Dieu a écrit ceci : "إِنَّ رَحْمَتِى غَلَبَتْ غَضَبِى" : "Ma Miséricorde dépasse Mon Courroux"

Parmi la totalité des Attributs de Dieu, il en est deux qui sont : la Miséricorde et le Courroux.
Le premier relève des Attributs de Bonté (صِفَات الجمال), le second des Attributs de Rigueur (صِفَات الجلال).

Le prophète Muhammad (que Dieu le bénisse et le salue) a dit : "Lorsque Dieu eut créé la création, Il écrivit un écrit à Son Sujet : "إِنَّ رَحْمَتِى غَلَبَتْ غَضَبِى" (ou : "إِنَّ رَحْمَتِى تَغْلِبُ غَضَبِى" ou encore : "إِنَّ رَحْمَتِى سَبَقَتْ غَضَبِى") : "Ma Miséricorde domine / dépasse Mon Courroux" ; cela est écrit auprès de Lui, au-dessus du Trône" (al-Bukhârî, 3022, 6969, 6986, 7015, 7114 ; Muslim, 2751, etc.). Ce hadîth parle d'un moment où Dieu a terminé de créer les cieux et la Terre, mais – comme Ibn ul-Qayyim l'a écrit – où Dieu n'a pas encore créé les humains (Mukhtassar as-sawâ'iq il-mursala, p. 477).

"سَبَقَ" peut vouloir dire :
--- "a précédé dans le temps"),
--- ou : "a dépassé" (comme lors d'une concurrence entre deux choses).
Le second de ces sens ("dépasser") est très voisin de celui ("dominer") qu'a le terme qui figure dans les deux autres versions : "غَلَبَ" / "تَغْلِبُ".

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Que la Miséricorde de Dieu dépasse ou domine Son Courroux, cela s'explique par le fait que :

primo Dieu accorde Sa Miséricorde par pure Faveur (fadhlan), alors qu'Il n'est Courroucé que contre des gens qui ont concrètement fait le mal ('adlan) : Il ne se met pas en Colère contre, ni ne Châtie des gens qui n'ont rien fait de mal (contrairement à ce que les Jabrites prétendaient) ;

secundo par faveur (fadhlan), Il guide des gens qui ont fait le mal jusqu'à présent, de même que le jour du Jugement, (pourvu qu'ils aient le minimum de foi voulue, asl ul-îmân) Il pardonnera à certaines des gens qui se présenteront à Lui en ayant fait du mal  ;

tertio même lorsqu'Il se met en Colère contre des gens et qu'Il les châtie, Il pourrait les châtier beaucoup plus que ce qu'Il fait.

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Le Courroux et le Fait de châtier font bien partie des Attributs de Dieu, et :
- oui, Dieu a bien utilisé à Son Propos ces Attributs ("وَمَن يَحْلِلْ عَلَيْهِ غَضَبِي فَقَدْ هَوَى" et "إِنَّ عَذَابِي لَشَدِيدٌ") ;
- de même que les Verbes qui y correspondent ("وَغَضِبَ اللَّهُ عَلَيْهِمْ" et "وَمَن يَتَوَلَّ يُعَذِّبْهُ عَذَابًا أَلِيمًا") ;
- de même encore que le Qualificatif y correspondant ("من حلف على يمين يقتطع بها مال امرئ مسلم هو عليها فاجر، لقي الله وهو عليه غضبان" : al-Bukhârî, 2229, Muslim, 138)
- mais Dieu n'a pas utilisé ces termes de façon inconditionnelle (mutlaqan) "الغضبان" ("Le Courroucé") ou "المعذِّب" ("Le Châtieur").

A la différence des Qualificatifs liés à la Miséricorde :
- ils ont été employés sous la forme d'Attributs, de Verbes et de Qualificatifs sous forme inconditionnelle (mutlaqan) :
--- "الرحيم" ("Le Miséricordieux"),
--- "الرحمن" ("Le Très Clément"),
--- "الغفور" ("Le Pardonnant"),
--- "الودود" ("L'Aimant")...
--- Dieu a même enseigné de Lui dire qu'Il est "أَرْحَمُ الرَّاحِمِينَ" ("Le Plus Miséricordieux de ceux qui font miséricorde") (Coran 23/118).

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On voit que, à propos de "الغضب" (Colère) et de "العذاب" (Châtiment) :
- Ces Verbes, Attributs (qui sont des noms d'action, masdar) et Qualificatifs (ism sifa) ont été employés à propos de Dieu.
- Mais seulement en relation avec quelque chose de précis (muqayyad) : "وَإِن مَّن قَرْيَةٍ إِلاَّ نَحْنُ مُهْلِكُوهَا قَبْلَ يَوْمِ الْقِيَامَةِ أَوْ مُعَذِّبُوهَا عَذَابًا شَدِيدًا" (Coran 17/58). "من حلف على يمين يقتطع بها مال امرئ مسلم هو عليها فاجر، لقي الله وهو عليه غضبان" (al-Bukhârî, 2229, Muslim, 138).

--- De même, oui, Dieu a bien dit qu'Il est aussi "شديد العذاب" ("Dur dans le Châtiment") (Coran 2/165, ceci étant donc, sous cette forme composée, un de Ses Asmâ' Husnâ) ;
--- Cependant, cela revient à la même chose que lorsqu'Il a dit : "إِنَّ عَذَابِي لَشَدِيدٌ" ("Mon Châtiment est, vraiment, dur") (Coran 14/7) : c'est-à-dire que lorsqu'Il décide de punir, Dieu est Dur dans la Punition qu'Il inflige. Dieu n'a pas employé à Son Sujet le Qualificatif inconditionnel : "المعذِّب" ("Le Châtieur") : un tel Nom aurait laissé penser qu'Il punit sans cesse, alors que ce n'est pas le cas.

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La même chose peut être dite au sujet des Qualificatifs suivants :
- "شديد العقاب" ("Celui qui est Dur dans la Punition") ,
- "سريع العقاب" ("Celui qui est Prompt dans la Punition"),
- "ذو انتقام" ("Détenteur d'une Vengeance").

Ces Qualificatifs ont dûment été employés par Dieu à Son propre Sujet, mais Dieu n'a pas dit qu'Il aurait les Noms Qualificatifs inconditionnels suivants : "المُعاقِب" ("Celui qui punit"), "المنتقِم" ("Celui qui se Venge")...

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Ibn Taymiyya écrit :
"Ainsi, Dieu n'a pas dit : "Je Suis, Moi, "
المعذِّب" ("Le Châtieur")".
Il n'y a pas, non plus, parmi les Noms de (Dieu) qui sont établis comme provenant du Prophète (que Dieu le bénisse et le salue) : "
المنتقِم" ("Celui qui se Venge"). Le (Qualificatif) "منتقِم" n'est venu dans le Coran que restreint à quelque chose ("muqqayadan"), comme dans la parole de (Dieu) : "إِنَّا مِنَ الْمُجْرِمِينَ مُنتَقِمُونَ" [Coran 32/22]. Et son sens a été attribué à Dieu dans la parole de (Dieu) : "إِنَّ اللّهَ عَزِيزٌ ذُو انْتِقَامٍ" [Coran 14/47] : ceci est un (mot) indéfini après une affirmation ; or l'indéfini se trouvant après une affirmation est tel quel, il ne s'y trouve pas de généralité par voie de pluriel"
(MF 17/95).

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Lire également sur le sujet notre article :

Extraire un Nom Qualificatif (Ism Sifa) de Dieu : à partir d'un Verbe (Fi'l), ou d'un Substantif (Masdar : Wasf), présents dans le Coran ou la Sunna.

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Ainsi, la Miséricorde de Dieu dépasse Son Courroux.

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Dieu n'est-Il pas seulement Bon, Miséricordieux ? Comment expliquer qu'Il se mette aussi en Colère, et qu'Il Châtie aussi ?

Cela s'établit sur la base des textes du Coran et de la Sunna.

Et cela se comprend rationnellement par le fait que la Perfection ne réside pas dans le fait d'être seulement Bon, Pardonnant, Aimant, etc. Non. La Perfection réside dans le fait d'une part d'être Bon, Pardonnant, Aimant, etc., mais, parallèlement, de Détester, d'être Courroucé, de Punir, etc. : la Justice et la Sagesse dépendent de cela. Et dans le fait d'autre part que les premiers Attributs dominent et dépassent les seconds ; en d'autres termes : que la Miséricorde domine et dépasse le Courroux.

C'est ainsi qu'est Dieu.

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Un hadîth parfois mal compris :

Parmi des captifs, il y avait une femme qui recherchait (son) enfant. L'ayant retrouvé, elle le prit contre elle et l'allaita. Voyant cela, le Prophète (que Dieu le rapproche de Lui et le salue) dit à des Compagnons présents : "Pensez-vous que cette (dame) jetterait son enfant dans le feu ?" Ils répondirent : "Non, si elle est capable de ne pas l'y jeter !" Le Prophète conclut : "Dieu est plus Miséricordieux vis-à-vis de Ses 'ibâd que cette (dame) vis-à-vis de son enfant" : "عن عمر بن الخطاب رضي الله عنه: قدم على النبي صلى الله عليه وسلم سبي، فإذا امرأة من السبي قد تحلب ثديها تسقي، إذا وجدت صبيا في السبي أخذته، فألصقته ببطنها وأرضعته، فقال لنا النبي صلى الله عليه وسلم: "أترون هذه طارحة ولدها في النار؟" قلنا: "لا، وهي تقدر على أن لا تطرحه"، فقال: "لله أرحم بعباده من هذه بولدها" (al-Bukhârî, 5653, Muslim, 2754).

Certaines personnes, ayant considéré ce hadîth en l'ayant isolé de toutes les autres paroles de la Sunna, ont tenu le raisonnement suivant :
--- Tous les humains sont 'ibâd de Dieu ("فَإِذَا جَاء وَعْدُ أُولاهُمَا بَعَثْنَا عَلَيْكُمْ عِبَادًا لَّنَا أُوْلِي بَأْسٍ شَدِيدٍ فَجَاسُواْ خِلاَلَ الدِّيَارِ" : Coran 17/5 ; "فبينما هو كذلك، إذ أوحى الله إلى عيسى: "إني قد أخرجت عبادا لي، لا يدان لأحد بقتالهم، فحرز عبادي إلى الطور". ويبعث الله يأجوج ومأجوج، وهم من كل حدب ينسلون" : Muslim, 2937).
--- Or le hadîth ci-dessus l'a dit : Vis-à-vis de Ses 'ibâd, Dieu a plus de miséricorde que cette mère en a vis-à-vis de son enfant, elle qui ne jetterait jamais celui-ci dans le feu.
--- Donc Dieu ne fera chuter aucun humain dans le Feu de la Géhenne dans l'autre monde.

Or cette conclusion est fausse parce qu'on a en fait ici un paralogisme, un faux raisonnement, fondé sur un manque de discernement des différences d'intensités dans le sens que possède le terme "'ibâd"). En effet :
--- Certes, dans le Coran et la Sunna, "'ibâd ullâh" a parfois le sens général de "créatures de Dieu, croyantes ou incroyantes, pieuses ou pas" (c'est le cas dans le verset et le hadîth venant d'être cités : "فَإِذَا جَاء وَعْدُ أُولاهُمَا بَعَثْنَا عَلَيْكُمْ عِبَادًا لَّنَا أُوْلِي بَأْسٍ شَدِيدٍ فَجَاسُواْ خِلاَلَ الدِّيَارِ" : Coran 17/5 ; "فبينما هو كذلك، إذ أوحى الله إلى عيسى: "إني قد أخرجت عبادا لي، لا يدان لأحد بقتالهم، فحرز عبادي إلى الطور". ويبعث الله يأجوج ومأجوج، وهم من كل حدب ينسلون" : Muslim, 2937).
--- Cependant, d'autres fois "'ibâd ullâh" désigne seulement, de façon particulière : "les créatures de Dieu qui sont croyantes et pieuses" : on le voit très bien dans par exemple ce passage, où Dieu décrit les qualités de ceux qui sont Ses "'ibâd" : "وَعِبَادُ الرَّحْمَنِ الَّذِينَ يَمْشُونَ عَلَى الْأَرْضِ هَوْنًا" (Coran 25/63).
Et c'est aussi le cas dans le hadîth cité au début : le terme "'ibâd ullâh" y possède son sens second : le hadîth veut dire que ceux qui ont cru en Dieu, ont suivi celui de Ses Messagers dont le message est en vigueur, et ont agi selon le contenu de ce message, alors, Dieu est tellement miséricordieux, que par Faveur de Sa part (Fadhl), Il leur pardonnera leurs péchés et ne les jettera pas dans la Géhenne. Tout comme une mère ne jettera jamais son enfant dans un feu, lui qui est bien-aimé de sa mère.
Il faut donc faire tout son possible pour se rendre bien-aimé de Dieu, et il faut espérer bénéficier de la Faveur de Dieu.

Le hadîth suivant montre cela de façon plus claire encore : le Prophète et des Compagnons passèrent en un lieu. Or un enfant se trouvait sur le chemin ; voyant cela, sa mère, craignant que son enfant soit foulé aux pieds par les passants, s'écria : "Mon fils, mon fils" ; elle se précipita et le prit dans ses bras. Les Compagnons dirent : "Messager de Dieu, cette (dame) n'en serait pas à jeter son fils dans le feu". Le Prophète les tranquillisa ainsi : "Et, par Dieu, Dieu ne jettera pas celui qui est Son bien-aimé - "habîb" - dans le Feu" : "عن أنس قال: مر النبي صلى الله عليه وسلم في نفر من أصحابه وصبي في الطريق، فلما رأت أمه القوم خشيت على ولدها أن يوطأ، فأقبلت تسعى وتقول: "ابني ابني" وسعت فأخذته، فقال القوم: "يا رسول الله صلى الله عليه وسلم، ما كانت هذه لتلقي ابنها في النار". قال: فخفضهم النبي صلى الله عليه وسلم فقال: "ولاء الله عز وجل، لا يلقي حبيبه في النار" (Ahmad, 12018, 13467).

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Vu que Dieu est Aimant, mais Châtie aussi, il ne faut pas, quand on parle de notre relation avec Dieu, évoquer celle-ci toujours en termes d'amour, et jamais (ou presque jamais) en termes de crainte également :

Ibn Taymiyya écrit :
"وكره من كره من أهل المعرفة والعلم مجالسة أقوام يكثرون الكلام في المحبة بلا خشية؛ وقال من قال من السلف: من عبد الله بالحب وحده فهو زنديق، ومن عبده بالرجاء وحده فهو مرجئ، ومن عبده بالخوف وحده فهو حروري، ومن عبده بالحب والخوف والرجاء فهو مؤمن موحد" :
"Et c'est pourquoi (…), parmi les gens de la Ma'rifa et du 'Ilm, certains ont désapprouvé que l'on s'assoie dans la compagnie de gens qui parlent énormément d'amour [de Dieu] sans (parler aussi de) crainte [pour Lui].
(Et c'est pourquoi), parmi les Prédécesseurs, a dit celui qui l'a dit :
"- Celui qui adore Dieu par l'amour seulement, celui-là est un Zindîq.
- Celui qui L'adore par l'espoir seulement, celui-là est un Murji'.
- Celui qui L'adore par la crainte seulement, celui-là est un Harûrî [= un Kharijite].
- Et celui qui L'adore par l'amour, la crainte et l'espoir, celui-là est un Mu'min Muwahhid"" (Al-'Ubûdiyya, pp. 161-162 ; MF 10/207).

Certes, la directive du Prophète (sur lui soit la paix) lorsqu'on adresse des conseils aux gens est bien connue, elle figure dans ce célèbre hadîth : "بشروا ولا تنفروا" : "Donnez la bonne nouvelle, et ne faites pas fuir" ( al-Bukhârî 69, Muslim 1734) (voir également al-Bukhârî 4086, Muslim 1733).
Or on vient de voir qu'il faut aussi parler de crainte de Dieu, de Châtiment de Dieu, etc.
Ibn Hajar relate de at-Tîbî que le parallélisme attendu aurait été de dire : "Donnez la bonne nouvelle et n'avertissez pas ; gagnez la sympathie et ne faites pas fuir". Or, ce n'est pas cela qui a été dit, mais : "Donnez la bonne nouvelle et ne faites pas fuir" : dans le premier cas, le terme originel a été mentionné, alors que dans le second cas, seul l'impliqué (lâzim) du terme a été prononcé. Ibn Hajar écrit que la formulation a été faite ainsi : "pour faire allusion au fait qu'il ne s'agit pas d'éviter complètement l'avertissement, contrairement au fait de faire fuir [qui, lui, doit être complètement évité]" ; (...) "c'est comme s'il avait été dit : "Quand vous avertissez, que cela soit fait sans que cela fasse fuir, comme Dieu l'a dit [aux prophètes Moïse et Aaron par rapport à Pharaon] : "Dites-lui une parole douce"" : "قال الطيبي هو معنى الثاني من باب المقابلة المعنوية لأن الحقيقية أن يقال بشرا ولا تنذرا وآنسا ولا تنفرا فجمع بينهما ليعم البشارة والنذارة والتأنيس والتنفير قلت ويظهر لي أن النكتة في الإتيان بلفظ البشارة وهو الأصل وبلفظ التنفير وهو اللازم وأتى بالذي بعده على العكس للإشارة إلى أن الإنذار لا ينفى مطلقا بخلاف التنفير فاكتفى بما يلزم عنه الإنذار وهو التنفير فكأنه قيل إن أنذرتم فليكن بغير تنفير كقوله تعالى فقولا له قولا لينا" (Fat'h ul-bârî 8/77).

Al-'Alâ' ibn Ziyâd rappelait [parfois] aux gens la Géhenne. Quelqu'un lui dit alors : "Pourquoi amènes-tu les gens à désespérer ?" Il répondit : "Comment pourrais-je les faire se désespérer, alors que Dieu dit : "O Mes Serviteurs qui avez été injustes envers vous-mêmes, ne désespérez pas de la Miséricorde de Dieu" (...). Mais vous aimez que bonne nouvelle du Paradis vous soit donnée malgré vos mauvaises actions. Alors que Dieu a dépêché Muhammad (que Dieu le bénisse et le salue) en tant que donneur de bonne nouvelle du Paradis à celui qui obéirait à ce qu'il a apporté, et en tant qu'avertissant contre le Feu celui qui y désobéirait" : "وكان العلاء بن زياد يذكر النار، فقال رجل: "لم تقنط الناس؟" قال: "وأنا أقدر أن أقنط الناس، والله عز وجل يقول: {يا عبادي الذين أسرفوا على أنفسهم لا تقنطوا من رحمة الله} ويقول {وأن المسرفين هم أصحاب النار}؟ ولكنكم تحبون أن تبشروا بالجنة على مساوئ أعمالكم، وإنما بعث الله محمدا صلى الله عليه وسلم مبشرا بالجنة لمن أطاعه، ومنذرا بالنار من عصاه" (al-Bukhârî, ta'lîqan).

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Tous les Attributs de Dieu sont Perfection, et aucun ne constitue une quelconque imperfection. Cependant, peut-on dire que, tous étant parfaits, certains sont meilleurs encore que d'autres ?

Ibn Taymiyya répond par l'affirmative : "Les textes traitant de la plus grande valeur (fadhl) de telle Parole de Dieu par rapport à une autre, et même de la plus grande valeur (fadhl) de certains Attributs (de Dieu) par rapport à d'autres : sont nombreux" (MF 17/89).

Plus loin le savant damascain écrit que la Miséricorde de Dieu a ainsi une plus grande valeur que le Courroux de Dieu, par rapport au fait que le premier Attribut dépasse et domine le second (MF 17/91).

Plus loin encore, il écrit : "Mention des Deux Mains est présente dans plusieurs hadîths. Dans (ces hadîths), il est aussi dit que toutes les deux sont Droites, avec une plus grande valeur donnée à la Droite" (MF 17/92-93).

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Un passage du Coran où Dieu s'adresse aux hommes pour leur dire ceci :

"قُلْ يَا عِبَادِيَ الَّذِينَ أَسْرَفُوا عَلَى أَنفُسِهِمْ لَا تَقْنَطُوا مِن رَّحْمَةِ اللَّهِ إِنَّ اللَّهَ يَغْفِرُ الذُّنُوبَ جَمِيعًا إِنَّهُ هُوَ الْغَفُورُ الرَّحِيمُ  وَأَنِيبُوا إِلَى رَبِّكُمْ وَأَسْلِمُوا لَهُ مِن قَبْلِ أَن يَأْتِيَكُمُ الْعَذَابُ ثُمَّ لَا تُنصَرُونَ"
"Dis [= Transmets, ô Muhammad, ces paroles venant de Moi] : "O Mes serviteurs qui avez agi excessivement par rapport à vous-mêmes, ne désespérez pas de la Miséricorde de Dieu. Dieu pardonne tous les péchés. Il est, Lui, le Pardonnant, le Miséricordieux. Et revenez vers votre Seigneur et soumettez-vous à Lui, avant que ne vienne à vous le châtiment, et alors vous ne serez point secourus"" (Coran 39/53-54).

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Dieu rend égaré (kufr akbar) celui qui l'a mérité, et pas autre que lui. Et Il est en Colère contre de tels hommes. Cependant, tout en étant en Colère contre eux, Il a aussi de la compassion pour eux, qui se sont ainsi égarés (et s'exposent donc à Son châtiment) :

Après avoir raconté le récit d'une cité qu'Il détruisit parce qu'ils avaient persisté à traiter de menteurs Ses Messagers qu'Il y avait suscités au nombre de 3 à la fois, Dieu dit : "يَا حَسْرَةً عَلَى الْعِبَادِ مَا يَأْتِيهِم مِّن رَّسُولٍ إِلاَّ كَانُوا بِهِ يَسْتَهْزِؤُون" : "O regret pour les serviteurs ! Il ne leur vient pas de messager sans qu'ils se moquent de lui" (Coran 36/30). As-Sa'dî écrit en commentaire, que Dieu dit cela en ayant de la compassion pour ces hommes (Ses serviteurs) ayant persisté et s'étant entêtés à refuser Son Message : "قال اللّه مترحمًا للعباد: {يَا حَسْرَةً عَلَى الْعِبَادِ مَا يَأْتِيهِمْ مِنْ رَسُولٍ إِلَّا كَانُوا بِهِ يَسْتَهْزِئُونَ} أي: ما أعظم شقاءهم، وأطول عناءهم، وأشد جهلهم، حيث كانوا بهذه الصفة القبيحة، التي هي سبب لكل شقاء وعذاب ونكال" (Tafsîr us-Sa'dî).

Dieu dit aussi : "يَا أَيُّهَا الْإِنسَانُ مَا غَرَّكَ بِرَبِّكَ الْكَرِيمِ الَّذِي خَلَقَكَ فَسَوَّاكَ فَعَدَلَكَ فِي أَيِّ صُورَةٍ مَّا شَاء رَكَّبَكَ" : "O humain, qu'est-ce qui t'a trompé au sujet de ton Pourvoyeur, le Généreux, Celui qui t'a créé (...) ?" (Coran 82/6-8).

Par ailleurs, certes, la Miséricorde particulière de Dieu ne touche que ceux qui ont cru en Lui, cependant, la Miséricorde générale de Dieu touche tout le monde selon un autre aspect :
"قَالَ عَذَابِي أُصِيبُ بِهِ مَنْ أَشَاءُ وَرَحْمَتِي وَسِعَتْ كُلَّ شَيْءٍ فَسَأَكْتُبُهَا لِلَّذِينَ يَتَّقُونَ وَيُؤْتُونَ الزَّكَاةَ وَالَّذِينَ هُمْ بِآيَاتِنَا يُؤْمِنُونَ" : "Et Ma Miséricorde englobe toute chose. Je l'écrirai pour ceux qui se préservent, donnent l'aumône et qui croient en Nos Signes" (Coran 7/156).
As-Sa'dî écrit : "قَالَ الله تعالى: {عَذَابِي أُصِيبُ بِهِ مَنْ أَشَاءُ} ممن كان شقيا، متعرضا لأسبابه. {وَرَحْمَتِي وَسِعَتْ كُلَّ شَيْءٍ} من العالم العلوي والسفلي، البر والفاجر، المؤمن والكافر، فلا مخلوق إلا وقد وصلت إليه رحمة الله وغمره فضله وإحسانه. ولكن الرحمة الخاصة المقتضية لسعادة الدنيا والآخرة ليست لكل أحد، ولهذا قال عنها: {فَسَأَكْتُبُهَا لِلَّذِينَ يَتَّقُونَ}" (Tafsîr us-Sa'dî).
Al-Âlûssî écrit : "ورحمة الله تعالى - وإن وسعت كل شيء ببعض اعتباراتها - إلا أنها خصت المتقين باعتبار آخر كما يشير إليه قوله تعالى: {وَرَحْمَتِي وَسِعَتْ كُلَّ شَيْءٍ فَسَأَكْتُبُها لِلَّذِينَ يَتَّقُونَ}. فهي كمعيته سبحانه الغير المكيفة، ألا تسمع قوله تعالى مرة: {ما يَكُونُ مِنْ نَجْوى ثَلاثَةٍ إِلَّا هُوَ رابِعُهُمْ وَلا خَمْسَةٍ إِلَّا هُوَ سادِسُهُمْ وَلا أَدْنى مِنْ ذلِكَ وَلا أَكْثَرَ إِلَّا هُوَ مَعَهُمْ}، وتارة: {إِنَّ اللَّهَ مَعَ الَّذِينَ اتَّقَوْا وَالَّذِينَ هُمْ مُحْسِنُونَ" (Rûh ul-ma'ânî, tome 1 p. 142).
Ibn ul-Qayyim écrit pour sa part : "فإن قيل: فقد قال سبحانه عقيبها: {فَسَأَكْتُبُهَا لِلَّذِينَ يَتَّقُونَ} إلى آخر الآية يخرج غيرهم منها لخروجهم من الوصف الذي يستحق به. قيل: الرحمة المكتوبة لهؤلاء هي غير الرحمة الواسعة لجميع الخلق بل هي رحمة خاصة خصهم بها دون غيرهم وكتبها لهم دون من سواهم وهم أهل الفلاح الذين لا يعذبون بل هم أهل الرحمة والفوز والنعيم. وذكر الخاص بعد العام استطرادا. وهو كثير في القرآن بل قد يستطرد من الخاص إلى العام كقوله: {هُوَ الَّذِي خَلَقَكُمْ مِنْ نَفْسٍ وَاحِدَةٍ وَجَعَلَ مِنْهَا زَوْجَهَا لِيَسْكُنَ إِلَيْهَا فَلَمَّا تَغَشَّاهَا حَمَلَتْ حَمْلاً خَفِيفاً فَمَرَّتْ بِهِ فَلَمَّا أَثْقَلَتْ دَعَوَا اللَّهَ رَبَّهُمَا لَئِنْ آتَيْتَنَا صَالِحاً لَنَكُونَنَّ مِنَ الشَّاكِرِينَ} فهذا استطراد من ذكر الأبوين إلى ذكر الذرية ومن استطراد قوله: {إِنَّا زَيَّنَّا السَّمَاءَ الدُّنْيَا بِزِينَةٍ الْكَوَاكِبِ وَجَعَلْنَاهَا رُجُوماً لِلشَّيَاطِينِ} فالتي جعلت رجوما ليست هي التي زينت بها السماء ولكن استطرد من ذكر النوع إلى نوع آخر وأعاد ضمير الثاني على الأول لدخولهما تحت جنس واحد. فهكذا قوله: {رَحْمَتِي وَسِعَتْ كُلَّ شَيْءٍ فَسَأَكْتُبُهَا لِلَّذِينَ يَتَّقُونَ} فالمكتوب للذين يتقون نوع خاص من الرحمة الواسعة والمقصود أن الرحمة لا بد أن تسع أهل النار ولا بد أن تنتهي حيث ينتهي العلم كما قالت الملائكة ربنا وسعت كل شيء رحمة وعلما" (Shifâ' ul-'alîl, pp. 649-650).

Wallâhu A'lam (Dieu sait mieux).

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