Chaque hadîth rapporté par al-Bukhârî et Muslim dans leur Sahîh respectif : est-il plus authentique (أصحّ) que n'importe quel hadîth authentique n'y figurant pas ?

Ce qui est certain c'est que, dans le Sahîh de al-Bukhârî et dans le Sahîh de Muslim il se trouve certains hadîths qui sont mutawâtir ul-lafz, et d'autres qui sont mutawâtir ul-ma'nâ.

Ce qui est également certain c'est que, dans ces deux recueils, il se trouve quelques hadîths (minoritaires) qui ont fait l'objet de critiques de la part de certains grands spécialistes de hadîths, tels que ad-Dâraqutnî et d'autres. (Plus bas, en II, nous verrons  seulement quelques hadîths rapportés par Muslim précisément, et dont Ahmad ibn Hanbal, al-Bukhârî ou Ibn Taymiyya a fait la critique par rapport à son contenu - matn - et non pas par rapport à la qualité de sa chaîne de narration - sanad.)

Par contre, en I nous ne parlerons ni de la première ni de la seconde catégorie.

Nous parlerons en I des hadîths qui sont seulement akhbâru âhâd (voir l'article dont le lien figure plus haut) et qui n'ont pas fait l'objet de critiques de la part d'autres grands spécialistes...

–--- Alors ici encore, ce qui est certain c'est qu'il est certains hadîths parmi ceux-ci qui sont authentiques mais dont certains passages précis font l'objet de relations divergentes entre les différentes versions rapportées par al-Bukhâri et/ou Muslim. On parle alors de idhtirâb fi-l-matn. Ainsi en est-il du montant convenu entre le Prophète (sur lui soit la paix) et Jâbir ibn 'Abdillâh (que Dieu l'agrée) quant au prix du chameau que ce Compagnon a vendu au Prophète alors qu'ils étaient en voyage ; et du fait de savoir si ce Compagnon a alors stipulé (ou pas) comme condition que, malgré que la vente est effective immédiatement, il continuera à le monter jusqu'à Médine... Les différentes relations présentes dans le Sahîh de al-Bukhârî disent chose différentes quant à ce point précis, et al-Bukhârî a personnellement eu recours au tarjîh (il a donné préférence à telle chose sur telle autre).

Mais nous ne parlerons pas non plus, dans cet article, de ces passages qui présentent de l'idhtirâb.

–--- En I, dans un premier temps, nous ne parlerons que des hadîths qui sont rapportés par al-Bukhârî et Muslim dans leur recueil, mais qui ne relèvent d'aucun des cas de figure venant d'être évoqués : Chacun de ces hadîths est-il "plus authentique" que n'importe quel hadîth authentique présent ailleurs ?

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I) Chaque hadîth rapporté par al-Bukhârî et Muslim dans leur Sahîh respectif : est-il plus authentique (أصحّ) que n'importe quel hadîth authentique n'y figurant pas ?

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--- L'avis de Ibn us-Salâh est que chaque hadîth rapporté par al-Bukhârî et Muslim possède effectivement un degré plus élevé d'authenticité, par rapport à un hadîth qui est authentique mais est rapporté par un autre auteur. Et pour cause : le hadîth du premier type est établi avec certitude (qat'iyy uth-thubût) :

Ibn us-Salâh a distingué ainsi 7 catégories :
- la 1ère comporte le hadîth rapporté par à la fois al-Bukhârî et Muslim dans leur Sahîh ;
- la 2nde comporte le hadîth rapporté par al-Bukharî mais pas par Muslim ;
- la 3ème comporte le hadîth rapporté par Muslim mais pas par al-Bukhârî ;
- la 4ème comporte le hadîth remplissant les conditions des deux Sahîh mais que al-Bukhârî et Muslim n'y ont pas inséré ;
- la 5ème comporte le hadîth remplissant les conditions du Sahîh de al-Bukhârî seulement, mais que celui-ci n'y a pas inséré ;
- la 6ème comporte le hadîth remplissant les conditions du Sahîh de Muslim seulement, mais que celui-ci n'y a pas inséré ;
- la 7ème comporte les hadîths qui sont authentiques mais qui, ni n'ont été rapportés par l'un d'eux, ni ne remplissent les conditions fixées par l'un d'eux.

Et Ibn us-Salâh précise que tous les hadîths ayant été rapportés par al-Bukhârî dans son Sahîh, ou par Muslim dans son Sahîh, sont qat'iyy uth-thubût : établis du Prophète, sur lui soit la paix, avec certitude (exception faite, précise-t-il, des quelques hadîths dont l'authenticité a été discutée par de grands spécialistes, tels que ad-Dâraqutnî etc.).

Voici ce qu'il écrit :
- "ثم إن درجات الصحيح تتفاوت في القوة، بحسب تمكن الحديث من الصفات المذكورة التي تنبني الصحة عليها. وتنقسم باعتبار ذلك إلى أقسام يستعصي إحصاؤها على العاد الحاصر. ولهذا نرى الإمساك عن الحكم لإسناد أو حديث بأنه الأصح على الإطلاق. على أن جماعة من أئمة الحديث خاضوا غمرة ذلك، فاضطربت أقوالهم. فروينا عن إسحاق بن راهويه أنه قال: "أصح الأسانيد كلها: الزهري عن سالم عن أبيه" (Al-Muqaddima, p. 13) ;

- "وإذا انتهى الأمر في معرفة الصحيح إلى ما خرجه الأئمة في تصانيفهم الكافلة ببيان ذلك - كما سبق ذكره -، فالحاجة ماسة إلى التنبيه على أقسامه باعتبار ذلك.
فأولهما: صحيح أخرجه البخاري ومسلم جميعا.
الثاني: صحيح انفرد به البخاري، أي عن مسلم.
الثالث: صحيح انفرد به مسلم، أي عن البخاري.
الرابع: صحيح على شرطهما لم يخرجاه.
الخامس: صحيح على شرط البخاري لم يخرجه.
السادس: صحيح على شرط مسلم لم يخرجه.
السابع: صحيح عند غيرهما، وليس على شرط واحد منهما.
هذه أمهات أقسامه.
وأعلاها الأول، وهو الذي يقول فيه أهل الحديث كثيرا: "صحيح متفق عليه". يطلقون ذلك ويعنون به اتفاق البخاري ومسلم، لا اتفاق الأمة عليه؛ لكن اتفاق الأمة عليه لازم من ذلك وحاصل معه، لاتفاق الأمة على تلقي ما اتفقا عليه بالقبول. وهذا القسم جميعه مقطوع بصحته والعلم اليقيني النظري واقع به"
(Ibid., p. 18).

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L'avis de Ibn Hajar n'est, mis à part une nuance, pas très éloigné de celui de Ibn us-Salâh :

Ibn Hajar n'est pas d'accord avec Ibn us-Salâh sur le fait de considérer que les hadîths rapportés par à la fois al-Bukhârî et Muslim sont qat'iyy uth-thubût (établis du Prophète avec certitude).

Il lui préfère le fait de dire (en substance) soit qu'ils sont établis au zann aghlab (établis du Prophète de façon très fortement présumée) (ce qui correspond au 'ilm nazarî) ; soit qu'ils sont les plus authentiques de tous les hadîths.

Son raisonnement est le suivant :
d'une part il y a consensus quant au fait que ces deux recueils ont une spécificité ;
or cette spécificité ne peut pas être l'obligation de mettre en pratique ce qui s'y trouve, car cela est valable pour tout hadîth authentique, même s'il ne se trouve pas dans l'un de ces deux recueils ;
dès lors, leur spécificité est que les hadîths s'y trouvant sont établis au zann aghlab (yufîd ul-'ilm an-nazarî), ou qu'ils sont les plus authentiques (assahh ul-hadîth).

Voici son écrit : "وقد يقع فيها - أي في أخبار الآحاد المنقسمة إلى: مشهور، وعزيز، وغريب - ما يفيد العلم النظري بالقرائن على المختار، خلافا لمن أبى ذلك. والخلاف في التحقيق لفظي، لأن من جوز إطلاق العلم قيده بكونه نظريا، وهو الحاصل عن الاستدلال، ومن أبى الإطلاق خص لفظ العلم بالمتواتر، وما عداه عنده ظني، لكنه لا ينفي أن ما احتف بالقرائن أرجح مما خلا عنها" (Nuz'hat un-nazar, p. 33).
Et :
"فإن قيل: إنما اتفقوا على وجوب العمل به لا على صحته، منعناه؛ وسند المنع: أنهم متفقون على وجوب العمل بكل ما صح ولو لم يخرجه الشيخان؛ فلم يبق للصحيحين في هذا مزية! والإجماع حاصل على أن لهما مزية فيما يرجع إلى نفس الصحة. وممن صرح بإفادة ما خرجه الشيخان العلم النظري: الأستاذ أبو إسحاق الإسفرائيني؛ ومن أئمة الحديث: أبو عبد الله الحميدي وأبو الفضل بن طاهر وغيرهما. ويحتمل أن يقال: المزية المذكورة كون أحاديثهما أصح
الحديث" (Nuz'hat un-nazar, p. 34).

Il écrit aussi :
"ثم بعد تقرير ذلك كله جميعا لم يقل ابن الصلاح ولا من تقدمه أن هذه الأشياء تفيد العلم القطعي كما يفيده الخبر المتواتر؛ لأن المتواتر يفيد العلم الضروري الذي لا يقبل التشكيك، وما عداه مما ذكر يفيد العلم النظري الذي يقبل التشكيك، ولهذا تخلفت إفادة العلم عن الأحاديث التي عللت في الصحيحين، والله أعلم.
وبعد تقرير هذا، فقول ابن الصلاح "والعلم اليقيني النظري حاصل به": لو اقتصر على قوله "العلم النظري"، لكان أليق بهذا المقام.
أما "اليقيني"، فمعناه القطعي. فلذلك أنكر عليه من أنكر، لأن المقطوع به لا يمكن الترجيح بين آحاده، وإنما يقع الترجيح في مفهوماته. ونحن نجد علماء هذا الشأن قديما وحديثا يرجحون بعض أحاديث الكتابين على بعض، بوجوه من الترجيحات النقلية. فلو كان الجميع مقطوعا به، ما بقي للترجيح مسلك. وقد سلم ابن الصلاح هذا القدر فيما مضى، لمّا رجّح بين صحيحي البخاري ومسلم.
فالصواب الاقتصار في هذه المواضع على أنه "يفيد العلم النظري" كما قررناه، والله أعلم"
(An-Nukat, 1/378-379).

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--- Par contre, an-Nawawî est pour sa part opposé à l'avis susmentionné de Ibn us-Salâh :

Le raisonnement de an-Nawawî est le suivant :
certes, il y a consensus quant au fait que ces deux recueils ont une spécificité ;
or cette spécificité ne peut pas être l'obligation de mettre en pratique ce qui s'y trouve, car cela est valable pour tout hadîth authentique, même s'il ne se trouve pas dans l'un de ces deux recueils ; par ailleurs, ne se trouvant pas dans ces deux recueils, ils sont seulement zannî ; on voit par là que le hadîth zanniyy uth-thubût aussi, il est obligatoire de le mettre en pratique ;
dès lors, la supériorité des deux Sahîh de al-Bukhârî et Muslim, c'est que les hadîths s'y trouvant n'ont plus besoin d'être vérifiés quant à leur authenticité : ces hadîths sont tous unanimement reconnus  comme étant authentiques [mis à part les quelques hadîths qui ont fait l'objet de critiques de la part de grands spécialistes]. Contrairement à celui des hadîths se trouvant dans d'autres recueils : leur caractère "authentique" a quant à lui besoin d'être vérifié avant d'être déclaré tel. Mais dans les deux cas, cela ne dépasse pas l'établissement au zann...

Il écrit :
"أحاديث الصحيحين التي ليست بمتواترة انما تفيد الظن. فإنها آحاد، والآحاد انما تفيد الظن، على ما تقرر. ولا فرق بين البخاري ومسلم وغيرهما في ذلك.
وتلقى الأمة بالقبول انما أفادنا وجوب العمل بما فيهما، وهذا متفق عليه. فان أخبار الآحاد التي في غيرهما يجب العمل بها اذا صحت أسانيدها، ولا تفيد الا الظن. فكذا الصحيحان!
وانما يفترق الصحيحان وغيرهما من الكتب في كون ما فيهما صحيحا لا يحتاج إلى النظر فيه، بل يجب العمل به مطلقا؛ وما كان في غيرهما لا يعمل به حتى ينظر وتوجد فيه شروط الصحيح.
ولا يلزم من اجماع الأمة على العمل بما فيهما: اجماعهم على أنه مقطوع بأنه كلام النبي صلى الله عليه وسلم"
(Muqaddimat Shar'h Muslim, p. 20).
(Voir aussi At-Taqrîb, p. 103.)

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Est proche de l'avis de an-Nawawî ce que Ibn ul-Humâm a écrit :

Les Sahîh de al-Bukhârî et de Muslim sont dits : "les deux livres les plus authentiques après le Coran", mais cela vaut pour la généralité, et ce eu égard aux conditions d'authenticité que chacun a fixées pour insérer des hadîths dans son recueil : il ne s'agit pas seulement de hadîths sahîh, mais de hadîths d'un très haut degré d'authenticité (les deux auteurs n'ont pas inséré dans leur Sahîh des hadîths qu'ils savent être authentiques, mais qui ne remplissent pas les conditions très strictes qu'ils ont fixées pour leur recueil).
Cependant, pour ce qui est de chaque hadîth considéré individuellement, force est de constater que parfois, pour certains hadîths, le fait que ce hadîth précis remplisse ou pas ces conditions, cela est l'objet d'un ijtihad :
--- al-Bukhârî (ou Muslim) a fait son ijtihad, qui l'a amené à considérer que tel hadîth répond effectivement à toutes les conditions de très grande authenticité qu'il a fixées,
--- mais d'autres grands spécialistes ont eu, à propos de ce hadîth précis, un avis différent.

Ibn ul-Humâm écrit, faisant la critique de ce que Ibn us-Salâh a dit (et que nous avons relaté plus haut) :
"وقول من قال "أصح الأحاديث ما في الصحيحين، ثم ما انفرد به البخاري، ثم ما انفرد به مسلم، ثم ما اشتمل على شرطهما من غيرهما، ثم ما اشتمل على شرط أحدهما": تَحَكُّمٌ لا يجوز التقليد فيه!
إذ الأصحّيّة ليس إلا لاشتمال رواتهما على الشروط التي اعتبراها؛ فإذا فرض وجود تلك الشروط في رواة حديث في غير الكتابين، أفلا يكون الحكم بأصحية ما في الكتابين عين التحكم؟

ثم حكمهما أو أحدهما بأن الراوي المعين مجتمع تلك الشروط ليس مما يقطع فيه بمطابقة الواقع؛ فيجوز كون الواقع خلافه.
وقد أخرج مسلم عن كثير في كتابه ممن لم يسلم من غوائل الجرح؛ وكذا في البخاري جماعة تكلم فيهم؛ فدار الأمر في الرواة على اجتهاد العلماء فيهم.
وكذا في الشروط حتى أن من اعتبر شرطا أو ألغاه آخر، يكون ما رواه الآخر مما ليس فيه ذلك الشرط عنده مكافئا لمعارضة المشتمل على ذلك الشرط.
وكذا فيمن ضعف راويا ووثقه الآخر.
نعم، تسكن نفس غير المجتهد ومن لم يخبر أمر الراوي بنفسه إلى ما اجتمع عليه الأكثر.
أما المجتهد في اعتبار الشرط وعدمه والذي خبر الراوي، فلا يرجع إلا إلى رأي نفسه"
(Fat'h ul-qadîr, 1/462-463).

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II) Voici quelques hadîths ayant été placés par Muslim dans son Sahîh, mais dont al-Bukhârî, Ahmad ibn Hanbal ou encore Ibn Taymiyya n'était pas convaincu de l'authenticité :

Il y a al-Bukhârî :

"إذا كان يوم القيامة، دفع الله عز وجل إلى كل مسلم يهوديا أو نصرانيا، فيقول: هذا فكاكك من النار" (Muslim, 2767) : al-Bukhârî a fait la critique de cette relation : "وفي حديث الباب وما بعده دلالة على ضعف الحديث الذي أخرجه مسلم من رواية غيلان بن جرير عن أبي بردة بن أبي موسى الأشعري عن أبيه رفعه: "يجيء يوم القيامة ناس من المسلمين بذنوب أمثال الجبال، يغفرها الله لهم ويضعها على اليهود والنصارى." فقد ضعفه البيهقي وقال: تفرد به شداد أبو طلحة؛ والكافر لا يعاقب بذنب غيره، لقوله تعالى "ولا تزر وازرة وزر أخرى". وقد أخرج أصل الحديث مسلم من وجه آخر عن أبي بردة بلفظ: "إذا كان يوم القيامة دفع الله إلى كل مسلم يهوديا أو نصرانيا فيقول هذا فداؤك من النار." قال البيهقي: ومع ذلك فضعفه البخاري وقال: الحديث في الشفاعة أصح" (FB 11/483-484).

"خلق الله عز وجل التربة يوم السبت، وخلق فيها الجبال يوم الأحد، وخلق الشجر يوم الاثنين، وخلق المكروه يوم الثلاثاء، وخلق النور يوم الأربعاء، وبث فيها الدواب يوم الخميس، وخلق آدم عليه السلام بعد العصر من يوم الجمعة، في آخر الخلق، في آخر ساعة من ساعات الجمعة، فيما بين العصر إلى الليل" (Muslim, 2789) : al-Bukhârî a (de même que 'Alî ibn al-Madînî) fait la critique de cette relation, et a donné préférence au fait qu'elle a pour origine Ka'b al-Ahbâr (Tafsîr Ibn Kathîr, commentaire de Coran 1/29 et de Coran 7/54).

Ibn Taymiyya affirme que, bien que tous deux grands érudits, al-Bukhârî était encore plus érudit que Muslim, et encore plus connaisseur que lui des 'ilal de l'ensemble de ce qui est rapporté comme hadîth attribué au Prophète (sur lui soit la paix). Cf. Majmu' ul-fatâwâ :
- tome 1 p. 256 ;
- tome 17 p. 235 ;
- tome 18 p. 17 ;
- tome 20 p. 321
.

-
Il y a Ahmad ibn Hanbal :

"عن عبد الرحمن بن وعلة، أخبره عن عبد الله بن عباس، قال: سمعت رسول الله صلى الله عليه وسلم يقول: إذا دبغ الإهاب فقد طهر" (Muslim, 366) : Ahmad ibn Hanbal avait déclaré ce hadîth : dha'îf (MF 18/17) ;

"عن ابن عباس قال: كان الطلاق على عهد رسول الله صلى الله عليه وسلم، وأبي بكر، وسنتين من خلافة عمر، طلاق الثلاث واحدة، فقال عمر بن الخطاب: إن الناس قد استعجلوا في أمر قد كانت لهم فيه أناة، فلو أمضيناه عليهم، فأمضاه عليهم" (Muslim, 1472) : Ahmad ibn Hanbal avait fait la critique de cette relation : il avait dit : "Je délaisse cette relation par le fait qu'il est relaté le contraire de Ibn Abbâs par 10 voies : il considérait les 3 talâq comme valant bien 3" (Al-Mussawwadda, p. 207).

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Il y a Ibn Taymiyya :

- "ماء الرجل أبيض، وماء المرأة أصفر، فإذا اجتمعا، فعلا مني الرجل مني المرأة، أذكرا بإذن الله، وإذا علا مني المرأة مني الرجل، آنثا بإذن الله" (Muslim, 315). Ibn Taymiyya a dit que l'authenticité du propos ici présent ("ils donnent alors naissance à un garçon" / "ils donnent alors naissance à une fille") est discutable : "في صحة هذا اللفظ نظر" (At-Turuq ul-hukmiyya, p. 260).

- "حدثنا أبو بكر بن أبي شيبة، حدثنا علي بن مسهر، عن داود، عن الشعبي، عن مسروق، عن عائشة، قالت: "سألت رسول الله صلى الله عليه وسلم عن قوله عز وجل {يوم تبدل الأرض غير الأرض والسماوات}: "فأين يكون الناس يومئذ يا رسول الله؟" فقال: "على الصراط" (Muslim, 2791). Ce hadîth, où Mas'rûq relate de Aïcha qu'elle a questionné le Prophète : "Où seront alors les gens ?" au sujet du moment où la Terre et les cieux seront modifiés, et où il est dit qu'ils "seront (alors) sur le Pont" : ce hadîth, dit Ibn Taymiyya, contredit ce qui est établi sur la base de nombreux autres hadîths : d'une part que les humains seront rassemblés pour être jugés : sur une Terre de couleur blanche ; la Terre aura donc alors été déjà modifiée quand les humains seront rassemblés ; d'autre part que c'est après que le Jugement aura été rendu que les humains croyants passeront sur le Pont. Le fait que dans ce hadîth 2791 de Sahîh Muslim il est dit que lorsque la Terre sera modifiée, les humains seront sur le Pont, cela constitue donc une 'illa.
"مسألة: خرّج مسلم عن عائشة رضي الله عنها قالت: "سألت رسول الله - صلى الله عليه وسلم - عن قوله تعالى: {يَوْمَ تُبَدَّلُ الْأَرْضُ غَيْرَ الْأَرْضِ وَالسَّمَاوَاتُ وَبَرَزُوا لِلَّهِ الْوَاحِدِ الْقَهَّارِ}: "فأين يكون الناس يومئذ يا رسول الله؟" قال: "على الصراط". فالأرض تبدل كما ثبت في الصحيحين: أن الناس يحشرون على أرض بيضاء عفراء كقرصة النقى ليس فيها علم لأحد"؛ قال ابن مسعود رضي الله عنه: "هي أرض بيضاء كهيئة الفضة لم يعمل عليها خطيئة ولا سفك فيها دم حرام ويجمع الناس في صعيد واحد ينفذهم البصر، ويسمعهم الداعي، حفاة عراة غرلا كما خلقوا، فيأخذ الناس من كرب ذلك اليوم وشدته حتى يلجمهم العرق". وبعضهم يرفعه إلى النبي - صلى الله عليه وسلم -. وكذا عن مجاهد وغيره من السلف. فهذا الحديث وسائر الآثار تبين أن الناس يحشرون على الأرض المبدلة (والقرآن يوافق على ذلك، كقوله تعالى: {يَوْمَ تُبَدَّلُ الْأَرْضُ غَيْرَ الْأَرْضِ وَالسَّمَاوَاتُ وَبَرَزُوا لِلَّهِ الْوَاحِدِ الْقَهَّارِ}): وحشرهم وحسابهم يكون قبل الصراط؛ فإن الصراط عليه ينجون إلى الجنة ويسقط أهل النار فيها كما ثبت في الأحاديث.
وحديث عائشة رضي الله عنها المتقدم يدل على أن التبديل وهم على الصراط.
لكن البخاري لم يورده؛ فلعله تركه لهذه العلة وغيرها، فإن سنده جيد؛ أو يقال: تبدل الأرض قبل الصراط، وعلى الصراط تبدل السموات" (Al-Mustad'rak 'alâ Majmû- il-fatâwâ, 1/102-103).
Ibn Abbâs rapporte lui aussi de Aïcha qu'elle a posé la même question au Messager de Dieu ("Où seront alors les gens ?"), mais ce au sujet non plus du verset parlant du changement dans la Terre et les cieux, mais du verset parlant de la prise de la Terre et du pliage des cieux : "حدثنا سويد بن نصر قال: حدثنا عبد الله بن المبارك، عن عنبسة بن سعيد، عن حبيب بن أبي عمرة، عن مجاهد، قال: قال ابن عباس: "أتدري ما سعة جهنم؟" قلت: "لا"، قال: "أجل، والله ما تدري. حدثتني عائشة، أنها سألت رسول الله صلى الله عليه وسلم عن قوله: {والأرض جميعا قبضته يوم القيامة والسماوات مطويات بيمينه}؛ قالت: قلت: "فأين الناس يومئذ يا رسول الله؟" قال: "على جسر جهنم". وفي الحديث قصة. هذا حديث صحيح غريب من هذا الوجه" (at-Tirmidhî, 3241 ; également rapporté ainsi, avec mention de ce verset-ci, 'an Ibn Abbâs 'an 'Aïcha, par : Ahmad, an-Nassâ'ï dans Al-Kub'râ, al-Hâkim dans Al-Mustad'rak, al-Bayhaqî dans Al-Ba'th wa-n-Nushûr, al-Baghawî dans Shar'h us-Sunna). (Ibn Taymiyya semble avoir oublié cette autre version, ayant dit du propos présent dans cette autre version que cela n'est dit dans aucune riwâya : "فطيّ السموات لا ينافي أن يكون الخلق في موضعهم. وليس في شيء من الأحاديث أنهم يكونون عند الطي على الجسر - كما روي ذلك "وقد تبدل الأرض غير الأرض"، وإن كان في تلك الرواية ما فيها" (Al-Mustad'rak 'alâ Majmû- il-fatâwâ, 1/102-103). "وكل أحد يخطئ ويصيب".)
Une autre version du hadîth relatant de Mas'rûq de Aïcha la même question ("Où seront alors les croyants ?"), mais cette fois au sujet du verset parlant de la prise de la Terre et du pliage des cieux, une telle autre version existe qui a été rapportée par at-Tirmidhî : "حدثنا ابن أبي عمر قال: حدثنا سفيان، عن داود بن أبي هند، عن الشعبي، عن مسروق، عن عائشة، أنها قالت: "يا رسول الله {والأرض جميعا قبضته يوم القيامة والسماوات مطويات بيمينه}: فأين المؤمنون يومئذ؟" قال: "على الصراط يا عائشة". هذا حديث حسن صحيح" (at-Tirmidhî, 3242). On aurait pu penser qualifier cette version-ci de "mahfûz" et celle rapportée par Muslim de "shâdhdh" ; mais le problème c'est que bien des mutabi'ât existent de la version de Muslim plutôt que de celle de at-Tirmidhî : elles ont été rapportées par Ahmad, ad-Dârimî dans son Musnad, al-Humaydî dans son Musnad, etc.

Wallâhu A'lam (Dieu sait mieux).

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