Les Acharites, certaines croyances qu'ils enseignent ne sont pas entièrement conformes à celles des Compagnons et de leurs Elèves (et donc à la Sunna et à la Jamâ'ah). Cependant, cela ne fait pas des Acharites un groupe déviant (فرقة ضالّة). Synthèse de ce que j'ai compris de ce que Ibn Taymiyya a dit à leur sujet.

Dans les croyances, il y a ceux qui sont dans l'orthodoxie : ce sont les Ahl us-Sunna wa-l-Jamâ'ah.

Et puis il y a les groupes déviants, les Firaq Dhâllâ.

Lire notre article : Le cadre de l'orthodoxie en islam (as-Sunna wa-l-Jamâ'ah)

-

Les Acharites constituent-ils un groupe déviant (firqa dhâlla) ?

– A cette question, répondre par un inconditionnel : "Ils font partie des Ahl us-Sunna wa-l-Jamâ'ah", cela est risqué dans la mesure où cela risque de faire croire que toutes les croyances que les Acharites enseignent sont les croyances de la Sunna et de la Jamâ'ah (or cela n'est pas vrai pour toutes leurs croyances).

– Mais répondre à cette question par : "Les Acharites constituent une Firqa Dhâlla, et sont donc Hors Ahl us-Sunna wa-l-Jamâ'ah", cela serait erroné, et injuste, car ils ne constituent pas une Firqa Dhâlla.

– Il faut donc être nuancé : "Les Acharites ont fait des erreurs qat'î sur certains points de croyance : ces erreurs ne sont pas conformes à la Sunna et à la Jamâ'ah ; cependant, elles ne conduisent pas à la Tadhlîl des Acharites, car le degré de leur éloignement par rapport à la vérité n'est pas de ce niveau."

-
Voici ce que, lorsque ayant été questionné au sujet des Ach'arites : "Font-ils partie des Ahl us-Sunna wa-l-Jamâ'ah, ou pas ?" ("السؤال: فضيلة الشيخ، هل الأشاعرة من أهل السنة والجماعة؟ نرجو التوضيح"), Ibn ul-'Uthaymîn a répondu :
"الجواب: الأشاعرة من أهل السنة والجماعة فيما وافقوا فيه أهل السنة والجماعة؛ وهم مخالفون لأهل السنة والجماعة في باب الصفات، لأنهم لا يثبتون من صفات الله إلا سبع صفات، ومع هذا لا يثبتونها على الوجه الذي أثبتها عليه أهل السنة. فلا ينبغي أن نقول "هم من أهل السنة" على الإطلاق، ولا أن ننفي عنهم كونهم من أهل السنة على الإطلاق، بل نقول: هم من أهل السنة فيما وافقوا فيه أهل السنة، وهم مخالفون لأهل السنة فيما خالفوا فيه أهل السنة. فالتفصيل هو الذي يكون به الحق. وقد قال الله تعالى: {وَإِذَا قُلْتُمْ فَاعْدِلُوا}؛ فإخراجهم من أهل السنة مطلقاً ليس من العدل، وإدخالهم في أهل السنة بالإطلاق ليس من العدل أيضاً؛ والواجب أن يعطى كل ذي حقٍ حقه" (Liqâ' ul-bâb il-maftûh).

Le Cheikh a bien dit : "فلا ينبغي أن نقول هم من أهل السنة على الإطلاق، ولا أن ننفي عنهم كونهم من أهل السنة على الإطلاق" : "Il ne convient donc pas que nous disions de façon inconditionnelle qu'ils font partie des Ahl us-Sunna ; ni que nous niions d'eux de façon inconditionnelle qu'ils fassent partie des Ahl us-Sunna".

-
Le Cheikh a dit également : "لا يُخرِج الأشاعرة والماتريدية من صف المسلمين إلا جاهل بحالهم، أو جاهل بأسباب الكفر والخروج عن الإسلام. أما أهل العلم بذلك، فلم يخرجوهم من الإسلام، بل ولا من أهل السنة والجماعة في غير ما خالفوا به أهل السنة والجماعة. والإنسان قد يكون فيه شعبة من المخالفة للحق، وشعبة من الموافقة له؛ ولا يُخرِجه ذلك عن أهل الحق إخراجا مطلقا، بل يُعطَى ما يستحقّه ويوصف بما هو أهله من هذا وهذا، حتى يكون الوزن بالقسطاس المستقيم" (Maj'mû' fatâwâ wa rassâ'ïl Ibn il-'Uthaymîn).

-
Quant à ce que le Cheikh a formulé dans Shar'h ul-'Aqîda al-Wâssitiyya en les termes suivants : "وهذا هو الصحيح؛ أنه لا يُعدّ الأشاعرة والماتريدية فيما ذهبوا إليه في أسماء الله وصفاته من أهل السنة والجماعة. وكيف يُعدّون من أهل السنة والجماعة في ذلك مع مخالفتهم لأهل السنة والجماعة؟ لأنه يقال: إما أن يكون الحق فيما ذهب إليه هؤلاء الأشاعرة والماتريدية، أو الحق فيما ذهب إليه السلف؛ ومن المعلوم أن الحق فيما ذهب إليه السلف؛ لأن السلف هنا هم الصحابة والتابعون وأئمة الهدى من بعدهم. فإذا كان الحق فيما ذهب إليه السلف، وهؤلاء يخالفونهم، صاروا ليسوا من أهل السنة والجماعة في ذلك" (Shar'h ul-'Aqîda al-Wâssitiyya, p. 539), cela ne contredit nullement son dit sus-cité, retranscrit dans Liqâ' ul-bâb il-maftûh : si on lit attentivement, on s'apercevra que, ici aussi, il y a la même nuance que là-bas : c'est seulement "فيما ذهبوا إليه في أسماء الله وصفاته" dont le Cheikh dit qu'ils sont hors Ahl us-Sunna wa-l-Jamâ'ah ; ce n'est pas "mutlaqan" qu'ils seraient hors Ahl us-Sunna wa-l-Jamâ'ah.

Il dit pareillement : "فالأشاعرة مثلا والماتريدية لا يُعدّون من أهل السنة والجماعة في هذا الباب، لأنهم مخالفون لما كان عليه النبي صلى الله عليه وسلم وأصحابه في إجراء صفات الله سبحانه وتعالى على حقيقتها. ولهذا يخطئ من يقول: "إن أهل السنة والجماعة ثلاثة: سلفيون وأشعريون وماتريديون"؛ فهذا خطأ" (Shar'h ul-'Aqîda al-Wâssitiyya, p. 35).
Quant à cette dernière phrase reproduite ici : "ولهذا يخطئ من يقول: "إن أهل السنة والجماعة ثلاثة: سلفيون وأشعريون وماتريديون"؛ فهذا خطأ" (Shar'h ul-'Aqîda al-Wâssitiyya, p. 35), elle rejoint tout à fait ce que là-bas, parlant des Acharites,il a exprimé en les termes suivants : "فلا ينبغي أن نقول "هم من أهل السنة" على الإطلاق" (Liqâ' ul-bâb il-maftûh).

-
Mujâhid ibn Jab'r (rahimahullâh) a dit qu'Allah Ta'âlâ ne sera pas vu dans l'autre monde. Et que les actions des hommes ne seront pas pesées : la mention des Balances n'est qu'un Mathal, dit-il.
Ce sont là deux erreurs dans la 'Aqîda, et ces deux propos ne sont pas conformes à ce que Ahl us-Sunna wa-l-Jamâ'ah disent. Et (sans qu'il le veuille et s'en rende compte), son ijtihad l'a conduit à dire la même chose que ce que les Mutazilites disent sur ces points.

Pourtant, qui dirait, à cause de cela, que Mujâhid ne fait plus partie des Ahl us-Sunna wal-l-Jamâ'ah ?

C'est la même chose en ce qui concerne tous les grands ulémas postérieurs qui ont été Acharites (ou Maturidites) ; parmi lesquels an-Nawawî et tant d'autres (sans oublier que pour ce qui est de an-Nawawî, certains chercheurs - parmi lesquels cheikh Mash'hûr ibn Hassan Âlu Salman - sont d'avis qu'à la fin de sa vie il est revenu à la Croyance des Salaf Sâlih). Erreurs (Khata') dans la 'Aqîda il y a chez ces grands ulémas postérieurs ; et étant des erreurs dans la 'Aqîda liée au Ghayb, elles constituent des Bid'a. Cependant, ces erreurs ne sont pas telles que leurs auteurs en deviendraient des Dhullâl (au sens istilâhî du terme) ; par ailleurs, ils n'ont pas su l'origine de ces croyances erronées.

Dans Mawqifu Ibni Taymiyya min al-ashâ'ira (thèse de doctorat de Abd ur-Rahmân ibn Sâlih Mahmûd, validée à la Jâmi'a al-Imam Ibn Sa'ûd al-Islâmiyya de Riyad, Qism ul-Aqîda) aussi, il est écrit au sujet de Ibn Taymiyya que, à côté des critiques qu'il a faites de certaines des croyances professées par les Acharites, il y a ceci : "أولاً: وصفهم بأنهم من أهل السنة في مقابل المعتزلة والرافضة" : "Le fait qu'(il) les a qualifiés de "Ahl us-Sunna" en comparaison des Mutazilites et des Rafidhites" (Al-Bâb ath-Thânî ; Al-Fasl ul-Awwal).

-

I) Ce que Ibn Taymiyya écrit à propos de l'école acharite :

Ibn Taymiyya écrit à propos du credo acharite :
"وهذا الاعتقاد غالبه موافق لأصول السلف وأهل السنة والجماعة. لكنه مقصر عن ذلك ومتضمن تركَ بعض ما كانوا عليه وزيادةً تخالف ما كانوا عليه"
:
"Et ce credo [acharite] :
-
sa plus grande partie est conforme aux croyances des Salaf et des Ahl us-Sunna wa-l-Jamâ'ah,
- cependant il fait un manquement par rapport à cela, et implique :
--- un délaissement d'une partie de ce sur quoi ils [= les Salaf] étaient,
--- ainsi qu'un rajout contredisant ce sur quoi ils étaient"
(Al-Istiqâma, 1/81-83).

Ces "délaissement" et "rajout", en un mot ces erreurs de l'école acharite en matière de croyances sont-elles de niveau "dhalâl" ?

Parfois on lit que ces erreurs sont, effectivement, en soi de niveau dhalâl, et font que les Acharites sont en soi dhullâl, cependant, ces Acharites (parmi lesquels on trouve d'illustres ulémas) n'auront pas le péché d'avoir eu des croyances de dhalâl, dans la mesure où ils n'ont pas su que c'étaient des erreurs mais croyaient au contraire que c'était la vérité.

Mais la question que nous posons ici concerne un point différent : c'est la question de savoir si ces erreurs sont, en soi, réellement de niveau dhalâl, ou bien de niveau moindre ?

Et à ce sujet on lit sous la plume de Ibn Taymiyya ceci :
"ومما ينبغي أيضا أن يعرف أن الطوائف المنتسبة إلى متبوعين في أصول الدين والكلام على درجات:
منهم من يكون قد خالف السنة في أصول عظيمة،
ومنهم من يكون إنما خالف السنة في أمور دقيقة، ومن يكون قد رد على غيره من الطوائف الذين هم أبعد عن السنة منه؛ فيكون محمودا فيما رده من الباطل وقاله من الحق؛ لكن يكون قد جاوز العدل في رده بحيث جحد بعض الحق وقال بعض الباطل؛ فيكون قد رد بدعة كبيرة ببدعة أخف منها؛ ورد الباطل بباطل أخف منه.
وهذه حال أكثر أهل الكلام المنتسبين إلى السنة والجماعة؛ ومثل هؤلاء إذا لم يجعلوا ما ابتدعوه قولا يفارقون به جماعة المسلمين - يوالون عليه ويعادون -، كان [
ما ابتدعوه] من نوع الخطأ. والله سبحانه وتعالى يغفر للمؤمنين خطأهم في مثل ذلك" :
"Ce qu'il convient également de connaître, c'est que les groupes s'affiliant à des personnages suivis dans les croyances et le Kalâm sont de plusieurs niveaux :
il en est parmi eux qui ont contredit la Sunna dans des grands principes ;
– et il en est parmi eux qui n'ont contredit la Sunna que dans des choses subtiles, et qui (...). Et cela est l'état de la plupart des Ahl ul-Kalâm qui sont affiliés à la Sunna et à la Jamâ'ah. Des gens semblables à ceux-ci, s'ils ne font pas de ce qu'ils ont innové une parole par laquelle ils se détachent du groupe des musulmans – établissant l'amitié et l'inimitié en fonction d'elle
–, ce (qu'ils ont innové) relève de la catégorie de la khata'. Et Dieu, Pureté à Lui et Elevé soit-Il, pardonne aux croyants leur khata' dans des choses semblables [les erreurs sur des choses subtiles]" (MF 3/348-349).

Or, sous la plume de Ibn Taymiyya, les Acharites font bien partie des "أهل الكلام المنتسبين إلى السنة والجماعة". En effet, il écrit : "وقولهم ليس هو قول أحد من أئمة المسلمين؛ ولا قول طائفة مشهورة من طوائف المسلمين كالمالكية والشافعية والحنفية والحنبلية والثورية والداودية والإسحاقية وغيرهم؛ ولا قول طائفة من طوائف المتكلمين من المسلمين: لا المنتسبين إلى السنة كالأشعرية والكرامية، ولا غيرهم كالمعتزلة والشيعة وأمثالهم. وإنما قال ذلك طائفة قليلة انتسبت إلى بعض علماء المسلمين مثل قليل من المالكية والشافعية والحنبلية وهؤلاء غايتهم أن يقولوا بحلول صفة من صفات الله" (Al-Jawâb us-sahîh, 1/223). Les Mutazilites et les Chiites sont eux aussi des Mutakallimûn, mais pas "des Mutakallimûn se réclamant de la Sunna".

Le propos suscité s'applique donc aux Acharites : leurs khata' sont, en soi, des khata' sur des choses subtiles, qui n'entraînent pas le tadhlîl mutlaq de leurs auteurs.

En fait, ces erreurs des Acharites sont :
--- pour la plupart de niveau "khata' qat'î ijtihâdî",
--- et pour certaines autres du niveau qui a été numéroté "B.B.B.2.2.1.c" dans un article précédent (où j'ai exposé que les erreurs sont de plusieurs niveaux, selon la diffusion des textes (shuh'ra) et de la complexité (diqqa) de la question) : il s'agit du niveau où la subtilité (diqqa) de la question fait que, même si on lui a exposé et expliqué la vérité longuement, la personne ne sera pas qualifiée de dhâll tant qu'elle a fait seulement quelques erreurs de ce genre.

Par ailleurs, Ibn Taymiyya a écrit dans d'autres passages (MF 19/213-214 ; 23/346 ; 22/14) que même les erreurs relatives à des grands principes seront pardonnées par Dieu à tout musulman qui n'avait pas les capacités intellectuelles suffisantes pour comprendre la vérité (cf. notre article : Le musulman qui, par ignorance, a adopté une croyance erronée ou pratiqué une action cultuelle innovée, et est mort sans se repentir de cela (puisqu'il le croyait juste), se peut-il qu'il soit puni pour cela par Dieu dans l'au-delà, ou cela lui sera-t-il systématiquement pardonné par Dieu ?).
Dès lors, ce que Ibn Taymiyya veut dire dans ce passage de MF 3/348-349, c'est qu'en soi, ces
points de divergence sont subtils (umûr daqîqa) au point que, parmi tous les musulmans ayant été formés à ces croyances erronées, la plupart d'entre eux (fussent-ils ulémas) n'ont réellement pas les capacités intellectuelles de comprendre que ce sont des erreurs : Dieu leur pardonnera donc ces erreurs.

(Ash-Shâtibî écrit de même :
"وذلك أن هذه الفرق إنما تصير فرقا بخلافها للفرقة الناجية في معنى كلي في الدين وقاعدة من قواعد الشريعة، لا في جزئي من الجزئيات، إذ الجزئي والفرع الشاذ لا ينشأ عنه مخالفة يقع بسببها التفرق شيعا، وإنما ينشأ التفرق عند وقوع المخالفة في الأمور الكلية" (Al-I'tissâm, 2/200-201). "وأما الجزئي فبخلاف ذلك، بل يعد وقوع ذلك من المبتدع له كالزلة والفلتة" (Ibid., 2/201).)

-

II) Dans le droit fil de ce que nous venons de voir : Ibn Taymiyya attribue le qualificatif "Ahl us-Sunna" aux Acharites, avec parfois une nuance :

A) Des Acharites, tantôt Ibn Taymiyya dit qu'"ils sont comptés parmi les Ahl us-Sunna", de façon inconditionnelle (mutlaqan). Et tantôt Ibn Taymiyya accorde le qualificatif "Ahl us-Sunna wa-l-Jamâ'ah par rapport à..." (nisbatan) :

"ومن رزقه الله معرفة ما جاءت به الرسل وبصرا نافذا وعرف حقيقة مأخذ هؤلاء، علم قطعا أنهم يلحدون في أسمائه وآياته وأنهم كذبوا بالرسل وبالكتاب وبما أرسل به رسله. ولهذا كانوا يقولون: "إن البدع مشتقة من الكفر وآيلة إليه"؛ ويقولون: "إن المعتزلة مخانيث الفلاسفة، والأشعرية مخانيث المعتزلة"؛ وكان يحيى بن عمار يقول: "المعتزلة الجهمية الذكور، والأشعرية الجهمية الإناث". ومرادهم: الأشعرية الذين ينفون الصفات الخبرية.
وأما من قال منهم بكتاب "الإبانة" (الذي صنفه الأشعري في آخر عمره
) ولم يظهر مقالة تناقض ذلك، فهذا يعد من أهل السنة" (MF 6/359-360).

Ici on le voit distinguer 3 groupes :
--- les Mutazilites ;
--- les Acharites qui ont fait la négation des Sifât Khabariyya (qui sont seulement : "makhânîth ul-mu'tazila", et donc distincts d'eux) ;
--- les Acharites qui adhèrent à Al-Ibâna de al-Ash'arî.
Et on le voit dire de ceux qui adhèrent à Al-Ibâna qu'"ils sont comptés parmi les Ahl us-Sunna", de façon inconditionnelle (mutlaqan).

-
Dans cet autre passage aussi on le voit distinguer ces mêmes 3 groupes (il dit cependant du groupe des Acharites qui ont fait la négation des Sifât Khabariyya - et qui sont seulement : "makhânîth ul-mu'tazila" - qu'ils sont plus proches des Jahmites [que de la Sunna pure] [ce groupe correspond, dans l'illustration que j'ai réalisée et qui est exposée plus bas, au verre numéro n° 3] :
"ثم أقرب هؤلاء الجهمية: الأشعرية يقولون: إن له صفات سبعا: الحياة والعلم والقدرة والإرادة والكلام والسمع والبصر، وينفون ما عداها. وفيهم من يضم إلى ذلك "اليد" فقط؛ ومنهم من يتوقف في نفي ما سواها [أي ما سوى اليد]؛ وغلاتهم يقطعون بنفي ما سواها [أي ما سوى اليد].
وأما المعتزلة فإنهم ينفون الصفات مطلقا ويثبتون أحكامها" (MF 6/358-359).

-
Or Ibn Taymiyya affirme par ailleurs que Abu-l-Hassan al-Ash'arî a conservé le Kullabisme jusqu'à la fin de sa vie (ce Kullabisme avec lequel Ahmad ibn Hanbal était en profond désaccord) :

--- Même de la Ibâna, Ibn Taymiyya regrette certaines argumentations : "وهذا الكلام، وإن كان أصله من المعتزلة، فقد دخل في كلام المثبتين للصفات، حتى في كلام المنتسبين إلى السنة الخاصة: المنتسبين إلى الحديث والسنة. وهو موجود في كلام كثير من أصحاب مالك والشافعي وأبي حنيفة وأحمد وغيرهم. وهذا من الكلام الذي بقي على الأشعري من بقايا كلام المعتزلة. فإنه خالف المعتزلة لما رجع عن مذهبهم في أصولهم التي اشتهروا فيها بمخالفة أهل السنة، كإثبات الصفات والرؤية، وأن القرآن غير مخلوق، وإثبات القدر، وغير ذلك من مقالات أهل السنة والحديث، وذكر في كتاب "المقالات" أنه يقول بما ذكره عن أهل السنة والحديث. وذكر في "الإبانة" أنه يأتم بقول الإمام أحمد؛ قال: "فإنه الإمام الكامل، والرئيس الفاضل، الذي أبان الله به الحق، وأوضح به المنهاج، وقمع به بدع المبتدعين، وزيغ الزائغين، وشك الشاكين". وقال:"فإن قال قائل: قد أنكرتم قول الجهمية والمعتزلة والقدرية والمرجئة". واحتج في ضمن ذلك بمقدمات سلمها للمعتزلة، مثل هذا الكلام. فصارت المعتزلة وغيرهم من أهل الكلام يقولون: "إنه متناقض في ذلك." وكذلك سائر أهل السنة والحديث يقولون: "إن هذا تناقض، وإن هذه بقية بقيت عليه من كلام المعتزلة." وأصل ذلك هو هذا الكلام" (Minhâj us-sunna, 2/227 - 1/293-294 dans l'édition que je possède).

--- "وأما الأشعري وأئمة أصحابه فإنهم مثبتون لها [أي الصفات الخبرية]، يردون على من ينفيها أو يقف فيها، فضلاً عمن يتأولها. وأما مسألة قيام الأفعال الاختيارية به، فإن ابن كلاب والأشعري وغيرهما ينفونها، وعلى ذلك بنوا قولهم في مسألة القرآن. وبسبب ذلك وغيره تكلم الناس فيهم في هذا الباب بما هو معروف في كتب أهل العلم، ونسبوهم إلى البدعة وبقايا بعض الاعتزال فيهم، وشاع النزاع في ذلك بين عامة المنتسبين إلى السنة من أصحاب أحمد وغيرهم" (Dar'u ta'ârudh il-'aql wa-n-naql, 2/18).

--- " وهذا كما أن أقواما ابتدعوا: "أن حروف القرآن ليست من كلام الله وأن كلام الله إنما هو معنى قائم بذاته هو الأمر والنهي والخبر." وهذا الكلام فاسد بالعقل الصريح والنقل الصحيح (...). وهم يقولون: "إذا عبر عن ذلك الكلام بالعربية صار قرآنا وإذا عبر عنه بالعبرية صار توراة." (...) وهذا القول أوّلُ مَن أحدَثه: ابن كلاب ولكنه هو ومن اتبعه عليه كالأشعري وغيره يقولون مع ذلك: "إن القرآن محفوظ بالقلوب حقيقة متلو بالألسن حقيقة مكتوب في المصاحف حقيقة" (MF 8/423-424).

--- "والأشعري وأمثاله برزخ بين السلف والجهمية: أخذوا من هؤلاء كلاما صحيحا، ومن هؤلاء أصولا عقلية ظنوها صحيحة وهي فاسدة" (MF 16/471).

Ibn Taymiyya dit donc de Abu-l-Hassan al-Ash'arî, en substance, qu'il est compté parmi les Ahl us-Sunna wa-l-Jamâ'ah, mais a fait des erreurs Qat'î par rapport à certains principes qu'il a considérés corrects alors qu'ils sont erronés.

-
Ibn Taymiyya écrit également des Acharites qu'"ils sont, parmi les Mutakallimûn, ceux qui sont les plus proches de la voie des Ahl us-Sunna wa-l-hHadîth" :
"
والأشعرية الأغلب عليهم أنهم مرجئة في باب الأسماء والأحكام، جبرية في باب القدر، وأما في الصفات فليسوا جهمية محضة، بل فيهم نوع من التجهم. والمعتزلة وعيدية في باب الأسماء والأحكام، قدرية في باب القدر، جهمية محضة. واتبعهم على ذلك متأخرو الشيعة، وزادوا عليهم الإمامة والتفضيل، وخالفوهم في الوعيد؛ وهم أيضا يرون الخروج على الأئمة. وأما الأشعرية فلا يرون السيف، موافقة لأهل الحديث؛ وهم في الجملة أقرب المتكلمين إلى مذهب أهل السنة والحديث. والكلابية وكذلك الكرامية فيهم قرب إلى أهل السنة والحديث. وإن كان في مقالة كلٍ، من الأقوال ما يخالف أهل السنة والحديث"
(MF 6/55).
"والأشعري يثبت الصفات كالإرادة فاحتاج إلى الكلام فيها هل هي المحبة أم لا؟ فقال: المعاصي يحبها الله ويرضاها كما يريدها. وذكر أبو المعالي أنه أول من قال ذلك. وأهل السنة قبله على أن الله لا يحب المعاصي. وشاع هذا القول في كثير من الصوفية فوافقوا جهما في مسائل الأفعال والقدر، وخالفوه في الصفات؛ كأبي إسماعيل الأنصاري صاحب ذم الكلام، فإنه من المبالغين في ذم الجهمية في نفي الصفات، وله كتاب في تكفير الجهمية؛ ويبالغ في ذم الأشعرية، مع أنهم من أقرب هذه الطوائف إلى السنة؛ وربما كان يلعنهم؛ وقال بعض الناس بحضرة نظام الملك: أتلعن الأشعرية؟ فقال: "ألعن من يقول ليس في السموات إله، ولا في المصحف قرآن، ولا في القبر نبي"؛ وقام من عنده مغضبا. وهو مع هذا في مسألة إرادة الكائنات وخلق الأفعال أبلغ من الأشعرية: لا يثبت سببا ولا حكمة، بل يقول إن مشاهدة العارف الحكم لا يبق له استحسان حسنة ولا استقباح سيئة؛ والحكم عنده هو المشيئة" (MF 8/230). On voit bien ici que ceux dont Ibn Taymiyya dit ici qu'ils sont, "parmi ces groupes" (qu'ils vient d'évoquer), "les plus proches de la Sunna", et que, pour sa part, Abû Isma'ïl al-Ansârî critiquait beaucoup, ce sont bien les Acharites postérieurs (eux que Abû Ismâ'ïl al-Ansârî désigne en ces termes : "من يقول ليس في السموات إله، ولا في المصحف قرآن، ولا في القبر نبي") !

-
Ibn Taymiyya écrit encore :
"ومع هذا فقد كان أولئك يخالفونهم أيضًا في إنكار أن الله فوق العرش كما تقدم ذكره من كلامهم، لكن لم يأتوا في مناظرتهم بما يقطع مادة التجهم ويقلع عروقه، بل سلموا لهم بعض الأصول التي بنوا عليها التجهم. ومباحثهم في مسألة حدوث العالم والكلام في الأجسام والأعراض هو من الكلام الذي ذمه الأئمة والسلف. حتى قال محمد بن خويزمنداد: "أهل البدع والهواء عند مالك وأصحابه هم أهل الكلام؛ فكل متكلم في الإسلام فهو من أهل البدع والأهواء، أشعريًّا كان أو غير أشعري." وذكر ابن خزيمة وغيره أن الإمام أحمد كان يحذر مما ابتدعه عبد الله بن سعيد بن كلاب وعن أصحابه كالحارث. وذلك لما علموه في كلامهم من المسائل والدلائل الفاسدة. وإن كان في كلامهم من الادلة الصحيحة وموافقة السنة ما لا يوجد في كلام عامة الطوائف.
فإنهم أقرب طوائف أهل الكلام إلى السنة والجماعة والحديث.
وهم يعدون من أهل السنة والجماعة عند النظر الى مثل المعتزلة والرافضة وغيرهم.
بل هم أهل السنة والجماعة في البلاد التي يكون أهل البدع فيها هم المعتزلة والرافضة ونحوهم"

Après avoir relaté le propos de Muhammad ibn Khuwayz-mandâd : "Ahl ul-Bida' wa-l-Ahwâ' sont, d'après Mâlik et les siens : les gens du Kalâm. Tout Mutakallim en islam fait partie des Ahl ul-Bida' wa-l-Ahwâ', qu'il soit Acha'rite ou non-Ach'arite", ainsi qu'un propos de Ahmad ibn Hanbal, Ibn Taymiyya explique ces propos, et ensuite les nuance : "Cela à cause de ce que (ces personnages) ont su, dans leurs paroles [= les paroles des Ach'arites], de propos et d'arguments faux. Même s'il se trouve (aussi) dans leurs paroles, en terme d'arguments justes et de correspondance avec la Sunna, ce qui ne se trouve pas dans les propos de la plupart des groupes. Le fait est que, parmi les groupes de Mutakallimûn, ils sont le groupe qui est le plus proche de la Sunna, de la Jamâ'ah, et du Hadîth.
Et par rapport à ceux qui sont semblables aux Mutazilites, aux Rafidhites et autres qu'eux,
ils sont considérés comme faisant partie des Ahl us-Sunna wa-l-Jamâ'ah.
Et même : dans les pays où les gens de la Bid'a sont les Mutazilites, les Rafidhites et semblables à eux,
ils sont les Ahl us-Sunna wa-l-Jamâ'ah"
(Naqdh Ta'sîs it-Taqdîs, 2/170 dans l'édition que je possède) (également cité dans Mawqifu Ibn Taymiyya min al-ashâ'ira, p. 627).

Ici on voit Ibn Taymiyya accorder aux Acharites le qualificatif "Ahl us-Sunna wa-l-Jamâ'ah" par rapport aux Mutazilites, aux Rafidhites, et semblables...

Il semble bien qu'ici, il parle de ceux des Acharites qu'il a qualifiés ailleurs de : "makhânîth ul-mu'tazila", et qu'il a distingués de ceux des Acharites qui adhèrent à Al-Ibâna : "ويقولون: "إن المعتزلة مخانيث الفلاسفة، والأشعرية مخانيث المعتزلة"؛ وكان يحيى بن عمار يقول: "المعتزلة الجهمية الذكور، والأشعرية الجهمية الإناث". ومرادهم: الأشعرية الذين ينفون الصفات الخبرية. وأما من قال منهم بكتاب "الإبانة" (الذي صنفه الأشعري في آخر عمره) ولم يظهر مقالة تناقض ذلك، فهذا يعد من أهل السنة" (MF 6/359-360).
En effet, plus bas, au point III, on verra qu'il distingue ces groupes en terme de plus ou moins grande proximité avec la Sunna pure : "وفي هذا القسم يدخل أبو الحسن الأشعري وطوائف من أهل الفقه والكلام والحديث والتصوف. وهؤلاء إلى أهل السنة المحضة أقرب منهم إلى الجهمية والرافضة والخوارج والقدرية. (لكن انتسب إليهم طائفة هم إلى الجهمية أقرب منهم إلى أهل السنة المحضة.) فإن هؤلاء ينازعون المعتزلة نزاعا عظيما فيما يثبتونه من الصفات أعظم من منازعتهم لسائر أهل الإثبات فيما ينفونه. وأما المتأخرون فإنهم والوا المعتزلة وقاربوهم أكثر، وقدموهم على أهل السنة والإثبات، وخالفوا أوليهم. ومنهم من يتقارب نفيه وإثباته" (Al-Fatâwâ al-kub'râ).

(La qualification "makhânîth ul-mu'tazila", dont Ibn Taymiyya n'est pas l'inventeur (Mawqif, p. 733), signifie seulement que, par rapport aux Jahmites, qui sont à l'origine de la déviance, les Mutazilites ont repris certains de leurs principes mais les ont adoucis et contredits : en quelque sorte ils ont pris d'eux un greffon déplacé. Et que, par rapport aux Mutazilites, les Acharites ont repris certains de leurs principes mais les ont adoucis et contredits : ils ont pris d'eux un greffon déplacé.)

-
Récapitulatif :

--- Ibn Taymiyya dit que Abu-l-Hassan al-Ash'arî, ainsi que ceux qui suivent complètement sa Ibâna, sont comptés parmi les Ahl us-Sunna wa-l-Jamâ'ah : أما من قال منهم بكتاب "الإبانة" (الذي صنفه الأشعري في آخر عمره) ولم يظهر مقالة تناقض ذلك، فهذا يعد من أهل السنة". Cela malgré qu'il se trouve dans leur credo des erreurs qat'î par rapport à certains principes que al-Ash'arî a considérés corrects alors qu'ils étaient erronés : "وأما الأشعري وأئمة أصحابه فإنهم مثبتون لها [أي الصفات الخبرية]، يردون على من ينفيها أو يقف فيها، فضلاً عمن يتأولها. وأما مسألة قيام الأفعال الاختيارية به، فإن ابن كلاب والأشعري وغيرهما ينفونها، وعلى ذلك بنوا قولهم في مسألة القرآن. وبسبب ذلك وغيره تكلم الناس فيهم في هذا الباب بما هو معروف في كتب أهل العلم، ونسبوهم إلى البدعة وبقايا بعض الاعتزال فيهم، وشاع النزاع في ذلك بين عامة المنتسبين إلى السنة من أصحاب أحمد وغيرهم". Ce qualificatif, Ibn Taymiyya le leur a accordé de façon inconditionnelle (mutlaqan).

--- Dès lors, c'est des Acharites qui se sont rapprochés de l'Itizâl (mais sans pour autant devenir véritablement Mutazilites) que Ibn Taymiyya :
----- dit, d'une part, qu'ils sont des "مخانيث المعتزلة",
----- mais dit aussi, d'autre part, que :
------- "ils sont, parmi les groupes de Mutakallimûn : le groupe qui est le plus proche de la Sunna, de la Jamâ'ah, et du Hadîth ;
------- ils sont considérés, par rapport à ceux qui sont semblables aux Mutazilites, aux Rafidhites et autres qu'eux : comme faisant partie des Ahl us-Sunna wa-l-Jamâ'ah ;
------- et ils sont même, dans les pays où les gens de la Bid'a sont les Mutazilites, les Rafidhites et semblables à eux : LES Ahl us-Sunna wa-l-Jamâ'ah" :
"فإنهم أقرب طوائف أهل الكلام إلى السنة والجماعة والحديث. وهم يعدون من أهل السنة والجماعة عند النظر الى مثل المعتزلة والرافضة وغيرهم. بل هم أهل السنة والجماعة في البلاد التي يكون أهل البدع فيها هم المعتزلة والرافضة ونحوهم".
Lisons bien : ici il a seulement dit qu'ils sont celui des groupes qui est le plus proche des Ahl us-Sunna wa-l-Jamâ'ah, et qu'ils sont comptés comme faisant partie des Ahl us-Sunna wa-l-Jamâ'ah par rapport à...
Et ces Acharites s'étant rapprochés des Mutazilites et ayant délaissé une partie du contenu de Al-Ibâna, il les distingue malgré tout des Mutazilites (puisque n'étant que les Makhânîth de ces derniers, ou n'étant que des Jahmiyya Inâth alors que les Mutazilites sont des Jahmiyya Dhukûr) : "ويقولون: "إن المعتزلة مخانيث الفلاسفة، والأشعرية مخانيث المعتزلة"؛ وكان يحيى بن عمار يقول: "المعتزلة الجهمية الذكور، والأشعرية الجهمية الإناث". ومرادهم: الأشعرية الذين ينفون الصفات الخبرية. وأما من قال منهم بكتاب "الإبانة" (الذي صنفه الأشعري في آخر عمره) ولم يظهر مقالة تناقض ذلك، فهذا يعد من أهل السنة" (MF 6/359-360).

-

B) Certains frères m'ont objecté que, ici, en Naqdh Ta'sîs it-Taqdîs, quand il a dit "les Acharites sont considérés "Ahl us-Sunna" par rapport à...", Ibn Taymiyya emploie en fait ce nom "Ahl us-Sunna" avec le sens très général qu'on lui accorde parfois de "non-rafidhites", et non pas avec le sens particulier qu'il a.

Ibn Taymiyya lui-même a exposé ces 2 sens, général et particulier, de cette dénomination "ahl us-sunna", dans son Minhâj :
"فلفظ "أهل السنة" يراد به: من أثبت خلافة الخلفاء الثلاثة؛ فيدخل في ذلك جميع الطوائف إلا الرافضة. وقد يراد به: أهل الحديث والسنة المحضة؛ فلا يدخل فيه إلا من يثبت الصفات لله تعالى ويقول إن القرآن غير مخلوق، وإن الله يرى في الآخرة، ويثبت القدر، وغير ذلك من الأصول المعروفة عند أهل الحديث والسنة" (Minhâj us-sunna 2/221 - 1/291 dans l'édition que je possède).

Mais la réponse à cette objection est que cette interprétation que ces frères font de ce passage de Naqdh Ta'sîs it-Taqdîs est fausse. Et ce parce que...

Si on retient ce sens général que le commun des musulman confèrent au terme "sunnite" (celui-ci signifiant alors seulement "non-chiite-rafidhite"), alors, même les Mutazilites deviennent des "Sunnites", puisque reconnaissant le califat de Abû Bakr, Omar et 'Uthmân, et aimant ces 3 plus grands Compagnons : "فإن المعتزلة تقر بخلافة الخلفاء الأربعة؛ وكلهم يتولون أبا بكر وعمر وعثمان؛ وكذلك المعروف عنهم أنهم يتولون عليا" (MF 13/97).

Or, dans le passage de Naqdh Ta'sîs it-Taqdîs, c'est "par rapport aux Mutazilites ET aux Rafidhites ET autres qu'eux" que Ibn Taymiyya a qualifié les Acharites de : "Ahl us-Sunna" : "وهم يعدون من أهل السنة والجماعة عند النظر الى مثل المعتزلة والرافضة وغيرهم. بل هم أهل السنة والجماعة في البلاد التي يكون أهل البدع فيها هم المعتزلة والرافضة ونحوهم".

Ibn Taymiyya n'a donc pas attribué ce qualificatif "Ahl us-sunna" aux Acharites avec le sens général que le commun des gens lui confèrent (de simple distinction par rapport aux seuls Rafidhites), mais bien avec le sens particulier qu'il possède.

-

III) En fait il y a bien eu, chez Abu-l-Hassan al-Ash'arî lui-même, "un petit quelque chose de jahmisation" (شيء من التجهّم), qui a augmenté chez certains Acharites postérieurs (je l'ai relaté dans mon article relatif à l'évolution de Abu-l-Hassan al-Ash'arî) :

Ibn Taymiyya expose cela ainsi :
"انتصر للمسائل المشهورة عند أهل السنة التي خالفهم فيها المعتزلة، كمسألة "الرؤية" و "الكلام" وإثبات "الصفات" ونحو ذلك؛ لكن كانت خبرته بالكلام خبرة مفصلة وخبرته بالسنة خبرة مجملة؛ فلذلك وافق المعتزلة في بعض أصولهم التي التزموا لأجلها خلاف السنة واعتقد أنه يمكنه الجمع بين تلك الأصول وبين الانتصار للسنة؛ كما فعل في مسألة الرؤية والكلام والصفات الخبرية وغير ذلك.
(...)
فلما كان في كلامه شوب من هذا وشوب من هذا، صار يقول من يقول: "إن فيه نوعا من التجهم.
وأما من قال: "إن قوله قول جهم"، فقد قال الباطل.
ومن قال: "إنه ليس فيه شيء من قول جهم"، فقد قال الباطل.
والله يحب الكلام بعلم وعدل وإعطاء كل ذي حق حقه وتنزيل الناس منازلهم" :
"Vu qu'il y a eu dans ses propos un mélange de ceci et un mélange de cela, s'est mis à dire celui qui s'est mis à dire : "Il y a eu chez lui un quelque chose de jahmisation".
Quant à celui qui a dit : "Le propos de (al-Ash'arî) est celui de Jahm", celui-là a dit faux.
Et celui qui a dit : "Il n'y a rien chez (al-Ash'arî) de jahmisation", celui-là a dit faux.
Dieu aime la parole qui est dite sur la base d'une connaissance, d'une honnêteté, du fait de donner à chacun ce qui lui revient et d'accorder aux hommes la place qui leur revient"
(MF 12/204-205).

-
Voici un passage de Al-Fatâwâ al-kub'râ où Ibn Taymiyya expose qu'il existe différents degrés de cette "jahmisation" :

"وكذلك الجهمية على ثلاث درجات:

فشرها: الغالية***** الذين ينفون أسماء الله وصفاته؛ وإن سمَّوه بشيء من أسمائه الحسنى، قالوا: "هو مجاز." فهو في الحقيقة عندهم ليس بحي ولا عالم ولا قادر ولا سميع ولا بصير ولا متكلم ولا يتكلم.
(...)

والدرجة الثانية من التجهم: هو تجهم المعتزلة**** ونحوهم، الذين يقرون بأسماء الله الحسنى في الجملة، لكن ينفون صفاته؛ وهم أيضا لا يقرون بأسماء الله الحسنى كلها على الحقيقة، بل يجعلون كثيرا منها على المجاز.

وهؤلاء***** / ****هم الجهمية المشهورون.

وأما الدرجة الثالثة: فهم الصفاتية المثبتون، المخالفون للجهمية****، لكن فيهم نوع من التجهم، كالذين يقرون بأسماء الله وصفاته في الجملة، لكن يردون طائفةً من أسمائه وصفاته الخبرية، أو غير الخبرية، ويتأولونها (كما تأول الأولون صفاته كلها.

ومن هؤلاء مَن يقر بصفاته الخبرية الواردة في القرآن دون الحديث، كما عليه كثير من أهل الكلام والفقه وطائفة من أهل الحديث.
ومنهم مَن يقر بالصفات الواردة في الأخبار أيضا في الجملة، لكن مع نفي وتعطيل لبعض ما ثبت بالنصوص وبالمعقول، وذلك كـأبي محمد بن كلاب ومن اتبعه.

وفي هذا القسم يدخل أبو الحسن الأشعري** وطوائف من أهل الفقه والكلام والحديث والتصوف**؛ وهؤلاء**: إلى أهل السنة المحضة* أقرب منهم إلى الجهمية**** والرافضة والخوارج والقدرية. (لكن انتسب إليهم* طائفة هم إلى الجهمية**** أقرب منهم إلى أهل السنة المحضة.) فإن هؤلاء** ينازعون المعتزلة**** نزاعا عظيما فيما يثبتونه من الصفات أعظم من منازعتهم لسائر أهل الإثبات* فيما ينفونه.
وأما المتأخرون***
فإنهم والوا المعتزلة**** وقاربوهم أكثر، وقدّموهم على أهل السنة والإثبات، وخالفوا أوليهم**. ومنهم من يتقارب نفيه وإثباته"
(Al-Fatâwâ al-kub'râ, 6/371-372 dans l'édition que je possède).
[يمثّلهم: الكأس رقم 1 *]
[يمثلهم: الكأس رقم 2 **]
[يمثلهم: الكأس رقم 3 ***]
[يمثلهم: الكأس رقم 4 ****]
[يمثلهم: الكأس رقم 5 *****]

-
On peut illustrer cela par cette planche (de ma composition), avec plusieurs verres :

ALe verre n° 1 représente la Sunna pure : il ne s'y trouve que de l'eau pure.

A l'autre extrême, le verre n° 5 représente le Jahmisme pur (al-ghâlî) concernant les Noms et Attributs divins : il est rempli de sirop pur. Pour Ibn Taymiyya, le propos des Jahmites au sujet des Noms et Attributs de Dieu constitue du kufr akbar, comme le disait Abdullâh ibn ul-Mubârak (MF 3/350-351). Ibn Taymiyya écrit :
"والمأثور عن السلف والأئمة إطلاق أقوال بتكفير الجهمية المحضة (...). وأما الخوارج والروافض ففي تكفيرهم نزاع وتردد عن أحمد وغيره. وأما القدرية الذين ينفون الكتابة والعلم فكفروهم، ولم يكفروا من أثبت العلم ولم يثبت خلق الأفعال"
(MF 3/352).
"وليس هذا مذهب أحمد ولا غيره من أئمة الإسلام. بل لا يختلف قوله أنه لا يكفر المرجئة الذين يقولون: الإيمان قول بلا عمل. ولا يكفر من يفضل عليا على عثمان. بل نصوصه صريحة بالامتناع من تكفير الخوارج والقدرية وغيرهم. وإنما كان يكفر الجهمية المنكرين لأسماء الله وصفاته؛ لأن مناقضة أقوالهم لما جاء به الرسول صلى الله عليه وسلم ظاهرة بينة؛ ولأن حقيقة قولهم تعطيل الخالق. وكان قد ابتلي بهم حتى عرف حقيقة أمرهم وأنه يدور على التعطيل. وتكفير الجهمية مشهور عن السلف والأئمة. لكن ما كان يكفر أعيانهم. فإن الذي يدعو إلى القول أعظم من الذي يقول به؛ والذي يعاقب مخالفه أعظم من الذي يدعو فقط؛ والذي يكفر مخالفه أعظم من الذي يعاقبه! ومع هذا فالذين كانوا من ولاة الأمور يقولون بقول الجهمية: "إن القرآن مخلوق وإن الله لا يرى في الآخرة" وغير ذلك، ويدعون الناس إلى ذلك ويمتحنونهم ويعاقبونهم إذا لم يجيبوهم ويكفرون من لم يجبهم (حتى أنهم كانوا إذا أمسكوا الأسير لم يطلقوه حتى يقر بقول الجهمية: "إن القرآن مخلوق" وغير ذلك، ولا يولون متوليا ولا يعطون رزقا من بيت المال إلا لمن يقول ذلك)؛ ومع هذا فالإمام أحمد رحمه الله تعالى ترحم عليهم واستغفر لهم، لعلمه بأنهم لمن يبين لهم أنهم مكذبون للرسول ولا جاحدون لما جاء به، ولكن تأولوا فأخطئوا وقلدوا من قال لهم ذلك. وكذلك الشافعي، لما قال لحفص الفرد حين قال: "القرآن مخلوق": "كفرت بالله العظيم"، بيّن له أن هذا القول كفر، ولم يحكم بردة حفص بمجرد ذلك، لأنه لم يتبين له الحجة التي يكفر بها"
(MF 23/348-349).
"ومقالات الجهمية هي من هذا النوع فإنها جحد لما هو الرب تعالى عليه ولما أنزل الله على رسوله. وتغلظ مقالاتهم من ثلاثة أوجه: أحدها: أن النصوص المخالفة لقولهم في الكتاب والسنة والإجماع كثيرة جدا مشهورة وإنما يردونها بالتحريف. الثاني: أن حقيقة قولهم تعطيل الصانع وإن كان منهم من لا يعلم أن قولهم مستلزم تعطيل الصانع، فكما أن أصل الإيمان الإقرار بالله فأصل الكفر الإنكار لله. الثالث: أنهم يخالفون ما اتفقت عليه الملل كلها وأهل الفطر السليمة كلها. لكن مع هذا قد يخفى كثير من مقالاتهم على كثير من أهل الإيمان حتى يظن أن الحق معهم لما يوردونه من الشبهات" (MF 3/354-355).

Le verre n° 4 est rempli d'eau mêlée à une quantité importante de sirop : cela représente le Mutazilisme en ce qui concerne le chapitre des Noms et Attributs divins : certains ulémas sunnites ont qualifié les Mutazilites de :"مخانيث الجهمية" (Ibn Taymiyya : "فالمعتزلة في الصفات: مخانيث الجهمية. وأما الكلابية: فيثبتون الصفات في الجملة، وكذلك الأشعريون؛ ولكنهم - كما قال الشيخ أبو إسماعيل الأنصاري - "الجهمية الإناث"؛ وهم مخانيث المعتزلة" : 14/348-349) (certains autres les ont qualifiés de : "مخانيث الفلاسفة" : MF 6/359 ; et ce parce qu'ils n'ont pas su que, avant ces Falâssifa, les Jahmites avaient déjà avancé ce principe : "ومن الناس من يقول: "المعتزلة مخانيث الفلاسفة"، لأنه لم يعلم أن جهما سبقهم إلى هذا الأصل، أو لأنهم مخانيثهم من بعض الوجوه. والشهرستاني يذكر أنهم أخذوا ما أخذوا عن الفلاسفة؛ لأنه إنما يرى مناظرةَ أصحابِه الأشعريةِ معهم؛ بخلاف أئمة السنة، فإن مناظرتهم إنما كانت مع الجهمية. وهم المشهورون عند السلف بنفي الصفات؛ وبهذا تميزوا عند السلف عن سائر الطوائف" : MF 8/227-228). Ces ulémas voulaient dire par là que les Mutazilites sont des hybrides, ayant pris des Jahmites un greffon déplacé, sans pour autant nier, pour leur part, les Noms de Dieu (comme le font les Jahmites).
Cependant, ailleurs Ibn Taymiyya dit que, dans le chapitre des Attributs divins, les Mutazilites sont de Purs Jahmites : "والأشعرية الأغلب عليهم أنهم مرجئة في باب الأسماء والأحكام، جبرية في باب القدر، وأما في الصفات فليسوا جهمية محضة، بل فيهم نوع من التجهم. والمعتزلة وعيدية في باب الأسماء والأحكام، قدرية في باب القدر، جهمية محضة" (MF 6/55) ; "وإنما اشتهرت مقالتهم من حين محنة الإمام أحمد وغيره من علماء السنة، فإنهم في إمارة المأمون قووا وكثروا. فإنه قد كان بخراسان مدة واجتمع بهم، ثم كتب بالمحنة من طرسوس سنة ثمانية عشرة ومائتين، وفيها مات. وردوا أحمد إلى الحبس ببغداد إلى سنة عشرين ومائتين، وفيها كانت محنته مع المعتصم، ومناظرته لهم. فلما رد عليهم ما احتجوا به، وذكر أن طلبهم من الناس أن يوافقوهم وامتحانهم إياهم جهل وظلم، وأراد المعتصم إطلاقه فأشار عليه من أشار بأن المصلحة ضربه لئلا تنكسر حرمة الخلافة؛ فلما ضربوه، قامت الشناعة في العامة، وخافوا فأطلقوه. وكان ابن أبي دؤاد قد جمع له نفاة الصفات من جميع الطوائف. وعلماء السنة كابن المبارك وأحمد وإسحاق والبخاري يسمون هؤلاء جميعهم: "جهمية". وصار كثير من المتأخرين من أصحاب أحمد وغيرهم يظنون أن خصومه كانوا هم المعتزلة. وليس كذلك؛ بل المعتزلة نوع منهم. والمقصود هنا أن جهما اشتهر عنه بدعتان: إحداهما: نفي الصفات؛ والثانية: الغلو في القدر والإرجاء" (MF 8/229).
Les Mutazilites ne sont pas qualifiés de "sunnites" (au sens particulier du terme) : évidemment pas "en soi", mais pas non plus "par rapport à...". (Certes, les Mutazilites sont bien qualifiés de "sunnites", mais cela au sens général du terme : "non-rafidhites". Or ce n'est pas de ce sens général que l'on parle ici.)...

Le verre n° 3 représente la posture des Acharites postérieurs qui se sont, sans s'en rendre compte, rapprochés des croyances Mutazilites dans le chapitre des Attributs Divins, et que certains ulémas sunnites ont donc qualifiés de : "مخانيث المعتزلة" (MF 6/359 : Ibn Taymiyya précise bien : "ومرادهم: الأشعرية الذين ينفون الصفات الخبرية"). C'est par rapport aux verres n° 4 et n° 5 que ce verre n° 3 est appelé : "verre d'eau". Ceci rejoint le passage suscité de Naqdh Ta'sîs it-taqdîs : c'est par rapport aux Mutazilites que ces Acharites sont qualifiés de "sunnites" (au sens particulier du terme).

Le verre n° 2 représente quant à lui la posture de Ibn Kullâb et Abu-l-Hassan al-Asha'rî à propos des Sifât fi'liyya : Ibn Taymiyya dit d'eux qu'"ils ont un quelque chose de la jahmisation" (فيهم شيء من التجهم), mais également qu'"ils sont plus proches des Gens de la pure Sunna que des Jahmites" : "وهؤلاء: إلى أهل السنة المحضة، أقرب منهم إلى الجهمية والرافضة والخوارج والقدرية" (Al-Fatâwâ al-kub'râ, ci-dessus). On retrouve donc dans ce verre n° 2 une petite trace de sirop, mais ce qui domine c'est bien l'eau. Au point que ce verre n° 2 est appelé : "un verre d'eau".

-
On relève que même Abu-l-Hassan al-Ash'arî, auteur de la Ibâna (voir plus haut), Ibn Taymiyya l'a classé parmi les Jahmiyya : "وكذلك الجهمية على ثلاث درجات" ; mais en fait il veut dire ici : "ceux qui ont pris des enseignements de Jahm : soit la totalité, soit une petite partie". Car on relève aussi, dans ce même propos de Al-Fatâwâ al-kub'râ, que ceux que j'ai représentés par les verres 2 et 3 sont tous deux qualifiés par Ibn Taymiyya de "Sifâtiyya muthbitûn, mukhâlifûna li-l-Jahmiyya".

Remarquons bien, d'ailleurs, que, ceux des Acharites qui font la négation des Sifât Khabariyya, Ibn Taymiyya les a qualifiés non pas de "Mu'tazila", mais de : "Makhânîth ul-Mu'tazila" !
On voit bien la différence entre le verre n° 2, le verre n° 3 et le verre n° 4 dans les propos suivants de Ibn Taymiyya :
"ثم أقرب هؤلاء الجهمية: الأشعرية يقولون: إن له صفات سبعا: الحياة والعلم والقدرة والإرادة والكلام والسمع والبصر، وينفون ما عداها. وفيهم من يضم إلى ذلك "اليد" فقط؛ ومنهم من يتوقف في نفي ما سواها
[أي ما سوى اليد]؛ وغلاتهم يقطعون بنفي ما سواها [أي ما سوى اليد].وأما المعتزلة فإنهم ينفون الصفات مطلقا ويثبتون أحكامها" (MF 6/358-359).
"ولهذا كانوا يقولون: "إن البدع مشتقة من الكفر وآيلة إليه"؛ ويقولون: "إن المعتزلة مخانيث الفلاسفة، والأشعرية مخانيث المعتزلة"؛ وكان يحيى بن عمار يقول: "المعتزلة الجهمية الذكور، والأشعرية الجهمية الإناث". ومرادهم: الأشعرية الذين ينفون الصفات الخبرية. وأما من قال منهم بكتاب "الإبانة" (الذي صنفه الأشعري في آخر عمره) ولم يظهر مقالة تناقض ذلك، فهذا يعد من أهل السنة" (MF 6/359-360).

-

IV) En fait Ibn Taymiyya raisonne toujours en termes de détermination de la quantité d'éloignement par rapport à la vérité :

"ومما ينبغي أيضا أن يعرف أن الطوائف المنتسبة إلى متبوعين في أصول الدين والكلام على درجات:
منهم من يكون قد خالف السنة في أصول عظيمة،
ومنهم من يكون إنما خالف السنة في أمور دقيقة، ومن يكون قد رد على غيره من الطوائف الذين هم أبعد عن السنة منه؛ فيكون محمودا فيما رده من الباطل وقاله من الحق؛ لكن يكون قد جاوز العدل في رده بحيث جحد بعض الحق وقال بعض الباطل؛ فيكون قد رد بدعة كبيرة ببدعة أخف منها؛ ورد الباطل بباطل أخف منه.
وهذه حال أكثر أهل الكلام المنتسبين إلى السنة والجماعة.
ومثل هؤلاء إذا لم يجعلوا ما ابتدعوه قولا يفارقون به جماعة المسلمين - يوالون عليه ويعادون -، كان من نوع الخطأ. والله سبحانه وتعالى يغفر للمؤمنين خطأهم في مثل ذلك"
(MF 3/348-349) (déjà cité plus haut).

Sous la plume de Ibn Taymiyya, les Acharites font bel et bien partie des "أهل الكلام المنتسبين إلى السنة والجماعة". Ce propos s'applique donc entièrement aux Acharites : leurs khata' sont des khata' sur des choses subtiles, et qui n'autorisent pas (comme je le disais en début d'article) le tadhlîl de leurs auteurs.

-
Dans Dar'u ta'ârudh il-'aql wa-n-naql, Ibn Taymiyya écrit :

"مع أنه يمكن بيان أن قول الأشعري وأصحابه: أقرب إلى صحيح المعقول من قول المعتزلة.
كما يمكن أن يبين أن قول المعتزلة: أقرب إلى صريح المعقول من قول الفلاسفة.

لكن هذا يفيد أن هذا القول أقرب إلى المعقول وإلى الحق؛ لا يفيد أنه هو الحق في نفس الأمر.

فهذا ينتفع به مَن ناظَرَ الطاعنَ على الأشعرية (من المعتزلة)، والطاعنَ على المعتزلة (من الفلاسفة): فتُبَيِّنُ له أن قول هؤلاء خير من قول أصحابك.

فإنه كما أن كل من كان أقرب إلى السنة فقوله أقرب إلى الأدلة الشرعية، فكذلك قوله أقرب إلى الأدلة العقلية.

ولا ريب أن هذا مما ينبغي سلوكه. فكل قول أو قائل كان إلى الحق أقرب، فإنه يبين رجحانه على ما كان عن الحق أبعد. ألا ترى أن الله تعالى لما نصر الروم على الفرس - وكان هؤلاء أهل الكتاب، وهؤلاء أهل أوثان -، فرح المؤمنون بنصر الله لمن كان إلى الحق أقرب على من كان عنه أبعد.

وأيضاً فيمكن القريب إلى الحق أن ينازع البعيد عنه في الأصل الذي احتج به عليه البعيد، وأن يوافق القريب إلى الحق للسلف الأول الذين كانوا على الحق مطلقاً" (Dar'u ta'ârudh il-'aql wa-n-naql, 7/236-239).

-
ابن كلاب إمام الأشعرية أكثر مخالفة لجهم وأقرب إلى السلف من الأشعري نفسه.
والأشعري أقرب إلى السلف من القاضي أبي بكر الباقلاني.
والقاضي أبو بكر وأمثاله أقرب إلى السلف من أبي المعالي وأتباعه.
فإن هؤلاء نفوا الصفات: كالاستواء والوجه واليدين، ثم اختلفوا هل تتأول أو تفوض؟ على قولين أو طريقين. فأوّلُ قولي أبي المعالي هو تأويلها كما ذكر ذلك في "الإرشاد"، وآخر قوليه تحريم التأويل - ذكر ذلك في "الرسالة النظامية" واستدل بإجماع السلف على أن التأويل ليس بسائغ ولا واجب.
وأما الأشعري نفسه وأئمة أصحابه فلم يختلف قولهم في إثبات الصفات الخبرية وفي الرد على من يتأولها كمن يقول: استوى بمعنى استولى. وهذا مذكور في كتبه كلها كـ"الموجز الكبير" و "المقالات الصغيرة والكبيرة" و "الإبانة" وغير ذلك. وهكذا نقل سائر الناس عنه، حتى المتأخرون كالرازي والآمدي: ينقلون عنه إثبات الصفات الخبرية ولا يحكون عنه في ذلك قولين.
فمن قال: "إن الأشعري كان ينفيها وأن له في تأويلها قولين"، فقد افترى عليه.
ولكن هذا فعل طائفة من متأخري أصحابه كأبي المعالي ونحوه؛ فإن هؤلاء أدخلوا في مذهبه أشياء من أصول المعتزلة"
:
"
Ibn Kullâb – le imam des Ash'arites – a davantage contredit Jahm et est plus proche des Salaf que al-Ash'arî lui-même [ne l'est].
Et al-Ash'arî est plus proche des Salaf que al-qâdhî Abû Bakr al-Bâqillânî.
Et al-qâdhî Abû Bakr al-Bâqillânî et ses semblables sont plus proches des Salaf que Abu-l-Ma'âlî et ses disciples ; car ces derniers ont fait la négation des Sifât telles que al-Istiwâ', al-Waj'h et al-Yadayn, puis ont divergé quant à savoir s'ils feraient la ta'wîl ou la tafwîdh, laissant deux avis ou deux voies. (...)"
(MF 12/202-203).

-

VI) Deux autres écrits de Ibn Taymiyya où il évoque ce que certains ulémas Acharites ont apporté :

"وهذا الذي نقلوه - من إنكار أبي حامد وغيره على القاضي أبي بكر الباقلاني - هو بسبب هذا الأصل. وجرى له بسبب ذلك أمور أخرى، وقام عليه الشيخ أبو حامد والشيخ أبو عبد الله بن حامد وغيرهما من العلماء من أهل العراق وخراسان والشام وأهل الحجاز ومصر، مع ما كان فيه من الفضائل العظيمة والمحاسن الكثيرة والرد على الزنادقة والملحدين وأهل البدع، حتى إنه لم يكن في المنتسبين إلى ابن كلاب والأشعري أجل منه ولا أحسن كتباً وتصنيفاً، وبسببه انتشر هذا القول، وكان منتسباً إلى الإمام أحمد وأهل السنة وأهل الحديث والسلف، مع انتسابه إلى مالك والشافعي وغيرهما من الأئمة حتى كان يكتب في بعض أجوبته: "محمد بن الطيب الحنبلي" وكان بينه وبين أبي الحسن التميمي وأهل بيته وغيرهم من التميميين من الموالاة والمصافاة ما هو معروف، كما تقدم ذكر ذلك. ولهذا غلب على التميميين موافقته في أصوله. ولما صنف أبو بكر البيهقي كتابه في مناقب الإمام أحمد - وأبو بكر البيهقي موافق لابن الباقلاني في أصوله - ذكر أبو بكر اعتقاد أحمد الذي صفنه أبو الفضل عبد الواحد بن أبي الحسن التميمي، وهو مشابه لأصول القاضي أبي بكر، وقد حكى عنه أنه كان إذا درس مسألة الكلام على أصول ابن كلاب والأشعري يقول: "هذا الذي ذكره أبو الحسن أشرحه لكم وأنا لم تتبين لي هذه المسألة" فكان يحكى عنه الوقف فيها، إذ له في عدة من المسائل قولان وأكثركما تنطق بذلك كتبه. ومع هذا تكلم فيه أهل العلم، وفي طريقته التي أصلها هذه المسألة مما يطول وصفه، كما تكلم من قبل هؤلاء في ابن كلاب ومن وافقه، حتى ذكر أبو إسماعيل الأنصاري قال: سمعت أحمد بن أبي رافع وخلقاً يذكرون شدة أبي حامد - يعني الإسفرايني - على ابن الباقلاني، قال: "وأنا بلغت رسالة أبي سعد إلى ابنه سالم ببغداد: ،إن كنت تريد أن
ترجع إلى هراة، فلا تقرب الباقلاني"،. قال: وسمعت الحسين بن أبي أمامة المالكي يقول: سمعت أبي يقول: "لعن الله أبا ذر الهروي، فإنه أول من حمل الكلام إلا الحرم، وأول من بثه في المغاربة.
قلت: أبو ذر فيه من العلم والدين والمعرفة بالحديث والسنة وانتصابه لرواية البخاري عن شيوخه الثلاثة وغير ذلك من المحاسن والفضائل ما هو معروف به. وكان قد قدم إلى بغداد من هراة، فأخذ طريقة ابن الباقلاني وحملها إلى الحرم، فتكلم فيه وفي طريقته من تكلم - كأبي نصر السجزي، وأبي القاسم سعد بن علي الزنجاني وأمثالهما من أكابر أهل العلم والدين - لما ليس هذا موضعه، وهو ممن يرجح طريقة الصبغي والثقفي على طريقة ابن خزيمة وأمثاله من أهل الحديث. وأهل المغرب كانوا يحجون فيجتمعون به ويأخذون عنه الحديث وهذه الطريقة ويدلهم على أصلها، فيرحل منهم من يرحل إلى المشرق، كما رحل أبو الوليد الباجي فأخذ طريقة أبو جعفر السمناني الحنفي صاحب القاضي أبي بكر، ورحل بعده القاضي أبو بكر بن العربي فأخذ طريقة أبي المعالي في الإرشاد.
ثم إنه ما من هؤلاء إلا من له في الإسلام مساع مشكورة، وحسنات مبرورة، وله في الرد على كثير من أهل الإلحاد والبدع، والانتصار لكثير من أهل السنة والدين ما لا يخفى على من عرف أحوالهم، وتكلم فيهم بعلم وصدق وعدل وإنصاف، لكن لما التبس عليهم هذا لأصل المأخوذ ابتداء عن المعتزلة، وهم فضلاء عقلاء احتاجوا إلى طرده والتزام لوازمه، فلزمهم بسبب ذلك من الأقوال ما أنكره المسلمون من أهل العلم والدين، وصار الناس بسبب ذلك: منهم من يعظمهم، لما لهم من المحاسن والفضائل، ومنهم من يذمهم، لما وقع في كلامهم من البدع والباطل، وخيار الأمور أوساطها.
وهذا ليس مخصوصاً بهؤلاء، بل مثل هذا وقع لطوائف من أهل العلم والدين، والله تعالى يتقبل من جميع عباده المؤمنين الحسنات ويتجاوز لهم عن السيئات، {ربنا اغفر لنا ولإخواننا الذين سبقونا بالإيمان ولا تجعل في قلوبنا غلا للذين آمنوا ربنا إنك رؤوف رحيم}. ولا ريب أن من اجتهد في طلب الحق والدين من جهة الرسول صلى الله عليه وسلم، وأخطأ في بعض ذلك فالله يغفر له خطأه، تحقيقاً للدعاء الذي استجابه الله لنبيه وللمؤمنين حيث قالوا: {ربنا لا تؤاخذنا إن نسينا أو أخطأنا}.
ومن اتبع ظنه وهواه فأخذ يشنع على من خالفه بما وقع فيه مِن خطأ ظنّه صواباً بعد اجتهاده، وهو من البدع المخالفة للسنة، فإنه يلزمه نظير ذلك أو أعظم أو أصغر فيمن يعظمه هو من أصحابه، فقلّ من يسلم من مثل ذلك في المتأخرين، لكثرة الاشتباه والاضطراب وبُعد الناس عن نور النبوة وشمس الرسالة الذي به يحصل الهدى والصواب ويزول به عن القلوب الشك والارتياب. ولهذا تجد كثيراً من المتأخرين من علماء الطوائف يتناقضون في مثل هذه الأصول ولوازمها: فيقولون القولَ الموافق للسنة وينفون ما هو من لوازمه غير ظانين أنه من لوازمه؛ ويقولون ما ينافيه غير ظانين أنه ينافيه؛ ويقولون بملزومات القول المنافي ما أثبتوه من السنة. وربما كفّروا من خالفهم في القول المنافي وملزوماته؛ فيكون مضمون قولهم أن يقولوا قولاً ويكفّروا من يقوله. وهذا يوجد لكثير منهم في الحال الواحد، لعدم تفطنه لتناقض القولين؛ ويوجد في الحالين، لاختلاف نظره واجتهاده"
(Dar'u ta'ârudh il-'aql wa-n-naql, 2/386-387).

"فأما الطريقة التي لخاصة المسلمين أهل الوراثة النبوية والخلافة الرسالية أهل السنة ظاهرا وباطنا المقتبسين من مشكاة الرسالة أهل العلم والإيمان الذين يرون أن ما أنزل إلى محمد صلى الله عليه وسلم هو الحق من ربهم الذين قذف الله في قلوبهم من نوره ما أبصروا به وأيقنوا بحقائق ما جاء به الرسول صلى الله عليه وسلم، فهؤلاء لم يصل أبو حامد [الغزالي] إلى معرفتهم ومعرفة طريقهم، وإن كان يومئ إليهم جملة لا تفصيلا ويشتاق إلى سبيلهم لكونه كان قليل المعرفة بالحديث والآثار والمعرفة لمعانيها؛ وكان يقول: "بضاعتي من الحديث مزجاة"، كما نقل عنه أبو بكر بن العربي أنه سمعه منه. ولهذا في كتبه من المنقولات المكذوبة الموضوعة ما شاء الله، مع أن تلك الأبواب يكون فيها من الأحاديث الصحيحة ما فيه كفاية وشفاء. ومن ذلك هذا النقل الذي نقله عن أحمد: فإنه نقله عن مجهول لا يعرف وذلك المجهول أرسله إرسالا عن أحمد. ولا يتنازع من يعرف أحمد وكلامه أن هذا كذب مفترى عليه. ونصوصه المنقول عنه بنقل الثقات الأثبات والمتواتر عنه يرد هذا الهذيان الذي نقله عنه. بل إذا كان أبو حامد ينقل عن رسول الله صلى الله عليه وسلم وعن الصحابة والتابعين من الأكاذيب ما لا يحصيه إلا الله، فكيف ما ينقله عن مثل أحمد؟ ولم يكن ممن يتعمد الكذب، فإنه كان أجل قدرا من ذلك؛ وكان من أعظم الناس ذكاء وطلبا للعلم وبحثا عن الأمور ولما قاله كان من أعظم الناس قصدا للحق وله من الكلام الحسن المقبول أشياء عظيمة بليغة ومن حسن التقسيم والترتيب ما هو به من أحسن المصنفين؛ لكن لكونه لم يصل إلى ما جاء به الرسول صلى الله عليه وسلم من الطرق الصحيحة، كان ينقل ذلك بحسب ما بلغه، لاسيما مع هذا الأصل الفاسد إذ جعل النبوات فرعا على غيرها. وقد قيل عنه: "إن كثيرا مما يذكر في كتبه مما كان يسمعه من بعض القصاص والوعاظ أو السوال والشحاذين وبعض العباد والزهاد"؛ وقد قال الإمام أحمد: "أكذب الناس على رسول الله صلى الله عليه وسلم القصاص والسوال؛ وكذلك أحاديث العباد الذين لا يضبطون مردوده" (Naqdhu Assâs it-taqdîs).

-

VI) Un autre écrit de Ibn Taymiyya où il dit clairement que, en ce qui concerne les Sifât khabariyya, Abu-l-Hassan al-'Asha'rî est encore plus proche du credo correct que certains Hanbalites postérieurs (tels que Ibn 'Aqîl et Ibn ul-Jawzî) le sont :

"وكان الأشعري أقرب إلى مذهب أحمد بن حنبل وأهل السنة من كثير من المتأخرين المنتسبين إلى أحمد الذين مالوا إلى بعض كلام المعتزلة كابن عقيل، وصدقة بن الحسين، وابن الجوزي، وأمثالهم" (Dar' ut-ta'ârudh, 1/270).

"وأبو الحسن الأشعري لما رجع عن مذهب المعتزلة سلك طريقة ابن كلاب، ومال إلى أهل السنة والحديث، وانتسب إلى الإمام أحمد، كما قد ذكر ذلك في كتبه كلها، كـالإبانة والموجز والمقالات وغيرها، وكان مختلطاً بأهل السنة والحديث كاختلاط المتكلم بهم، بمنزلة ابن عقيل عند متأخريهم.
لكن الأشعري وأئمة أصحابه: أتبع لأصول الإمام أحمد وأمثاله من أئمة السنة، من مثل ابن عقيل في كثير من أحواله، وممن اتبع ابن عقيل كـأبي الفرج ابن الجوزي في كثير من كتبه"
(Dar' ut-ta'ârudh, 2/16).

-

VII) Ibn Taymiyya dit même que certains Muhaddithûn (Hanbalites ou non) sont allés trop loin dans l'affirmation des Sifât, étant alors dans l'erreur dans la Ithbât, alors que les Mutakallimûn ont été dans l'erreur dans le Naf'y :

"لكن يوجد في أهل الحديث مطلقا (من الحنبلية وغيرهم) من الغلط في الإثبات: أكثر مما يوجد في أهل الكلام. ويوجد في أهل الكلام من الغلط في النفي: أكثر مما يوجد في أهل الحديث" (MF 17/363).

-
"أما باب الصفات والتوحيد: فالنفي فيه: في الجملة قول الفلاسفة والمعتزلة وغيرهم من الجهمية، وإن كان بين الفلاسفة والمعتزلة نوع فرق (وكذلك بين البغداديين والبصريين اختلاف في السمع والبصر هل هو علم أو إدراك غير العلم؟ وفي الإرادة). وهذا: المذهب الذي يسميه السلف "قول جهم"، لأنه أول من أظهره في الإسلام. وقد بينت إسناده فيه في غير هذا الموضع: أنه متلقى من الصابئة الفلاسفة والمشركين البراهمة واليهود السحرة.

والإثبات
: في الجملة مذهب "الصفاتية": من الكلابية والأشعرية والكرامية وأهل الحديث وجمهور الصوفية والحنبلية وأكثر المالكية والشافعية إلا الشاذ منهم وكثير من الحنفية أو أكثرهم، وهو قول [السالمية.
لكن الزيادة في الإثبات إلى حد التشبيه هو قول الغالية من الرافضة ومن جهال أهل الحديث وبعض المنحرفين.

وبين نفي الجهمية وإثبات المشبهة: مراتب" (MF 6/51).

-

VIII) Et, certes, sur le point des Sifât fi'liyya, al-Ash'arî a fait l'erreur susmentionnée de suivre le Kullabisme. Mais sur ce point, les ulémas postérieurs des autres écoles (y compris les Hanbalites et les Zahirites) aussi se sont scindés en 2 groupes : l'un a suivi le Kullabisme (comme l'a fait al-Ash'arî), l'autre pas :

"وشاع النزاع في ذلك بين عامة المنتسبين إلى السنة من أصحاب أحمد وغيرهم.

وقد ذكر أبو بكر عبد العزيز في كتاب الشافعي عن أصحاب أحمد في معنى أن القرآن غير مخلوق قولين مبنيين على هذا الأصل:
أحدهما: أنه قديم لا يتعلق بمشيئته وقدرته
والثاني: أنه لم يزل متكلماً إذا شاء.
وكذلك ذكر أبو عبد الله بن حامد قولين.
وممن كان يوافق على نفي ما يقوم به من الأمور المتعلقة بمشيئته وقدرته كقول ابن كلاب: أبو الحسن التميمي وأتباعه والقاضي أبو يعلى وأتباعه كـابن عقيل وأبي الحسن بن الزاغوني وأمثالهم، وإن كان في كلام القاضي ما يوافق هذه تارة وهذا تارة.
وممن كان يخالفهم في ذلك: أبو عبد الله بن حامد، وأبو بكر عبد العزيز وأبو عبد الله بن بطة وأبو عبد الله بن منده وأبو نصر السجزي ويحيى بن عمار السجستاني وأبو إسماعيل الأنصاري وأمثالهم.

والنزاع في هذا الأصل: بين أصحاب مالك وبين أصحاب الشافعي وبين أصحاب أبي حنيفة، وبين أهل الظاهر أيضاً، فداود بن علي صاحب المذهب وأئمتهم على إثبات ذلك، وأبو محمد بن حزم على المبالغة في إنكار ذلك" (Dar' ut-ta'ârudh, 2/18-19).

-

IX) Ibn Taymiyya relate avoir agi pour rapprocher, à Damas, les Acharites et ceux qui sont restés complètement sur le credo de Ahmad ibn Hanbal :

Ibn Taymiyya a cité le fait que, avant la Fitna Qushayriyya* à Bagdad, les Acharites et ceux qui sont restés complètement sur le credo de Ahmad ibn Hanbal s'entendaient [assez] bien.
(* On trouve une première Fitna qui débute en l'an 445, à l'occasion de laquelle Abu-l-Qâssim al-Qushayrî rédigera une épître ; et une seconde, avec Abû Nasr ibn ul-Qushayrî, qui commence en l'an 469. )

Ibn Taymiyya relate aussi qu'il a cherché à rapprocher les uns des autres à Damas, et ce par le fait de les inviter à ce à quoi ils sont sensés adhérer : lorsqu'il a montré le credo de al-Ash'arî aux hanbalites de Damas, ceux-ci se sont exclamés : "Ce (propos) est encore meilleur que le propos de al-Muwaffaq [= Ibn Qudâma al-hanbalî] !"

"وأظهرت ما ذكره ابن عساكر في مناقبه أنه لم تزل الحنابلة والأشاعرة متفقين إلى زمن القشيري؛ فإنه لما جرت تلك الفتنة ببغداد تفرقت الكلمة. ومعلوم أن في جميع الطوائف من هو زائغ ومستقيم.
مع أني في عمري إلى ساعتي هذه لم أدع أحدا قط في أصول الدين إلى مذهب حنبلي وغير حنبلي، ولا انتصرت لذلك، ولا أذكره في كلامي، ولا أذكر إلا ما اتفق عليه سلف الأمة وأئمتها"
(MF 3/228-229).

"والناس يعلمون أنه كان بين الحنبلية والأشعرية وحشة ومنافرة. وأنا كنت من أعظم الناس تأليفا لقلوب المسلمين وطلبا لاتفاق كلمتهم واتباعا لما أمرنا به من الاعتصام بحبل الله.
وأَزَلِتُ عامة ما كان في النفوس من الوحشة، وبيّنت لهم أن الأشعري كان من أجل المتكلمين المنتسبين إلى الإمام أحمد رحمه الله ونحوه المنتصرين لطريقه كما يذكر الأشعري ذلك في كتبه"
(MF 3/227-228).

"ولما أظهرت كلام الأشعري - ورآه الحنبلية - قالوا: "هذا خير من كلام الشيخ الموفق!" وفرح المسلمون باتفاق الكلمة" (MF 3/228-229).

-

Conclusion : Alors : Les Acharites constituent-ils un groupe déviant (firqa dhâlla) ?

– A cette question, répondre par : "Ils constituent une firqa dhâlla", cela serait erroné, et injuste, car ils n'en constituent pas une.

– Mais répondre à cette question par un inconditionnel : "Ils font partie des Ahl us-Sunna wa-l-Jamâ'ah", cela est également risqué, car risquant de faire croire que tout ce que les Acharites disent est conforme à la Sunna et à la Jamâ'ah (or cela n'est pas vrai).

– Il faut donc être nuancé : "Les Acharites ont fait des erreurs qat'î sur certains points de croyance : ces erreurs ne sont pas conformes à la Sunna et à la Jamâ'ah ; cependant, elles ne conduisent pas à la Tadhlîl des Acharites, car le degré de leur éloignement par rapport à la vérité n'est pas de ce niveau. Les Acharites font donc partie des Ahl us-Sunna wa-l-Jamâ'ah avec cependant des erreurs qat'î sur certains points de croyance, croyances n'étant donc pas conformes à la Sunna et à la Jamâ'ah. Ces erreurs sont plus nombreuses et plus profondes chez certains ulémas ash'aris postérieurs que chez les ulémas ash'aris premiers".

-
Dans Al-Istiqâma, Ibn Taymiyya dit d'une part du credo acharite que "sa plus grande partie est conforme aux croyances des Salaf et des Ahl us-Sunna wa-l-Jamâ'ah, cependant il fait un manquement par rapport à cela, et implique un délaissement d'une partie de ce sur quoi ils [= les Salaf] étaient, ainsi qu'un rajout contredisant ce sur quoi ils étaient" ; et il dit d'autre part qu'il est faux de dire (comme le laisse croire le livre de Abu-l-Qâssim al-Qushayrî) que les mashâ'ïkh soufis aient tous été de credo acharite :
"فصل فيما ذكره الشيخ أبو القاسم القشيرى في رسالته المشهورة من اعتقاد مشايخ الصوفية. فإنه ذكر من متفرقات كلامهم ما يستدل به على انهم كانوا يوافقون اعتقاد كثير من المتكلمين الأشعرية. وذلك هو اعتقاد ابي القاسم الذي تلقاه عن أبي بكر بن فورك وأبي إسحاق الإسفراييني. وهذا الاعتقاد غالبه موافق لأصول السلف وأهل السنة والجماعة، لكنه مقصر عن ذلك ومتضمن تركَ بعض ما كانوا عليه وزيادةً تخالف ما كانوا عليه.
والثابت الصحيح عن أكابر المشايخ يوافق ما كان عليه السلف؛ وهذا هو الذي كان يجب أن يذكر. فإن في الصحيح الصريح المحفوظ عن اكابر المشايخ (مثل الفضيل بن عياض وأبي سليمان الداراني ويوسف بن أسباط وحذيفة المرعشى ومعروف الكرخي إلى الجنيد بن محمد وسهل بن عبد الله التستري وأمثال هؤلاء) ما يبين حقيقة مقالات المشايخ. وقد جمع كلام المشايخ إما بلفظه أو بما فهمه هو غير واحد: فصنف أبو بكر محمد بن إسحاق الكلاب اذى كتاب التعرف لمذاهب التصوف؛ وهو أجود مما ذكره أبو القاسم، وأصوب وأقرب إلى مذهب سلف الأمة وأئمتها وأكابر مشايخها. وكذلك معمر بن زياد الأصفهاني شيخ الصوفية وابو عبد الرحمن محمد بن الحسن السلمي جامع كلام الصوفية: هما في ذلك أعلى درجة وأبعد عن البدعة والهوى من أبى القاسم. وأبو عبد الرحمن وإن كان أدنى الرجلين فقد كان ينكر مذهب الكلابية ويبدعهم (وهو المذهب الذي ينصره أبو القاسم). وله في ذم الكلام مصنف يخالف ما ينصره أبو القاسم"
(Al-Istiqâma, 1/81-83).

Wallâhu 'Alam (Dieu sait mieux).

Print Friendly, PDF & Email