Quelques précisions et nuances à propos du combat défensif (2/3)

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Suite de l'article :

Ne pas confondre "repousser l'envahisseur d'un des pays formant la Dâr ul-islâm", et "attaquer cet envahisseur sur son territoire à lui".

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Première précision : A propos de l'obligation de repousser l'invasion ennemie (cas I) :

Nous avons vu dans l'article suscité que lorsque l'ennemi veut envahir la cité, il devient obligatoire à ses habitants de se mobiliser pour le repousser (c'est le cas I cité dans Al-Hidâya et Al-Mughnî ; voici les termes présents dans ce dernier ouvrage : "إذا نزل الكفار ببلد، تعين على أهله قتالهم ودفعهم").

Cependant, cette obligation revient en réalité à se mobiliser pour empêcher l'ennemi de réussir son invasion, donc de repousser sa tentative d'invasion (دفعهم), et non pas systématiquement à lui livrer bataille (قتالهم).

En effet, le fait d'empêcher l'ennemi d'envahir la cité :
– cela peut se faire par le fait d'aller à sa rencontre à l'extérieur de la cité et de lui livrer bataille (option 1),
– mais cela peut également se faire par le fait de barricader la cité et d'empêcher l'ennemi d'y entrer en repoussant toutes ses tentatives (option 2).

Voici en effet ce qu'on lit dans Al-Mughnî : "فإن جاء العدو بلدا، فلأهله التحصن منهم وإن كانوا أكثر من نصفهم، ليلحقهم مدد أو قوة؛ ولا يكون ذلك توليا ولا فرارا، إنما التولي بعد لقاء العدو. وإن لقوهم خارج الحصن، فلهم التحيز إلى الحصن، لأنه بمنزلة التحرف للقتال أو التحيز إلى فئة" (Al-Mughnî 12/739) (voir aussi Zâd ul-ma'âd 3/211).

En l'an 3 de l'hégire
, lorsque l'armée mecquoise arriva jusqu'aux portes de Médine, c'est l'option 2 que le Prophète (sur lui soit la paix) avait préférée et présentée aux Compagnons : ne pas aller rencontrer l'ennemi mais demeurer dans la ville, et la protéger. C'était ainsi qu'il voulait empêcher l'invasion. Mais une grande partie des Compagnons (surtout ceux qui n'avaient pas participé à Badr l'an précédent) insistèrent pour aller à la rencontre de l'ennemi et lui livrer bataille. Le Prophète se rangea alors à l'avis dominant, et entra donc chez lui pour se préparer (voir Zâd ul-ma'âd 3/193). Ce fut ainsi que l'option 1 fut appliquée.
En l'an 5
, lorsque les Coalisés vinrent, ce fut bien, cette fois, l'option 2 qui fut appliquée, et un fossé fut creusé pour empêcher l'ennemi d'envahir la cité. Pendant qu'ils étaient assiégés, le Prophète proposa même aux Médinois de donner une partie de leur récolte aux Ghatafân pour gagner leurs coeurs et qu'ils lèvent le siège, mais Sa'd ibn Mu'âdh et Sa'd ibn 'Ubâda refusèrent.
On voit par là que l'objectif était bien de se mobiliser pour que la tentative d'invasion cesse, et non pas systématiquement de livrer bataille.

Cette option 2 (empêcher l'invasion en se barricadant) est différente du fait d'aller combattre l'armée ennemie (l'option 1), puisque, en l'an 3, c'est suite à l'insistance de nombre de ses Compagnons que le Prophète alla chez lui et revêtit sa tenue. Entre-temps, les Compagnons se rendirent compte qu'ils avaient contredit ce que le Prophète jugeait plus sage, et, quand il sortit de chez lui, ils lui dirent qu'ils se rangeaient maintenant à son avis. Mais le Prophète leur montra par la réponse qu'il leur fit alors que, une fois que le dirigeant avait pris la décision d'aller à la rencontre de l'ennemi et qu'il avait revêtu la tenue appropriée, il n'était plus possible de revenir à l'autre option [tout comme avoir fait l'intention d'aller en pèlerinage et avoir revêtu la tenue appropriée faisaient qu'il n'était plus possible d'arrêter, bien que le pèlerinage n'était, avant cela, pas obligatoire sur soi] (Zâd ul-ma'âd 3/211, Majmû' ul-fatâwâ 14/251).

En résumé, face à une tentative d'invasion (soit le cas I) :
– il y avait comme options qu'on cherche seulement à repousser la tentative d'invasion de l'ennemi sans lui livrer bataille (option 2), ou qu'on livre bataille à l'ennemi (option 1) ;
par contre, une fois que le dirigeant avait pris la ferme décision qu'on livrerait bataille à l'ennemi et qu'il avait revêtu sa tenue, il fallait avoir recours à l'option 1 (sauf si ensuite on se trouvait dans un cas où le fait de ne pas combattre est autorisé - ce qui correspond à un mani' ul-wujûb -, chose à quoi nous allons revenir dans les Quatrième et Cinquième précisions).

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Deuxième précision : A qui incombe-t-il de repousser l'invasion ennemie (cas I) par les armes (lorsque l'émir a décidé de cette option 1) ?

Dans l'ouvrage hanafite Ad-Durr ul-mukhtâr, il est (comme dans les ouvrages de toutes les autres écoles, puisqu'il y a consensus sur ce point), stipulé que combattre [en réalité : se mobiliser pour repousser l'invasion ennemie, comme nous l'avons vu dans la Première précision] devient obligatoire lors de l'invasion de l'ennemi.

Il y est cependant précisé qu'il existe, par rapport aux différents individus concernés, une condition pour que participer militairement à ce repoussement de l'ennemi soit obligatoire : "il s'agit de la capacité" : "ولا بد لفرضيته من قيد آخر وهو الاستطاعة" (Ad-Durr ul-mukhtâr, 6/205). Il en est déduit que l'obligation de prendre part à la défense armée n'incombe pas au "grand malade" : "فلا يخرج المريض الدنف" (Ibid.).

Au niveau des individus, il y est également relaté une autre condition : "le fait de disposer d'armes" : "وفي السراج: وشرط لوجوبه القدرة على السلاح" (Ad-Durr ul-mukhtâr 6/205), et donc "d'avoir la capacité de se battre" : "أي وعلى القتال" (Radd ul-muhtâr 6/205). Cela est logique : comment dire que, même celui qui ne dispose pas d'armes (ou pas d'armes de nature suffisante pour faire face à celles de l'ennemi), il lui est également obligatoire de combattre, même dans le cas d'une invasion ? Bien sûr, lui aussi est concerné par l'obligation de repousser l'invasion ennemie, mais il participera à l'effort de défense d'une autre façon.

Ibn Taymiyya a fait allusion à cela : immédiatement après les phrases que nous avons déjà traduites et citées dans l'article précédent (voir le lien en haut de page) (la dernière de ces phrases étant : "Il est donc nécessaire de faire la distinction entre repousser (daf') l'agresseur injuste kâfir, et l'attaquer (talab) dans son pays à lui"), le cheikh damascain dit : "Et le jihâd, il y en a qui se fait par la main, il y en a qui se fait par le coeur, par l'appel, l'argument, la langue, le conseil avisé, l'organisation et la fabrication. Cela est donc obligatoire par le plus qui est en son possible" : "فيجب التفريق بين دفع الصائل الظالم الكافر وبين طلبه في بلاده. والجهاد: منه ما هو باليد، ومنه ما هو بالقلب والدعوة والحجة واللسان والرأي والتدبير والصناعة؛ فيجب بغاية ما يمكنه" (Al-Fatâwâ al-kub'râ). Il évoque donc le fait que chaque individu cherche à repousser l'envahisseur par les moyens qui sont à sa portée.

Le passage de notre autre article qui, parlant de l'obligation de repousser l'invasion ennemie, dit : "Certes, ici aussi la prise en compte des capacités entre en jeu, mais uniquement pour déterminer la nature et l'ampleur de la résistance à promouvoir", désire renvoyer à quelque chose qui, en substance, est ce que nous venons de dire ici.

Comme un frère l'écrivait en substance, "dans l'exemple classique de l'attaque aérienne d'une ville musulmane, on ne peut pas dire que la population civile musulmane de cette cité ait l'obligation de monter sur les toits de leurs maisons pour repousser les avions de chasse avec des pierres et des couteaux de cuisine. Par ailleurs, une population civile n'a aujourd'hui pas d'armes, en général. Chercher à s'armer face à l'invasion prend donc bien un certain temps. Il faut alors accepter que la préparation d'une défense crédible face à l'invasion, même si elle prend un temps plus ou moins long, fait partie du jihâd armé défensif, et que ceux de cette cité qui ne combattent pas immédiatement mais attendent de s'en procurer les moyens ne sont pas en faute, mais ne font que remplir l'obligation qui leur incombe de la meilleure façon qu'ils peuvent"...

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Troisième précision : une nuance par rapport au cas de figure du Difâ' (Purement Défensif : B.1 dans notre autre article) :

Ce que nous avons dit jusqu'à présent à propos de se défendre face à l'invasion ennemie, cela concerne :
le cas où celui-ci est en train de tenter d'envahir le pays : il faut alors se mobiliser pour l'en empêcher (avec les nuances que nous venons de voir dans les Première et Seconde précisions).

Par contre, si l'ennemi a réussi à envahir et à occuper le pays musulman mais que celui-ci est toujours considéré comme faisant partie de la Dâr ul-islâm, alors il s'agit toujours de chercher à rétablir la souveraineté sur ce pays.
Cependant, ce repoussement (daf") demande une plus grande capacité (qud'ra) que lorsque l'ennemi était seulement en train d'essayer d'envahir le pays. Ici, c'est en fonction de l'évaluation entre maslaha et mafsada, et donc de la prise en considération des limites des réelles capacités, que ce peuple se soulèvera, ou encore n'entreprendra rien contre l'occupant, attendant une situation plus propice.

De ce cas de figure où l'ennemi a réussi à envahir la Dâr ul-islâm et y a établi son pouvoir, on pourrait dire (wallâhu a'lam) que cela constitue un cas "B.1.b", voire un cas "B.2", tandis que le fait de repousser la tentative d'invasion forme en réalité le cas "B.1.a".

En résumé, différents sont :
B.1.a) le fait de repousser la tentative d'invasion de la Dâr ul-islâm,
B.1.b) et le fait de rétablir sa souveraineté sur le territoire que l'envahisseur a réussi à occuper mais qui continue de demeurer Dâr ul-islâm.

Ainsi, de la Palestine occupée, les musulmans ne doivent pas émigrer, vu qu'elle demeure Dâr ul-islâm (lire notre article sur le sujet). Cependant, il s'agit là de la question de devoir en émigrer, ou pas. Par contre, la règle ici n'est pas qu'ils aient à se soulever contre l'occupant sans aucune autre considération ; au contraire, ils ont pour cela à considérer leurs capacités réelles.

Quant à par exemple l'Andalousie, elle n'est plus Dâr ul-islâm, et ni le cas B.1 ni même le cas B.2 ne lui sont donc applicables.

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Quatrième précision : A propos du fait de partir suite à la mobilisation (cas II) :

Nous avons vu dans l'article sus-cité que lorsque le dirigeant de la cité appelle des individus précis à se mobiliser pour partir, il devient obligatoire aux individus concernés de se mobiliser. C'est le cas II cité dans Al-Hidâya et Al-Mughnî ; dans ce dernier ouvrage, cela est exprimé en ces termes : "إذا استنفر الإمام قوما، لزمهم النفير معه" (Al-Mughnî 12/494).

Il faut ici préciser quelque chose : ce qui est obligatoire est en réalité le fait de se mobiliser suite à l'appel du dirigeant, et de se joindre au bataillon.

Car il pouvait arriver, en chemin, que de nouveaux éléments parviennent au dirigeant de la cité ou au chef de l'armée et qu'il prenne une nouvelle décision, selon ce qui lui semblait être devenu une plus grande maslaha. Dans le cas où il s'agissait d'éventuellement rencontrer l'armée ennemie en territoire "neutre", le Prophète a même enseigné dans un Hadîth qu'il ne fallait pas souhaiter rencontrer l'ennemi mais, au contraire, demander à Dieu de rester sain et sauf : "عن سالم أبي النضر - مولى عمر بن عبيد الله، وكان كاتبا له -، قال: كتب إليه عبد الله بن أبي أوفى رضي الله عنهما، فقرأته: "إن رسول الله صلى الله عليه وسلم في بعض أيامه التي لقي فيها العدو، انتظر حتى مالت الشمس، ثم قام في الناس فقال: "أيها الناس، لا تمنوا لقاء العدو، وسلوا الله العافية. فإذا لقيتموهم فاصبروا واعلموا أن الجنة تحت ظلال السيوف"، ثم قال: "اللهم منزل الكتاب، ومجري السحاب، وهازم الأحزاب، اهزمهم وانصرنا عليهم" (al-Bukhârî, 2804), "عن أبي النضر، عن كتاب رجل من أسلم من أصحاب النبي صلى الله عليه وسلم يقال له عبد الله بن أبي أوفى، فكتب إلى عمر بن عبيد الله - حين سار إلى الحرورية - يخبره أن رسول الله صلى الله عليه وسلم كان" (Muslim, 1742).

Par contre, une fois que l'armée ennemie était en vue et que les deux armées étaient décidées à engager le combat, on ne pouvait plus repartir, et il fallait faire face : la fin du Hadîth que l'on vient d'évoquer le dit explicitement : "فإذا لقيتموهم، فاصبروا، واعلموا أن الجنة تحت ظلال السيوف". Cela est dit dans ces versets : "يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آمَنُواْ إِذَا لَقِيتُمُ الَّذِينَ كَفَرُواْ زَحْفاً فَلاَ تُوَلُّوهُمُ الأَدْبَارَ وَمَن يُوَلِّهِمْ يَوْمَئِذٍ دُبُرَهُ إِلاَّ مُتَحَرِّفاً لِّقِتَالٍ أَوْ مُتَحَيِّزاً إِلَى فِئَةٍ فَقَدْ بَاء بِغَضَبٍ مِّنَ اللّهِ وَمَأْوَاهُ جَهَنَّمُ وَبِئْسَ الْمَصِيرُ" (Coran 8/15-16).

Ceci semble être ce qu'ont voulu dire les juristes qui ont écrit, en sus des cas I et II déjà relatés de Al-Hidâya, un cas III où combattre devient obligatoire : "lorsque les deux armées se font face" : "إذا التقى الزحفان وتقابل الصفان، حرم على من حضر الانصراف، وتعين عليه المقام؛ لقول الله تعالى: {يا أيها الذين آمنوا إذا لقيتم فئة فاثبتوا واذكروا الله كثيرا" (Al-Mughnî 12/494).

En fait ces juristes voulaient dire (wallâhu a'lam) que, certes, lors d'une iqdâm (c'est le cas II) décidée après évaluation de la situation par le dirigeant, après être sorti de la cité mais avant de se trouver face à l'armée ennemie, il y avait toujours la possibilité pour le dirigeant de changer d'avis suite à de nouveaux éléments induisant un nouvel établissement de maslaha, et de ne pas poursuivre l'avancée.
Cependant, ici, quand les deux armées étaient arrivées l'une face à l'autre, et que l'armée ennemie était décidée à engager le combat (le cas III), le chef de l'armée musulmane ne pouvait plus changer d'avis et repartir ("al-insirâf"), mais devait rester pour faire face à l'ennemi ("al-maqâm").

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En fait il y a ici les 4 étapes suivantes lors d'une Iqdâm (c'est-à-dire : lors du cas II) :
--- étape a) le fait d'être en marche vers l'ennemi (السَيْر إلى العدوّ) ;
--- étape b) l'arrivée en vue de l'ennemi (تَراءِي الفئتين) ;
--- étape c) le fait que les deux armées se mettent en rangées l'une face à l'autre, chacune d'elle faisant ses derniers préparatifs pour l'affrontement (تصافُّ الفئتين)(c'est cette étape précisément qui constitue le cas III) (et c'est cela que le Coran désigne par les termes : "إِذَا لَقِيْتُمْ") ;
--- étape d) le début des hostilités (المجالدة) (cela, le Coran le désigne par les termes : "إِذَا لَقِيْتُمْ زَحْفًا") (الزحْفُ أصله مصدر زَحَفَ من باب منع، إذا انبعث من مكانه متنقلا على مقعدته يجرر جيله كما يزحف الصبي. (...) ثم أطلق على مشي المقاتل إلى عدوه في ساحة القتال: "زَحَفَ"، لأنه يدنو إلى العدو باحتراس وترصد فرصة، فكأنه يزحف إليه. (...) فمنهم من فسّره بالمعنى المصدري، أي: "المشي في الحرب"، وجلعه وصفا لتلاحم الجيشين عند القتال، لأن المقاتلين يدبون إلى أقرانهم دبيبا. (...) فعلى التفسير الأول، هو نهي عن الانصراف من القتال فرارا إذا التحم الجيشان، سواء جعلت "زحْفا" حالا من ضمير "لقيتم"، أو من "الذين كفروا"، لأن مشي أحد الجيشين يستلزم مشي الآخر" : At-Tahrîr wa-t-tanwîr).

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Lorsque l'armée musulmane était sortie en campagne suite à une mobilisation (soit le cas II) :
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tant qu'elle était en chemin (étape
a), il demeurait possible que, par maslaha, l'armée musulmane poursuive son chemin jusqu'à rencontrer l'ennemi et qu'elle lui livre bataille (option 1), comme il demeurait possible que, par maslaha, elle cherche à éviter le combat et qu'elle s'en retourne (option 1) ;
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il en était de même lorsque les deux armées se voyaient de loin (étape
b) : il demeurait possible que, par maslaha, l'armée musulmane évite le combat. C'est ce qui s'est passé lors du voyage qui allait conduire les musulmans à al-Hudaybiya : "عن المسور بن مخرمة ومروان، يصدق كل واحد منهما حديث صاحبه، قالا: "خرج رسول الله صلى الله عليه وسلم زمن الحديبية. حتى إذا كانوا ببعض الطريق، قال النبي صلى الله عليه وسلم: "إن خالد بن الوليد بالغميم في خيل لقريش طليعة، فخذوا ذات اليمين". فوالله ما شعر بهم خالد حتى إذا هم بقترة الجيش" (al-Bukhârî, 2581) ;
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par contre, une fois que l'armée musulmane était face à l'armée ennemie (soit l'étape c / le cas III), il fallait livrer bataille (donc avoir recours à l'option 1), sauf :
----- si l'armée ennemie elle-même se retirait ;

----- ou si les deux armées se contentaient de s'observer sans qu'aucune d'elles n'entreprenne quoi que ce soit, puis l'armée ennemie se retirait (comme lors de la campagne dite "Dhât ur-Riqâ'" : "وقال ابن إسحاق: سمعت وهب بن كيسان: سمعت جابرا: خرج النبي صلى الله عليه وسلم إلى ذات الرقاع من نخل، فلقي جمعا من غطفان، فلم يكن قتال، وأخاف الناس بعضهم بعضا، فصلى النبي صلى الله عليه وسلم ركعتي الخوف" : Sahîh ul-Bukhârî, kitâb ul-maghâzî) ;
----- ou si l'armée musulmane se trouvait dans l'un des cas de figure qui constituent des exceptions(et que nous allons évoquer ci-après, dans la Cinquième précision) ; ce fut peut-être le cas à Mûta.

"وقول الخرقي: "ومباح له أن يهرب من ثلاثة": ذكره على سبيل المثال، والمراد أنه يباح للمسلمين الفرار مما زاد على مثليهم. هذا هو المعروف.
واختار أبو العباس تفصيلا ملخصه أن القتال لا يخلو إما أن يكون قتال دفع أو طلب؛
فالأول كأن يكون العدو كثيرا لا يطيقهم المسلمون، ويخافون أنهم إن انصرفوا عنهم، عطفوا على من تخلف من المسلمين؛ قال: فهنا قد صرح أصحابنا بأنه يجب عليهم أن يبذلوا مهجهم في الدفع حتى يسلموا؛ ونظير ذلك أن يهجم العدو على بلاد المسلمين، والمقاتلة أقل من النصف، لكن إن انصرفوا استولوا على الحريم.
والثاني لا يخلو إما أن يكون بعد المصافّة أو قبلها؛ فقبلها هي مسألة الكتاب؛ وبعدها: حين الشروع في القتال، لا يجوز الإدبار مطلقا إلا لتحرف أو تحيز، كما دل عليه قوله سبحانه: {إِذَا لَقِيتُمُ الَّذِينَ كَفَرُوا زَحْفًا فَلَا تُوَلُّوهُمُ الْأَدْبَارَ}، وقصة بدر مرادة منها - والمشركون إذ ذاك ثلاثة أضعاف المسلمين -، مع أحاديث الفرار من الزحف. ومفهوم آية الأنفال الناسخة تحمل على ما قبل الشروع، إذ المفهوم يكتفى فيه بمطلق المخالفة، اهـ"
(Shar'h uz-Zarkashî 'alâ Mukhtassar il-Khiraqî).

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Rappel concernant cette fois le cas I (déjà évoqué plus haut) : Face à une tentative d'invasion :

– il y a le devoir de repousser la tentative d'invasion de l'ennemi : soit en se barricadant mais sans lui livrer bataille (option 2), soit en lui livrant bataille (option 1) ;

par contre, une fois que le dirigeant a pris la ferme décision qu'on livrerait bataille à l'ennemi et qu'il a revêtu sa tenue, il faut avoir recours à l'option 1 (sauf si l'ennemi lui-même se retire ; ou si l'armée musulmane se trouve dans un cas où le contraire est autorisé, chose à quoi nous allons revenir dans la Cinquième précision).

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Cinquièmement : Deux cas de figure où il est autorisé de repartir sans livrer bataille (ou sans continuer à livrer bataille) :

Le Coran mentionne 2 cas de figure (par exception par rapport aux règles que nous avons vues dans la Première précision et à celles que nous venons de voir dans la Quatrième), il est alors bel et bien autorisé de repartir sans livrer (ou sans continuer à livrer) bataille...

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La 1ère exception est en fait double : il est autorisé de tourner le dos à l'ennemi si on fait cela :
--- E1.1) "en se repliant pour (mener) un combat" (إِلاَّ مُتَحَرِّفاً لِّقِتَالٍ),
--- E1.2) "ou se ralliant à un (autre) groupe" (أَوْ مُتَحَيِّزاً إِلَى فِئَةٍ) (Coran 8/16) :

Cela fait exception même si le nombre des combattants de l'armée ennemie n'est pas plus de 2 fois plus élevé que celui des combattants de l'armée musulmane (cas qui est concerné par la 2ème exception, que nous allons voir plus bas) (Al-Mughnî 12/735-738, Bayân ul-qur'ân, 4/70).
Cela relève de l'évaluation (muwâzana) entre maslaha et mafsada.

--- "Se replier" (E1.1) ne constitue qu'une feinte militaire, destinée à leurrer l'ennemi : il est autorisé de tourner le dos à l'ennemi et de lui faire croire qu'on fuit, alors même que l'intention (qasd) est de se replier pour revenir juste après.

--- "Se rallier à un groupe" (E1.2) dépend de nouveau de l'intention (qasd) (Al-Mughnî 12/736) : il s'agit d'un repli complet jusqu'à un autre groupe, par recherche d'aide auprès de celui-ci (suite au constat de faiblesse de son groupe), avec l'intention de revenir plus tard combattre l'ennemi. Cela requiert l'existence d'un autre groupe ("الجماعة من الناس الحاضرة للحرب" : Tafsîr ul-Qurtubî, 7/383) ; cet autre groupe peut être relativement proche, ou éloigné ("وسواء بعدت المسافة أو قربت" : Al-Mughnî, 12/737).

Cela n'a pas été le cas à Uhud ("إِنَّ الَّذِينَ تَوَلَّوْاْ مِنكُمْ يَوْمَ الْتَقَى الْجَمْعَانِ إِنَّمَا اسْتَزَلَّهُمُ الشَّيْطَانُ بِبَعْضِ مَا كَسَبُواْ وَلَقَدْ عَفَا اللّهُ عَنْهُمْ إِنَّ اللّهَ غَفُورٌ حَلِيمٌ" : Coran 3/155), ni à Hunayn ("وَيَوْمَ حُنَيْنٍ إِذْ أَعْجَبَتْكُمْ كَثْرَتُكُمْ فَلَمْ تُغْنِ عَنكُمْ شَيْئًا وَضَاقَتْ عَلَيْكُمُ الأَرْضُ بِمَا رَحُبَتْ ثُمَّ وَلَّيْتُم مُّدْبِرِينَ" : Coran 9/25). L'objectif (qasd) des individus ayant alors tourné le dos à l'ennemi était alors seulement de sauver leur vie.

Il est à noter que cette 1ère exception, autorisant de repartir avec cet objectif (qasd), est valide, d'après ce que Ibn Qudâma a écrit, même après être arrivé face à l'ennemi (soit l'étape c), et même après le début des combats (étape d) ("إذا التقى المسلمون الكفار، وجب الثبات وحرم الفرار (...). وإنما يجب الثبات بشرطين" : Al-Mughnî, 12/735). Ibn 'Âshûr a écrit la même chose : "و"تولية الأدبار" كناية عن الفرار من العدو، بقرينة ذكره في سياق لقاء العدو؛ فهو مستعمل في لازم معناه مع بعض المعنى الأصلي. وإلا فإنّ صرف الظهر إلى العدو بعد النصر لا بد منه، وهو الانصراف إلى المعسكر، إذ لا يفهم أحد النهي عن إدارة الوجه عن العدو، وإلا للزم أن يبقى الناس مستقبلين جيش عدوهم. فلذلك تعين أن المفاد من قوله: {فلا تولوهم الأدبار}: النهي عن الفرار قبل النصر أو القتل. وعبر عن "حين الزحف" بلفظ "اليوم" في قوله {يومئذ}: أي "يوم الزحف"، أي "يولهم يوم الزحف دبره": أي "حين الزحف". ومن ثم استثنى منه حالة التحرف لأجل الحيلة الحربية، والانحياز إلى فئة من الجيش للاستنجاد بها أو لإنجادها" (At-Tahrîr wa-t-tanwîr).

Il y a ici ce que Ibn Is'hâq relate que Khâlid ibn ul-Walîd fit à Mûta après avoir reçu le commandement de l'armée : alors que l'étape d était déjà enclenchée, Khâlid (que Dieu soit Satisfait de lui) organisa le repli et la retraite de l'armée musulmane (aux prises avec un ennemi extrêmement plus nombreux) (c'est en effet ce que Ibn Is'hâq affirme - BN 4/275, 4/281 -, et c'est ce à quoi Ibn ul-Qayyim a donné préférence - ZM 3/383).
Cette retraite s'explique ainsi :
--- soit Khâlid ibn ul-Walîd eut le qasd de "تحيّز إلى فئة" (E1.2) ;
--- soit le chef de l'armée a le droit d'ordonner de battre en retraite s'il présume fortement (zann ghâlib) que la bataille ne causera pas du tort à l'ennemi, alors même qu'elle coûtera un bain de sang généralisé à ses hommes ; c'est ce que Khâlid fit alors. Ibn 'Abd is-Salâm écrit : "المثال الأربعون: التولي يوم الزحف مفسدة كبيرة، لكنه واجب إذا علم أنه يُقتَل من غير نكاية في الكفار؛ لأن التغرير بالنفوس إنما جاز لما فيه من مصلحة إعزاز الدين بالنكاية في المشركين؛ فإذا لم تحصل النكاية، وجب الانهزام، لما في الثبوت من فوات النفوس مع شفاء صدور الكفار وإرغام أهل الإسلام. وقد صار الثبوت ههنا مفسدة محضة، ليس في طيّها مصلحة" (Qawâ'ïd ul-ahkâm fî islâh il-anâm, 1/151 : il parle ici d'exemples de Muwâzana bayn al-maslaha wa-l-mafsada) ; "ومنها الانهزام يوم الزحف؛ وهو جائز إذا أربى عدد الكفرة على عدد الإسلام مع التقارب في الصفات. وليس منها وجوب الفرار من الكفار في حق من علم أنه لو ثبت لقُتِل من غير نكاية في الكفار؛ فإن ثبوته لا جدوى له إلا كسر قلوب المسلمين وشفاء صدور الكافرين" (Ibid., 1/255 ; ici il s'agit d'exemples de "ما يتقدم من حقوق العباد على حقوق الرب، رفقا بهم في دنياهم" : et il dit ici que le second cas qu'il a cité ne relève pas de cette catégorie de la préséance donnée aux droits de créatures sur ceux du Créateur). Ces écrits de Ibn 'Abd is-Salâm sont à comprendre comme signifiant que, une fois l'étape d enclenchée, les individus présents dans l'armée n'ont certes pour leur part pas le droit de fuir, mais le chef de l'armée peut, pour sa part, ordonner la retraite de toute l'armée, par considération de mafsada trop grande ; par ailleurs, plutôt que "wâjib", cela devrait être : "jâ'ïz" (والله أعلم).

Il y a encore ce hadîth dha'îf, où on lit que Ibn Omar et d'autres Compagnons, envoyés en campagne, se replièrent une fois en vue de l'ennemi et, rentrés plus tard à Médine, se demandèrent s'ils n'avaient pas commis un péché ; ayant rencontré le Prophète (sur lui soit la paix), celui-ci les rassura : "عن عبد الله بن عمر، أنه كان في سرية من سرايا رسول الله صلى الله عليه وسلم. قال: فحاص الناس حيصة، فكنت فيمن حاص. قال: فلما برزنا، قلنا: "كيف نصنع وقد فررنا من الزحف وبؤنا بالغضب؟"، فقلنا: "ندخل المدينة فنتثبت فيها ونذهب ولا يرانا أحد". قال: فدخلنا فقلنا: "لو عرضنا أنفسنا على رسول الله صلى الله عليه وسلم: فإن كانت لنا توبة، أقمنا؛ وإن كان غير ذلك، ذهبنا". قال: فجلسنا لرسول الله صلى الله عليه وسلم قبل صلاة الفجر. فلما خرج، قمنا إليه فقلنا: "نحن الفرارون"، فأقبل إلينا فقال: "لا. بل أنتم العكارون". قال: فدنونا فقبلنا يده، فقال: "أنا فئة المسلمين" (Abû Dâoûd, 2647, dha'îf). "عن ابن عمر قال: بعثنا رسول الله صلى الله عليه وسلم في سرية، فحاص الناس حيصة، فقدمنا المدينة، فاختبأنا بها وقلنا: "هلكنا"، ثم أتينا رسول الله صلى الله عليه وسلم، فقلنا: "يا رسول الله، نحن الفرارون"، قال: "بل أنتم العكارون، وأنا فئتكم". هذا حديث حسن لا نعرفه إلا من حديث يزيد بن أبي زياد ومعنى قوله "فحاص الناس حيصة": يعني أنهم فروا من القتال. ومعنى قوله: "بل أنتم العكارون": والعكار: الذي يفر إلى إمامه لينصره، ليس يريد الفرار من الزحف" (at-Tirmidhî, 1607, dha'îf). "عن ابن عمر قال: "لقينا العدو، فحاص المسلمون حيصة، فكنت فيمن حاص" (Ahmad, 5752, dha'îf). "عن ابن عمر قال: بعثنا رسول الله صلى الله عليه وسلم في سرية. فلما لقينا العدو، انهزمنا في أول عادية" (Ahmad, 5895, dha'îf).
Ici :
--- soit l'étape c n'était pas encore enclenchée (c'est ce que Ibn 'Âshûr pense) ; car une fois l'étape c enclenchée, on ne peut plus se replier par seule crainte pour sa vie (seul le cas E1.2 autorise alors cela, or il requiert un qasd particulier, que ces Compagnons n'eurent alors pas) ;
--- soit l'étape c (et peut-être même d) était déjà enclenchée, mais ces Compagnons avaient le qasd de "تحيّز إلى فئة" (E1.2) ;
--- soit l'étape c (et peut-être même d) était déjà enclenchée, mais, si des individus de l'armée ne peuvent pour leur part pas battre en retraite par crainte pour leur vie, en revanche le chef de l'armée a l'autorisation d'ordonner la retraite de son armée s'il perçoit le fort risque d'un bain de sang total ; et ce fut le cas ici.
En tous cas, ces Compagnons crurent qu'ils avaient agi d'une façon interdite, alors que ce qu'ils firent était autorisé, d'où leur tranquillisation par le Prophète (sur lui soit la paix).

Ibn Kathîr dit que cet événement est celui de Mûta, mais ce ne furent pas tous les Compagnons qui se replièrent ainsi, mais seulement Abdullâh ibn Omar et quelques autres (BN 4/278). D'après ce hadîth dha'îf, le Prophète les aura alors excusés en faisant valoir qu'ils avaient le bon objectif ("at-tahayyuz ilâ fi'a").

(D'ailleurs, pour sa part, Ibn Kathîr est du même avis que Mûssâ ibn 'Uqba, al-Wâqidî, az-Zuhrî et al-Bayhaqî : à Mûta, ce fut l'armée musulmane qui remporta la bataille, et ce en infligeant de sévères pertes à l'ennemi, lequel dut alors se replier ; alors seulement, les musulmans repartirent pour Médine : BN 4/278, 4/280.)

-
Deux points supplémentaires :

La cité qui était Dâr ul-harb cesse de l'être :
--- en signant un traité de paix avec la Dâr ul-islâm : cette cité en devient alors Dâr ul-'ahd ;
--- ou en devenant partie de la Dâr ul-islâm.
N'importe lequel de ces 2 cas entraîne la fin de l'état de Harb (Guerre).

Quant à la bataille précise, elle prend fin par l'un des 6 cas suivants :
--- soit l'anéantissement de tous les combattants ennemis sur le champ de bataille (قتْل المقاتِلين الأعداء) ;
--- soit la reddition de l'ennemi (نزول العدوّ على حكم المسلمين) (comme les Banu-n-Nadhîr, les Banû Qurayza, les Khaybariens et les Mecquois l'ont fait) ;
--- soit la retraite de l'ennemi (انسحاب العدوّ) (comme cela s'est passé après Ghazwat ul-Ahzâb, et lors de Ghazwatu Dhât ir-Riqâ') ;
--- soit la retraite de l'armée musulmane (انسحاب المقاتلين المسلمين), et ce : pour cause E1.2 ("at-tahayyuz ilâ fi'a") ; ou parce qu'ils constatent qu'ils ne peuvent pas l'emporter (comme le Prophète l'a décidé après avoir assiégé la cité de at-Tâ'ïf en l'an 8). Et est-ce que le chef de l'armée peut décider de se retirer si eux, les musulmans, sont assiégés, et ce sans résister, afin d'éviter un bain de sang généralisé ?, nous en discuterons plus bas ;
--- soit la reddition de l'armée musulmane après qu'elle ait résisté, une fois que son chef a constaté leur défaite (نزول المسلمين على حكم العدوّ) ;
--- soit le martyre de tous les défenseurs musulmans (استشهاد المقاتلين المسلمين).

-
Ici une question demeure :

Ce que Ibn Qudâma a écrit (à savoir que l'interdiction de repartir - الانسحاب - est conditionnée à l'absence des deux exceptions que nous sommes en train d'étudier : "إذا التقى المسلمون الكفار، وجب الثبات وحرم الفرار (...). وإنما يجب الثبات بشرطين" : Al-Mughnî, 12/735), cela se rapporte au cas II (ce qui comporte quelque chose du Iqdâm), une fois l'étape c engagée : il est alors autorisé de partir et de ne pas combattre, si l'objectif est celui évoqué dans le verset.

Mais qu'en est-il du cas I (Difâ' Mahdh) ? Ces 2 exceptions :
--- sont-elles alors caduques ?
--- ou bien, au contraire, demeurent-elle valides pour ce cas I aussi, à condition que l'étape c ne soit pas encore engagée ? et qu'en est-il si l'étape c est déjà engagée ?
En d'autres termes : le chef de la cité a-t-il le droit de décider de laisser la cité à l'ennemi, avec négociation de la remise de ses clés, parce qu'il voit bien que ses combattants ne sont pas en mesure de résister et que le fait de résister ne conduira qu'à un bain de sang total (avec, de toutes façons, la prise de la cité), mais ce avec l'intention (qasd) de se replier auprès d'une autre cité pour revenir ultérieurement combattre l'envahisseur (ce qui constitue la 1ère exception) ?
Je ne sais pas (لا أدري).

-

La 2nde exception concerne le cas où le nombre des combattants de l'armée ennemie est plus de 2 fois plus élevé que celui des combattants de l'armée musulmane :

Il y a alors autorisation de ne pas combattre et de repartir : "فَإِن يَكُن مِّنكُم مِّئَةٌ صَابِرَةٌ يَغْلِبُواْ مِئَتَيْنِ وَإِن يَكُن مِّنكُمْ أَلْفٌ يَغْلِبُواْ أَلْفَيْنِ بِإِذْنِ اللّهِ وَاللّهُ مَعَ الصَّابِرِينَ" (Coran 8/66). Cette exception vaut même si ce n'est pas avec l'un des deux objectifs mentionnés en Coran 8/15-16 (objectifs que nous avons détaillés plus haut comme constituant la 1ère exception).
Ce cas de figure constitue une exception par rapport à la règle d'interdiction mentionnée dans l'autre verset : "يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آمَنُواْ إِذَا لَقِيتُمُ الَّذِينَ كَفَرُواْ زَحْفاً فَلاَ تُوَلُّوهُمُ الأَدْبَارَ وَمَن يُوَلِّهِمْ يَوْمَئِذٍ دُبُرَهُ - إِلاَّ مُتَحَرِّفاً لِّقِتَالٍ أَوْ مُتَحَيِّزاً إِلَى فِئَةٍ - فَقَدْ بَاء بِغَضَبٍ مِّنَ اللّهِ وَمَأْوَاهُ جَهَنَّمُ وَبِئْسَ الْمَصِيرُ" (Coran 8/15-16) (voir à ce sujet Tafsîr ul-Qurtubî) (voir aussi les différents cas de figure, avec ce qui est préférable, au-delà du seul caractère autorisé, in Al-Mughnî 12/739).

Une fois que les combats ont débuté (l'étape d), cependant, cette 2nde exception n'est plus valide : il n'est alors plus autorisé de partir et ne pas livrer bataille.
J'ai même cru comprendre que c'est dès l'étape c (quand les deux armées préparent leurs rangées pour l'affrontement), que cette 2nde exception n'est plus valide. (contrairement à la 1ère, qui, elle, demeure valide même une fois l'étape d enclenchée).

Ibn Taymiyya dit : "القتال لا يخلو إما أن يكون قتال دفع أو طلب؛ فالأول كأن يكون العدو كثيرا لا يطيقهم المسلمون، ويخافون أنهم إن انصرفوا عنهم، عطفوا على من تخلف من المسلمين؛ قال: فهنا قد صرح أصحابنا بأنه يجب عليهم أن يبذلوا مهجهم في الدفع حتى يسلموا؛ ونظير ذلك أن يهجم العدو على بلاد المسلمين، والمقاتلة أقل من النصف، لكن إن انصرفوا استولوا على الحريم. والثاني لا يخلو إما أن يكون بعد المصافّة أو قبلها؛ فقبلها هي مسألة الكتاب؛ وبعدها: حين الشروع في القتال، لا يجوز الإدبار مطلقا إلا لتحرف أو تحيز، كما دل عليه قوله سبحانه: {إِذَا لَقِيتُمُ الَّذِينَ كَفَرُوا زَحْفًا فَلَا تُوَلُّوهُمُ الْأَدْبَارَ}، وقصة بدر مرادة منها - والمشركون إذ ذاك ثلاثة أضعاف المسلمين -" (cité plus haut) ; قتال الدفع مثل أن يكون العدو كثيرا لا طاقة للمسلمين به، لكن يخاف إن انصرفوا عن عدوهم، عطف العدو على من يخلفون من المسلمين: فهنا قد صرح أصحابنا بأنه يجب أن يبذلوا مهجهم ومهج من يخاف عليهم في الدفع حتى يسلموا. ونظيرها أن يهجم العدو على بلاد المسلمين وتكون المقاتِلة أقل من النصف؛ فإن انصرفوا استولوا على الحريم: فهذا وأمثاله قتال دفع، لا قتال طلب، لا يجوز الانصراف فيه بحال. ووقعة أحد من هذا الباب. والواجب أن يعتبر في أمور الجهاد برأي أهل الدين الصحيح الذين لهم خبرة بما عليه أهل الدنيا، دون أهل الدنيا الذين يغلب عليهم النظر في ظاهر الدين، فلا يؤخذ برأيهم، ولا برأي أهل الدين الذين لا خبرة لهم في الدنيا" (Al-Fatâwâ al-kub'râ 5/538).

Ibn 'Âshûr écrit lui aussi la même chose : "والذي أرى في فقه هذه الآية أن ظاهر الآية هو تحريم التولي على آحادهم وجماعتهم إذا التقوا مع أعدائهم في ملاحم القتال والمجالدة؛ بحيث أن المسلمين إذا توجهوا إلى قتال المشركين أو إذا نزل المشركون لمقاتلتهم وعزموا على المقاتلة، فإذا التقى الجيشان للقتال، وجب على المسلمين الثبات والصبر للقتال، ولو كانوا أقل من جيش المشركين؛ فإما أن ينتصروا، وإما أن يتشهدوا. وعلى هذا، فللمسلمين النظر قبل اللقاء: هل هم بحيث يستطيعون الثبات وجهه أو لا (فإنّ وقت المجالدة يضيق عن التدبير): فعلى الجيش النظر في عدده وعدده ونسبة ذلك من جيش عدوهم؛ فإذا أزمعوا الزحف، وجب عليهم الثبات. وكذلك يكون شأنهم في مدة نزولهم بدار العدو، فإذا رأوا للعدو نجدة أو ازدياد قوة، نظروا في أمرهم هل يثبتون لقتاله، أو ينصرفون بإذن أميرهم، فإما أن يأمرهم بالكف عن متابعة ذلك العدو، وإما أن يأمرهم بالاستنجاد والعودة إلى قتال العدو - كما صنع المسلمون في غزوة إفريقية الأولى -؛ وهذا هو الذي يشهد له قوله تعالى: {إذا لقيتم فئة فاثبتوا}، وما ثبت في الصحيح أن النبيء صلى الله عليه وسلم يوم الأحزاب قام في الناس فقال: "يا أيها الناس لا تتمنوا لقاء العدو؛ فإذا لقيتموهم فاصبروا واعلموا أن الجنة تحت ظلال السيوف". ولعل حكمة ذلك أن يمضي المسلمون في نصر الدين. وعلى هذا الوجه يكون لأمير الجيش، إذا رأى المصلحة في الانجلاء عن دار العدو وترك قتالهم، أن يغادر دار الحرب ويرجع إلى مقره، إذا أمن أن يلحق به العدو، وكان له من القوة ما يستطيع به دفاعهم إذا لحقوا به، فذلك لا يسمى تولية أدبار، بل هو رأي ومصلحة" (At-Tahrîr wa-t-tanwîr).

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Al-Qurtubî relate que si d'après la majorité des ulémas cette [2nde] autorisation est liée au nombre de personnes des deux côtés, en revanche, d'après certains ulémas, dont Ibn ul-Mâjishûn, elle concerne aussi les capacités militaires : si les capacités militaires des musulmans sont plus de 2 fois en-deçà de celles de l'armée ennemie, il y a aussi, selon Ibn ul-Mâjishûn, l'autorisation de ne pas livrer bataille : "فمن فر من اثنين فهو فار من الزحف. ومن فر من ثلاثة فليس بفار من الزحف، ولا يتوجه عليه الوعيد. والفرار كبيرة موبقة بظاهر القرآن وإجماع الأكثر من الأئمة. وقالت فرقة، منهم ابن الماجشون في الواضحة: إنه يراعى الضعف والقوة والعدة. فيجوز على قولهم أن يفر مائة فارس من مائة فارس إذا علموا أن ما عند المشركين من النجدة والبسالة ضعف ما عندهم. وأما على قول الجمهور فلا يحل فرار مائة إلا مما زاد على المائتين. فمهما كان في مقابلة مسلم أكثر من اثنين، فيجوز الانهزام، والصبر أحسن" (Tafsîr ul-Qurtubî, commentaire des versets 8/15-16).

Cela conduit à ce que le pivot de l'autorisation de ne pas résister (manât ul-hukm) en devient : "être dans une situation de présomption d'incapacité à remporter la bataille, avec fort risque de perte de très nombreuses vies".

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Sa'ïd Ramadan al-Bûtî
écrit (après avoir évoqué des étapes, مراحل, dans le Ta'yîd ud-Dîn) : "ومن أجل هذا، أجمع جمهور الفقهاء على أن المسلمين إذا كانوا من قلّة العدد أو ضَعف العدّة بحيث يغلب الظن أنهم سيُقتَلون من غير أي نكاية في أعدائهم، إذا ما أجمعوا قتالهم، فينبغي أن تقدّم هنا مصلحة حفظ النفس؛ لأن المصلحة المقابِلة - وهي مصلحة حفظ الدين - موهومة أو منفية الوقوع. ويقرّر العز بن عبد السلام حرمة الخوض في مثل هذا الجهاد قائلا: "فإذا لم تحصل النكاية، وجب الانهزام، لما في الثبوت من فوات النفس مع شفاء صدور الكفار وإرغام أهل الإسلام، وقد صار الثبوت هنا مفسدة محضة، ليس في طيها مصلحة". قلت: وتقديم مصلحة النفس هنا: من حيث الظاهر فقط. أما من حيث حقيقة الأمر ومرماه البعيد، فإنها في الواقع مصلحة دين؛ إذ المصلحة الدينية تقتضي - في مثل هذه الحال - أن تبقى أرواح المسلمين سليمة لكي يتقدموا ويجاهدوا في الميادين المفتوحة الأخرى. وإلا، فإن هلاكهم يعتبر إضرارا بالدين نفسه وفسحا للمجال أمام الكافرين ليقتحموا ما كان مسدودا أمامهم من السبل" (Fiqh us-sîrat in-nabawiyya, pp. 69-70).

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–  Ici une interrogation demeure par rapport à cette 2nde exception... Cette autorisation de ne pas combattre si le nombre des combattants de l'armée ennemie est plus de 2 fois plus élevé que celui des combattants de l'armée musulmane (et, d'après Ibn ul-Mâjishûn, lorsque l'armement de l'ennemi est beaucoup trop supérieur à celui de l'armée musulmane), cette autorisation concerne (cela est certain) l'un des cas de figure relevant du II (quand cela a comporté quelque chose du Iqdâm). Mais cette autorisation concerne-t-elle aussi le cas I (c'est-à-dire le cas de figure B.1 : le Défensif Pur) ?

Nous avons déjà vu que Ibn Taymiyya a précisé que dans le cas de la tentative d'invasion, par l'armée ennemie, de la cité musulmane, si le nombre des ennemis est plus de 2 fois plus élevé que celui des musulmans, mais qu'il y a crainte que si les musulmans ne livrent pas bataille, l'ennemi prendra le dessus sur le "harîm", alors, bien que l'ennemi soit en nombre plus de 2 fois plus élevé qu'eux, les musulmans de cette cité ne peuvent pas ne pas tenter d'empêcher l'invasion. Ibn Taymiyya précise que à Uhud et lors de la Bataille du Fossé, les musulmans se trouvaient en pareil cas de figure : قتال الدفع مثل أن يكون العدو كثيرا لا طاقة للمسلمين به لكن يخاف إن انصرفوا عن عدوهم، عطف العدو على من يخلفون من المسلمين: فهنا قد صرح أصحابنا بأنه يجب أن يبذلوا مهجهم ومهج من يخاف عليهم في الدفع حتى يسلموا. ونظيرها أن يهجم العدو على بلاد المسلمين وتكون المقاتِلة أقل من النصف؛ فإن انصرفوا استولوا على الحريم: فهذا وأمثاله قتال دفع، لا قتال طلب، لا يجوز الانصراف فيه بحال. ووقعة أحد من هذا الباب. والواجب أن يعتبر في أمور الجهاد برأي أهل الدين الصحيح الذين لهم خبرة بما عليه أهل الدنيا، دون أهل الدنيا الذين يغلب عليهم النظر في ظاهر الدين، فلا يؤخذ برأيهم، ولا برأي أهل الدين الذين لا خبرة لهم في الدنيا" (Al-Fatâwâ al-kub'râ 5/538). "فأما إذا أراد العدو الهجوم على المسلمين، فإنه يصير دفعه واجبا على المقصودين كلهم، وعلى غير المقصودين لإعانتهم كما قال الله تعالى: {وإن استنصروكم في الدين فعليكم النصر إلا على قوم بينكم وبينهم ميثاق}، وكما أمر النبي صلى الله عليه وسلم بنصر المسلم، وسواء كان الرجل من المرتزقة للقتال أو لم يكن. وهذا يجب بحسب الإمكان على كل أحد بنفسه وماله، مع القلة والكثرة والمشي والركوب. كما كان المسلمون لما قصدهم العدو عام الخندق، لم يأذن الله في تركه لأحد (كما أذن في ترك الجهاد ابتداء لطلب العدو الذي قسمهم فيه إلى قاعد وخارج)، بل ذم الذين يستأذنون النبي صلى الله عليه وسلم: {يقولون إن بيوتنا عورة وما هي بعورة إن يريدون إلا فرارا}. فهذا دفع عن الدين والحرمة والأنفس وهو قتال اضطرار. وذلك قتال اختيار، للزيادة في الدين وإعلائه ولإرهاب العدو، كغزاة تبوك ونحوها" (MF 28/358-359).

Cependant, Ibn Taymiyya parle du cas où :
– l'ennemi veut envahir la cité musulmane,
– le nombre des combattants ennemis envahisseurs est plus de 2 fois plus élevé que celui des musulmans combattants présents dans la cité,
– et les musulmans défenseurs savent que s'ils ne se battent pas, l'ennemi prendra possession du "harîm".

Dès lors, trois questions se posent ici
...


La première est
: Que désigne précisément le terme "harîm" employé ici par Ibn Taymiyya :
----- les femmes seulement ?
----- ou bien aussi la terre, les maisons, les propriétés des musulmans ?

----- Si le terme "harîm" désigne ici seulement des femmes, alors que dire du cas où seules les deux premières conditions sont réunies (l'ennemi veut envahir la cité musulmane, et le nombre des combattants musulmans y étant présents est inférieur à la moitié de celui de l'ennemi envahisseur), l'ennemi voulant donc seulement prendre possession de la terre et des maisons, et pas des femmes des musulmans (ce que désignerait uniquement le terme "harîm") : les femmes, ainsi que les hommes qui n'auront pas été tués au combat, l'ennemi va leur donner le statut de résidents dans ce dont il va faire une Dâr ul-kufr, ou bien il va les en expulser en leur laissant la vie sauve.

Ce seul cas n'autorise apparemment pas la reddition sans avoir tenté d'empêcher l'invasion.
Par contre, si on a tenté cela mais qu'on a été vaincus, là on peut devenir résidents de cette cité devenue Dâr ul-kufr.

-
Par ailleurs, Ibn Taymiyya a évoqué l'infériorité numérique face à la tentative d'invasion, mais n'a pas précisé si c'est la même règle ("le devoir de résister et d'empêcher l'invasion") qui s'applique au cas où l'infériorité numérique se double d'une forte présomption (zann ghâlib) d'un bain de sang généralisé des combattants musulmans. La seconde question qui se pose donc est : En pareil cas, quand, vu le déséquilibre des forces en présence, il y a la forte présomption que ne pas négocier la reddition de la ville mais, au contraire, résister à l'ennemi, cela ne risque que d'entraîner, en sus de la chute de la ville, un bain de sang total, est-ce toujours le devoir de résistance qui s'applique aux musulmans de la ville assiégée, ou bien est-ce que, par maslaha, ils peuvent négocier leur reddition, soit après avoir tenu le siège, soit même avant de le faire ? Que dire de cet autre cas de figure ?

----- Est-ce que le contenu des versets 33/12-24 faisant des reproches à ceux qui voulaient se dérober face à la tentative d'invasion des Coalisés – alors que ceux-ci étaient 10 000 et que les musulmans de Médine ne pouvaient aligner que 3 000 combattants, donc un nombre inférieur à la moitié de celui de l'ennemi – prouve que même si l'ennemi envahisseur ne veut prendre possession que de la terre des musulmans et pas de leurs femmes ("harîm"), il n'est pas permis à ces musulmans de négocier une reddition (même s'ils sont en nombre plus de deux fois inférieur et pensent bien qu'ils n'ont aucune chance de repousser l'ennemi), mais il leur est au contraire systématiquement demandé de résister ?

----- Ou bien est-ce que
le contenu de ces versets 33/12-24 est seulement dû au fait que le dirigeant de la cité assiégée – le Prophète – ayant décidé de ne pas se rendre parce qu'il pensait bien que lui et les siens ne seraient pas vaincus, il fallait donc lui obéir, et ceux qui voulaient se dérober étaient en faute ; mais que, par contre, si ailleurs et en d'autres temps, le dirigeant musulman d'une cité musulmane assiégée sait que, pour cause de trop grande infériorité numérique (ou encore, d'après l'avis de Ibn ul-Mâjishûn, pour cause de manque de moyens militaires), les résidents de la cité n'ont aucune chance de parvenir à repousser l'ennemi envahisseur, il a le droit, et ce en vertu du verset 8/66, de négocier une reddition, suivant la maslaha, plutôt que de résister et d'exposer les habitants de sa cité à un bain de sang généralisé ?

Est-ce que le propos de Ibn 'Abd is-Salâm : "المثال الأربعون: التولي يوم الزحف مفسدة كبيرة، لكنه واجب إذا علم أنه يُقتَل من غير نكاية في الكفار؛ لأن التغرير بالنفوس إنما جاز لما فيه من مصلحة إعزاز الدين بالنكاية في المشركين؛ فإذا لم تحصل النكاية، وجب الانهزام، لما في الثبوت من فوات النفوس مع شفاء صدور الكفار وإرغام أهل الإسلام. وقد صار الثبوت ههنا مفسدة محضة، ليس في طيّها مصلحة" (Qawâ'ïd ul-ahkâm fî islâh il-anâm, 1/151) s'applique également à ce cas de figure ?
-
Je ne sais pas (لا أدري).

-
La troisième question est :
Et que dire du cas où, alors que le nombre de combattants de l'armée ennemie qui menace d'envahir la cité est plus de 2 fois le nombre des musulmans combattants présents dans la cité, et qu'il apparaît comme le plus probable que les musulmans ne sont pas de force à leur faire face, et que le plus probable est que, si les musulmans résistent et sont vaincus, l'ennemi se déchaînera sur les femmes ("harîm") et les enfants musulmans ?
--- ces musulmans ont-ils alors le droit de se rendre sans résister, si c'est avec comme condition, posée à l'ennemi, la sauvegarde de leurs femmes et enfants ?
--- ou bien ont-ils malgré tout le devoir de tenter de repousser son invasion, bien qu'ils savent le risque être alors plus grand, s'ils sont vaincus, de voir, par mesure de revanche de la part de l'ennemi, leurs femmes et enfants être pris comme butin de guerre (ou être violés) ?

Je ne sais pas (لا أدري).

-
En fait il existe ici 5 cas de figure :

un groupe de musulmans qui ne se déplacent pas avec un objectif militaire mais qui sont attaqués ; eux peuvent ne pas résister, mais se rendre et se constituer prisonniers. Ce fut le cas de quelques-uns sur les 10 Compagnons qui furent encerclés par 200 archers de la tribu de Banû Lih'yân à ar-Rajî' : parmi eux, Khubayb et Zayd ibn Dathina se rendirent et se laissèrent emprisonner - alors que 'Âssim ibn Thâbit refusa net, et que Abdullâh ibn Târiq, après avoir accepté, finit par refuser - (al-Bukhârî, 2880). Al-Bukhârî écrit ceci : "باب: هل يَسْتأسِر الرجل؟ ومن لم يستأسر؛ ومن ركع ركعتين عند القتل" (Sahîh ul-Bukhârî, Kitâb 60, bâb 167) ; "أي: هل يصير الرجل باختياره أسيرًا لغيره؟ يقال: "اسْتأسِرْ"، أي: كن أسيرًا لى" (Al-Kawâkib ud-dirârî). Et al-'Aynî écrit en commentaire : "ذكر ما يستفاد منه: في نزول خبيب وصاحبه: جواز أن يستأسر الرجل؛ قال المهلب: إذا أراد أن يأخذ بالرخصة في إحياء نفسه، فعل كفعل هؤلاء؛ وعن الحسن: "لا بأس أن يستأسر الرجل إذا خاف أن يغلب". وقال الثوري: "أكره للأسير المسلم أن يمكن من نفسه إلا مجبورا"؛ وعن الأوزاعي: "لا بأس للأسير المسلم أن يأبى أن يمكّن من نفسه، بل يأخذ بالشدة والإباء من الأسر والأنفة من أن يجري عليه ملك كافر، كما فعل عاصم" ('Umdat ul-qârî)
 ;

un groupe de musulmans qui sont sortis avec un objectif militaire comportant quelque chose du iqdâm : avant l'étape c, ils peuvent décider de ne pas livrer bataille ; mais une fois l'étape c enclenchée, peuvent-ils décider de se replier, fût-ce sans l'objectif de "tahayyuz ilâ fi'a", et seulement parce qu'ils ne sont pas de taille à remporter la bataille et qu'il s'agit donc d'éviter un bain de sang généralisé, pourvu que ce soit le chef de ce groupe qui prenne cette décision ? Il semble bien que Oui si on s'en remet à ce que Ibn 'Abd is-Salâm a écrit (voir plus haut) : pourvu que ce risque soit réel ;

un groupe de musulmans assiégés dans une cité et qui sont donc dans une posture purement difâ'ï ; peuvent-ils se rendre et ouvrir la cité à l'ennemi si c'est avec la condition qu'ils auront la vie sauve, car ils savent qu'ils ne sont pas de nature à pouvoir résister à l'invasion de leur cité, pourvu qu'ils aient l'objectif de "tahayyuz ilâ fi'â" ? ou bien doivent-ils résister jusqu'à la fin ? Je ne sais pas (لا أدري) ;

un groupe de musulmans assiégés dans une cité et qui sont donc dans une posture purement difâ'ï ; peuvent-ils se rendre et ouvrir la cité à l'ennemi si c'est avec la condition qu'ils pourront sauver leur vie, car ils savent qu'ils ne sont pas de nature à pouvoir résister à l'invasion de leur cité, leur objectif étant d'éviter un bain de sang généralisé qui n'empêchera pas l'invasion de la cité ? ou bien doivent-ils résister jusqu'à la fin ? Je ne sais pas (لا أدري) ;

un groupe de musulmans assiégés dans une cité et qui sont donc dans une posture purement difâ'ï ; peuvent-ils se rendre et ouvrir la cité à l'ennemi si c'est avec la condition qu'ils pourront partir ainsi que leurs familles, car ils savent qu'ils ne sont pas de nature à pouvoir résister à l'invasion de leur cité, leur objectif étant de sauver leurs femmes et enfants (dont ils savent qu'en cas de résistance, ceux-ci seront capturés et emmenés par l'ennemi) ? ou bien doivent-ils résister jusqu'à la fin ? Je ne sais pas (لا أدري).

-

La suite de cet article :

Quelques précisions et nuances à propos du combat défensif (3/3).

Wallâhu A'lam (Dieu sait mieux).

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