Qu'est-ce que le Coran et la Sunna enseignent quant à la tenue vestimentaire de la femme ?

Question :

Quels vêtements l'islam demande-t-il à la musulmane de porter ? Qu'est-ce que le voile de la musulmane ?

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Réponse :

On appelle "voile" ou plutôt, en français, "foulard" la partie du vêtement par lequel la musulmane couvre sa chevelure et qu'elle ramène sur son cou. Mais dissimuler son corps des regards, ce n'est pas uniquement porter le voile sur sa chevelure et sa poitrine. C'est, d'une façon plus générale, mettre des vêtements qui remplissent un certain nombre de conditions.

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Les règles relatives aux vêtements que le musulman et la musulmane portent en public sont comme suit :

Ces vêtements du musulman et de la musulmane :

1) doivent couvrir leur 'awra ; c'est-à-dire :
--- 1.1) doivent recouvrir leur 'awra ;
--- 1.2) doivent ne pas être quasi-transparents au point de ne pas dissimuler la 'awra des regards ;
--- 1.3) doivent être suffisamment amples pour ne pas mouler ni révéler les attraits corporels de ce qui fait partie de la 'awra ;

2) doivent être différents, dans leur aspect, de ceux que l'usage destine à l'autre sexe ;

3) doivent (ceci au niveau recommandé) ne pas être complètement "négligés", mais d'une élégance convenable ;

4) doivent ne pas constituer du gaspillage par rapport à leurs moyens personnels, ni par rapport à l'usage de la société ;

5) doivent ne pas être portés avec un objectif de fierté.

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Et puis il y a 1 règle qui est, elle, spécifique à la musulmane :

Les vêtements de la musulmane :

6) doivent ne pas exhaler en public un parfum fort, c'est-à-dire qui soit ressenti à distance (un parfum discret qui n'est pas ressenti par les autres est par contre autorisé).

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Du moment qu'ils restent dans le cadre de ces principes, les vêtements que porte la musulmane peuvent être embellis de façon modérée (le critère de modération est l'usage habituel du pays).
De plus, la musulmane peut s'embellir le visage et les mains de façon modérée (par exemple le henné ou équivalent sur les mains, le khol sur les yeux). (Cf. Tahrîr ul-mar'a fî 'asr ir-rissâla, Abû Chuqqa, 4/251-263.)
(Pour plus de détails, lire mon autre article : Maquillage, bijoux, etc. sont-ils autorisés à la femme musulmane hors de chez elle ?)

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Dans les sources musulmanes :

D'après notre humble recherche sur le sujet, des deux versets traitant de ce point, c'est celui-ci qui a été révélé le premier : "O Prophète, dis à tes épouses, à tes filles et aux épouses des croyants qu'elles rapprochent sur elles de leur jilbâb. Ceci sera plus à même qu'elles soient reconnues et ne soient alors point offensées. Et Dieu est Pardonneur, Miséricordieux" (Coran 33/59). Il y a bien, dans ce verset, un impératif demandant aux femmes de ramener sur elles un vêtement. Or, voici ce que Umm Salama, témoin de l'événement, raconte : "Lorsque le verset "Qu'elles rapprochent sur elles de leur jilbâb" fut révélé, les femmes ansârites sortirent avec, sur leur tête, à cause des manteaux ("kissâ"), comme des corbeaux" (rapporté par Abû Dâoûd, n° 4101) (la comparaison porte sur la couleur noire, comme l'a écrit al-Azîmâbâdî).

Ce fut (toujours d'après notre humble recherche) plus tard que fut révélé cet autre verset du Coran où Dieu dit : "Et dis aux croyants de baisser leur regard et de garder leur chasteté. (...) Et dis aux croyantes de baisser leur regard, de garder leur chasteté, de ne montrer de leur parure que ce qui en paraît, de rabattre leur khimâr sur leur encolure ; et de ne montrer leur parure qu'à leur mari, à leur père. (...)" (Coran 24/30-31). Ici l'impératif leur demande de rabattre sur leur encolure le vêtement qu'elles portent déjà sur leur tête, en vertu du verset 33/59. Et le verset contient un autre impératif encore : il leur est dit que, devant autre que leur mari et leurs proches parents tels que père, frère etc., elles ne doivent rien montrer de leur parure sinon "ce qui en paraît". Selon Ibn Abbâs, Mujâhid, al-Hassan, adh-Dhahhâk, et d'autres, ces termes "ce qui en paraît" désignent le visage et les mains, qu'il n'est pas obligatoire de couvrir. Selon Aïcha ces termes désignent le visage, les mains et les pieds.

L'avantage évoqué en le premier de ces deux passages ("Cela sera plus à même qu'elles soient reconnues et ne soient alors point offensées") est seulement un avantage secondaire (hikma thânawiyya) : l'applicabilité de la règle n'est pas reliée à elle. La règle demeure donc même si, dans la société où l'on vit, les comportements déplacés de la part de certains hommes (auxquels cette phrase fait allusion) ne sont pas présents. En effet, les mujtahidûn ont été consensuels quant au fait que la femme libre, sa chevelure ainsi que tout son corps est 'awra ; il n'y a eu divergence, entre les mujtahidûn, qu'au sujet de son visage et de ses mains [ainsi que de ses pieds]. "واتفقوا على أن الفرج والدبر* عورة. (...) واتفقوا على أن شعر الحرة وجسمها - حاشا وجهها ويدها - عورة؛ واختلفوا في الوجه واليدين حتى أظفارهما أعورة هي أم لا" (Marâtib ul-ijmâ', Ibn Hazm) (*من الرجل).

Pour ce qui est des autres conditions susmentionnées, nous préférons, par souci de concision, ne pas citer ici les références des sources musulmanes. Elles sont visibles dans les ouvrages Hijâb al-ma'at al-muslima et Tahrîr ul-mar'a fî 'asr ir-rissâla (tome 4).

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L'objectif de ces principes concernant la tenue de la musulmane :

Par le port de vêtements qui recouvrent au moins leur 'awra, la femme comme l'homme dissimulent leurs attraits corporels des regards qui peuvent être de délectation (taladhdhudh).

La question qui se pose est alors la suivante : Pourquoi la 'awra de l'homme comprend-elle la partie de son corps qui va du nombril aux genoux, alors que celle de la femme concerne tout son corps sauf son visage, ses mains et ses pieds ?

Ce qu'il faut d'emblée souligner et rappeler, c'est que cette différence n'est pas due à une volonté de montrer que la femme est assujettie à l'homme, contrairement à ce que certains Occidentaux pensent et disent. C'est en fait Paul de Tarse qui disait ceci, pas l'islam. Pour plus de détails, lire mon article : Pourquoi le foulard des musulmanes choque-t-il certains Occidentaux ?

Ce qu'il faut également souligner, c'est que le port du foulard n'a pas non plus comme fonction de souligner l'identité religieuse de celle qui la porte, comme le crucifix et la kippa ont eux comme fonction de témoigner de l'appartenance religieuse de celle ou celui qui les porte. Quel est l'objectif véritable de l'islam par rapport à ce principe, découvrez-le en cliquant ici pour lire : Pourquoi l'islam demande-t-il à la femme de porter des vêtements plus amples que l'homme ?

On ne peut pas inviter les musulmanes à porter le foulard musulman sans leur en expliquer aussi la signification. Ceci expliquant cela, il est triste de constater que certaines musulmanes portent – de leur propre gré – le foulard ou le voile, mais lui donnent parfois une forme qui révèle les attraits corporels au lieu de les voiler des regards. Il ne s'agit pourtant pas d'appliquer une règle dans sa lettre sans en respecter également l'objectif…

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Synthèse de la réponse :

Pour une musulmane, devant tout homme qui n'est ni son mari, ni un proche parent avec qui elle ne peut jamais se marier, il est nécessaire de couvrir son corps sauf son visage et ses mains. Ses vêtements doivent, de façon plus générale, avoir les caractéristiques énoncées plus haut.

Ce caractère nécessaire ne doit cependant pas faire oublier les principes islamiques d'éducation dans la foi et de progressivité dans le rappel, qui font que les musulmanes ne devraient jamais se dépêcher de rappeler à une sœur cette obligation en priorité, cette sœur fût-elle éloignée de la foi et de la pratique de sa religion. Elles devraient au contraire privilégier la compréhension des priorités, l'éducation dans la foi et le rappel progressif.

Wallâhu A'lam (Dieu sait mieux).

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A lire en complément de cette page :
Le voile du visage est-il obligatoire pour la musulmane ?

A lire par ailleurs :
Quelle tenue vestimentaire pour le musulman ?

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