Un verset invitant à ne pas se référer au Coran mais à la Torah ? (Commentaire de Coran 5/41-50)

Question :

Je ne comprends pas le verset suivant : "Comment te demandent-ils d'être arbitre alors qu'ils ont auprès d'eux la Torah, dans laquelle se trouve le jugement de Dieu, puis se détournent après cela ?" (Coran 5/43). Apparemment il y est dit à propos de Gens du Livre de Médine qu'ils n'avaient pas à se référer au Prophète (sur lui soit la paix), puisqu'ils disposaient de la Torah "dans laquelle se trouve le jugement de Dieu".
Pourquoi, alors, d'autres versets invitent-ils les Gens du Livre aussi à croire que Muhammad est prophète de Dieu et à croire que le Coran est Parole de Dieu (Coran 3/20) ? Je crois bien que le Coran est la parole de Dieu, mais n'y a-t-il pas là une contradiction ?

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Réponse :

En fait d'une part il ne faut pas considérer ce verset 5/43 de façon isolée, comme vous l'avez fait, mais il faut le réintégrer dans tout le passage auquel il appartient : Coran 5/41-50.

D'autre part il faut savoir que ce passage fait référence à un événement survenu à Médine à l'époque du Prophète ; il faut donc le réintégrer dans cette circonstance de révélation pour le comprendre correctement (et non le lire de façon littérale) (cliquez ici pour lire notre article sur le sujet).

Mais avant tout il nous faut parler d'un point, et nous allons le faire en A.

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A) Les non-musulmans vivant en pays musulman et le droit qui leur est applicable :

1) Les non-musulmans vivant comme résidents permanents d'un pays musulman sont-ils assujettis au droit musulman, ou bien ont-ils leur propre droit et leurs propres tribunaux ?

Sans entrer dans de trop grands détails, voici quelques repères : d'après l'école hanafite, les non-musulmans vivant comme résidents permanents du pays musulman sont assujettis au droit musulman, exception faite des chapitres religieux (al-'ibâdât, même sens qu'en français) et familiaux de celui-ci (voir Ahkâm ul-qur'ân, al-Jassâs, 4/87-95).
Il semble, d'après ce qu'a écrit Ibn ul-'arabî, que d'après l'école malikite, l'exception concerne un domaine plus large encore, mais Ibn ul-'arabî rappelle aussi que pour ce qui relève du droit normalement universel [car naturel] (comme le caractère criminel des assassinats, des usurpations, etc.), il est hors de question de laisser certains résidents non-musulmans régler leurs différends d'une façon qui contredirait ce droit universel (cf. Ahkâm ul-qur'ân, Ibn ul-'arabî, 2/120-137). Voir aussi un autre article.

2) Si, malgré la possibilité pour eux de suivre le droit qui leur est propre, ils décident de se référer au tribunal musulman, que fera le juge musulman ? peut-il les renvoyer à leurs propres juges, ou bien doit-il juger entre eux ?

Ce point fait également l'objet d'avis divergents entre les ulémas des premiers siècles de l'islam.

D'après l'école hanafite, si ces non-musulmans décident de se référer au tribunal musulman, le juge musulman a le devoir de juger entre eux : la possibilité de les renvoyer à leurs propres juges existait mais a été abrogée par le verset 5/49.

D'après l'école malikite, il n'y a pas eu abrogation de cette possibilité, et le juge musulman a la possibilité de décider de juger l'affaire qu'ils présentent, comme il a la possibilité – et c'est même ce qu'il est mieux de faire – de les renvoyer à leurs tribunaux (voir Ahkâm ul-qur'ân, al-Jassâs, 4/87-95, et Ahkâm ul-qur'ân, Ibn ul-'arabî, 2/120-137).
L'école hanafite précise que si le juge musulman juge entre ces deux parties non-musulmanes, ce sera évidemment selon les textes islamiques.

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B) Les circonstances qui ont présidé à la révélation du passage coranique en question :

A l'époque de la révélation coranique, des juifs vivaient dans différentes parties de l'Arabie : non seulement au Yémen mais aussi au Hedjaz : à Yathrib (future Médine), à Khaybar, etc. Leurs ancêtres étaient apparemment des Israélites qui avaient immigré et s'étaient installés en Arabie, et qui, ainsi, étaient devenus pleinement arabes.

A Médine, vivaient trois tribus arabes juives : Banû Qaynuqâ', Banu-n-Nadhîr et Banû Qurayza.

Ibn Abbâs raconte : "عن ابن عباس قال: كان قريظة والنضير؛ وكان النضير أشرف من قريظة؛ فكان إذا قتل رجل من قريظة رجلا من النضير قتل به، وإذا قتل رجل من النضير رجلا من قريظة فودي بمائة وسق من تمر. فلما بعث النبي صلى الله عليه وسلم، قتل رجل من النضير رجلا من قريظة، فقالوا: ادفعوه إلينا نقتله، فقالوا: بيننا وبينكم النبي صلى الله عليه وسلم. فأتوه. فنزلت: "{وإن حكمت فاحكم بينهم بالقسط}. والقسط: النفس بالنفس. ثم نزلت: {أفحكم الجاهلية يبغون}." قال أبو داود: قريظة والنضير جميعا من ولد هارون النبي عليه السلام" (rapporté par Abû Dâoûd, 4494).

A un moment de l'histoire (bien avant la venue de l'islam), les événements avaient fait qu'une de ces tribus, Banû Qurayza, en était arrivée à être considérée comme de moindre statut social qu'une autre, Banu-n-Nadhîr : le meurtre d'un Nadhirite par un Qurayzite entraînait la possibilité de l'application du talion, alors que le meurtre d'un Qurayzite par un Nadhirite ne pouvait exposer ce dernier à la loi du talion : la famille de la victime, Qurayzite, devaient se contenter d'un dédommagement financier.

Un jour (qui se passa alors que le Prophète Muhammad, sur lui la paix, vivait à Médine), un Qurayzite fut assassiné par un Nadhirite.

Les proches parents de la victime, des Qurayzites, demandèrent alors que l'on cesse l'inégalité qui avait été jusqu'alors de mise, et réclamèrent la loi du talion.

(Mais les Banu-n-Nadhîr refusèrent l'applicabilité même de ce talion, en vertu de l'accord conclu entre eux auparavant, accord selon lequel les Banu-n-Nadhîr ne devaient, en pareil cas, que payer un dédommagement.)

Les Banû Qurayza proposèrent alors de porter l'affaire devant Abu-l-Qâssim (le Prophète Muhammad) (rapporté par Abû Dâoûd, 4494).

Les Banu-n-Nadhîr envoyèrent alors certains Hypocrites sonder la position du Prophète (Bayân ul-qur'ân). Les Nadhirites leur dirent : "S'il évoque, comme seule possibilité, le versement d'un dédommagement, alors prenez ce qu'il dit. Mais s'il évoque la possibilité du talion aussi, ne prenez pas ce qu'il dit."

Voir aussi Silsilat ul-ahâdîth is-sahîha, 6/109.
Bien qu'ayant retenu quant à lui une autre relation comme cause de révélation, Ibn Kathîr a décrit la relation citée ci-dessus comme étant une forte probabilité, étayée par le déroulement de l'ensemble du passage coranique (Tafsîr Ibn Kathîr).

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C) Que signifie le verset 5/43 ?

Ces Gens du Livre disaient ne pas croire en Muhammad et se suffire de la Torah, car elle "contient déjà les jugements de Dieu" ; ce verset 5/43 leur a donc adressé, par rapport à leur action durant cet épisode, un reproche par rapport à deux points :

1) Certes, la Torah a subi certains remaniements dûs aux vicissitudes de l'histoire. On pouvait donc penser qu'il était en soi possible qu'il y ait eu remaniement à propos du talion, et comprendre leur référence à Muhammad comme allant dans ce sens. Cependant, il est de notoriété mondiale que la loi du talion fait bien partie des lois de Dieu communiquées aux fils d'Israël. De plus il est évident que Dieu n'a jamais fait une distinction entre les individus d'une tribu et ceux d'une autre, permettant qu'il soit appliqué dans le cas de l'une et non de l'autre parce qu'elle est autre. D'ailleurs ces Gens du Livre appliquaient déjà le talion à propos d'une de leurs tribus. Le verset est donc venu leur dire que s'ils considèrent que l'applicabilité du talion est la loi de Dieu présente dans la Torah, alors ils ne peuvent considérer que cette loi ne soit applicable qu'à une tribu et pas à une autre.

2) Certes, le Coran contient des lois différentes de celles de la Torah. Et, certes il invite les Gens du Livre aussi à l'adopter comme leur référence, en tant que dernier message de Dieu, qui abroge les messages précédents. A ce titre, il était possible que la loi du talion présente dans la Torah ait été abrogée par le Coran, et on peut donc comprendre leur référence à Muhammad comme allant dans ce sens. Cependant, ces Gens du Livre ne croyaient pas en la véracité de Muhammad comme prophète et messager de Dieu. Pourquoi donc sont-ils venus chercher auprès de lui une loi différente de celle qu'ils savaient être celle de Dieu ?

Ce verset n'a donc pas reproché à ces Gens du Livre de la tribu Banu-n-Nadhîr leur référence à Muhammad avec l'objectif de prendre connaissance de ce que Dieu a dit dans Sa dernière Loi, qu'Il a remise à celui-ci.

Il leur a reproché leur référence à Muhammad avec l'espoir d'obtenir une règle différente de celle de Dieu toujours présente dans la Torah, et ce dans la mesure où, d'une part, comme nous l'avons vu plus haut en A, même s'ils vivaient dans un système musulman, celui-ci leur donnait le droit de juger d'après leurs propres textes, et, d'autre part, ils ne croyaient pas que Muhammad soit réellement un messager de Dieu. Quand ils se référèrent à lui, ils le firent donc non pas en tant que dernier messager de Dieu, susceptible d'avoir apporté une nouvelle Loi divine, mais en tant que chef de Médine, dont la proposition aurait forcément été, à leurs yeux, une loi non-divine permettant d'abandonner une loi divine. C'est bien parce que là est le sens de ce verset 5/43 que celui-ci se termine ainsi : "Et ces gens ne sont pas croyants" : c'est-à-dire "ne sont pas croyants en toi comme un messager de Dieu". Ce que ce verset a reproché à ces gens a donc été d'affirmer adhérer et se suffire de la Torah et, simultanément, de ne pas l'appliquer correctement, voire de l'appliquer de façon partiale selon le rang social de différentes tribus. Ce verset a donc exprimé qu'il y a un certain paradoxe dans le fait d'affirmer ne pas croire en la véracité de Muhammad et de, simultanément, venir se référer à son enseignement en présence d'une ancienne loi qu'on sait être d'origine divine.

Par ailleurs, ce verset a reproché que la référence à Muhammad ait été faite uniquement si cela allait en faveur des Nadhirites et aux détriments des Qurayzites, et encore, avec la mise en garde : "S'il évoque, comme seule possibilité, le versement d'un dédommagement, alors prenez ce qu'il dit. Mais s'il évoque la possibilité du talion aussi, ne prenez pas ce qu'il dit".

Le verset met en exergue le fait que la possibilité du talion, présente dans la Torah, est bien la loi qui fut communiquée par Dieu aux fils d'Israël. C'est bien pourquoi Dieu a dit : "alors qu'ils ont auprès d'eux la Torah, dans laquelle se trouve la loi de Dieu", c'est-à-dire : "dans laquelle se trouve la loi de Dieu au sujet du talion" ("in wâqi'ât-é khâssa madhkûra ké ahkâm tawrât mein mahfûz hûn" : Bayân ul-qur'ân ; voir aussi Al-Jawâb us-sahîh 1/320). C'est aussi pourquoi, quelques versets plus loin, Dieu confirme de façon plus explicite encore avoir donné cette loi aux fils d'Israël (nous allons le voir ci-après).

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D) Explication de tout le passage coranique (Coran 5/41-50) :

"يَا أَيُّهَا الرَّسُولُ لاَ يَحْزُنكَ الَّذِينَ يُسَارِعُونَ فِي الْكُفْرِ مِنَ الَّذِينَ قَالُواْ آمَنَّا بِأَفْوَاهِهِمْ وَلَمْ تُؤْمِن قُلُوبُهُمْ وَمِنَ الَّذِينَ هِادُواْ سَمَّاعُونَ لِلْكَذِبِ سَمَّاعُونَ لِقَوْمٍ آخَرِينَ لَمْ يَأْتُوكَ يُحَرِّفُونَ الْكَلِمَ مِن بَعْدِ مَوَاضِعِهِ يَقُولُونَ إِنْ أُوتِيتُمْ هَذَا فَخُذُوهُ وَإِن لَّمْ تُؤْتَوْهُ فَاحْذَرُواْ وَمَن يُرِدِ اللّهُ فِتْنَتَهُ فَلَن تَمْلِكَ لَهُ مِنَ اللّهِ شَيْئًا أُوْلَئِكَ الَّذِينَ لَمْ يُرِدِ اللّهُ أَن يُطَهِّرَ قُلُوبَهُمْ لَهُمْ فِي الدُّنْيَا خِزْيٌ وَلَهُمْ فِي الآخِرَةِ عَذَابٌ عَظِيمٌ {5/41} سَمَّاعُونَ لِلْكَذِبِ أَكَّالُونَ لِلسُّحْتِ فَإِن جَآؤُوكَ فَاحْكُم بَيْنَهُم أَوْ أَعْرِضْ عَنْهُمْ وَإِن تُعْرِضْ عَنْهُمْ فَلَن يَضُرُّوكَ شَيْئًا وَإِنْ حَكَمْتَ فَاحْكُم بَيْنَهُمْ بِالْقِسْطِ إِنَّ اللّهَ يُحِبُّ الْمُقْسِطِينَ {5/42} وَكَيْفَ يُحَكِّمُونَكَ وَعِندَهُمُ التَّوْرَاةُ فِيهَا حُكْمُ اللّهِ ثُمَّ يَتَوَلَّوْنَ مِن بَعْدِ ذَلِكَ وَمَا أُوْلَئِكَ بِالْمُؤْمِنِينَ {5/43} إِنَّا أَنزَلْنَا التَّوْرَاةَ فِيهَا هُدًى وَنُورٌ يَحْكُمُ بِهَا النَّبِيُّونَ الَّذِينَ أَسْلَمُواْ لِلَّذِينَ هَادُواْ وَالرَّبَّانِيُّونَ وَالأَحْبَارُ بِمَا اسْتُحْفِظُواْ مِن كِتَابِ اللّهِ وَكَانُواْ عَلَيْهِ شُهَدَاء فَلاَ تَخْشَوُاْ النَّاسَ وَاخْشَوْنِ وَلاَ تَشْتَرُواْ بِآيَاتِي ثَمَنًا قَلِيلاً وَمَن لَّمْ يَحْكُم بِمَا أَنزَلَ اللّهُ فَأُوْلَئِكَ هُمُ الْكَافِرُونَ {5/44} وَكَتَبْنَا عَلَيْهِمْ فِيهَا أَنَّ النَّفْسَ بِالنَّفْسِ وَالْعَيْنَ بِالْعَيْنِ وَالأَنفَ بِالأَنفِ وَالأُذُنَ بِالأُذُنِ وَالسِّنَّ بِالسِّنِّ وَالْجُرُوحَ قِصَاصٌ فَمَن تَصَدَّقَ بِهِ فَهُوَ كَفَّارَةٌ لَّهُ وَمَن لَّمْ يَحْكُم بِمَا أنزَلَ اللّهُ فَأُوْلَئِكَ هُمُ الظَّالِمُونَ {5/45} وَقَفَّيْنَا عَلَى آثَارِهِم بِعَيسَى ابْنِ مَرْيَمَ مُصَدِّقًا لِّمَا بَيْنَ يَدَيْهِ مِنَ التَّوْرَاةِ وَآتَيْنَاهُ الإِنجِيلَ فِيهِ هُدًى وَنُورٌ وَمُصَدِّقًا لِّمَا بَيْنَ يَدَيْهِ مِنَ التَّوْرَاةِ وَهُدًى وَمَوْعِظَةً لِّلْمُتَّقِينَ {5/46} وَلْيَحْكُمْ أَهْلُ الإِنجِيلِ بِمَا أَنزَلَ اللّهُ فِيهِ وَمَن لَّمْ يَحْكُم بِمَا أَنزَلَ اللّهُ فَأُوْلَئِكَ هُمُ الْفَاسِقُونَ {5/47} وَأَنزَلْنَا إِلَيْكَ الْكِتَابَ بِالْحَقِّ مُصَدِّقًا لِّمَا بَيْنَ يَدَيْهِ مِنَ الْكِتَابِ وَمُهَيْمِنًا عَلَيْهِ فَاحْكُم بَيْنَهُم بِمَا أَنزَلَ اللّهُ وَلاَ تَتَّبِعْ أَهْوَاءهُمْ عَمَّا جَاءكَ مِنَ الْحَقِّ لِكُلٍّ جَعَلْنَا مِنكُمْ شِرْعَةً وَمِنْهَاجًا وَلَوْ شَاء اللّهُ لَجَعَلَكُمْ أُمَّةً وَاحِدَةً وَلَكِن لِّيَبْلُوَكُمْ فِي مَآ آتَاكُم فَاسْتَبِقُوا الخَيْرَاتِ إِلَى الله مَرْجِعُكُمْ جَمِيعًا فَيُنَبِّئُكُم بِمَا كُنتُمْ فِيهِ تَخْتَلِفُونَ {5/48} وَأَنِ احْكُم بَيْنَهُم بِمَآ أَنزَلَ اللّهُ وَلاَ تَتَّبِعْ أَهْوَاءهُمْ وَاحْذَرْهُمْ أَن يَفْتِنُوكَ عَن بَعْضِ مَا أَنزَلَ اللّهُ إِلَيْكَ فَإِن تَوَلَّوْاْ فَاعْلَمْ أَنَّمَا يُرِيدُ اللّهُ أَن يُصِيبَهُم بِبَعْضِ ذُنُوبِهِمْ وَإِنَّ كَثِيرًا مِّنَ النَّاسِ لَفَاسِقُونَ {5/49} أَفَحُكْمَ الْجَاهِلِيَّةِ يَبْغُونَ وَمَنْ أَحْسَنُ مِنَ اللّهِ حُكْمًا لِّقَوْمٍ يُوقِنُونَ {5/50"

Le passage commence par "O Messager" et évoque ceux "qui disent : "Si on vous donne ceci, prenez-le, et si ceci ne vous est pas donné, faites attention"" (Coran 5/41).

Suit le verset que vous avez cité dans votre question : "Comment te demandent-ils d'être arbitre alors qu'ils ont auprès d'eux la Torah, dans laquelle se trouve le jugement de Dieu, puis se détournent après cela ? Et ils ne sont pas croyants [en toi comme Messager de Dieu]" (Coran 5/43).

Parlant ensuite de la loi du talion, Dieu dit d'abord : "Nous avions révélé la Torah, dans laquelle se trouve une direction et une lumière…", et parle de la lignée des prophètes que les Fils d'Israël avaient reçus après Moïse et qui se référaient tous à la Torah (Coran 5/44). Puis Il rappelle : "Nous leur avions prescrit dans cette [Torah] que l'âme sera pour l'âme, l'œil pour l'œil, le nez pour le nez, l'oreille pour l'oreille, la dent pour la dent, et que les blessures sont objet de talion. Celui qui fait grâce, cela sera une expiation pour lui" (Coran 5/45).

Ensuite Dieu rappelle avoir fait suivre la lignée des prophètes d'Israël par Jésus fils de Marie (sur eux soit la paix) qui, tout en confirmant la Torah, reçut de Dieu le message de l'Evangile, "dans lequel il y avait une direction et une lumière" (Coran 5/46). (Dieu avait en effet nommé Jésus comme prophète auprès des fils d'Israël, et l'une de ses missions consistait justement à assouplir certaines règles alors en vigueur et à insister sur la haute valeur du pardon plutôt que le recours à la permission du talion.)

Enfin, Dieu dit ensuite avoir donné à Muhammad (sur lui soit la paix) le Coran, qui confirme l'Ecriture révélée avant lui et qui prévaut sur elle (Coran 5/48).

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E) Un autre verset au contenu voisin :

Un autre verset dit, parlant des Arabes païens de l'époque de la révélation coranique :
"Puis, lorsque la vérité leur est venue de Notre part, ils ont dit : "Si [encore] il [= Muhammad] avait reçu la même chose que Moïse !" [Mais] n'avaient-ils pas, auparavant, rejeté la croyance en ce que Moïse a reçu ? Ils avaient dit [du Coran et de l'Ecrit reçu par Moïse] : "Deux magies se soutenant !" et dit : "Nous ne croyons en aucun (des deux) !". Dis-leur : "Si vous êtes véridiques, apportez donc une Ecriture venant de Dieu qui soit meilleur guide que ces deux-là, et je la suivrai." Mais s'ils ne répondent pas, sache que c'est seulement leurs désirs qu'ils suivent. Et qui est plus égaré que celui qui suit ses désirs sans (se référer à) une orientation de la part de Dieu ?" (Coran 28/48-50).
Voyez : ici, le Coran dit que la Révélation reçue par Moïse contient toujours de la guidance de la part de Dieu. Et, aux polythéistes de La Mecque, le Coran dit que celui qui choisit de continuer de suivre la Révélation reçue par Moïse – même n'ayant pas pu être préservée totalement dans son authenticité, et malgré la présence du Coran, dernier message – est plus proche de la vérité que celui qui – comme ces polythéistes – suit ses désirs sans aucune référence à même de lui servir de direction pour orienter ceux-ci.

Il n'y a donc aucune contradiction entre d'une part ces deux versets 5/43 et 28/49 (où le Coran parle seulement d'une plus grande proximité par rapport à la vérité), et d'autre part les versets où Dieu dit aux Gens du Livre qu'ils ont le devoir devant Dieu d'apporter foi en le Coran et de s'y référer pour leur orientation spirituelle, morale et éthique.

Wallâhu A'lam (Dieu sait mieux).

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