Quand le seul avis d'ordre Dînî qui est correct peut être déterminé de façon qat'î (tranchée) - Et quand le seul avis correct ne peut être déterminé que de façon zannî (supposée)

Quand il y a, au sujet d'une mas'alah (question, point) donnée, une divergence d'opinions entre les musulmans, il leur est demandé d'en référer à la Parole de Dieu et à celle de Son Messager pour établir quelle opinion est correcte :
"يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آمَنُواْ أَطِيعُواْ اللّهَ وَأَطِيعُواْ الرَّسُولَ وَأُوْلِي الأَمْرِ مِنكُمْ؛ فَإِن تَنَازَعْتُمْ فِي شَيْءٍ فَرُدُّوهُ إِلَى اللّهِ وَالرَّسُولِ إِن كُنتُمْ تُؤْمِنُونَ بِاللّهِ وَالْيَوْمِ الآخِرِ؛ ذَلِكَ خَيْرٌ وَأَحْسَنُ تَأْوِيلاً"
:
"O les croyants, obéissez à Dieu, obéissez à Son Messager, ainsi qu'aux détenteurs de l'autorité parmi vous. Si alors vous divergez au sujet de quelque chose, renvoyez-la à Dieu et à Son Messager, si vous êtes croyants en Dieu et au Jour Dernier. Ceci est mieux et de meilleur devenir"
(Coran 4/59).
Se référer à Dieu et à Son Messager, cela signifie
, depuis le décès de ce Messager : se référer au Coran et à la Sunna, lesquels sont des textes ; sans oublier de garder comme cadre les interprétations de la Jamâ'ah.
(Pourquoi le verbe "obéissez à" a été répété devant le nom "le Messager" mais pas devant le groupe nominal "les détenteurs de l'autorité parmi vous", nous l'avons déjà exposé dans un autre article.)

De même, le Prophète (sur lui soit la paix) a dit : "عليكم بتقوى الله والسمع والطاعة وإن عبدا حبشيا. وسترون من بعدي اختلافا شديدا؛ فعليكم بسنتي وسنة الخلفاء الراشدين المهديين، عضوا عليها بالنواجذ؛ وإياكم والأمور المحدثات، فإن كل بدعة ضلالة" : "Adoptez la taqwâ de Dieu ; ainsi que "écouter et obéir" (au dirigeant), ce dernier fût-il un esclave abyssinien. Et celui d'entre vous qui vivra verra beaucoup de divergences. Attachez-vous alors fermement à ma Sunna et à la Sunna des califes bien guidés après moi. Et préservez-vous des innovations, car toute innovation (bid'a) est un égarement" (at-Tirmidhî, 2676, Ibn Mâja, et c'est sa version qui a été reproduite ici).

Ce que nous voulons dire dans cet article-ci, c'est que ce recours aux textes des deux sources est nécessaire pour déterminer quel est celui des avis ayant vu le jour entre les musulmans qui est "juste" et quel est celui qui est "erroné", quel est celui qui est "conforme à la Sunna" et quel est celui qui constitue une "innovation", mais cela n'est pas simplificateur comme certains le croient...
Primo les textes du Coran et de la Sunna présentent des subtilités et des nuances beaucoup plus riches que certains le pensent.
Secundo, il existe des hadîths qui, bien que tous authentiques, présentent des choses différentes (lire notre article pour comprendre comment cela).
Tertio, le caractère "erroné" de tel avis par rapport à tel autre est d'intensités différentes : parfois il s'agit clairement d'un avis de déviance (dhalâl), d'autres fois c'est seulement une erreur d'interprétation, khata' ijtihâdî ; sans oublier que d'autres fois encore, déterminer lequel des avis est juste et lequel est erroné, cela ne peut pas être fait de façon tranchée mais seulement de façon supposée (zannî).
C'est ce dernier point que nous exposons ci-après...

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Voici ce que, dans son livre Maf'hûm ul-iftirâq, consacré aux raisons de la division dans la Umma et aux solutions pour s'en sortir, Nâssir ibn Abd il-Karîm al-'Aql écrit sur le sujet :

"Distinguer la déviance de la divergence est une chose très importante. Les gens du 'ilm devraient se soucier de (souligner cette distinction). Car beaucoup de gens – et particulièrement certains du'ât, ainsi que certains jeunes de la période de la Sahwa (réveil de l'Islam), dont la compréhension du Dîn n'est pas complète – n'arrivent pas à faire la distinction entre les cas de divergence et les cas de déviance. De là, certains d'entre eux appliquent aux cas de simple divergence les règles relatives aux cas de déviance. Ceci est une grande erreur, dont l'origine est l'ignorance par rapport aux principes de la déviance : quand se produit-elle, comment se produit-elle ? Qui peut rendre le jugement disant que telle personne ou tel groupe a dévié ?" (p. 11).
Citant certaines erreurs qui ont cours aujourd'hui, al-'Aql cite, comme 4ème erreur : "Ignorer ce en quoi la divergence est autorisée et ce en quoi elle n'est pas autorisée" (pp. 20-21).

Lire notre article faisant le compte-rendu de son livre.

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A) Dans un premier temps, déjà, il faut savoir qu'il existe des cas où la divergence n'est qu'apparente, due à une formulation différente (ikhtilâf lafzî).

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B) Par ailleurs, même quand la divergence est réelle (ikhtilâf haqîqî) :

B.A) il est des points qui sont tels que la vérité n'y est pas unique : il s'agit des points où les sources ont offert une pluralité de possibilités (fi-s-sunna wus'ah) :

Par exemple à propos de la formule du tashahhud, à réciter en position assise dans la prière : toutes les formules figurant dans différents textes de la Sunna sont valables, il n'y en a pas une qui serait correcte tandis que les autres seraient erronées.

Ibn Taymiyya écrit ainsi (exposant les catégories ici nommées "A" et "B.A") :
"أما أنواع الاختلاف فهي في الأصل قسمان :
ـ اختلاف تنوع؛
واختلاف تضاد -
واختلاف التنوع على وجوه:
منه ما يكون كل واحد من القولين أو الفعلين حقا مشروعا (كما في القراءات التي اختلف فيها الصحابة حتى زجرهم رسول الله صلى الله عليه وسلم عن الاختلاف وقال كلاكما محسن. ومثله اختلاف الأنواع في صفة الأذان والإقامة والاستفتاح، والتشهدات، وصلاة الخوف، وتكبيرات العيد، وتكبيرات الجنازة، إلى غير ذلك مما شرع جميعه، وإن كان قد يقال إن بعض أنواعه أفضل). ثم نجد لكثير من الأمة في ذلك من الاختلاف ما أوجب اقتتال طوائف منهم؛ كاختلافهم على شفع الإقامة وإيثارها ونحو ذلك. وهذا عين المحرم. ومن لم يبلغ هذا المبلغ فتجد كثيرا منهم في قلبه من الهوى لأحد هذه الأنواع والإعراض عن الآخر أو النهي عنه ما دخل به فيما نهى عنه النبي صلى الله عليه وسلم.
ومنه ما يكون كل من القولين هو في الواقع في معنى قول الآخر لكن العبارتان مختلفتان (كما قد يختلف كثير من الناس في ألفاظ الحدود، والتعريفات، وصيغ الأدلة، والتعبير عن المسميات، وتقسيم الأحكام، وغير ذلك). ثم الجهل أو الظلم هو الذي يحمل على حمد إحدى المقالتين وذم الأخرى.
ومنه ما يكون المعنيان غيرين لكن لا يتنافيان؛ فهذا قول صحيح وذلك قول صحيح وإن لم يكن معنى أحدهما هو معنى الآخر. وهذا كثير في المنازعات جدا.
ومنه ما يكون طريقتان مشروعتان ولكن قد سلك رجل أو قوم هذه الطريقة، وآخرون قد سلكوا الأخرى، وكلاهما حسن في الدين. ثم الجهل أو الظلم يحمل على ذم أحدهما أو تفضيله بلا قصد صالح، أو بلا علم، أو بلا نية"
(Iqtidhâ' us-sirât il-mustaqîm, pp. 37-38).

Dans ces deux catégories (A et B.A), chaque avis est juste toujours et partout.

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B.B) Puis viennent les points relevant des autres catégories, où même si plusieurs avis ont vu le jour au sein de l'ensemble de ceux qui se réclament de l'islam, un seul d'entre eux est juste, l'autre ou les autres étant erroné(s) (ikhtilâfu tadhâdd)

B.B.A) il y a des points où il y a divergence non pas par rapport à une règle, mais par rapport à l'application d'un principe général à un cas concret :

Cette règle est applicable dans tel contexte, et pas dans tel autre : dans le premier contexte, l'avis est différent de ce qu'il est dans le second contexte ; mais chacun de ces deux avis est juste par rapport à son contexte donné. Ibn Taymiyya a cité deux exemples qui peuvent être ramenés à ce cas de figure :
"وهذا كما أن الكفار من اليهود والنصارى إذا لبسوا ثوب الغيار من أصفر وأزرق، نهي عن لباسه لما فيه من التشبه بهم؛ وإن كان لو خلا عن ذلك، لم يكره. وفي بلاد لا يلبس هذه الملابس عندهم إلا الكفار فنهي عن لبسها؛ والذين اعتادوا ذلك من المسلمين لا مفسدة عندهم في لبسه. ولهذا كره أحمد وغيره لباس السواد لما كان في لباسه تشبه بمن يظلم أو يعين على الظلم وكره بيعه لمن يستعين بلبسه على الظلم؛ فأما إذا لم يكن فيه مفسدة لم ينه عنه" (MF 17/487-488).

Dans cette catégorie B.B.A, chaque avis est juste par rapport à un contexte particulier, erroné par rapport à un autre contexte.

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B.B.B) enfin, il y a les points où il y a divergence par rapport à la norme elle-même :

Ici, un seul des avis existant est juste, les autres sont erronés.

Mais ce que nous voulons dire ici c'est que l'intensité de ce "caractère erroné" n'est pas toujours de même niveau.

On peut ainsi distinguer les catégories suivantes :

– il y a les points ("massâ'ïl") où la vérité est une seule et est déterminée de façon qat'î (tranchée)...

--- ... et cela est tellement qat'î que tout avis différent repose forcément sur quelque chose qu'il est impossible de qualifier d'"ijtihâd" ("لا مجال للاجتهاد فيه") : tout avis différent est, ici, qualifié d'"erreur non-ijtihâdî" ; l'erreur faite ici bénéficie tout au plus d'une excuse de la part de Dieu – maghfûr / ma'dhûr – et ce encore, uniquement si la personne ignorait réellement le texte communiquant la vérité, ou l'avait mal compris (lire notre article sur le sujet)...

----- ... et cet avis différent constitue du kufr akbar ;

----- ... et cet avis différent constitue du dhalâl ghayru kufr ;

--- ... mais l'avis différent repose malgré tout sur quelque chose que l'on peut qualifier de "ijtihâd" ("مبنيّ على اجتهاد سائغ"), et ce car "للاجتهاد في المسألة مساغ" : ces points relèvent donc eux aussi des points ijtihâdî (à la différence des points de la catégorie ci-dessus) ; cependant, sur ces points là, la vérité est malgré tout déterminée de façon qat'î (à la différence des points de la catégorie ci-dessous) ;

– et puis il y a d'autres points où la vérité ne peut être déterminée que de façon zannî (supposée). On dit aussi au sujet de ces points : "للاختلاف فيه مساغ". Ici les choses ne sont pas aussi tranchées, même si un seul des avis en présence est juste. C'est aux points de ce type que s'applique le célèbre propos de ulémas disant : "Mon avis est juste mais est susceptible d'être erroné. Et l'avis contraire est erroné mais susceptible d'être juste." (Nous avons parlé de cette catégorie dans un autre article encore.)

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Ces 4 sous-catégories, qui prennent place à l'intérieur de la catégorie B.B.B., peuvent être présentées de la façon suivante :

B.B.B) Les points relevant des autres catégories, où même si plusieurs avis ont vu le jour au sein de l'ensemble de ceux qui se réclament de l'islam, un seul d'entre eux est juste, l'autre ou les autres étant erroné(s) (ikhtilâfu tadhâdd) :

B.B.B.1) Les points où la vérité est une seule mais ne peut être déterminée que de façon zannî ("للاختلاف فيه مساغ") ;

B.B.B.2) les points où la vérité est une seule et est déterminée de façon qat'î...

--- B.B.B.2.1) ... cependant que l'autre avis, bien qu'erroné, reste néanmoins "fondé sur une réflexion de niveau "ijtihâd"" ("للاجتهاد في المسألة مساغ") ;

--- B.B.B.2.2) ... cependant que l'autre avis (celui qui est erroné) n'est "pas fondé sur une réflexion qui soit de niveau "ijtihâd"" ("لا مجال للاجتهاد فيه")...

----- B.B.B.2.2.1) ... et cet avis erroné constitue du dhalâl ghayru kufr ;

----- B.B.B.2.2.2) ... et cet avis erroné constitue du kufr akbar.

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Voici ce que Ibn Taymiyya a écrit, parlant de questions où l'avis correct ne peut être déterminé que de façon zannî :

"وأحمد يفرق في هذا الباب:
فإذا كان في المسألة حديث صحيح لا معارض له، كان من أخذ بحديث ضعيف أو قول بعض الصحابة: مخطئا.
وإذا كان فيها حديثان صحيحان، نظر في الراجح فأخذ به؛ ولا يقول لمن أخذ بالآخر: إنه مخطئ.
وإذا لم يكن فيها نص، اجتهد فيها برأيه قال: ولا أدري أصبت الحق أم أخطأته؟
ففرَّق بين أن يكون فيها نص يجب العمل به وبين أن لا يكون كذلك؛ وإذا عمل الرجل بنص وفيها نص آخر خفي عليه لم يسمه مخطئا؛ لأنه فعل ما وجب عليه. لكن هذا التفصيل في تعيين الخطأ. فإن من الناس من يقول: لا أقطع بخطأ منازعي في مسائل الاجتهاد؛ ومنهم من يقول: أقطع بخطئه؛ وأحمد فصَّل؛ وهو الصواب. وهو إذا قطع بخطئه بمعنى عدم العلم، لم يقطع بإثمه: هذا لا يكون إلا في من علم أنه لم يجتهد"
(MF 20/25).

Traduction :
"Et Ahmad [ibn Hanbal] fait une différence à ce sujet :
quand il y a sur cette question un hadîth authentique non-contredit (par un autre hadîth), celui qui s'est fondé sur un hadîth non-authentique (dha'îf) ou sur le propos de certains Compagnons [contredisant ce hadîth parce qu'eux-mêmes n'en avaient pas eu connaissance] est (dit) "dans l'erreur (khata')" ;
quand il y a sur la question deux hadîths authentiques, (Ahmad) considère celui qui est plus pertinent (rajih) et le prend (comme fondement de la règle) ; (mais) il ne dit alors pas de celui qui a pris l'autre (hadîth) : "Il est dans l'erreur" ;
– et quand il n'y a pas de texte sur le sujet il fait ijtihâd selon son avis (ra'y) et il dit : "Je ne sais pas si j'ai atteint la vérité ou si l'ai manquée".
Il [= Ahmad ibn Hanbal] a donc fait la différence entre le cas où il y a un texte qu'il est obligatoire de mettre en pratique et le cas où les choses ne sont pas ainsi. Lorsqu'une personne a mis en pratique un texte alors qu'il existe aussi un autre texte dont il n'a pas eu connaissance, il [= Ahmad ibn Hanbal] ne dit pas de lui qu'il est dans l'erreur, car il a fait ce qui était obligatoire sur lui. Cependant, cette différenciation concerne la détermination de l'erreur (ta'yîn ul-khata'). Car :
– parmi les gens il y en a qui disent : "Je ne fais pas qat' de l'erreur (khata') de celui qui est en désaccord avec moi dans les questions ijtihâdî" ;
– et il y en a d'autres qui disent : "Je fais qat' de son erreur (khata')" ;
– Ahmad (ibn Hanbal) a opéré une distinction entre plusieurs cas. C'est cela la bonne posture (swawâb).

(Mais) s'il fait qat' de son erreur (khata') – dans le sens de sa non-connaissance –, il ne fait pas qat' du fait qu'il a commis là un péché : cela [qualifier de faute morale] n'a lieu que là on sait qu'il n'y a pas eu  "ijtihâd" (digne de ce nom)"
(MF 20/25).

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Voici un autre écrit de Ibn Taymiyya évoquant aussi cette distinction entre points où la vérité est déterminée de façon qat'î et points où elle ne peut être déterminée que de façon zannî, à propos cette fois des croyances :

"وأصل هذا ما قد ذكرْتُه في غير هذا الموضع: أن المسائل الخبرية قد تكون بمنزلة المسائل العملية
(...)

وقولنا "إنها قد تكون بمنزلتها" يتضمن أشياء
ـ منها: أنها تنقسم إلى قطعيّ وظنّيّ؛
ـ ومنها: أن المصيب وإن كان واحدًا، فالمخطئ قد يكون معفوًا عنه، وقد يكون مذنبًا، وقد يكون فاسقًا، وقد يكون كالمخطئ في الأحكام العملية سواء
(...)
هذا لعَمْرِي في الاختلاف الذي هو تناقض حقيقي.
فأما سائر وجوه الاختلاف، كاختلاف التنوع والاختلاف الاعتباري واللفظي، فأمره قريب؛ وهو كثير أو غالب على الخلاف في المسائل الخبرية"
(MF 6/56-58).

Traduction :
"(...) Le fondement de cela est ce que j'ai déjà évoqué ailleurs qu'ici : Les massâ'ïl khabariyya sont parfois comme les massâ'ïl 'amaliyya. (...)
Ce propos venant de moi : "Les (massâ'ïl khabariyya) sont parfois comme les (massâ'ïl 'amaliyya)", cela englobe plusieurs choses,
– parmi lesquelles ceci : Les (massâ'ïl khabariyya) se subdivisent en : qat'î et zannî ;

– parmi ces choses il y (aussi) ceci : L'avis juste, même s'il n'est (au sujet des massâ'ïl khabariyya) qu'un seul, celui qui adhère à l'avis erroné est parfois excusé, parfois pécheur, parfois grand pécheur, et parfois comme celui qui a fait une erreur dans les massâ'ïl 'amaliyya.
(...).
Cela, de ma vie, concerne les divergences qui sont réelles (haqîqî) [catégorie "B" plus haut citée].

Quant aux autres catégories de divergences, telles que la divergence de libre possibilité (tanawwu') et la divergence due aux différentes perspectives ou due à différentes formulations [catégorie "A" plus haut évoquée], cela est plus facile encore. Cela est abondant ou même dominant dans les divergences liées aux croyances" (MF 6/56-58).

Wallâhu A'lam (Dieu sait mieux).

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