Ismaël (عليه السلام) s'est arabisé une fois installé en Arabie : les Arabes lui pré-existaient, et, même après lui ne sont pas tous devenus ses fils. Par contre, tous les fils d'Ismaël étaient des Arabes (par arabisation, فَهُم العرب المستعربة). Par ailleurs, tous les Arabes (fils d'Ismaël ou pas) avaient le sentiment d'appartenir à une même civilisation

Tous les Arabes de l'époque du prophète Muhammad (que Dieu le bénisse et le salue) avaient la conscience d'appartenir à une même nation, un même grand ensemble : "العَرَب" : "les Arabes".
En effet, cet ensemble était, dans leur esprit,
distinct sur le plan culturel des autres nations, que les Arabes plaçaient toutes dans un autre grand ensemble : "العَجَم" ("les non-arabes"). Au sein de cet autre grand ensemble "العجم", ils distinguaient ensuite les différentes "nations" : il y avait : "التُرْك" ,"الفُرُس", "الرُوْم", etc.

Par contre, les Arabes de l'époque du prophète Muhammad (que Dieu le bénisse et le salue) n'étaient pas tous des descendants du prophète Ismaël fils du prophète Abraham (que Dieu les salue).
Au contraire, c'est Ismaël qui s'est arabisé au contact du groupe de Banû Jur'hum (originaires du sud de l'Arabie) qui vinrent s'installer eux aussi à La Mecque. Les Arabes étaient donc antérieurs à Ismaël.

Car "être Arabe", c'est "être de la culture arabe", ce n'est pas être descendant des Arabes originels.

-

Ismaël (sur lui soit la paix) a été installé par son père Abraham (sur lui soit la paix) en Arabie :

Le Coran dit explicitement que la Kaaba (qui se trouve dans la cité de La Mecque, elle-même située dans la vallée de Bakka), fut bâtie par Abraham et par Ismaël (Coran 22/26 ; Coran 3/96-97 ; Coran 2/127-128).
Et le récit de Ibn Abbâs, que nous avons cité intégralement dans notre article consacré à Abraham et Ismaël, dit que c'est en le lieu où la Kaaba fut bâtie que Ismaël s'installa (al-Bukhârî). Ismaël fut donc installé à La Mecque.

Pour sa part, le récit de la Torah dit qu'Ismaël s'installa dans le désert de Parân : "Dieu fut avec le garçon qui grandit et habita au désert. C'était un tireur d'arc ; il habita dans le désert de Parân, et sa mère lui fit épouser une femme du pays d'Egypte" (Genèse 21/20-21).
Où se situe ce désert de Parân ?
Ibn Taymiyya écrit que
le nom Parân désigne tout le désert qui recouvre une partie de la péninsule dite du Sinaï, le pays de Madian [où se trouve le réel Mont du Sinaï] et le littoral occidental de la péninsule arabique (Al-Jawâb us-sahîh 3/242) (le lecteur se réfèrera à une carte géographique). Vu de Canaan, c'est le même désert qui débute de Madian et s'étend au sud jusqu'au Hedjaz.

Il est donc tout aussi vrai de dire qu'Ismaël habita le désert qui recouvre le sud du Sinaï, que de dire qu'il habita le désert où se situe la vallée de Bakka : le nom "Parân" désigne le tout.

Il est également à noter que le texte de la Torah affirme que les fils d'Ismaël s'établirent en Arabie : "les Ismaélites demeurèrent de Hawila à Shour, aux confins de l'Egypte, jusqu'à Ashour" (Genèse 25/18). "Hawila" : "selon 10/2, il s'agirait d'une région d'Arabie" (TOB, p. 24, note de bas de page). "Shour" se trouve également en Arabie : près de Madian et du Sinaï, comme l'implique le récit de l'Exode avec Moïse : Exode 15/22. Quant à Ashour, la TOB en dit : "région non identifiée, mentionnée également en Nombres 24/22" (TOB, p. 47).

On note de même que Téma est une cité d'Arabie bien connue, alors que, dit le texte de la Torah, c'est aussi le nom d'un fils d'Ismaël (Genèse 25/15). Tout porte à penser que la cité a été nommée d'après le nom de ceux qui s'y sont installés, autrement dit : des fils d'Ismaël.
La même chose est valable pour Douma, qui est le nom d'une cité d'Arabie (Dûmat ul-jandal) en même temps que d'un des fils d'Ismaël.

Or, dire que Ismaël n'ait pas dépassé la péninsule du Sinaï mais que ses fils soient, eux, allés prendre souche dans la péninsule arabique, cela semble peu probable.
Par contre, dire que Ismaël s'était installé à la Mecque, cela rend plus facilement compréhensible le fait que ses fils aient essaimé dans les 3 directions : vers le nord jusqu'à Téma et aux confins d'Egypte, vers l'est, et vers le sud (vers l'ouest non, car là se trouve la mer Rouge).

Un autre indice de ce que nous venons de dire est qu'une autre passage du texte de le Torah affirme : "Le Seigneur est venu du Sinaï, pour eux il s'est levé à l'horizon, du côté de Séïr, il a resplendi depuis le mont de Parân" (Deutéronome 33/2). Cette prophétie semble désigner des révélations de Dieu. Or, si on considère l'avis selon lequel le désert de Parân ne désigne que le désert de la péninsule dite "du Sinaï", on peut se demander quelle révélation reconnue par les judéo-chrétiens a eu lieu dans cette partie du désert. Par contre, si on considère l'avis selon lequel il s'agit du désert qui va jusqu'à la péninsule arabique, les choses deviennent claires : à La Mecque a eu lieu la révélation d'une grande partie du Coran à Muhammad, descendant d'Ismaël. Dans le commentaire de la TOB sur ce verset, on lit : "mont de Parân : localisation incertaine ; on peut le mettre en rapport avec le désert de Parân (voir Gn 21/21 et la note) Ha 3.3" (TOB p. 256).

-

Ismaël (sur lui soit la paix) a eu 12 fils :

Le texte actuel de la Torah attribue la révélation de cette parole de Dieu à Abraham : "A l'égard d'Ismaël, Je t'ai exaucé. Voici, Je le bénirai, Je le rendrai fécond, et Je le multiplierai à l'infini ; il engendrera 12 princes, et Je ferai de lui une grande nation" (Genèse 17/20).

Le texte de la Torah nomme ainsi ces 12 fils d'Ismaël :
"Voici la postérité d'Ismaël, fils d'Abraham, qu'Hagar l'égyptienne, servante de Sara, avait enfanté à Abraham.
Voici les noms des fils d'Ismaël, par leurs noms, selon leurs générations :
- Nebayoth, premier-né d'Ismaël,
- Qédar,
- Adbéel,
- Mivsâm,
- Mishma,
- Douma,
- Massa,
- Hadad,
- Téma,
- Yetour,
- Nafich
- et Qedma.
Ce sont là les fils d'Ismaël ; ce sont là leurs noms, selon leurs parcs et leurs enclos. Ils furent les douze chefs de leurs peuples.
Et voici les années de la vie d'Ismaël : 137 ans. Il expira et mourut, et il fut recueilli auprès de son peuple.
Ses fils habitèrent depuis Havila jusqu'à Shour,
aux confins de l'Egypte, jusqu'à Ashour, chacun face à tous ses frères, prêt à leur tomber dessus" (Genèse 25/12-18).

Selon certains ulémas, c'est par son fils Qedar que le prophète Muhammad (sur lui soit la paix) descend de Ismaël (cf. Fat'h ul-bârî 6/658).

-

Tous les Arabes ne descendent pas d'Ismaël !

La grande majorité des ulémas sont d'avis que, si les Arabes du Nord et du Centre de la Péninsule arabique descendent effectivement de Ismaël, en revanche les Arabes pré-existaient à ce dernier. Et c'est Ismaël qui s'est arabisé au contact de l'une des tribus arabe : les Banû Jur'hum, des Arabes originaires du Sud, venus s'installer auprès de la source de Zamzam après le jaillissement de celle-ci, comme le dit explicitement le récit de Ibn Abbâs (voir notre autre article).
Il y a donc :

--- les Arabes Adnanites, descendants d'Ismaël,
--- et les Arabes Qahtanides, du Sud de l'Arabie (ou Jectanides, ou Yectanides), qui ne descendent pas de lui.

Dès lors :
--- Les fils d'Ismaël ne constituent qu'une partie des Arabes de la Péninsule arabique. Les fils d'Ismaël sont appelés : "العرَبُ المُسْتَعْرِبَة" (
"Arabes par arabisation").
--- Cela par différenciation av
ec les "العرَبُ العَارِبَة",
"Arabes originels", qui étaient déjà "Arabes" avant l'arrivée de Ismaël en Arabie, et dont les Banû Jur'hum font partie.
-
L'arabisation de Ismaël a donné naissance à un grand groupe d'Arabes nés dans la Péninsule mais dont l'ancêtre est venu d'ailleurs en n'étant pas arabe, ayant été installé dans cette Péninsule à l'âge adulte (vers 15 ans), cela ayant été la cause de son arabisation

C'est à cause de l'importance sociale (ce sont des descendants de Abraham) et numérique des fils d'Ismaël que ces deux appellations virent le jour, afin de distinguer les deux groupes d'Arabes. "ويقال للعرب الذين كانوا قبل إسماعيل عليه السلام: "العرب العاربة"؛ وهم قبائل كثيرة منهم عاد وثمود وجرهم وطسم وجديس وأميم ومدين وعملاق وعبيل وجاسم وقحطان وبنو يقطن وغيرهم. وأما العرب المستعربة، فهم من ولد إسماعيل بن إبراهيم الخليل؛ وكان إسماعيل بن إبراهيم عليهما السلام أول من تكلم بالعربية الفصيحة البليغة؛ وكان قد أخذ كلام العرب من جرهم الذين نزلوا عند أمّه هاجر بالحرم - كما سيأتي بيانه في موضعه إن شاء الله تعالى -، ولكن أنطقه الله بها في غاية الفصاحة والبيان" (
Al-Bidâya wa-n-Nihâya, 1/150).
-
---
Certains ulémas distinguent une 3ème catégorie encore : les "العرَبُ البَائِدة" : les "Arabes détruits". Ces ulémas voulaient peut-être souligner le fait que ces Arabes-là avaient disparu de la Péninsule lorsque Ismaël y fut installé...

-
Certes, un autre avis existe, selon lequel tous les Arabes de la Péninsule arabique du temps du prophète Muhammad (que Dieu le bénisse et le salue) sont affiliés à Ismaël : tous ceux du Nord et du Centre de la Péninsule, ainsi que tous ceux du Sud (Al-Bidâya wa-n-nihâya ; Qassas ul-qur'ân, 3/276-278). Az-Zubayr ibn Bakkâr est de cet avis (Fat'h ul-bârî, 6/657).

Et c'est cet avis qui a été retenu par al-Bukhârî, car correspondant davantage à la littéralité (zâhir) du hadîth suivant : "عن سلمة رضي الله عنه، قال: خرج رسول الله صلى الله عليه وسلم، على قوم من أسلم يتناضلون بالسوق، فقال: "ارموا بني إسماعيل فإن أباكم كان راميا، وأنا مع بني فلان" لأحد الفريقين. فأمسكوا بأيديهم، فقال: "ما لهم؟" قالوا: وكيف نرمي وأنت مع بني فلان؟ قال: "ارموا وأنا معكم كلكم" : Passant près de musulmans de la tribu Banû Aslam qui concourraient au tir à l'arc, le Prophète (que Dieu le bénisse et le salue) leur dit ceci : "Tirez à l'arc, fils d'Ismaël, car votre père était un tireur à l'arc. Et je me joins à Untels" (il parlait de l'un des deux groupes). L'autre groupe s'arrêta alors de participer. S'étant enquit de la raison de cela, ils lui dirent : "Comment tirerions-nous à l'arc lorsque tu es avec les Untels ?" Le Prophète dit alors : "Tirez à l'arc, et je me joins à vous tous" (al-Bukhârî, 3316).
On voit ici le Prophète appeler : "fils d'Ismaël" les Banû Aslam. Or ces derniers (qui sont des émigrés, muhâjirûn, mecquois) sont affiliés aux Khuzâ'a ; et ces derniers sont des Arabes originaires du Yémen. Al-Bukhârî en a déduit que les Arabes du Yémen sont eux aussi des fils d'Ismaël, rejoignant en cela le second avis suscité. Il a donc titré sur ce hadîth : "باب: نسبة اليمن إلى إسماعيل" : "L'affiliation (des Arabes du) Yémen (aussi) à Ismaël" (Sahîh ul-Bukhârî, Kitâb ul-Manâqib, bâb n° 4).

-
Cependant, Ibn Hajar écrit de l'argumentation (istidlâl) de al-Bukhârî : "Cette argumentation est discutable" (Fat'h ul-bârî, 6/659).

--- Par ailleurs, le hadîth suivant montre clairement que tous les Arabes (et notamment ceux du Sud, les Qahtanides) ne descendent pas de Ismaël :
----- "وقد وقع عند الإسماعيلي من طريق أبي معمر عن جرير: وكانت على عائشة نسمة من بني إسماعيل. فقدم سبي خولان فقالت عائشة: "يا رسول الله أبتاع منهم؟" قال: "لا." فلما قدم سبي بني العنبر قال: "ابتاعي، فإنهم ولد إسماعيل" ;
----- "وبين الطبراني في الأوسط في رواية الشعبي المذكورة المراد بالذي كان عليها وأنه كان نذرا، ولفظه: "نذرت عائشة أن تعتق محررا من بني إسماعيل" :
Aïcha avait fait le vœu d'affranchir un esclave parmi les Fils d'Ismaël. Quand arrivèrent à Médine des esclaves parmi les Banû Khawlân (des Arabes Qahtanides), elle questionna le Prophète : "Achèterai-je (l'un) d'entre eux (pour l'affranchir, conformément à mon vœu) ?
- Non"
, répondit le Prophète.
Plus tard des esclaves parmi les Banu-l-'Anbar arrivèrent, et le Prophète lui dit alors : "Achètes (en un pour l'affranchir suite à ton vœu), car ce sont des fils d'Ismaël" (Fat'h ul-bârî 5/213).

On voit clairement ici la distinction que le Prophète (sur lui soit la paix) a fait entre les Arabes des Banû Khawlân et ceux des Banu-l-'Anbar : les premiers ne sont pas des fils d'Ismaël, au contraire des seconds : "وفيه الرد على من نسب جميع اليمن إلى بني إسماعيل، لتفرقته صلى الله عليه وسلم بين خولان (وهم من اليمن) وبين بني العنبر (وهم من مضر)؛ والمشهور في خولان أنه ابن عمرو بن مالك بن الحارث، من ولد كهلان بن سبأ؛ وقال ابن الكلبي: خولان بن عمرو بن الحاف بن قضاعة" (Fat'h ul-bârî 5/213-214).

-
--- Quant au hadîth sur lequel al-Bukhârî s'est appuyé, il a été expliqué de 2 façons :
----- Il y a divergence à propos des Khuzâ'a quant à savoir s'ils sont Adnanites ou Qahtanides. Il se pourrait donc très bien qu'ils soient Adnanites, et c'est pourquoi le Prophète a appelés les Banû Aslam (eux qui font partie des Khuzâ'a) : "fils d'Ismaël" (Fat'h ul-bârî, 6/659).
----- Et même à retenir l'avis selon lequel les Khuzâ'a sont des Qahtanides, il se pourrait que, Qahtanides du côté paternel, ils ont également (du fait des mariages de leurs ancêtres avec des filles Adnanites) du sang adnanite dans les veines : en ce sens ils descendaient eux aussi d'Ismaël. C'est la réponse de al-Hamdânî. Ce serait pour cette raison que le Prophète a pu les appeler : "fils d'Ismaël" (Fat'h ul-bârî, 6/659). Et quand Abû Hurayra put dire, parlant de Hagar : "C'est là votre mère, ô vous les fils de la pluie" : "قال أبو هريرة: تلك أمكم يا بني ماء السماء" (al-Bukhârî, 3179, Muslim, 2371), soit il s'adressait aux Arabes dans leur ensemble, mais ce dans la perspective que nous venons de voir (cf. Qassas ul-qur'ân, 3/276-282), soit il s'adressait aux Arabes qu'il avait alors face à lui, qui étaient des Adnanites.

-

Il y avait donc, du plus général au moins général :

- A) l'ensemble des Arabes de la Péninsule arabique ;
- B) puis, comme groupe plus particulier parmi eux : les Fils d'Ismaël ;
- C) puis, comme groupe plus particulier parmi eux : les Quraysh ;
- D) puis, comme groupe plus particulier parmi eux : les Banû Hâshim.

-

Ceci étant dit, les Arabes avaient, depuis avant l'époque du prophète Muhammad (sur lui soit la paix), le sentiment de former une même nation :

- 'Amr ibn Salima, parlant de l'attitude des Arabes en général par rapport au message de Muhammad (que Dieu le bénisse et le salue) :
"وكانت العرب تلوم بإسلامهم الفتح، فيقولون: اتركوه وقومه، فإنه إن ظهر عليهم فهو نبي صادق، فلما كانت وقعة أهل الفتح، بادر كل قوم بإسلامهم، وبدر أبي قومي بإسلامهم" :
"Les Arabes (n'ayant pas encore accepté l'islam) attendaient l'issue pour adhérer à l'islam. Ils disaient : "Laissez-les, lui [Muhammad] et sa tribu [les Quraysh, de la Mecque] : s'il est victorieux, c'est un prophète véridique."
Alors, lorsque eut lieu l'événement de la victoire de La Mecque, chaque tribu s'empressa d'embrasser l'islam
"
(al-Bukhârî, 4051).
Attention : par "Les Arabes", 'Amr ibn Salima veut signifier : "de nombreux Arabes" : il parle là d'un mouvement de masse. Car, avant cela de nombreux Arabes s'étaient déjà convertis à l'islam (10 000 Compagnons accompagnaient le Prophète dans cette conquête de La Mecque) ; et même à la faveur de cette conquête, tous les Arabes ne se sont pas convertis à l'islam, puisque le Prophète (sur lui soit la paix) dit, 5 jours avant de décéder : "Faites sortir les polycultistes de la Péninsule arabique".
Et 'Amr ibn Salima ne voulait pas dire ici que c'est la victoire qui constituait le critère du vrai prophète de Dieu, mais que la victoire sur La Mecque et ses habitants, reconnus comme gardiens de la Maison de Dieu s'y trouvant, n'échoirait pas à Muhammad s'il était un imposteur.

- En dhu-l-qa'da de l'an 6, Suhayl (qui était polycultiste et émissaire des Quraysh dirigeant La Mecque), expliquant au prophète Muhammad pourquoi les Quraysh ne voulaient pas laisser les musulmans (avec qui ils avaient de par le passé eu plusieurs affrontements armés) entrer immédiatement à La Mecque pour accomplir le petit pèlerinage, et pourquoi les musulmans devraient revenir un an plus tard, lui dit ceci : "والله لا تتحدث العرب أنا أخذنا ضغطة، ولكن ذلك من العام المقبل" : "Par Dieu, il ne faudrait pas que les Arabes disent que nous avons été pris par surprise / pression ! Mais cela aura lieu l'année prochaine" (al-Bukhârî, 2581).

- Dans le même récit, un autre émissaire des Quraysh, 'Urwa ibn Mas'ûd, dit au prophète Muhammad : "أي محمد أرأيت إن استأصلت أمر قومك، هل سمعت بأحد من العرب اجتاح أهله قبلك؟ وإن تكن الأخرى، فإني والله لأرى وجوها، وإني لأرى أوشابا من الناس، خليقا أن يفروا ويدعوك" : "Muhammad, si tu détruis les gens de ton peuple, as-tu déjà entendu parler d'un homme avant toi, parmi les Arabes, qui aurait anéanti les siens ?" (al-Bukhârî, 2581).

- Ibn ud-Daghina, exposant à Abû Bakr à qui il avait accordé sa protection (dhimma, jiwâr), qu'il devait s'en tenir à la condition mentionnée (qu'il ne réciterait pas le Coran dans un lieu public), ou lui rendre sa protection, lui dit : "قد علمت الذي عقدت لك عليه، فإما أن تقتصر على ذلك، وإما أن ترد إلي ذمتي؛ فإني لا أحب أن تسمع العرب أني أخفرت في رجل عقدت له" : "Je n'aimerais pas que les Arabes entendent dire que j'ai été bafoué (par rapport à la protection) que j'avais accordée à un homme" (al-Bukhârî, 2175).

- Muhammad ibn Maslama avait dit à Ka'b ibn ul-Ashraf : "فقال: ارهنوني نساءكم، قالوا: كيف نرهنك نساءنا وأنت أجمل العرب؟" : "tu es le plus beau des Arabes" (al-Bukhârî, Muslim).

- Peu après le décès du Prophète (sur lui soit la paix), Abû Bakr, expliquant par argumentation rationnelle aux Ansâr (c'étaient des Arabes Qahtanides) pourquoi celui qui succèdera au Prophète comme dirigeant des musulmans, celui-là ne doit être choisi que d'entre les Quraysh :
"ما ذكرتم فيكم من خير، فأنتم له أهل! ولن يعرف هذا الأمر إلا لهذا الحي من قريش، هم أوسط العرب نسبا ودارا" : "Ce que vous avez relaté de bien en vous, vous êtes vraiment ainsi. (Mais) la direction ne sera reconnue (par les Arabes) que vis-à-vis de ce groupe : les Quraysh. Car ce sont les meilleurs des Arabes en lignée et en demeure"
(al-Bukhârî, 6442) / "هم أوسط العرب دارا، وأعربهم أحسابا" : "ce sont les meilleurs des Arabes en demeure, et ce sont les plus arabes en qualités" (al-Bukhârî, 3467).

- Aïcha, expliquant à 'Urwa ibn uz-Zubayr que les dames devaient sortir de la ville à l'époque, car les gens de Médine (et d'ailleurs) n'aimaient pas aménager des toilettes près des maisons, et préféraient se rendre pour cela loin de la ville :
--- "فخرجت أنا وأم مسطح قبل المناصع متبرزنا لا نخرج إلا ليلا إلى ليل، وذلك قبل أن نتخذ الكنف قريبا من بيوتنا، وأمرنا أمر العرب الأول في البرية أو في التنزه" (version 2518) ;
--- "قالت: وأمرنا أمر العرب الأول في البرية قبل الغائط، وكنا نتأذى بالكنف أن نتخذها عند بيوتنا" (version 3910) ;
--- "وأمرنا أمر العرب الأول في التبرز قبل الغائط، فكنا نتأذى بالكنف أن نتخذها عند بيوتنا" (version 4473)  : "Notre situation était alors celle des Arabes premiers dans le fait de se rendre dans le désert pour y faire les besoins. Nous ressentions de la gêne à installer des toilettes près de nos maisons" (al-Bukhârî, 2518 etc.).

- Omar ibn ul-Khattâb, mortellement blessé, et laissant ses dernières recommandations à l'attention de celui qui sera choisi calife après lui :
"أوصي الخليفة من بعدي، بالمهاجرين الأولين، أن يعرف لهم حقهم، ويحفظ لهم حرمتهم. وأوصيه بالأنصار خيرا، الذين تبوءوا الدار والإيمان من قبلهم، أن يقبل من محسنهم، وأن يعفى عن مسيئهم. وأوصيه بأهل الأمصار خيرا، فإنهم ردء الإسلام، وجباة المال، وغيظ العدو، وأن لا يؤخذ منهم إلا فضلهم عن رضاهم. وأوصيه بالأعراب خيرا، فإنهم أصل العرب، ومادة الإسلام، أن يؤخذ من حواشي أموالهم، ويرد على فقرائهم. وأوصيه بذمة الله وذمة رسوله صلى الله عليه وسلم أن يوفى لهم بعهدهم، وأن يقاتل من ورائهم، ولا يكلفوا إلا طاقتهم"
: "(...) Et je lui recommande le bien vis-à-vis des bédouins : ils sont l'origine des Arabes, et la réserve de l'islam : qu'on prenne d'eux des marges de leurs biens, et qu'on le redonne aux pauvres parmi eux. (...)" (al-Bukhârî, 3497).

- Le prophète Muhammad (que Dieu le bénisse et le salue), exposant d'une part que l'identité "arabe" et "non-arabe" demeurent, mais ne sauraient être des motifs de supériorité de l'un sur l'autre :
"قال رسول الله صلى الله عليه وسلم في وسط أيام التشريق فقال: "يا أيها الناس، ألا إن ربكم واحد، وإن أباكم واحد، ألا لا فضل لعربي على عجمي، ولا لعجمي على عربي، ولا أحمر على أسود، ولا أسود على أحمر، إلا بالتقوى"
:
"O les hommes, votre Pourvoyeur est unique, et votre père est unique. Pas de supériorité revenant à un arabe sur un non-arabe, ni à un non-arabe sur un arabe, ni à un blanc sur un noir, ni à un noir sur un blanc. La seule (supériorité qui soit auprès de Dieu) est la piété"
(Ahmad).

- Il y a aussi la parole suivante qui a été attribuée au Prophète : "إِنَّ بَنِي قَنْطُورَاء أَوَّل مَنْ سَلَبَ أُمَّتِي مُلْكهمْ" : "Les fils de Qantûrâ [= les Turk] seront les premiers à ravir à ma Umma sa souveraineté" (d'autres spécialistes sont de l'autre avis, mais Ibn Hajar a cité ce propos en tant que parole du Prophète : Fat'h ul-bârî 6/745). Ibn Hajar pense que "ummatî" désigne probablement ici : "ummat un-nassab", soit les musulmans Arabes. Selon cette interprétation de Ibn Hajar, ce hadîth peut donc évoquer les Turk devenus musulmans, ceux-ci étant donc les premiers à prendre le pouvoir des mains des Arabes musulmans (lire un article externe).

Wallâhu A'lam (Dieu sait mieux).

Print Friendly, PDF & Email