Le kufr étant plus grave que les mauvaises furû', doit-on, peut-on empêcher le kufr comme on empêche les mauvaises furû' ?

Objection :

Dans votre article sur le fait d'ordonner (amr) le bien (al-ma'rûf) et d'empêcher (nah'y) le mal (al-munkar), vous avez parlé seulement des actions extérieures [al-furû']. Et vous n'avez pas parlé du kufr, qui pourtant est un munkar beaucoup plus grand que le fait de consommer de la drogue, de voler, etc.

Je ne suis pas d'accord avec cela : avant de chercher à faire disparaître des actions extérieures telles que voler ou consommer de la drogue, par exemple, il faut chercher à faire disparaître l'action beaucoup plus grave qu'est le kufr.

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Réponse :

Vous avez raison sur un point, mais vous avez tort sur un autre

Vous avez raison sur un point : les actions de voler, de s'adonner à la fornication, de consommer de la drogue, etc. sont des munkar, mais le kufr akbar est un munkar encore plus grand qu'elles. C'est bien pourquoi le Prophète a dit à Abû Dharr que celui qui meurt avec la foi [asl ul-îmân] [ce qui implique l'absence de kufr akbar], celui-là entrera dans le Paradis, même s'il se sera adonné à la fornication et aura volé [et sera mort sans s'en être repenti] (al-Bukhârî 5489, Muslim 94) : c'est-à-dire qu'il entrera un jour dans le Paradis, même si un séjour temporaire dans la Géhenne le menace (wa'îd).

Cependant, parallèlement, vous avez tort sur un autre point :
– les actions extérieures que vous avez mentionnées, empêcher par la force qu'elles soient faites est institué (mashrû') (cela est institué en théorie, car les empêcher par la force requiert la réalisation préalable d'un certain nombre de conditions : cliquez ici et ici) ;
– tandis que le kufr, empêcher par la force qu'il soit fait n'est pas institué (mashrû') (même en théorie) : c'est seulement par la prédication verbale (da'wa bi-l-lissân) et la présentation du bon agir concret ('ardh ul-uswa al-hassana) qu'on peut amener quelqu'un à délaisser le kufr dans lequel il se trouvait jusqu'alors et auquel il s'adonnait, et à adopter le îmân.

Explications...

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I) Ordonner le bien (amr bi-l-ma'rûf) et interdire le mal (nah'y 'an il-munkar), chacune de ces deux actions se fait par... :

Ordonner le bien (amr bi-l-ma'rûf) et interdire le mal (nah'y 'an il-munkar), chacune de ces deux actions se fait :
soit dans le cœur et aussi par la force (il est à noter que l'application de la sanction, hadd, appartient elle aussi à la catégorie "interdire le mal", nah'y 'an il-munkar, comme Ibn Taymiyya l'a écrit) ;
soit dans le cœur et aussi par la langue (ou par la plume) ;
soit dans le cœur seulement (on souhaite, en voyant Untel, qu'il fasse telle action de bien ; on désapprouve, en voyant Untel faire telle action de mal, ce mal qu'il fait).

La force est réservée à celui qui possède l'autorité (et encore, il faut que l'emploi de la force par cette personne n'entraîne pas de problème plus grand que celui qu'elle entendait réparer).

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II) Désapprouver le kufr akbar dans son cœur :

Du cœur, on doit toujours désapprouver tout munkar que l'on voit ou entend, qu'il soit action extérieure de fisq asghar, parole de fisq asghar, croyance de kufr akbar, parole ou action exprimant une telle croyance de kufr akbar.
Ne pas, dans son cœur, désapprouver le kufr akbar, cela revient à l'agréer (ar-ridhâ bihî), ce qui est très grave.

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III) L'autorité publique de la terre musulmane peut-elle empêcher, par le recours à la force publique, que le kufr akbar subsiste sur son sol ?

Non. (Jésus fils de Marie fera-t-il cela après son retour ? J'en ai parlé dans l'article consacré à la venue du faux Messie. Mais en tous cas, avant cette époque particulière, les choses ne sont pas ainsi, exception faite de la Péninsule arabique ou du Hedjaz ; cependant, cela aussi demande la réalisation de certaines conditions : cliquez ici.)

Par rapport au fait d'empêcher le munkar qu'est l'action de voler (ou autre action du même genre) et le munkar qu'est le fait de s'adonner au kufr akbar, il y a dès lors des différences.

En voici 3 :

1) En pays musulman, l'autorité peut recourir à la force pour mettre fin à un regroupement de musulmans ou de non-musulmans s'étant constitués en bande de vol organisé. Alors qu'elle ne peut pas avoir recours à la force pour empêcher les non-musulmans de garder et de pratiquer leur religion (même en groupes se réunissant dans leurs lieux de culte), qui pourtant est du kufr akbar.

2) De même, en pays musulman, l'autorité appliquera la sanction au musulman (ou au non-musulman) qui, sur la base d'un témoignage, aura été reconnu coupable de vol, même s'il l'aura fait de façon dissimulée (n'ayant pas remarqué qu'il y avait des gens qui étaient présents et le voyaient). Alors qu'elle ne peut appliquer aucune sanction ni rien d'autre à un non-musulman dont il aura été prouvé, sur la base d'un témoignage, qu'il aura pratiqué sa religion de kufr akbar dans un lieu privé (chez lui-même, ou dans son lieu de culte) : cet homme a la liberté de le faire.

3) Si un musulman ou non-musulman arbore un vêtement qui exprime clairement et sans autre interprétation possible qu'il est consommateur de drogue, l'autorité l'empêchera de le porter. Par contre, si un non-musulman arbore un vêtement qui exprime clairement qu'il est chrétien, ou juif, ou polythéiste, l'autorité ne l'en empêchera pas. Au contraire, des ulémas ont écrit qu'en terre musulmane il est nécessaire que l'on distingue par l'apparence vestimentaire ceux qui sont musulmans de ceux qui ne le sont pas (al-Qaradhâwî est d'avis que ce n'était là qu'une règle contextuelle, et non pas une règle perpétuelle).

Vous voyez là des différences entre les munkar que sont les actions de voler, de boire de l'alcool, d'exprimer ouvertement par son vêtement qu'on s'adonne à la drogue, et le munkar qu'est le kufr akbar. Ce dernier est plus grave, et pourtant on ne peut pas l'empêcher par la force, alors que l'autorité voulue peut utiliser la force publique pour faire cesser les premiers.

Cela peut sembler paradoxal au premier abord, et pourtant cela est très logique. Ibn Taymiyya l'explique ainsi : l'institution d'une sanction temporelle (dunyawî) pour certains munkar (sanction que l'autorité musulmane doit appliquer à qui s'en est rendu coupable si d'autres conditions sont réunies), cela n'est pas lié à la gravité de ce munkar en soi (et qui s'exprimera dans l'au-delà), mais à l'effet néfaste que ce munkar a dans ce monde sur la société. Or il est certaines actions qui, bien que moins grave que le kufr dans l'au-delà, ont sur la société en ce monde des effets néfastes plus importants qu'un kufr pratiqué par une personne.

Ibn Taymiyya écrit ainsi :
"وهنا قاعدة شريفة ينبغي التفطن لها: وهو أن ما عاد من الذنوب بإضرار الغير في دينه ودنياه فعقوبتنا له في الدنيا أكبر. وأما ما عاد من الذنوب بمضرة الإنسان في نفسه، فقد تكون عقوبته في الآخرة أشد وإن كنا نحن لا نعاقبه في الدنيا" :
"Et il y a ici un principe noble qu'il convient de comprendre :
– ce des péchés qui entraîne du tort à autrui dans son dîn (ou) son dunyâ, la sanction dont (il est institué) que nous l'appliquions en ce monde pour ce (péché) est plus grande ;
– quant à ce des péchés qui entraîne un tort de l'être humain à lui-même, sa sanction dans l'au-delà est parfois plus dure, même si (il n'a pas été institué) que nous lui appliquions de sanction en ce monde"
(MF 10/373).

Expliquant cette même réalité, il écrit dans l'un de ses livres :
"فإن كون الشيء في نفسه أعظم إثما من غيره يظهر أثره في العقوبة عليه في الآخرة، لا في الإقرار عليه في الدنيا. ألا ترى أن أهل الذمة يقرون على الشرك ولا يقرون على الزنا ولا على السرقة ولا على قطع الطرق ولا على قذف المسلم ولا على محاربة المسلمين وهذه الأشياء دون الشرك. بل سنة الله في خلقه كذلك فإنه عجل لقوم لوط العقوبة وفي الأرض مدائن مملوءة من الشرك لم يعاجلهم بالعقوبة" :
"Le fait qu'une chose soit, en soi, plus grave en terme de péché qu'une autre, l'effet de cela apparaîtra dans la sanction qui aura lieu pour cette (chose) dans l'au-delà. Pas dans le fait d'être maintenu sur cette (chose) en ce monde.

Ne vois-tu pas que les gens bénéficiant de la protection (dhimma) sont maintenus sur le shirk, alors qu'ils ne sont pas maintenus sur l'adultère, ni le vol, ni le grand banditisme, ni le fait d'accuser d'adultère un musulman, ni de combattre les musulmans. Pourtant ces choses sont moindres que le shirk ! C'est même l'habitude de Dieu à propos de Ses créatures : Il a châtié en ce monde même le peuple de Loth, alors que sur la Terre il y avait des cités emplies de shirk, qu'Il n'a pas châtiées en ce monde"
(As-Sârim, p. 247).
"ويوضح ذلك أنا نقر الكفار بالذمة على أعظم الذنوب ولا نقر واحدا منهم ولا من غيرهم على زنى ولا سرقة ولا كبير من المعاصي الموجبة للحدود"
:
"Rend cela clair le fait que nous gardons les kâfir, par la protection (dhimma), sur le plus grand des péchés [le kufr akbar], alors que nous ne gardons personne parmi eux [= les kâfir] ni parmi autre qu'eux  [= les musulmans] sur une fornication, ni un vol, ni un (autre) grand péché qui entraîne une sanction"
(As-Sârim, p. 549).

Ci-après un autre exemple, qui, lui, ne relève pas de la sanction, mais qui découle du même principe que celui que nous venons de voir, à savoir que tout n'est pas toujours lié à la plus ou moins grande gravité du péché…

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IV) Un exemple différent mais voisin : se marier avec une femme musulmane mais qui est de mauvaises mœurs (muslima zâniya) :

Dieu dit : "الزَّانِي لَا يَنكِحُ إلَّا زَانِيَةً أَوْ مُشْرِكَةً وَالزَّانِيَةُ لَا يَنكِحُهَا إِلَّا زَانٍ أَوْ مُشْرِكٌ وَحُرِّمَ ذَلِكَ عَلَى الْمُؤْمِنِينَ" : "L'homme qui s'adonne à la fornication (zânî) ne se marie qu'avec une femme qui s'adonne à la fornication (zâniya) ou avec une polythéiste (mushrika). Et la femme qui s'adonne à la fornication (zâniya) ne se marie qu'avec un homme qui s'adonne à la fornication (zânî) ou avec un polythéiste (mushrik). Ceci a été interdit pour les croyants (mu'minîn)" (Coran 24/3).

D'après l'interprétation que certains mujtahids ont faite de ce verset du Coran (lire notre article), il est interdit à un musulman de se marier avec une femme de mauvaises mœurs (zâniya, c'est-à-dire une femme dont il est connu qu'elle se laisse aller à la fornication, zinâ, et qui ne s'est pas repentie de cela), même si cette femme est musulmane (de même que, toujours selon ces mujtahids, il est interdit à une musulmane de se marier avec un homme de mauvaises mœurs, zânî).

Par contre, d'après ces ulémas eux-mêmes, ainsi que les autres ulémas, il est autorisé à un musulman [quoique déconseillé d'après certains ulémas, pour causes extérieures, li 'awâridh] de se marier avec une femme juive ou chrétienne qui est chaste (muhsana), et ce conformément à ce que dit un autre verset du Coran : "الْيَوْمَ أُحِلَّ لَكُمُ الطَّيِّبَاتُ وَطَعَامُ الَّذِينَ أُوتُواْ الْكِتَابَ حِلٌّ لَّكُمْ وَطَعَامُكُمْ حِلُّ لَّهُمْ وَالْمُحْصَنَاتُ مِنَ الْمُؤْمِنَاتِ وَالْمُحْصَنَاتُ مِنَ الَّذِينَ أُوتُواْ الْكِتَابَ مِن قَبْلِكُمْ إِذَا آتَيْتُمُوهُنَّ أُجُورَهُنَّ مُحْصِنِينَ غَيْرَ مُسَافِحِينَ وَلاَ مُتَّخِذِي أَخْدَانٍ وَمَن يَكْفُرْ بِالإِيمَانِ فَقَدْ حَبِطَ عَمَلُهُ وَهُوَ فِي الآخِرَةِ مِنَ الْخَاسِرِينَ" : "Et [il vous a été rendu licite de vous marier avec] les (femmes) muhsanât parmi les croyantes (mu'minât) et les (femmes) muhsanât parmi ceux qui ont reçu le Livre avant vous (alladhîna ûtu-l-kitâb min qab'likum), si vous leur donnez leur douaire, ceci étant sous la forme d'un mariage et non en gens de mauvaise vie ni en preneurs d'amantes" (Coran 5/5).
Le terme "mu'minât" désigne ici les musulmanes.
La formule "les femmes parmi ceux qui ont reçu le Livre avant vous (alladhîna ûtu-l-kitâb min qab'likum)" désigne "les juives et les chrétiennes".
Quant à "muhsanât" – terme qui peut signifier plusieurs choses –, il veut d'après un avis dire ici : "'afîfât", "chastes" : Tafsîr Ibn Kathîr) (lire notre article).

Voyez :
– Le fait de s'adonner à la fornication (zinâ) tout en ayant apporté foi en le message de Muhammad et en continuant à considérer que ce que l'on fait là est mal, cela est grave (min akbar il-kabâ'ïr).
– Mais le kufr akbar que constitue le fait de ne pas accepter le message de Muhammad malgré qu'on en a eu connaissance et de continuer à se référer au message d'un prophète l'ayant précédé, Moïse, ou Jésus, cela est plus grave encore auprès de Dieu.
– Pourtant, on voit ici, de nouveau, que la règle de la licité du mariage, règle liée à une action dunyawî, ne dépend pas de la plus grande gravité de la seconde action par rapport à la première ; elle dépend du plus grand tort que la première action entraîne pour la personne par rapport au mariage. D'après l'avis des mujtahids auxquels nous avons fait allusion, le mariage a donc été interdit avec la musulmane de mauvaises mœurs qui ne s'est pas repentie (muslima zâniya) alors qu'il a été autorisé avec la juive ou la chrétienne qui est chaste (yahûdiyya aw nasrâniyya muhsana), bien que le kufr akbar (fût-il des Gens du Livre) est en soi plus grave que la fornication (zinâ).

C'est pourquoi, il y a bien eu des prophètes antérieurs qui étaient mariés à des femmes kâfira (ce fut le cas de Noé et de Loth, que la paix soit sur eux : cela était autorisé tashrî'an dans la Voie qu'ils suivaient, et cela s'est produit, takwînan, en ce qui les concerne). Cependant, comme Ibn Abbâs l'a dit, jamais Dieu n'a permis (takwînan) qu'un prophète se marie avec une femme qui va ensuite commettre l'adultère ("قال ابن عباس: هو ابنه، ما بغت امرأة نبيٍّ قطُّ" : Tafsir ut-Tabarî, 18223, commentaire de Coran 7/46 ; voir aussi : 18224).
Quant au verset : "ضَرَبَ اللَّهُ مَثَلًا لِّلَّذِينَ كَفَرُوا اِمْرَأَةَ نُوحٍ وَاِمْرَأَةَ لُوطٍ كَانَتَا تَحْتَ عَبْدَيْنِ مِنْ عِبَادِنَا صَالِحَيْنِ فَخَانَتَاهُمَا فَلَمْ يُغْنِيَا عَنْهُمَا مِنَ اللَّهِ شَيْئًا وَقِيلَ ادْخُلَا النَّارَ مَعَ الدَّاخِلِينَ" (Coran 66/10), il ne désigne pas la fornication, mais le kufr : le fait de ne pas avoir cru leur mari en ce qu'il prêchait : "عن" سليمان بن قتة قال: سمعت ابن عباس يُسْأل وهو إلى جنب الكعبة عن قول الله تعالى {فَخَانَتَاهُمَا}، قال: "أما إنه لم يكن بالزنا، ولكن كانت هذه تخبر الناس أنه مجنون، وكانت هذه تدل على الأضياف." ثم قرأ: {إنه عملٌ غير صالح" : Tafsîr ut-Tabarî, 18227).

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V) Un autre exemple :

Un Etat qui fonctionne sur une croyance de Kufr et avec des lois faites sans tenir compte aucunement des règles et principes que Dieu a révélés pour les hommes (des lois qui par exemple déclarent licites des choses que Dieu a pour sa part déclarées illicites pour les hommes), mais appliquer ces lois de façon juste sur les membres de la société, sa situation est plus grave auprès de Dieu que celle d'un Etat qui affiche comme théorie écrite de fonctionner avec des lois qui respectent l'ensemble des règles et principes que Dieu a révélés pour les hommes, mais qui, dans les faits, applique ces lois de façon partiale et injuste (selon l'origine ou le niveau social des hommes).
Cela car la première façon de faire constitue du Kufr Akbar, alors que la seconde constitue du Fisq Asghar.

Pourtant, en ce monde, Dieu accorde Son Assistance à l'Etat se trouvant dans le premier cas (et ce, à cause de sa justice) beaucoup plus qu'à l'Etat se trouvant dans le second (et ce, à cause de son injustice).

Ibn Taymiyya écrit : "وكل بني آدم لا تتم مصلحتهم لا في الدنيا ولا في الآخرة إلا بالاجتماع والتعاون والتناصر؛ فالتعاون والتناصر على جلب منافعهم؛ والتناصر لدفع مضارهم؛ ولهذا يقال: الإنسان مدني بالطبع. فإذا اجتمعوا فلا بد لهم من أمور يفعلونها يجتلبون بها المصلحة، وأمور يجتنبونها لما فيها من المفسدة؛ ويكونون مطيعين للآمر بتلك المقاصد والناهي عن تلك المفاسد. فجميع بني آدم لا بد لهم من طاعة آمر وناه. فمن لم يكن من أهل الكتب الإلهية ولا من أهل دين، فإنهم يطيعون ملوكهم فيما يرون أنه يعود بمصالح دنياهم، مصيبين تارة ومخطئين أخرى.  وأهل الأديان الفاسدة من المشركين وأهل الكتاب المستمسكين به بعد التبديل أو بعد النسخ والتبديل: مطيعون فيما يرون أنه يعود عليهم بمصالح دينهم ودنياهم. وغير أهل الكتاب منهم من يؤمن بالجزاء بعد الموت، ومنهم من لا يؤمن به؛ وأما أهل الكتاب فمتفقون على الجزاء بعد الموت؛ ولكن الجزاء في الدنيا متفق عليه أهل الأرض؛ فإن الناس لم يتنازعوا في أن عاقبة الظلم وخيمة وعاقبة العدل كريمة؛ ولهذا يروى: "الله ينصر الدولة العادلة وإن كانت كافرة، ولا ينصر الدولة الظالمة وإن كانت مؤمنة" (MF 28/62-63).

"وأمور الناس تستقيم في الدنيا مع العدل الذي فيه الاشتراك في أنواع الإثم، أكثر مما تستقيم مع الظلم في الحقوق وإن لم تشترك في إثم؛ ولهذا قيل: "إن الله يقيم الدولة العادلة وإن كانت كافرة، ولا يقيم الظالمة وإن كانت مسلمة." ويقال: "الدنيا تدوم مع العدل والكفر، ولا تدوم مع الظلم والإسلام." وقد قال النبي صلى الله عليه وسلم {ليس ذنب أسرع عقوبة من البغي وقطيعة الرحم} فالباغي يصرع في الدنيا وإن كان مغفورا له مرحوما في الآخرة؛ وذلك أن العدل نظام كل شيء؛ فإذا أقيم أمر الدنيا بعدل قامت وإن لم يكن لصاحبها في الآخرة من خلاق. ومتى لم تقم بعدل لم تقم وإن كان لصاحبها من الإيمان ما يجزى به في الآخرة. فالنفس فيها داعي الظلم لغيرها بالعلو عليه والحسد له والتعدي عليه في حقه" (MF 28/146).
Le hadîth qu'il a ici cité est : "عن أبي بكرة، قال: قال رسول الله صلى الله عليه وسلم: "ما من ذنب أجدر أن يعجل الله لصاحبه العقوبة في الدنيا مع ما يدخر له في الآخرة من البغي وقطيعة الرحم" (at-Tirmidhî, 2511, qui a écrit ensuite : "هذا حديث صحيح" ; Abû Dâoûd, 4902).

L'idéal est l'Etat qui a pour lois celle de Dieu et qui fonctionne avec équité et impartialité.
Le pire est l'Etat qui a des lois contredisant celles de Dieu et qui fonctionne avec injustice.

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VI) Faire le Amr bi-l-ma'rûf du îmân par la langue (ou par la plume), c'est faire la Da'wa bi-l-lissân :

Le îmân et le kufr akbar sont antinomiques : celui qui est mu'min (même bi asl il-îmân) n'est pas kâfir, et celui qui est kâfir n'est pas mu'min.

Inviter à adopter asl ul-îmân, cela revient donc au fait d'inviter à abandonner le kufr, même si on n'a pas un instant évoqué celui-ci.

D'ailleurs c'est par le fait d'inviter à asl ul-îmân – c'est-à-dire à l'islam – que le prophète Muhammad (sur lui soit la paix) a débuté sa prédication à la Mecque, et non immédiatement par le fait d'inviter à améliorer ses autres actions individuelles ou sociales.

Inviter à l'islam, cela se fait assurément par le fait d'en faire connaître les enseignements (autrement dit par du amr bi-l-ma'rûf).

Mais cela ne se fait pas toujours aussi par le fait de mettre en exergue les croyances erronées des religions autres que l'islam, en un mot de faire la critique des autres religions et systèmes de vie (donc par du inkâr 'ala-l-munkar).
Lire notre article sur le sujet
.

Wallâhu A'lam (Dieu sait mieux).

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