنَ كَثِيرَةٍ وَيَوْمَ حُنَيْنٍ إِذْ أَعْجَبَتْكُمْ كَثْرَتُكُمْ فَلَمْ تُغْنِ عَنكُمْ شَيْئًا وَضَاقَتْ عَلَيْكُمُ الأَرْضُ بِمَا رَحُبَتْ ثُمَّ وَلَّيْتُم مُّدْبِرِينَ" : "Et Dieu vous a aidés en de nombreux lieux, ainsi qu'au jour de Hunayn, lorsque votre grand nombre vous plut, alors il ne vous servit à rien, et la terre se resserra sur vous malgré sa largesse, ensuite vous tournâmes le dos" (Coran 9/25).

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–--- 5.5.3) Vous avez d'autres versets qui ne concernent que les musulmanes :

– Ainsi en est-il du verset suivant, dont dont le hukm concerne les musulmanes (et pas les musulmans) : "وَالْمُطَلَّقَاتُ يَتَرَبَّصْنَ بِأَنفُسِهِنَّ ثَلاَثَةَ قُرُوَءٍ. وَلاَ يَحِلُّ لَهُنَّ أَن يَكْتُمْنَ مَا خَلَقَ اللّهُ فِي أَرْحَامِهِنَّ إِن كُنَّ يُؤْمِنَّ بِاللّهِ وَالْيَوْمِ الآخِرِ" (Coran 2/228).

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–--- 5.5.4) Enfin, vous avez d'autres versets qui ne s'adressent qu'aux hommes, mais dont le hukm s'applique par analogie aux femmes également (et vice-versa) :

– Ainsi en est-il du verset suivant, qui s'adresse aux musulmans de sexe masculin seulement : "نِسَاؤُكُمْ حَرْثٌ لَّكُمْ فَـأْتُوا حَرْثَكُمْ أَنَّىٰ شِئْتُمْ وَقَدِّمُوا لِأَنفُسِكُمْ وَاتَّقُوا اللَّهَ وَاعْلَمُوا أَنَّكُم مُّلَاقُوهُ وَبَشِّرِ الْمُؤْمِنِينَ" (Coran 2/223). Ce verset, s'adressant aux hommes, dit : "Vos femmes sont un champ de labour pour vous, allez à votre champ comme vous voulez" : ce verset signifie : "dans la position que vous voulez". La cause de sa révélation permet de comprendre ce que cela signifie : les musulmans Ansâr, de Médine, avait développé comme conception qu'il était interdit, ou déconseillé, ta'abbudan, de pratiquer certaines positions lors des relations intimes (par voie vaginale) : ce verset vint dire qu'il n'y avait aucune règle pareille : cela est entièrement autorisé, mubâh (cf. Abû Dâoûd, 2164). Alors, certes, c'est aux hommes - et pas aux femmes - que, directement (mushâfaha), ce verset s'adresse, mais cela est dû à la métaphore (tashbîh balîgh) qui précède cette phrase : c'est la femme qui est le réceptacle de la semence masculine, et c'est elle qui va porter l'enfant qui va résulter de la fécondation, par cette semence qu'elle reçoit, de ce qu'elle possède en elle (l'ovule). Maintenant pour ce qui est du caractère entièrement libre (mubâh) de toutes les positions, ce discours direct n'implique nullement que ce choix appartiendrait seulement à l'homme : par analogie (voir plus bas, le Complément II) le propos ("adopter la position que l'on veut") vaut aussi pour la femme, qui a entière liberté de demander à son mari d'avoir recours à telle position, et ce parce qu'elle la préfère, comme elle a l'entière liberté d'en prendre l'initiative lors de l'acte.

– Cela est comparable au fait que le verset suivant parle explicitement des femmes : "وَالَّذِينَ يَرْمُونَ الْمُحْصَنَاتِ ثُمَّ لَمْ يَأْتُوا بِأَرْبَعَةِ شُهَدَاء" : "Et ceux qui accusent les femmes chastes ensuite n'amènent pas quatre témoins..." (Coran 24/4), mais, par analogie, son propos s'applique aussi au fait d'accuser des hommes chastes (et ce, que ce soient d'autres hommes, ou des femmes, qui accusent ceux-ci). C'est le commentaire que al-Qurtubî a relaté ainsi : "الثالثة: ذكر الله تعالى في الآية النساء من حيث هن أهم، ورميهن بالفاحشة أشنع وأنكى للنفوس. وقذف الرجال داخل في حكم الآية بالمعنى؛ وإجماع الأمة على ذلك. وهذا نحو نصه على تحريم لحم الخنزير، ودخل شحمه وغضاريفه ونحو ذلك بالمعنى والإجماع" (Tafsîr ul-Qurtubî).

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–--- 5.5.5) Note importante par rapport aux versets qui s'adressent aux musulmans :

Lire notre article : Les non-musulmans sont-ils eux aussi Mukhâtab bi-l-furû' ?.

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Compléments

Complément I) Au-delà de la seule littéralité du verset, qu'est-ce qui est vraiment concerné par son propos (تخصيص حكم الآية بالنسبة إلى ظاهر لفظها) ?

--- Le propos (محكوم به) communiqué dans un verset, faut-il l'appliquer à tout cas de figure correspondant au thème (محكوم عليه) évoqué dans le verset, ce thème étant compris selon la simple lettre (ظاهر اللفظ) de ce verset ? Ou bien, pour établir le cas de figure (محكوم عليه) auquel ce propos (محكوم به) est applicable, faut-il prendre en considération la particularité de la cause de la révélation (خصوص سبب النزول) de ce verset ?.

--- Dans le Coran et la Sunna, le nom pluriel précédé de l'article défini "Al-" induit normalement une généralité absolue, mais parfois une généralité seulement relative : "Les hommes" (النَّاس) ; "Les polycultistes" (الْمُشْرِكُونَ) ; "Les juifs" (الْيَهُود) ; "Les chrétiens" (النَّصَارَى).

--- Quelques passages du Coran où ce qui est dit (hukm, حكم) au sujet d'une chose X (mahkûm 'alayh, محكوم عليه) est en réalité dû à la présence d'un principe motivant (manât / 'illa) (مَناط/ عِلّة) dans la réalité de cette chose X. Ce qui fait que le propos (حكم) concerne en réalité un thème (mahkûm 'alayh, محكوم عليه) plus restreint (أَخَصّ) que ce que la littéralité du texte (ظاهر اللفظ) laissait croire (1/5) (تخصيص).

--- Lorsque l'applicabilité d'une règle (mahkûm bih) à une action (mahkûm 'alayh), cela est stipulé dans les textes de façon générale et inconditionnelle, alors qu'en fait l'applicabilité de cette règle à cette action est restreinte, eu égard au principe la motivant (تخصيص حكم النص بالتعليل) – Relativiser l'applicabilité d'une règle en la restreignant à un sujet / un objet / un contexte précis.

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Complément II) Le propos présent dans le verset concerne certaines personnes textuellement : il s'agit des personnes auxquelles la lettre du verset s'adresse explicitement (Mukhâtab bi lafz il-âyah). Cependant, par analogie, ce propos concerne aussi d'autres personnes (تعدية حكم الآية إلى سوى المنصوص عليه فيها). Cette analogie est de type : "Qiyâs ul-Awlâ", ou de type : "Qiyâs ul-mussâwât". Et puis il existe ici un autre exercice, encore plus délicat : le "Qiyâs ul-adnâ" :

Un exemple de Qiyâs ul-Awlâ :

Ainsi, le passage "لَمَسْجِدٌ أُسِّسَ عَلَى التَّقْوَى مِنْ أَوَّلِ يَوْمٍ أَحَقُّ أَن تَقُومَ فِيهِ", où Dieu fait les éloges d'"une mosquée qui a été fondée depuis le premier jour sur la piété", en disant qu'elle "mérite plus que tu t'y tiennes debout [que celle que les Hypocrites ont bâtie]" (Coran 9/108) parle de façon véritable de la mosquée de Qubâ, dans les faubourgs de Médine, mosquée fondée par le Prophète lors de son séjour de 4 ou de 14 jours avant qu'il entre dans la ville de Médine proprement dite (cf. Tafsîr Ibn Kathîr ; Fat'h ul-bârî 7/306-307 ; Bayân ul-qur'ân 4/143). Pourtant, le Prophète (que Dieu le bénisse et le salue) a dit qu'il s'agissait de sa mosquée de Médine : "عن أبي سلمة بن عبد الرحمن، قال: مر بي عبد الرحمن بن أبي سعيد الخدري، قال: قلت له: كيف سمعت أباك يذكر في المسجد الذي أسس على التقوى؟ قال: قال أبي: دخلت على رسول الله صلى الله عليه وسلم في بيت بعض نسائه، فقلت: يا رسول الله، أي المسجدين الذي أسس على التقوى؟ قال: فأخذ كفا من حصباء، فضرب به الأرض، ثم قال: "هو مسجدكم هذا" لمسجد المدينة. قال: فقلت: أشهد أني سمعت أباك هكذا يذكره" (Muslim 1398) (at-Tirmidhî 323, an-Nassâ'ï 697), celle qu'il bâtit quelque temps après celle de Qubâ, sur le terrain qu'il acheta. En fait il voulait dire que le qualificatif mentionné dans le verset ("avoir été bâtie sur la piété") est plus présent encore dans sa mosquée de Médine, ce qui fait que le hukm ("mériter qu'on y prie") s'applique à plus forte raison à cette dernière aussi. Cependant, le verset ne fait pas allusion à la mosquée de Médine, mais bien à celle de Qubâ.

Un autre exemple est visible dans notre article : Dans la Sunna, le Prophète (sur lui soit la paix) a fourni d'un verset une explication donnée. Est-il possible de fournir une autre explication du même verset, différente mais non pas contradictoire de celle donnée par le Prophète ?.

Ibn Taymiyya a cité cela comme étant des cas de Qiyâs ul-awlâ faits par le Prophète (sur lui soit la paix) : "ويكون هذا كقوله عن المسجد المؤسس على التقوى: "هو مسجدي هذا" مع أن الآية تتناول مسجد قباء قطعا. وكذلك قوله عن أهل الكساء: "هؤلاء أهل بيتي" مع أن القرآن يتناول نساءه. فالتخصيص لكون المخصوص أولى بالوصف" (MF 17/506).

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– Un exemple de Qiyâs ul-Mussâwât :

C'est le cas du verset déjà cité plus haut : "وَالَّذِينَ يَرْمُونَ الْمُحْصَنَاتِ ثُمَّ لَمْ يَأْتُوا بِأَرْبَعَةِ شُهَدَاء" : "Et ceux qui accusent les femmes chastes ensuite n'amènent pas quatre témoins..." (Coran 24/4) : par analogie, son propos s'applique aussi au fait d'accuser des hommes chastes : "الثالثة: ذكر الله تعالى في الآية النساء من حيث هن أهم، ورميهن بالفاحشة أشنع وأنكى للنفوس. وقذف الرجال داخل في حكم الآية بالمعنى؛ وإجماع الأمة على ذلك. وهذا نحو نصه على تحريم لحم الخنزير، ودخل شحمه وغضاريفه ونحو ذلك بالمعنى والإجماع" (Tafsîr ul-Qurtubî).

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Complément III) Voici maintenant un autre exercice, encore plus délicat, d'analogie : le "Qiyâs ul-adnâ" :

Les propos que le Coran tient aux 4 groupes de non-musulmans avec lesquels il discute et argumente (muhâjja), ces propos s'appliquent véritablement et pleinement à ceux qui sont mentionnés dans ces versets : les polycultistes, certains chrétiens (les trinitariens, ainsi que ceux qui ont fait des innovations dans leur religion), certains juifs (ceux d'après l'abrogation), et les munâfiqûn ; plus précisément, ce sont certaines de leurs croyances et de leurs actions qui constituent le thème de ce propos figurant dans ces versets : ce propos s'applique pleinement à ces croyances et actions : il s'agit de façon générale d'un reproche de la part de Dieu.
Cependant, ce propos s'applique également, cependant à un degré moindre (Qiyâs ul-Adnâ), à ceux des musulmans qui ne se sont pas attachés pleinement au Coran et de la Sunna mais s'en sont détournés pour :
--- pour adopter certaines croyances similaires - quoique édulcorées, car ayant été mêlées à des croyances correctes - à celles visées véritablement par des versets concernant ces 4 groupes ;
--- ou pour adopter le même comportement que ceux visés par des versets concernant ces 4 groupes.
Le propos énoncé dans le Coran s'applique alors à ces croyances et comportement de ces musulmans aussi, mais de façon moindre, par Qiyâs ul-Adnâ.
"فعلم بخبره الصدق أنه في أمته قوم متمسكون بهديه، الذي هو دين الإسلام محضا؛ وقوم منحرفون إلى شعبة من شعب اليهود، أو إلى شعبة من شعب النصارى، وإن كان الرجل لا يكفر بكل انحراف، بل وقد لا يفسق أيضا؛ بل قد يكون الانحراف كفرا، وقد يكون فسقا، وقد يكون معصية، وقد يكون خطأ" : "Par l'information véridique donnée par (le Prophète, sur lui soit la paix), on a su que dans sa Umma il y aura des gens qui s'attachent à sa Façon, laquelle est le pur Dîn ul-islâm ; et qu'il y aura des gens qui ont dévieront vers une branche d'entre les branches du judaïsme, ou une branche d'entre les branches du christianisme, même si ce n'est pas par toute déviance (de ce genre) que le musulman tomberait dans le kufr, ni même dans le fisq ; en fait, le fait de dévier (ainsi) constitue pour partie du kufr, pour partie du fisq [= une kabîra reconnue telle], pour partie un péché [= une saghîra reconnue telle], et pour partie une khata' [ijtihâdî]" (Al-Iqtidhâ', p. 10).

Shâh Waliyyullâh a dressé ainsi le parallèle, dans son livret Al-Fawz ul-kabîr fi Ussûl it-tafsîr, entre ces 4 groupes évoqués explicitement dans le Coran, et des groupes présents chez les musulmans et ayant dévié (soit en croyance, soit en comportement) de la Voie Correcte enseignée par le Coran et la Sunna. A chaque fois, Shâh Waliyyullâh dit : "وإن أردتَ أن ترى نموذجاً لهؤلاء ...، فانظر إلى" : "Et si tu veux voir un exemplaire de ceux-là, regarde chez les musulmans ceux qui...".

A la fin, il écrit : "وعل كل، فإنه لا ينبغي أن يظن عند تلاوة القرآن الكريم، أن جداله ومحاجته كانا مع أناس قد انتهوا وانقضوا. كلا، بل إنه - بحكم ما جاء في الحديث: "لتتبعن سنن من كان قبلكم إلخ" - ليست هنا من فتنة كانت في عهد الرسالة (صلى الله على صاحبها وسلم) إلا ولها نماذج وأمثلة في عصرنا هذا. ولذلك فالمطلوب الحقيقى هو بيان كليات هذه المقاصد والمعاني لا خصوص الحوادث والتفصيلات الجزئية" (Al-Fawz ul-kabîr, p. 39).

Ibn Taymiyya aussi a dressé ce parallèle dans de multiples écrits :
"ومن أقر بـالشرع والأمر والنهي والحسن والقبح دون القدر وخلق الأفعال - كما عليه المعتزلة -، فهو من القدرية المجوسية الذين شابهوا المجوس؛ وللمعتزلة من مشابهة المجوس واليهود نصيب وافر. ومن أقر بـالقضاء والقدر وخلق الأفعال وعموم الربوبية وأنكر المعروف والمنكر والهدى والضلال والحسنات والسيئات، ففيه شبه من المشركين والصابئة" (MF 16/238). 
"وكان السلف يرون أن من انحرف من العلماء عن الصراط المستقيم ففيه شبه من اليهود؛ ومن انحرف من العباد ففيه شبه من النصارى. كما يرى في أحوال منحرفة أهل العلم من تحريف الكلم عن مواضعه وقسوة القلوب والبخل بالعلم والكبر وأمر الناس بالبر ونسيان أنفسهم وغير ذلك؛ وكما يرى في منحرفة أهل العبادة والأحوال من الغلو في الأنبياء الصالحين والابتداع في العبادات والرهبانية والصور والأصوات"
(MF 1/65).
"وقال سفيان بن عيينة: كانوا يقولون: "من فسد من علمائنا ففيه شبه من اليهود؛ ومن فسد من عبادنا ففيه شبه من النصارى". وكان غير واحد من السلف يقول: "احذروا فتنة العالم الفاجر والعابد الجاهل، فإن فتنتهما فتنة لكل مفتون". فـمن عرف الحق ولم يعمل به أشبه اليهود الذين قال الله فيهم: {أتأمرون الناس بالبر وتنسون أنفسكم وأنتم تتلون الكتاب أفلا تعقلون}. ومن عبد الله بغير علم بل بالغلو والشرك أشبه النصارى الذين قال الله فيهم: {يا أهل الكتاب لا تغلوا في دينكم غير الحق ولا تتبعوا أهواء قوم قد ضلوا من قبل وأضلوا كثيرا وضلوا عن سواء السبيل"
(MF 1/197-198).

"والمعتزلة من أبعد الناس عن طريق أهل الكشف والخوارق والصوفية، يذمونها ويعيبونها. وكذلك يبالغون في ذم النصارى أكثر مما يبالغون في ذم اليهود؛ وهم إلى اليهود أقرب. كما أن الصوفية [المنحرفة] ونحوهم إلى النصارى أقرب؛ فإن النصارى عندهم عبادة وزهد وأخلاق بلا معرفة ولا بصيرة، فهم ضالون. واليهود عندهم علم ونظر بلا قصد صالح ولا عبادة ولا زهد" (MF 13/99-100).
Ibn Abi-l-'Izz écrit : "فلهذا تجد أكثر المنحرفين من أهل الكلام من المعتزلة ونحوهم، فيه شبه من اليهود؛ حتى أن علماء اليهود يقرءون كتب شيوخ المعتزلة ويستحسنون طريقتهم، وكذا شيوخ المعتزلة يميلون إلى اليهود ويرجحونهم على النصارى. وأكثر المنحرفين من العباد من المتصوفة ونحوهم، فيهم شبه من النصارى؛ ولهذا يميلون إلى نوع من الرهبانية والحلول والاتحاد ونحو ذلك. وشيوخ هؤلاء يذمون الكلام وأهله؛ وشيوخ أولئك يعيبون طريقة هؤلاء ويصنفون في ذم السماع والوجد وكثير من الزهد والعبادة التي أحدثها هؤلاء" (Shar'h ul-'aqîda at-tahâwiyya, p. 801).
J'ai en effet remarqué certains traits communs entre certaines croyances enseignées par certains rabbins (en particulier Moïse Maïmonide), et les mêmes croyances chez les Mutazilites :
- Dieu a-t-Il des Mains ? est-Il Etabli sur un Trône ?
- Les actions mauvaises que des hommes font, ont-elles été prédestinées par Dieu (Qadar), cette prédestination ne changeant pas dans sa dimension fixe (Mub'ram) ? et ne voient-elle le jour que par la Volonté de Dieu (Irâda Takwîniyya) ?
- La sorcellerie exerce-t-elle sur les hommes un effet réel, ou un effet illusoire ?
- Peut-on offrir à un défunt la récompense d'un acte cultuel qu'on effectue ?

Ibn Taymiyya écrit encore :
"وهذا يبتلى به كثير من المنتسبين إلى طائفة معينة في العلم أو الدين من المتفقهة أو المتصوفة أو غيرهم، أو إلى رئيس معظم عندهم في الدين - غير النبي صلى الله عليه وسلم -، فإنهم لا يقبلون من الدين رأيا ورواية إلا ما جاءت به طائفتهم، ثم إنهم لا يعلمون ما توجبه طائفتهم؛ مع أن دين الإسلام يوجب اتباع الحق مطلقا - رواية ورأيا - من غير تعيين شخص أو طائفة غير الرسول صلى الله عليه وسلم" (Ibid., pp. 11-12).
"فأما تحريف التأويل فكثير جدا، وقد ابتليت به طوائف من هذه الأمة" (Ibid., p. 11).
"وقد يبتلى بعض المنتسبين إلى العلم وغيرهم بنوع من الحسد لمن هداه الله بعلم نافع أو عمل صالح" (Ibid., p. 10).

Shâh Waliyyullâh écrit le principe général suivant au sujet de ce Qiyâs ul-Adnâ : "وهنا فائدة مهمة ينبغي الاطلاع عليها، وهي أن النبي - صلى الله عليه وسلم - اهتم بفن الاعتبار والاستشهاد، وسلك منهجه وطريقه ليكون سنة لعلماء أمته وفتحاً لباب العلوم الوهبية التي خصوا بها. من أمثلة ذلك أنه صلى الله عليه وسلم تمثل بقوله تعالى {فَأَمَّا مَنْ أَعْطَى وَاتَّقَى} في مسألة القدر، مع أن منطوق الآية هو أن كل من يعمل هذه الأعمال فسنجازيه بالجنة والنعيم المقيم، وكل من يعمل بضد هذه الأعمال، فسوف نعذبه ونصليه الجحيم، إلا أنه عن طريق الاعتبار يمكن أن يعلم به أن الله - عز وجل - خلق كل شخص لعمل وحالة، وهي الحالة التي تجري عليه ويسر لها من حيث يدري أو لا يدري، فمن هنا وبهذا الاعتبار كان لهذه الآية الكريمة ارتباط بقضية القدر. كذلك قوله تعالى: {وَنَفْسٍ وَمَا سَوَّاهَا فَأَلْهَمَهَا فُجُورَهَا وَتَقْوَاهَا}؛ فالمعنى لهذه الآية الكريمة أن الله - عز وجل - عرف كل نفس بالبر والإثم والخير والشر، ولكن هناك شبها بين خلق الصورة العلمية للبر والإثم وبين خلق البر والإثم - إجمالا - في وقت نفخ الروح، فيمكن عن طريق الاعتبار أن يستشهد بهذه الآية الكريمة في مسألة القدر أيضا. والله أعلم" (Al-Fawz ul-kabîr, p. 118).

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Complément IV) Lire également ces autres articles, qui (inshâ Allâh) enrichiront notre compréhension de ce que signifie "appliquer ce que dit le Coran" :

--- Comprendre la progressivité et les priorités ;
--- "Mansûkh", à propos de versets, ne veut pas toujours dire "abrogé" - Voici 5 acceptions du terme "Naskh" (et donc de : "Mansûkh") : خمسة معان للفظ النسخ (II - 2/2) ;
--- Comprendre les différences de situations dans lesquelles se trouvent différentes communautés musulmanes (الفرق بين النسخ والنسء - فقه اختلافات الأحوال التي تعيشها كل جالية مسلمة) ;
--- Quand c'est par rapport à un contexte précis que la Mafsada de l'action domine sa Maslaha (الفرق بين النسخ والنسء - فقه اختلافات الأحوال التي تعيشها كل جالية مسلمة).

Lorsque, par rapport à la situation dans laquelle il se trouve dans le Réel (الواقع), le musulman a devant lui 2 actions en concurrence : il ne pourra pratiquer qu'une seule des 2 et devra délaisser l'autre. Comment devra-t-il faire pour évaluer l'importance de chacune de ces 2 actions, puis choisir ? "التعارض بين العملين، والموازنة بينهما، والترجيح ؛ الاستصلاح" - Partie 1/3 ;
فقه المآلات : Le musulman a devant lui la possibilité de pratiquer telle Action de Bien. Cependant, par rapport à la situation dans laquelle il se trouve dans le Réel (الواقع), la pratique de cette Action de Bien est susceptible d'entraîner (في المآل) un Problème (Mafsada). Que devra alors faire ce musulman : pratiquer l'Action, sans autre considération ? ou bien considérer la nature et le degré de cette Mafsada, ainsi que la probabilité de son entraînement ? "التعارض بين العملين، والموازنة بينهما، والترجيح ؛ الاستصلاح" - Partie 2/3 ;
Différentes catégories par rapport à la plus ou moins grande subtilité dans la prise en considération de la Maslaha / Mafsada que le Réel présente face à la mise en pratique de l'Action requise - "التعارض بين العملين، والموازنة بينهما، والترجيح ؛ الاستصلاح" - Partie 3/3.

--- Le terme "'Urf" / "Ma'rûf" désigne à la fois : "Ce qui est Bien", et : "Ce qui est d'usage /bienséant" - المعروف المعيّن بالشرع، والمعروف المفوَّض تفصيله إلى عادة الناس.

--- Deux passages du Coran où pratiquer ce qui y a été mentionné peut se faire /se fait par le recours à un moyen autre que celui évoqué mais permettant de réaliser le même objectif (ما وجد فيه المعنى / ما وجدت فيه العلة), et ce à cause d'un contexte différent de celui du lieu /de l'époque de la révélation du Coran (2/5) (تعدية الصلاحية) ;
--- Exemples d'équivalents ou "presque équivalents" Universels (4/5) (تعدية الصلاحية) ;
--- Exemples d'équivalents ou "presque équivalents" liés à un contexte différent de celui de l'Arabie (5/5) (تعدية الصلاحية).

"La Shar' ullâh dit telle chose..." : peut-on dire cela de façon absolue quand c'est seulement une déduction d'un Mujtahid, et pas ce que dit explicitement un Verset coranique ou un Hadîth ? - "Faut-il distinguer Sharî'a et Fiqh ?" - "الفرق بين الشرع المنزل، والشرع المؤول، والشرع المبدل" ;
Quand il y a divergence d'interprétations ou d'avis entre les mujtahidûn, l'avis qui est juste (swawâb) peut-il toujours être distingué de façon qat'î ? - L'existence d'interprétations divergentes entre les ulémas est-ce une miséricorde (رحمة), ou un problème ?! ;
Face à des argumentations divergentes, il y a : - les cas où on peut (et on doit) être certain de la rectitude de tel avis (الجزم مع القطع بـ) ; - les cas où il s'agit d'affirmer de façon ferme que c'est tel avis qui est correct (الجزم) ; - les cas où il s'agit de donner préférence à tel avis (الترجيح) ; - les cas où il s'agit de pencher vers tel avis (الميلان) ; - les cas où il s'agit de ne pas se prononcer (التوقف) ;
Lorsque sur une question donnée (mas'ala) il n'y a eu que 2 (ou 3, ou 4, ou plus encore) avis chez tous les Salaf, est-il impossible que des grands ulémas postérieurs pensent un nouvel avis, par une nouvelle synthèse des textes existant ? ;
Peut-on suivre une école juridique de référence (Madh'hab), et adopter l'avis d'une autre école (Madh'hab) sur quelques questions précises, par égard pour le Contexte : par Maslaha ?.

Wallâhu A'lam (Dieu sait mieux).

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