En France, faisons, dans les éléments 'adî, conformément avec la culture française, et ce par Maslaha - Quand on est en pays non-musulman, faut-il se différencier de l'apparence générale des non-musulmans (muwâfaqa ou mukhâlafa) ?

En France, des sœurs en islam vont (comme partout ailleurs) vivre les règles ta'abbudiyya concernant la tenue vestimentaire à porter en public. Cependant, elles devraient le faire avec intelligence du contexte : en restant, sur le plan de la coupe des vêtements et de la couleur de ceux-ci, dans les éléments 'âdî français (les éléments purement culturels français), plutôt qu'en reproduisant ici les usages culturels de pays arabes (la grande cape noire) ou asiatiques.

Ce que nous venons de dire vaut pour tant d'autres choses...

Déjà pour les vêtements des musulmans aussi : les musulmans français ont à gagner à appliquer les règles ta'abbudî (les normes islamiques) relatives aux vêtements, tout en prenant en considération les éléments 'âdî français.

Cela vaut aussi pour l'architecture extérieure des mosquées : il s'agit de bâtir des mosquées selon les besoins de la communauté, mais de bâtir en tenant compte des habitudes architecturales européennes, plutôt que de confondre arabité (ou indianité) et islam.

Cela vaut pour la façon de manger aussi : porter les aliments à sa bouche par la gauche, cela est interdit (et le musulman français ne doit pas faire ainsi, car là c'est quelque chose de ta'abbudî) ; par contre, l'usage des doigts, ou de la fourchette (tenue dans la main droite), ou de la cuillère (tenue dans la main droite), cela est un élément 'âdî.

– Cela vaut encore pour tant d'autres choses.

Cela ressort d'un écrit de Ibn Taymiyya dans son livre Iqtidhâ' us-sirât il-mustaqîm.

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Le principe premier, dans tous les éléments sur lesquels une action humaine autorisée peut s'exercer, c'est la licéité :

--- Le principe premier s'appliquant à toute action humaine d'ordre temporel, par rapport aux objets sur lesquelles elle est susceptible de s'exercer, c'est "le caractère autorisé" (الأصل في الأفعال الإنسانية التي من جنس العادات: هو الإباحة؛ والأصل في الأعيان: هو الحِلّة).

--- Est-ce que dans toutes les choses, la règle première est la licéité ? (هل الأصل في جميع الأعيان: هو الحِلّة؟).

Par ailleurs, bien sûr qu'il faut suivre la Sunna. Mais ne confondons pas : sunna ta'abbudiyya et : sunna 'âdiyya...

Pour le musulman et la musulmane, respecter la règle ta'abbudî, cela est universel. Alors que les éléments 'adî au sein desquels la règle ta'abbudî vient s'intégrer sont, eux, variables en fonction du contexte. Et c'est pourquoi il existe une pluralité de cultures musulmanes...

Respecter la règle ta'abbudî ne veut donc pas dire : s'en tenir au modèle arabe ou asiatique de son actualisation.

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I) Ici surgit une objection : "Cependant, il est des choses concrètes ('ayn) qui véhiculent une certaine identité : celui qui les porte sur lui exprime un attachement avec tel groupe ! C'est bien pourquoi existe la problématique de la tashabbuh !" :

En effet, un principe ta'abbudî, présent dans de nombreux hadîths, existe qui enseigne de se préserver de faire comme les non-musulmans font. Ceci a été traité dans notre article parlant de la question de faire comme des non-musulmans, ou de se différencier de leur façon de faire : "مسألة التشبّه"...

Il est vrai que la différenciation par rapport à la façon de faire des non-musulmans (en arabe : "mukhâlafat ul-kâfirîn", nous allons y revenir) n'est pas demandée par rapport à tous les éléments 'âdî (domaine 3.2.2.2), car, comme l'écrit Cheikh Khâlid Saïfullâh, cela serait impossible à mettre en pratique (Halâl wa harâm, p. 195).

Cependant, il est normal qu'un pays donné demeure jusqu'à une certaine mesure attaché à ses traditions. Ce n'est là ni enfermement ni posture réactive (puisque, même alors, il est permis de prendre des non-musulmans des éléments 'âdî) ; c'est l'expression de l'attachement serein aux riches traditions de son pays et d'une volonté de s'ouvrir au monde tout en préservant ces traditions.

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II) Malgré tout, il existe une pluralité des cultures musulmanes :

En effet, même entre pays musulmans, les cultures resteront (et doivent rester) différentes. Cela est dû, justement, au fait que c'est seulement la globalité (et non pas la totalité) des éléments 'âdî qui est touchée par le principe de mukhâlafa.

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II') Et, justement, le musulman qui vit en Europe, pourquoi ne pourrait-il pas, lui aussi, adopter des éléments culturels ('adî) de son continent, l'Europe (éléments des champs "3.2.2.2", et peut-être aussi certains cas de figure relevant du domaine "3.2.2.1.2" : voir l'article suscité) ?

Bien sûr, on voit mal pourquoi le musulman du Pakistan s'habillerait, dans son pays, comme un Européen... De nombreux musulmans de l'Inde trouveraient également déplacé qu'on leur dise qu'ils leur faut s'habiller comme les musulmans de la Péninsule Arabique.

Mais appliquer au musulman européen les mêmes repères (par rapport aux éléments culturels européens 'âdî) qu'au musulman arabe, indien ou pakistanais, c'est condamner le musulman européen à vivre coupé de son pays
! Ce qui n'est pas une maslaha, si on s'en tient à la maslaha retenue par le Prophète (que Dieu le bénisse et le salue) et que l'on découvre dans le hadîth suivant :

1) "عن ابن عباس رضى الله عنهما قال: كان النبى صلى الله عليه وسلم يحب موافقة أهل الكتاب فيما لم يؤمر فيه. وكان أهل الكتاب يسدلون أشعارهم؛ وكان المشركون يفرقون رءوسهم. فسدل النبى صلى الله عليه وسلم ناصيته. ثم فرق بعد" :

Ibn Abbâs relate : "Dans ce au sujet de quoi rien ne lui avait été ordonné, le Prophète (que Dieu le bénisse et le salue) aimait faire comme (muwâfaqa) les Gens du Livre. Et ceux-ci laissaient leurs cheveux sans faire de raie au milieu. Les Polythéistes, eux, se faisaient une raie  dans la chevelure.
--- 1.1) Le Prophète se laissa donc les cheveux sans raie.
--- 1.2) Puis, plus tard, il se mit à faire une raie dans sa chevelure" (al-Bukhârî, 5573, Muslim, 2336).

D'après l'avis de al-Qurtubî, se faire ou ne pas se faire de raie dans la chevelure relèvent tous deux de la permission originelle (puisque le rapporteur précise qu'il s'agissait du domaine au sujet duquel rien n'avait été ordonné ni recommandé au Prophète : il s'agit du domaine du 'afw : "fî mâ lam yu'mar fîhi bi shay'"), et c'est donc seulement par rapport à la muwâfaqa / mukhâlafa que le Prophète a fait ceci puis cela (Fat'h ul-bârî 10/444). C'étaient donc, à ce moment-là, deux actes purement 'âdî, donc mubâh (soit la dimension 3.2.2.2 dans l'article suscité, relatif à la Tashabbuh).

Il y a ici 2 termes et 2 principes :
"muwâfaqa" : "faire comme" ;
"mukhâlafa" : "se différencier".

Voici deux parties du texte originel du Hadîth : "Kâna yuhibbu muwâfaqata ahl-il-kitâb fî mâ lam yu'mar fîhi bi shay'" ; et plus loin on lit : "Fa sadala-n-nabiyyu (salla-llâhu 'alayhi wa sallama) nâsiyatahû. Thumma faraqa ba'du" (dans une autre version, on lit : "Thumma umira bi-l-farq, fa faraqa" - Fat'h ul-bârî, 10/444). On lira aussi la version que Ibn Hajar a relaté (Fat'h ul-bârî, 10/436, lignes 26-27).

Ce récit 1, par Ibn Abbâs, montre que le Prophète (sur lui soit la paix) a :
--- à un moment donné (1.1), cherché à faire comme des non-musulmans (des juifs) de la cité où il vivait, dans cet élément 'âdî,
--- et, à un moment ultérieur (1.2), a cherché à se démarquer de ces mêmes non-musulmans dans le même élément, et eut alors recours à la tradition mecquoise relative à cet élément...

--- Ce 1.1 (le Prophète, sur lui soit la paix, se mit à laisser ses cheveux sans faire de raie) a eu lieu lorsqu'il émigra à Médine : " أخبرنا عبد الرزاق عن معمر عن الزهري عن عبيد الله بن عبد الله بن عتبة قال : "لما قدم النبي صلى الله عليه وسلم المدينة وجد أهل الكتاب يسدلون الشعر، ووجد المشركين يفرقون. وكان إذا شك في أمر لم يؤمر فيه بشيء صنع ما يصنع أهل الكتاب؛ فسدل. ثم أمر بالفرق، ففرق. فكان الفرق آخر الأمرين" (Jâmi' Ma'mar ibn Râshid : riwâya mursala ; également citée in FB 10/443). Ibn Taymiyya a également souligné ce moment (Al-Iqtidhâ', p. 163).

--- Quant à ce 1.2 (le Prophète se mit à faire une raie dans sa chevelure), il a, d'après Ibn Hajar, eu lieu suite à la Conquête de La Mecque (FB 7/346).

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On voit ici que l'applicabilité du principe de la mukhâlafatu ghayr il-muslimîn en ce qui concerne l'apparence globale constituée des éléments 'âdî, cela est lié au contexte :

En effet, car il y a eu, de la part du Prophète, d'abord muwâfaqa des Gens du Livre, ensuite muwâfaqa des Arabes autres que ces Gens du Livre (dans un élément 'âdî, bien sûr).
Or Ibn Taymiyya pense qu'il n'y a pas là un cas d'abrogation à proprement parler (naskh), mais bien deux principes liés chacun à un contexte différent : il s'agit de nas'. Aujourd'hui encore, muwâfaqa et mukhâlafa restent donc applicables en fonction du contexte auquel chacun correspond (cf. Al-Iqtidhâ', p. 164) (il s'agit de la catégorie 2.1 dans mon article : "Bien" et "mal" : inhérents aux actes ou dépendant de la révélation ?).
Avant lui al-Qurtubî avait écrit ceci : "وتعقبه القرطبي بأن الظاهر أن الذي كان صلى الله عليه وسلم يفعله إنما هو لأجل استئلافهم؛ فلما لم ينجع فيهم أحب مخالفتهم؛ فكانت مستحبة لا واجبة عليه. وقول الراوي "فيما لم يؤمر فيه بشيء" أي لم يطلب منه؛ والطلب يشمل الوجوب والندب. وأما توهم النسخ [أي نسخ السدل] في هذا فليس بشيء لإمكان الجمع. بل يحتمل أن لا يكون الموافقة والمخالفة حكما شرعيا إلا من جهة المصلحة" (FB 10/444).

--- Après son arrivée à Médine (1.1) le Prophète s'est donc différencié de (mukhâlafa) la façon de se coiffer des Polythéistes de l'Arabie (parmi lesquels les Quraysh) et a adopté (muwâfaqa) la façon de faire des Juifs d'Arabie (lesquels, bien que ne croyant majoritairement pas en son message, demeuraient des Gens du Livre).
Pourquoi a-t-il agi ainsi ?
Différents avis existent sur le sujet, celui de al-Qurtubî étant qu'il avait comme objectif de gagner leurs cœurs. C'est cela qui est pertinent. Car si la raison en était (comme le soutient Ibn Hajar) de faire comme les Juifs parce qu'ils sont Gens du Livre et de ne pas faire comme les Polythéistes parce qu'ils sont plus éloignés sur le plan théologique, alors le Prophète n'aurait pas attendu d'arriver à Médine pour faire comme les Juifs : il aurait fait comme eux même quand il était à La Mecque. Mais le fait qu'il ait fait ainsi : une fois arrivé à Médine seulement, cela fait pencher vers l'interprétation de al-Qurtubî (contrairement à celle de Ibn Hajar : "والذي جزم به القرطبي أنه كان يوافقهم لمصلحة التأليف محتمل. ويحتمل أيضا، وهو أقرب، أن الحالة التي تدور بين الأمرين لا ثالث لهما إذا لم ينزل على النبي صلى الله عليه وسلم شيء كان يعمل فيه بموافقة أهل الكتاب لأنهم أصحاب شرع، بخلاف عبدة الأوثان فإنهم ليسوا على شريعة" : FB 10/445. "وكأن السر في ذلك أن أهل الأوثان أبعد عن الإيمان من أهل الكتاب؛ ولأن أهل الكتاب يتمسكون بشريعة في الجملة؛" : FB 10/444).

--- Ensuite, plus tard (1.2), le Prophète a fait comme (muwâfaqa) ceux qui, cette fois, étaient en train de, ou allaient se convertir massivement à l'islam. Ibn Hajar dit que ce second moment (1.2) a été après la Conquête de la Mecque (FB 7/346 ; FB 4/311).
"فكان يحب موافقتهم ليتألفهم، ولو أدت موافقتهم إلى مخالفة أهل الأوثان. فلما أسلم أهل الأوثان الذين معه والذين حوله، واستمر أهل الكتاب على كفرهم، تمحضت المخالفة لأهل الكتاب" (FB 10/444). Voir aussi FB 6/702.

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En tous cas : La partie 1.1 de ce hadîth 1 fonde le fait d'adopter des éléments 'âdî du pays dans lequel le musulman s'est installé (comme la façon de se coiffer la chevelure dans le cas du Prophète, sur lui soit la paix, ayant émigré à Médine).

--- Cela n'empêche pas que le musulman garde, dans le même temps, une apparence générale (al-hay'a al-âmma) conséquente. Car c'est l'apparence générale qui compte : "al-hay'a al-'âmma" selon la formule de Abû Chuqqa (Tahrîr ul-mar'a fî 'asr ir-rissâla, 4/280).
--- Quant au fait d'être totalement incognito, cela est réservé à des cas exceptionnels (on est seul, dans un lieu totalement hostile), et c'est pourquoi Ibn Taymiyya a dit : "de faire parfois comme eux" (nous verrons son écrit plus bas) : c'est-à-dire de faire parfois comme eux dans tous les éléments 'âdî extérieurs.

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2) Un second groupe de hadîths, comparables au hadîth 1 :

--- 2.1) "من شاب شيبة فهي له نور إلى أن ينتفها أو يخضبها" : "Celui qui a un cheveu blanc, cela est pour lui une lumière [qui se manifestera le jour de la Résurrection], jusqu'à ce qu'il l'arrache ou le teigne" (rapporté par at-Tabarî : Fat'h ul-bârî, 10/436).
--- 2.2) "عن أبي هريرة رضي الله عنه قال النبي صلى الله عليه وسلم: "إن اليهود والنصارى لا يصبغون، فخالفوهم" : Le Prophète releva un jour que des non-musulmans ne se teignaient pas la chevelure et la barbe blanches, puis dit : "Faites leur mukhâlafa" (al-Bukhârî, 5559, Muslim, 2103).

Il y a une apparente contradiction entre ces deux hadîths 2.1 et 2.2 : le premier déconseille de teindre les cheveux blancs, le second le recommande.

Et at-Tahâwî, savant de la tradition interprétative ahl ur-ra'y, a concilié ces deux hadîths 2.1 et 2.2 ainsi : il a lus ces 2 derniers hadîths à la lumière des 2 parties du hadîth 1, et il a écrit :
--- C'est lorsque le Prophète avait recours à la muwâfaqa qu'il prononça le hadîth recommandant de ne pas se teindre la chevelure et la barbe devenues blanches [2.1].
--- Et c'est dans un second temps, lorsqu'il eut recours à la mukhâlafa, que le Prophète recommanda de se teindre [2.2] (Fat'h ul-bârî, 10/436).
Exactement comme la partie 1.1 du hadîth par rapport à la partie 1.2 du même hadîth.

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En fait, faire comme des non-musulmans dans un grand nombre d'éléments 'âdî (ce qui conduit à leur muwâfaqa dans l'apparence générale - al-had'y uz-zâhir), cela comporte à la fois une maslaha shar'iyya et une mafsada shar'iyya :

--- une mafsada shar'iyya dans la mesure où cela peut conduire (dharî'a) à leur muwâfaqa dans des actions ta'abbudî, des moeurs, voire des croyances (nous avons cité cette réalité dans l'article général traitant de cela) ;
--- et une maslaha shar'iyya dans la mesure où cela peut conduire (dharî'a) à l'évitement de certaines expressions d'hostilité de non-musulmans, et au fait de gagner leurs coeurs à l'islam, ce dernier n'étant pas (ou plus) perçu comme exogène au pays.

Il s'agit donc de faire la muwâzana entre cette maslaha et cette mafsada, selon le lieu et la situation dans lesquels le musulman vit.

Le musulman se trouve parfois dans une terre non-musulmane où le degré de mafsada shar'iyya que comporte la mukhâlafa dans l'apparence (al-had'y uz-zâhir) dépasse largement celui de maslaha shari'yya qu'elle comporte aussi, et ce car le fait de pratiquer la mukhâlafa y fait voir l'islam comme "étranger au pays", voire y attise l'hostilité des non-musulmans. En pareil cas, écrit Ibn Taymiyya, la mukhâlafat ul-kâfirûn ne lui est pas ordonnée (Al-Iqtidhâ', p. 163).

Bien plus, il peut arriver que la muwâfaqa ne soit pas seulement permise (mubâh) pour lui, mais qu'il devienne recommandé (yustahabb) voire même obligatoire (yajib) pour ce musulman de faire parfois comme eux dans le had'y zâhir (Al-Iqtidhâ', p. 163). Cela lorsque pratiquer la muwâfaqa dans l'apparence (al-had'y uz-zâhir) permet une plus grande efficacité dans la da'wa, ou autres maslaha shar'iyya que Ibn Taymiyya a citées (Al-Iqtidhâ', p. 163-164). C'est-à-dire que le musulman adoptera alors des éléments 'âdî provenant de ces non-musulmans au milieu desquels il vit, chose que le musulman vivant ailleurs ne doit pas faire. Cela n'empêche pas qu'il conserve une apparence générale (hay'a 'âmma) qui fera qu'on reconnaisse qu'il s'agit d'un musulman. Ainsi en est-il d'un musulman de La Réunion, qui adoptera des éléments 'âdî européens qu'un musulman de l'Inde ne devrait pas adopter.

Ceci est comparable au fait que, dans un premier temps, comme relaté par Ibn Abbâs, le Prophète (sur lui soit la paix) faisait la muwâfaqa des juifs de Médine dans la coiffe.

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Certes, Médine n'était pas un pays non-musulman mais au contraire une Dâr ul-islâm, même depuis les débuts de l'émigration du Prophète dans cette ville (puisqu'il a été reconnu comme arbitre de tous ses habitants).

Cependant, c'est le principe qui est à considérer.

Et cela car...

--- D'une part, avant l'arrivée du Prophète, les Arabes idolâtres de Yathrib (dont le nom deviendra "Médine", pour "Madînat un-Nabî") tenaient en haute estime les juifs de Médine, de par leur statut de Gens du Livre, et c'est pourquoi certains de leurs éléments culturels prédominaient à Médine : Shâh Waliyyullâh l'a relevé (Hujjat ullâh il-bâligha, 1/551).
Ainsi, il est relaté que les juifs de Médine se refusaient de pratiquer certaines positions de l'amour, chose en quoi des médinois les suivaient, mais, suite à un incident, la révélation divine est venu rappeler que la règle première en la matière est la permission : "عن ابن عباس قال: إن ابن عمر - والله يغفر له - أوهم! إنما كان هذا الحى من الأنصار - وهم أهل وثن - مع هذا الحى من يهود - وهم أهل كتاب -؛ وكانوا يرون لهم فضلا عليهم فى العلم؛ فكانوا يقتدون بكثير من فعلهم. وكان من أمر أهل الكتاب أن لا يأتوا النساء إلا على حرف، وذلك أستر ما تكون المرأة. فكان هذا الحى من الأنصار قد أخذوا بذلك من فعلهم. وكان هذا الحى من قريش يشرحون النساء شرحا منكرا ويتلذذون منهن مقبلات ومدبرات ومستلقيات. فلما قدم المهاجرون المدينة تزوج رجل منهم امرأة من الأنصار؛ فذهب يصنع بها ذلك فأنكرته عليه وقالت: "إنما كنا نؤتَى على حرف، فاصنَعْ ذلك وإلا فاجتنبنى"؛ حتى شرى أمرهما. فبلغ ذلك رسول الله صلى الله عليه وسلم فأنزل الله عز وجل (نساؤكم حرث لكم فأتوا حرثكم أنى شئتم) أى مقبلات ومدبرات ومستلقيات يعنى بذلك موضع الولد" (Abû Dâoûd, 2164).
Ainsi encore, il est relaté que les juifs de Médine avaient systématiquement recours à l'eau pour se purifier après les besoins naturels, chose en quoi les habitants de Qubâ les suivaient de façon permanente, ce qui leur a valu des éloges divines : "عن عويم بن ساعدة الأنصارى أنه حدثه أن النبى صلى الله عليه وسلم أتاهم فى مسجد قباء فقال: إن الله تبارك وتعالى قد أحسن عليكم الثناء فى الطهور فى قصة مسجدكم؛ فما هذا الطهور الذى تطهرون به؟ قالوا: والله يا رسول الله ما نعلم شيئا إلا أنه كان لنا جيران من اليهود فكانوا يغسلون أدبارهم من الغائط؛ فغسلنا كما غسلوا" (Ahmad, 14938, hassan li ghayrihî d'après al-Arna'ût).

--- D'autre part et surtout, le Prophète voulait gagner le cœur de ces juifs de Médine à l'islam.

La muwâfaqa sur le plan de certains éléments 'âdî fut alors ce à quoi le Prophète eut recours.

Médine était donc certes Dâr ul-islâm, mais présentait cette particularité.

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Le principe vaut donc a fortiori pour une Dâr ul-kufr, c'est-à-dire un pays non-musulman.

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--- 1) Par contre, il ne serait pas bien que, dans un pays musulman donné, le musulman se mette à adopter les habitudes culturelles d'un autre pays !

Pourquoi le musulman de la Péninsule Arabique ou du Pakistan s'habillerait-il, dans son pays, comme un Européen ? Au contraire, il est normal qu'un pays musulman demeure jusqu'à une certaine mesure attaché à ses traditions. Ce n'est là ni enfermement ni posture réactive – puisque, même alors, il est permis de prendre des non-musulmans certains éléments 'âdî – ; c'est l'expression de l'attachement serein aux riches traditions de son pays et d'une volonté de s'ouvrir au monde tout en préservant ces traditions.

--- 2) De même, comme l'a écrit Ibn Taymiyya, c'est le principe de mukhâlafa qui est applicable en terre musulmane où la présence de l'islam est forte (Al-Iqtidhâ', p. 164), même par rapport aux non-musulmans qui y vivent depuis toujours.
Le fait est que, en pareille situation, adopter des éléments culturels issus de non-musulmans (même si ces éléments sont tous 'âdî et que l'on respecte toutes les règles ta'abbudî), c'est adopter un code culturel de personnes qui n'y sont pas en situation de puissance. Ce serait faire preuve d'un complexe d'infériorité

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Voici l'écrit, en arabe, de Ibn Taymiyya sur le sujet :

"ومثل ذلك اليوم: لو أن المسلم بدار حرب، أو دار كفر غير حرب، لم يكن مأمورا بالمخالفة لهم في الهدي الظاهر، لما عليه في ذلك من الضرر؛ بل قد يستحب للرجل أو يجب عليه أن يشاركهم أحيانا في هديهم الظاهر إذا كان في ذلك مصلحة دينية: من دعوتهم إلى الدين، والاطلاع على باطن أمرهم لإخبار المسلمين بذلك، أو دفع ضررهم عن المسلمين، ونحو ذلك من المقاصد الصالحة.
فأما في دار الإسلام والهجرة التي أعز الله فيها دينه وجعل على الكافرين بها الصغار والجزية، ففيها شرعت المخالفة.
وإذا ظهر أن الموافقة والمخالفة تختلف لهم باختلاف الزمان والمكان، ظهرت حقيقية الأحاديث في هذا"
:
"L'exemple de cela aujourd'hui est (ceci) : si le musulman réside en Dâru harb, ou en Dâru kufr ghayru harb, il n'est pas tenu de se différencier des (non-musulmans) dans l'apparence, à cause de ce que cela entraîne de tort. Au contraire, il peut devenir recommandé, ou obligatoire, à ce (musulman) de faire parfois comme eux dans leur apparence générale, s'il se trouve en cela une maslaha dîniyya : comme la da'wa vers le dîn, (...) ou le fait d'éviter le tort qu'ils pourraient faire aux musulmans, et chose semblable parmi les bons objectifs.
Par contre, en Dâru islâm wa hijra, là où Dieu a donné la puissance au dîn et a placé sur les non-musulmans l'absence de puissance et la jizya, là le fait de se différencier d'eux est institué.
Dès lors qu'il [vous] est devenu clair que muwâfaqa (faire comme) et mukhâlafa (faire différemment de) change pour les (musulmans) en fonction de l'époque et du lieu, la réalité des (différents) hadîths sur le sujet [vous] devient clair"
(Al-Iqtidhâ', p. 163-164).

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A la lumière de tout ce que nous venons de voir :

Les pays arabo-musulmans devraient garder la majorité des éléments 'âdî qu'ils possèdent traditionnellement (je ne parle pas de la technique mais de la culture), cela étant à intégrer aux éléments ta'abbudî (les règles et principes généraux du Coran et de la Sunna). Ces pays sauraient alors allier ces règles et principes (les éléments ta'abbudî) aussi bien à la modernité qu'à une certaine dimension de leur tradition. C'est ce qu'en langue française on appelle : "s'ouvrir sans perdre son âme", "préserver ses traditions sans se replier sur soi-même". Car qu'une culture établie dans un pays se replie sur elle-même, et elle se dessèche. Mais qu'à l'autre extrême elle se jette à tous les vents extérieurs, et elle s'évapore...

Le Japon a su ainsi réaliser une synthèse originale entre la modernité et ses traditions (vestimentaire, alimentaire, architecturale, etc.).
Et ce n'est pas la France qui refuserait de comprendre ce rapport dynamique aux traditions, elle qui proteste régulièrement contre l'invasion culturelle – linguistique, artistique et cinématographique – qu'elle subit de la part du monde anglo-saxon. Voyez : elle ne proteste pas contre des éléments qui contrediraient ses principes éthiques (ce qui, chez les pays musulmans, correspond aux éléments ta'abbudî) mais bien contre un ensemble d'éléments strictement traditionnels (ce qui, chez les pays musulmans, correspond aux éléments 'âdî) qui mettent en danger ses traditions. La France est très fière de ses traditions et de sa culture, et elle désire préserver ce qu'elle perçoit comme faisant "partie de son âme". Elle ne désire pas pour autant se replier sur elle-même : sur le plan linguistique, par exemple, la France ne refuse pas tous les anglicismes mais veut en limiter la portée et les encadrer dans un cadre strict. Ceci rejoint exactement le principe de la mukhâlafa tel que nous l'avons vu.

Par contre, dans l'autre cas, en terre non-musulmane, le musulman se trouve dans une situation semblable à celle où le Prophète se trouvait au début de son installation à Médine. L'objectif est celui qu'avait alors le Prophète (sur lui la paix) d'après la lecture de al-Qurtubî : "gagner les coeurs". Et c'est une habileté que d'adopter beaucoup d'éléments culturels ('âdî) du pays pour éviter les incompréhensions, voire l'hostilité.

Cela n'empêche pas par ailleurs que, de par son apparence générale (al-hay'a al-âmma) on puisse reconnaître le musulman comme musulman. Mais ce qui est dit ici c'est que les éléments 'âdî du nouveau pays peuvent être intégrés par ce musulman.

Contrairement au musulman d'un autre pays : lui n'a pas à intégrer ces éléments. Comme nous l'avons déjà dit, pourquoi un musulman vivant en Arabie s'habillerait-il avec des vêtements européens, etc. ?

Mais pourquoi un musulman vivant en Europe ne pourrait-il pas s'habiller avec des vêtements européens (son apparence générale devant exprimer cependant son islamité) et manger avec des fourchettes tenues dans sa main droite ?

Bien entendu, cette intégration des coutumes du nouveau pays (ses éléments 'âdî) devra se faire progressivement, en respectant les dynamiques de l'intégration, c'est-à-dire dans la mesure qui convient et au rythme qui convient. Le contraire risquerait de créer des hommes déracinés, en proie à une crise identitaire.

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Une objection est parfois faite ici : Omar ibn ul-Khattâb (que Dieu l'agrée) n'avait-il pas enjoint aux musulmans émigrés en Azerbaïdjan de garder leurs traditions arabes ?

Certains frères pensent que c'est le modèle arabe de l'actualisation des principes qui doit, au contraire, être gardé partout dans le monde : en effet, dit-on, Omar (que Dieu l'agrée) adressa des recommandations par écrit à des musulmans se trouvant dans la région de l'Azerbaïdjan :
"Portez le pagne, la houppelande et les sandales ; délaissez les chaussettes en cuir et les pantalons : choisissez les vêtements de votre ancêtre Ismaël. Préservez-vous du luxe et de la tenue vestimentaire des non-arabes. Restez au soleil, c'est le hammam des Arabes. Gardez la culture de Ma'add [ancêtre des Quraysh]. Endurcissez-vous. Soyez prêts. Coupez les étriers [= montez à cheval sans étriers] et sautez à cheval. Entraînez-vous au tir à l'arc en visant des cibles" :
"حدثنا أحمد بن عبد الله بن يونس، حدثنا زهير، حدثنا عاصم الأحول، عن أبي عثمان قال: "كتب إلينا عمر ونحن بأذربيجان: "يا عتبة بن فرقد، إنه ليس من كدك، ولا من كد أبيك، ولا من كد أمك، فأشبع المسلمين في رحالهم مما تشبع منه في رحلك. وإياكم والتنعم، وزي أهل الشرك، ولبوس الحرير، فإن رسول الله صلى الله عليه وسلم نهى عن لبوس الحرير، قال: إلا هكذا، ورفع لنا رسول الله صلى الله عليه وسلم إصبعيه الوسطى والسبابة وضمهما، قال زهير: قال عاصم: هذا في الكتاب، قال: ورفع زهير إصبعيه" (Muslim, 2069).
""حدثنا أبو حميد المصيصي، قال: ثنا حجاج، قال: سمعت شعبة يحدث عن قتادة، ح؛ وحدثنا أبو أمية، قثنا أبو النضر، قال: ثنا شعبة، أخبرني قتادة، قال: سمعت أبا عثمان النهدي قال: "أتانا كتاب عمر بن الخطاب ونحن بأذربيجان مع عتبة بن فرقد رضي الله عنه: "أما بعد، فاتزروا، وارتدوا، وانتعلوا، وارموا بالخفاف، وألقوا السراويلات. وعليكم بلباس أبيكم إسماعيل، وإياكم والتنعم، وزي العجم. وعليكم بالشمس، فإنها حمام العرب. وتمعددوا، واخشوشنوا، واحلولقوا، واقطعوا الركب، وارموا الأغراض، وانزوا نزوا، فإن رسول الله صلى الله عليه وسلم نهى عن الحرير إلا هكذا" وأشار شعبة بأصبعيه الوسطى والسبابة؛ وقال أبو حميد: وأشار حجاج بأصبعيه السبابة والوسطى، فما علمت أنه يعني الأعلام". قال شعبة: حدثني عاصم الأحول، عن أبي عثمان، بنحو من هذا وزاد فيه: "وتعلموا العربية." قال شعبة: فكان عاصم أحفظهما عن أبي عثمان" (Abû 'Awâna dans son Musnad, 8514).

La réponse est que cela ne concernait que des musulmans Arabes, installés en tant que conquérants dans une terre devenue musulmane (Dâru islâm) mais étant de culture non-arabe. An-Nawawî écrit ainsi que "l'objectif de Omar était de les exhorter à rester simples et frugaux, et de préserver les traditions des Arabes en la matière" : "ومقصود عمر رضي الله تعالى عنه حثهم على خشونة العيش وصلابتهم في ذلك ومحافظتهم على طريقة العرب في ذلك" (Shar'h Muslim, 14/46-47).

La recommandation de Omar (que Dieu l'agrée) concernait donc des musulmans arabes qui se trouvaient en terre musulmane et qui étaient venus d'Arabie, et il les exhortait à préserver leurs traditions arabes. Cela correspond donc à ce nous avons vu plus haut.

C'est par rapport à cette réalité précise qu'on trouve, de la part de Ibn ul-Mubârak (m. 181 a.h.), de Sa'îd ibn 'Âmir (m. 208 a.h.) et de Ahmad (m. 241 a.h.), des exhortations à ne pas adopter les sandales indiennes ou encore le turban non-arabe : cela s'adresse à des musulmans arabes :
"قال محمد بن أبي حرب: سئل أحمد عن نعل سندي يخرج فيه. فكرهه للرجل والمرأة وقال: "إن كان للكنيف والوضوء فلا بأس؛ وأكره الصرار" وقال: "هو من زي العجم. وقد سئل سعيد بن عامر عنه فقال: سنة نبينا أحب إلينا من سنة باكهن." وقال في رواية المروذي، وقد سأله عن النعل السندي، فقال: "أما أنا فلا أستعملها، ولكن إن  كان للطين أو المخرج فأرجو، وأما من أراد الزينة فلا." ورأى على باب المخرج نعلا سنديا فقال: "يتشبه بأولاد الملوك!" وقال حرب الكرماني: قلت لأحمد: "فهذه النعال الغلاظ؟" قال: "هذه السندية، إذا كان للوضوء أو للكنيف أو لموضع ضرورة فلا بأس." وكأنه كره أن يمشي فيها في الأزقة. قيل: "فالنعل من الخشب؟" قال: "لا بأس بها أيضا إذا كان موضع ضرورة."
قال حرب حدثنا أحمد بن نصر حدثنا حبان بن موسى قال:سئل ابن المبارك عن هذه النعال الكرمانية، فلم تعجبه وقال: "أما في هذه غنية عن تلك؟".
وروى الخلال عن أحمد بن إبراهيم الدورقي قال: سألت سعيد بن عامر عن لباس النعال السبتية فقال: "زي نبينا أحب إلينا من زي باكهن ملك الهند، ولو كان في مسجد المدينة لأخرجوه من المدينة." سعيد بن عامر الضبعي إمام أهل البصرة علما ودينا، من شيوخ الإمام أحمد؛ قال يحيى بن سعيد القطان وذكر عنده سعيد بن عامر فقال: هو شيخ المصر منذ أربعين سنة؛ وقال أبو مسعود بن الفرات: ما رأيت بالبصرة مثل سعيد بن عامر.
وقال الميموني: رأيت أبا عبد الله عمامته تحت ذقنه، ويكره غير ذلك وقال: "العرب عمائمها  تحت أذقانها." وقال أحمد في رواية الحسن بن محمد: "يكره أن لا تكون العمامة تحت الحنك كراهية شديدة"، وقال: "إنما يتعمم بمثل ذلك اليهود والنصارى والمجوس."
ولهذا أيضا كره أحمد لباس أشياء كانت شعار الظلمة في وقته من السواد ونحوه"
(Al-Iqtidhâ', pp. 83-84).

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Une application de ce principe par des ulémas indiens :

De grands ulémas de l'Inde ont développé une vision voisine de celle que nous avons citée ci-dessus.

Ainsi, Cheikh Khâlid Saïfullâh écrit à propos du port des seuls éléments vestimentaires européens que même si, ne constituant maintenant plus un symbole, cela n'est plus interdit (plus harâm / mak'rûh tahrîmî) aujourd'hui, pour les musulmans vivant en Inde cela reste quand même légèrement déconseillé ("karâhiyya khafîfa") : la cause, explique-t-il, est que cela ne fait pas partie des vêtements traditionnels des musulmans de l'Inde (Jadîd fiqhî massâ'ïl, tome 1 p. 184).
Le principe ici développé est exactement celui que nous avons vu.

Certes, l'Inde n'est pas un pays musulman, mais qui y a passé quelque temps sait combien ce pays est un immense puzzle constitué de 22 Etats et de centaines de langues, un immense puzzle dont le milliard d'êtres humains se répartissent en différentes ethnies et en différentes cultures établies là depuis des siècles et vivant l'une à côté de l'autre. En pareil contexte, faut-il s'étonner qu'une grande communauté comme celle des musulmans, établie sur place depuis 10 siècles, veuille, comme d'autres, préserver ses traditions ?

Surtout que ces traditions se sont élaborées localement, comme résultat d'une interaction entre les enseignements de l'Islam et la culture de l'Inde (c'est ce qu'a écrit explicitement Abu-l-Hassan Alî an-Nadwî : Al-Muslimûn fi-l-hind, pp. 71-72 et surtout p. 80) : c'est bien l'apparence générale (al-hay'a al-'âmma) qui a été prise en compte, et c'est ainsi que sont nées au fil des siècles la kurta, la sad'rî et la sherwânî, vêtements traditionnels des musulmans de l'Inde.

Pour ces musulmans, aujourd'hui encore, adopter une apparence vestimentaire qui, dans sa généralité, est autre que celle qui est traditionnelle, cela est déconseillé ("mak'rûh"). C'est normal, ils veulent ne pas perdre leurs traditions, comme nous l'avons vu plus haut.

Mais ceci concerne les musulmans de l'Inde.

Par contre, quelqu'un a demandé à Cheikh Ashraf 'Alî Thânwî si, une fois à Londres, il était interdit au musulman de s'habiller à l'européenne, non pas par envie de ressembler aux non-musulmans, mais afin de ne pas paraître étrange dans le regard du public et de ne pas se faire montrer du doigt. Cheikh Thânwî lui a répondu ceci :
"A ce sujet, ce que j'ai compris c'est que là où ce vêtement est lié à un groupe particulier, comme en Inde, il entre dans la catégorie (visée par)
"مَن تشَبَّهَ بقوم فهو منهم". Et là où il est porté de façon générale – l'indice de cela étant que toutes les communautés et les gens de toutes religions portent un même vêtement –, là il n'y a aucun problème à le porter ("wahân pehennâ kutch haraj nahîn"). Selon ce critère, à vous de considérer la situation de là-bas"
(Imdâd ul-fatâwâ, tome 4 p. 268, également cité dans Halâl wa harâm, p. 197).
Ailleurs, à la question : "Celui qui est musulman à Londres, y aura-t-il tashabbuh s'il porte les manteau et pantalon ("kôt patlûn") ?", il a répondu : "Là-bas il n'y aura pas de tashabbuh" (Fiqh-é hanafî ké ussûl-o-dhawâbit, p. 145).

Wallâhu A'lam (Dieu sait mieux).

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