Face à des argumentations divergentes, il y a : - les cas où on peut (et on doit) être certain de la rectitude de tel avis (الجزم مع القطع بـ) ; - les cas où il s'agit d'affirmer de façon ferme que c'est tel avis qui est correct (الجزم) ; - les cas où il s'agit de donner préférence à tel avis (الترجيح) ; - les cas où il s'agit de pencher vers tel avis (الميلان) ; - les cas où il s'agit de ne pas se prononcer (التوقف)

-
I) Comme nous l'avions exposé dans un précédent article, nous avons 3 choses :

- A) avoir les bonnes croyances pures : Dieu est Unique ; Muhammad (sur lui soit la paix) est Son dernier Messager ; les Anges et les démons existent ; il y a une vie après la mort ; il y aura une résurrection des corps puis un jugement ; etc. ;
-
B) avoir les bonnes croyances liées aux actions : Telle action est obligatoire ; telle autre est recommandée ; telle autre est purement autorisée ; telle action est déconseillée ; et telle autre est interdite - Tel élément est licite, et tel autre est illicite - Telle façon de réaliser telle action est déterminée (mu'ayyan), par contre, telle autre n'est pas déterminée et tout autre moyen permettant de la réaliser est légal -
-
C) agir concrètement selon ces bonnes croyances B : donc, concrètement, accomplir les bonnes actions et se préserver des mauvaises
...

Nous parlerons ici des aspects A et B...

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II) Voici 5 degrés dans la force avec laquelle une personne donnée adhère à un propos donné :

5) la personne affirme de façon tranchée que c'est tel avis qui est correct (al-qat' bi) (الجزم مع القطع بـ) ;
4) la personne affirme de façon ferme que c'est tel avis qui est correct (al-jazm bi) (الجزم) ;
3) la personne donne préférence à tel avis sur tel autre (tarjîh) (الترجيح) ;
2) la personne penche vers tel avis (maylân ilâ) (الميلان إلى) ;
1) la personne affirme qu'elle hésite sur le sujet (taraddud)
(التردّد).

--- Ce sont les degré 5 (الجزم مع القطع بـ), degré 4 (الجزم) et degré 3 (الترجيح) qui constituent : "une affirmation" (القول بـ). On peut alors dire : "C'est là l'avis d'Untel".
Par ailleurs, l
es degré 5 (الجزم مع القطع بـ) et degré 4 (الجزم) constituent une affirmation ferme (الجزم).

-
--- Par contre, les degré 2 (الميلان إلى) et degré 1 (التردّد) constituent seulement : "
l'expression d'une probabilité" (إبداء الاحتمال فقط). Cette expression de probabilité ne peut pas conduire à ce que son contenu soit présenté comme étant : "l'avis d'Untel".

-

Que signifient ces 5 formulations ?

5) "la personne affirme de façon "tranchée" que tel avis est correct (الجزم مع القطع بـ)", cela signifie :
--- que
c'est à 100% (ou au moins à près de 99%) que la personne estime la probabilité que c'est tel avis qui est correct et l'autre erroné.
Cette personne dit alors : "هذا الرأي هو الصواب، والرأي الآخر هو الخطأ. هذا هو اعتقادي: أقطع به، ولا احتمال للعكس" : "C'est cet avis qui est juste, et l'autre est erroné, je le crois et l'affirme de façon tranchée. Et il n'y a pas de possibilité que ce soit l'inverse."

4) "la personne affirme de façon "ferme" que tel avis est correct (الجزم بـ)", cela signifie :
--- que
c'est à 90% que la personne estime la probabilité que c'est tel avis qui est correct et l'autre erroné.
Cette personne dit alors : "هذا الرأي هو الصواب، والرأي الآخر هو الخطأ. هذا هو اعتقادي: أجزم به" : "C'est cet avis qui est juste, et l'autre est erroné, je le crois et l'affirme de façon ferme."

3) "la personne donne préférence à tel avis (الترجيح)", cela signifie :
--- que la personne pense ainsi (approximativement) : "La probabilité que l'avis auquel j'adhère soit correct et l'autre avis soit erroné s'élève à environ 75% (ou un peu plus, ou un peu moins). Il reste donc 25% de possibilité (ou un peu moins, ou un peu plus) que ce soit l'inverse." Ici la personne dit : "
هذا الرأي هو الصواب، والرأي الآخر هو الخطأ. هذا هو اعتقادي! ولكن يحتمل أن يكون هذا الرأي هو الخطأ، والرأي الآخر هو الصواب" : "C'est cet avis qui est juste, l'autre est erroné. C'est là ma croyance ! Cependant, je sais qu'il est également possible que l'avis auquel j'adhère soit erroné et l'autre soit juste".

2) "la personne penche vers tel avis (الميلان إلى)", cela signifie :
--- qu'elle pense qu'"il y a une probabilité de 60 % environ (ou un peu plus), que tel avis soit l'avis correct et l'autre avis soit l'erroné", cet autre avis ayant pour sa part la probabilité de 40% (ou un peu moins) d'être "l'avis correct".

1) "la personne est dans l'hésitation sur le sujet (التردد)", cela veut dire :
--- qu'elle hésite (taraddud) quant à la validité de telle argumentation sur telle autre et vice-versa.
Cela exprime que, dans l'esprit de cette personne, la probabilité de la justesse de tel avis par rapport à tel autre est de l'ordre de "55% - 45%" ;
--- ou qu'elle ne peut pas du tout se prononcer sur la question (tawaqquf). Cela exprime que, dans l'esprit de cette personne, la probabilité de la justesse de tel avis par rapport à tel autre est de l'ordre de "50% - 50%".

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Et voici les 5 degrés de certitude qu'une personne donnée a par rapport à un propos donné (ils correspondent aux 5 degrés suscités) :

– la certitude (yaqîn) (اليقين) ; c'est alors qu'on affirme le propos de façon tranchée (القطع بـ) (= le degré 5) ;

la très forte présomption (zann aghlab) (الظن الأغلب) ; c'est alors aussi qu'on affirme le propos de façon ferme (القطع بـ) (= le degré 4) ;

la forte présomption (zann ghâlib) (الظن الغالب) ; c'est alors qu'on donne préférence au propos (الترجيح) (= le degré 3) ;

– la présomption (zann) (الظن المُجرَّد) ; c'est alors qu'on penche vers le propos (الميلان إلى) (= le degré 2) ;

l'hésitation (taraddud) (التردّد) : c'est ce par rapport à quoi, dans son esprit, les deux possibilités se valent : 55% - 45% (= le degré 1) ;

le doute (dans l'esprit de l'homme) (shakk) (الشك) : c'est ce par rapport à quoi, dans son esprit, les deux possibilités se valent complètement : 50% / 50% (= le degré 0). Al-Asfahânî écrit : "الشك اعتدال النقيضين عند الإنسان وتساويهما، وذلك قد يكون لوجود أمارتين متساويتين عند النقيضين، أو لعدم الأمارة فيهما" (Al-Mufradât). Ibn Hajar relate : "الشك المصطلح وهو التوقف بين الأمرين من غير مزية لأحدهما على الآخر" (FB 6/500).

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Détail :

5) la certitude (dans l'esprit de l'homme) (yaqîn) (العلم) (اليقين) que c'est tel avis qui est correct (c'est alors qu'on affirme le propos (al-jazm bi) (الجزم بـ) de façon tranchée (al-qat' bi) (القطع بـ)) (l'adhésion au propos est de l'ordre de 100%, et la probabilité de sa négation est de 0%) ;

4) l'extrêmement forte présomption (dans l'esprit de l'homme) (zann aghlab) (الظن الأغلب) que c'est tel avis qui est correct (c'est alors aussi qu'on affirme le propos (al-jazm bi) (الجزم بـ) de façon ferme) (l'adhésion au propos est de 90% environ, et la probabilité de sa négation est de 10% environ) ;

3) la forte présomption (dans l'esprit de l'homme) (zann ghâlib) (الظن الغالب) que c'est tel avis qui est correct (c'est alors qu'on donne préférence au propos (الترجيح)) (le propos est de 75% environ, et la probabilité de sa négation est de 25 % environ) ;

2) la présomption (dans l'esprit de l'homme) (zann) (الظن المُجرَّد) que c'est tel avis qui est correct (c'est alors qu'on penche vers le propos (الميلان إلى)) (l'adhésion au propos est de 60% environ, et la probabilité de sa négation est de 40% environ) ;

1) l'hésitation (dans l'esprit de l'homme) quant au fait que c'est tel avis qui est correct (c'est ce par rapport à quoi, dans son esprit, les deux possibilités se valent : ou encore : 55% / 45% ; et c'est alors qu'on exprime qu'on hésite entre les deux avis (taraddud) (التردّد) ; il y a aussi le degré 0 : 50% / 50% ; ou qu'on dit ne pas pouvoir se prononcer (tawaqquf) (التوقف).

Lire : La question du degré de certitude entre en jeu dans de nombreuses questions...

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III) Or il y a ici deux Perspectives :
les degrés de certitude qu'une personne donnée a à propos d'un propos donné (الدرجة التي يعتقدها الرجل) ;
les degrés de certitude qu'un propos donné permet en soi que la personne ait à son sujet (الدرجة الممكنة في نفس الأمر):

La Première perspective est : les degrés de conviction que chaque personne possède dans son esprit (fi-'tiqâdir-rajul) (et ce, que cela corresponde, ou pas, aux arguments tels qu'ils existent en soi) :

- Par exemple : telle personne est convaincue "que Abû Bakr était un usurpateur et que le califat revenait à 'Alî". Ce propos est complètement faux (et c'est un propos de dhalâl), et pourtant telle personne donnée est convaincue (yaqîn) de sa véracité, à cause d'une fausse argumentation.

- Telle autre personne est convaincue que seul le fait de prononcer en une fois les paroles de l'iqâma est institué (mashrû') et le fait de les prononcer en 2 fois est erroné (ghayr mashrû'). Ce propos est faux, car la vérité est que les deux sont institués (mashrû'), et pourtant telle personne est convaincue de la véracité de cette idée, pour l'avoir apprise de ses parents et professeurs et n'avoir pas eu connaissance de la vérité sur le sujet.

-
Et la Seconde perspective est : les degrés de certitude que le propos permet en soi (fî nafs il-amr), eu égard à la nature des arguments relatifs à la question donnée (et ce, même si la personne a un degré de certitude supérieur à celui que le propos et son niveau d'argumentation permettent en soi) :

En effet, sur cette question déterminée :
- soit il y a une preuve unique, possédant un sens unique ;
- soit il y a une preuve unique, mais comportant un terme polysémique ;
- soit il y a des preuves plurielles, et toutes vont dans le même sens ;
- soit il y a des preuves plurielles, et l'une d'elles pourrait être interprétée différemment de ce que les autres disent, cependant que, eu égard à ce que toutes les autres disent, il est impératif de lire cette preuve à la lumière des autres (et pas l'inverse) ;
- soit il y a des preuves plurielles, et chacune communique chose différente de ce que l'autre dit : il y a donc latitude à les concilier de façons différentes.

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Ci-dessous nous n'allons parler que de la Seconde perspective ("en soi") (sauf pour le cas du tawaqquf, qui n'est possible que "pour la personne", et pas "en soi").

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IV) Il faut avoir des convictions :

Il faut en effet, au sujet de ce que l'on croit (dans la dimension A comme dans la dimension B : voir début d'article), avoir des convictions (et non pas être dans le doute, l'hésitation permanente, etc.).
Pour cela, ce que l'on croit, on se doit de chercher à son sujet les arguments, du Coran et de la Sunna directement, ou des raisonnements ayant été faits sur la base de ces textes ; ceci devant permettre à nos croyances d'avoir des fondements rationnels solides.
Par ailleurs, il s'agit aussi de pratiquer ce en quoi l'on croit, ceci devant permettre à son cœur de "goûter" aux réalités de la foi en Dieu.
Ces deux moyens doivent (bi idhnillâh) nous permettre d'avoir des convictions.

Cependant, il est des points de croyance (A comme B) qui font l'objet d'avis divergents entre les musulmans. Et certaines divergences sont de l'ordre "ijtihâdî".

Il faut donc d'une part avoir des convictions quant aux avis auxquels on adhère, mais aussi, d'autre part, savoir se décentrer (sur une question donnée) de son avis pour appréhender l'autre avis :
- est-il lui aussi "fondé sur un ijtihâd digne de ce nom" ?
- ou est-il au contraire fondé sur un raisonnement qui n'est pas digne de s'appeler "ijtihâd" tellement il est erroné ?

Ainsi, quand un muftî donne fatwâ, il communique un avis juridique. Et même s'il sait très bien que la question est ijtihâdî zannî et qu'il existe donc à son sujet plusieurs avis divergents, c'est seulement tel avis précis dont il fait l'affirmation, car il pense que c'est l'avis correct. C'est donc en son for intérieur uniquement que le muftî pense que sur cette question, ce que j'affirme est de l'ordre du "الترجيح" seulement (= le degré 3 suscité).

On voit ici que les deux dimensions sont nécessaires :
--- savoir affirmer un avis, et cela à cause de sa conviction (par exemple 75 % de probabilité que ce soit l'avis correct) ;
--- tout en se décentrant intérieurement des arguments sur lesquels cet avis repose, pour garder à l'esprit que l'autre avis a malgré tout une probabilité de l'ordre de 25% d'être l'avis correct.

Prenons l'exemple de la question de savoir si le consentement du Walî de la jeune femme est une condition, ou pas, pour la validité du mariage de celle-ci. Le livre hanbalite Al-Mughnî, après avoir appuyé et donné préférence à l'avis qui dit que le Walî est nécessaire, tient à ajouter que si un juge (qâdhî) a déclaré un mariage fait sans Walî "valide", alors on ne peut pas casser son jugement, car : "لأنها مسألة مختلف فيها، ويسوغ فيها الاجتهاد، فلم يجز نقض الحكم له (كما لو حكم بالشفعة للجار)؛ وهذا النص: متأول، وفي صحته كلام، وقد عارضه ظواهر" (Al-Mughnî 9/140-143) (voir également : Al-Mughnî 13/531-534).

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V) Voici donc maintenant 4 degrés dans la force avec laquelle un propos donné peut en soi être affirmé :

5) le propos est tel qu'en soi il doit faire l'objet d'une affirmation tranchée (al-qat'u bi) (يجب أن يُقطَع به) ;

4) le propos est tel qu'en soi il doit faire l'objet d'une affirmation ferme (al-jazmu bi) (يجب أن يُجزم به) ;

3) le propos est tel qu'en soi il ne peut faire l'objet que d'une préférence (tarjîh) (
لا يُزاد على أن يُرَجَّحُ على ما سواه) ;

2) le propos est tel qu'en soi il ne peut faire l'objet que d'un penchant (maylân ilâ) (لا يُزاد على أن يُمَالُ إليه) ;

1) le fait pour la personne d'affirmer qu'elle hésite sur le sujet (taraddud)
(التردّد فيه) et est dans l'incapacité de se prononcer sur le sujet (tawaqquf) (التوقف فيه), cela est seulement lié à la perception que cette personne en a : souvent c'est parce qu'il n'y a pas de texte explicite sur le sujet mais seulement deux principes qui sont en concurrence.

-

VI) Quand est-ce qu'un avis donné peut-il, en soi, faire l'objet de tel type d'affirmation ?

5) Un avis est tel qu'il doit en soi faire l'objet d'une affirmation tranchée (يُقطَعُ به) :

--- quand cet avis fait en soi l'objet d'une certitude (yaqîn) (degré 5 plus haut cité), et ce :

----- parce que cet avis est extrait d'un texte qui est qati'yy ud-dalâla, et qui est également
qati'yy uth-thubût (c'est le cas de tout le texte du Coran, et des hadîths du Prophète, sur lui la paix, qui sont rapportés au tawâtur).

Ici c'est à 100% que s'élève la probabilité que tel avis soit correct et l'autre erroné.

(Ce qui n'empêche pas la tolérance vis-à-vis des personnes qui sont de l'autre avis. Mais ce que nous voulons dire c'est que le musulman, lui, doit être certain de la véracité de tel avis et du caractère complètement "erroné" de l'autre.)

Ainsi en est-il des propos suivants :
- Dieu existe ; Dieu est Unique dans son caractère divin ; Muhammad (sur lui la paix) est Messager de Dieu ; le Coran est la Parole de Dieu qu'Il a révélée à Muhammad ; il y aura un jugement dernier ; le Paradis est une réalité ; la Géhenne aussi ; etc. (le contraire de n'importe laquelle de ces affirmation constitue du kufr akbar) ;
- Dieu a prédéterminé les croyances et les actions que chacun fera dans sa vie, et Il les crée (dire que cela n'est pas prédéterminé et que c'est l'homme qui crée lui-même ses actions, cela est du dhalâl).
Lire notre article expliquant ce qui fait la différence entre les différents types d'erreurs : kufr / dhalâl / khata' ijtihâdî.

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4) Un avis est tel qu'il doit en soi faire l'objet d'une affirmation ferme (يُجزم به) :

--- quand cet avis fait en soi l'objet d'une très forte présomption (zann aghlab) (degré 4 plus haut cité), et ce :

----- parce que cet avis
est extrait d'un texte qui est qati'yy ud-dalâla et qui est par ailleurs
zanniyy uth-thubût zannan aghlaba (c'est le cas des hadîths du Prophète, sur lui la paix, qui sont muhtaff bi qarînatin wâhida : Shar'h un-Nukhba, p. 33).

Ainsi en est-il (peut-être) du fait que :
- La Sunna a interdit à l'homme de porter des vêtements teints au carthame (le contraire de cette affirmation est une khata' ijtihâdî qat'î).

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3) Un avis est tel qu'il peut seulement faire l'objet d'une préférence (يُرَجَّحُ على سواه) :

--- quand cet avis fait en soi l'objet d'une présomption conséquente (zann ghâlib) (degré 3 plus haut cité), et ce :

----- soit parce qu'il est extrait d'un texte qui est qat'iyy uth-thubût mais zanniy ud-dalâla zannan ghâliban ; comme dans le cas des versets dont la signification fait l'objet d'interprétations divergentes ;

----- soit parce qu'il est extrait d'un texte qui est zanniyy uth-thubût zannan aghlaba mais zanniy ud-dalâla zannan ghâliban ; comme dans le cas de hadîths qui sont établis de façon très authentique, mais dont la signification fait l'objet d'interprétations divergentes ;

----- soit parce qu'il est extrait d'un texte qui est zanniyy uth-thubût et zanniyy ud-dalâla ; car il s'agit d'un hadîth dont le contenu est contredit par un autre hadîth du même niveau que lui, ou par un principe général extrait d'autres hadîths ;

----- soit encore parce qu'il est extrait d'un texte qui est un hadîth qui est qat'iyy ud-dalâla (ce qui sous-entend qu'il n'est contredit ni par un autre hadîth ni par un principe général), mais que ce hadîth est zanniy uth-thubût (zann d'un niveau moindre que le zann aghlab) : c'est le cas lorsque si le mujtahid a émis un avis différent de ce que dit un hadîth de ce niveau "quelque peu moindre" (au sujet duquel quelque discussion a eu lieu, ou bien au sujet duquel al-Bukhârî a fait lui-même un tarjîh), c'est seulement parce que ce hadîth n'était pas parvenu au mujtahid : l'avis de ce dernier est alors une khata' ijtihâdî zannî, et il s'agit de donner préférence (tarjîh) à l'autre avis. Cela est (peut-être) le cas par rapport à l'avis hanafite disant qu'il est autorisé à l'homme de s'assoir sur de la soie (cf. FB 10/360).

-
2) Un avis est tel qu'il peut seulement faire l'objet d'un penchant (يُمَالُ إليه) :

--- quand cet avis fait en soi l'objet d'une présomption simple (zann) (degré 2 plus haut cité) :

----- parce que ce propos est extrait d'un texte qui est qat'iyy ud-dalâla mais zanniy uth-thubût zannan mujarradan
(c'est le cas de certains hadîths du Prophète, sur lui soit la paix, où l'authenticité est établie par certains spécialistes seulement).

-
1) Quant au fait qu'on est dans l'hésitation (taraddud), ou dans l'incapacité de se prononcer (tawaqquf) :

----- cela est dû au fait que dans son esprit les deux argumentations se valent presque (taraddud) (degré 1 plus haut cité).

-

VII) On peut exprimer cela, en arabe, comme suit :

"عدم القول بــ:

مُحتوَى ما هو قطعيّ الدلالة وثابت بالتواتر (ولو في معناه): يقطع بكونه خطأً، وهو كفر أكبر؛

مُحتوَى ما هو قطعيّ الدلالة ولكن غير ثابت بالتواتر، بل بالاستفاضة (ولو في معناه): يقطع بكونه خطأً، وهو ضلال؛

مُحتوَى نصٍ قطعيّ الدلالة ولكن غير ثابت بالاستفاضة بل بطريق صحيحِ قطعيّ الثيوت، أو ظنّيّ الثيوت ظنًّا أغلب: يقطع بكونه خطأً؛ وهو خطأ قطعيّ اجتهاديّ؛ (وهل هذا مثل الحديث الناهي للرجال عن لبس المعصفر؟

مُحتوَى نصٍ قطعيّ الدلالة ولكن ثابت بطريق صحيحِ ظنّيّ الثيوت ظنًّا غالبًا: يرجّح كونه خطأً؛ وهو خطأ اجتهاديّ ظنّيّ غالب؛ (يرجَّح في المسألة ما يوافق ذلك المحتوى (وهل هذا مثل الزيادة الناهية للرجال عن الجلوس على الحرير؟

مُحتوَى نصٍ قطعيّ الدلالة ولكن ظنّيّ الثيوت ظنًّا مجرَّدًافهذا يُظَنُّ أنّه صواب، أو يُظَنُّ ٱنّه خطأ، بقرائن؛(فإنه يرجَّح في المسألة رأي من الآراء الموجودة، أو يمال فيها إلى رأي من تلك الآراء)؛ (وهذا مثل الحديث الناهي عن العربون)

دلالةٍ معيّنة مستفادةٍ من نصٍ يكون ظنّيّ الدلالة (لوجود معنيين للفظ النص، أو لوجود نص تفصيلي آخر أو قاعدة كلية شرعية يعارض مُحتوَى النص الأول): فهذه الدلالة يُظَنُّ أنّها صواب، أو يُظَنُّ ٱنّها خطأ، بقرائن؛(فإنه يرجَّح في المسألة رأي من الآراء الموجودة، أو يمال فيها إلى رأي من تلك الآراء)؛"

La différence entre le cas de dhalâl et le cas de khata' ijtihâdî qat'î tient à ce que :
--- le cas de dhalâl concerne ce qui est établi du Prophète (sur lui soit la paix) au zann aghlab et, en plus, était très diffusé à l'époque des Compagnons et de leurs élèves, alors même que l'avis erroné en est franchement éloigné ;
--- et le cas de khata' ijtihâdî qat'î concerne ce qui est établi du Prophète (sur lui soit la paix) au zann aghlab mais n'était pas très diffusé à l'époque des Compagnons et de leurs élèves ; ou bien était diffusé dès cette époque mais la marge d'éloignement de l'avis erroné est mince au point que cet avis erroné est quand même "fondé sur un ijtihâd digne de ce nom" : "mabnî 'ala-j'tihâdin sâ'ïgh".
Lire : Dans l'ensemble des propos que tiennent ceux qui se réclament de l'islam, qu'est-ce qui fait la différence entre : - le propos de kufr akbar ; - le propos de dhalâl ; - l'erreur ijtihâdî qat'î ; - et l'erreur ijtihâdî zannî ?.

Wallâhu A'lam (Dieu sait mieux).

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