Comment faire quand on veut se marier ?

De nombreuses personnes veulent savoir si l'islam permet, pour découvrir le(a) bon(ne) conjoint(e), de sortir ensemble, d'aller se promener main dans la main. En somme, elles veulent savoir comment faire quand on désire se marier.

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Celui ou celle qui veut se marier passe en général par les cinq étapes suivantes :

1) Je désire me marier ("urîdu an atazawwaja"), mais je n'ai pas encore connaissance d'une personne susceptible de m'intéresser.

2) J'ai connaissance d'une personne susceptible de m'intéresser ("fî qalbî khitbatuhâ"), mais ce n'est qu'une éventualité : je n'ai pas encore pris la décision de la demander en mariage.

3) J'ai pris ma décision concernant cette personne précise. Je lui fais donc ma proposition de mariage ("akhtibuhâ"). Cependant, je n'ai pas encore la réponse car un délai de réflexion m'a été demandé.

4) Ma demande est acceptée mais nous ne sommes pas encore mariés. (Si ma demande n'est pas acceptée, je recommence à l'étape 1.)

5) Nous nous marions ("na'qidu-n-nikâh").

Jusqu'avant l'étape n° 5, on n'est pas encore mari et femme et on doit donc respecter toutes les règles offertes par l'islam : la 'awra doit être recouverte, on ne doit pas se faire la bise, on ne doit pas être seuls ensemble dans une pièce, on ne doit pas sortir ensemble, etc., comme explicité sur plusieurs articles de notre site.

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Entre l'étape 1 et l'étape 2 (je désire me marier mais suis pour le moment à la recherche d'une personne susceptible de m'intéresser) :

Ici entrent d'abord en jeu les critères que chacun et chacune devraient prendre en compte pour la recherche de la personne avec qui ils vont se marier. Lire à ce sujet mon article : Les critères pour choisir son conjoint.

Quant à la question de savoir comment faire pour rencontrer la personne voulue, avec les critères voulus, je dirai ceci : tous les moyens qui n'entrent en contradiction avec aucune règle de l'islam restent autorisés. On peut par exemple se renseigner auprès d'amis ; on peut aussi avoir recours aux services d'une agence matrimoniale qui respecte les principes éthiques musulmans.

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Entre l'étape 2 et l'étape 3 (on a eu connaissance de quelqu'un et on pense à l'éventualité de se marier avec cette personne ; cependant, on n'a pas encore pris la ferme décision de le faire) :

En ce qui concerne l'homme :

Le Prophète (sur lui soit la paix) a dit :
--- "إذا ألقي في قلب امرئ خطبة امرأة، فلا بأس أن ينظر إليها" : "Lorsque est placé dans le cœur de l'un de vous l('intention de) demander en mariage une femme, il n'y a pas de mal à ce qu'il la regarde" (Silsilat ul-ahâdîth as-sahîha, n° 98) ;
--- "إذا خطب أحدكم امرأة، فلا جناح عليه أن ينظر إليها إذا كان إنما ينظر إليها لخطبته، وإن كانت لا تعلم" : "Lorsque l'un d'entre vous (a l'intention de) demander en mariage une femme, il n'y a pas de mal à ce qu'il la regarde s'il le fait en vue de la demander en mariage, même si elle ne sait pas (qu'il la regarde)" (Ibid., n° 97) ;
--- "إذا خطب أحدكم المرأة، فإن استطاع أن ينظر إلى ما يدعوه إلى نكاحها فليفعل" : "Lorsque l'un d'entre vous (a l'intention de) demander en mariage une femme, alors s'il a la possibilité de regarder ce qui l'amènera à l'épouser, qu'il le fasse" (Ibid., n° 99).

Il s'agit de l'étape où on connaît une personne avec qui on envisage de se marier, mais où on n'a pas encore pris la décision de se marier avec elle : il est alors autorisé - et même recommandé - de la regarder.

Beaucoup de ulémas sont d'avis qu'il est autorisé de la regarder sans qu'elle soit au courant.
An-Nawawî dit que selon les shafi'ites, il est mieux de la regarder avant la demande en mariage [et sans qu'elle soit au courant], car demander à la voir dans l'éventualité d'un mariage, puis ne pas la demander en mariage parce qu'elle ne lui convient pas, cela blesserait ses sentiments : "ثم مذهبنا ومذهب مالك وأحمد والجمهور أنه لا يشترط في جواز هذا النظر رضاها بل له ذلك في غفلتها ومن غير تقدم إعلام. لكن قال مالك: أكره نظره في غفلتها مخافة من وقوع نظره على عورة؛ وعن مالك رواية ضعيفة أنه لا ينظر اليها إلا بإذنها. وهذا ضعيف لأن النبي صلى الله عليه وسلم قد أذن في ذلك مطلقا ولم يشترط استئذانها. ولأنها تستحي غالبا من الإذن. ولأن في ذلك تغريرا فربما رآها فلم تعجبه فيتركها فتنكسر وتتأذى. ولهذا قال أصحابنا: يستحب أن يكون نظره إليها قبل الخطبة حتى إن كرهها تركها من غير إيذاء، بخلاف ما إذا تركها بعد الخطبة والله أعلم" (Shar'h Muslim 9/210-211).
--- D'ailleurs Muhammad ibn Maslama, un Compagnon du Prophète, qui envisageait de se marier avec Bathîna (ou : Thabîta, ou : Nabîta) bint udh-Dhahhâk, l'avait regardée sans qu'elle le sache : "عن سهل بن أبي حثمة قال: رأيت محمد بن مسلمة يطارد امرأة من الأنصار يريد أن ينظر إليها، - قال ابن أبي زائدة: ثبيتة ابنة الضحاك يريد أن ينظر إليها -، فقلت: "أنت صاحب رسول الله صلى الله عليه وسلم وتفعل هذا؟" قال: "سمعت رسول الله صلى الله عليه وسلم يقول: "إذا ألقى الله في قلب امرئ خطبة امرأة، فلا بأس أن ينظر إليها" (Ahmad, 17976) ; "وعن سهل بن أبي حثمة، قال: رأيت محمد بن مسلمة يطارد ثبيتة ابنة الضحاك أخت أبي جبيرة بن الضحاك وهي على إجار لهم، فذكر الحديث" (Ahmad, 17977) (Silsilat ul-ahâdîth as-sahîha, n° 98).
--- Jâbir ibn Abdillâh avait de même regardé la femme qu'il envisageait d'épouser sans qu'elle le sache : "عن جابر بن عبد الله، قال: قال رسول الله صلى الله عليه وسلم: "إذا خطب أحدكم المرأة، فإن استطاع أن ينظر إلى ما يدعوه إلى نكاحها فليفعل." قال: فخطبت جارية، فكنت أتخبأ لها حتى رأيت منها ما دعاني إلى نكاحها وتزوجها؛ فتزوجتها" (Abû Dâoûd, 2082, authentifié par al-Albânî).

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Qu'est-il alors autorisé de regarder chez cette femme qu'on envisage d'épouser ?
Les avis des ulémas sont divergents sur le sujet :
--- Certains (les écoles hanafite, malikite et shafi'ite) disent qu'on ne peut alors regarder que le visage et les mains ;
--- D'autres (c'est ce qui est retenu chez les hanbalites) pensent qu'on peut alors voir de cette femme ce qui apparaît d'elle d'habitude (Al-Mughnî 9/301), c'est-à-dire la même chose que lorsqu'elle se trouve entre les proches membres de sa famille (mahârim) : le visage, les mains, la chevelure, le cou (Al-Mughnî 9/302).

On doit ici se rappeler que l'islam a fixé des règles pour la présence d'un homme et d'une femme qui ne sont pas proches parents et ne sont pas mariés (ou pas encore mariés).

Si cette personne convient apparemment à sa personne, on peut lui faire connaître son intention et on passe ensuite à l'étape 3 : on la demande en mariage. Ces deux personnes pourraient ensuite convenir d'un rendez-vous (respectant les critères éthiques figurant dans l'article susmentionné).

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En ce qui concerne la femme :

Ce que nous avons vu ci-dessus est le cas classique : c'est l'homme qui demande à la femme de l'épouser et celle-ci se renseigne sur cet homme, le regarde, etc., puis accepte ou décline sa demande en mariage. Mais l'inverse est tout à fait possible : une femme peut proposer à un homme le mariage. Une femme était ainsi venue se proposer en mariage au Prophète (sur lui la paix), mais celui-ci ne se maria finalement pas avec elle (rapporté par al-Bukhârî). Abû Chuqqa écrit pour sa part : "Un ami m'a raconté comment, pendant son voyage [dans un pays], une femme s'est présentée à lui en lui proposant de se marier avec elle. Devant son étonnement, elle lui dit : "Je ne te propose pas là de faire quelque chose d'interdit (harâm). Je te propose le mariage selon la voie du Prophète (sur lui la paix). Si tu es d'accord, nous nous rendrons auprès du juge et nous conclurons le mariage en présence de deux témoins"" (Tahrîr ul-mar'a, tome 5 p. 33).

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Entre l'étape 3 et l'étape 4 (la demande a été faite et nous n'avons pas encore pris de décision) :

Il faut rappeler que, d'après l'avis pertinent, en islam, personne ne peut obliger une femme à se marier avec un homme si elle ne le veut pas. Deux cas sont rapportés qui montrent deux femmes venir se plaindre au Prophète (sur lui la paix) du fait que leur père les avait mariées contre leur gré : une de ces femmes avait, auparavant, déjà eu un autre mari, l'autre n'avait jamais été mariée avant cela. Dans les deux cas le Prophète leur donna le choix d'annuler le mariage. (Le premier cas est rapporté par al-Bukhârî, n° 4845, ainsi que par Abû Dâoûd ; le deuxième est rapporté par Abû Dâoûd, n° 2096, et a été authentifié par Ahmad Shâkir et al-Albânî.)
Al-Bukhârî lui-même est de cet avis, qui écrit : "باب لا ينكح الأب وغيره البكر والثيب إلا برضاها" (Al-Jâmi' us-sahîh, kitâb un-nikâh, bâb n° 42 et n° 43).

Après que la demande en mariage ait été faite, la personne concernée pourrait se donner un éventuel délai pour réfléchir davantage, pour demander conseil à Dieu par la salât ul-istikhâra, et pour que la femme obtienne l'avis favorable de ses parents (comme enseigné par le Prophète).

Si tous les deux se sont ensuite mis d'accord pour se marier, nous arrivons à l'étape 4 et les choses continuent. Mais si la demande n'est pas acceptée d'un côté ou de l'autre, le processus que nous évoquons ici est interrompu et on remonte à l'étape 1 (il ne faut pas se décourager).

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Entre l'étape 4 et l'étape 5 (ma demande a été acceptée mais le mariage n'est pas encore fait) :

Accepter une demande en mariage signifie faire la promesse de se marier. Nos deux personnes se sont donc promis de se marier, mais elles ne sont pas encore mariées. Elles doivent donc toujours respecter les règles données par l'islam pour la présence d'hommes et de femmes. (Voir les articles à ce sujet sur ce site.)

Cependant, de façon modérée et dans le cadre de ces règles, elles peuvent se rencontrer (en compagnie de proches parents – mahram – de la femme), elles peuvent se faire des petits cadeaux, etc.

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Etape 5 (le mariage est conclu) :

Arrive le "grand jour" : après le contrat (nikâh) verbal et/ ou écrit, ces deux personnes deviennent mari et femme, et elles peuvent dès lors vivre ensemble comme tels. C'est dans ce contrat et avant qu'il soit officialisé par mari et femme qu'il faut préciser les conditions éventuelles (par exemple la condition émise par la femme et disant que son mari ne devra pas contracter de second "nikâh", etc.).

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Ces étapes et les règles qui s'y rapportent sont inspirées du livre Tahrîr ul-mar'a, par Abû Chuqqa (tome 5 pp. 29-40). Les sources de ces règles – avec avis de ulémas – y sont également visibles.

Wallâhu A'lam (Dieu sait mieux).

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