Quelques-uns des Ijtihâds et des Réalisations que Omar ibn ul-Khattâb (que Dieu l'agrée) a faits : certains sont dûs à un Contexte qui fut nouveau par rapport au Contexte du Prophète (que Dieu le bénisse et le salue)

-
Ci-après, seront qualifiés de :

"action de type 1" : l'action que le Prophète avait, de son vivant, demandé de faire, et que Omar a simplement appliquée durant son califat ;
–--- "action de type 1.2" : l'action au sujet de laquelle le Prophète avait communiqué un hukm dînî, mais ce hukm n'avait pas été connu par tous, et dont Omar a en fait fait connaître et diffusé le hukm ;

"ijtihâd de type 2" : le cas où Omar a fait un qiyâs ut-tamthîl ;

"ijtihâd de type 3" : le cas où Omar a fait un qiyâs ul-maslaha : il a entrepris quelque chose d'inédit, par Maslaha ; cela correspond aux "réalisations de Omar" (awwaliyyâtu Umar) ;

"ijtihâd de type 4" : l'étude très rigoureuse et précise que Omar a faite d'un Texte (du Coran ou de la Sunna) avant de l'appliquer, ce qui l'a conduit à une application ne se limitant pas à la seule littéralité du Texte ;
–--- "ijtihâd de type 4.2" : l'étude très rigoureuse et précise que Omar a faite d'un Texte avant de l'appliquer en interaction avec un Contexte nouveau.

Le fait est que le célèbre hadîth parle, pour rester dans la voie de l'orthodoxie quand viendra une époque où différentes voies se présenteront toutes comme "islamiques", de choisir la Sunna du Prophète et la Sunna de ses califes reconnus comme "bien guidés" : "عن العرباض بن سارية قال: قام فينا رسول الله صلى الله عليه وسلم ذات يوم، فوعظنا موعظة بليغة وجلت منها القلوب، وذرفت منها العيون، فقيل: "يا رسول الله، وعظتنا موعظة مودع! فاعهد إلينا بعهد." فقال: "عليكم بتقوى الله، والسمع والطاعة وإن عبدا حبشيا. وسترون من بعدي اختلافا شديدا؛ فـعليكم بسُنّتي وسُنّة الخلفاء الراشدين المهديين، عضوا عليها بالنواجذ؛ وإياكم والأمور المحدثات، فإن كل بدعة ضلالة" : "(...) Et vous verrez après moi des divergences fortes : à ce moment-là, attachez-vous fermement, en y mordant, à ma Sunna et la Sunna des califes bien guidés après moi ; et préservez-vous des choses innovées (Muhdath), car toute innovation (Bid'a) est un égarement" (at-Tirmidhî, 2676, Ibn Mâja, 42, et c'est sa version qui a été reproduite ici). Ici le Prophète a évoqué les divergences où :
- d'un côté il y a la croyance, la pratique cultuelle ou encore le hukm qui figure explicitement dans la Sunna du Prophète, ou qui, au moins, n'est pas contraire à la Sunna (la preuve de cela étant que les Compagnons, et surtout les Califes bien guidés, l'ont institué),
- alors que de l'autre côté il y a une croyance, une pratique cultuelle ou un hukm qui est une Bid'a.
Cela peut être remarqué par le fait que cet amr ta'abbudî (dans les croyances ou dans les actions) n'a pas été adopté par les Compagnons, et surtout par les califes bien guidés, alors même que ce qui peut être considéré comme "élément le nécessitant (muqtadhî)" était alors présent.

Comment comprendre cette formule de "la Sunna des califes bien guidés" ? Y aurait-il une Sunna du Prophète, et une Sunna de ses Califes ?
Alî al-qârî explique cette formule ainsi : "وسنة الخلفاء الراشدين": فإنهم لم يعملوا إلا بسنتي؛ فالإضافة إليهم إما لعملهم بها أو لاستنباطهم واختيارهم إياها" (Mirqât) :
--- le premier cas de figure ici mentionné relève de l'action de type 1 ;
--- le second cas de figure correspond aux ijtihads : de type 2, de type 3 et de type 4.

-
Note préalable : Omar ibn ul-Khattâb (que Dieu l'agrée) a eu parmi ses épouses la petite fille du Prophète (que Dieu le bénisse et le salue) : Ummu Kulthûm fille de 'Alî ibn Abî Talib et de Fâtima bint Rassûlillâh (que Dieu les agrée) :

"قال ثعلبة بن أبي مالك: إن عمر بن الخطاب رضي الله عنه قسم مروطا بين نساء من نساء المدينة، فبقي مرط جيد، فقال له بعض من عنده: "يا أمير المؤمنين، أعط هذا ابنة رسول الله صلى الله عليه وسلم التي عندكيريدون أم كلثوم بنت علي. فقال عمر: "أم سليط أحق"، وأم سليط من نساء الأنصار، ممن بايع رسول الله صلى الله عليه وسلم، قال عمر: "فإنها كانت تزفر لنا القرب يوم أحد" (al-Bukhârî, 2725).

Ce fut suite à la demande en mariage adressée à lui par Omar que Alî ibn Abî Tâlib les maria.

Omar et Ummu Kulthûm bint Alî eurent un fils : Zayd ibn Omar, ainsi qu'une fille : Ruqayya bint Omar.

-

La recherche pure (talab ul-'ilm) :

--- Omar ibn ul-Khattâb (que Dieu l'agrée) faisait des recherches personnelles et avait des questionnement au sujet du sens de versets du Coran, ou de points du Dîn [action de type 1] :

--- "قال عمر رضي الله عنه، يوما لأصحاب النبي صلى الله عليه وسلم: فيم ترون هذه الآية نزلت: {أيود أحدكم أن تكون له جنة}؟ قالوا: الله أعلم. فغضب عمر فقال: «قولوا نعلم أو لا نعلم».،فقال ابن عباس: في نفسي منها شيء يا أمير المؤمنين. قال عمر: «يا ابن أخي قل ولا تحقر نفسك.» قال ابن عباس: ضربت مثلا لعمل. قال عمر: «أي عمل؟» قال ابن عباس: لعمل. قال عمر: «لرجل غني يعمل بطاعة الله عز وجل، ثم بعث الله له الشيطان، فعمل بالمعاصي حتى أغرق أعماله" (al-Bukhârî, 4264).

--- "عن ابن عمر رضي الله عنهما، قال: خطب عمر على منبر رسول الله صلى الله عليه وسلم فقال: "إنه قد نزل تحريم الخمر وهي من خمسة أشياء: العنب والتمر والحنطة والشعير والعسل، والخمر ما خامر العقل. وثلاث وددت أن رسول الله صلى الله عليه وسلم لم يفارقنا حتى يعهد إلينا عهدا: الجد، والكلالة، وأبواب من أبواب الربا" (al-Bukhârî, 5266, Muslim, 3032).

--- Vérification de l'authenticité de ce qui est attribué au Prophète (sur lui soit la paix) [action de type 1] :
----- Omar demanda une fois quelle règle devait s'appliquer au cas où une femme enceinte perdait son enfant à cause d'un coup volontaire de la part de quelqu'un. Al-Mughîra ibn Shu'ba affirma qu'il avait entendu le Prophète dire que l'auteur du coup devait dédommager la mère par un esclave. Omar exigea : "Amène-moi quelqu'un qui témoigne avec toi (avoir entendu cela du Prophète) !" Muhammad ibn Maslama apporta alors son témoignage (al-Bukhârî, Muslim).
----- Abû Mûssâ al-ash'arî ayant un jour rapporté que le Prophète avait dit : "On doit demander par trois fois la permission d'entrer dans une maison. Si on obtient la permission, tant mieux, sinon doit s'en retourner". Omar lui demanda alors d'apporter le témoignage de quelqu'un d'autre ayant lui aussi entendu cette parole du Prophète. Abû Sa'îd al-Khud'rî apporta ensuite ce témoignage (al-Bukhârî, Muslim). Omar dit alors à Abû Mûssâ : "Sache que je n'ai pas de doute à ton sujet. Mais je crains que des gens ne se mettent à inventer des propos et qu'ils les attribuent au Prophète" (Abû Dâoûd, 5184).
----- Omar, envoyant une délégation de Compagnons ansârites dans la ville de Kufa (en Irak), les accompagna jusqu'à ce qu'ils quittent la ville de Médine. Il leur fit entre autres recommandations : "Vous allez partir pour Kufa et vous rendre auprès de gens qui récitent souvent le Coran. Ces gens diront à votre arrivée : "Des Compagnons du Prophète sont arrivés, des Compagnons du Prophète sont arrivés !", et viendront vous rencontrer pour vous demander de leur citer des Hadîths. Citez avec parcimonie des paroles du Prophète… " : "عن قرظة بن كعب، قال: بعثنا عمر بن الخطاب إلى الكوفة وشيعنا، فمشى معنا إلى موضع يقال له صرار، فقال: "أتدرون لم مشيت معكم؟" قال: قلنا: لحق صحبة رسول الله صلى الله عليه وسلم، ولحق الأنصار! قال: "لكني مشيت معكم لحديث أردت أن أحدثكم به، فأردت أن تحفظوه لممشاي معكم، إنكم تقدمون على قوم للقرآن في صدورهم هزيز كهزيز المرجل، فإذا رأوكم مدوا إليكم أعناقهم، وقالوا: "أصحاب محمد"؛ فأقلوا الرواية عن رسول الله صلى الله عليه وسلم. ثم أنا شريككم" (rapporté par Ibn Mâja, 28, ad-Dârimî, 282).

--- Omar a affirmé que Fâtima bint Qays s'est apparemment trompée dans ce qu'elle a relaté du Prophète à propos de ce que celui-ci lui a dit quand elle a été divorcée. Omar a affirmé pour sa part que la femme divorcée de façon irréversible a le droit d'être nourrie et logée [ijtihâd de type 4] :
"عن أبي إسحاق، قال: كنت مع الأسود بن يزيد جالسا في المسجد الأعظم، ومعنا الشعبي. فحدث الشعبي بحديث فاطمة بنت قيس: "أن رسول الله صلى الله عليه وسلم، لم يجعل لها سكنى ولا نفقة". ثم أخذ الأسود كفا من حصى، فحصبه به، فقال: "ويلك تحدث بمثل هذا! قال عمر: "لا نترك كتاب الله وسنة نبينا صلى الله عليه وسلم لقول امرأة لا ندري لعلها حفظت أو نسيت! لها السكنى والنفقة! قال الله عز وجل: {لا تخرجوهن من بيوتهن ولا يخرجن إلا أن يأتين بفاحشة مبينة}" (Muslim, 1480). Lire notre article exposant le raisonnement ayant été fait ici sur la base de la généralité.

-
Il a veillé à ce que des Bid'a ne s'installent pas :

---  [ijtihâd de type 3] Nâfi' relate : "Omar ibn ul-Khattâb apprit que des gens se rendaient auprès de l'arbre sous lequel le serment avait eu lieu. Il ordonna alors que cet (arbre) soit coupé" (Mussannaf Ibn Abî Shayba, 7627, 2/375 – 5/179 dans l'édition que je possède. Voir aussi Fat'h ul-bârî 7/558 qui cite Ibn Sa'd ayant rapporté ce fait "avec une chaîne de transmission authentique").

--- [ijtihâd de type 3] Al-Ma'rûr ibn Suwayd relate : "Nous sommes allés avec Omar pour un pèlerinage qu'il fit. [Un jour,] pendant la prière de l'aube, il récita, dans la prière qu'il dirigea devant nous, les sourates al-Fîl et Quraysh. Lorsqu'il eut terminé son pèlerinage et qu'il retournait, (il vit) des gens se précipiter. "Qu'est-ce ?" demanda-t-il. On lui dit : "(Ils se rendent à) un lieu où le Messager de Dieu, que Dieu le bénisse et le salue, a accompli la prière." Il dit alors : "C'est ainsi que se perdirent les gens du Livre : ils prirent les lieux (âthâr) de leurs prophètes comme lieux de prosternation [adressée à Dieu]. Celui d'entre vous à qui une prière survient en ce lieu, qu'il (y) accomplisse la prière ! Et celui d'entre vous à qui une prière ne survient pas en ce lieu, qu'il n'(y) accomplisse pas la prière !" (Mussannaf Ibn Abî Shayba, n° 7632, 2/376-377 – 5/183 dans l'édition que je possède. Cité également dans Fat'h ul-bârî 1/731, et dans Al-Iqtidhâ', p. 355, avec, comme dernière phrase : "Et celui d'entre vous à qui une prière ne survient pas en ce lieu, qu'il passe son chemin !" ).

-
Concernant la prière rituelle :

--- Unification du nombre de takbîrs de la salât ul-janâza [ijtihad de type 4.2] :
"كان زيد بن أرقم يُكبِّر على الجنائز أربع تكبيرات؛ وإنه كبَّر على جنازة خمس تكبيرات؛ فسأله عنه عبد الرحمن بن أبي ليلى فقال: كان رسول الله صلى الله عليه وسلم يكبرها" : Zayd ibn Arqam faisait 4 Takbîr lors des prières funéraires. Un jour il en fit 5. Ayant été questionné à ce sujet, il répondit que le Prophète (que Dieu le bénisse et le salue) le faisait (Muslim, 957, at-Tirmidhî, 1023, Abû Dâoûd, 3157, etc.). La même chose est relatée de Hudhayfa (Ibn Abî Shayba, at-Tahâwî).
"قال إبراهيم: "قبض رسول الله صلى الله عليه وسلم والناس مختلفون في التكبير على الجنائز؛ لا تشاء أن تسمع رجلا يقول سمعت رسول الله صلى الله عليه وسلم يكبر سبعًا، وآخر يقول سمعت رسول الله صلى الله عليه وسلم يكبر خمسًا، وآخر يقول سمعت رسول الله صلى الله عليه وسلم يكبر أربعًا، إلا سمعته؛ فاختلفوا في ذلك. فكانوا على ذلك حتى قبض أبو بكر رضي الله عنه. فلما ولى عمر رضي الله عنه ورأى اختلاف الناس في ذلك، شق ذلك عليه جدًّا. فأرسل الى رجال من أصحاب رسول الله صلى الله عليه وسلم فقال: "إنكم معاشر أصحاب رسول الله صلى الله عليه وسلم متى تختلفون على الناس يختلفون من بعدكم؛ ومتى تجتمعون على أمر يجتمع الناس عليه؛ فانظروا أمرا تجتمعون عليه". فكأنما أيقظهم  فقالوا: "نِعْمَ ما رأيتَ يا أمير المؤمنين! فأشر علينا." فقال عمر رضي الله عنه: "بل أشيروا أنتم علىَّ؛ فإنما أنا بشر مثلكم." فتراجعوا الأمر بينهم. فأجمعوا أمرهم على أن يجعلوا التكبير على الجنائز مثل التكبير في الأضحى والفطر: أربع تكبيرات. فأجمع أمرهم على ذلك" :
Ibrahîm relate : Le Messager de Dieu (que Dieu le bénisse et le salue) quitta ce monde en laissant les gens divergents quant au (nombre de) Takbîrs dans les prières funéraires. Tu pouvais entendre un homme dire : "J'ai entendu le Messager de Dieu faire 7 Takbîr", un autre dire : "J'ai entendu le Messager de Dieu faire 5 Takbîr", un autre dire : "J'ai entendu le Messager de Dieu faire 4 Takbîr". Ils étaient donc divergents à ce sujet. Et ils furent ainsi jusqu'à ce que Abû Bakr quitte ce monde. Lorsque Omar devint responsable et qu'il vit la divergence des gens à ce sujet, cela le peina. Il fit appeler certains Compagnons du Prophète et leur dit : "Vous, Compagnons du Prophète, si vous divergez devant les gens, les gens divergeront après vous. Et si vous êtes unanimes sur quelque chose, les gens seront unanimes dessus. Regardez donc quelque chose sur quoi vous serez unanimes." Ce fut comme s'il les avait réveillés. Ils dirent : "Combien ton avis est bon, chef des croyants ! Indique-nous." Omar leur dit : "Plutôt, vous, indiquez-moi, car je ne suis qu'un humain comme vous." Ils se consultèrent entre eux, puis ils (finirent par) prendre comme décision que le nombre de Takbîr lors des prières funéraires serait comme celui des Takbîr lors des prières de Eid ul-adh'hâ et Eid ul-fitr : 4 Takbîr. Ils se mirent d'accord sur cela" (at-Tahâwî in Shar'h ma'ânî-l-âthâr, 1/495-496). (Ibn 'Abd il-Barr y a fait allusion dans Jâmi' bayân il-'ilm wa fadhlih, bâb 66.)

--- Instauration de l'accomplissement quotidien, en groupe, des prières des Tarâwîh [ijtihad de type 4.2] :
C'est en l'an 14 de l'hégire que Omar institua cela (Al-Bidâya wa-n-nihâya, 7/52). Et Omar fit écrire à toutes les villes musulmanes leur demandant d'instituer l'accomplissement de cette prière en groupe (Ibid.).
"عن عبد الرحمن بن عبد القاري، أنه قال: خرجت مع عمر بن الخطاب رضي الله عنه، ليلة في رمضان إلى المسجد، فإذا الناس أوزاع متفرقون، يصلي الرجل لنفسه، ويصلي الرجل فيصلي بصلاته الرهط، فقال عمر: "إني أرى لو جمعت هؤلاء على قارئ واحد، لكان أمثل"؛ ثم عزم، فجمعهم على أبي بن كعب. ثم خرجت معه ليلة أخرى، والناس يصلون بصلاة قارئهم، قال عمر: "نعم البدعة هذه، والتي ينامون عنها أفضل من التي يقومون" يريد آخر الليل، وكان الناس يقومون أوله" : Durant son califat, Omar ibn ul-Khattâb, se rendant à la mosquée pendant une nuit de ramadan, vit les gens en train d'y accomplir la prière de nuit de façon séparée : un homme priait seul, un autre priait avec un petit groupe sous sa direction. Omar dit alors : "Je pense que si je réunissais ces gens sous la direction d'un seul lecteur, ce serait mieux". En ayant pris la décision, il les réunit sous la direction de Ubayy ibn Ka'b. Se rendant une autre fois et voyant les gens accomplir la prière de nuit sous la direction du imam nommé, il prononça une parole d'appréciation, mais ajouta : "Ce par rapport à quoi ils restent endormis est (néanmoins) meilleur que ce pour quoi ils se tiennent debout" ("il voulait parler, dit le transmetteur, de la fin de la nuit ; ces gens priaient au début de la nuit") (rapporté par al-Bukhârî, 1906). Soit Omar voulait dire : "La salât ut-tahajjud, au moment de laquelle ils restent endormis, est meilleure que la salât ut-tarâwîh". Soit il voulait parler ici de "sâ'ah" et voulait donc dire : "La fin de la nuit, heure à laquelle ils restent endormis, est meilleure pour l'accomplissement de ce qiyâm ul-layl que le début de la nuit, heure à laquelle eux l'accomplissent".
Cette continuité est-elle une nouveauté instituée par Omar ibn ul-Khattâb ? Oui (c'est une bid'a lughawiyya, comme l'a expliqué Ibn Taymiyya, et c'est là le sens de la parole d'appréciation de Omar "Ni'mat il-bid'atu hâdhihî !", qu'il prononça quand il vit l'accomplissement en groupe).
Mais cette continuité est-elle une bid'a shari'yya ? Non.

-
Concernant la zakat :

--- Un verset énonce les catégories des bénéficiaires de la zakât ainsi : "إِنَّمَا الصَّدَقَاتُ لِلْفُقَرَاء وَالْمَسَاكِينِ وَالْعَامِلِينَ عَلَيْهَا وَالْمُؤَلَّفَةِ قُلُوبُهُمْ وَفِي الرِّقَابِ وَالْغَارِمِينَ وَفِي سَبِيلِ اللّهِ وَابْنِ السَّبِيلِ فَرِيضَةً مِّنَ اللّهِ وَاللّهُ عَلِيمٌ حَكِيمٌ" (Coran 9/60). On lit ici, parmi ces bénéficiaires : "الْمُؤَلَّفَةِ قُلُوبُهُمْ", "ceux dont les cœurs sont à gagner". Dans le verset, cette possibilité de s'acquitter de la zakât (mashrû'iyyat ul-adâ') par ce moyen a été communiquée de façon inconditionnelle (mutlaq). Or Omar ibn ul-Khattâb (que Dieu l'agrée) l'a comprise comme étant liée à un contexte particulier [ijtihad de type 4.2] :
En effet, à des personnes à qui le Prophète donnait de la zakât sans qu'elles soient pauvres et qui étaient venues réclamer après le Prophète ce qu'elles estimaient être leur dû, Omar dit : "Dieu a renforcé l'Islam" et leur dit qu'elles ne recevraient maintenant plus rien de tel (Badâ'i' us-sanâ'i'). "قال عمر بن الخطاب رضي الله عنه وقد أتاه عيينة بن حصين: {الحق من ربكم فمن شاء فليؤمن ومن شاء فليكفر}: يعني: ليس اليوم مؤلفة" (Nasb ur-râya, sur la foi de at-Tabarî), et : "عن عامر الشعبي، قال: إنما كانت المؤلفة على عهد رسول الله صلى الله عليه وسلم، فلما ولي أبو بكر رضي الله عنه انقطعت" (Nasb ur-râya, sur la foi de Ibn Abî Shayba).
Ibn Taymiyya a écrit sur le sujet qu'il s'agit d'une prescription (shar') qui est liée à une cause (sabab) : "وبالجملة فما شرعه النبي صلى الله عليه وسلم لأمته شرعا لازما، إنما لا يمكن تغييره لأنه لا يمكن نسخ بعد رسول الله صلى الله عليه وسلم. (...) وما شرعه النبي صلى الله عليه وسلم شرعا معلقا بسبب: إنما يكون مشروعا عند وجود السبب؛ كإعطاء المؤلفة قلوبهم؛ فإنه ثابت بالكتاب والسنة؛ وبعض الناس ظن أن هذا نسخ لما روي عن عمر أنه ذكر أن الله أغنى عن التألف فمن شاء فليؤمن ومن شاء فليكفر؛ وهذا الظن غلط؛ ولكن عمر استغنى في زمنه عن إعطاء المؤلفة قلوبهم فترك ذلك لعدم الحاجة إليه، لا لنسخه؛ كما لو فرض أنه عدم في بعض الأوقات ابن السبيل والغارم ونحو ذلك" (MF 33/93-94).
Il y a ici 2 choses :
– la légalité (mashrû'iyya) de s'acquitter de la zakât en la remettant à ceux dont les cœurs sont à gagner ;
– la nécessité (maslaha hâjiyya) pour les musulmans de gagner des cœurs.
Le verset :
- parle seulement de la première chose – qui est donc "mansûs 'alayh" – ;
- ne parle pas de la seconde – qui est la cause (sabab) de la première chose (la légalité de s'acquitter de la zakât par ce moyen).
Or la seconde chose est de type "maslahî" : elle est laissée à l'appréciation du Mujtahid : c'est à celui-ci que revient la prérogative d'évaluer s'il y a maslaha ou non à appliquer ce qui est une possibilité. (Différentes catégories par rapport à la plus ou moins grande subtilité dans la prise en considération de la Maslaha / Mafsada que le Réel présente face à la mise en pratique de l'Action requise - "التعارض بين العملين، والموازنة بينهما، والترجيح ؛ الاستصلاح"Quand c'est par rapport à un contexte précis que la Mafsada de l'action domine sa Maslaha (النَسْء - فقه اختلافات الأحوال التي تعيشها كل جالية مسلمة).)
Dès lors :
--- si la situation dans laquelle l'islam se trouve est telle qu'elle demande de chercher à gagner des cœurs en offrant des présents ou de l'argent, on le fera ; dès lors, il existera une catégorie de personnes méritant le qualificatif "al-mu'allafatu qulûbuhum", et – conformément au verset coranique – le musulman pourra s'acquitter de la zakât en la leur remettant ;
--- par contre, si la situation dans laquelle l'islam se trouve est telle qu'elle ne demande pas de chercher à gagner des cœurs en offrant des présents ou de l'argent, alors pareille catégorie de personnes n'existera pas dans la réalité ; on ne pourra, alors, pour s'acquitter de la zakât, la remettre à ce genre de personnes, puisqu'il n'y aura pas de "mu'allafatu qulûbuhum". On se trouvera alors dans un cas de fawât ul-mahall.
Ceci est comparable, dit Ibn Taymiyya, à la situation d'une cité où il n'y aurait pas de "personne endettée", "غارم", ni de "voyageur se retrouvant démuni lors de son voyage", "ابن السبيل" : on ne pourrait alors pas remettre la zakât à quelqu'un de ces catégories, bien que mentionnées dans ce verset. Par contre, ici, la seconde chose est de type "wâqi'î" simple.

-
Concernant le pèlerinage :

--- D'après l'un des deux avis, c'est Omar qui a fixé Dhâtu 'Irq comme mîqât pour les gens venant de l'Irak [ijtihad de type 2] :
"عن ابن عمر رضي الله عنهما، قال: لما فتح هذان المصران أتوا عمر، فقالوا: "يا أمير المؤمنين، إن رسول الله صلى الله عليه وسلم حد لأهل نجد قرنا، وهو جور عن طريقنا، وإنا إن أردنا قرنا شق علينا." قال: "فانظروا حذوها من طريقكم." فحد لهم ذات عرق" : Abdullâh ibn Omar raconte : "Des gens des deux villes [Bassora et Kufa, en Irak,] fondées [sur avis de Omar], vinrent un jour trouver celui-ci et lui dirent : "Dirigeant des croyants, le Messager de Dieu a fixé Qarn ul-manâzil [comme mîqât] pour les gens du Nadjd. Or ce lieu est à l'écart du chemin que nous suivons [pour aller à la Mecque]. Et il nous serait difficile de faire un détour par Qarn ul-manâzil." Omar leur dit alors : "Considérez le lieu qui, sur votre chemin, se trouve au niveau de Qarn ul-manâzil ("hadh'wahâ")." C'est ainsi qu'il fixa Dhât-u-'Irq [comme lieu] pour eux" (al-Bukhârî, 1458). Voir notre article parlant des Miqât.

--- Il a recommandé d'accomplir le pèlerinage de type if'râd plutôt que de type qirân ou tamattu' [ijtihad de type 3] :
Omar ibn ul-Khattâb (que Dieu l'agrée) (tout comme Uthmân ibn Affân) disait aux musulmans de ne pas pratiquer la combinaison du petit et du grand pèlerinage (soit les deux types qirân et tamattu) (pour Omar : Muslim 1217, allusif in al-Bukhârî 1496, Muslim 1226 / pour Uthmân : al-Bukhârî 1488, Muslim 1223). En fait Omar ne leur signifiait pas que cela serait interdit, mais qu'il préférait que les musulmans optent pour le grand pèlerinage simple (hajj if'râd) (Shar'h Muslim, 8/169 ; 8/206). Ibn Omar l'a dit à ceux qui le questionnaient : "عن سالم قال: كان عبد الله بن عمر يفتي بالذي أنزل الله عز وجل من الرخصة بالتمتع وسن رسول الله - صلي الله عليه وسلم - فيه. فيقول ناس لابن عمر: "كيف تخالف أباك وقد نهى عن ذلك؟" فيقول لهم عبد الله: "ويلكم، ألا تتقون الله؟ إن كان عمر نهى عن ذلك فيبتغي فيه الخير يلتمس به تمام العمرة، فلم تحرمون ذلك؟ قد أحله الله وعمل به رسول الله - صلي الله عليه وسلم -، أفرسول الله - صلى الله عليه وسلم - أحق أن تتبعوا سنته، أم سنة عمر؟ إن عمر لم يقل لكم إن العمرة في أشهر الحج حرام، ولكنه قال: إن أتم العمرة أن تفردوها من أشهر الحج" (Ahmad, 5700). Ibn ul-Qayyim écrit que c'était seulement là une recommandation par maslaha, et que son objectif était que les musulmans n'accomplissent plus le petit pèlerinage ('umra) pendant la saison du grand pèlerinage (hajj), et viennent donc l'accomplir le reste de l'année ; ainsi, la Kaaba serait visitée tout au long de l'année. Il écrit : "ومن ذلك: اختياره للناس الإفراد بالحج، ليعتمروا في غير أشهر الحج، فلا يزال البيت الحرام مقصودا. فظن بعض الناس أنه نهى عن المتعة، وأنه أوجب الإفراد. وتنازع في ذلك ابن عباس وابن الزبير، وأكثر الناس على ابن عباس في ذلك، وهو يحتج عليهم بالأحاديث الصحيحة الصريحة. فلما أكثروا عليه في ذلك قال: "يوشك أن تنزل عليكم حجارة من السماء! أقول لكم: قال رسول الله صلى الله عليه وسلم، وتقولون: قال أبو بكر وعمر؟" وكذلك ابنه عبد الله كانوا إذا احتجوا عليه بأبيه يقول: "إن عمر لم يرد ما تقولون"؛ فإذا أكثروا عليه قال: "أفرسول الله صلى الله عليه وسلم أحق أن تتبعوا، أم عمر؟". والمقصود أن هذا وأمثاله سياسة جزئية بحسب المصلحة، تختلف باختلاف الأزمنة، فظنها من ظنها شرائع عامة لازمة للأمة إلى يوم القيامة. ولكل عذر وأجر. ومن اجتهد في طاعة الله ورسوله فهو دائر بين الأجر والأجرين. وهذه السياسة التي ساسوا بها الأمة وأضعافها هي تأويل القرآن والسنة. ولكن: هل هي من الشرائع الكلية التي لا تتغير بتغير الأزمنة؟ أم من السياسات الجزئية التابعة للمصالح، فتتقيد بها زمانا ومكانا؟" (At-Turuq ul-hukmiyya, p. 19).

Et pour celui qui choisissait quand même la combinaison du petit et du grand pèlerinages, Omar recommandait d'opter alors (et ce, toujours par maslaha), pour le hajj qirân plutôt que pour le hajj tamattu' : "عن أبي موسى، أنه كان يفتي بالمتعة، فقال له رجل: رويدك ببعض فتياك، فإنك لا تدري ما أحدث أمير المؤمنين في النسك بعد. حتى لقيه بعد، فسأله، فقال عمر: "قد علمت أن النبي صلى الله عليه وسلم قد فعله وأصحابه، ولكن كرهت أن يظلوا معرسين بهن في الأراك، ثم يروحون في الحج تقطر رءوسهم" (Muslim, 1222).
Quant au propos suivant, il concerne seulement la possibilité d'annuler l'intention de grand pèlerinage seul pour faire d'abord un petit pèlerinage (comme le Prophète avait ordonné à ses Compagnons de le faire lors du pèlerinage d'Adieu) : "عن أبي ذر رضي الله عنه قال: كانت المتعة في الحج لأصحاب محمد صلى الله عليه وسلم خاصة" (Muslim, 1224) : c'est aussi l'avis des écoles hanafite, malikite et shafi'ite (Shar'h Muslim, 8/167, 169).

--- [ijtihad de type 3] : Omar a installé un muret délimitant le matâf : "عن عمرو بن دينار، وعبيد الله بن أبي يزيد قالا: لم يكن على عهد النبي صلى الله عليه وسلم حول البيت حائط، كانوا يصلون حول البيت. حتى كان عمر فبنى حوله حائطا، قال عبيد الله: جدره قصير؛ فبناه ابن الزبير "" (al-Bukhârî, 3618).

--- [ijtihad de type 4.2] : En dhu-l-hijja de l'an 18, Omar a fait déplacer le Maqâmu Ibrâhim de là où il était jusqu'alors : accolé à la Kaaba. Omar l'a fait afin d'éviter la bousculade entre ceux qui priaient derrière, et ceux qui accomplissaient la circumambulation (Al-Bidâya wa-n-Nihâya, tome 7 p. 101). Cela car le nombre de pèlerins était devenu plus élevé qu'à l'époque du Prophète (sur lui soit la paix).

-
Aliments et boissons :

--- [ijtihad de type 3] : Quand Omar ibn ul-Khattâb s'est rendu à Shâm, des habitants de Shâm ont tenté d'obtenir de lui une fatwa disant que boire des boissons fermentées était autorisé pour eux, à cause du climat de leur pays ; il lui ont dit : "Ne nous convient que cette boisson". Omar fit : "Buvez du miel !" Mais ils dirent : "Ce n'est pas le miel qui nous convient". Puis une personne de Shâm lui dit : "Ferions-nous pour toi, de cette boisson, quelque chose qui n'enivre pas ? – Oui", dit Omar. Alors ils firent cuire jusqu'à ce que cela perde ses 2/3 et que le tiers reste. Quand ils l'apportèrent à Omar, celui-ci y trempa le doigt puis l'en retira ; cela s'étira. Il s'exclama alors : "Ceci est du tilâ' [= enduit], c'est comme le tilâ' des chameaux !" Omar leur dit qu'ils pouvaient en boire. Il dit aussi : "O Dieu, je ne rends pas halal pour eux ce que Tu as rendu haram sur eux, et je ne rends pas harâm pour eux ce que Tu as rendu halal pour eux" : "عن محمود بن لبيد الأنصارى أن عمر بن الخطاب حين قدم الشام، شكا إليه أهل الشام وباء الأرض وثقلها، وقالوا: "لا يصلحنا إلا هذا الشراب". فقال عمر: "اشربوا هذا العسل". قالوا: "لا يصلحنا العسل". فقال رجل من أهل الأرض: "هل لك أن نجعل لك من هذا الشراب شيئا لا يسكر؟" قال: "نعم". فطبخوه حتى ذهب منه الثلثان وبقى الثلث؛ فأتوا به عمر فأدخل فيه عمر إصبعه ثم رفع يده فتبعها يتمطط، فقال: "هذا الطلاء هذا مثل طلاء الإبل". فأمرهم عمر أن يشربوه فقال له عبادة بن الصامت: "أحللتها والله!". فقال عمر: "كلا والله. اللهم إنى لا أحل لهم شيئا حرمته عليهم ولا أحرم عليهم شيئا أحللته لهم" (Mâlik dans son Muwattâ, n° 1637). Voir aussi le contenu de la lettre qu'il envoya à ce sujet (rapporté par an-Nassâ'ï 5731, 5733).
Il faut ici souligner qu'il ne s'est pas agi de cuire ce qui était déjà du vin jusqu'à ce qu'il perde ses 2/3, car ce genre de boisson reste interdit (et n'est pas concerné par l'avis de Abû Hanîfa et Abû Yûssuf autorisant le tilâ' fermenté). Il s'est agi de cuire du jus de raisin non fermenté jusqu'à ce qu'il perde 2/3 de son volume, puis de le laisser ainsi (Ad-Durr ul-mukhtâr 10/31 ; Fat'h ul-bârî 10/81 ; Majmû' ul-fatâwâ 34/200).

--- [ijtihad de type 4] : Une fois, alors qu'il était en déplacement, on présenta à Omar un nabîdh de la ville de Tâ'ïf ; l'ayant approché de son visage il grimaça (qattaba) ; il dit : "Le nabîdh de Ta'ïf a une force" ; puis il demanda de l'eau, et la mélangea avec ; puis il but : "عن عمر أنه كان فى سفر فأتى بنبيذ فشرب منه فقطب، ثم قال: إن نبيذ الطائف له عرام ثم دعا بماء فصبه عليه ثم شرب" (Shar'h ma'âni-l-âthâr, at-Tahâwî, 4/218, authentifié dans Al-Muhallâ 6/187). (Un récit succinct mais très voisin est rapporté par an-Nassâ'ï, 5706, toujours avec Omar ibn ul-Khattâb.)
C'est (d'après l'un des avis) à cause de la dilution (istihlâk) de la petite quantité d'alcool s'y trouvant que Omar but ensuite ce nabîdh.

-
Mariage et divorce :

--- Omar est intervenu pour rappeler que les douaires donnés par les hommes qui se marient et demandés par les femmes allant être épousée ne doivent pas être trop élevés [action de type 1] :
"عن أبي العجفاء السلمي، قال: قال عمر بن الخطاب: "ألا لا تغالوا صدقة النساء، فإنها لو كانت مكرمة في الدنيا، أو تقوى عند الله، لكان أولاكم بها نبي الله صلى الله عليه وسلم؛ ما علمت رسول الله صلى الله عليه وسلم نكح شيئا من نسائه ولا أنكح شيئا من بناته على أكثر من ثنتي عشرة أوقية" (At-Tirmidhî, 1114, Abû Dâoûd, 2106).

--- Le Coran autorise explicitement le mariage d'un musulman avec une juive ou une chrétienne (Coran 5/5). Mais Omar ibn ul-Khattâb a écrit à Hudhayfa et à Talh'a, qui avaient conclu pareil mariage, leur demandant de divorcer de leur épouse non-musulmane [ijtihâd de type 4.2] :
Il précisa qu'il savait bien que cela n'est pas interdit. En fait il pensa (d'après l'une des 3 interprétations sur le sujet) que l'application généralisée de cette autorisation (les musulmans se mariant en grand nombre avec des juives et des chrétiennes) risquait d'entraîner que les musulmanes ne trouveraient, elles, plus de mari (puisqu'une musulmane ne peut, quant à elle, se marier qu'avec un musulman).
S'agissait-il de ne considérer que la licité de ce type de mariage (pratiquer ce qui est licite) ? ou bien s'agissait-il de le déconseiller, car cela entraînerait que les musulmanes ne trouveraient, elles, plus de mari (se préserver de la Mafsada que cette action licite entraînerait) ? Omar retint la seconde option.
- "وأما القول الذي روي عن شهر بن حوشب، عن ابن عباس، عن عمر رضي الله عنه: من تفريقه بين طلحة وحذيفة وامرأتيهما اللتين كانتا كتابيتين، فقولٌ لا معنى له - لخلافه ما الأمة مجتمعة على تحليله بكتاب الله تعالى ذكره، وخبر رسوله صلى الله عليه وسلم. وقد روي عن عمر بن الخطاب رضي الله عنه من القول خلاف ذلك، بإسناد هو أصح منه، وهو ما: حدثني به موسى بن عبد الرحمن المسروقي قال، حدثنا محمد بن بشر قال، حدثنا سفيان بن سعيد، عن يزيد بن أبي زياد، عن زيد بن وهب قال، قال عمر: "المسلم يتزوج النصرانية، ولا يتزوج النصراني المسلمة." وإنما ذكره عمر لطلحة وحذيفة رحمة الله عليهم نكاحَ اليهودية والنصرانية، حذارًا من أن يقتدي بهما الناس في ذلك، فيزهدوا في المسلمات، أو لغير ذلك من المعاني، فأمرهما بتخليتهما" (Tafsîr ut-Tabarî).
- "وروى الإمام محمد هذا الأثر في كتابه الآثار على النحو الآتي: إن حذيفة تزوج بيهودية بالمدائن، فكتب إليه عمر: أن خلِّ سبيلها، فكتب إليه: أحرام يا أمير المؤمنين؟ فكتب إليه عمر: أعزم عليك ألا تضع كتابي هذا، حتى تخلي سبيلها، فإني أخاف أن يقتدي بك المسلمون فيختارون نساء أهل الذمة لجمالهن، وكنَّ بذلك فتنة لنساء المسلمين" (Al-Fiqh ul-islâmî wa adillatuh, 9/6655).
- Voir As-Siyâssa ash-shari'yya, al-Qaradhâwî, pp. 191-193.

--- Omar a affirmé que Fâtima bint Qays s'est apparemment trompée dans ce qu'elle a relaté du Prophète à propos de ce que celui-ci lui a dit quand elle a été divorcée. Il a affirmé pour sa part que la femme divorcée de façon irréversible a le droit d'être nourrie et logée [ijtihâd de type 4] :
"عن أبي إسحاق، قال: كنت مع الأسود بن يزيد جالسا في المسجد الأعظم، ومعنا الشعبي. فحدث الشعبي بحديث فاطمة بنت قيس: "أن رسول الله صلى الله عليه وسلم، لم يجعل لها سكنى ولا نفقة". ثم أخذ الأسود كفا من حصى، فحصبه به، فقال: "ويلك تحدث بمثل هذا! قال عمر: "لا نترك كتاب الله وسنة نبينا صلى الله عليه وسلم لقول امرأة لا ندري لعلها حفظت أو نسيت! لها السكنى والنفقة! قال الله عز وجل: {لا تخرجوهن من بيوتهن ولا يخرجن إلا أن يأتين بفاحشة مبينة}" (Muslim, 1480).

--- A l'époque du Prophète (sur lui soit la paix), 3 talaq prononcés d'un coup pouvaient être comptés 3, comme cela pouvait être compté comme 1 seul talaq (la répétition ayant alors valeur d'emphase) : l'intention que les gens affirmaient avoir eue était prise en considération. Les choses étaient ainsi à l'époque du Prophète (sur lui soit la paix), ainsi que de Abû Bakr (que Dieu l'agrée). Or, à l'époque de Omar, les gens commencèrent à donner en grand nombre ce genre de triple talaq, puis, questionnés, disaient qu'ils n'avaient voulu que répéter par emphase. Omar dit alors qu'on ne les croirait plus et que cela serait systématiquement compté 3 [ijtihad de type 4.2] :
"عن ابن عباس، قال: "كان الطلاق على عهد رسول الله صلى الله عليه وسلم، وأبي بكر، وسنتين من خلافة عمر، طلاق الثلاث واحدة. فقال عمر بن الخطاب: "إن الناس قد استعجلوا في أمر قد كانت لهم فيه أناة، فلو أمضيناه عليهم، فأمضاه عليهم"" (Muslim, 1472). "عن طاوس أن أبا الصهباء قال لابن عباس: "أتعلم أنما كانت الثلاث تجعل واحدة على عهد النبي صلى الله عليه وسلم، وأبي بكر، وثلاثا من إمارة عمر؟" فقال ابن عباس: "نعم" (Ibid., autre version). "عن طاوس أن أبا الصهباء قال لابن عباس: "هات من هناتك. ألم يكن الطلاق الثلاث على عهد رسول الله صلى الله عليه وسلم، وأبي بكر واحدة؟" فقال: "قد كان ذلك، فلما كان في عهد عمر تتايع الناس في الطلاق، فأجازه عليهم" (Ibid., autre version).

-
Sanctions :

--- L'année de la sécheresse, Omar suspendit l'application de la sanction pour vol [ijtihâd de type 2, ou 4.2] :
Cette période de sécheresse dura 9 mois, à cheval sur la fin de l'an 17 et une bonne partie de l'an 18 de l'hégire (FB 2/641 ; Al-Bidâya wa-n-Nihâya, 7/99).
"المثال الثالث: أن عمر بن الخطاب رضي الله عنه أسقط القطع عن السارق في عام المجاعة، قال السعدي: حدثنا هارون بن إسماعيل الخزاز ثنا علي بن المبارك ثنا يحيى بن أبي كثير حدثني حسان بن زاهر أن ابن حدير حدثه عن عمر قال: لا تقطع اليد في عذق ولا عام سنة. قال السعدي: سألت أحمد بن حنبل عن هذا الحديث فقال: العذق النخلة، وعام سنة: المجاعة. فقلت لأحمد: تقول به؟ فقال: إي لعمري. قلت: إن سرق في مجاعة لا تقطعه؟ فقال: لا، إذا حملته الحاجة على ذلك والناس في مجاعة وشدة.
قال السعدي: وهذا على نحو قضية عمر في غلمان حاطب، ثنا أبو النعمان عارم ثنا حماد بن سلمة عن هشام بن عروة عن أبيه عن ابن حاطب أن غلمة لحاطب بن أبي بلتعة سرقوا ناقة لرجل من مزينة، فأتى بهم عمر، فأقروا. فأرسل إلى عبد الرحمن بن حاطب فجاء فقال له: إن غلمان حاطب سرقوا ناقة رجل من مزينة وأقروا على أنفسهم. فقال عمر: يا كثير بن الصلت اذهب فاقطع أيديهم. فلما ولى بهم ردهم عمر ثم قال: أما والله لولا أني أعلم أنكم تستعملونهم وتجيعونهم حتى إن أحدهم لو أكل ما حرم الله عليه حل له، لقطعت أيديهم. وايم الله إذا لم أفعل لأغرمنك غرامة توجعك. ثم قال: يا مزني بكم أريدت منك ناقتك؟ قال: بأربع مائة. قال عمر: اذهب فأعطه ثماني مائة.
وذهب أحمد إلى موافقة عمر في الفصلين جميعا؛ في مسائل إسماعيل بن سعيد الشالنجي التي شرحها السعدي بكتاب سماه المترجم، قال: سألت أحمد بن حنبل عن الرجل يحمل الثمر من أكمامه، فقال: فيه الثمن مرتين وضرب نكال، وقال: وكل من درأنا عنه الحد والقود، أضعفنا عليه الغرم. وقد وافق أحمدَ على سقوط القطع في المجاعة الأوزاعي. وهذا محض القياس، ومقتضى قواعد الشرع. فإن السنة إذا كانت سنة مجاعة وشدة، غلب على الناس الحاجة والضرورة، فلا يكاد يسلم السارق من ضرورة تدعوه إلى ما يسد به رمقه؛ ويجب على صاحب المال بذل ذلك له، إما بالثمن أو مجانا، على الخلاف في ذلك؛ والصحيح وجوب بذله مجانا، لوجوب المواساة وإحياء النفوس مع القدرة على ذلك والإيثار بالفضل مع ضرورة المحتاج. وهذه شبهة قوية تدرأ القطع عن المحتاج، وهي أقوى من كثير من الشبه التي يذكرها كثير من الفقهاء، بل إذا وازنت بين هذه الشبهة وبين ما يذكرونه، ظهر لك التفاوت. فأين شبهة كون المسروق مما يسرع إليه الفساد، وكون أصله على الإباحة كالماء، وشبهة القطع به مرة، وشبهة دعوى ملكه بلا بينة، وشبهة إتلافه في الحرز بأكل أو احتلاب من الضرع، وشبهة نقصان ماليته في الحرز بذبح أو تحريق ثم إخراجه، وغير ذلك من الشبه الضعيفة جدا، إلى هذه الشبهة القوية؟ لا سيما وهو مأذون له في مغالبة صاحب المال على أخذ ما يسد رمقه. وعام المجاعة يكثر فيه المحاويج والمضطرون، ولا يتميز المستغني منهم والسارق لغير حاجة من غيره، فاشتبه من يجب عليه الحد بمن لا يجب عليه، فدرئ. نعم، إذا بان أن السارق لا حاجة به وهو مستغن عن السرقة، قطع" (A'lâm ul-muwaqqi'în).

--- Lors du califat de Omar, la consommation d'alcool devint, chez les musulmans, plus abondante que précédemment, à cause d'un changement de façon de vivre. Omar consulta alors son Conseil, et intervint [ijtihâd de type 3] :
"عن السائب بن يزيد، قال: كنا نؤتى بالشارب على عهد رسول الله صلى الله عليه وسلم وإمرة أبي بكر وصدرا من خلافة عمر، فنقوم إليه بأيدينا ونعالنا وأرديتنا، حتى كان آخر إمرة عمر، فجلد أربعين، حتى إذا عتوا وفسقوا جلد ثمانين
" (al-Bukhârî, 6397). "عن أنس بن مالك، «أن نبي الله صلى الله عليه وسلم جلد في الخمر بالجريد، والنعال»، ثم جلد أبو بكر أربعين، فلما كان عمر، ودنا الناس من الريف والقرى، قال: «ما ترون في جلد الخمر؟» فقال عبد الرحمن بن عوف: أرى أن تجعلها كأخف الحدود، قال: «فجلد عمر ثمانين" (Muslim, 1706). "عن عبد الرحمن بن أزهر، قال: " رأيت رسول الله صلى الله عليه وسلم غداة الفتح، وأنا غلام شاب، يتخلل الناس يسأل عن منزل خالد بن الوليد، فأتي بشارب، فأمرهم فضربوه بما في أيديهم، فمنهم من ضربه بالسوط، ومنهم من ضربه بعصا، ومنهم من ضربه بنعله، وحثى رسول الله صلى الله عليه وسلم التراب. فلما كان أبو بكر: أتي بشارب فسألهم عن ضرب النبي صلى الله عليه وسلم الذي ضربه، فحزروه أربعين "، فضرب أبو بكر أربعين. فلما كان عمر، كتب إليه خالد بن الوليد: إن الناس قد انهمكوا في الشرب، وتحاقروا الحد والعقوبة، قال: هم عندك فسلهم، وعنده المهاجرون الأولون، فسألهم، فأجمعوا على أن يضرب ثمانين، قال: وقال علي: إن الرجل إذا شرب افترى فأرى أن يجعله كحد الفرية" (Abû Dâoûd, 4489).

--- Un verset du Coran dit : "لَيْسَ عَلَى الَّذِينَ آمَنُواْ وَعَمِلُواْ الصَّالِحَاتِ جُنَاحٌ فِيمَا طَعِمُواْ إِذَا مَا اتَّقَواْ وَّآمَنُواْ وَعَمِلُواْ الصَّالِحَاتِ ثُمَّ اتَّقَواْ وَّآمَنُواْ ثُمَّ اتَّقَواْ وَّأَحْسَنُواْ وَاللّهُ يُحِبُّ الْمُحْسِنِينَ" : "A ceux qui ont apporté foi et fait les bonnes actions, il n'y a pas de problème dans ce qu'ils ont consommé, pourvu qu'ils aient été pieux, aient apporté foi et aient fait les bonnes actions, puis qu'ils aient (continué à) être pieux, à avoir foi et à agir de façon excellente (ihsân). Dieu aime ceux qui agissent de façon excellente" (Coran 5/93). Ce verset fut révélé, comme l'a rapporté Anas ibn Mâlik, quand, à la suite de l'interdiction de l'alcool par Dieu, des musulmans s'interrogèrent sur ceux de leurs frères qui étaient morts avant cette interdiction, avec de l'alcool dans le ventre : qu'adviendrait-il d'eux ? Dieu fit alors descendre (فأنزل الله) ce verset (al-Bukhârî, 2332, 4344, Muslim, 1980). Ce verset voulait donc faire la négation de tout péché pour tous ceux qui avaient été pieux en évitant ce qui avait à leur époque déjà été révélé.
Or, lors du califat de Omar, un groupe de musulmans de Shâm s'étaient mis à interpréter ce verset comme signifiant que consommer de l'alcool est autorisé pour les pieux, et interdit seulement pour les musulmans n'ayant pas beaucoup de piété.
Omar ibn ul-Khattâb consulta des Compagnons au sujet de ce qu'ils devaient faire par rapport aux tenants de cette fausse interprétation. Alî proposa qu'on devait les faire revenir sur ce point, et que s'ils persistaient dans leur affirmation, ils seraient considérés comme ayant quitté l'islam par le fait d'avoir légiféré dans le Dîn ce que Dieu n'a pas autorisé qu'on le fasse. Omar retint le conseil de Alî et agit selon celui-ci [action de type 1] :
" عن علي، قال: شرب قوم من أهل الشام الخمر وعليهم يزيد بن أبي سفيان، وقالوا: هي لنا حلال، وتأولوا هذه الآية: {ليس على الذين آمنوا وعملوا الصالحات جناح فيما طعموا}، قال: وكتب فيهم إلى عمر. فكتب أن "ابعث بهم إلي قبل أن يفسدوا من قبلك." فلما قدموا على عمر استشار فيهم الناس، فقالوا: "يا أمير المؤمنين، نرى أنهم قد كذبوا على الله وشرعوا في دينهم ما لم يأذن به الله، فاضرب رقابهم"؛ وعلِيّ ساكت، فقال: "ما تقول يا أبا الحسن فيهم"، قال: "أرى أن تستتيبه؛ فإن تابوا، جلدتهم ثمانين لشرب الخمر؛ وإن لم يتوبوا، ضربتَ رقابهم، قد كذبوا على الله وشرعوا في دينهم ما لم يأذن به الله." فاستتابهم فتابوا، فضربهم ثمانين ثمانين" (Mussannaf Ibn Abî Shayba, n° 28409. Egalement : Fat'h ul-bârî, 12/85 ; Hâshiya 'alâ Shar'h il-'aqîda at-tahâwiyya, 2/446-447).

---  [ijtihâd de type 4] : Il y a certes le hadîth du Prophète (sur lui soit la paix) qui dit : "مَن بدّل دِينه فاقتلوه" : "Celui qui change de religion, tuez-le" (al-Bukhârî 6524, at-Tirmidhî 1458, an-Nassâ'ï 4059). D'après l'avis le plus connu, dans ce hadîth, le terme "religion" désigne "la religion musulmane" : le propos concerne celui qui, en terre musulmane, jusqu'alors musulman, se met à adopter ouvertement une autre religion que l'islam. Or, durant son califat, Omar ibn ul-Khattâb (que Dieu l'agrée) a dit à propos de 6 apostats dont il a appris qu'ils avaient été exécutés que s'il avait été présent il n'aurait pas laissé qu'on les mette à mort ; il leur aurait proposé de revenir en islam ; s'ils avaient refusé, il les aurait emprisonnés (أخبرنا عبد الرزاق عن الثوري عن داود عن الشعبي عن أنس رضي الله عنه قال: بعثني أبو موسى بفتح تستر إلى عمر رضي الله عنه. فسألني عمر - وكان ستة نفر من بني بكر بن وائل قد ارتدوا عن الإسلام ولحقوا بالمشركين - فقال: ما فعل النفر من بكر بن وائل؟ قال: فأخذت في حديث آخر لأشغله عنهم. فقال: ما فعل النفر من بكر بن وائل؟ قلت: يا أمير المؤمنين، قوم ارتدوا عن الإسلام ولحقوا بالمشركين؛ ما سبيلهم إلا القتل؟ فقال عمر: لأن أكون أخذتهم سلما أحب إلي مما طلعت عليه الشمس من صفراء أو بيضاء! قال: قلت: يا أمير المؤمنين، وما كنت صانعا بهم لو أخذتهم؟ قال: كنت عارضا عليهم الباب الذي خرجوا منه، أن يدخلوا فيه؛ فإن فعلوا ذلك قبلت منهم، وإلا استودعتهم السجن) (Musannaf Abd ir-Razzâq, n° 18696, Al-Muhallâ 12/112-113).
D'après Suf'yân ath-Thawrî, ce propos de Omar ibn ul-Khattâb parle bien de se suffire de la peine d'emprisonnement (d'autres mujtahidûn pensent pour leur part que ce propos signifie seulement : "يعني: استودعتهم السجن حتى يتوبوا، فإن لم يتوبوا بعد ذلك، قتلوا").
L'interprétation de ath-Thawrî implique que Omar ibn ul-Khattâb n'a pas considéré ce hadîth du Prophète comme étant une règle d'ordre général, applicable de façon générale.
Le fait est qu'il est également rapporté de lui ceci : "أخبرنا عبد الرزاق، عن معمر، عن الزهري، عن عبيد الله بن عبد الله بن عتبة، عن أبيه قال: أخذ ابن مسعود قوما ارتدوا عن الإسلام من أهل العراق فكتب فيهم إلى عمر فكتب إليه أن: اعرض عليهم دين الحق وشهادة أن لا إله إلا الله؛ فإن قبلوها، فخل عنهم؛ وإن لم يقبلوها، فاقتلهم. فقبلها بعضهم، فتركه. ولم يقبلها بعضهم، فقتله" (Musannaf 'Abd ir-Razzâq, n° 18707).
Et il est également rapporté de lui ceci : "أخبرنا عبد الرزاق، عن معمر، قال: أخبرني محمد بن عبد الرحمن بن عبد القاري، عن أبيه، قال: قدم مجزأة بن ثور أو شقيق بن ثور علَى عمر يبشره بفتح تستر. فلم يجده في المدينة، كان غائبا في أرض له. فأتاه. فلما دنا من الحائط الذي هو فيه، كبر. فسمع عمر رضي الله عنه تكبيره فكبر. فجعل يكبر هذا وهذا حتى التقيا. فقال عمر: ما عندك؟ قال: أنشدك الله يا أمير المؤمنين، إن الله فتح علينا تستر، وهي كذا وهي كذا، وهي من أرض البصرة - وكان يخاف أن يحولها إلى الكوفة. فقال: نعم، هي من أرض البصرة. هيه هل كانت مُغرِبَةٌ تخبرناها ؟ قال: لا؛ إلا أنّ رجلا من العرب ارتد، فضربنا عنقه. قال عمر: ويحكم! فهلا طينتم عليه بابا وفتحتم له كوة، فأطعمتموه كل يوم منها رغيفا وسقيتموه كوزا من ماء ثلاثة أيام، ثم عرضتم عليه الإسلام في اليوم الثالث، فلعله أن يراجع! ثم قال: اللهم لم أحضر، ولم آمر، ولم أعلم" (Musannaf Abd ir-Razzâq, n° 18695).
Lire mon article concernant la sanction pour apostasie.

-
Culture :

--- Alors que, à la faveur de la conquête des pays limitrophes de l'Arabie, il se mit à y avoir, en Dâr ul-islâm, une cohabitation entre arabes et non-arabes, Omar (que Dieu l'agrée) eut comme souci que les Arabes gardent leur langue [ijtihad de type 3] :
"عن عمر بن الخطاب قال: "لا تعلموا رطانة الأعاجم؛ ولا تدخلوا عليهم في كنائسهم يوم عيدهم، فإن السخطة تنزل عليهم" : "N'apprenez pas le parler des non-arabes" (Mussannaf Abd ir-Razzâq, n° 1609, al-Bayhaqî dans son Sunan Kub'râ : cf. Al-Iqtidhâ, p. 183).
En réalité Omar ne voulait pas par là interdire ou déconseiller d'apprendre une langue étrangère, puisque le Prophète lui-même avait demandé à Zayd ibn Thâbit d'apprendre l'hébreu et/ou le syriaque (at-Tirmidhî 2715, Abû Dâoûd 3645 ; voir Fat'h ul-bârî, al-ahkâm, Mirqât ul-mafâtîh 9/62).
Omar ne voulait pas non plus fermer la porte à l'emprunt et assimilation de mots étrangers à la langue arabe, puisque le Prophète lui-même avait parfois employé des mots d'origine étrangère (voir Sahîh ul-Bukhârî 5507, 6655).
Ce contre quoi Omar mettait en garde, c'était le délaissement de la pratique de la langue arabe, au point qu'un Arabe ou sa famille ne soit bientôt plus capable de parler du tout l'arabe, ou qu'il ne soit bientôt capable que de parler un mauvais arabe ("i'tiyâd ul-lughat il-a'jamiyya bi haythu taghlibu 'alayhim wa tassîr-ul-'arabiyyatu mahjûra, aw bi haythu lâ tutakallamu illâ makhlûtatan bi kathîrin min al-a'jamiyya"). C'était contre cela que Omar mettait en garde.

--- Un autre jour, Omar (que Dieu l'agrée) adressa des recommandations par écrit à des musulmans se trouvant dans la région de l'Azerbaïdjan [ijtihad de type 3] leur enjoignant de demeurer dans la culture centenaire des Arabes et de ne pas se ramollir :
"Portez le pagne, la houppelande et les sandales ; délaissez les chaussettes en cuir et les pantalons : choisissez les vêtements de votre ancêtre Ismaël. Préservez-vous du luxe et de la tenue vestimentaire des non-arabes. Restez au soleil, c'est le hammam des Arabes. Gardez la culture de Ma'add [ancêtre des Quraysh]. Endurcissez-vous. Soyez prêts. Coupez les étriers [= montez à cheval sans étriers] et sautez à cheval. Entraînez-vous au tir à l'arc en visant des cibles" :
"حدثنا أحمد بن عبد الله بن يونس، حدثنا زهير، حدثنا عاصم الأحول، عن أبي عثمان قال: "كتب إلينا عمر ونحن بأذربيجان: "يا عتبة بن فرقد، إنه ليس من كدك، ولا من كد أبيك، ولا من كد أمك، فأشبع المسلمين في رحالهم مما تشبع منه في رحلك. وإياكم والتنعم، وزي أهل الشرك، ولبوس الحرير، فإن رسول الله صلى الله عليه وسلم نهى عن لبوس الحرير، قال: إلا هكذا، ورفع لنا رسول الله صلى الله عليه وسلم إصبعيه الوسطى والسبابة وضمهما، قال زهير: قال عاصم: هذا في الكتاب، قال: ورفع زهير إصبعيه" (Muslim, 2069).
""حدثنا أبو حميد المصيصي، قال: ثنا حجاج، قال: سمعت شعبة يحدث عن قتادة، ح؛ وحدثنا أبو أمية، قثنا أبو النضر، قال: ثنا شعبة، أخبرني قتادة، قال: سمعت أبا عثمان النهدي قال: "أتانا كتاب عمر بن الخطاب ونحن بأذربيجان مع عتبة بن فرقد رضي الله عنه: "أما بعد، فاتزروا، وارتدوا، وانتعلوا، وارموا بالخفاف، وألقوا السراويلات. وعليكم بلباس أبيكم إسماعيل، وإياكم والتنعم، وزي العجم. وعليكم بالشمس، فإنها حمام العرب. وتمعددوا، واخشوشنوا، واحلولقوا، واقطعوا الركب، وارموا الأغراض، وانزوا نزوا، فإن رسول الله صلى الله عليه وسلم نهى عن الحرير إلا هكذا" وأشار شعبة بأصبعيه الوسطى والسبابة؛ وقال أبو حميد: وأشار حجاج بأصبعيه السبابة والوسطى، فما علمت أنه يعني الأعلام". قال شعبة: حدثني عاصم الأحول، عن أبي عثمان، بنحو من هذا وزاد فيه: "وتعلموا العربية." قال شعبة: فكان عاصم أحفظهما عن أبي عثمان" (Abû 'Awâna dans son Musnad, 8514).
Cette recommandation de Omar ibn ul-Khattâb (que Dieu l'agrée) concernait des musulmans Arabes, installés en tant que conquérants dans une terre devenue musulmane mais de culture non-arabe
. An-Nawawî écrit ainsi que "l'objectif de Omar était de les exhorter à rester simples et frugaux, et de préserver les traditions des Arabes en la matière" : "أما قوله "كتب إلينا: فمعناه كتب إلى أمير الجيش وهو عتبة بن فرقد ليقرأه على الجيش فقرأه علينا. وأما قوله "ليس من كدك" فالكد التعب والمشقة؛ والمراد هنا أن هذا المال الذي عندك ليس هو من كسبك ومما تعبت فيه ولحقتك الشدة والمشقة في كده وتحصيله، ولا هو من كد أبيك وأمك فورثته منهما، بل هو مال المسلمين؛ فشاركهم فيه ولاتختص عنهم بشيء بل أشبعهم منه وهم في رحالهم أي منازلهم كما تشبع منه في الجنس والقدر والصفة؛ ولاتؤخر أرزاقهم عنهم ولاتحوجهم يطلبونها منك بل أوصلها إليهم وهم في منازلهم بلا طلب. وأما قوله "وإياكم والتنعم وزى العجم" فهو بكسر الزاي ولبوس الحرير هو بفتح اللام وضم الباء ما يلبس منه. ومقصود عمر رضي الله تعالى عنه حثهم على خشونة العيش وصلابتهم في ذلك ومحافظتهم على طريقة العرب في ذلك. وقد جاء في هذا الحديث زيادة في مسند أبي عوانة الإسفرايني وغيره بإسناد صحيح قال: "أما بعد فاتزروا وارتدوا وألقوا الخفاف والسراويلات وعليكم بلباس أبيكم إسماعيل وإياكم والتنعم وزي الأعاجم وعليكم بالشمس فإنها حمام العرب وتمعددوا واخشوشنوا واقطعوا الركب وابرزوا وارموا الأغراض والله أعلم" (Shar'h Muslim, 14/46-47). Omar les exhortait en fait à préserver leurs traditions (ce qui correspond à ce nous avons évoqué dans l'article consacré à la question de savoir s'il s'agit systématiquement ou non de se différencier de la façon de faire des non-musulmans).

--- [ijtihad de type 3] : Lors de son chemin vers Jérusalem, en l'an 16 (en tout, il a pris 3 fois le chemin de Shâm lors de son califat : BN 7/63), le chef de la localité de al-Jâbiya lui proposa que, plutôt que son chameau, il monte une autre monture, par exemple un cheval non-arabe, car monter un chameau n'était pas très valorisant aux yeux des habitants de Shâm. Omar lui répondit : "Nous sommes un peuple que Dieu a honorés par l'islam. Nous ne cherchons donc pas d'alternative à Dieu". Lors du même déplacement, alors qu'il était descendu de son chameau et avait marché pieds nus dans un petit ruisseau, Abû 'Ubayda lui dit qu'il avait fait là un geste que les habitants de la terre de Shâm ne voyaient pas d'un oeil de considération. Omar lui dit alors : "Si c'était autre que toi qui avait dit cela, Abû Ubayda ! Vous étiez un peuple vil et de peu d'importance aux yeux des hommes, et Dieu vous a honorés par l'islam. Si vous recherchez l'honneur par autre chose que l'islam, Dieu vous avilira" :
"وقال أبو بكر بن أبي الدنيا: حدثني الربيع بن ثعلب، نا أبو إسماعيل المؤدب، عن عبد الله ابن مسلم بن هرمز المكي، عن أبي الغالية الشامي قال: قدم عمر بن الخطاب الجابية على طريق إيلياء على جمل أورق، تلوح صلعته للشمس، ليس عليه قلنسوة ولا عمامة، تصطفق رجلاه بين شعبتي الرحل بلا ركاب، وطاؤه كساء أنبجاني ذو صوف هو وطاؤه إذا ركب وفراشه إذا نزل، حقيبته نمرة أو شملة محشوة ليفا، هي حقيبته إذا ركب ووسادته إذا نزل، وعليه قميص من كرابيس قد رستم وتخرق جنبه. فقال: ادعوا لي رأس القوم، فدعوا له الجلومس، فقال: اغسلوا قميصي وخيطوه وأعيروني ثوبا أو قميصا. فأتي بقميص كتان فقال: ما هذا؟ قالوا: كتان. قال: وما الكتان؟ فأخبروه فنزع قميصه فغسل ورقع وأتي به فنزع قميصهم ولبس قميصه. فقال له الجلومس: أنت ملك العرب وهذه بلاد لا تصلح بها الإبل، فلو لبست شيئا غير هذا وركبت برذونا، لكان ذلك أعظم في أعين الروم. فقال: نحن قوم أعزنا الله بالإسلام فلا نطلب بغير الله بديلا. فأتي ببرذون فطرح عليه قطيفة بلا سرج ولا رحل فركبه بها فقال: احبسوا احبسوا، ما كنت أرى الناس يركبون الشيطان قبل هذا فأتي بجمله فركبه.
وقال إسماعيل بن محمد الصفار: حدثنا سعد أن بن نصر، حدثنا سفيان، عن أيوب الطائي، عن قيس بن مسلم عن طارق بن شهاب قال: لما قدم عمر الشام عرضت له مخاضة فنزل عن بعيره ونزع موقيه فأمسكهما بيد، وخاض الماء ومعه بعيره، فقال له أبو عبيدة: قد صنعت اليوم صنيعا عظيما عند أهل الأرض، صنعت كذا وكذا! قال: فصك في صدره وقال: أولو غيرك يقولها يا أبا عبيدة! إنكم كنتم أذل الناس وأحقر الناس وأقل الناس، فأعزكم الله بالإسلام؛ فمهما تطلبوا العز بغيره، يذلكم الله" (Al-Bidâya wa-n-Nihâya, 7/65-66).

--- [ijtihad de type 3] : En l'an 16 ou en l'an 17, Omar a, après consultation de son Conseil, fixé le début de l'ère islamique comme étant l'émigration du Prophète à Médine. Ibn Hajar écrit : "وذكروا في سبب عمل عمر التاريخ أشياء. منها ما أخرجه أبو نعيم الفضل بن دكين في تاريخه ومن طريقه الحاكم من طريق الشعبي أن أبا موسى كتب إلى عمر إنه يأتينا منك كتب ليس لها تاريخ فجمع عمر الناس فقال بعضهم أرخ بالمبعث وبعضهم أرخ بالهجرة فقال عمر الهجرة فرقت بين الحق والباطل فأرخوا بها وذلك سنة سبع عشرة فلما اتفقوا قال بعضهم ابدءوا برمضان فقال عمر بل بالمحرم فإنه منصرف الناس من حجهم فاتفقوا عليه. (...) وروى أحمد وأبو عروبة في الأوائل والبخاري في الأدب والحاكم من طريق ميمون بن مهران قال رفع لعمر صك محله شعبان فقال أي شعبان الماضي أو الذي نحن فيه أو الآتي ضعوا للناس شيئا يعرفونه فذكر نحو الأول. وروى الحاكم عن سعيد بن المسيب قال جمع عمر الناس فسألهم عن أول يوم يكتب التاريخ فقال علي من يوم هاجر رسول الله صلى الله عليه وسلم وترك أرض الشرك ففعله عمر. وروى بن أبي خيثمة من طريق بن سيرين قال قدم رجل من اليمن فقال رأيت باليمن شيئا يسمونه التاريخ يكتبونه من عام كذا وشهر كذا فقال عمر هذا حسن فأرخوا؛ فلما جمع على ذلك قال قوم أرخوا للمولد وقال قائل للمبعث وقال قائل من حين خرج مهاجرا وقال قائل من حين توفي فقال عمر أرخوا من خروجه من مكة إلى المدينة ثم قال بأي شهر نبدأ فقال قوم من رجب وقال قائل من رمضان فقال عثمان أرخوا المحرم فإنه شهر حرام وهو أول السنة ومنصرف الناس من الحج؛ قال وكان ذلك سنة سبع عشرة وقيل سنة ست عشرة في ربيع الأول. فاستفدنا من مجموع هذه الآثار أن الذي أشار بالمحرم عمر وعثمان وعلي رضي الله عنهم" (Fat'h ul-bârî, 7/334-336).

-
Finances et économie :

--- Tentative d'unification des différents Dirhams existant alors chez les Arabes [ijtihad de type 3] :
"Ces dirhams étaient de poids différents : il y en avait des grands et des petits, des légers et des lourds. C'est pourquoi les gens de La Mecque, dans la Jâhiliyya, faisaient des transactions, par leur moyen, non pas au décompte, mais à la pesée : comme s'ils s'agissait des morceaux ou de lingots non frappés" (Fiqh uz-zakât, p. 262 : al-Qaradhâwî cite ici al-Maqrîzî). Dès lors, à l'époque du califat de Omar ibn ul-Khattâb, que Dieu l'agrée (Al-Hidâya 1/175), et apparemment, plus tard aussi, à celle du califat de Abd ul-Malik ibn Marwân (Fiqh uz-zakât, p. 276), un effort a été fait pour retenir un dirham moyen. Il a été ainsi convenu que le Dirham retenu serait le dirham dont le poids équivaut à 7/10 du poids du Dînâr : 10 Dirhams auraient le même poids que celui de 7 Dînârs.
Malgré tout, différents dirhams sont demeurés en différents lieux (Radd ul-muhtâr 3/226).
Même si certains ulémas sont d'avis que, en chaque lieu, c'est le dirham et le dînâr en usage dans le lieu qu'il s'agit de considérer (pour le quorum autant que pour le paiement), la grande majorité des ulémas est d'avis que son poids est celui qui a été retenu : il s'agit du dirham pesant 7/10 du dînâr : "والمعتبر في الدراهم وزن سبعة، وهو أن تكون العشرة منها وزن سبعة مثاقيل؛ بذلك جرى التقدير في ديوان عمر رضي الله عنه واستقر الأمر عليه" (Al-Hidaya 1/174-175). "والمعتبر وزن سبعة مثاقيل لأنه هو المتعارف في عامة البلاد" (Ibid., 1/518).

-
Société :

--- Omar ibn ul-Khattâb (radhiyallâhu 'anh) a rappelé aux femmes-esclaves de ne pas se couvrir la chevelure [action de type 1] :
"اكشفي رأسك ولا تشبهي بالحرائر" (Ibn Abî Shayba, Abd ur-Razzâq, al-Bayhaqî). Anas relate : "عَنْ أَنَسِ بْنِ مَالِكٍ قَالَ : "كُنَّ إِمَاءُ عُمَرَ رَضِيَ اللهُ عَنْهُ يَخْدِمْنَنَا كَاشِفَاتٍ عَنْ شُعُورِهِنَّ تَضْرِبُ ثُدِيّهُنَّ" (As-Sunan ul-kub'râ li-l-Bayhaqî) : "يعني أن شعورهن تضرب صدورهن من سرعة الحركة والدأب في الخدمة. أما بلفظ: "تَضْطَرِبُ ثُدِيُّهُنَّ"، فغير صحيح" (islamqa.info).

--- Omar a diffusé ce que le Prophète avait dit et dont certains musulmans (parmi eux certains Compagnons) n'avaient pas eu connaissance : l'interdiction définitive du mariage temporaire (mut'a) [action de type 1.2] :
Le Prophète lui-même avait, en l'an 8 de l'hégire, dit au sujet de ce type de mariage que désormais, "Dieu a interdit cela jusqu'à la fin du monde" : "عن الربيع بن سبرة الجهني أن أباه حدثه أنه كان مع رسول الله صلى الله عليه وسلم فقال: "يا أيها الناس، إني قد كنت أذنت لكم في الاستمتاع من النساء؛ وإن الله قد حرم ذلك إلى يوم القيامة! فمن كان عنده منهن شيء فليخل سبيله، ولا تأخذوا مما آتيتموهن شيئا" (Muslim 1406/21). "عن ربيع بن سبرة الجهني أن أباه قال: "قد كنت استمتعت في عهد رسول الله صلى الله عليه وسلم امرأة من بني عامر ببردين أحمرين، ثم نهانا رسول الله صلى الله عليه وسلم عن المتعة." قال ابن شهاب: وسمعت ربيع بن سبرة يحدث ذلك عمرَ بن عبد العزيز، وأنا جالس" (Muslim 1406/27).
Alî ibn Abî Tâlib l'a lui aussi relaté à Ibn Abbâs : "عن علي، أنه سمع ابن عباس يلين في متعة النساء، فقال: "مهلا يا ابن عباس، فإن رسول الله صلى الله عليه وسلم نهى عنها يوم خيبر، وعن لحوم الحمر الإنسية" (Muslim, 1407) ; "عن الزهري قال: أخبرني الحسن بن محمد بن علي، وأخوه عبد الله بن محمد، عن أبيهما، أن عليا رضي الله عنه، قال لابن عباس: "إن النبي صلى الله عليه وسلم نهى عن المتعة، وعن لحوم الحمر الأهلية زمن خيبر" (al-Bukhârî, 4825 ; voir Fat'h ul-bârî, 9/210-211 ; voir aussi Zâd ul-ma'âd, 3/343-345, 3/460-461).
Jâbir n'eut pour sa part connaissance de cette interdiction que sous le califat de Omar ; c'est pourquoi il a attribué cette interdiction à Omar :
"عن جابر بن عبد الله قال: "كنا نستمتع بالقبضة من التمر والدقيق، الأيام على عهد رسول الله صلى الله عليه وسلم وأبي بكر، حتى نهى عنه عمر في شأن عمرو بن حريث" (Muslim, 1405/16). Voir aussi 1405/17.
"عن أبي نضرة، قال: كان ابن عباس يأمر بالمتعة، وكان ابن الزبير ينهى عنها، قال: فذكرت ذلك لجابر بن عبد الله، فقال: على يدي دار الحديث؛ تمتعنا مع رسول الله صلى الله عليه وسلم؛ فلما قام عمر قال: "إن الله كان يحل لرسوله ما شاء بما شاء، وإن القرآن قد نزل منازله، فأتموا الحج والعمرة لله كما أمركم الله؛ وأبتوا نكاح هذه النساء، فلن أوتى برجل نكح امرأة إلى أجل، إلا رجمته بالحجارة" (Muslim 1217).
Ibn ul-Qayyim écrit : "فوجب حمل حديث جابر على أن الذي أخبر عنها بفعلها لم يبلغه التحريم، ولم يكن قد اشتهر؛ حتى كان زمن عمر رضي الله عنه: فلما وقع فيها النزاع، ظهر تحريمها واشتهر، وبهذا تأتلف الأحاديث الواردة فيها. وبالله التوفيق" (ZM 3/463-464).

-
Relations avec des non-musulmans :

--- Omar ibn ul-Khattâb a accepté les Zoroastriens comme résidents permanents de la Dâr ul-islam [action de type 1] :
Il l'a fait après que Abd ur-Rahmân ibn 'Awf ait témoigné devant lui que le Prophète (sur lui soit la paix) avait pris la jizya avec les Zoroastriens de la cité de Hajar : "ولم يكن عمر أخذ الجزية من المجوس حتى شهد عبد الرحمن بن عوف أن رسول الله صلى الله عليه وسلم أخذها من مجوس هجر" (al-Bukhârî, 2987).

--- Omar a fait sortir les non-musulmans de la terre du Hedjaz et les a installés à Shâm [action de type 1] :
"عن ابن عمر، أن عمر بن الخطاب رضي الله عنهما أجلى اليهود والنصارى من أرض الحجاز. وكان رسول الله صلى الله عليه وسلم لما ظهر على خيبر أراد إخراج اليهود منها، وكانت الأرض حين ظهر عليها لله ولرسوله صلى الله عليه وسلم وللمسلمين، وأراد إخراج اليهود منها؛ فسألت اليهود رسول الله صلى الله عليه وسلم ليقرهم بها، أن يكفوا عملها، ولهم نصف الثمر. فقال لهم رسول الله صلى الله عليه وسلم: "نقركم بها على ذلك ما شئنا." فقروا بها حتى أجلاهم عمر إلى تيماء وأريحاء" : "Omar ibn ul-Khattâb a fait sortir les Juifs et les Chrétiens du Hedjaz", et aussi : "Omar a fait sortir (les Juifs de Khaybar) à Téma et à Jéricho" (al-Bukhârî 2213, 2983, Muslim 1551).

-
Sécurité sociale :

--- Omar ibn ul-Khattâb (que Dieu l'agrée) voulait, lors de son califat, interdire aux esclaves non-arabes l'accès à Médine, car capitale. Il pressentait le risque que ces gens pourraient, un jour, mener une action armée, et  assassiner des personnes [ijtihad de type 3]. Mais al-Abbâs et son fils rechignèrent, et Omar ne prit donc pas de résolution en ce sens. Plus tard, quand il aura été grièvement blessé par un esclave perse, il le rappellera à Ibn Abbâs : "فلما انصرفوا قال: "يا ابن عباس، انظر من قتلني." فجال ساعة ثم جاء فقال: "غلام المغيرة!" قال: "الصنع؟" قال: "نعم." قال: "قاتله الله، لقد أمرت به معروفا! الحمد لله الذي لم يجعل ميتتي بيد رجل يدعي الإسلام! قد كنت أنت وأبوك تحبان أن تكثر العلوج بالمدينة." وكان العباس أكثرهم رقيقا. فقال: "إن شئت فعلت." أي: إن شئت قتلنا؟ قال: "كذبت بعد ما تكلموا بلسانكم، وصلوا قبلتكم، وحجوا حجكم" (al-Bukhârî, 3497).

--- Le détenteur de l'autorité doit veiller à assurer le meilleur pour ses administrés : le meilleur sur le plan spirituel ; le meilleur sur le plan moral ; mais aussi le meilleur sur le plan temporel, Dunyawî (que chacun ait du travail, ait accès à ce qui couvre ses besoins alimentaires, et tant d'autres choses...). Omar ibn ul-Khattâb (que Dieu l'agrée) avait bien montré la voie en la matière, lui qui avait entrepris de nombreuses choses en la matière [action 1 & ijtihad de type 3] :
----- de façon ponctuelle, face à un cas de nécessité se présentant à lui : "عن أسلم قال: خرجت مع عمر بن الخطاب رضي الله عنه إلى السوق، فلحقت عمر امرأة شابة، فقالت: "يا أمير المؤمنين، هلك زوجي وترك صبية صغارا، والله ما ينضجون كراعا، ولا لهم زرع ولا ضرع، وخشيت أن تأكلهم الضبع، وأنا بنت خفاف بن إيماء الغفاري، وقد شهد أبي الحديبية مع النبي صلى الله عليه وسلم." فوقف معها عمر ولم يمض، ثم قال: "مرحبا بنسب قريب." ثم انصرف إلى بعير ظهير كان مربوطا في الدار، فحمل عليه غرارتين ملأهما طعاما، وحمل بينهما نفقة وثيابا، ثم ناولها بخطامه، ثم قال: "اقتاديه، فلن يفنى حتى يأتيكم الله بخير." فقال رجل: يا أمير المؤمنين، أكثرت لها؟ قال عمر: "ثكلتك أمك، والله إني لأرى أبا هذه وأخاها، قد حاصرا حصنا زمانا فافتتحاه، ثم أصبحنا نستفيء سهمانهما فيه" (al-Bukhârî, 3928) ;
----- de façon régulière et organisée : "عن مالك بن أوس بن الحدثان، قال: ذكر عمر بن الخطاب يوما الفيء، فقال: "ما أنا بأحق، بهذا الفيء منكم. وما أحد منا بأحق به من أحد. إلا أنا على منازلنا من كتاب الله عز وجل وقسم رسول الله صلى الله عليه وسلم: فالرجل وقدمه، والرجل وبلاؤه، والرجل وعياله، والرجل وحاجته" (Abû Dâoûd, 2950). Et, en effet, il donnait à la population selon leurs besoins, ainsi que selon leur ancienneté dans l'islam : "عن قيس، كان عطاء البدريين خمسة آلاف، خمسة آلاف وقال عمر: "لأفضلنهم على من بعدهم" (al-Bukhârî, 3797). "عن نافع، عن عمر بن الخطاب رضي الله عنه قال: كان فرض للمهاجرين الأولين أربعة آلاف في أربعة. وفرض لابن عمر ثلاثة آلاف وخمس مائة، فقيل له هو من المهاجرين فلم نقصته من أربعة آلاف، فقال: "إنما هاجر به أبواه يقول: ليس هو كمن هاجر بنفسه" (al-Bukhârî, 3700) ;
------ Omar avait encore d'autres idées en tête : "عن عمرو بن ميمون، قال: رأيت عمر بن الخطاب رضي الله عنه قبل أن يصاب بأيام بالمدينة، وقف على حذيفة بن اليمان وعثمان بن حنيف، قال: "كيف فعلتما، أتخافان أن تكونا قد حملتما الأرض ما لا تطيق؟" قالا: "حملناها أمرا هي له مطيقة، ما فيها كبير فضل." قال: "انظرا أن تكونا حملتما الأرض ما لا تطيق!" قال: قالا: "لا!" فقال عمر: "لئن سلمني الله، لأدعن أرامل أهل العراق لا يحتجن إلى رجل بعدي أبدا" : "Si Dieu me garde sauf, je laisserai après moi les veuves d'Irak n'ayant besoin de personne" (al-Bukhârî, 3497). "قرأ عمر بن الخطاب رضي الله عنه: {إنما الصدقات للفقراء والمساكين} حتى بلغ {عليم حكيم} فقال: هذه لهؤلاء. ثم قرأ {واعلموا أن ما غنمتم من شيء فإن لله خمسه وللرسول} حتى بلغ {وابن السبيل} ثم قال: هذه لهؤلاء. ثم قرأ {ما أفاء الله على رسوله من أهل القرى} حتى بلغ {للفقراء} ثم قرأ {والذين جاؤوا من بعدهم} ثم قال: هذه استوعبت المسلمين عامة. فلئن عشت فليأتين الراعي وهو بسرو حمير نصيبه منها لم يعرق فيها جبينه. رواه في شرح السنة جبينه" : "Si je reste en vie, sa part (de Fay') viendra au berger se trouvant à Sarw Himyar [au Yémen] sans que son front ait eu à suer" (Mishkât, 4061). "عن أبي وائل، قال: جلست مع شيبة على الكرسي في الكعبة، فقال: لقد جلس هذا المجلس عمر رضي الله عنه، فقال: "لقد هممت أن لا أدع فيها صفراء ولا بيضاء إلا قسمته." قلت: إن صاحبيك لم يفعلا. قال: "هما المرءان أقتدي بهما" (al-Bukhârî, 1517). "عن أبي وائل قال: جلست إلى شيبة في هذا المسجد، قال: جلس إلي عمر في مجلسك هذا، فقال: "لقد هممت أن لا أدع فيها صفراء ولا بيضاء إلا قسمتها بين المسلمين." قلت: ما أنت بفاعل! قال: لم؟ قلت: لم يفعله صاحباك، قال: هما المرءان يقتدى بهما" (version n° 6847).

-
Administration, gestion de la cité et prise de décisions :

--- Omar ibn ul-Khattâb (que Dieu l'agrée) avait institutionnalisé un Conseil de Consultation ("majlissu Omar wa mushâwaratuh") : ses membres étaient choisis par le calife en fonction de leurs compétences [ijtihad de type 3] :
- "عن ابن عباس رضي الله عنهما، قال: قدم عيينة بن حصن بن حذيفة فنزل على ابن أخيه الحر بن قيس، وكان من النفر الذين يدنيهم عمر، وكان القراء أصحاب مجالس عمر ومشاورته، كهولا كانوا أو شبانا. فقال عيينة لابن أخيه: يا ابن أخي، هل لك وجه عند هذا الأمير، فاستأذن لي عليه، قال: سأستأذن لك عليه. قال ابن عباس: فاستأذن الحر لعيينة فأذن له عمر، فلما دخل عليه قال: هي يا ابن الخطاب، فوالله ما تعطينا الجزل ولا تحكم بيننا بالعدل! فغضب عمر حتى هم أن يوقع به، فقال له الحر: يا أمير المؤمنين، إن الله تعالى قال لنبيه صلى الله عليه وسلم: {خذ العفو وأمر بالعرف وأعرض عن الجاهلين}، وإن هذا من الجاهلين! والله ما جاوزها عمر حين تلاها عليه، وكان وقافا عند كتاب الله" (al-Bukhârî, 4366, 6856) ;
- "عن ابن عباس رضي الله عنهما، قال: كان عمر يدخلني مع أشياخ بدر، فقال بعضهم: لم تدخل هذا الفتى معنا ولنا أبناء مثله؟ فقال: إنه ممن قد علمتم! قال: فدعاهم ذات يوم ودعاني معهم قال: وما رئيته دعاني يومئذ إلا ليريهم مني، فقال: ما تقولون في إذا جاء نصر الله والفتح، ورأيت الناس يدخلون في دين الله أفواجا حتى ختم السورة، فقال بعضهم: أمرنا أن نحمد الله ونستغفره إذا نصرنا وفتح علينا، وقال بعضهم: لا ندري، أو لم يقل بعضهم شيئا، فقال لي: يا ابن عباس، أكذاك تقول؟ قلت: لا، قال: فما تقول؟ قلت: هو أجل رسول الله صلى الله عليه وسلم أعلمه الله له: إذا جاء نصر الله والفتح فتح مكة، فذاك علامة أجلك: فسبح بحمد ربك واستغفره إنه كان توابا. قال عمر: ما أعلم منها إلا ما تعلم" (al-Bukhârî, 4043, 4686).

--- [action de type 1] : Alors qu'il se dirige vers Shâm, arrivé à Sar'gh, Omar est informé que la peste s'est déclarée dans la région où il doit se rendre. N'ayant pas connaissance du Hadîth du Prophète sur le fait de savoir s'il doit poursuivre son chemin ou s'il doit ne pas se rendre dans la région où l'épidémie sévit, il consulte les personnages présents ; il prend alors d'abord l'avis des "muhârijûn", puis celui des "ansâr" [ces deux groupes constituent "as-sâbiqûn al-awwalûna min al-muhâjirîna wa-l-ansâr"] ; puis il prend l'avis des "muhâjirat ul-fat'h'" : il décide alors de ne pas poursuivre son voyage. Ensuite il apprend de la bouche de Abd ur-Rahmân ibn 'Awf, survenu alors, que c'est là ce que le Prophète avait dit de faire : "عن عبد الله بن عباس: أن عمر بن الخطاب رضي الله عنه، خرج إلى الشأم، حتى إذا كان بسرغ لقيه أمراء الأجناد، أبوعبيدة بن الجراح وأصحابه، فأخبروه أن الوباء قد وقع بأرض الشأم. قال ابن عباس: فقال عمر: ادع لي المهاجرين الأولين، فدعاهم فاستشارهم، وأخبرهم أن الوباء قد وقع بالشأم، فاختلفوا، فقال بعضهم: قد خرجت لأمر، ولا نرى أن ترجع عنه، وقال بعضهم: معك بقية الناس وأصحاب رسول الله صلى الله عليه وسلم، ولا نرى أن تقدمهم على هذا الوباء، فقال: ارتفعوا عني، ثم قال: ادعوا لي الأنصار، فدعوتهم فاستشارهم، فسلكوا سبيل المهاجرين، واختلفوا كاختلافهم، فقال: ارتفعوا عني، ثم قال: ادع لي من كان ها هنا من مشيخة قريش من مهاجرة الفتح، فدعوتهم، فلم يختلف منهم عليه رجلان، فقالوا: نرى أن ترجع بالناس ولا تقدمهم على هذا الوباء، فنادى عمر في الناس: إني مصبح على ظهر فأصبحوا عليه. قال أبوعبيدة بن الجراح: أفرارا من قدر الله؟ فقال عمر: لو غيرك قالها يا أبا عبيدة؟ نعم نفر من قدر الله إلى قدر الله، أرأيت لو كان لك إبل هبطت واديا له عدوتان، إحداهما خصبة، والأخرى جدبة، أليس إن رعيت الخصبة رعيتها بقدر الله، وإن رعيت الجدبة رعيتها بقدر الله؟ قال: فجاء عبد الرحمن بن عوف - وكان متغيبا في بعض حاجته - فقال: إن عندي في هذا علما، سمعت رسول الله صلى الله عليه وسلم يقول: «إذا سمعتم به بأرض فلا تقدموا عليه، وإذا وقع بأرض وأنتم بها فلا تخرجوا فرارا منه» قال: فحمد الله عمر ثم انصرف" (al-Bukhârî, 5397).

--- [ijtihad de type 3] : Omar dit un jour, dans un discours, s'adressant un moment à Dieu : "O Dieu, je te prends à témoin sur les gouverneurs des villes ; je ne les ai envoyés aux gens de (ces villes) que pour qu'ils établissent la justice quant à ces (gens), qu'ils enseignent aux hommes leur Dîn et la Sunna de leur Prophète (que Dieu le bénisse et le salue), qu'ils répartissent entre eux leur Fay', et qu'ils me fassent remonter leurs affaires ardues" : "ثم قال: "اللهم إني أشهدك على أمراء الأمصار، وإني إنما بعثتهم عليهم ليعدلوا عليهم، وليعلموا الناس دينهم وسنة نبيهم صلى الله عليه وسلم ويقسموا فيهم فيئهم، ويرفعوا إليّ ما أشكل عليهم من أمرهم."" (Muslim, 567).

--- [ijtihad de type 3] : Omar exigeait de ses gouverneurs une vie extrêmement simple : "وعن عمر بن الخطاب رضي الله عنه أنه كان إذا بعث عماله شرط عليهم أن "لا تركبوا برذونا ولا تأكلوا نقيا ولا تلبسوا رقيقا ولا تغلقوا أبوابكم دون حوائج الناس؛ فإن فعلتم شيئا من ذلك فقد حلت بكم العقوبة." ثم يشيعهم. رواه البيهقي في شعب الإيمان" (Mishkât 3730).

--- [ijtihad de type 4] : Omar ibn ul-Khattâb a dit, dans un sermon fait un vendredi à Médine, que le cas du choix de Abû Bakr comme calife sans consultation préalable des grands responsables de la Umma était exceptionnel, dû à la stature exceptionnelle de Abû Bakr d'une part et à la situation singulière ayant suivi le décès du Prophète d'autre part. On ne pouvait donc pas faire d'analogie avec une autre personne. Désormais, nul ne devrait proclamer quelqu'un dirigeant suprême (calife) sans qu'il y ait eu consultation préalable entre les musulmans. "عن ابن عباس، قال: كنت أقرئ رجالا من المهاجرين، منهم عبد الرحمن بن عوف، فبينما أنا في منزله بمنى، وهو عند عمر بن الخطاب، في آخر حجة حجها، إذ رجع إلي عبد الرحمن فقال: لو رأيت رجلا أتى أمير المؤمنين اليوم، فقال: يا أمير المؤمنين، هل لك في فلان؟ يقول: لو قد مات عمر لقد بايعت فلانا، فوالله ما كانت بيعة أبي بكر إلا فلتة فتمت. فغضب عمر، ثم قال: إني إن شاء الله لقائم العشية في الناس، فمحذرهم هؤلاء الذين يريدون أن يغصبوهم أمورهم. قال عبد الرحمن: فقلت: يا أمير المؤمنين لا تفعل، فإن الموسم يجمع رعاع الناس وغوغاءهم، فإنهم هم الذين يغلبون على قربك حين تقوم في الناس، وأنا أخشى أن تقوم فتقول مقالة يطيرها عنك كل مطير، وأن لا يعوها، وأن لا يضعوها على مواضعها، فأمهل حتى تقدم المدينة، فإنها دار الهجرة والسنة، فتخلص بأهل الفقه وأشراف الناس، فتقول ما قلت متمكنا، فيعي أهل العلم مقالتك، ويضعونها على مواضعها. فقال عمر: أما والله - إن شاء الله - لأقومن بذلك أول مقام أقومه بالمدينة. قال ابن عباس: فقدمنا المدينة في عقب ذي الحجة، فلما كان يوم الجمعة عجلت الرواح حين زاغت الشمس، حتى أجد سعيد بن زيد بن عمرو بن نفيل جالسا إلى ركن المنبر، فجلست حوله تمس ركبتي ركبته، فلم أنشب أن خرج عمر بن الخطاب، فلما رأيته مقبلا، قلت لسعيد بن زيد بن عمرو بن نفيل: ليقولن العشية مقالة لم يقلها منذ استخلف، فأنكر علي وقال: ما عسيت أن يقول ما لم يقل قبله، فجلس عمر على المنبر، فلما سكت المؤذنون قام، فأثنى على الله بما هو أهله، ثم قال: أما بعد، فإني قائل لكم مقالة قد قدر لي أن أقولها، لا أدري لعلها بين يدي أجلي، فمن عقلها ووعاها فليحدث بها حيث انتهت به راحلته، ومن خشي أن لا يعقلها فلا أحل لأحد أن يكذب علي. (...) ثم إنه بلغني أن قائلا منكم يقول: والله لو قد مات عمر بايعت فلانا، فلا يغترن امرؤ أن يقول: إنما كانت بيعة أبي بكر فلتة وتمت، ألا وإنها قد كانت كذلك، ولكن الله وقى شرها، وليس منكم من تقطع الأعناق إليه مثل أبي بكر، من بايع رجلا عن غير مشورة من المسلمين فلا يبايع هو ولا الذي بايعه، تغرة أن يقتلا. وإنه قد كان من خبرنا حين توفى الله نبيه صلى الله عليه وسلم أن الأنصار خالفونا، واجتمعوا بأسرهم في سقيفة بني ساعدة، وخالف عنا علي والزبير ومن معهما، واجتمع المهاجرون إلى أبي بكر، فقلت لأبي بكر: يا أبا بكر انطلق بنا إلى إخواننا هؤلاء من الأنصار، فانطلقنا نريدهم (...)." (al-Bukhârî, 6442).

-
Paix et conquête :

--- [ijtihad de type 3] : Alors que 'Amr ibn ul-'Âs lui exposa de mener la conquête de l'Egypte, Omar fut réticent à l'idée de lui en donner l'autorisation.

--- [ijtihad de type 3] : Omar ne voulait pas que les gens alors vivants se partagent tout, ne laissant rien à ceux des générations futures : "عن أبيه، أنه سمع عمر بن الخطاب رضي الله عنه يقول: "أما والذي نفسي بيده لولا أن أترك آخر الناس ببانا ليس لهم شيء، ما فتحت علي قرية إلا قسمتها كما قسم النبي صلى الله عليه وسلم خيبر ولكني أتركها خزانة لهم يقتسمونها" (al-Bukhârî, 3994). Il voulait dire : "comme le Prophète a rendu des gens propriétaires de la moitié de Khaybar".
Après la bataille de al-Qâdissiyya, qui avait "ouvert" l'Irak, Omar ibn ul-Khattâb s'était opposé à ce que réclamaient Bilal et d'autres personnes (que Dieu les agrée tous) : partager la terre de l'Irak entre les musulmans ayant participé à la bataille. En fait, ayant reçu de Sa'd ibn Abî Waqqâs, son général des armées, une lettre lui demandant ce qu'il devait faire, Omar ibn ul-Khattâb consulta des Compagnons. Suivant le conseil de 'Alî et de Mu'âdh, il refusa que cette terre soit partagée, et il la laissa ainsi, non-partagée, faisant désormais partie de la Dâr ul-islâm, mais chaque habitant originel du pays conservant la parcelle de terre dont il était propriétaire avant la conquête. Il établit cependant un impôt foncier fixe, la Kharâj, sur les terrains agricoles de l'Irak.
Lors de la conquête de l'Egypte, la même discussion s'engagea entre le chef de l'armée, 'Amr ibn ul-'Âs, et quelques personnes (dont az-Zubayr ibn ul-'Awwâm), ces dernières réclamant que la terre soit partagée entre les gens composant l'armée. Le général refusa, et écrivit à Omar ibn ul-Khattâb pour lui demander que faire. La réponse de Omar fut la même que pour l'Irak : pas de partage.

-
Omar était soucieux de l'avenir de la Umma Muhammadiyya :

--- Lorsque la parole de Dieu descendit qui dit : "Aujourd'hui, J'ai parachevé votre Dîn, J'ai complété sur vous Mon bienfait, et J'ai agréé pour vous l'islam comme Dîn" (Coran 5/3) , Omar pleura. A la question du Prophète (sur lui soit la paix) : "Qu'est-ce qui te fait pleurer ?", il répondit : "Me fait pleurer que nous étions en augmentation par rapport à notre Dîn ; mais maintenant qu'il est arrivé à la complétion, alors toute chose qui arrive à complétion connaît ensuite un déclin. - Tu as dit vrai, fit le Prophète" : "عن عنترة، قال: لما نزلت: {اليوم أكملت لكم دينكم} - وذلك يوم الحج الأكبر -، بكى عمر. فقال له النبي صلى الله عليه وسلم: "ما يبكيك؟" قال: "أبكاني أنّا كنا في زيادة من ديننا؛ فأما إذ كمل، فإنه لم يكمل شيء إلا نقص!" فقال: "صدقت" (Tafsîr ut-Tabarî, 11083). Ici il ne s'agit pas d'une diminution dans le Dîn théorique, mais dans la pratique du Dîn chez les musulmans ; et aussi dans la force de la présence du Dîn dans le Réel (ce qui induit également de nombreux cas d'apostasie).

--- "Lequel d'entre vous se rappelle la parole du Messager de Dieu relative au Trouble ? demanda-t-il un jour. Il voulait parler du Grand Trouble, celui qui ferait des vagues comme la mer en fait.
"عن حذيفة، أن عمر بن الخطاب رضي الله عنه، قال: أيكم يحفظ قول رسول الله صلى الله عليه وسلم في الفتنة؟ فقال حذيفة: أنا أحفظ كما قال، قال: هات، إنك لجريء، قال رسول الله صلى الله عليه وسلم: «فتنة الرجل في أهله وماله وجاره، تكفرها الصلاة، والصدقة، والأمر بالمعروف، والنهي عن المنكر»، قال: ليست هذه، ولكن التي تموج كموج البحر، قال: يا أمير المؤمنين، لا بأس عليك منها، إن بينك وبينها بابا مغلقا، قال: يفتح الباب أو يكسر؟ قال: لا، بل يكسر، قال: ذاك أحرى أن لا يغلق، قلنا: علم عمر الباب؟ قال: نعم، كما أن دون غد الليلة، إني حدثته حديثا ليس بالأغاليط، فهبنا أن نسأله، وأمرنا مسروقا فسأله فقال: من الباب؟، قال: عمر" (B 3393, M 144).

--- "Comment se fait-il que cette Umma se divisera (un jour), alors que son Prophète est le même et sa Qibla est la même ?" demanda-t-il un jour. "روى أبو عبيد عن إبراهيم التيمي؛ قال: خلا عمر ذات يوم؛ فجعل يحدث نفسه: "كيف تختلف هذه الأمة ونبيها واحد، وقبلتها واحدة ؟" فأرسل إلى ابن عباس، فقال: "كيف تختلف هذه الأمة ونبيها واحد وقبلتها واحدة؟" فقال ابن عباس: "يا أمير المؤمنين! إنا أنزل علينا القرآن فقرأناه، وعلمنا فيما نزل، وإنه سيكون بعدنا أقوام يقرءون القرآن ولا يدرون فيما نزل، فيكون لهم فيه رأي، فإذا كان لهم فيه رأي اختلفوا، فإذا اختلفوا اقتتلوا." قال: فزجره عمر وانتهره؛ فانصرف ابن عباس. ونظر عمر فيما قال؛ فعرفه. فأرسل إليه، فقال: أَعِدْ عليَّ ما قلتَ." فأعاده عليه؛ فعرف عمر قوله وأعجبه".
وما قاله صحيح في الاعتبار. ويتبين بما هو أقرب؛ فقد روى ابن وهب عن بكير أنه سأل نافعا: كيف كان رأي ابن عمر في الحرورية؟ قال: "يراهم شرار خلق الله، إنهم انطلقوا إلى آيات أنزلت في الكفار فجعلوها على المؤمنين". فهذا معنى الرأي الذي نبه ابن عباس عليه، وهو الناشئ عن الجهل بالمعنى الذي نزل فيه القرآن.
وروي أن مروان أرسل بوابه إلى ابن عباس، وقال: "قل له: لئن كان كل امرئ فرح بما أوتي وأحب أن يحمد بما لم يفعل معذبا؛ لنعذبن أجمعون"
(Al-Muwâfaqât, 2/311).

--- Omar ibn ul-Khattâb dit un jour : "Par le Seigneur de la Kaaba, j'ai compris quand les Arabes seront détruits. (C'est) lorsque les dirigera qui n'aura pas été dans la compagnie du Messager de Dieu de sorte que la Piété le cadre, ni n'aura connu la Jâhiliyya de sorte d'avoir pris d'eux leur Bon Sens / leur Mansuétude" : "عن المستظل بن حصين قال: سمعت عمر بن الخطاب يقول: والله لقد علمت متى تهلك العرب: إذا ساسهم من لم يصحب النبي صلى الله عليه وسلم فيقيده الورع، أو يدرك الجاهلية فيأخذ بأحلامهم" (Musnadu Ibn il-Ja'd, n° 2368).

--- Amr ibn Maymûn raconte que, ayant été mortellement blessé, prié de désigner celui qui lui succéderait comme calife, Omar ibn ul-Khattâb dit : "Je ne trouve personne qui mérite le plus la direction que les personnages dont le Prophète est décédé (particulièrement) content d'eux" ; Amr poursuit : "Il cita alors les noms de Alî, Uthmân, az-Zubayr, Tal'ha, Sa'd et Abd ur-Rahmân" : "فقالوا: أوص يا أمير المؤمنين استخلف، قال: ما أجد أحدا أحق بهذا الأمر من هؤلاء النفر، أو الرهط، الذين توفي رسول الله صلى الله عليه وسلم وهو عنهم راض، فسمى عليا، وعثمان، والزبير، وطلحة، وسعدا، وعبد الرحمن، وقال: يشهدكم عبد الله بن عمر، وليس له من الأمر شيء - كهيئة التعزية له - فإن أصابت الإمرة سعدا فهو ذاك، وإلا فليستعن به أيكم ما أمر، فإني لم أعزله عن عجز، ولا خيانة" (al-Bukhârî, 3497). Omar cita en fait ici les "ashara mubashshara" (at-Tirmidhî 3847-3848, Abû Dâoûd 4649) qui étaient encore vivants à l'époque – exception faite de Sa'ïd ibn Zayd, qui était encore vivant mais que Omar n'a pas nommé parce qu'il avait un lien de parenté avec lui (FB).

--- Omar ibn ul-Khattâb, mortellement blessé, laisse ses dernières recommandations à l'attention de celui qui sera choisi calife après lui à propos de chaque groupe constituant la société de la Dâr ul-islam (y compris les non-musulmans) : "أوصي الخليفة من بعدي، بالمهاجرين الأولين، أن يعرف لهم حقهم، ويحفظ لهم حرمتهم. وأوصيه بالأنصار خيرا، الذين تبوءوا الدار والإيمان من قبلهم، أن يقبل من محسنهم، وأن يعفى عن مسيئهم. وأوصيه بأهل الأمصار خيرا، فإنهم ردء الإسلام، وجباة المال، وغيظ العدو، وأن لا يؤخذ منهم إلا فضلهم عن رضاهم. وأوصيه بالأعراب خيرا، فإنهم أصل العرب ومادة الإسلام، أن يؤخذ من حواشي أموالهم، ويرد على فقرائهم. وأوصيه بذمة الله وذمة رسوله صلى الله عليه وسلم أن يوفى لهم بعهدهم، وأن يقاتل من ورائهم، ولا يكلفوا إلا طاقتهم" (al-Bukhârî, 3497).

--- Omar ibn ul-Khattâb, mortellement blessé, répond à Abdullâh ibn Abbâs qui vient de tenter de le réconforter : "Quant à la crainte que tu vois sur moi, c'est à cause de toi et de tes Compagnons". "عن المسور بن مخرمة، قال: لما طعن عمر جعل يألم، فقال له ابن عباس وكأنه يجزعه: "يا أمير المؤمنين، ولئن كان ذاك، لقد صحبت رسول الله صلى الله عليه وسلم فأحسنت صحبته، ثم فارقته وهو عنك راض، ثم صحبت أبا بكر فأحسنت صحبته، ثم فارقته وهو عنك راض، ثم صحبت صحبتهم فأحسنت صحبتهم، ولئن فارقتهم لتفارقنهم وهم عنك راضون." قال: "أما ما ذكرت من صحبة رسول الله صلى الله عليه وسلم ورضاه، فإنما ذاك من من الله تعالى من به علي، وأما ما ذكرت من صحبة أبي بكر ورضاه، فإنما ذاك من من الله جل ذكره من به علي. وأما ما ترى من جزعي فهو من أجلك وأجل أصحابك. والله لو أن لي طلاع الأرض ذهبا لافتديت به من عذاب الله عز وجل، قبل أن أراه" (al-Bukhârî, 3489).

-
Par ailleurs :

- A cause de ses multiples occupations, il est arrivé qu'il dirige la prière et oublie qu'il est en prière :

Omar ibn ul-Khattâb a dit un jour : "Je prépare mes armées pendant que je suis dans la prière" (Ibn Abî Shayba, 8034, également cité par al-Bukhârî ta'lîqan : al-'amal fi-s-salât, bâb 18 : Omar parlait là de comment il organiserait l'armée et de quoi il l'équiperait). Il a aussi dit : "Je calcule la jizya de al-Bahreïn pendant que je suis dans la prière" (Ibn Abî Shayba, 8033).

Pour ce qui est de ces deux propos de Omar ibn ul-Khattâb, je penche vers l'interprétation selon laquelle il ne relatait pas là quelque chose qu'il ferait volontairement (en tant que chose tout à fait normale lors d'une prière), mais qu'il relatait plutôt là ce qui lui arrivait involontairement, à cause de ses très  nombreuses occupations liées à sa fonction de calife, donc de dîn : il s'agissait donc d'un cas B.B.B.B.B.

Ceci semble ressortir de la relation de certaines personnes, qui racontent qu'une fois, Omar dirigea la prière de al-maghrib, mais n'y fit pas la récitation du Coran. Lorsqu'il eut terminé la prière, Abû Mûssâ le lui fit remarquer. Après s'être assuré de cela, il refit la prière. Lorsqu'il eut accompli celle-ci, il dit : "Pas de prière lorsque la récitation n'y a pas eu lieu ! M'avait occupé l'esprit une caravane que j'avais équipée et envoyée à Shâm ; je m'étais mis à penser à son sujet" (FB 3/117).
Omar n'était pas un commerçant envoyant des caravanes, il s'agissait ici de quelque chose qu'il avait fait en tant que calife, dans le cadre de sa gestion de la société. C'est apparemment ce que al-Bukhârî veut faire comprendre, en ayant placé ce propos de Omar sous le même titre (tarjama) que celui sous lequel il a placé le hadîth où on voit le Prophète penser, pendant qu'il prie, au morceau d'or qui le préoccupe : "Du fait que l'homme pense à quelque chose pendant la prière" (Sahîh ul-Bukhârî, al-'amal fi-s-salât, bâb 18). Il s'agissait donc également pour Omar d'un souci, d'une idée qui revenait dans sa tête parce qu'il en était soucieux et avait de nombreuses charges, et non d'une pensée volontaire.

Ibn Abî Shayba a par ailleurs rapporté de Ibn Sîrîn le propos suivant : "Omar ibn ul-Khattâb craignait d'oublier ; lorsqu'il accomplissait la prière, il avait chargé quelqu'un, afin de le remarquer : lorsqu'il se levait, il se levait aussi ; et lorsqu'il s'asseyait, il s'asseyait" (3496). Ibn Kathîr a écrit que, sous réserve que ce propos soit authentique, il relate en fait ce qui s'est passé à un moment où Omar était très soucieux : peut-être lors de la bataille du Yarmuk, lorsqu'il avait appris que les Byzantins avaient massé quantité de troupes contre les musulmans (note de Muhammad 'Awwâma sur Mussanaf Ibn Abî Shayba, 3/199-200).

-

- A la fin : le martyre :

Le Prophète avait prédit un jour que Omar et Uthmân seraient martyrs : "عن أنس رضي الله عنه، قال: صعد النبي صلى الله عليه وسلم أحدا ومعه أبو بكر، وعمر، وعثمان، فرجف، وقال: "اسكن أحد - أظنه ضربه برجله -، فليس عليك إلا نبي، وصديق، وشهيدان" (al-Bukhârî, 3496).

Et Hudhayfa avait dit à Omar que la porte fermée (constituée de la personne de Omar) face au Grand Trouble serait brisée, et non pas seulement ouverte : "عن حذيفة، أن عمر بن الخطاب رضي الله عنه، قال: أيكم يحفظ قول رسول الله صلى الله عليه وسلم في الفتنة؟ فقال حذيفة: أنا أحفظ كما قال، قال: هات، إنك لجريء، قال رسول الله صلى الله عليه وسلم: «فتنة الرجل في أهله وماله وجاره، تكفرها الصلاة، والصدقة، والأمر بالمعروف، والنهي عن المنكر»، قال: ليست هذه، ولكن التي تموج كموج البحر، قال: يا أمير المؤمنين، لا بأس عليك منها، إن بينك وبينها بابا مغلقا، قال: يفتح الباب أو يكسر؟ قال: لا، بل يكسر، قال: ذاك أحرى أن لا يغلق، قلنا: علم عمر الباب؟ قال: نعم، كما أن دون غد الليلة، إني حدثته حديثا ليس بالأغاليط، فهبنا أن نسأله، وأمرنا مسروقا فسأله فقال: من الباب؟، قال: عمر" (B 3393, M 144).

Omar avait d'ailleurs vu un rêve, et l'avait raconté dans un discours : il avait vu qu'un coq le becquetait en 3 fois, et avait compris que le moment de sa mort était devenu proche : "عن معدان بن أبي طلحة، أن عمر بن الخطاب خطب يوم الجمعة، فذكر نبي الله صلى الله عليه وسلم، وذكر أبا بكر، قال: "إني رأيت كأن ديكا نقرني ثلاث نقرات، وإني لا أراه إلا حضور أجلي. وإن أقواما يأمرونني أن أستخلف، وإن الله لم يكن ليضيع دينه ولا خلافته، ولا الذي بعث به نبيه صلى الله عليه وسلم. فإن عجل بي أمر، فالخلافة شورى بين هؤلاء الستة الذين توفي رسول الله صلى الله عليه وسلم وهو عنهم راض. وإني قد علمت أن أقواما يطعنون في هذا الأمر، أنا ضربتهم بيدي هذه على الإسلام، فإن فعلوا ذلك فأولئك أعداء الله الكفرة الضلال. ثم إني لا أدع بعدي شيئا أهم عندي من الكلالة، ما راجعت رسول الله صلى الله عليه وسلم في شيء ما راجعته في الكلالة، وما أغلظ لي في شيء ما أغلظ لي فيه، حتى طعن بإصبعه في صدري، فقال: "يا عمر ألا تكفيك آية الصيف التي في آخر سورة النساء؟". وإني إن أعش أقض فيها بقضية يقضي بها من يقرأ القرآن ومن لا يقرأ القرآن." ثم قال: "اللهم إني أشهدك على أمراء الأمصار، وإني إنما بعثتهم عليهم ليعدلوا عليهم، وليعلموا الناس دينهم وسنة نبيهم صلى الله عليه وسلم ويقسموا فيهم فيئهم، ويرفعوا إليّ ما أشكل عليهم من أمرهم." "ثم إنكم أيها الناس تأكلون شجرتين لا أراهما إلا خبيثتين: هذا البصل والثوم، لقد رأيت رسول الله صلى الله عليه وسلم، إذا وجد ريحهما من الرجل في المسجد، أمر به فأخرج إلى البقيع؛ فمن أكلهما فليمتهما طبخا" (Muslim, 567).

Aussi, Omar demandait à Dieu de lui accorder le martyre dans Sa Voie, en même temps que la mort dans la ville de Son Messager : "عن عمر رضي الله عنه، قال: "اللهم ارزقني شهادة في سبيلك، واجعل موتي في بلد رسولك صلى الله عليه وسلم" (al-Bukhârî, 1791).

Dans son long récit relatant comment Omar fut mortellement blessé par un esclave perse, alors qu'il venait de débuter l'accomplissement, en groupe, de la prière de l'aube dans la mosquée du Prophète à Médine, Amr ibn Meymûn raconte que, alors que, au vu de la gravité de la blessure, chacun avait compris que Omar allait bientôt mourir, un jeune homme vint dire à Omar : "Reçois la bonne nouvelle, ô dirigeant des croyants, que Dieu te donne, à savoir la compagnie du Messager de Dieu, que Dieu le bénisse et le salue, et de l'ancienneté que tu connais en islam. Ensuite tu es devenu responsable et tu as été juste. Ensuite (maintenant) le martyre". Mais Omar lui répondit : "J'aimerais que j'en sois acquitté (par Dieu) : rien pour moi ni rien contre moi" : "وجاء الناس، فجعلوا يثنون عليه، وجاء رجل شاب، فقال: أبشر يا أمير المؤمنين ببشرى الله لك، من صحبة رسول الله صلى الله عليه وسلم، وقدم في الإسلام ما قد علمت، ثم وليت فعدلت، ثم شهادة. قال: وددت أن ذلك كفاف لا علي ولا لي." فلما أدبر إذا إزاره يمس الأرض، قال: ردوا علي الغلام، قال: "يا ابن أخي ارفع ثوبك، فإنه أبقى لثوبك، وأتقى لربك" (al-Bukhârî, 3497).

A Abdullâh ibn Abbâs, Omar dit : "Par Dieu, si je possédais la quantité de la Terre en or, je la donnerais en échange face au châtiment de Dieu, avant de risquer de le voir" : "والله لو أن لي طلاع الأرض ذهبا، لافتديت به من عذاب الله عز وجل قبل أن أراه" (al-Bukhârî, 3489). Omar était, ici encore, dans le droit fil des qualités des pieux, tels que définis dans le Coran et la Sunna : "عن عبد الرحمن بن سعيد بن وهب الهمداني، أن عائشة زوج النبي صلى الله عليه وسلم قالت: سألت رسول الله صلى الله عليه وسلم عن هذه الآية: {والذين يؤتون ما آتوا وقلوبهم وجلة}: قالت عائشة: "أهم الذين يشربون الخمر ويسرقون؟" قال: "لا يا بنت الصديق، ولكنهم الذين يصومون ويصلون ويتصدقون، وهم يخافون أن لا تقبل منهم {أولئك يسارعون في الخيرات وهم لها سابقون}" (at-Tirmidhî, 3175). Dieu dit également : "إِنَّ الْمُتَّقِينَ فِي جَنَّاتٍ وَعُيُونٍ آخِذِينَ مَا آتَاهُمْ رَبُّهُمْ. إِنَّهُمْ كَانُوا قَبْلَ ذَلِكَ مُحْسِنِينَ. كَانُوا قَلِيلًا مِّنَ اللَّيْلِ مَا يَهْجَعُونَ. وَبِالْأَسْحَارِ هُمْ يَسْتَغْفِرُونَ. وَفِي أَمْوَالِهِمْ حَقٌّ لِّلسَّائِلِ وَالْمَحْرُومِ" (Coran 51/15-19).

Omar envoya son fils Abdullâh demander à Aïcha, veuve du Prophète, si elle voulait bien qu'il soit enterré aux côtés du Prophète et de Abû Bakr. Elle accepta : "انطلق إلى عائشة أم المؤمنين، فقل: يقرأ عليك عمر السلام، ولا تقل أمير المؤمنين، فإني لست اليوم للمؤمنين أميرا، وقل: يستأذن عمر بن الخطاب أن يدفن مع صاحبيه." فسلم واستأذن، ثم دخل عليها، فوجدها قاعدة تبكي، فقال: يقرأ عليك عمر بن الخطاب السلام، ويستأذن أن يدفن مع صاحبيه. فقالت: "كنت أريده لنفسي، ولأوثرن به اليوم على نفسي." فلما أقبل، قيل: "هذا عبد الله بن عمر قد جاء." قال: "ارفعوني." فأسنده رجل إليه، فقال: "ما لديك؟" قال: "الذي تحب يا أمير المؤمنين: أذنت." قال: "الحمد لله، ما كان من شيء أهم إلي من ذلك، فإذا أنا قضيت فاحملوني، ثم سلم، فقل: يستأذن عمر بن الخطاب، فإن أذنت لي، فأدخلوني؛ وإن ردتني، ردوني إلى مقابر المسلمين" (al-Bukhârî, 3497).

ِQuand le corps de Omar fut placé sur le lit funéraire et que les gens passèrent, Alî ibn Abî Tâlib adressa au défunt ces mots :
"Tu n'as laissé après toi personne dont j'aimerais me présenter devant Dieu avec des actions semblables aux siennes.
Par Dieu, je pensais bien que Dieu te mettrait avec tes deux compagnons [le Prophète et Abû Bakr] ! J'avais tant entendu le Prophète dire : "Je suis parti, accompagné de Abû Bakr et de Omar" ; "Je suis entré, accompagné de Abû Bakr et de Omar" ; "Je suis sorti, accompagné de Abû Bakr et de Omar"..."
:
"عن ابن عباس قال: وضع عمر على سريره فتكنفه الناس، يدعون ويصلون قبل أن يرفع وأنا فيهم، فلم يرعني إلا رجل آخذ منكبي، فإذا علي بن أبي طالب فترحم على عمر، وقال: ما خلفت أحدا أحب إلي أن ألقى الله بمثل عمله منك، وايم الله إن كنت لأظن أن يجعلك الله مع صاحبيك، وحسبت إني كنت كثيرا أسمع النبي صلى الله عليه وسلم يقول: «ذهبت أنا وأبو بكر وعمر، ودخلت أنا وأبو بكر وعمر، وخرجت أنا وأبو بكر وعمر" (al-Bukhârî, 3484 ; Muslim, 2389).

-
Que Dieu agrée Omar ibn ul-Khattâb et tous les autres Compagnons du Dernier Prophète (sur lui soit la paix).

Print Friendly, PDF & Email