La condition pour l'acceptabilité (شرط القبول) de nos bonnes actions par Dieu, c'est, déjà, avoir le minimum de foi (أصل الإيمان, Asl ul-îmân) : avoir ce minimum de foi au moment de faire la bonne action, mais aussi le conserver jusqu'à son dernier souffle (sinon il y a annulation de cette bonne action : حبط العمل) (2/6)

Pour que les bonnes actions extérieures que l'homme fait soient acceptables par Dieu (شرط القبول), il y a la condition que cet homme ait la foi au moins au degré minimal (أصل الإيمان) :

"وَمَنْ أَرَادَ الآخِرَةَ وَسَعَى لَهَا سَعْيَهَا وَهُوَ مُؤْمِنٌ فَأُولَئِكَ كَانَ سَعْيُهُم مَّشْكُورًا" : "Et celui qui désire l'au-delà et fait l'effort pour lui, en étant croyant, ceux-là, leur effort sera reconnu" (Coran 17/19).
"فَمَن يَعْمَلْ مِنَ الصَّالِحَاتِ وَهُوَ مُؤْمِنٌ فَلَا كُفْرَانَ لِسَعْيِهِ وَإِنَّا لَهُ كَاتِبُونَ" : "Aussi, qui pratique des actions pieuses, en étant croyant, il n'y aura pas d'ingratitude quant à son effort. Et Nous l'écrivons" (Coran 21/94).
"وَمَن يَعْمَلْ مِنَ الصَّالِحَاتَ مِن ذَكَرٍ أَوْ أُنثَى وَهُوَ مُؤْمِنٌ فَأُوْلَئِكَ يَدْخُلُونَ الْجَنَّةَ وَلاَ يُظْلَمُونَ نَقِيرًا" : "Et qui pratique des actions pieuses, qu'il soit homme, ou femme, en étant croyant, eux entreront dans le Jardin, et ils ne seront lésés en rien" (Coran 4/124).
"وَمَنْ عَمِلَ صَالِحًا مِّن ذَكَرٍ أَوْ أُنثَى وَهُوَ مُؤْمِنٌ فَأُوْلَئِكَ يَدْخُلُونَ الْجَنَّةَ يُرْزَقُونَ فِيهَا بِغَيْرِ حِسَابٍ" : "Et qui pratique des actions pieuses, qu'il soit homme, ou femme, en étant croyant, eux entreront dans le Jardin, dans lequel ils seront pourvus sans compter" (Coran 40/40).
"مَنْ عَمِلَ صَالِحًا مِّن ذَكَرٍ أَوْ أُنثَى وَهُوَ مُؤْمِنٌ فَلَنُحْيِيَنَّهُ حَيَاةً طَيِّبَةً وَلَنَجْزِيَنَّهُمْ أَجْرَهُم بِأَحْسَنِ مَا كَانُواْ يَعْمَلُونَ" : "Et qui pratique action pie, qu'il soit homme ou femme, en étant croyant, Nous leur ferons assurément vivre une vie agréable et Nous les rétribuerons assurément de leur rétribution, pour le meilleur de ce qu'ils faisaient" (Coran 16/97).

Lire : Que faut-il pour avoir le minimum de Foi (أصل الإيمان) ? - Déjà, pour "croire", suffit de "savoir que c'est vrai", ou faut-il aussi "reconnaître cela comme étant vrai" ? ou bien faut-il autre chose encore ? - Que faut-il donc pour avoir le minimum de Foi (أصل الإيمان) ?.

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1) Celui qui était, ou avait été, incroyant (kâfir) :

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1.1) Celui qui était incroyant et a fait des œuvres de bien (honnêteté, aumônes, bon comportement vis-à-vis d'autrui, etc.), puis est mort sans avoir apporté la foi, ses œuvres de bien lui seront-elles comptées dans l'au-delà ?

– Aïcha (que Dieu l'agrée) questionna : "Messager de Dieu, dans la Jâhiliyya, Ibn Jud'ân entretenait les liens familiaux et donnait à manger au pauvre. Est-ce que cela lui sera utile (dans l'au-delà) ? - Cela ne lui sera pas utile*, car pas un jour il n'avait dit : "Seigneur, pardonne-moi mes péchés au jour du Compte" [= car il ne croyait pas en l'au-delà et en la résurrection] : ''عن عائشة قلت: "يا رسول الله، ابن جدعان كان في الجاهلية يصل الرحم، ويطعم المسكين، فهل ذاك نافعه؟" قال: "لا ينفعه، إنه لم يقل يوما: رب اغفر لي خطيئتي يوم الدين" (Muslim, 214). * "pas utile" signifie ici (si on retient l'avis de ulémas qui va être cité plus bas) : "pas utile pour être source de récompenses pour lui dans le Paradis, car son kufr akbar sera la cause de son admission dans la Géhenne perpétuelle ; néanmoins, cela lui sera utile dans la mesure où il y aura un châtiment moindre que celui qui, en sus du kufr akbar, aura fait quantité de mauvaises actions".

"أُوْلَئِكَ لَمْ يُؤْمِنُوا فَأَحْبَطَ اللَّهُ أَعْمَالَهُمْ" : "Ceux-là n'ont pas cru, alors Dieu a annulé leurs actions" (Coran 33/19).
–  "وَالَّذِينَ كَذَّبُواْ بِآيَاتِنَا وَلِقَاء الآخِرَةِ حَبِطَتْ أَعْمَالُهُمْ" : "Et ceux qui traitent de mensonges Nos Signes et la rencontre de l'au-delà, leurs actions sont annulées" (Coran 7/147).
"ذَلِكَ بِأَنَّهُمْ كَرِهُوا مَا أَنزَلَ اللَّهُ فَأَحْبَطَ أَعْمَالَهُمْ" : "Cela à cause du fait qu'ils ont détesté ce que Dieu a fait descendre, alors Il a annulé leurs actions" (Coran 47/9).
"ذَلِكَ بِأَنَّهُمُ اتَّبَعُوا مَا أَسْخَطَ اللَّهَ وَكَرِهُوا رِضْوَانَهُ فَأَحْبَطَ أَعْمَالَهُمْ" : "Cela à cause du fait qu'ils ont suivi ce qui a mécontenté Dieu et qu'ils ont détesté Son Contentement ; alors Il a annulé leurs actions" (Coran 47/28).
"وَالَّذِينَ كَفَرُوا أَعْمَالُهُمْ كَسَرَابٍ بِقِيعَةٍ يَحْسَبُهُ الظَّمْآنُ مَاء حَتَّى إِذَا جَاءهُ لَمْ يَجِدْهُ شَيْئًا وَوَجَدَ اللَّهَ عِندَهُ فَوَفَّاهُ حِسَابَهُ وَاللَّهُ سَرِيعُ الْحِسَابِ" : "Et ceux qui ont mécru, leurs actions sont comme un mirage dans des plaines désertiques, que l'assoiffé prend pour de l'eau ; puis, quand il y arrive, il ne le trouve (être) rien ; [il meurt alors] et trouve Dieu auprès de cela, alors Il lui donne pleinement son compte" (Coran 24/39).
"وَقَدِمْنَا إِلَى مَا عَمِلُوا مِنْ عَمَلٍ فَجَعَلْنَاهُ هَبَاء مَّنثُورًا" (Coran 25/23).

--- Ces versets sont, d'après certains ulémas, à comprendre de façon nuancée. En fait il y a ici 3 types de personnes :
----- celui qui meurt kâfir en ayant, en plus, fait quantité d'actions de mal (a), celui-là aura un châtiment plus lourd encore que celui qui touchera celui qui meurt kâfir sans avoir fait autant d'actions de mal (b ou c). Cela est certain. Il peut s'agir d'actions de mal concernant les droits de Dieu (comme l'adultère), ou concernant les droits d'autrui (comme le fait d'avoir tué autrui, d'avoir frappé autrui, d'avoir volé ou usurpé ce qui appartenait à autrui, d'avoir calomnié autrui, de l'avoir médit, etc.) ;
----- Quant à celui qui meurt kâfir mais ayant fait des actions de bien vis-à-vis d'autrui (c), d'après ces ulémas, ses actions lui seront également pesées le Jour du Jugement : sa croyance de kufr akbar pèsera systématiquement plus lourd que toutes ses actions extérieures de bien, mais ces dernières seront néanmoins la cause d'un châtiment moindre (bien que lui aussi perpétuel) que celui qui (b) touchera celui qui meurt kâfir sans avoir fait autant d'actions de bien. Quant au verset 25/23, il signifie que les actions de bien que même le kâfir de type c aura faites seront réduites à néant dans le sens où il ne touchera pas de récompense paradisiaque pour elles ("أي: باطلا لا ثواب له") : car c'est bien la récompense auprès de Dieu - et non pas un simple allégement dans la punition - que chaque humain espère pour les actions de bien qu'il fait.
Ibn Hajar écrit : "وحكى القرطبي في صفة وزن عمل الكافر وجهين: أحدهما أن كفره يوضع في الكفة ولا يجد له حسنة يضعها في الأخرى فتطيش التي لا شيء فيها؛ قال: وهذا ظاهر الآية لأنه وصف الميزان بالخفة لا الموزون. ثانيهما: قد يقع منه العتق والبر والصلة وسائر أنواع الخير المالية مما لو فعلها المسلم لكانت له حسنات؛ فمن كانت له حسنات جمعت ووضعت، غير أن الكفر إذا قابلها رجح بها. قلت: ويحتمل أن يجازى بها عما يقع منه من ظلم العباد مثلا؛ فإن استوت، عذب بكفره مثلا فقط؛ وإلا، زيد عذابه بكفره، أو خفف عنه - كما في قصة أبي طالب" (FB 13/660). Voir aussi At-Tadhkira, 2/5-8 ; Fat'h ul-bârî 11/525.

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1.2) Celui qui était incroyant et faisait alors de bonnes œuvres, puis a adhéré à la foi en le message le plus récent de Dieu, ses bonnes œuvres antérieures lui seront-elles comptées dans l'au-delà ?

--- D'après certains ulémas (parmi lesquels Ibn Battâl, al-Qurtubî), Oui, ses bonnes actions faites alors qu'il n'avait pas la foi lui sont comptées comme bonnes actions dès lors qu'il apporte foi avant de mourir.
Ces bonnes actions-là aussi lui rapporteront donc des récompenses supplémentaires dans l'au-delà, en sus des bonnes actions qu'il a faites après sa conversion (Shar'h Muslim 2/141 ; FB 1/134 ; Bayân ul-qur'ân, tome 1 p. 124).

Ces ulémas se fondent sur le hadîth suivant : "عن أبي سعيد الخدري قال: قال رسول الله صلى الله عليه وسلم: "إذا أسلم العبد فحسن إسلامه، كتب الله له كل حسنة كان أزلفها، ومحيت عنه كل سيئة كان أزلفها. ثم كان بعد ذلك القصاص: الحسنة بعشرة أمثالها إلى سبع مائة ضعف، والسيئة بمثلها إلا أن يتجاوز الله عز وجل عنها" : "Lorsque le serviteur accepte l'islam et que son islam est bon [= il est sincère et ne se convertit pas par hypocrisie], Dieu écrit en sa faveur toute bonne action qu'il avait faite, et tout péché qu'il avait commis est effacé. Après cela, c'est la loi de la similarité : la Hassana (est comptée selon le barème allant) de 10 semblables à 700 ; et la Sayyi'a est comptée pour elle-même, sauf si Dieu la pardonne" (an-Nassâ'ï, 4998).

Cet avis implique que les bonnes actions d'un incroyant n'étaient pas acceptables par Dieu pour cause d'absence de condition d'acceptabilité (asl ul-îmân), mais que l'acceptabilité de ces bonnes actions était néanmoins suspendue (mu'allaq) à l'adhésion à la foi.
Celle-ci une fois réalisée, l'acceptabilité devient acquise.

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Quant au verset qui dit que celui qui avait apporté foi en le messager de son époque (par exemple Jésus, que la paix soit sur lui), puis, ayant eu connaissance du message de Muhammad (que la paix soit sur lui), y a adhéré, il lui sera donné sa récompense deux fois : "الَّذِينَ آتَيْنَاهُمُ الْكِتَابَ مِن قَبْلِهِ هُم بِهِ يُؤْمِنُونَ وَإِذَا يُتْلَىٰ عَلَيْهِمْ قَالُوا آمَنَّا بِهِ إِنَّهُ الْحَقُّ مِن رَّبِّنَا إِنَّا كُنَّا مِن قَبْلِهِ مُسْلِمِينَ أُولَٰئِكَ يُؤْتَوْنَ أَجْرَهُم مَّرَّتَيْنِ بِمَا صَبَرُوا" (Coran 28/52-54), cela signifie que sa foi première aussi lui est comptabilisée dans l'au-delà, en sus de sa foi seconde ("أُولَئِكَ} الذين آمنوا بالكتابين {يُؤْتَوْنَ أَجْرَهُمْ مَرَّتَيْنِ} أجرا على الإيمان الأول، وأجرا على الإيمان الثاني، {بِمَا صَبَرُوا} على الإيمان، وثبتوا على العمل" : Tafsîr us-Sa'dî).
--- Cette promesse vaut, cela est certain, pour celui qui avait apporté en Jésus la foi voulue, celle qui était exempte des rajouts ultérieurs.
---  Mais cette promesse d'avoir double récompense (récompense pour les deux fois) vaut-il également cependant pour celui qui avait apporté foi en Jésus, même avec la croyance en l'Incarnation et en la Trinité ? La réponse est Oui, car dans l'épître qu'il avait adressée à Héraclius, le Prophète (sur lui soit la paix) lui a écrit que s'il accepte l'islam, il aura deux récompenses : "بسم الله الرحمن الرحيم، من محمد عبد الله ورسوله إلى هرقل عظيم الروم: سلام على من اتبع الهدى. أما بعد، فإني أدعوك بدعاية الإسلام، أسلم تسلم، يؤتك الله أجرك مرتين، فإن توليت فإن عليك إثم الأريسيين " و {يا أهل الكتاب تعالوا إلى كلمة سواء بيننا وبينكم أن لا نعبد إلا الله ولا نشرك به شيئا ولا يتخذ بعضنا بعضا أربابا من دون الله فإن تولوا فقولوا اشهدوا بأنا مسلمون}" (al-Bukhârî, 7, Muslim, 1773). Or chacun sait que Héraclius adhérait à l'Incarnation et à la Trinité.
Pourquoi une telle personne est-elle, si elle accepte l'islam, récompensée pour sa foi antérieure aussi, laquelle était pourtant déjà du Kufr Akbar ? Nous avons abordé cette question dans notre article relatif à celui des Gens du Livre à qui la vérité n'était pas encore parvenue.

Par contre, cela n'est pas vérifié pour le Mushrik qui se convertit à l'islam : lui sera récompensé pour les bonnes actions faites pendant son Shirk, mais pas pour les croyances qu'il avait alors.

Quant au verset qui dit que ceux qui acceptent la foi après avoir commis le Shirk et après avoir fait telle et telle mauvaises actions, "ceux-là, Dieu change leurs péchés en bonnes actions", cela signifie seulement, d'après l'un des deux commentaires : "Dieu ne les punira pas, puisqu'Il a remplacé, en ce monde, leurs mauvaises actions par les bonnes" : "قوله تعالى: فَأُوْلئِكَ يُبَدِّلُ اللَّهُ سَيِّئاتِهِمْ حَسَناتٍ اختلفوا في كيفية هذا التبديل وفي زمان كونه. فقال ابن عباس: يبدِّل الله شركهم إِيماناً، وقتلهم إِمساكاً، وزناهم إِحصاناً. وهذا يدل أولا على أنه يكون في الدنيا، وممن ذهب إلى هذا المعنى سعيد بن جبير، ومجاهد، وقتادة، والضحاك، وابن زيد. والثاني: أن هذا يكون في الآخرة، قاله سلمان رضي الله عنه، وسعيد بن المسيّب، وعليّ بن الحسين. وقال عمرو بن ميمون: يبدِّل الله سيئات المؤمن إِذا غفرها له حسنات، حتى إِن العبد يتمنَّى أن تكون سيئاته أكثر مما هي. وعن الحسن كالقولين" (Zâd ul-massîr).
Cela se comprend mieux à la lecture globale du verset : "وَالَّذِينَ لَا يَدْعُونَ مَعَ اللَّهِ إِلَهًا آخَرَ وَلَا يَقْتُلُونَ النَّفْسَ الَّتِي حَرَّمَ اللَّهُ إِلَّا بِالْحَقِّ وَلَا يَزْنُونَ وَمَن يَفْعَلْ ذَلِكَ يَلْقَ أَثَامًا يُضَاعَفْ لَهُ الْعَذَابُ يَوْمَ الْقِيَامَةِ وَيَخْلُدْ فِيهِ مُهَانًا إِلَّا مَن تَابَ وَآمَنَ وَعَمِلَ عَمَلًا صَالِحًا فَأُوْلَئِكَ يُبَدِّلُ اللَّهُ سَيِّئَاتِهِمْ حَسَنَاتٍ وَكَانَ اللَّهُ غَفُورًا رَّحِيمًا وَمَن تَابَ وَعَمِلَ صَالِحًا فَإِنَّهُ يَتُوبُ إِلَى اللَّهِ مَتَابًا" : "Celui qui fait cela" [= adhère au polythéisme, tue alors qu'il ne se trouve pas dans le droit de le faire - légitime défense, par exemple - et fait la fornication] "celui qui fait cela recevra une punition : le châtiment lui sera doublé le jour de la résurrection et il y demeurera perpétuellement, couvert d'ignominie. Sauf celui qui se repent, apporte foi et accomplit bonne action : car ceux-là Dieu change leurs mauvaises actions en bonnes. Et Dieu est Pardonnant, Miséricordieux" (Coran 25/68-70).

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Par ailleurs, quelqu'un qui se convertit à l'islam n'a bien évidemment pas à remplacer les prières rituelles, ni les jeûnes du ramadan, qu'il n'avait pas accomplis pendant qu'il était kâfir bi kufr aslî.

Une fois qu'il se convertit à l'islam, tous ses péchés antérieurs lui sont également pardonnés. 'Amr ibn ul-Âs (que Dieu l'agrée) avait reçu cette information du Prophète (sur lui soit la paix). Il relate : "فلما جعل الله الإسلام في قلبي أتيت النبي صلى الله عليه وسلم، فقلت: "ابسط يمينك فلأبايعك." فبسط يمينه، قال: فقبضت يدي. قال: "ما لك يا عمرو؟" قال: قلت: "أردت أن أشترط." قال: "تشترط بماذا؟" قلت: "أن يغفر لي." قال: "أما علمت أن الإسلام يهدم ما كان قبله؟ وأن الهجرة تهدم ما كان قبلها؟ وأن الحج يهدم ما كان قبله؟" (Muslim, 121).

Seuls ne sont pas pardonnés les péchés qui sont tels que d'une part ils sont relatifs aux droits des créatures et d'autre part ils étaient alors injustice du point de vue de cet homme alors incroyant aussi : vols, meurtres, etc. (et non pas les attaques et les prises de butin que ce non-musulman, alors ennemi, avait faits aux musulmans qu'il considérait alors ses ennemis). Alî al-qârî écrit en commentaire de ce hadîth : "وقال بعض علمائنا: يمحو الإسلام ما كان قبله من كفر وعصيان وما ترتب عليهما من العقوبات التي هي حقوق الله. وأما حقوق العباد فلا تسقط بالحج والهجرة إجماعا، ولا بالإسلام لو كان المسلم ذميا، سواء كان الحق عليه ماليا أو غير مالي كالقصاص، أو كان المسلم حربيا وكان الحق ماليا بالاستقراض أو الشراء وكان المال غير الخمر" (Mirqât) ; "أن الإسلام" أي إسلام الحربي؛ لأن إسلام الذمي لا يسقط عنه شيئا من حقوق العباد "يهدم" بكسر الدال أي يمحو "ما كان قبله" أي السيئات" (Ibid.). Lire : "Auparavant pas musulman, j'étais vendeur d'alcool. Dois-je aujourd'hui me défaire des biens ainsi acquis ?" (ما فَعَلَه قبْلَ إسلامه).

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2) Celui qui était, ou avait été, apostat (murtadd) :

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2.1) Celui qui était croyant, puis a apostasié et est mort ainsi, les bonnes actions qu'il avait faites lors de la première période (celle où il était croyant) lui seront-elles comptabilisées dans l'au-delà ?

"وَمَن يَكْفُرْ بِالإِيمَانِ فَقَدْ حَبِطَ عَمَلُهُ وَهُوَ فِي الآخِرَةِ مِنَ الْخَاسِرِينَ" : "Et celui qui mécroit en la foi, son action est annulée ; et il sera, dans la vie dernière, parmi les perdants" (Coran 5/5).
"وَمَن يَرْتَدِدْ مِنكُمْ عَن دِينِهِ فَيَمُتْ وَهُوَ كَافِرٌ فَأُوْلَئِكَ حَبِطَتْ أَعْمَالُهُمْ فِي الدُّنْيَا وَالآخِرَةِ وَأُوْلَئِكَ أَصْحَابُ النَّارِ هُمْ فِيهَا خَالِدُونَ" : "Et celui d'entre nous qui apostasie de sa religion, puis meurt en étant kâfir, ceux-là, leurs actions sont annulées dans ce bas-monde et dans la vie dernière. Et ceux-là sont les compagnons du feu, ils y seront éternellement" (Coran 2/217).

Est-ce que, ici aussi (en 2.1) il existe un avis de ulémas qui dit que ces bonnes actions seront néanmoins la cause d'un allègement du châtiment perpétuel (comme cela existe à propos du cas 1.1) ?
Je ne sais pas (لا أدري).

En tous cas, ces deux versets parlent de celui qui était croyant, puis a apostasié, et est mort en demeurant kâfir.

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2.2) Quant à celui qui était croyant, puis apostasie, enfin revient à l'islam et meurt musulman, les bonnes actions qu'il avait faites lors de la première période de sa vie seront-elles, elles aussi, comptabilisées ?

Le cas d'une telle personne est évoqué dans le verset 3/89 :
"كَيْفَ يَهْدِي اللّهُ قَوْمًا كَفَرُواْ بَعْدَ إِيمَانِهِمْ وَشَهِدُواْ أَنَّ الرَّسُولَ حَقٌّ وَجَاءهُمُ الْبَيِّنَاتُ وَاللّهُ لاَ يَهْدِي الْقَوْمَ الظَّالِمِينَ أُوْلَئِكَ جَزَآؤُهُمْ أَنَّ عَلَيْهِمْ لَعْنَةَ اللّهِ وَالْمَلآئِكَةِ وَالنَّاسِ أَجْمَعِينَ خَالِدِينَ فِيهَا لاَ يُخَفَّفُ عَنْهُمُ الْعَذَابُ وَلاَ هُمْ يُنظَرُونَ. إِلاَّ الَّذِينَ تَابُواْ مِن بَعْدِ ذَلِكَ وَأَصْلَحُواْ فَإِنَّ الله غَفُورٌ رَّحِيمٌ" (Coran 3/86-89).

Une telle personne, ses bonnes actions faites lorsqu'il était musulman sont-elles annulées, de sorte qu'il doive les refaire (par exemple dans le cas du pèlerinage à La Mecque, obligatoire une fois dans la vie) ? et dans l'au-delà, alors ?

--- D'après Abû Hanîfa : Ses bonnes actions antérieures ont été définitivement annulées. Même lorsqu'il revient à l'islam, elles ne lui sont plus comptées, ni par rapport aux règles relatives à cette vie terrestre (cas du pèlerinage, obligatoire une fois dans la vie), ni même par rapport aux récompenses de l'au-delà (Bayân ul-qur'ân, tome 1 p. 124). Cet avis se fonde sur les versets sus-cités - Coran 5/5 et 2/217 -, mais considère que le Habt ul-A'mâl que ceux-ci évoquent est systématique Fi-d-Dunyâ, valant aussi pour ceux qui ont apostasié mais reviennent ensuite à l'islam.
Cet avis entraîne que, par rapport aux récompenses pour les bonnes œuvres aussi, le cas de l'apostasie (kufr bi ridda) (2.2) est plus grave que le cas du kâfir bi kufr aslî (1.2).

--- D'après ash-Shâfi'î : S'il revient à l'islam, ses bonnes actions antérieures lui sont de nouveau comptabilisées, autant par rapport aux règles relatives à cette vie terrestre (cas du pèlerinage, obligatoire une fois dans la vie), que par rapport aux récompenses de l'au-delà (Bayân ul-qur'ân, tome 1 p. 124). Cependant, il devra rattraper toutes les prières rituelles et tous les jeûnes du ramadan qu'il n'avait pas accomplis pendant qu'il était murtadd.

Wallâhu A'lam (Dieu sait mieux).

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