Se lever, ou ne pas se lever, quand une personne ayant un certain statut social entre dans la pièce ?

Question :

Comme vous le savez, il est certains lieux où il est de coutume de se lever quand le personnage important pénètre dans la salle où l'on se trouvait assis.

Or certains frères m'ont dit que les Compagnons s'étaient interdits de faire cela par rapport au Prophète (sur lui soit la paix).

Que devrions-nous faire ?

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Réponse :

Les choses sont nuancées...

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Déjà il faut distinguer deux choses :

---– A) Il existe d'une part : le "Muthûl" : "المُثُول" : en présence d'une personne qui est déjà assise, rester debout volontairement, par respect pour cette personne (je ne parle pas des cas où il n'y a pas suffisamment de places assises pour tout le monde) ;
---– B) Et il existe d'autre part le "Qiyâm ilâ / li-l-qâdim" : "القيام إلى / للقادم" : se lever vers / pour la personne qui arrive / entre dans la pièce / passe ; et ensuite se rasseoir.

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Quelques hadîths et âthâr relatifs au sujet :

--- 1) Un hadîth relatif au fait d'aimer que les gens pratiquent à son égard le Muthûl :
"عن معاوية قال: سمعت رسول الله صلى الله عليه وسلم يقول: "من أحب أن يمثل له الرجال قياما فليتبوأ مقعده من النار"
: "Celui qui aime que les hommes pratiquent le Muthûl à son égard, qu'il prépare sa place dans le Feu" (Abû Dâoûd, 5229).

--- 2) Un hadîth relatif au fait de pratiquer le Muthûl, fût-ce à l'égard de qui n'aime pas et n'attend pas qu'on le pratique à son égard :
"عن جابر قال: اشتكى رسول الله صلى الله عليه وسلم فصلينا وراءه وهو قاعد، وأبو بكر يسمع الناس تكبيره، فالتفت إلينا فرآنا قياما، فأشار إلينا فقعدنا فصلينا بصلاته قعودا فلما سلم قال: "إن كدتم آنفا لتفعلون فعل فارس والروم: يقومون على ملوكهم وهم قعود! فلا تفعلوا؛ ائتموا بأئمتكم: إن صلى قائما فصلوا قياما وإن صلى قاعدا فصلوا قعودا" : "Vous avez failli il y a peu faire comme les Perses et les Rûm : ils demeurent debout devant leurs rois qui sont assis. Ne faites pas ainsi" (Muslim, 413).

--- 3) Le athar de Mu'âwiya (que Dieu l'agrée) parlant soit du Muthûl, soit du Qiyâm :
------ 3.a) "عن أبي مجلز أن معاوية دخل بيتا فيه ابن عامر وابن الزبير، فقام ابن عامر وجلس ابن الزبير. فقال معاوية: "اجلس، فإني سمعت رسول الله صلى الله عليه وسلم يقول: "من سره أن يمثل له العباد قياما، فليتبوأ بيتا في النار" : Mu'âwiya entra dans une pièce dans laquelle Ibn 'Âmir et Ibn uz-Zubayr se trouvaient, Ibn 'Âmir se leva, tandis que Ibn uz-Zubayr demeura assis. Mu'âwiya dit au premier : "Assieds-toi. Car j'ai entendu le Messager de Dieu (que Dieu le bénisse et le salue) dire : "Celui que cela rend content que les gens fassent pour lui le Muthûl, qu'il prépare sa maison dans le Feu"" (Ahmad, 16845) ;
------ 3.b) "عن أبي مجلز قال: خرج معاوية، فقام عبد الله بن الزبير وابن صفوان حين رأوه. فقال: اجلسا، سمعت رسول الله صلى الله عليه وسلم يقول: "من سره أن يتمثل له الرجال قياما فليتبوأ مقعده من النار" : Mu'âwiya sortit (d'un lieu) [= apparut] et, le voyant, Ibn Safwân et Ibn uz-Zubayr se levèrent. Mu'âwiya leur dit : "Asseyez-vous. Car j'ai entendu le Messager de Dieu (que Dieu le bénisse et le salue) dire : "Celui que cela rend content que les gens fassent pour lui le Muthûl, qu'il prépare sa maison dans le Feu"" (at-Tirmidhî, 2755).
------ 3.c) "عن أبي مجلز، قال: خرج معاوية على ابن الزبير وابن عامر، فقام ابن عامر وجلس ابن الزبير. فقال معاوية لابن عامر: اجلس، فإني سمعت رسول الله صلى الله عليه وسلم يقول: "من أحب أن يمثل له الرجال قياما فليتبوأ مقعده من النار" (Abû Dâoûd, 5229). Cette version 3.c peut pour sa part s'interpréter comme la 3.a ("Mu'âwiya entra dans la pièce dans laquelle Ibn 'Âmir et Ibn uz-Zubayr se trouvaient") ou comme la 3.b ("Mu'âwiya, sortit d'un lieu, et Ibn ['Âmir] et Ibn uz-Zubayr le virent alors").
On voit qu'il y a divergence dans les narrations de ce qui s'est alors passé.
En tous cas, Mu'âwiya a fait ici un raisonnement (un sadd ul-bâb) : il lui a dit de s'asseoir, alors que le hadîth interdit d'aimer que les gens fassent le Muthûl à son égard, il ne parle pas de faire ce Muthûl à l'égard de quelqu'un.
Par ailleurs, quand Mu'âwiya a dit à Ibn 'Âmir : "Assieds-toi" :
--- soit il a voulu lui dire : "Maintenant que tu t'es mis debout, rassieds-toi, afin de ne pas tomber dans le Muthûl, en restant debout alors que je me suis assis",
--- soit il a voulu lui dire : "Il ne fallait même pas faire le Qiyâm, pas se lever, quand je suis entré".

--- 4) Un autre athar de Mu'âwiya, avec un hadîth voisin :
"عن عبد الله بن بريدة قال:" خرج معاوية فرآهم قياما لخروجه، فقال لهم: اجلسوا فإن رسول الله صلى الله
عليه وسلم قال: "من سره أن يقوم له بنو آدم، وجبت له النار" : Mu'âwiya sortit (d'un lieu) [= apparut] et vit alors les gens se tenant debout à cause de son apparition. Il leur dit alors : "Asseyez-vous. Car j'ai entendu le Messager de Dieu (que Dieu le bénisse et le salue) dire : "Celui qui aime que les fils d'Adam fassent le Qiyâm à son égard, le Feu est nécessaire pour lui"" (Silsilat ul-ahâdîth is-sahîh, tome 1 pp. 695-696).
Ici aussi, Mu'âwiya a fait un raisonnement (un sadd ul-bâb) : il leur a dit de s'asseoir, alors que le hadîth interdit d'aimer que les gens fassent le Qiyâm à son égard, il ne parle pas de faire ce Qiyâm à l'égard de quelqu'un.

--- 5) Tous les hadîths qui vont suivre parlent eux aussi du Qiyâm :
"قال أبو سعيد: فلما طلع على رسول الله صلى الله عليه وسلم قال: "قوموا إلى سيدكم فأنزلوه." فقال عمر: سيدنا الله عز وجل. قال: "أنزلوه"، فأنزلوه" (Ahmad, 25097 : Silsilat ul-ahâdîth is-sahîha, n° 67).

--- 6) "عن عائشة قالت: قدم زيد بن حارثة المدينة ورسول الله صلى الله عليه وسلم في بيتي فأتاه فقرع الباب، فقام إليه رسول الله صلى الله عليه وسلم عريانا يجر ثوبه، والله ما رأيته عريانا قبله ولا بعده، فاعتنقه وقبله" (at-Tirmidhî, 2732, dha'îf d'après al-Albânî).

--- 7) "قال كعب: حتى دخلت المسجد، فإذا رسول الله صلى الله عليه وسلم جالس حوله الناس، فقام إليّ طلحة بن عبيد الله يهرول حتى صافحني وهناني، والله ما قام إليّ رجل من المهاجرين غيره، ولا أنساها لطلحة" (al-Bukhârî, Muslim).

--- 8) "كانت إذا دخلت على النبي صلى الله عليه وسلم قام إليها فقبلها وأجلسها في مجلسه، وكان النبي صلى الله عليه وسلم إذا دخل عليها قامت من مجلسها فقبلته وأجلسته في مجلسها" (at-Tirmidhî, 2872).

--- 9) "عن أبي أمامة، قال: خرج علينا رسول الله صلى الله عليه وسلم متوكئا على عصا فقمنا إليه فقال: "لا تقوموا كما تقوم الأعاجم، يعظم بعضها بعضا" (Abû Dâoûd, 5230, dha'îf d'après al-Albânî).

--- 10) "عن أنس قال: لم يكن شخص أحب إليهم من رسول الله صلى الله عليه وسلم؛ وكانوا إذا رأوه لم يقوموا لما يعلمون من كراهيته لذلك" : "Il n'y avait pas une personne qui soit plus aimée des (Compagnons) que le Messager de Dieu, que Dieu le bénisse et le salue. Et lorsqu'ils le voyaient, ils ne se levaient pas, à cause du fait qu'ils savaient qu'il n'aimait pas cela" (at-Tirmidhî, 2754).

--- 11) Un athar de Omar ibn 'Abd il-'Azîz :
"عن الأوزاعي حدثني بعض حرس عمر بن عبد العزيز قال: "خرج علينا عمر بن عبد العزيز ونحن ننتظره يوم الجمعة، فلما رأيناه قمنا، فقال: "إذا رأيتموني فلا تقوموا، ولكن توسعوا" : Comme les gens l'attendaient, les gens se levèrent en le voyant ; il leur dit alors : "Lorsque vous me voyez, ne vous levez pas, mais faites de la place [pour que je trouve moi aussi une place]" (Silsilat ul-ahâdîth is-sahîha, 1/696).

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Il s'agit de distinguer différents cas de figure :

---– A) Pour ce qui est du "Muthûl" : "المُثُول" : en présence d'une personne qui est déjà assise, rester debout volontairement, par respect pour cette personne :

Mettre un point d'honneur à demeurer debout alors que le maître est assis, par respect pour lui, cela est contraire à la Sunna Ta'abbudiyya.

C'est ce qui est concerné par les hadîths n° 1 et n° 2 :
--- le hadîth n° 1 parle d'aimer que des gens pratiquent le Muthûl à son égard (ce qui est plus grave que le 2) ;
--- et le hadîth n° 2 parle de pratiquer le Muthûl à l'égard de quelqu'un.

Ibn Taymiyya écrit : "وليس هذا القيام المذكور في قوله صلى الله عليه وسلم: "من سره أن يتمثل له الرجال قياما فليتبوأ مقعده من النار" فإن ذلك أن يقوموا له وهو قاعد، ليس هو أن يقوموا لمجيئه إذا جاء؛ ولهذا فرقوا بين أن يقال قمت إليه وقمت له. والقائم للقادم ساواه في القيام، بخلاف القائم للقاعد. وقد ثبت في صحيح مسلم: أن النبي (...) نهاهم عن القيام في الصلاة وهو قاعد لئلا يتشبه بالأعاجم الذين يقومون لعظمائهم وهم قعود" (MF 1/375-376).

Shâh Waliyyullâh écrit : "أقول: وعندي أنه لا اختلاف فيها في الحقيقة فإن المعاني التي يدور عليها الأمر والنهي مختلفة.
فإن العجم كان من أمرهم أن تقوم الخدم بين أيدي سادتهم والرعية بين أيدي ملوكهم وهو من إفراطهم في التعظيم حتى كاد يتاخم الشرك؛ فنهوا عنه؛ وإلى هذا وقعت الإشارة في قوله عليه السلا: "كما يقوم الأعاجم"، وقوله عليه السلام
: "من سره أن يتمثل"؛ يقال: "مثل بين يديه مثولا"، إذا انتصب قائما للخدمة.
أما إذا كان تبشيشا له واهتزازا اليه وإكراما وتطبيبا لقلبه، من غير أن يتمثل بين يده، فلا بأس فانه لا يتاخم الشرك"
(Hujjatullâh il-bâligha, 2/536).

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---– B) Et pour ce qui est du "Qiyâm ilâ / li-l-qâdim" : "القيام إلى / للقادم" : se lever vers / pour la personne qui arrive / entre dans la pièce / passe ; et ensuite se rasseoir :

Différents cas de figure se présentent ici :

--- B.A) Se lever pour aider l'arrivant à descendre de son moyen de locomotion, parce qu'il y a matière à l'aider ;
--- B.B) Se lever pour accueillir la personne qui rentre de voyage "ou chose semblable" ;
--- B.C.a) Se lever pour accueillir la personne qui entre dans la pièce où l'on se trouve, et ce parce que cette pièce est chez soi et qu'on reçoit cette personne chez soi ;
--- B.C.b) Se lever pour honorer la personne qui entre dans la pièce dans laquelle on se trouve, à cause de son statut dans la société ou dans cette salle (cette fois il ne s'agit plus de recevoir cette personne chez soi, comme c'était le cas en B.C.a) ;
--- B.D) Se lever pour tel personnage quand on le voit passer [et non plus lorsqu'il entre dans la pièce où l'on se trouve, comme c'était le cas en B.C].

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Voici des avis relatifs à chacun de ces 5 cas de figure :

--- B.A) Se lever pour aider l'arrivant à descendre de son moyen de locomotion, parce qu'il y a matière à l'aider :
Cela est, à l'unanimité des ulémas, action de bien : recommandée, voire parfois obligatoire.
- Ce fut le cas avec Sa'd ibn Mu'âdh (que Dieu l'agrée), au sujet de qui le Prophète (sur lui soit la paix) demanda à des Compagnons de se lever pour aller l'aider à descendre de sa monture (hadîth n° 5).

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--- B.B) Se lever pour accueillir la personne qui rentre de voyage "ou chose semblable" :
Cela est bien : "وأما القيام لمن يقدم من سفر ونحو ذلك، تلقّيًا له، فحسن" (MF 1/375).
- Comme "cas de retour du voyage", il y a ce qui est relaté de Zayd ibn Hâritha dans le hadîth n° 6 (dha'îf) ("عن عائشة قالت: قدم زيد بن حارثة المدينة ورسول الله صلى الله عليه وسلم في بيتي فأتاه فقرع الباب، فقام إليه رسول الله صلى الله عليه وسلم عريانا يجر ثوبه، والله ما رأيته عريانا قبله ولا بعده، فاعتنقه وقبله").
- Et comme "chose semblable", on peut citer le fait que Talha s'est levé pour féliciter chaleureusement Ka'b ibn Mâlik (que Dieu les agrée tous deux) à la fin du Hajr qu'il avait dû endurer (hadîth n° 7).

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--- B.C.a) Se lever pour accueillir la personne qui entre dans la pièce, parce que cette pièce est chez soi et qu'on reçoit cette personne chez soi :
Cela est autorisé.
- Fâtima (que Dieu l'agrée) le faisait pour son illustre père, le Prophète (sur lui soit la paix) (hadîth n° 8).

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--- B.C.b) Se lever pour honorer la personne qui entre dans la pièce dans laquelle on se trouve, à cause de son statut dans la société ou dans cette salle (cette fois il ne s'agit plus de recevoir cette personne chez soi, comme c'était le cas en B.C.a) :
----- cela est déconseillé d'après certains ulémas (évoqués in FB 11/60-65). Al-Albânî est de cet avis (Silsilat ul-ahâdîth is-sahîh, 1/696) (en p. 696 on lit un récit avec Ahmad ibn ul-'Adl, qui est lui aussi de cet avis) (par contre, le récit p. 695 avec 'Alî ibn ul-Ja'd parle d'autre chose : se lever et rester sur place quand le personnage sort de la pièce, ce qui semble pour sa part se rapprocher davantage du cas B.D que correspondre au cas présent : B.C.b).
Peuvent être cités comme allant dans le sens de cet avis :
- le hadîth n° 9 : "عن أبي أمامة قال: خرج علينا رسول الله صلى الله عليه وسلم متوكئا على عصا فقمنا إليه فقال: "لا تقوموا كما تقوم الأعاجم، يعظم بعضها بعضا" (Abû Dâoûd, 5230, dha'îf d'après al-Albânî) ;
- le hadîth n° 4 ("من سره أن يقوم له بنو آدم، وجبت له النار") mais avec le prolongement rationnel suivant : "دلنا هذا الحديث على أمرين. الأول: تحريم حب الداخل على الناس القيام منهم له؛ وهو صريح الدلالة بحيث أنه لا يحتاج إلى بيان. والآخر: كراهة القيام من الجالسين للداخل ولو كان لا يحب القيام؛ وذلك من باب التعاون على الخير وعدم فتح باب الشر؛ وهذا معنى دقيق دلنا عليه راوي الحديث معاوية رضي الله عنه، وذلك بإنكاره على عبد الله بن عامر قيامه له، واحتج عليه بالحديث، وذلك من فقهه في الدين، وعلمه بقواعد الشريعة، التي منها "سد الذرائع"، ومعرفته بطبائع البشر، وتأثرهم بأسباب الخير والشر" (Silsilat ul-ahâdîth is-sahîh, 1/695) ;
- le athar 3 selon sa version 3.a, exprimant alors que Mu'âwiya (que Dieu l'agrée) serait personnellement du même avis : "عن أبي مجلز أن معاوية دخل بيتا فيه ابن عامر وابن الزبير، فقام ابن عامر وجلس ابن الزبير. فقال معاوية: "اجلس، فإني سمعت رسول الله صلى الله عليه وسلم يقول: "من سره أن يمثل له العباد قياما، فليتبوأ بيتا في النار" (athar n° 3.a) ;

----- d'après at-Tabarî, al-Mundhirî, an-Nawawî (FB 11/60-65) et Shâh Waliyyullâh (HB 2/536) : cela est autorisé. Ibn Hajar écrit : "ونقل ابن كثير في تفسيره عن بعض المحققين التفصيل فيه فقال: المحذور أن يتخذ ديدنا كعادة الأعاجم، كما دل عليه حديث أنس؛ وأما إن كان لقادم من سفر [ب.ب] أو لحاكم في محل ولايته [ب.ج]، فلا بأس به. قلت: ويلتحق بذلك ما تقدم في أجوبة ابن الحاج كالتهنئة لمن حدثت له نعمة [ب.ب] أو لإعانة العاجز [ب.ا] أو لتوسيع المجلس أو غير ذلك، والله أعلم" (FB).
- Quant au hadîth n° 4 (qui parle de Hubbu Qiyâm in-Nâs lahû : "من سره أن يقوم له بنو آدم، وجبت له النار"), d'abord il y a une possibilité que le hadîth marfû' n'ait, ici, été rapporté ainsi qu'en tant que riwâya bi-l-ma'nâ de la version n° 3 (qui, elle, parle de Hubbu-Muthûl in-Nâs lahû : "من سره أن يمثل له العباد قياما، فليتبوأ بيتا في النار") ; dès lors, quand Mu'âwiya a dit (dans le 3.a comme dans le 4) : "Asseyez-vous", soit il a effectivement voulu dire : "Il ne fallait pas se lever quand je suis entré", mais soit il a voulu seulement dire : "Maintenant que vous avez fait le Qiyâm, rasseyez-vous, afin de ne pas commettre le Muthûl, restant debout alors que je me suis assis" ; enfin, même si sa signification est qu'il ne fallait pas se lever, cela demeure son raisonnement à lui (sadd ul-bâb), vu que le hadith ne parle que de Hubb.
- Quant au hadîth n° 9, d'abord il est dh'aîf, ensuite il est mahmûl sur le Muthûl, car c'est ce que ces non-arabes pratiquaient (HB) ;
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----- je suis de ce second avis.

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--- B.D) Se lever pour tel personnage quand on le voit passer [et non plus lorsqu'il entre dans la pièce où l'on se trouve, comme c'était le cas en B.C] :
Cela est contraire à la Sunna Ta'abbudiyya des Compagnons.
- On le voit dans le hadîth n° 10 : "عن أنس قال: لم يكن شخص أحب إليهم من رسول الله صلى الله عليه وسلم؛ وكانوا إذا رأوه لم يقوموا لما يعلمون من كراهيته لذلك" : "Il n'y avait pas une personne qui soit plus aimée des (Compagnons) que le Messager de Dieu, que Dieu le bénisse et le salue. Et lorsqu'ils le voyaient, ils ne se levaient pas, à cause du fait qu'ils savaient qu'il n'aimait pas cela" (at-Tirmidhî, 2754).
- Le athar n° 3 selon sa version 3.b peut également être cité ici : Ibn ul-Qayyim a retenu cette version 3.b quand il a écrit : "وأخرج أيضا من حديث سفيان وهو الثوري عن حبيب بن الشهيد عن أبي مجلز قال خرج معاوية فقام عبد الله بن الزبير وابن صفوان حين رأوه فقال اجلسا سمعت رسول الله صلى الله عليه و سلم يقول من سره أن يتمثل له الرجال قياما فليتبوأ مقعده من النار قال هذا حديث حسن. (...) وفيه رد على من زعم أن معناه أن يقوم الرجل للرجل في حضرته وهو قاعد [أ]؛ فإن معاوية روى الخبر لما قاما له حين خرج. وأما الأحاديث المتقدمة، فالقيام فيها عارض للقادم، مع أنه قيام للرجل للقائه (لا قياماً له)، وهو وجه حديث فاطمة. فالمذموم: القيام للرجل. وأما القيام إليه للتلقي إذا قدم: فلا بأس به" (Hâshiyat us-sunan).
Ibn Taymiyya écrit : "لم تكن عادة السلف على عهد النبي صلى الله عليه وسلم وخلفائه الراشدين أن يعتادوا القيام كلما يرونه عليه السلام (كما يفعله كثير من الناس)؛ بل قد قال أنس بن مالك: "لم يكن شخص أحب إليهم من النبي صلى الله عليه وسلم وكانوا إذا رأوه لم يقوموا له لما يعلمون من كراهته لذلك." ولكن ربما قاموا للقادم من مغيبه تلقيا له كما روي عن النبي صلى الله عليه وسلم أنه قام لعكرمة" (MF 1/374).
- Le athar n° 11 peut également être cité ici.

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Cependant, si la coutume du lieu est de se lever pour le personnage qui entre (B.C.b), ou pour le personnage qui passe (B.D) et que, si on ne le fait pas, ce personnage va en être froissé, car il ne connaît pas l'avis suscité, que faire :
--- s'agit-il (du moins pour celui qui partage le premier des 2 avis cités plus haut au sujet du cas B.C.b), de se retenir de se lever (se préserver de quelque chose de Mak'rûh), quelles qu'en soient les conséquences ?
--- ou bien s'agit-il pour lui de se préserver de la Mafsada que va entraîner le fait de se préserver de ce qu'il considère "Mak'rûh" ?
Ibn Taymiyya écrit que le plus convenable est alors de se lever,
afin d'éviter des malentendus et des tensions : "وإذا كان من عادة الناس إكرام الجائي بالقيام، ولو ترك لاعتقد أن ذلك لترك حقه أو قصد خفضه ولم يعلم العادة الموافقة للسنة، فالأصلح أن يقام له، لأن ذلك أصلح لذات البين وإزالة التباغض والشحناء" (MF 1/375).
"وجماع ذلك كله: الذي يصلح: اتباع عادات السلف وأخلاقهم. والاجتهاد عليه: بحسب الإمكان؛ فمن لم يعقد ذلك ولم يعرف أنه العادة وكان في ترك معاملته بما اعتاد من الناس من الاحترام مفسدة راجحة: فإنه يدفع أعظم الفسادين بالتزام أدناهما، كما يجب فعل أعظم الصلاحين بتفويت أدناهما" (MF 1/376).

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---– Une question différente : Se lever, ou pas, quand un convoi funéraire passe près du lieu où l'on se trouvait assis ?

"عن جابر بن عبد الله، قال: مرت جنازة، فقام لها رسول الله صلى الله عليه وسلم، وقمنا معه؛ فقلنا: يا رسول الله، إنها يهودية، فقال: "إن الموت فزع، فإذا رأيتم الجنازة فقوموا" : "La mort est un effroi. Aussi, lorsque vous voyez un convoi funéraire, levez-vous" (Muslim, 960).

Or la mort touche chaque humain, aussi il s'agit de se lever quand passe le convoi de tout humain [sauf s'il s'agit de quelqu'un qui combattait l'islam et les musulmans] : "سمعت عبد الرحمن بن أبي ليلى، قال: كان سهل بن حنيف وقيس بن سعد قاعدين بالقادسية، فمروا عليهما بجنازة، فقاما. فقيل لهما إنها من أهل الأرض أي من أهل الذمة، فقالا: إن النبي صلى الله عليه وسلم مرت به جنازة فقام، فقيل له: إنها جنازة يهودي، فقال: "أليست نفسا" (al-Bukhârî, 1250).

L'objectif de se lever alors est de Revivifier en soi que la mort est une réalité qui concerne chacun, et qu'il est mieux de ne pas rester dans une position qui pourrait exprimer qu'on est dans l'indifférence.

Ensuite est-ce que le fait de se lever ainsi a été ensuite complètement abrogé par le Prophète (sur lui soit la paix) et n'est donc plus du tout institué, ou bien est-ce que cela demeure mustahabb, recommandé), il y a des avis de ulémas des deux côtés. Lire cela dans notre article relatif à la visite des tombes.

Wallâhu A'lam (Dieu sait mieux).

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