Le recours au divorce est-il accessible à la femme en islam ?

Question :

La femme a-t-elle elle aussi le droit de divorcer en islam, ou bien ce droit est-il réservé à l'homme seulement ?

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Réponse :

A) D'après les textes de l'islam, le mari peut, pour divorcer, prononcer la formule de divorce (appelée "talâq") ou bien un mot qui n'est employé que pour désigner l'équivalent.

B) Si la femme n'a pas recours à la formule du "talâq", elle a cependant le recours à une des trois possibilités suivantes :
a. soit elle demande à son mari de prononcer la formule de divorce et le mari le fait ;
b. soit elle lui propose le khul' : elle lui rend le douaire (mahr) qu'il lui avait donné au moment du mariage (nikâh), et tous les deux mettent fin à leur état conjugal (les avis des savants sont divergents au sujet de savoir si cela constitue alors un "talâq", ou un "faskh") ;
c. soit elle porte plainte auprès du qâdhî (juge en pays musulman) pour un certain nombre de griefs, et celui-ci, après examen du dossier, prononce le divorce (appelé ici "taf'rîq"). Le mari ne peut pas s'y opposer ni faire appel. Parmi ces griefs il y a : coups et blessures, abandon du foyer par le mari, refus de subvenir aux besoins financiers de l'épouse, impuissance sexuelle, présence chez le mari d'une maladie repoussante, etc. ; il y a même comme cause valable une aversion pour le mari entraînant la décision de ne plus vouloir vivre avec lui. Il y a certes divergences d'opinions à propos des modalités liées au divorce pour ces griefs-là, mais notez qu'en Inde, Cheikh Khâlid Saïfullâh, qui occupe les fonctions de cadi dans l'Etat de l'Andhra Pradesh (en Inde cela est possible parce qu'y existe la muslim personal law) n'hésite pas à donner sur le sujet des avis d'autres écoles juridiques que la sienne (il est de l'école juridique hanafite) pour trouver des solutions aux problèmes que connaissent les femmes. En témoignent ses écrits.

Il faut ici relever qu'il est des ulémas qui pensent que le divorce devient inéluctable quand l'épouse propose au mari le khul'. Le Hadîth rapporté par al-Bukhârî dit qu'une femme est venue voir le Prophète disant qu'elle n'aimait plus son mari et qu'elle voulait se séparer d'elle moyennant la restitution du verger qu'il lui avait donné en douaire ; le Prophète dit au mari : "Accepte le verger et divorce d'elle" (fin de citation). As-San'ânî écrit en commentaire : "Le fait que le Prophète lui ait ordonné de se séparer d'elle est un ordre de recommandation et non d'obligation ; c'est ce qui a été dit. Mais le plus probable est que l'ordre soit considéré comme signifiant son sens originel, à savoir l'obligation ; le prouve le fait que Dieu ait dit : "Soit il la garde avec bienséance, soit il se sépare d'elle avec bienfaisance" : l'une de ces deux choses est obligatoire sur le mari ; or, ici il n'est plus possible qu'il "la garde avec bienséance" puisqu'elle demande la séparation ; il ne lui reste donc plus que "se séparer d'elle avec bienfaisance" (Subul us-salâm, as-San'ânî, tome 3 p. 263).

N'oublions cependant jamais : le divorce, en islam, est le dernier recours. Il ressort des principes de l'islam que ce n'est pas là chose légère mais chose que mari comme femme ne devraient entreprendre qu'en dernier recours. Pour plus de détails à ce sujet, lisez l'article : Comment l'islam perçoit-il le divorce ?.

Wallâhu A'lam (Dieu sait mieux).

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