- 1.A) Ce que Dieu aime et qui rapproche ou est proche de Lui - 1.D) Ce que Dieu aime sans que cela rapproche ou soit proche de Lui - 2.D) Ce qu'Il n'aime pas sans que cela éloigne ou soit loin de Lui - 2.A) Ce qu'Il n'aime pas et qui éloigne ou est loin de Lui – Commentaire du Hadîth : "Dieu est Beau, Il aime la beauté", "إن الله جميل يحب الجمال"

--- Il y a ce que Dieu aime et qu'Il agrée : cela rapproche, ou est proche, de Lui : la foi, les actions vertueuses ; les croyants, les pieux ; les anges ;
--- Et
il y a ce que Dieu aime (sans qu'il y ait la notion de l'agréer et d'être satisfait de cela ; sans qu'il y ait donc la notion de proximité) : la beauté de telle créature.
Explications...

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I) L'ensemble de ce que Dieu a fait dans le passé, fait dans le présent, ou fera dans le futur, se réaliser (ما يُكوّنُه الله تعالى), s'échelonne, selon que Dieu l'aime - 1 -, ou qu'Il ne l'aime pas - 2 -, de la façon suivante (cet échelonnement allant du "plus aimé par Dieu" - 1.A - au "plus détesté par Lui" - 2.A -) :

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--- 1.A) "ما يحبه الله من عمل الثقلين، فيرضى به، فيُقرِّب مَن يرتكبه منه، فيأمر به الله تشريعًا، ويكوّنه حين يختاره أحد من الثقلين" : Ce que Dieu aime et qui le rend Satisfait (Râdhî), et qu'Il fait se réaliser : toute croyance / action qu'Il a requise de l'humain ou du djinn ;
------ 1.A.1) "العمل الذي يكون في الأصل محبوبًا لله، لما فيه من المصلحة الخالصة أو المصلحة الراجحة" : "l'action que Dieu aime en soi" ; le fait de croire en Son Existence et Son Unicité ; le fait de Le prier, de donner l'aumône, etc. ;
------ 1.A.2) "العمل الذي يكون في الأصل مبغوضًا لله، لما فيه من المفسدة الراجحة، وإنما يرضى الله به بسبب المصلحة الراجحة التي يفضي العمل إليها" : "l'action que Dieu n'aime pas en soi, mais qu'Il aime à cause de la maslaha dominante (râjiha) que l'action entraîne, et c'est pourquoi Il l'a instituée" (قبيح في نفسه، يصير حسنًا لعارض) : par exemple le fait de tuer : mauvais en soi, il devient autorisé ou nécessaire lorsqu'on se trouve dans un cas de réelle légitime défense (il s'agit de l'action de la catégorie "A.B" dans l'article : Est-ce que par rapport à tous les objets, la règle première est la licéité de les utiliser ? (هل الأصل في جميع الأعيان: هو الحِلّة؟), et de la catégorie "2" dans l'article : Dans les actions humaines (أفعال الإنسان), la règle première est-elle le caractère "bien", le caractère "autorisé", ou bien le caractère "interdit" ?) (voir At-Tawdhîh, 1/399, 1/406-407, Nûr ul-anwâr, p. 51, Muntakhab al-Hussâmî, p. 46, note de bas de page n° 5).

--- 1.B) "ما يحبه الله في حدّ ذاته، ويكوّنه فيعطيه لمن يحبّه، بسبب المقتضِي الجزئي (ولكن لا يكوّنه أبدًا لمن يبغضه لسوء عمله)" : Ce que Dieu aime ("accorder la réussite dans l'autre monde"), mais qu'Il accorde seulement à la personne qui est aimée par Lui, et jamais à la personne qui s'est considérablement éloignée de Lui. Exemple : accorder la réussite dans l'autre monde aux hommes qui, sciemment, ont mécru. Un autre exemple : "قَالَ مَعَاذَ اللَّهِ إِنَّهُ رَبِّي أَحْسَنَ مَثْوَايَ إِنَّهُ لَا يُفْلِحُ الظَّالِمُونَ" (Coran 12/23). "أَفَنَجْعَلُ الْمُسْلِمِينَ كَالْمُجْرِمِينَ؟ مَا لَكُمْ كَيْفَ تَحْكُمُونَ" : "Rendrions-Nous ceux qui sont soumis (à Nous) comme ceux qui sont fautifs ? Que vous arrive-t-il, comment jugez-vous ?" (Coran 68/35-36). "أًمْ حَسِبَ الَّذِينَ اجْتَرَحُوا السَّيِّئَاتِ أّن نَّجْعَلَهُمْ كَالَّذِينَ آمَنُوا وَعَمِلُوا الصَّالِحَاتِ سَوَاء مَّحْيَاهُم وَمَمَاتُهُمْ؟ سَاء مَا يَحْكُمُونَ" : "Ceux qui ont commis les mauvaises choses pensent-ils que Nous les rendrons comme ceux qui ont apporté foi et fait les bonnes actions, leur vie et leur mort étant semblables ? Mauvais est ce qu'ils jugent (ainsi)" (Coran 45/21).

--- 1.C) "ما يحبه الله في حدّ ذاته، ويكوّنه فيعطيه" : Ce que Dieu aime (comme "accorder du bien-être en ce monde") et qu'Il accorde....
------ 1.C) "يعطيه لمن يحبّه، بسبب المقتضِي الجزئي" : ... qu'Il accorde, par sagesse particulière, à la personne qui est aimée par Lui : accorder du bien-être sur Terre à des hommes qui font le bien moral ;
------ 1.C') "يعطيه أيضًا لمن يبغضه لسوء عمله، وهذا بسبب الحكمة الكلية" : ... qu'Il accorde aussi à la personne qui s'est considérablement éloignée de Lui, mais ce pour l'objectif plus global que cela entraîne : accorder du bien-être sur Terre à des hommes qui font le mal moral ("لو كانت الدنيا تعدل عند الله جناح بعوضة، ما سقى كافرا منها شربة ماء" : at-Tirmidhî, 2320).

--- 1.D) "ما يحبه الله في حدّ ذاته، ويكوّنه فيعطيه حتى لغير الثقلين" : Ce que Dieu aime en soi, et qu'Il accorde à des créatures autres que les deux créatures responsables (l'humain et le djinn) : la beauté physique chez les créatures

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--- 2.D) "ما يكرهه الله في حدّ ذاته، ومع ذلك يكوّنه بسبب الحكمة الكلية" : Ce que Dieu n'aime pas en soi, mais qu'Il fait crée à cause du bien global que sa réalisation entraîne, et cela est conféré à différents types de créatures : la laideur qu'Il a conférée à certaines créatures.

--- 2.C) "ما يكرهه الله في نفسه، ومع ذلك يكوّنه فيصيب به" : Ce que Dieu n'aime pas en soi (comme le fait d'"infliger des difficultés en ce monde"), mais qu'Il fait se réaliser dans le Réel :
------ 2.C.b) "يصيب به من يبغضه لسوء عمله، بسبب المقتضِي الجزئي" : qu'Il fait se réaliser dans le Réel par sagesse particulière, par rapport à la personne qui s'est considérablement éloignée de Lui : infliger des difficultés en ce monde à celui qui fait le mal moral à un niveau important et perpétuel ; tous les châtiments qu'Il inflige en ce monde à ceux qui se sont laissés aller à de graves croyances ou actions s'insèrent ici : la destruction de Pharaon ; de peuple de 'Âd, de Thamûd, etc. : eux étaient kâfir ; mais il y a aussi la sanction collective que Dieu a (après les avoir avertis par le truchement de prophètes tels que Isaïe et Jérémie) infligée aux fils d'Israël en - 587 à cause du fait que, globalement, depuis quelques générations ils n'étaient pas restés fidèles aux clauses de l'Alliance ("وَقَضَيْنَا إِلَى بَنِي إِسْرَائِيلَ فِي الْكِتَابِ لَتُفْسِدُنَّ فِي الأَرْضِ مَرَّتَيْنِ وَلَتَعْلُنَّ عُلُوًّا كَبِيرًا. فَإِذَا جَاء وَعْدُ أُولاهُمَا بَعَثْنَا عَلَيْكُمْ عِبَادًا لَّنَا أُوْلِي بَأْسٍ شَدِيدٍ فَجَاسُواْ خِلاَلَ الدِّيَارِ وَكَانَ وَعْدًا مَّفْعُولاً. ثُمَّ رَدَدْنَا لَكُمُ الْكَرَّةَ عَلَيْهِمْ وَأَمْدَدْنَاكُم بِأَمْوَالٍ وَبَنِينَ وَجَعَلْنَاكُمْ أَكْثَرَ نَفِيرًا إِنْ أَحْسَنتُمْ أَحْسَنتُمْ لِأَنفُسِكُمْ وَإِنْ أَسَأْتُمْ فَلَهَا. فَإِذَا جَاء وَعْدُ الآخِرَةِ لِيَسُوؤُواْ وُجُوهَكُمْ وَلِيَدْخُلُواْ الْمَسْجِدَ كَمَا دَخَلُوهُ أَوَّلَ مَرَّةٍ وَلِيُتَبِّرُواْ مَا عَلَوْاْ تَتْبِيرًا" (Coran 17/7) ;
------ 2.C.a) "قد يصيب به من يحبّه من الثقلين وما يحبه من الشعائر، وهذا بسبب الحكمة الكلية" : qu'Il fait se réaliser par rapport également à la personne qui est aimée par Lui / à la chose qui est aimée par Lui, et cela pour une sagesse plus Globale : infliger certaines difficultés en ce monde à celui qui est aimé par Lui ("يكره الموت وأنا أكره مساءته" : al-Bukhârî, cela sera cité plus bas) ; le fait d'avoir suscité des polycultistes qui ont, entre autres choses, détruit le Lieu bien-aimé de Dieu : Bayt ul-Maqdis ("وَقَضَيْنَا إِلَى بَنِي إِسْرَائِيلَ فِي الْكِتَابِ لَتُفْسِدُنَّ فِي الأَرْضِ مَرَّتَيْنِ وَلَتَعْلُنَّ عُلُوًّا كَبِيرًا. فَإِذَا جَاء وَعْدُ أُولاهُمَا بَعَثْنَا عَلَيْكُمْ عِبَادًا لَّنَا أُوْلِي بَأْسٍ شَدِيدٍ فَجَاسُواْ خِلاَلَ الدِّيَارِ وَكَانَ وَعْدًا مَّفْعُولاً ثُمَّ رَدَدْنَا لَكُمُ الْكَرَّةَ عَلَيْهِمْ وَأَمْدَدْنَاكُم بِأَمْوَالٍ وَبَنِينَ وَجَعَلْنَاكُمْ أَكْثَرَ نَفِيرًا إِنْ أَحْسَنتُمْ أَحْسَنتُمْ لِأَنفُسِكُمْ وَإِنْ أَسَأْتُمْ فَلَهَا. فَإِذَا جَاء وَعْدُ الآخِرَةِ لِيَسُوؤُواْ وُجُوهَكُمْ وَلِيَدْخُلُواْ الْمَسْجِدَ كَمَا دَخَلُوهُ أَوَّلَ مَرَّةٍ وَلِيُتَبِّرُواْ مَا عَلَوْاْ تَتْبِيرًا" (Coran 17/7). Cependant, il est à noter qu'il existe des exceptions par rapport à ce cas 2.C.a :
--------- 2.C.a.b) "يصيب به محبوبيه من الأنبياء ومن شعائره أيضًا، وهذا بسبب الحكمة الكلية" : certes, certaines choses qu'Il n'aime pas en soi, Il les fait bel et bien, parfois, se réaliser même par rapport à certains de Ses prophètes ou à certains des Objets qu'Il aime, et ce à cause de la Sagesse globale ; nous venons d'en voir un exemple : le fait d'avoir suscité des polycultistes qui ont, entre autres choses, détruit le Lieu bien-aimé de Dieu : Bayt ul-Maqdis ;
--------- 2.C.a.a.b) "ولكن لا يصيب به أحدًا من أنبياءه أبدًا" : par contre, certaines autres choses qu'Il n'aime pas en soi, Il ne les fait jamais se réaliser par rapport à aucun de Ses prophètes (même si, ces mêmes choses, Il les fait parfois se réaliser pour certains non-prophètes qui sont aimés par Lui, et ce à titre d'épreuve). Ainsi en est-il de faire qu'un prophète se marie avec une femme qui va ensuite commettre l'adultère : Dieu ne fait jamais se produire chose pareille ("قال ابن عباس: هو ابنه، ما بغت امرأة نبيٍّ قطُّ" : Tafsîr ut-Tabarî, 18223, commentaire de Coran 7/46 ; voir aussi : 18224)
. Et c'est pour cela que Dieu adressa (à des degrés divers) des reproches à ceux des musulmans qui n'avaient pas clairement dit, lors de la calomnie contre Aïcha, épouse du prophète Muhammad (sur lui soit la paix), que cela n'est qu'une grande calomnie. Lire notre article au sujet de Loth, son peuple et son épouse.
-------- 2.C.a.a.a) "ولكن لا يصيب به بعضًا مخصوصًا من أنبياءه ولا بعضًا مخصوصًا من شعائره" : plus encore, certaines autres de ces choses qu'Il n'aime pas en soi, Il ne les fait jamais se réaliser par rapport à certains de Ses Prophètes ou Objets qu'Il aime (même si, ces mêmes choses, Il les fait parfois se réaliser par rapport à certains autres prophètes, ou à certains autres objets qu'Il aime, et ce à cause de la Sagesse globale). Ainsi, la Kaaba, Dieu n'a jamais laissé qu'elle soit détruite par un ennemi venu pour ce faire (lorsqu'elles virent avec l'objectif de détruire la Kaaba, les armées de l'abbyssinien Abraha furent elles-mêmes détruites) ("والملوك يبنون القصور العظيمة فتبقى مدة، ثم تهدم، لا يرغب أحد في بنائها، ولا يرهبون من خرابها. وكذلك ما بني للعبادات قد يتغير حاله على طول الزمان، وقد يستولي العدو عليه، كما استولى على بيت المقدس. والكعبة لها خاصية ليست لغيرها. (...) وكذلك ما فعله الله بأصحاب الفيل لما قصدوا تخريبها" : Kitâb un-nubuwwât, pp. 160-161) ; et quand elle sera détruite, la fin du monde surviendra peu après. De même, al-Barrâk est d'avis que Dieu ne laisse jamais que des hommes assassinent un nabî-rassûl (cela s'étant réalisé seulement dans le cas de certains nabî ghayr-rassûl, devenus ainsi martyrs) : "فإن الإرسال الشرعي من الله يأتي عاما وخاصا. فـالعام يشمل الأنبياء - فيكونون أنبياء ورسلا -. ويأتي خاصا بالرسل بـالمعنى الخاص - وهم الذين أرسلوا إلى كفار مكذبين، كقوم نوح وعاد وثمود وقوم إبراهيم وقوم لوط وأصحاب مدين -؛ فهؤلاء الرسل لم يُقتل أحد منهم، وإن همَّت أممهم بذلك، كما قال تعالى: {وَهَمَّتْ كُلُّ أُمَّةٍ بِرَسُولِهِمْ لِيَأْخُذُوهُ}، وهؤلاء الرسل ـ أي بالمعنى الخاص ـ أخبر الله عن نصره لهم إخبارا مجمَلا ومفصَّلا (...). ومن فاته النصر في الدنيا - كمن قُتل من رسل بني إسرائيل [ولفظ "الرسل" ههنا بالمعنى العامّ] -، فنصره مدَّخر له يوم القيامة" ; lire mon article consacré à cette question de l'Aide que Dieu accorde à Ses prophètes.

--- 2.B) "ما يكرهه الله في نفسه، ومع ذلك يكوّنه فيصيب به لمن يبغضه لسوء عمله، بسبب المقتضِي الجزئي (ولكن لا يكوّنه الله أبدًا لمن يحبّه)" : Ce que Dieu n'aime pas en soi ("châtier ('adhâb)"), et qu'Il ne fait pas se réaliser dans le Réel par rapport à la personne qui est aimée par Luichâtier ('adhâb) dans l'autre monde celui qui est Son Walî : de gens de ce type, Dieu dit dans le Coran : "لاَ خَوْفٌ عَلَيْهِمْ وَلاَ هُمْ يَحْزَنُونَ". Dieu dit ainsi qu'Il ne placera pas les gens de bien comme les gens de mal : "أَفَنَجْعَلُ الْمُسْلِمِينَ كَالْمُجْرِمِينَ" (Coran 68/35) ; "أَمْ نَجْعَلُ الَّذِينَ آمَنُوا وَعَمِلُوا الصَّالِحَاتِ كَالْمُفْسِدِينَ فِي الْأَرْضِ أَمْ نَجْعَلُ الْمُتَّقِينَ كَالْفُجَّارِ" (Coran 38/28) ; "أَمْ حَسِبَ الَّذِينَ اجْتَرَحُوا السَّيِّئَاتِ أَن نَّجْعَلَهُمْ كَالَّذِينَ آمَنُوا وَعَمِلُوا الصَّالِحَاتِ سَوَاءً مَّحْيَاهُمْ وَمَمَاتُهُمْ سَاءَ مَا يَحْكُمُونَ" (Coran 45/21).

--- 2.A) "ما يكرهه الله من عمل الثقلين، فيَغضَبُ به، فيُبعِدُ مَن يرتكبه منه، فيحرّمه الله تشريعًا، ومع ذلك يكوّنه بسبب الحكمة الكلية؛ فيكوّنه الله حين يختاره أحدُ من الثقلين (ولكن لا يأذن الله تكوينًا لأحد من محبوبيه من الأنبياء أن يختاروه، فلا يكوّنه أبدًا منهم)" : Ce que Dieu aime moins encore que tout ce qui précède, qui Le met en Colère, et qu'Il a donc interdit, mais qu'Il fait malgré tout se réaliser dans le Réel de la part de certains individus, à cause de la sagesse globale : toute croyance / action qu'Il a interdite à l'homme ou au djinn d'adopter / de faire.

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Ce que j'ai exposé au point 2.C.b (ما يكرهه الله في حدّ ذاته، ومع ذلك ويكوّنه الله فيصيب به), comment puis-je en dire que "Dieu ne l'aime pas en soi" ?

La réponse est que j'ai extrait cela des écrits suivants de Ibn ul-Qayyim : "الحادي عشر: أن النعيم من موجب أسمائه وصفاته؛ والعذاب إنما هو من أفعاله؛ قال تعالى: {نَبِّئْ عِبَادِي أَنِّي أَنَا الْغَفُورُ الرَّحِيمُ وَأَنَّ عَذَابِي هُوَ الْعَذَابُ الأَلِيمُ} وقال: {إِنَّ رَبَّكَ لَسَرِيعُ الْعِقَابِ وَإِنَّهُ لَغَفُورٌ رَحِيمٌ} وقال: {اعْلَمُوا أَنَّ اللَّهَ شَدِيدُ الْعِقَابِ وَأَنَّ اللَّهَ غَفُورٌ رَحِيمٌ}؛ وما كان من مقتضى أسمائه وصفاته فإنه يدوم بدوامه (...). الثاني عشر: أن العذاب مقصود لغيره لا لنفسه؛ وأما الرحمة والإحسان والنعيم فمقصود لنفسه. فالإحسان والنعيم غاية؛ والعذاب والألم وسيلة. فكيف يقاس أحدهما بالآخر (...) الخامس عشر: أن رضاه أحب إليه من غضبه، وعفوه أحب إليه من عقوبته، ورحمته أحب إليه من عذابه، وعطاؤه أحب إليه من منعه. وإنما يقع الغضب والعقوبة والمنع بأسباب تناقص موجب تلك الصفات والأسماء؛ وهو سبحانه كما يحب أسماءه وصفاته ويحب آثارها وموجبها (كما في الحديث: "أنه وتر يحب الوتر جميل يحب الجمال نظيف يحب النظافة عفو يحب العفو وهو شكور يحب الشاكرين عليم يحب العالمين جواد يحب أهل الجود حي ستير يحب أهل الحياء والستر صبور يحب الصابرين رحيم يحب الرحماء) فهو يكره ما يضاد ذلك. وكذلك كره الكفر والعصيان والفسوق والظلم والجهل، لمضادة هذه الأوصاف لأوصاف كماله الموافقة لأسمائه وصفاته. ولكن يريده سبحانه لاستلزامه ما يحبه ويرضاه؛ فهو مراد له إرادة اللوازم المقصودة لغيرها إذ هي مفضية إلى ما يحب؛ فإذا حصل بها ما يحبه وأدت إلى الغاية المقصودة له سبحانه، لم تبق مقصودة لا لنفسها ولا لغيرها، فتزول، ويخلفها أضدادها التي هي أحب إليه سبحانه منها، وهي موجب أسمائه وصفاته" (Shifâ' ul-'alîl, pp. 650-651).

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II) Commentaire du célèbre hadîth : "إن الله جميل يحب الجمال" : "Dieu est Beau, Il aime la beauté" (Muslim, 91), et qui met en lumière le cas 1.D :

Ibn Taymiyya explique que 2 perceptions sont, au sujet de ce hadîth, erronées...

--- Sont dans la déviance [dhalâl] ceux qui tiennent le raisonnement suivant : "Le Mal Moral aussi, c'est Dieu qui le fait se réaliser dans le Réel. Or, tout ce que Dieu fait se réaliser dans le Réel est parfait, et est également Beau, puisque Dieu a dit : "الَّذِي أَحْسَنَ كُلَّ شَيْءٍ خَلَقَهُ" (Coran, 32/7). Or encore,Dieu aime tout ce qui est Beau : "إن الله جميل يحب الجمال" (Muslim, 91). Donc Dieu aime (hubb) et agrée (ridhâ) tout ce qu'Il fait se réaliser dans le réel, y compris le Mal Moral. Aussi il n'y a aucun effort que nous devrions fournir pour essayer d'améliorer l'état Moral de notre propre personne ou de la société humaine : tout cela est ce que Dieu a voulu, donc qui est Beau, donc qu'Il aime et agrée." Ce raisonnement est erroné, et constitue de la déviance (dhalâl) ; cela est connu comme tel.

--- Mais sont également dans une erreur de compréhension [khata' ijtihâdî], affirme Ibn Taymiyya, ceux qui disent que oui, Dieu aime (hubb) et agrée (ridhâ) les croyances humaines correctes et les actions humaines vertueuses, et, oui, Il déteste le Mal Moral : croyances et actions, cependant, Dieu n'aime aucunement la beauté perceptible : Dieu n'aime aucune de ces deux choses par rapport à l'autre : la beauté dans la création, et la laideur. D'ailleurs le Prophète (sur lui soit la paix) a dit dans un célèbre hadîth : "Dieu ne regarde pas (la beauté de) vos corps ou vos visages, mais Il regarde vos actions de cœur et vos actions extérieures" : "إن الله لا ينظر إلى صوركم وأموالكم، ولكن ينظر إلى قلوبكم وأعمالكم" ; dans une autre version : "إن الله لا ينظر إلى أجسادكم ولا إلى صوركم" (Muslim, 2564). Or il s'agit ici du regard de considération : "ومعلوم أنه لم ينف عن الأجساد والصور نظر الإدراك، لكن نظر المحبة". Et puis, si Dieu aimait la beauté perceptible, Il aurait aimé que l'homme porte de la soie (celle-ci étant très belle), or Il n'aime pas que l'homme porte ce beau vêtement qu'est la soie. Par ailleurs, on voit Dieu dire de certaines personnes qu'Il n'aimait pas (en l'occurrence des Hypocrites de Médine) : "وَإِذَا رَأَيْتَهُمْ تُعْجِبُكَ أَجْسَامُهُمْ" : "Et lorsque tu les vois, leur corps te paraît beau" (Coran 63/4). Cela montre bien que la beauté perceptible, Dieu n'a aucune considération pour elle, ni ne l'aime aucunement. Or cette seconde façon de voir est elle aussi erronée (khata' ijtihâdî).

--- Ibn Taymiyya expose quant à lui que Dieu aime la beauté : non pas seulement la beauté d'actions humaines, mais également la beauté perceptible : "فقوله "إن الله جميل يحب الجمال" قد أدرج فيه حسن الثياب التي هي المسئول عنها؛ فعلم أن الله يحب الجمال والجميل من اللباس؛ ويدخل في عمومه وبطريق الفحوى الجميل من كل شئ" (Al-Istiqâma, p. 111 / tome 1 p. 422). Cela relève du cas 1.D suscité : "ما يحبه الله في حدّ ذاته، ويكوّنه فيعطيه حتى لغير الثقلين". D'un autre côté, si Dieu a créé laides certaines choses, c'est par Sagesse (soit le cas 2.D : "ما يكرهه الله في حدّ ذاته، ولكن يكوّنه بسبب الحكمة الكلية"). Quant au verset "الَّذِي أَحْسَنَ كُلَّ شَيْءٍ خَلَقَهُ" (Coran, 32/7), il évoque cette Perfection liée à la Sagesse, comme dans le verset : "صُنْعَ اللَّهِ الَّذِي أَتْقَنَ كُلَّ شَيْءٍ" (Coran 27/88) : "وهو سبحانه أحسن كل شئ خلقه، إذ كل موجود فلا بد فيه من وجه الحكمة التي خلقه الله لها، ومن ذلك الوجه يكون حسنا محبوبا" (Al-Istiqâma, p. 116 / tome 1 p. 441).
Certes, la création est belle dans sa globalité et dans sa généralité, mais ce verset ne dit pas que toute chose, prise individuellement, serait pourvue de beauté particulière, car de celle-ci Dieu a pourvu certaines créatures et pas d'autres. C'est bien pourquoi Dieu dit que les choses suivantes de la création ne sont pas semblables : la vue et la cécité, les ténèbres et la lumière, l'ombre et la chaleur : "وَمَا يَسْتَوِي الْأَعْمَى وَالْبَصِيرُ وَلَا الظُّلُمَاتُ وَلَا النُّورُ وَلَا الظِّلُّ وَلَا الْحَرُورُ. وَمَا يَسْتَوِي الْأَحْيَاء وَلَا الْأَمْوَاتُ" (Coran 35/19-22). D'après l'un des commentaires, il s'agit bien, ici, d'ombre et de chaleur temporelles (Tafsîr ul-Qurtubî). "يقول تعالى : كما لا تستوي هذه الأشياء المتباينة المختلفة، كالأعمى والبصير لا يستويان بل بينهما فرق وبون كثير، وكما لا تستوي الظلمات ولا النور، ولا الظل ولا الحرور، كذلك لا تستوي الأحياء ولا الأموات: وهذا مثل ضربه الله للمؤمنين وهم الأحياء، وللكافرين وهم الأموات" (Tafsîr Ibn Kathîr). "قال قتادة: هذه كلها أمثال؛ أي كما لا تستوي هذه الأشياء، كذلك لا يستوي الكافر والمؤمن" (Tafsîr ul-Qurtubî).
C'est également pourquoi le prophète Muhammad (que Dieu le bénisse et le salue), dans les invocations qu'il adressait à Dieu, Lui a dit ceci : "لبيك وسعديك والخير كله في يديك، والشر ليس إليك" : "Me voici ! Le bien est tout entier dans Tes Mains. Le mal n'est pas vers Toi" (Muslim, 771). An-Nawawî écrit que l'un des commentaires de cette dernière phrase est que, par respect pour Lui, on ne dit pas à Dieu : "Ô Toi, le Créateur des singes et des porcs", bien qu'Il soit effectivement le créateur de ces animaux-là aussi : "وأما قوله والشر ليس إليك فمما يجب تأويله لأن مذهب أهل الحق أن كل المحدثات فعل الله تعالى وخلقه سواء خيرها وشرها وحينئذ يجب تأويله. وفيه خمسة أقوال. أحدها: معناه: "لا يتقرب به إليك" (قاله الخليل بن أحمد والنضر بن شميل واسحق بن راهويه ويحيى بن معين وأبو بكر بن خزيمة والأزهري وغيرهم). والثاني (حكاه الشيخ أبو حامد عن المزني وقاله غيره أيضا): معناه: "لا يضاف إليك على انفراده": لا يقال "يا خالق القردة والخنازير"، و"يا رب الشر"، ونحو هذا، وإن كان خالق كل شيء ورب كل شيء، وحينئذ يدخل الشر في العموم. والثالث: معناه: "والشر لا يصعد إليك" إنما يصعد الكلم الطيب والعمل الصالح. والرابع: معناه: "والشر ليس شرا بالنسبة إليك، فإنك خلقته بحكمة بالغة، وإنما هو شر بالنسبة إلى المخلوقين". والخامس (حكاه الخطابي): أنه كقولك فلان إلى بني قلان إذا كان عداده فيهم أو صفوه إليهم" (Shar'h Muslim, an-Nawawî). Seul un cas de besoin (hâja) autorise de faire cette phrase informative : ainsi, à son enfant qui demande si une créature aussi vile que le porc, se pourrait-il que ce Dieu qui l'a, elle aussi, créée ?, on répondra : "Dieu est créateur de toute chose. Dieu a créé le porc aussi. Il se trouve une sagesse dans le fait de l'avoir créé, car cet animal mange des détritus."

En fait Dieu a créé le porc, la hyène, le singe, le cafard et certains autres animaux de ce genre, pour une raison juste et sage, mais Il ne les a pas créés beaux, ni nobles. Comparez-les par exemple au cheval.

Quant au fait que Dieu a interdit certaines belles choses à l'homme : Certes, il est des choses que Dieu a créées belles, cependant, lorsque l'homme fait telle action vis-à-vis de telle belle chose, cette action comporte / entraîne telle autre action humaine (de cœur ou de corps), que pour sa part Dieu déteste et qui Le met en colère. C'est pourquoi Dieu a interdit à l'homme de faire cette action vis-à-vis de cette belle chose, malgré qu'Il aime par ailleurs la beauté perceptible que cette chose contient. Ainsi en est-il par exemple du fait pour un homme de porter un vêtement de soie, ou du fait pour un homme de contempler le physique d'une femme qui n'est pas licite pour lui :
"فإذا كان الجمال متضمنا لعدم ما هو أحب إليه أو لوجود ما هو أبغض له، لزم من ذلك فوات ما في الجمال المحبوب [من حب الله إياه]. فإذا كان في جمال الثياب بطر وفخر وخيلاء وسرف فهو سبحانه لا يحب كل مختال فخور وقال تعالى {والذين إذا أنفقوا لم يسرفوا ولم يقتروا} بل هو يبغض البطر الفخور المختال والمسرف وقال {إن المسرفين هم أصحاب النار} فلهذا قال صلى الله عليه وسلم: "لا ينظر الله يوم القيامة إلى من جر أزاره خيلاء وبطرا": فإنه ببغضه فلا ينظر إليه؛ وإن كان فيه جمال، فإن ذلك غرق في جانب ما يبغضه الله من الخيلاء والبطر. وكذلك الحرير: فيه من السرف والفخر والخيلاء ما يبغضه الله وينافي التقوى التي هي محبوب الله. (...) وكذلك سائر ما حرمه الله وكرهه مما فيه جمال؛ فإن ذلك لاشتماله على مكروه، ألحق على ما [فيه مما يبغضه الله] أعظم مما فيه من محبوبه، ولتفويته ما هو أحب إليه منه.
وكذلك الصور الجميلة من الرجال والنساء؛ فإن أحدهم إذا كان خُلُقه سيئا بأن يكون فاجرا أو كافرا معلنا أو منافقا، كان البغض أو المقت لخُلُقه ودينه مستعليا على ما فيه من الجمال؛ كما قال تعالى عن المنافقين: {وإذا رأيتهم تعجبك أجسامهم}، وقال: {ومن الناس من يعجبك قوله في الحياة الدنيا}: فهؤلاء إنما أعجبه صورهم الظاهرة للبصر وأقوالهم الظاهرة للسمع لما فيه من الأمر المعجب؛ لكن لما كانت حقائق أخلاقهم التي هي أملك بهم مشتملة على ما هو أبغض الأشياء وأمقتها إليه، لم ينفعهم حسن الصورة والكلام. (...) وكذلك المرأة والصبي إذا كان فاجرا؛ فإن ذلك يفوت حسن الخُلُق والتقوى التي هي أحب إلى الله من ذلك ويوجب بغض الله للفاحشة ولصاحبها ولسئ الخلق ومقته وغضبه عليه ما هو أعظم بكثير مما فيه من الجمال المقتضى للمحبة.
وكذلك القوة، وإن كانت من صفات الكمال التي يحبها الله، فإذا كانت الإعانة على الكفر والفجور الذي بغض الله له ومقته عليه وتفويته لما يحبه من الإيمان والعمل الصالح أعظم بكثير من مجرد ما في القوة من الامر المحبوب، ترجح جانب البغض بقدر ذلك. فإذا كانت القوة في الإيمان، كان الأمر كما قال النبي صلى الله عليه وسلم: "المؤمن القوي خير وأحب إلى الله من المؤمن الضعيف"
(Al-Istiqâma, pp. 116-117 / tome 1 pp. 441-444).

Le fait est que Dieu aime les belles actions humaines plus qu'Il aime la beauté perceptible : "وأما الجمال الخاص فهو سبحانه جميل يحب الجمال؛ والجمال الذي للخُلُق من العلم والإيمان والتقوى أعظم من الجمال الذي للخَلْق وهو الصورة الظاهرة؛ وكذلك الجميل من اللباس الظاهر: فلباس التقوى أعظم واكمل. وهو يحب الجمال الذي للباس التقوى أعظم مما يحب الجمال الذي للباس الرياش، ويحب الجمال للخُلُق أعظم مما يحب الجمال الذي للخَلْق" (Al-Istiqâma, p. 116 / tome 1 pp. 441-442). C'est pour cette raison que Dieu a dit ce qu'Il a dit au sujet de Abdullâh ibn Ubayy et son groupe, eux qui étaient Hypocrites dans la Foi : "وَإِذَا رَأَيْتَهُمْ تُعْجِبُكَ أَجْسَامُهُمْ" : "Et lorsque tu les vois, leur corps te paraît beau" (Coran 63/4). Eux avaient allié à la beauté de leur corps la laideur de leur Hypocrisie dans la Foi.

Sinon, le fait que l'homme recherche une certaine beauté dans ses affaires, alors, du moment que cela ne confine pas chez lui à l'obsession ("عن أبي هريرة، عن النبي صلى الله عليه وسلم، قال: تعس عبد الدينار، وعبد الدرهم، وعبد الخميصة، إن أعطي رضي، وإن لم يعط سخط، تعس وانتكس، وإذا شيك فلا انتقش" : "Malheur à l'esclave de la pièce d'or, à l'esclave de la pièce d'argent, à l'esclave du beau vêtement. S'il reçoit il est satisfait, s'il ne reçoit pas il est mécontent. Malheur à lui, qu'il soit tête en bas, ! et si une épine venait à l'atteindre, qu'elle ne puisse pas être enlevée !" : al-Bukhârî, 2730), cela n'est pas interdit : c'est alors que quelqu'un, pensant que c'était là une expression d'orgueil, lui a dit : "L'homme aime que ses vêtements soient beaux et que ses sandales soient belles", que le Prophète dit : "Dieu est Beau, Il aime la beauté" : "عن عبد الله بن مسعود، عن النبي صلى الله عليه وسلم قال: "لا يدخل الجنة من كان في قلبه مثقال ذرة من كبر." قال رجل: "إن الرجل يحب أن يكون ثوبه حسنا ونعله حسنة!" قال: "إن الله جميل يحب الجمال. الكبر بطر الحق، وغمط الناس" (Muslim, 91). Le Prophète voulait dire, ici, que le fait de choisir une tenue qui soit soignée et qui recèle de la beauté, cela est recommandé ta'abbudan, ou souhaitable maslahatan.

Enfin, le seul fait d'avoir naturellement un beau visage ou un beau corps ne rapproche pas de Dieu : l'homme dont le physique est agréable n'est pas plus proche (ni d'ailleurs pas plus éloigné) de Dieu que l'homme qui est laid. Exactement comme le fait que l'homme riche n'est pas plus proche (ni d'ailleurs pas plus éloigné) de Dieu que l'homme pauvre. Le degré de proximité avec Dieu dépend de l'excellence des croyances et des actions du cœur, de la langue et du corps. Oui, Dieu aime ce qui est beau, cependant, ce n'est pas là un amour de rapprochement avec Lui, et la beauté perceptible n'est donc pas cause de rapprochement avec Dieu. Voilà pourquoi le hadîth dit que Dieu n'a pas de considération pour (la beauté) des visages ou des corps, mais seulement pour les actions (du cœur, de la langue et du corps).

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III) Commentaire du célèbre hadîth qudsî où il est relaté que Dieu a dit : "وما ترددت عن شيء أنا فاعله ترددي عن نفس المؤمن: يكره الموت وأنا أكره مساءته؛ ولا بد له منه" : "Au sujet de quelque chose que Je vais faire, Je n'hésite pas autant que J'hésite au sujet de (reprendre) l'âme du croyant : il n'aime pas la mort et Je n'aime pas lui faire du tort ; (mais) il n'y a pas pour lui d'alternative à la (mort)" (al-Bukhârî, 6137), et qui met en lumière le cas 2.C.a :

Le Prophète (sur lui la paix) a en effet relaté que Dieu a dit :
"Celui qui a de l'inimitié pour un ami à Moi, Je lui déclare la guerre.
Le serviteur ne peut se rapprocher de Moi par quelque chose qui Me soit plus aimé que (...) [lire la suite de cette phrase dans notre autre article].
Et Je n'hésite pas, au sujet de quelque chose que Je vais faire, autant que J'hésite au sujet de (reprendre) l'âme du croyant [= le pieux] : il n'aime pas la mort et Je n'aime pas lui faire du tort ; (mais) il n'y a pas pour lui d'alternative à la (mort)"
(al-Bukhârî, 6137 ; seule la dernière phrase se trouve dans d'autres recueils).
"عن أبي هريرة، قال: قال رسول الله صلى الله عليه وسلم: "إن الله قال: من عادى لي وليا فقد آذنته بالحرب. وما تقرب إلي عبدي بشيء أحب إلي مما افترضت عليه، وما يزال عبدي يتقرب إلي بالنوافل حتى أحبه، فإذا أحببته: كنت سمعه الذي يسمع به، وبصره الذي يبصر به، ويده التي يبطش بها، ورجله التي يمشي بها، وإن سألني لأعطينه، ولئن استعاذني لأعيذنه. وما ترددت عن شيء أنا فاعله ترددي عن نفس المؤمن: يكره الموت وأنا أكره مساءته" (al-Bukhârî, 6137). Ibn Hajar écrit : "زاد ابن مخلد عن ابن كرامة في آخره: "ولا بد له منه." ووقعت هذه الزيادة أيضا في حديث وهب" (Fat'h ul-bârî, 11/421).

Ibn Hajar relate que al-Junayd al-Baghdâdî a rappelé que ce qui fait que le pieux croyant [comme tout humain] n'aime pas la mort, ce sont les souffrances que celle-ci occasionne. Sinon, le fait de rencontrer Dieu, d'obtenir Son pardon et de jouir de Sa Miséricorde, est pour sa part aimé et souhaité par le pieux croyant : "وأسند البيهقي في الزهد عن الجنيد سيد الطائفة قال: الكراهة هنا لما يلقى المؤمن من الموت وصعوبته وكربه؛ وليس المعنى أني أكره له الموت [أي في مفسه]، لأن الموت يورده إلى رحمة الله ومغفرته انتهى" (Fat'h ul-bârî, 11/421).

Cette souffrance que le pieux serviteur ressent au moment de la mort, de même que toute souffrance qui l'atteint sans qu'elle soit la rétribution d'une mauvaise action commise, Dieu n'aime pas les infliger à ce pieux serviteur.
Mais c'est à cause de la Sagesse Globale qu'Il les fait malgré tout se réaliser (il s'agit donc du cas 2.B).

Ibn Taymiyya écrit le commentaire qui va suivre :
"وسئل شيخ الإسلام عن قوله صلى الله عليه وسلم فيما يروي عن ربه عز وجل: "وما ترددت عن شيء أنا فاعله ترددي عن قبض نفس عبدي المؤمن يكره الموت وأكره مساءته": ما معنى تردد الله؟
فأجاب: هذا حديث شريف قد رواه البخاري من حديث أبي هريرة وهو أشرف حديث روي في صفة الأولياء. وقد رد هذا الكلام طائفة وقالوا: إن الله لا يوصف بالتردد وإنما يتردد من لا يعلم عواقب الأمور والله أعلم بالعواقب. وربما قال بعضهم: إن الله يعامل معاملة المتردد. والتحقيق أن كلام رسوله حق، وليس أحد أعلم بالله من رسوله ولا أنصح للأمة منه ولا أفصح ولا أحسن بيانا منه" (MF 18/129).
"فإن الواحد منا يتردد تارة لعدم العلم بالعواقب؛ وتارة لما في الفعلين من المصالح والمفاسد فيريد الفعل لما فيه من المصلحة ويكرهه لما فيه من المفسدة، لا لجهله منه بالشيء الواحد الذي يحب من وجه ويكره من وجه. كما قيل: "الشيب كره، وكره أن أفارقه؛ فاعجب لشيء على البغضاء محبوب". وهذا مثل إرادة المريض لدوائه الكريه؛ بل جميع ما يريده العبد من الأعمال الصالحة التي تكرهها النفس هو من هذا الباب. وفي الصحيح: "حفت النار بالشهوات وحفت الجنة بالمكاره"؛ وقال تعالى: {كتب عليكم القتال وهو كره لكم} الآية. ومن هذا الباب يظهر معنى التردد المذكور في هذا الحديث فإنه قال: "لا يزال عبدي يتقرب إلي بالنوافل حتى أحبه": فإن العبد الذي هذا حاله صار محبوبا للحق [أي لله تعالى] محبا له يتقرب إليه أولا بالفرائض وهو يحبها، ثم اجتهد في النوافل التي يحبها ويحب فاعلها، فأتى بكل ما يقدر عليه من محبوب الحق؛ فأحبه الحق [أي الله تعالى] لفعل محبوبه من الجانبين بقصد اتفاق الإرادة، بحيث يحب ما يحبه محبوبه ويكره ما يكرهه محبوبه. والرب يكره أن يسوء عبده ومحبوبه. فلزم من هذا أن يكره الموت ليزداد من محاب محبوبه. والله سبحانه وتعالى قد قضى بالموت فكل ما قضى به فهو يريده ولا بد منه. فالرب مريد لموته لما سبق به قضاؤه؛ وهو مع ذلك كاره لمساءة عبده، وهي المساءة التي تحصل له بالموت؛ فصار الموت [أي موت العبد المحبوب] مرادا للحق [أي لله تعالى] من وجه، مكروها له من وجه؛ وهذا حقيقة التردد، وهو: أن يكون الشيء الواحد مرادا من وجه مكروها من وجه، وإن كان لا بد من ترجح أحد الجانبين، كما ترجح إرادة الموت، لكن مع وجود كراهة مساءة عبده. وليس إرادته لموت المؤمن الذي يحبه ويكره مساءته كإرادته لموت الكافر الذي يبغضه ويريد مساءته.
ثم قال بعد كلام سبق ذكره: ومن هذا الباب ما يقع في الوجود من الكفر والفسوق والعصيان؛ فإن الله تعالى يبغض ذلك ويسخطه ويكرهه وينهى عنه؛ وهو سبحانه قد قدره وقضاه وشاءه بإرادته الكونية، وإن لم يرده بإرادة دينية" (MF 18/131).
"فما يقع في الوجود من المنكرات هي مرادة لله إرادة كونية داخلة في كلماته التي لا يجاوزهن بر ولا فاجر؛ وهو سبحانه مع ذلك لم يردها إرادة دينية ولا هي موافقة لكلماته الدينية ولا يرضى لعباده الكفر ولا يأمر بالفحشاء، فصارت له من وجه مكروهة.
ولكن هذه ليست بمنزلة قبض المؤمن؛ فإن ذلك يكرهه، والكراهة مساءة المؤمن؛ وهو يريده، لما سبق في قضائه له بالموت، فلا بد منه. وإرادته لعبده المؤمن خير له ورحمة به؛ فإنه قد ثبت في الصحيح: {أن الله تعالى لا يقضي للمؤمن قضاء إلا كان خيرا له إن أصابته سراء شكر فكان خيرا له وإن أصابته ضراء صبر فكان خيرا له}. وأما المنكرات فإنه يبغضها ويكرهها؛ فليس لها عاقبة محمودة من هذه الجهة إلا أن يتوبوا منها فيرحموا بالتوبة وإن كانت التوبة لا بد أن تكون مسبوقة بمعصية؛ ولهذا يجاب عن قضاء المعاصي على المؤمن بجوابين: أحدهما: أن هذا الحديث لم يتناولـها وإنما تناول المصائب"
(MF 18/134).

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IV) Par rapport au 1.A et au 2.A : Voici des versets du Coran qui parlent de ceux que Dieu aime et de ceux qu'Il n'aime pas :

– Dieu dit : "يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آمَنُواْ مَن يَرْتَدَّ مِنكُمْ عَن دِينِهِ فَسَوْفَ يَأْتِي اللّهُ بِقَوْمٍ يُحِبُّهُمْ وَيُحِبُّونَهُ" : "O ceux qui ont apporté foi, celui d'entre vous qui apostasie de sa religion, alors (qu'il sache) que Dieu fera venir des gens qu'Il aimera et qui L'aimeront (...)" (Coran 5/54).

– Dieu Se qualifie dans le Coran : "وَهُوَ الْغَفُورُ الْوَدُودُ ذُو الْعَرْشِ الْمَجِيدُ فَعَّالٌ لِّمَا يُرِيدُ" : "Et Il est le Pardonnant, le Wadûd, le Détenteur du noble Trône, Celui qui fait ce qu'Il veut" (Coran 85/14-16). Dieu relate que le prophète Shu'ayb (que la paix soit sur lui) avait dit à ceux des gens de Madian qui ne croyaient pas : "وَاسْتَغْفِرُواْ رَبَّكُمْ ثُمَّ تُوبُواْ إِلَيْهِ إِنَّ رَبِّي رَحِيمٌ وَدُودٌ" : "Et demandez pardon à votre Seigneur, puis revenez vers Lui. Mon Seigneur est Miséricordieux, Wadûd" (Coran 11/90).
Le terme "Wadûd" signifie à la fois : "Celui qui Aime", et : "Celui qui est aimé" : "قلت: الودود من صفات الله سبحانه وتعالى أصله من المودة. واختلف فيه على قولين: فقيل هو ودود بمعنى واد كضروب بمعنى ضارب وقتول بمعنى قاتل ونؤوم بمعنى نائم ويشهد لهذا القول أن فعولا في صفات الله سبحانه وتعالى فاعل كغفور بمعنى غافر وشكور بمعنى شاكر وصبور بمعنى صابر. وقيل بل هو بمعنى مودود وهو الحبيب وبذلك فسره البخاري في صحيحه فقال الودود الحبيب. والأول أظهر لاقترانه بالغفور في قوله {وَهُوَ الْغَفُورُ الْوَدُودُ} وبالرحيم في قوله {إِنَّ رَبِّي رَحِيمٌ وَدُودٌ} وفيه سر لطيف وهو أنه يحب التوابين وأنه يحب عبده بعد المغفرة فيغفر له ويحبه كما قال {إِنَّ اللَّهَ يُحِبُّ التَّوَّابِينَ وَيُحِبُّ الْمُتَطَهِّرِينَ} فالتائب حبيب الله فالود أصفى الحب وألطفه" (Rawdhat ul-muhibbîn, p. 49).

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– Dieu annonce dans le Coran qu'Il aime ceux qui... :
--- "ceux qui font preuve d'équité" : "إِنَّ اللَّهَ يُحِبُّ الْمُقْسِطِينَ" (Coran 5/42 ; 49/9 ; 60/8) ;
--- "ceux qui font le ihsân" : "إِنَّ اللّهَ يُحِبُّ الْمُحْسِنِينَ" (Coran 2/195, 5/13, 5/93 ; voir aussi 3/134, 3/148) ;
--- "ceux qui reviennent beaucoup à Lui" : "إِنَّ اللّهَ يُحِبُّ التَّوَّابِينَ" (Coran 2/222) ;
--- "ceux qui se purifient" : "وَاللّهُ يُحِبُّ الْمُطَّهِّرِينَ" (Coran 9/108 ; voir aussi 2/222) ;
--- "ceux qui suivent le Prophète" : "قُلْ إِن كُنتُمْ تُحِبُّونَ اللّهَ فَاتَّبِعُونِي يُحْبِبْكُمُ اللّهُ وَيَغْفِرْ لَكُمْ ذُنُوبَكُمْ" (Coran 3/31) ;
--- "ceux qui sont pieux" : "إِنَّ اللّهَ يُحِبُّ الْمُتَّقِينَ" (Coran 3/31, 9/4, 9/7) ;
--- "ceux qui sont patients" : "وَاللّهُ يُحِبُّ الصَّابِرِينَ" (Coran 3/148) ;
--- "ceux qui s'en remettent à Lui" : "إِنَّ اللّهَ يُحِبُّ الْمُتَوَكِّلِينَ" (Coran 3/159).

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Dieu annonce aussi qu'Il n'aime pas les personnes qui ont telle croyance (kufr), ou qui commettent telle action / ont tel comportement :
--- "ceux qui ne croient pas" : "فَإِنَّ اللّهَ لاَ يُحِبُّ الْكَافِرِينَ" (Coran 3/32) ;
--- "ceux qui transgressent" : "وَقَاتِلُواْ فِي سَبِيلِ اللّهِ الَّذِينَ يُقَاتِلُونَكُمْ وَلاَ تَعْتَدُواْ إِنَّ اللّهَ لاَ يُحِبِّ الْمُعْتَدِينَ" (Coran 2/190) ;
--- "وَاللّهُ لاَ يُحِبُّ كُلَّ كَفَّارٍ أَثِيمٍ" (Coran 2/276) ;
--- "وَاللّهُ لاَ يُحِبُّ الظَّالِمِينَ" (Coran 3/104) ;
--- "إِنَّ اللّهَ لاَ يُحِبُّ مَن كَانَ مُخْتَالاً فَخُورًا" (Coran 4/36) ;
--- "إِنَّ اللّهَ لاَ يُحِبُّ مَن كَانَ خَوَّانًا أَثِيمًا" (Coran 4/107) ;
--- "وَاللّهُ لاَ يُحِبُّ الْمُفْسِدِينَ" (Coran 5/64) ;
--- "إِنَّهُ لاَ يُحِبُّ الْمُسْرِفِين" (Coran 6/141 ; 7/31) ;
--- "إِنَّهُ لاَ يُحِبُّ الْمُعْتَدِينَ" (Coran 7/55) ;
--- "إِنَّ اللّهَ لاَ يُحِبُّ الخَائِنِينَ" (Coran 8/58) ;
--- "ceux qui s'enorgueillissent" : "إِنَّهُ لاَ يُحِبُّ الْمُسْتَكْبِرِينَ" (Coran 16/23).

Enfin, Dieu nous informe qu'Il n'aime pas certaines actions de la part de l'homme :
--- "Dieu n'aime pas le mal" : "وَاللّهُ لاَ يُحِبُّ الفَسَادَ" (Coran 2/205) ;
--- "لَا يُحِبُّ اللّهُ الْجَهْرَ بِالسُّوَءِ مِنَ الْقَوْلِ إِلاَّ مَن ظُلِمَ" (Coran 4/148) ;
--- "Et Il n'agrée pas pour Ses serviteurs le kufr" : "وَلَا يَرْضَى لِعِبَادِهِ الْكُفْرَ وَإِن تَشْكُرُوا يَرْضَهُ لَكُمْ" (Coran 39/7).

Dès lors, chez une de ces personnes dont Il nous a informés qu'Il ne l'aime pas :
--- option a) est-ce la personne elle-même que, à cause de cette mauvaise croyance qu'elle a, ou de cette mauvaise action qu'elle fait, Dieu n'aime pas du tout, de même que, à cause de ce mal qu'elle fait, Il n'aime même pas ce qu'elle fait de bien par ailleurs ?
--- option b) ou bien est-ce la personne même que, à cause de cette mauvaise croyance qu'elle a, ou de cette mauvaise action qu'elle fait, Dieu n'aime pas, cependant que, en même temps, il se peut qu'Il aime chez cette personne une autre croyance - bonne pour sa part - qu'elle a, ou une autre action - bonne celle-là - qu'elle fait ?
--- option c) ou bien est-ce seulement la mauvaise croyance (fût-elle du kufr) ou la mauvaise action, que Dieu n'aime pas chez cette personne, cependant que la personne (fût-elle kâfir), Il l'aime selon un autre aspect ?

J'ai cru comprendre que les ulémas distinguent en fait :
----- la personne qui est Kâfir : en ce qui la concerne, c'est l'option b : c'est la personne même que, à cause de cette croyance de Kufr Akbar qu'elle a, Dieu n'aime pas, bien que, en même temps, il se peut qu'Il aime chez cette personne une autre croyance - bonne pour sa part - qu'elle a, ou une autre action - bonne celle-là - qu'elle fait ;
----- et la personne qui a Asl ul-îmân mais a des manquements dans Kamâl ul-Îmân al-Wâjib : en ce qui la concerne, c'est l'option c : c'est seulement la mauvaise croyance (dhalâl, ou khata' qat'î ijtihâdî), ou la mauvaise action, que Dieu n'aime pas, alors que la personne, Il l'aime malgré tout.

En fait tout revient bien aux actions (ce qui englobe les croyances), puisque aucune personne n'est dénuée de croyance et d'action et que ce sont celles-ci qui sont l'objet premier de la Satisfaction, ou au contraire du Courroux, de Dieu.
Cependant...

----- i) La personne qui fait l'action de Asl ul-îmân fait là une action qui est l'objet d'une affection particulière de la part de Dieu, affection telle qu'elle reste dominante par rapport à la détestation - réelle - que Dieu a pour les défauts et mauvaises actions que la personne fait par ailleurs.
Quand Dieu dit qu'"Il n'aime pas ceux qui transgressent", ils parlent aussi de ceux qui ont Asl ul-îmân mais qui commettent des Kabîra sans s'en repentir, puisque le verset sus-cité évoque bien une transgression de la part de Croyants : "وَقَاتِلُواْ فِي سَبِيلِ اللّهِ الَّذِينَ يُقَاتِلُونَكُمْ وَلاَ تَعْتَدُواْ إِنَّ اللّهَ لاَ يُحِبِّ الْمُعْتَدِينَ" (Coran 2/190 : lire le commentaire de ce verset dans notre autre article).
Pourtant, on trouve aussi ce célèbre hadîth, où il est dit d'un musulman qui buvait de l'alcool qu'il aime Dieu et Son Messager : "عن عمر بن الخطاب، أن رجلا على عهد النبي صلى الله عليه وسلم كان اسمه عبد الله، وكان يلقب حمارا، وكان يضحك رسول الله صلى الله عليه وسلم، وكان النبي صلى الله عليه وسلم قد جلده في الشراب، فأتي به يوما فأمر به فجلد، فقال رجل من القوم: اللهم العنه، ما أكثر ما يؤتى به؟ فقال النبي صلى الله عليه وسلم: "لا تلعنوه، فوالله ما علمت إنه يحب الله ورسوله" (al-Bukhârî, 6398). Ibn ul-Qayyim écrit : "كما يكون الرجل وليا لله محبوبا له من جهة ومبغوضا له من جهة أخرى؛ وهذا عبد الله حمار كان يكثر شرب الخمر، والله يبغضه من هذه الجهة، ويحب الله ورسوله، ويحبه الله ويواليه من هذه الجهة، ولهذا نهى النبي صلى الله عليه وسلم عن لعنه وقال: "إنه يحب الله ورسوله". ونكتة المسألة أن الاصطفاء والولاية والصديقية وكون الرجل من الأبرار ومن المتقين ونحو ذلك كلها مراتب تقبل التجزيء والانقسام والكمال والنقصان كما هو ثابت باتفاق المسلمين في أصل الإيمان، وعلى هذا فيكون هذا القسم مصطفى من وجه ظالما لنفسه من وجه آخر. وظلم النفس نوعان: نوع لا يبقى معه شيء من الإيمان والولاية والصديقية والاصطفاء وهو ظلمها بالشرك والكفر، ونوع يبقى معه حظه من الإيمان والاصطفاء والولاية وهو ظلمها بالمعاصي، وهو درجات متفاوتة في القدر والوصف. فهذا التفصيل يكشف قناع المسألة ويزيل أشكالها بحمد الله" (Tarîq ul-hijratayn, p. 308). Ibn Hajar écrit : "وفيه أن لا تنافي بين ارتكاب النهي وثبوت محبة* الله ورسوله في قلب المرتكب، لأنه صلى الله عليه وسلم أخبر بأن المذكور يحب الله ورسوله مع وجود ما صدر منه؛ وأن من تكررت منه المعصية لا تنزع منه محبة* الله ورسوله. ويؤخذ منه تأكيد ما تقدم أن نفي الإيمان عن شارب الخمر لا يراد به زواله بالكلية بل نفي كماله كما تقدم" (Fat'h ul-bârî, 12/95) (مراده: أصل محبة الله ورسوله *) (il précise cependant ensuite : "ويحتمل أن يكون استمرار ثبوت محبة الله ورسوله في قلب العاصي مقيدا بما إذا ندم على وقوع المعصية وأقيم عليه الحد فكفر عنه الذنب المذكور، بخلاف من لم يقع منه ذلك فإنه يخشى عليه بتكرار الذنب أن يطبع على قلبه شيء حتى يسلب منه ذلك؛ نسأل الله العفو والعافية" : Fat'h ul-bârî, 12/95-96).
Or, celui qui aime Dieu avec au moins Aslu-ttibâ' id-Dîn, Dieu l'aime aussi (au moins de Asl ul-Hubb) : "وأيضا فإن النبي صلى الله عليه وسلم قد شهد لشارب الخمر المجلود مرات بأنه يحب الله ورسوله ونهى عن لعنته؛ ومعلوم أن من أحب الله ورسوله، أحبه الله ورسوله بقدر ذلك" (MF 7/486) ; "فأما تقسيمه الطريق إلى طريق خاصة وعامة وجعله الأول طريق المحبين والثاني طريق المحبوبين، فيقال: كل ولي لله فهو محب لله وهو محبوب لله؛ وحب العبد لربه وحب الرب لعبده متلازمان؛ فإن الله لا يحب إلا من يحبه، ومن أحب الله فإن الله يحبه" (Ar-Radd 'ala-sh-Shâdhulî).
Cela revient bien à l'option c.
Et il y a de même ce hadîth, où le Prophète (sur lui soit la paix) a dit : "Parmi ceux d'entre vous qui me sont plus aimés et qui seront les plus proches de moi le jour de la résurrection, il y a ceux d'entre vous qui sont meilleurs en caractère. Et parmi ceux d'entre vous qui me sont les plus détestés et qui seront les plus éloignés de moi le jour de la résurrection, il y a ceux qui parlent avec grandiloquence, qui se moquent des gens par leurs mimiques, et qui parlent avec orgueil" : "وعن جابر - رضي الله عنه: أن رسول الله - صلى الله عليه وسلم - قال: "إن من أحبكم إلي، وأقربكم مني مجلسا يوم القيامة: أحاسنكم أخلاقا. وإن أبغضكم إلي وأبعدكم مني يوم القيامة: الثرثارون والمتشدقون والمتفيهقون". قالوا: يا رسول الله، قد علمنا الثرثارون والمتشدقون، فما المتفيهقون؟ قال: "المتكبرون". رواه الترمذي، وقال: حديث حسن" (Riyâdh ul-sâlihîn, n° 630), Ibn 'Allân écrit : "قال العاقولي في شرح المصابيح: هذا الحديث مبني على قاعدة، هي أن المؤمنين من حيث الإيمان محبوبون، ويتفاضلون بعد في صفات الخير وشعب الإيمان، فيتميز الفاضل بزيادة محبة، وقد يتفاوتون في الرذائل فيصيرون مبغوضين من حيث ذلك، ويصير بعضهم أبغض من بعض. وقد يكون الشخص الواحد محبوباً من وجه مبغوضاً من وجه. وعلى هذه القاعدة فرسول الله - صلى الله عليه وسلم - يحبّ المؤمنين كافة من حيث هم مؤمنون، وحبه لأحسنهم خلقاً أشد، ويبغض العصاة من حيث هم عاصون، وبغضه لأسوئهم أخلاقاً أشد، كما يؤخذ ذلك من المعاملة. بل جاء عند البيهقي في الشعب: "وإنّ أبغضكم إليّ وأبعدكم مني مساوئكم أخلاقاً الثرثارون" (Dalîl ul-fâlihîn).
Ibn Taymiyya écrit de même : "ومع هذا فقد يحصل للإنسان أنواع من المعارف واليقين مع وجود نوعٍ من الهوى والذنوب؛ وقد يحصل له أنواع من الإيمان والأعمال الصالحة مع وجود نوع من الإرادات الفاسدة. فمذهب الصحابة والتابعين لهم بإحسان وسلف الأمة وأئمتها أن الشخص الواحد يجتمع فيه ما يحبه الله من الحسنات وما يبغضه من السيئات، ويكون مُطيعًا من وجهٍ عاصيًا من وجهٍ، برًّا من وجه فاجرًا من وجه، مستحقًّا للثواب من وجهٍ وللعقاب من وجه، فيه إيمانٌ من وجهٍ وفيه فسق بل ونفاق من وجه. وإنما يقول لا يجتمع هذا وهذا الوعيديَّةُ من الخوارج والمعتزلة فإنهم يقولون: ما ثَمَّ إلا مؤمن مستحق للثواب لا يُعاقب بحال، أو مخلَّد في النار لا يخرج منها بشفاعةٍ ولا غيرها؛ ومن فيه فجور فليس معه من الإيمان عندهم شيء؛ وكانت الخوارج تقول من لم يكن برًّا قائمًا بالواجبات تاركًا للمحرمات فهو كافر" (Ar-Radd 'ala-sh-Shâdhulî). "وطوائف أهل الأهواء من الخوارج والمعتزلة والجهمية والمرجئة كراميهم وغير كراميهم يقولون: إنه لا يجتمع في العبد إيمان ونفاق؛ ومنهم من يدعي الإجماع على ذلك وقد ذكر أبو الحسن في بعض كتبه الإجماع على ذلك. ومن هنا غلطوا فيه وخالفوا فيه الكتاب والسنة وآثار الصحابة والتابعين لهم بإحسان مع مخالفة صريح المعقول. بل الخوارج والمعتزلة طردوا هذا الأصل الفاسد وقالوا: "لا يجتمع في الشخص الواحد طاعة يستحق بها الثواب ومعصية يستحق بها العقاب، ولا يكون الشخص الواحد محمودا من وجه مذموما من وجه، ولا محبوبا مدعوا له من وجه مسخوطا ملعونا من وجه"؛ ولا يتصور أن الشخص الواحد يدخل الجنة والنار جميعا عندهم، بل من دخل إحداهما لم يدخل الأخرى عندهم، ولهذا أنكروا خروج أحد من النار أو الشفاعة في أحد من أهل النار" (MF 7/353-354).

----- ii) Tandis que la personne qui fait l'action du Kufr Akbar fait là une action qui est l'objet d'une détestation telle de la part de Dieu que cela reste dominant par rapport à l'affection que Dieu a pour les qualités et bonnes actions que cette même personne fait par ailleurs ; c'est pour cela qu'on dit que Dieu n'aime pas cette personne (soit l'option b).
Que Dieu aime quand même certaines actions et qualités d'une personne kâfir, on le trouve dans les dits suivants... Ibn Taymiyya cite adh-Dhahhâk : "قال الضحاك: "إن الله يحب أن يذكر اسمه، وإن كان يشرك به" : "Dieu aime que Son Nom soit évoqué, même si une personne Lui associe quelque chose" (Al-Jawâb us-sahîh, 1/240) : la première action demeure aimée de Dieu, et la seconde détestée par Lui. Ibn Taymiyya écrit aussi que, à côté d'actes d'adoration innovées, les Chrétiens ont de la douceur et de la miséricorde ; or ces deux qualités relèvent de ce que Dieu a prescrit aux humains : "وبالجملة، فعامة أنواع العبادات والأعياد التي هم عليها: لم ينزل بها الله كتابا ولا بعث بها رسولا. لكن فيهم رأفة ورحمة؛ وهذا من دين الله" (MF 28/611). Il écrit encore que ce fut dans l'ensemble [jins] de ceux qui suivirent Jésus qu'il y eut cette douceur et miséricorde : aussi bien ceux qui restèrent fidèles à son message que ceux qui le divinisèrent ; par contre, le monachisme ne se trouva pas chez ses Apôtres, n'ayant fait son apparition que plus tard (Al-Jawâb us-sahîh 1/230) [aucun de ses Apôtres non plus ne le divinisa]. On voit dans ces écrits de Ibn Taymiyya qu'il y eut donc bien, même chez ceux qui divinisèrent Jésus (et firent alors du Kufr Akbar - que Dieu déteste -), deux qualités que Dieu aime.

----- Allusion à ces deux points i et ii peut être trouvée dans ce propos de at-Tahâwî : "والمؤمنون كلهم أولياء الرحمن. وأكرمهم عند الله أطوعهم وأتبعهم للقرآن" ('Aqîdat ut-Tahâwî, point n° 65). On en déduit par sens a contrario* que ceux qui ne sont pas mu'min ne sont pas awliyâ' ur-Rahmân (* cela est reconnu chez les hanafites en ce qui concerne le contenu des mutûn).
Note : Le terme "المؤمنون" ayant été ici employé l'est par rapport au khitâb : "وأهل السنة والجماعة على أنه مؤمن ناقص الإيمان، ولولا ذلك لما عذب، كما أنه ناقص البر والتقوى باتفاق المسلمين. وهل يطلق عليه اسم مؤمن؟ هذا فيه القولان؛ والصحيح التفصيل: فإذا سئل عن أحكام الدنيا كعتقه في الكفارة، قيل: هو مؤمن؛ وكذلك إذا سئل عن دخوله في خطاب المؤمنين. وأما إذا سئل عن حكمه في الآخرة، قيل: ليس هذا النوع من المؤمنين الموعودين بالجنة، بل معه إيمان يمنعه الخلود في النار ويدخل به الجنة، بعد أن يعذب في النار إن لم يغفر الله له ذنوبه؛ ولهذا قال من قال: هو مؤمن بإيمانه فاسق بكبيرته، أو: مؤمن ناقص الإيمان" (MF 7/354-355).
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Lire ici mon autre article :
--- Serait-il interdit d'avoir de l'affection (
mahabba) pour un non-musulman ?.

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V) Les actions humaines qui courroucent Dieu (2.A) (qui ne bénéficient donc pas de Sa Irâda Tashrî'iyya), Dieu les déteste. Mais en fait cette détestation, karâhiyya, est à l'échelle de l'individualité de l'action (من حيثية العمل الجزئي هو هو). Cependant, vu que cette mauvaise action aussi, c'est Dieu qui la fait se réaliser (par Irâda Takwîniyya), la globalité de ce qui se réalise ainsi est, pour sa part, aimée de Lui : il s'agit cependant d'une autre échelle (من حيثية أخرى، كلية) :

V') La même chose peut être dite de ce que Dieu fait se réaliser en ce monde de malheurs touchant ceux qu'Il aime, ou ce qu'Il aime (2.C') : il faut y opérer cette distinction entre l'échelle de ce malheur considéré de façon isolée (من حيثية المُصيبة الجزئية) et l'échelle de la globalité de ce qui se réalise ainsi (من حيثية ما يترتَّب على المصيبة من حِكَم كلية) (comme dans ce qui s'est passé ainsi : la destruction de Bayt ul-Maqdis par des polycultistes : "وَقَضَيْنَا إِلَى بَنِي إِسْرَائِيلَ فِي الْكِتَابِ لَتُفْسِدُنَّ فِي الأَرْضِ مَرَّتَيْنِ وَلَتَعْلُنَّ عُلُوًّا كَبِيرًا. فَإِذَا جَاء وَعْدُ أُولاهُمَا بَعَثْنَا عَلَيْكُمْ عِبَادًا لَّنَا أُوْلِي بَأْسٍ شَدِيدٍ فَجَاسُواْ خِلاَلَ الدِّيَارِ وَكَانَ وَعْدًا مَّفْعُولاً ثُمَّ رَدَدْنَا لَكُمُ الْكَرَّةَ عَلَيْهِمْ وَأَمْدَدْنَاكُم بِأَمْوَالٍ وَبَنِينَ وَجَعَلْنَاكُمْ أَكْثَرَ نَفِيرًا إِنْ أَحْسَنتُمْ أَحْسَنتُمْ لِأَنفُسِكُمْ وَإِنْ أَسَأْتُمْ فَلَهَا. فَإِذَا جَاء وَعْدُ الآخِرَةِ لِيَسُوؤُواْ وُجُوهَكُمْ وَلِيَدْخُلُواْ الْمَسْجِدَ كَمَا دَخَلُوهُ أَوَّلَ مَرَّةٍ وَلِيُتَبِّرُواْ مَا عَلَوْاْ تَتْبِيرًا" (Coran 17/4-7) :

J'ai noté cette distinction dans certains écrits de Ibn Taymiyya.

L'un se lit ainsi (c'est le dernier paragraphe qui est parlant) :
"وهو سبحانه أحسن كل شئ خلقه، إذ كل موجود فلا بد فيه من وجه الحكمة التي خلقه الله لها، ومن ذلك الوجه يكون حسنا محبوبا؛ وإن كان [أي ومع ذلك فـ] من وجه آخر يكون مستلزما شيئا يحبه الله ويرضاه أعظم مما فيه نفسه من البغض
فهذا موجود فينا؛ فقد يفعل الشخص الفعل كشرب الدواء الكرية الذي بغضه له أعظم من حبه له، وهذا لما تضمن ما هو محبته له أعظم من بغضه للدواء: أراده وشاءه وفعله؛ فأراد بالإرادة الجازمة المقارنة للقدرة فعلا فيه مما يبغضه أكثر مما يحبه لكونه مستلزما لدفع ما هو إليه أبغض، ولحصول ما محبته له أعظم من بغضه؛ لهذا فإن بغضه للمرض ومحبته للعافية أعظم من بغضه للدواء
فالأعيان التي نبغضها كالشياطين والكافرين، وكذلك الأفعال التي نبغضها من الكفر والفسوق والعصيان، خلقها وأراد وجودها لما تستلزمه من الحكمة التي يحبها، ولما في وجودها من دفع ما هو إليه أبغض؛ فهي مرادة له؛ وهي مبغضة له مسخوطة كما بينا هذا في غير هذا الموضع" (Al-Istiqâma, p. 116 / tome 1 p. 441).

L'autre est comme suit (c'est la dernière phrase qui est révélatrice) :
"فما يقع في الوجود من المنكرات، هي مرادة لله إرادة كونية داخلة في كلماته التي لا يجاوزهن بر ولا فاجر؛ وهو سبحانه مع ذلك لم يردها إرادة دينية ولا هي موافقة لكلماته الدينية، ولا يرضى لعباده الكفر ولا يأمر بالفحشاء؛ فصارت له من وجه مكروهة" (MF 18/134).

En fait, Dieu crée tout par Sa volonté existentielle (irâda takwîniyya), et, vivant au milieu de ce que Dieu crée ainsi, et à cause de cela, l'homme (de même que le djinn) est mis à l'épreuve :
--- l'homme est-il capable de résister personnellement aux tentations auxquelles il fait face et que Dieu a voulues (irâda takwîniyya), en donnant préférence à ce que Dieu veut (irâda tashrî'iyya) sur le fait de vivre ces tentations sans tenir compte de ce que Dieu veut pour lui ?
--- et puis, fait-il ce qu'il peut faire (ce qui est mashrû' pour lui, selon la situation dans laquelle il se trouve) pour contribuer à la résorption de ce mal moral et à l'émergence du bien moral, donc de ce que Dieu aime (hubb) et agrée (ridhâ) au niveau des actions individuelles ?
--- enfin, fait-il ce qui est en son possible (et qui est licite) pour soulager sa propre souffrance ainsi que la souffrance des créatures qui l'entourent, face aux malheurs qui frappent ?

Cependant, au-delà de ces efforts que l'individu peut et doit fournir pour se faire se réaliser ce que Dieu aime (hubb) et agrée (ridhâ) de croyances et d'actions individuelles, il est des choses qui dépassent ce qu'il entreprend :
--- il y a ce qui l'atteint sans que, à l'échelle de sa personne, il y soit pour quelque chose : par exemple un cataclysme s'est abattu sur tout ce qu'il avait patiemment réalisé pour venir en aide aux démunis ;
--- il y a également les oppositions que d'autres personnes dressent sur son chemin, oppositions sur lesquelles il n'a aucune emprise, et qui font échouer son entreprise ;
--- il y a encore ce qui l'atteint à cause de la faute d'autres personnes autour de lui.
Tout cela relève de l'échelle globale (kullî). Et là se trouve la Sagesse de Dieu, qui mène le monde vers ce qui constitue pour lui le Bien Global, bien que cela passe par des Maux moraux, à l'échelle individuelle.

Les difficultés qui touchent le Croyant constituent des Epreuves : Dieu éprouve, teste, Son serviteur, celui-là qui affirme qu'il Lui est allié, fidèle, aimant et obéissant :
--- avec, pour signifier "épreuve", le terme Balâ' : "وَلَنَبْلُوَنَّكُمْ بِشَيْءٍ مِّنَ الْخَوفِ وَالْجُوعِ وَنَقْصٍ مِّنَ الأَمَوَالِ وَالأنفُسِ وَالثَّمَرَاتِ. وَبَشِّرِ الصَّابِرِينَ الَّذِينَ إِذَا أَصَابَتْهُم مُّصِيبَةٌ قَالُواْ إِنَّا لِلّهِ وَإِنَّا إِلَيْهِ رَاجِعونَ أُولَئِكَ عَلَيْهِمْ صَلَوَاتٌ مِّن رَّبِّهِمْ وَرَحْمَةٌ وَأُولَئِكَ هُمُ الْمُهْتَدُونَ" (Coran 2/154-157) ;
--- avec, pour signifier "épreuve", le terme Fitna : "أَحَسِبَ النَّاسُ أَن يُتْرَكُوا أَن يَقُولُوا آمَنَّا وَهُمْ لَا يُفْتَنُونَ؟ وَلَقَدْ فَتَنَّا الَّذِينَ مِن قَبْلِهِمْ فَلَيَعْلَمَنَّ اللَّهُ الَّذِينَ صَدَقُوا وَلَيَعْلَمَنَّ الْكَاذِبِينَ" (Coran 29/2-3). Puis : "وَمِنَ النَّاسِ مَن يَقُولُ آمَنَّا بِاللَّهِ فَإِذَا أُوذِيَ فِي اللَّهِ جَعَلَ فِتْنَةَ النَّاسِ كَعَذَابِ اللَّهِ وَلَئِن جَاء نَصْرٌ مِّن رَّبِّكَ لَيَقُولُنَّ إِنَّا كُنَّا مَعَكُمْ أَوَلَيْسَ اللَّهُ بِأَعْلَمَ بِمَا فِي صُدُورِ الْعَالَمِينَ وَلَيَعْلَمَنَّ اللَّهُ الَّذِينَ آمَنُوا وَلَيَعْلَمَنَّ الْمُنَافِقِينَ" (Coran 29/10-11). "أَمْ حَسِبْتُمْ أَن تَدْخُلُواْ الْجَنَّةَ وَلَمَّا يَأْتِكُم مَّثَلُ الَّذِينَ خَلَوْاْ مِن قَبْلِكُم؟ مَّسَّتْهُمُ الْبَأْسَاء وَالضَّرَّاء وَزُلْزِلُواْ حَتَّى يَقُولَ الرَّسُولُ وَالَّذِينَ آمَنُواْ مَعَهُ مَتَى نَصْرُ اللّهِ. أَلا إِنَّ نَصْرَ اللّهِ قَرِيبٌ" (Coran 2/214).

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On voit très bien cela au travers par exemple de la défaite des musulmans face aux polycultistes mecquois à Uhud (en l'an 3 de l'hégire) :

– Cette défaite s'est concrétisée par la Volonté takwînî de Dieu : "وَمَا أَصَابَكُمْ يَوْمَ الْتَقَى الْجَمْعَانِ فَبِإِذْنِ اللّهِ" (Coran 3/166) : le Idhn ici évoqué est le Idhn Takwînî de Dieu.

– Cette Volonté de Dieu de créer la défaite du groupe de Son Messager (alors en tout 700 personnes) s'est faite suite à la désobéissance de seulement 40 personnes (d'entre ce groupe) à un ordre strict, donné à eux par ce Messager de Dieu (sur lui soit la paix). Les 660 autres hommes ont donc été atteints par ce malheur selon la Volonté de Dieu, elle-même faisant suite à l'action de 40 personnes, sur lesquelles 650 autres hommes n'avaient aucune emprise (se trouvant en un lieu différent) (10 autres hommes tentèrent bien de dissuader ces 40 personnes d'entreprendre ce qu'elles décidèrent de faire, mais sans succès). On voit bien, ici, que la globalité de ce que Dieu fait se réaliser dépasse ce que l'individu peut, lui, entreprendre de bien.

– Cette défaite a ainsi été causée par une action de désobéissance, une action que Dieu déteste, et qui Le met en colère (2.A) ("ما يكرهه الله من عمل الثقلين، فيغضب به") (même s'Il a affirmé leur avoir ensuite pardonné cette désobéissance) : "وَلَقَدْ صَدَقَكُمُ اللّهُ وَعْدَهُ إِذْ تَحُسُّونَهُم بِإِذْنِهِ حَتَّى إِذَا فَشِلْتُمْ وَتَنَازَعْتُمْ فِي الأَمْرِ وَعَصَيْتُم مِّن بَعْدِ مَا أَرَاكُم مَّا تُحِبُّونَ مِنكُم مَّن يُرِيدُ الدُّنْيَا وَمِنكُم مَّن يُرِيدُ الآخِرَةَ ثُمَّ صَرَفَكُمْ عَنْهُمْ لِيَبْتَلِيَكُمْ وَلَقَدْ عَفَا عَنكُمْ وَاللّهُ ذُو فَضْلٍ عَلَى الْمُؤْمِنِينَ" (Coran 3/152). "أَوَلَمَّا أَصَابَتْكُم مُّصِيبَةٌ قَدْ أَصَبْتُم مِّثْلَيْهَا قُلْتُمْ أَنَّى هَذَا قُلْ هُوَ مِنْ عِندِ أَنْفُسِكُمْ" (Coran 3/165).

– Cette défaite, bien que voulue par Dieu (irâda takwîniyya), est quelque chose que Dieu n'aime pas en soi (2.B) ("ما يكرهه الله في حدّ ذاته") : car il s'agit de la défaite du Messager et des pieux Croyants. Or Dieu a dit : "كَتَبَ اللَّهُ لَأَغْلِبَنَّ أَنَا وَرُسُلِي" (Coran 58/21). "وَلَقَدْ سَبَقَتْ كَلِمَتُنَا لِعِبَادِنَا الْمُرْسَلِينَ إِنَّهُمْ لَهُمُ الْمَنصُورُونَ" (Coran 37/171-172). "إِنَّا لَنَنصُرُ رُسُلَنَا وَالَّذِينَ آمَنُوا فِي الْحَيَاةِ الدُّنْيَا وَيَوْمَ يَقُومُ الْأَشْهَادُ" (Coran 40/51).

Mais l'alternance des victoires et des défaites est chose habituelle dans le Réel que Dieu crée dans le monde des humains : "وَتِلْكَ الأيَّامُ نُدَاوِلُهَا بَيْنَ النَّاسِ" (Coran 3/140).

De plus, cette défaite a rendu possible des choses qui constituent des avantages, et que Dieu a évoquées dans le Coran ("يصيب الله به بسبب الحكمة الكلية") :
--- éprouver les musulmans, et faire apparaître ainsi :
---------- qui sont ceux qui sont patients : "أَمْ حَسِبْتُمْ أَن تَدْخُلُواْ الْجَنَّةَ وَلَمَّا يَعْلَمِ اللّهُ الَّذِينَ جَاهَدُواْ مِنكُمْ وَيَعْلَمَ الصَّابِرِينَ" (Coran 3/142) ;
--------- et qui sont ceux dont la Foi était faible : "وَلِيَبْتَلِيَ اللّهُ مَا فِي صُدُورِكُمْ وَلِيُمَحَّصَ مَا فِي قُلُوبِكُمْ وَاللّهُ عَلِيمٌ بِذَاتِ الصُّدُورِ" (Coran 3/154) ; les Hypocrites dans la Foi se sont d'ailleurs alors dévoilés : "وَطَآئِفَةٌ قَدْ أَهَمَّتْهُمْ أَنفُسُهُمْ يَظُنُّونَ بِاللّهِ غَيْرَ الْحَقِّ ظَنَّ الْجَاهِلِيَّةِ يَقُولُونَ هَل لَّنَا مِنَ الأَمْرِ مِن شَيْءٍ قُلْ إِنَّ الأَمْرَ كُلَّهُ لِلَّهِ يُخْفُونَ فِي أَنفُسِهِم مَّا لاَ يُبْدُونَ لَكَ يَقُولُونَ لَوْ كَانَ لَنَا مِنَ الأَمْرِ شَيْءٌ مَّا قُتِلْنَا هَاهُنَا قُل لَّوْ كُنتُمْ فِي بُيُوتِكُمْ لَبَرَزَ الَّذِينَ كُتِبَ عَلَيْهِمُ الْقَتْلُ إِلَى مَضَاجِعِهِمْ" (Coran 3/154) ;
--- prendre des martyrs parmi les Croyants : "وَيَتَّخِذَ مِنكُمْ شُهَدَاء" (Coran 3/140) ;
--- montrer à de sincères croyants qu'ils peuvent avoir des faiblesses, lesquelles s'expriment lors de telles épreuves : "إِنَّ الَّذِينَ تَوَلَّوْاْ مِنكُمْ يَوْمَ الْتَقَى الْجَمْعَانِ إِنَّمَا اسْتَزَلَّهُمُ الشَّيْطَانُ بِبَعْضِ مَا كَسَبُواْ وَلَقَدْ عَفَا اللّهُ عَنْهُمْ إِنَّ اللّهَ غَفُورٌ حَلِيمٌ" (Coran 3/155) ;
--- montrer à tous les Croyants à venir quel effet a la désobéissance (Zâd ul-ma'âd, 3/218-219) ;
--- peu après la volte-face de l'ennemi Mecquois, et alors que le Prophète avait dû se replier, la rumeur s'était répandue sur le champ de bataille que le Prophète avait été tué, et certains Compagnons avaient alors baissé les bras, abattus par cette nouvelle. Or cela a constitué une préparation pour ce qui allait devoir arriver un jour ou l'autre : le décès du Prophète : "وَمَا مُحَمَّدٌ إِلاَّ رَسُولٌ قَدْ خَلَتْ مِن قَبْلِهِ الرُّسُلُ أَفَإِن مَّاتَ أَوْ قُتِلَ انقَلَبْتُمْ عَلَى أَعْقَابِكُمْ وَمَن يَنقَلِبْ عَلَىَ عَقِبَيْهِ فَلَن يَضُرَّ اللّهَ شَيْئًا" (Coran 3/144).

Wallâhu A'lam (Dieu sait mieux).

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