L'islam fait-il une distinction entre "cultuel" et "temporel" ? - لا بد من دين الله لإصلاح دنيا الناس

Le terme "'ibâda" (rendre un culte) possède 2 sens :

– "ta'lîh", pour : "diviniser" ; lorsqu'il a ce sens, le terme s'emploie à propos de Dieu mais aussi à propos d'autre que Dieu (quand on parle de l'action - interdite, bien sûr - de diviniser un autre que Dieu) ; de ce premier sens nous avons parlé dans un autre article ;

– un autre sens de "'ibâda" est : "mâ yuta'abbadû bih" ; il s'agit de "ce par quoi on pratique le culte de Dieu", que Seul on a divinisé ; lorsque le terme possède ce sens, il n'est employé que par rapport à Dieu, et désigne seulement les actions par lesquelles le musulman adore Dieu tout au long de sa vie (lire notre autre article au sujet de la généralité du concept que revêt le "culte de Dieu" : il s'agit du sens B).

C'est avec ce second sens que ce terme est employé ci-après.

"L'islam ne fait pas de différence entre le "religieux" et le "temporel".
"En islam, toute bonne action est culte de Dieu."

Ces phrases, rares seraient les hommes à ne les jamais avoir entendues à propos de l'islam.

Elles expriment une vérité dans le sens où elles expriment la globalité (shumûliyya) des enseignements de l'islam : l'islam ne fait effectivement pas de coupure entre religieux et temporel.

Cependant, elles peuvent prêter à confusion si on ne prend pas le temps d'analyser le contenu des termes musulmans "religieux" ou "cultuel", par opposition à : "temporel". Le fait est que ces termes recouvrent dans la sphère musulmane une réalité différente de celle qu'ils recouvrent dans la sphère occidentale, vu que celle-ci continue de penser le religieux selon les catégories du catholicisme.

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Les concepts du "religieux" et du "temporel" en islam :

En fait, l'islam fait bien une distinction entre ce qui est "temporel" (dunyawî) et ce qui est "purement religieux" (dînî).

Ceci dans la mesure où l'islam offre aux hommes des éléments qui concernent "le religieux" (dînî), mais pas les éléments qui relèvent du "purement temporel" (dunyawî), c'est-à-dire ce que les hommes élaborent pour vivre sur terre (comme les systèmes d'arrosage, les outils de transport, le développement de nouvelles sources d'énergie, etc.).
Ainsi, le Prophète Muhammad (sur lui la paix), après son émigration à Médine, fit cette remarque devant la pratique médinite de la fécondation des palmiers-dattiers : "Je ne pense pas que cela serve à grand-chose." Les Compagnons s'en abstinrent donc. La récolte de dattes ayant été ensuite médiocre, il dit : "Vous connaissez mieux vos affaires de ce monde ("dunyâkum"). Mais lorsque je vous ordonne quelque chose de religieux ("dînikum"), prenez-le" (Muslim, synthèse des hadîths 2361-2363).

Cependant, ce qu'il est important de comprendre, c'est que le concept même du "religieux" est différent en islam. En islam, en effet, le mot "religieux" ("dînî") ne désigne pas seulement les croyances sur l'invisible, la spiritualité et les actes purement cultuels, mais aussi les normes (ahkâm) pour l'application des outils purement temporels.

Et ce que nous venons de désigner par le terme "dînî" peut aussi être désigné par le terme "'ibâda" ou "ta'abbudî".
Pareillement, tout ce qui a été désigné dans les lignes précédentes par le mot "dunyawî" peut aussi l'être par le mot "'âdî".

Ibn Taymiyya écrit ainsi : "La 'ibâda [de Dieu, au sens second du terme, évoqué au début de l'article] est un terme général (désignant) tout ce que Dieu aime et agrée, qu'il s'agisse de paroles ou d'actes, et que ceux-ci soient extérieurs ou intérieurs" (Al-'Ubûdiyya, p. 23). "On n'adore Dieu que par ce qui est obligatoire ou recommandé" (Qâ'ïda jalîla fit-tawassul wal-wassîla, p. 32). "Le culte n'est constitué que de ce qui est obligatoire ou recommandé ; ce qui n'est ni obligatoire ni recommandé ne constitue pas de la 'ibâda" (Ibid., p. 124). "Nous n'adorons Dieu que par des actes obligatoires ou recommandés" (Ibid., p. 162). Notons que faire l'action de se retenir de ce qui est interdit est aussi obligatoire, de même que se préserver de faire ce qui est déconseillé est également recommandé.

Si l'imagination et la conception d'outils, en soi, sont donc, comme nous venons de le dire, des éléments "purement mondains" (dunyawî) et que l'islam n'a pas vocation à les enseigner, le cadre de l'application de ces outils, relève donc bien, lui, du "religieux" (dînî), du cultuel ('ibâda) et donc de ce que l'islam enseigne. Si le Prophète Muhammad (sur lui la paix) n'avait donc pas comme mission de communiquer à ses disciples les méthodes de fécondation des dattiers, il leur a néanmoins laissé des règles interdisant certaines formes de vente (de dattes ou autres), des principes à respecter obligatoirement lors de cette vente, etc.

Ainsi, comme l'a écrit en substance ash-Shâtibî (cf. Al-I'tissâm, 2/80), la vente n'est pas, en soi, un élément purement religieux, mais un élément temporel ; l'islam ne dit donc rien sur la question de savoir si la vente doit se faire face à face ou par Internet ; cependant il apporte, au sujet de la vente, des règles religieuses, à savoir que sont interdits l'intérêt, la vente de ce qu'on ne possède pas encore, le mensonge relatif à la marchandise, et qu'est obligatoire le paiement de la zakât, etc. Ces règles font aussi partie du "religieux" islamique. Et elles restent valables que la vente se fasse face à face ou sur le Web. Ce sont ces règles, ajoutées à la conscience de la Présence de Dieu, qui introduisent une dimension "religieuse" dans la vente, et non la vente en elle-même.

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Par ailleurs :

Il existe un autre sens encore du terme "'ibâda", en vertu duquel ce mot désigne l'ensemble des actions purement cultuelles (il s'agit du sens B.b.a dans notre article sus-évoqué).

Et, à retenir ce sens également, il s'agit de faire encore la distinction entre les actions qui relèvent de l'ensemble des 'ibâdât et celles qui appartiennent à l'ensemble des 'âdât : on ne peut pratiquer que les actions de 'ibâdât qui ont été mentionnées dans le Coran et la Sunna, car avoir recours à une nouvelle action du domaine des 'ibâdât, c'est faire une innovation religieuse (bid'a). C'est-à-dire qu'on ne peut faire aucune action qui n'est pas établie dans le Coran et la Sunna en lui donnant le sens (qasd) que les 'ibâdât ont, à savoir "servir de moyen pour l'établissement ou le renforcement du lien spirituel avec Dieu". Ceci à la différence de tout ce qui relève des 'âdât, où le principe est la permission originelle... [Cliquez ici pour en savoir plus.]

En résumé, de ce qui n'a pas été spécifié par les textes des sources (maskût 'anh) :
– si on accomplit une action avec l'objectif qu'elle établisse, augmente ou entretienne en nous le lien spirituel avec Dieu, alors on tombe dans l'innovation religieuse (bid'a) ; car par rapport à cet objectif, ce qui n'a pas été mentionné dans les sources (maskût 'anh) ne peut faire l'objet d'une analogie avec ce qui y a été mentionné (ni qiyâs ul-'illa, ni qiyâs ul-maslaha : cliquez ici) ;
– et si on accomplit une action avec l'objectif qu'elle permette de concrétiser un autre objectif que celui de spiritualité, et ce par qiyâs ul-maslaha ; ou si on établit une règle (hukm) pour une action dans la mesure où cette dernière renferme le principe qui est le principe motivant ('illa) de cette règle lorsque ayant été spécifiée à propos de telle action dans les textes (et ce par qiyâs ut-tamthîl) : alors cela est institué.

De plus, de ce qui a été spécifié dans les textes des sources (mansus 'alayh) :
– si une action relève du domaine des 'ibâdât, alors la pratiquer avec l'objectif unique ou principal qu'elle permette autre chose que l'établissement, l'augmentation ou l'entretien du lien spirituel avec Dieu, cela n'est pas institué (cliquez ici) ;
– et si une action relève d'un domaine autre que celui des 'ibâdât, alors la pratiquer avec l'objectif unique ou principal qu'elle permette autre chose que l'établissement, l'augmentation ou l'entretien du lien spirituel avec Dieu, cela est institué ; il faut avoir malgré tout l'objectif de se rapprocher de Dieu en Lui obéissant pour qu'une telle action rapproche de Lui (cliquez ici).

Par ailleurs, les actions qui relèvent des 'ibâdât sont constituées d'éléments qui, dans leur totalité, sont ta'abbudî, la majorité d'entre eux étant même ta'abbudî mahdh : ici le principe général est donc qu'on ne peut pas pratiquer un impératif figurant dans les textes du Coran ou de la Sunna par un moyen équivalent à celui qui a été stipulé dans ces textes. A la différence des actions qui relèvent des 'âdât, où il est pour certains cas possible de pratiquer un impératif figurant dans les textes du Coran ou de la Sunna par un moyen équivalent à celui qui a été stipulé dans ces textes, bien que n'ayant pas été évoqué pas ceux-ci : cliquez ici et ici pour en savoir plus.

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Ecrits de grands ulémas sur le sujet :

Ash-Shâtibî écrit dans son livre Al-I'tissâm :
"ولأن العبادات ليس حكمها حكم العادات في أن المسكوت عنه كالمأذون فيه. (...) وبذلك كله يعلم من قصد الشارع أنه لم يكل شيئا من التعبدات إلى آراء العباد فلم يبق إلا الوقوف عند ما حده. والزيادة عليه بدعة، كما أن النقصان منه بدعة" : "Le principe en ce qui concerne les 'ibâdât n'est pas – contrairement au cas des 'âdât – que ce qui n'est pas mentionné dans les textes ("maskût 'anh") est comme ce qui est [explicitement] autorisé. (...) Par tout cela on sait que l'objectif du législateur est qu'il n'a confié rien de ce qui relève des ta'abbudât à l'avis des hommes. Il n'y a alors qu'à s'en tenir à ce qu'il a fixé ; rajouter quelque chose est une innovation religieuse ; comme en retrancher quelque chose est une innovation religieuse ("bid'a")..." (Al-I'tissâm 2/135).
"وعليه نبني الكلام فنقول: ثبت في الأصول الشرعية أنه لا بد في كل عادي من شائبة التعبد، لأن ما لم يعقل معناه على التفصيل من المأمور به أو المنهي عنه؛ فهو المراد بالتعبدي، وما عقل معناه وعرفت مصلحته أو مفسدته فهو المراد بالعادي، فالطهارات والصلوات والصيام والحج كلها تعبدي، والبيع والنكاح والشراء والطلاق والإجارات والجنايات كلها عادي، لأن أحكامها معقولة المعنى، ولا بد فيها من التعبد، إذ هي مقيدة بأمور شرعية لا خيرة للمكلف فيها، كانت اقتضاء أو تخييرا؛ فإن التخيير في التعبدات إلزام، كما أن الاقتضاء إلزام ـ حسبما تقرر برهانه في كتاب "الموافقات" : "Ainsi, les purifications rituelles, les prières, les jeûnes, le pèlerinage : la totalité [de ce qui constitue ces actions] est ta'abbudî. Et la vente, le mariage, l'achat, le divorce, les locations, les sanctions : sont totalement 'âdî (...), et il s'y trouve nécessairement du ta'abbud [aussi], vu que cela est nuancé par des règles ("umûr shar'iyya"), à propos desquelles le responsable [= l'homme] n'a pas eu le choix [de leur élaboration], qu'il s'agisse d'obligation ou de recommandation" (Al-I'tissâm 2/79-80).

Ibn Taymiyya écrit pour sa part :
"الوجه الثالث: أن تصرفات العباد من الأقوال والأفعال نوعان: عبادات يصلح بها دينهم، وعادات يحتاجون إليها في دنياهم.
فباستقراء أصول الشريعة، نعلم أن العبادات التي أوجبها الله أو أحبها لا يثبت الأمر بها إلا بالشرع؛ وأما العادات فهي ما اعتاده الناس في دنياهم مما يحتاجون إليه، والأصل فيه عدم الحظر، فلا يحظر منه إلا ما حظره الله سبحانه وتعالى. (...).
ولهذا كان أحمد وغيره من فقهاء أهل الحديث يقولون: إن الأصل في العبادات: التوقيف، فلا يشرع منها إلا ما شرعه الله تعالى (...)؛
والعادات الأصل فيها: العفو، فلا يحظر منها إلا ما حرمه. (...)
وهذه قاعدة عظيمة نافعة. وإذا كان كذلك، فنقول: البيع والهبة والإجارة وغيرها هي من العادات التي يحتاج الناس إليها في معاشهم، كالأكل والشرب واللباس؛ فإن الشريعة قد جاءت في هذه العادات بالآداب الحسنة: فحرمت منها ما فيه فساد، وأوجبت ما لا بد منه، وكرهت ما لا ينبغي، واستحبت ما فيه مصلحة راجحة، في أنواع هذه العادات ومقاديرها وصفاتها. وإذا كان كذلك، فالناس يتبايعون ويستأجرون كيف شاءوا ما لم تحرم الشريعة؛ كما يأكلون ويشربون كيف شاءوا ما لم تحرم الشريعة؛ وإن كان بعض ذلك قد يستحب أو يكون مكروها؛ وما لم تحد الشريعة في ذلك حدًا، فيبقون فيه على الإطلاق الأصلي
" (MF 29/16-18).
"Les activités humaines, qu'elles soient paroles ou actions, sont de deux catégories : 'Ibâdât, par lesquels leur Dîn devient bon, et 'Âdât, dont ils ont besoin dans leur Dunyâ. Par induction des principes des sources musulmanes, nous savons que les (actions qui relèvent de la catégorie des) 'Ibâdât, qu'elles soient obligatoires ou recommandées, l'enseignement (amr) à leur sujet ne s'établit que par les Textes.
Mais en ce qui concerne les (actions qui relèvent de la catégorie des) 'Âdât, il s'agit de ce que les hommes on pris l'habitude de faire dans leurs affaires du monde, de ce dont ils ont besoin ; et le principe est ici la permission : on ne peut donc interdire que ce que Dieu a interdit
. Ceci car rendre obligatoire ou interdit relève de la législation de Dieu [et l'acceptation de celle-ci constitue l'adoration de Dieu] ; or la façon d'adorer Dieu doit avoir été enseignée par Dieu. Dès lors, ce à propos de quoi Dieu n'a rien enseigné, comment pourrait-on dire que cela est interdit ?
C'est pourquoi Ahmad et d'autres juristes parmi les ahl ul-hadîth disaient :
"La règle pour ce qui relève des 'Ibâdât est de s'en tenir à ce qui a été spécifié dans les sources, et seul ce que Dieu a spécifié est légal ("yushra'u").
(…) Et la règle pour ce qui relève des 'Âdât est la permission, et on ne peut interdire que ce que Dieu a interdit. (…)." Ceci est un principe important.
Nous dirons donc : A propos de la vente, les dons, les locations, et autres actions dont les hommes ont besoin pour vivre – comme manger, boire et s'habiller –, les Textes ont énoncé des règles excellentes : ils ont interdit ce qui est mauvais, rendu obligatoire ce qui est nécessaire, déconseillé ce qui ne convient pas et recommandé ce qui est convenable : tout ceci s'applique aux types d'actes relevant des 'Âdât, comme à leurs quantités et leurs qualités. Dès lors, les hommes peuvent vendre et louer selon les moyens qu’ils veulent, comme ils peuvent manger de la façon qu'ils veulent, dès qu’ils respectent ces principes – ce qui est interdit, ce qui est déconseillé, ce qui est recommandé [et ce qui est obligatoire]. Et quand les Textes n'ont rien fixé, les hommes demeurent dans la permission originelle"
(MF 29/16-18 ; Al-Qawâ'ïd un-nûrâniyya al-fiqhiyya, pp. 134-135).

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Conclusion :

L'islam fait bien une distinction entre les "éléments cultuels" (ta'abbudî) et les "éléments temporels" ('âdî), que l'on désigne également par ce qui est "purement religieux" (dînî) et ce qui est "purement temporel" (dunyawî) respectivement.
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Seulement il ne fait pas de coupure entre eux.
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Il adopte une position que l'on pourrait traduire par le principe suivant : "لا بد من دين الله لإصلاح دنيا الناس" :
"Les hommes ont besoin du "religieux" que Dieu leur a donné pour rendre bon "le temporel" qu'ils ont élaboré".

Pour ce qui est du domaine du "purement religieux" ('ibâdât), l'islam offre aux musulmans la totalité des actions qu'ils pratiqueront, et ce domaine est donc entièrement constitué d'actions ta'abbudî : pas de place à l'élaboration de nouvelles actions cultuelles pour se rapprocher spirituellement de Dieu.

Par contre, en ce qui concerne le domaine de "la vie quotidienne" ('âdât), les choses relèvent de la permission originelle, et l'islam n'offre ici que des règles ta'abbudî ; les hommes peuvent découvrir et inventer d'eux-mêmes les éléments qui constitueront ce temporel, pour peu qu'ils encadrent ces éléments 'âdî par les règles ta'abbudî que le Coran et la Sunna leur ont communiqués. Si les sources de l'islam n'indiquent pas aux hommes ces éléments 'âdî, elles entendent donc bien mêler le "religieux" à ce "mondain". Ceci relève de la globalité (shumûliyya) de l'islam.

Le terme "religieux" ("dîn") ou "cultuel" ("ta'abbud") recouvre donc en Islam un champ plus vaste que celui qu'il recouvre dans la civilisation occidentale. En effet, les sources musulmanes nomment comme faisant partie du "religieux" non seulement "le religieux" de la civilisation occidentale (c'est-à-dire les croyances, la spiritualité et les formes purement cultuelles), mais aussi ce que la civilisation occidentale appelle "règles économiques, sociales, civiques, internationales, etc." Il faut par ailleurs rappeler ici que le "religieux" de l'Islam n'a pas comme objectif de détruire ou de rendre impossible, mais au contraire de préserver aussi bien les croyances et la spiritualité ("le religieux" de la civilisation occidentale) que la personne humaine, l'intellect, les biens, la filiation, la sécurité, etc. (cliquez ici pour en savoir plus). Et qu'il est applicable par chacun et non par un clergé, concept inexistant en islam.

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Note importante :

Je pense important de souligner que, pour expliquer les concepts de l'islam authentique à des interlocuteurs non-musulmans, il est possible aux musulmans d'employer les termes qui sont familiers à ces interlocuteurs : il est donc possible d'utiliser, lors du dialogue avec des non-musulmans, le terme "religieux" dans le sens restreint qu'il a en Occident (à savoir les croyances, la spiritualité et ce qui relève du purement cultuel), sans bien sûr négliger d'utiliser les autres termes occidentaux pour évoquer les autres règles de l'islam (celles qui intéressent les domaines économiques, sociaux, etc.). Leur dire ainsi que les sources musulmanes offrent des données "religieuses" (au sens occidental du terme), mais aussi "des principes pour ce qui a trait au familial, au social, à l'économique, à l'écologique, etc." Et que pratiquer l'islam revient à tenir compte de tous ces éléments.
Pareille utilisation des termes de l'interlocuteur non-musulman dans le but de communiquer efficacement est permise, pourvu que le contenu présenté par les sources de l'islam soit respecté. Ainsi, au premier siècle de l'Islam, lorsque les Banû Taghlib (des Arabes chrétiens) se déclarèrent prêts à payer la sadaqa (aumône) mais pas la jizya (impôt), Omar, alors calife, accepta leur demande sur le conseil de an-Nu'mân ibn Zur'a. Il leur dit : "C'est une jizya, appelez-la comme vous voulez" : "هذه جزية سموها ما شئتم" (al-Bayhaqî).

Wallâhu A'lam (Dieu sait mieux).

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A lire après cette page : un article complémentaire.

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