Bref aperçu du déroulement de la mission du Prophète

La société arabe d'avant la venue de l'Islam est fondée sur la tribu, dont la cohésion est assurée par la filiation à un même ancêtre, dont on célèbre les actes de bravoure et dont on suit les traces.

La Mecque est une cité dirigée par la tribu Quraysh ; elle recèle en son sein la Kaaba, édifice dont le premier prototype a été construit par Abraham et Ismaël qui l'ont dédié à Dieu l'Unique. Les Arabes célèbrent toujours, sur les traces de Abraham et Ismaël, le pèlerinage annuel de la Kaaba, à laquelle ils sont attachés ; cependant, devenus dans leur majorité polythéistes, ils y mêlent les rites idolâtres et superstitieux, et ce d'autant plus que les Quraysh ont installé autour de la Kaaba les différentes idoles arabes. Ils ont fait de la Maison de l'Unique, bâtie par Abraham et Ismaël, le centre de l'idolâtrie arabe.

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A) Les premiers temps de la mission du Prophète (depuis le début de la mission jusqu'à l'an 3 de la mission) :

C'est une nuit, pendant qu'il est en retraite dans la grotte de Hirâ, non loin de sa ville, qu'un mecquois qurayshite du nom de Muhammad reçoit la visite d'un ange. Celui-ci lui récite une parole qui débute par : "Lis avec le Nom de ton Seigneur…" (classée désormais en Coran 96/1-5) ; l'Ange le serre contre lui en trois fois. Ne comprenant pas ce qui lui arrive, Muhammad rentre précipitamment chez lui ; son épouse Khadija doit l'envelopper dans un vêtement pour arrêter ses tremblements. Elle l'emmène le lendemain auprès de Waraqa, qurayshite cousin de Khadidja et converti au christianisme ; celui-ci, après avoir écouté le récit, confirme qu'il s'agit bien de l'ange Gabriel (SB 4). Muhammad est alors âgé de quarante ans.
Quelque temps passe cependant sans que l'Ange ne se manifeste de nouveau, et Muhammad reprend sa retraite à Hirâ. C'est quand il termine sa retraite que l'ange lui apparaît une seconde fois ; ne pouvant supporter cette vision, il se précipite de nouveau auprès de sa femme et demande qu'on l'enveloppe ; une seconde révélation se fait alors : "O l'enveloppé dans son manteau, lève-toi et avertis, et ton Seigneur glorifie, tes vêtements purifie…" (Coran 74/1-4). Les révélations vont par la suite devenir plus fréquentes (SB).

Conformément à ce qui lui est demandé, le Prophète "se lève" donc et, de façon discrète, commence à "avertir", c'est-à-dire à prêcher l'unicité de Dieu et l'adhésion à la voie de la "soumission à Dieu". Quelques personnes de la Mecque, dont Abû Bakr, Alî, Bilâl, etc. se convertissent au message que prêche "l'homme honnête" ("al-Amîn", titre que les Mecquois ont donné à Muhammad). Les notables de la tribu Quraysh ne voient aucun problème dans ces conversions fort discrètes (ZM 3/21).

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B) Dix années de prédication publique à la Mecque (depuis l'an 3 de la mission jusqu'à l'an 13, date de l'émigration à Yathrib) :

Au bout de trois années de prédication de ce genre, une révélation vient dire au Prophète : "Avertis ton clan proche" (26/214). Le Prophète réunit donc les membres de son clan, et leur parle du devoir de croire en Dieu avant que Celui-ci n'envoie Sa punition. "Est-ce pour ça que tu nous as réunis ?" lui lance Abû Lahab, un de ses oncles (SB 4492).

Bientôt une nouvelle révélation vient dire au Prophète : "Annonce à voix haute ce qui t'est ordonné" (Coran 15/94).

Quelques personnes se convertissent à l'islam. Les Quraysh n'y voient pas de mal. Mais bientôt la mission du Prophète entre dans une nouvelle phase : il affirme ouvertement que les êtres que les idoles représentent ne sont capables de faire ni du tort ni du bien à ceux qui les adorent, que seul Dieu le peut, que ces êtres ne sont pas dignes d'adoration et que l'homme ne doit rendre de culte qu'à Dieu. Les Quraysh prennent ces propos très mal (ZM 3/13, 21), car se démarquant de leur vision des choses, de la religion ancestrale et de l'échelle des valeurs de la société arabe telle qu'elle existe depuis des siècles. Au bout de quelque temps ils viennent trouver Abû Talîb, oncle du Prophète et lui assurant sa protection bien que n'adhérant pas à son message, et lui demandent de raisonner son neveu. Abû Talîb les calme avec quelques mots appropriés. Quelques jours après ils viennent de nouveau trouver Abû Talîb et, cette fois, menacent de le mettre au ban de la communauté mecquoise s'il ne fait rien pour faire taire Muhammad. Abû Talîb convoque son neveu et lui demande de cesser ; le Prophète répond : "Même s'ils mettaient le soleil dans ma main droite et la lune dans ma main gauche afin que je cesse cette [prédication], je ne le ferai pas, jusqu'à ce que Dieu fasse réussir celle-ci ou que je meure avant" ; puis il se lève et, en larmes, s'apprête à partir. Touché, Abû Talîb le rappelle et lui dit : "Transmets ton message, je te soutiendrai" (QN 5/55-58).

La prédication du Prophète se poursuivant, les Quraysh déclenchent une vigoureuse réaction contre lui et ceux qui le suivent, les "muslim" : harcèlements quotidiens, insultes, coups, voire même tortures pour ceux qui ne disposent pas de proches leur accordant une protection (jiwâr) parmi les notables polythéistes de la cité. Malgré tout, les conversions se poursuivent, en petit nombre. Le groupe des musulmans se réunit autour du Prophète dans la maison de l'un d'eux, al-Arqam, pour écouter la récitation et l'explication des versets du Coran déjà révélés ; la révélation du Coran, qui continue à se faire, fortifie les croyants face à leurs épreuves… Passant un jour près de Yâssir et sa femme Sumayya alors qu'ils subissent des coups, le Prophète leur dit : "Patience, famille de Yâssir ! Votre rendez-vous est le Paradis" (ZM 3/22). De fait, ces deux personnages mourront sous les coups de leurs bourreaux mecquois.

Bientôt le Prophète demande à ses disciples d'émigrer : "Il y a en Abyssinie un roi auprès de qui personne ne subit d'oppression. Si vous émigriez dans ce pays jusqu'à ce que Dieu vous facilite les choses (ici) ?" (FB 7/237). Une quinzaine de musulmans (dont 4 femmes) embarquent alors de Jeddah, port de la Mer Rouge, pour l'Abyssinie voisine ; cela se passe alors que 5 ans ont passé depuis la première révélation (2 ans depuis le début de la prédication publique). Les Quraysh envoient deux émissaires essayer de monter le Négus contre leurs compatriotes musulmans, pour qu'il les renvoie à la Mecque ; cependant, le Négus, ayant entendu les deux parties, déboute les deux émissaires, qui rentrent bredouilles (ZM 3/28-29). Les musulmans installés en Abyssinie recevront bientôt une fausse nouvelle disant que les Mecquois se sont convertis à l'islam : de nombreux d'entre eux rentreront alors au pays, mais ce sera pour constater que les choses ont, au contraire, empiré : cette fois un groupe de plus de 80 personnes partira pour l'Abyssinie (FB 7/238). Pendant ce temps, le Prophète et les musulmans restés avec lui continuent de supporter l'oppression mecquoise. Le texte coranique, qui continue à être révélé au Prophète, les soutient et les réconforte.

En muharram de l'an 7 de la mission, les Mecquois décident de faire assassiner le Prophète. Mais Abû Tâlib réunit les hommes de sa famille, les Banû Hâshim, ainsi que les Banu-l-Muttalib : les hommes ayant répondu à son appel, musulmans et polythéistes, se disent prêts à défendre la vie de Muhammad. Les autres Mecquois décident alors de mettre au ban de leur société les musulmans et ceux des polythéistes qui feront preuve de solidarité avec eux : on ne fera aucune affaire avec eux, ni négoce ni mariage. Le boycott durera trois longues années, durant lesquelles les musulmans connaîtront la faim et l'isolement dans la cité. Il ne prendra fin qu'en l'an 10, à l'initiative de certains notables, qui prendront finalement conscience de l'inhumanité dont ils auront fait preuve (FB 7/242).

Quelque temps après, en l'an 10 de la mission, Abû Tâlib meurt. Quelques jours plus tard, c'est Khadîja, épouse du Prophète, qui quitte ce monde. La tristesse du Prophète est immense.

Abû Tâlib disparu, les Mecquois ont les mains libres pour faire ce qu'ils veulent. Le Prophète se met alors à chercher un lieu d'asile pour les musulmans. Il part pour Tâ'ïf, seconde grande ville de la région, située sur un plateau montagneux. Mais là-bas les notables refusent de l'écouter, et la population le chasse à coups de galets ; en sang, il prend le chemin du retour ; il refuse néanmoins de demander à Dieu d'anéantir ces gens. Arrivé en vue de la Mecque, il doit demander la protection d'un notable idolâtre, al-Mut'im, avant de pouvoir y entrer (RM 142-146).

Ce sont les personnes venues en pèlerinage à la Mecque que le Prophète tente alors de convaincre de les accueillir, ses disciples et lui, pour qu'il puisse transmettre le message. Et c'est ainsi que lors du pèlerinage de l'an 11 du prophétat, six hommes de la ville de Yathrib, au nord de la Mecque, embrassent l'islam après avoir écouté le Prophète ; le fait est que, côtoyant dans leur cité des juifs, ces hommes sont familiarisés avec les notions de révélation, de prophètes, d'anges, et, surtout, ils ont maintes fois entendu leurs voisins juifs évoquer l'imminence de l'apparition d'un prophète. Ces six hommes retournent à Yathrib. Bientôt, dans chaque foyer de la ville on parle du Messager de Dieu. Lors du pèlerinage de l'an 12, ce sont quelques 12 Yathribites qui font serment d'allégeance au Prophète à al-'Aqaba, près de la cité de la Mecque. Le Prophète envoie quelques Compagnons pour leur enseigner l'islam. Lors du pèlerinage de l'an 13, plus de 70 Yathribites font serment ; ils s'engagent à accueillir le Prophète et à le protéger contre ceux qui tenteraient de le combattre (FB 7/275-278).

Les musulmans de la Mecque commencent alors à partir pour Yathrib un à un ou par petits groupes. Quelques deux mois et quelques jours après le serment (nous sommes alors en l'an 14 de la mission), le Prophète a l'intention de quitter la Mecque pour aller lui aussi s'installer à Médine (FB 7/283). Mis au courant de ses projets d'émigration, les Mecquois décident de le faire assassiner ; ils font encercler sa maison. Mais le Prophète réussit à partir. Les Mecquois pistent ses traces, mais ne réussissent pas à mettre la main sur lui. Et lui et Abû Bakr prennent le chemin de l'émigration ; suivant une voie non habituelle, guidés par un polythéiste qu'ils ont engagé, ils arrivent dans l'oasis de Yathrib. Et le Prophète s'intégrera tellement das cette ville qu'elle portera bientôt le nom de "Madînat un-nabî" : "la ville du Prophète", d'où : "Médine".

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C) Dix années de vie à Médine (depuis l'émigration jusqu'à la mort du Prophète) :

Installé en un lieu de Médine, le Prophète, aidé de ses Compagnons, y bâtit une mosquée avec des matériaux rudimentaires. Il institue une fraternité entre Emigrants (Muhâjirûn) et Auxiliaires (Ansâr). Enfin les non-musulmans de la ville – les juifs et les polythéistes – et lui concluent un pacte comportant un certain nombre de clauses (non-agression, défense commune de la ville, reconnaissance de l'autorité administrative et judiciaire de Muhammad) (FS 136-142).

A Médine, différemment de la Mecque et de l'Abyssinie, les musulmans vont instituer une société indépendante, avec ses propres lois, et prête à se défendre militairement contre ses ennemis.

La révélation coranique faite à Médine et l'enseignement du Prophète d'alors offrent une législation plus détaillée, avec les principes concernant tous les domaines de la vie. C'est par exemple en l'an 1 ou 2 de l'hégire que les règles détaillées concernant la zakât sont instituées (FB 3/336-337), en l'an 2 que l'obligation du jeûne du ramadan est promulguée (FB 4/312), en l'an 3 ou 4 que le devoir pour la musulmane de revêtir en public tout son corps sauf le visage et les mains est institué (FB 7/537), en l'an 8 que l'alcool est complètement interdit (FB 8/353) et en l'an 10 qu'est instituée la possibilité du recours au li'ân en cas de contestation de la fidélité du conjoint (FB 9/554). D'où une différence de style notable entre les versets révélés avant l'émigration (pré-hégirien, "makkî") et ceux révélés après l'émigration (post-hégirien, "madanî"). De nombreuses règles détaillées sont contenues dans les sourates al-Baqara, an-Nissâ' et al-Mâ'ïda, toutes révélées à Médine.

C'est également à Médine qu'un tournant s'opère dans la vie du Prophète et des Compagnons : après un laps de temps où il n'a toujours pas la possibilité de prendre les armes, arrive un moment où un verset vient changer cet état des choses en "donnant l'autorisation" de se défendre "à ceux qui ont été combattus car des injustices ont été commises sur eux" (Coran 22/39). Le Prophète poursuit dès lors un objectif déterminé : la Kaaba doit être rendue au culte de Dieu l'Unique, et pour cela doit être libérée de l'idolâtrie. Dans les années qui suivent, les musulmans de Médine – sous la conduite du Prophète – et les idolâtres Mecquois vont se livrer plusieurs batailles. Dans la même période, d'autres ennemis vont se déclarer de l'intérieur de Médine – ouvertement (Qaynuqâ', Nadhîr, Qurayza) ou insidieusement (les Hypocrites, ayant émergé surtout après Badr, comme Abdullâh ibn Ubayy) – et de l'extérieur de Médine (Khaybar, etc.)…
Le Prophète commence par organiser des déplacements militaires, au cours desquels il lui arrive de harceler les caravanes mecquoises, entendant affaiblir la puissance des Mecquois, pour la plupart marchands ; il profitera de certains de ces déplacements pour signer des traités de non agression avec d'autres cités polythéistes. C'est douze mois après son arrivée à Médine qu'il effectue le premier déplacement de ce genre (FB 7/349).
Badr, en ramadan 2, consacre une victoire inattendue des musulmans sur les Mecquois : le retentissement est conséquent chez tous les Arabes de la péninsule : c'est d'ailleurs à partir de ce moment que Abdullâh ibn Ubayy fera une conversion de complaisance, à la tête du groupe de Hypocrites.
L'année suivante, à Uhud, les musulmans subissent cependant un revers.
A la fin de l'an 3, dix Compagnons que le Prophète avaient envoyés observer les mouvements des Quraysh sont attrapés par d'autres clans hostiles et tués ; peu après, au début de l'an 4 c'est, à Bi'r Ma'ûna, le massacre de soixante-dix de ses Compagnons, qu'ils avaient envoyés dans une région pour, à la demande de l'un des chefs de celle-ci, y enseigner l'islam (FB 7/474-475) : cet événement illustre l'immense difficulté que le Prophète a à effectuer tranquillement la prédication de l'islam dans la Péninsule arabique.
L'année 5 voit le siège de Médine par des armées arabes venues d'un peu partout dans la Péninsule à l'initiative des Mecquois : elles repartiront au bout d'un mois, suite à une brouille savamment orchestrée dans leurs rangs par un musulman.
En l'an 6, le Prophète et les Mecquois signent à al-Hudaybiya un pacte de non-agression valable dix ans. Début de l'an 7, c'est la victoire sur Khaybar.
La période de paix permet au Prophète d'envoyer des épîtres aux rois, roitelets et empereurs des régions voisines ; elle permet aussi à de nombreuses personnes de s'intéresser de plus près à l'islam ; nombreux sont ceux qui se convertiront durant cette période.

Mais en l'an 8, les Mecquois violent une clause du traité, ce qui permet au Prophète de réaliser l'objectif : prendre la Mecque pour rendre la Kaaba au culte de Dieu. Entré dans celle-ci après l'avoir débarrassée des idoles qui y avaient été installées, le Prophète y accomplit une prière et y proclame la grandeur de Dieu. Puis debout dans l'encadrement de la porte de la Kaaba, il s'adresse à ses anciens ennemis aujourd'hui vaincus, massés devant elle : "Que pensez-vous que je vais maintenant faire de vous ? – Du bien ! Tu es un frère bon, fils d'un frère bon ! – Eh bien je vous dirai la même chose que Joseph a dit à ses frères : "Aucun reproche ne vous est fait aujourd'hui." Allez, vous êtes libres !" (ZM 3/407-408).

Le retentissement de l'établissement de l'islam sur la Mecque est immense dans toute l'Arabie. 'Amr ibn Salima, contemporain de l'événement, explique : "وكانت العرب تلوم بإسلامهم الفتح، فيقولون: اتركوه وقومه، فإنه إن ظهر عليهم فهو نبي صادق، فلما كانت وقعة أهل الفتح، بادر كل قوم بإسلامهم، وبدر أبي قومي بإسلامهم. فلما قدم قال: جئتكم والله من عند النبي صلى الله عليه وسلم حقا. فقال: "صلوا صلاة كذا في حين كذا، وصلوا صلاة كذا في حين كذا، فإذا حضرت الصلاة فليؤذن أحدكم، وليؤمكم أكثركم قرآنام" : "Les Arabes (n'ayant pas encore accepté l'islam) attendaient l'issue pour adhérer à l'islam. Ils disaient : "Laissez-les, lui [Muhammad] et sa tribu [les Quraysh, de la Mecque] : s'il est victorieux, c'est un prophète véridique." Alors, lorsque eut lieu l'événement de la victoire de La Mecque, chaque tribu s'empressa d'embrasser l'islam. Lorsqu'il revint, il dit : "Par Dieu, je reviens d'auprès de celui qui est vraiment le Messager de Dieu…" (al-Bukhârî, 4051).
Des tribus commencent donc à envoyer des délégations auprès du Prophète, à Médine, pour témoigner de leur conversion à l'islam. Les deux années qui suivent vont voir l'affluence à Médine de délégations venues témoigner de l'entrée de différentes tribus de la Péninsule dans l'islam.
Pour le moment, cependant, en shawwâl 8, la victoire musulmane sur la Mecque n'a pas qu'un retentissement positif : elle met aux abois la tribu arabe Hawâzin, idolâtre : nombre de ses clans se rassemblent pour combattre les musulmans ; en ayant été informé, le Prophète envoie un homme aller enquêter sur place ; suite à la confirmation de la nouvelle, le Prophète marche vers eux et ce sont les batailles de Hunayn et de at-Tâ'ïf (ZM 3/465-467). Ce sont les dernières forces que le polythéisme arabe aura jetées contre le monothéisme musulman.

En l'an 9, le Prophète apprend que les Ghassanides, arabes chrétiens alliés des Byzantins, projettent de venir le combattre (ZM 3/527-528). Après la révélation du verset 9/29, verset dit de la jizya, le Prophète décide de prendre les devants, et, à la tête d'une armée, se rend dans la région, aux confins de l'Arabie du Nord. C'est la campagne de Tabûk. Il n'y aura pas de combat mais la conclusion d'une série de traités avec différentes tribus et cités (ZM 3/537). Le Prophète retourne à Médine. En shawwâl 9 (FB sur 4379) a lieu la révélation des versets qui donnent un délai de quelques mois aux polythéistes pour choisir entre se convertir à l'islam, quitter l'Arabie ou s'exposer au combat. En dhu-l-hijja 9, le Prophète envoie Abû Bakr diriger le pèlerinage à la Mecque et y faire annoncer l'interdiction immédiate pour tout polythéiste de faire le pèlerinage nu – comme c'était la coutume dans la période pré-islamique –, l'impossibilité, à compter du prochain pèlerinage, et pour n'importe quel polythéiste, de venir dorénavant faire le pèlerinage, ainsi que le délai susmentionné.

L'année qui suit, la 10ème de l'hégire, est connue sous le nom d'"année des délégations" : ces dernières affluent davantage encore auprès du Prophète pour témoigner de leur conversion à l'islam (ZM 3/602).

Fin de l'an 10, au mois de dhu-l-hijja, le Prophète mène le pèlerinage à la Kaaba de la Mecque, désormais débarrassée des idoles et rendue au culte de Dieu l'Unique. Plus de cent mille Compagnons y participent (QN 5/314). C'est pendant ce pèlerinage que le Prophète reçoit, à quelques jours d'intervalle, ces deux révélations : "Aujourd'hui J'ai complété pour vous votre religion et J'ai parachevé le bienfait dont Je vous ai comblé. Et J'ai agréé pour vous l'islam comme religion" (Coran 5/3) (SB) et : "Lorsque vient l'aide de Dieu et la victoire, et que tu vois les gens entrer par groupes entiers dans la religion de Dieu, alors proclame pureté de Dieu avec Sa louange et demande-Lui Son Pardon, Il est pardonneur" (sourate an-Nasr) (cf. Al-Itqân, p. 63). Ibn Abbâs commentera ainsi ces versets : "Lorsque vient l'aide de Dieu et la victoire" : "il s'agit de la conquête de la Mecque ; c'est là le signe de l'imminence de la fin de ta vie terrestre" ; "alors proclame pureté de Dieu avec Sa louange et demande-Lui Son Pardon, Il est pardonneur" (SB 4043).

Après ce pèlerinage, dit d'Adieu, le Prophète rentre à Médine, sa ville, l'oasis de l'Arabie qu'il a transformée en centre de diffusion du message que Dieu lui a chargé de transmettre. Il y vit encore quelques mois avant de tomber malade et de rendre le dernier souffle en rabî' ul-awwal de l'an 11 de l'hégire.

Abû Bakr lui succède comme chef de la Communauté des musulmans : il est "le calife du Prophète" (de "khalifa" : "celui qui succède"). A la mort de Abû Bakr, deux ans plus tard, c'est Omar qui lui succède.

Wallâhu A'lam (Dieu sait mieux).

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A lire après cette page :

Réflexions sur différentes étapes de la vie du Prophète

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Signification des sigles :

FB : Fat'h ul-bârî
FS : Fiqh us-sîra
QN : Qassas un-nabiyyîn
RM : Ar-Rahîq ul-makhtûm
SB : Sahîh ul-Bukhârî
ZM : Zâd ul-ma'âd

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