Qu'est-ce que le Coran et les hadîths enseignent-ils réellement au sujet des captifs de guerre et du butin, pour l'époque du Prophète (صلى الله عليه وسلم) et de ses Compagnons ?

Une question au sujet du butin :

Il est notoire que le Coran et les Hadiths enseignent de partager le butin pris aux vaincus. Non seulement votre prophète était un guerrier, mais en plus un pillard. Libre à vous de considérer qu'un homme de ce type est un vrai messager de Dieu. Mais vous qui tentez sans cesse de d'expliquer vos textes, qu'avez-vous à dire ici pour la défense de votre prophète, de votre Coran et de vos Hadiths ?

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Une autre question au sujet des captives de guerre :

A cause de l'actualité internationale, j'ai cherché à en savoir plus. Et le résultat de mes recherches m'a estomaqué. Est-il vrai que notre saint Prophète (sallallahou alaihi wa sallama) et ses Compagnons ont réduit des femmes à l'état d'esclaves, et ont eu des relations intimes avec elles ?
Qui peut donc devenir esclave et de quelle manière ?
Quel est le "droit" de l'homme sur son esclave de sexe féminin en ce qui concerne les rapports intimes, peut-il la "violer", la forcer ?
Qu'en est-il de lui dire de se prostituer ?
Est-ce que les femmes peuvent avoir des esclaves ? Peuvent-elles avoir des rapports intimes avec eux ?

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Réponse à ces 2 questions :

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Lire au préalable les articles suivants, qui exposent les cas où l'état de belligérance est réellement institué, et quelle est l'éthique de l'islam pour la conduite des conflits :

--- Le concept islamique du "jihad" n'est pas spécifiquement d'ordre militaire ;
--- La paix est ce que nous souhaitons – Les différents cas de combat (défensif /offensif) évoqués dans le Coran ;
--- Les versets demandant de tuer les polythéistes (sourate 9) : ne pas considérer ces versets hors de leur contexte (Commentaire de Coran 9/1-5) ;
--- Le traité de paix conclu entre un pays musulman et un pays non-musulman est valide même s'il ne comporte aucune durée déterminée.

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I) Les ennemis (hommes et femmes) ayant été vaincus à l'issue d'une bataille :

--- Lors d'un conflit armé, il n'est pas autorisé de viser des non-combattants.

--- Mais à l'issue de la bataille, qu'advenait-il des hommes et femmes du côté "ennemi", c'est-à-dire des vaincus : étaient-ils réduits à l'état d'esclaves ?

Explications...

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En Arabie et ailleurs, l'esclavage pré-existait à la venue du prophète Muhammad (sur lui soit la paix). La Loi que celui-ci a apporté l'a encadré : on ne réduit pas un être libre à l'état d'esclave ainsi, par exemple en capturant un passant. "عن أبي هريرة رضي الله عنه، عن النبي صلى الله عليه وسلم، قال: " قال الله: ثلاثة أنا خصمهم يوم القيامة: رجل أعطى بي ثم غدر، ورجل باع حرا فأكل ثمنه، ورجل استأجر أجيرا فاستوفى منه ولم يعط أجره" : ici le Prophète a dit que Dieu sera l'adversaire, le jour de la résurrection, de 3 personnes, parmi lesquelles : "l'homme qui aura vendu (comme esclave) un homme libre, profitant du prix ainsi obtenu" (al-Bukhârî, 2114).

Par ailleurs, plusieurs kaffârah (expiations pour certains péchés) sont constituées en islam de l'affranchissement d'un esclave : "فَتَحْرِيرُ رَقَبَةٍ" (en quelques versets du Coran).

De façon générale, il est recommandé de les affranchir même sans que ce soit pour expier un péché : "فَلَا اقْتَحَمَ الْعَقَبَةَ {90/11} وَمَا أَدْرَاكَ مَا الْعَقَبَةُ {90/12} فَكُّ رَقَبَةٍ {90/13} أَوْ إِطْعَامٌ فِي يَوْمٍ ذِي مَسْغَبَةٍ {90/14} يَتِيمًا ذَا مَقْرَبَةٍ {90/15} أَوْ مِسْكِينًا ذَا مَتْرَبَةٍ {90/16} ثُمَّ كَانَ مِنَ الَّذِينَ آمَنُوا وَتَوَاصَوْا بِالصَّبْرِ وَتَوَاصَوْا بِالْمَرْحَمَةِ {90/17} أُوْلَئِكَ أَصْحَابُ الْمَيْمَنَةِ {90/18}" (Coran 90/11-18).

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A l'époque du Prophète (sur lui soit la paix), la "formation d'esclaves" se faisait comme suite de guerre. Cependant, faire, des ennemis capturés sur le champ de bataille, des esclaves, l'islam n'en a jamais fait une obligation, ni une fatalité ("mu'ayyan"), mais seulement une possibilité parmi d'autres. En effet, les textes de l'islam offrent une pluralité d'options quant à ce qu'il s'agit de faire avec les ennemis capturés, et le responsable a l'obligation de choisir l'option qui représente la plus grande Maslaha avec la moindre Mafsada.

Théoriquement il y avait 4 options. En effet, les captifs et captives d'une guerre, le chef de guerre :
- soit les laissait tels quels (mann),
- soit échangeait leur liberté contre une rançon ou contre la liberté de musulmans captifs de l'ennemi (fidâ'),
- soit en faisait des esclaves (istirqâq),
- soit les faisait exécuter (mais cela est inapplicable aux ennemis non-combattants, et donc aux femmes par principe).

Les 4 options figurent dans la Sunna de façon explicite (Zâd ul-Ma'âd 5/65-66 ; 3/109-114).
Dans le Coran, on trouve de façon explicite les 2 premières options (Coran 47/4), et de façon allusive les 2 dernières (la 3ème : Coran 4/24 et 33/50) (et la 4ème : Coran 47/4 et 8/67).

Or le chef ne pouvait pas choisir, parmi ces 4 options, celle qu'il avait envie de faire (تخيير اشتهاء). Il devait choisir ce que la situation demandait que l'on fasse, comme l'a dit Ahmad ibn Hanbal : "Le responsable a le devoir de choisir l'option qui renferme le plus de Maslaha (الأصلح)".

Or aujourd'hui il ne relève absolument pas de la Maslaha que de réduire des captifs d'une guerre (il faut déjà que celle-ci soit légitime) à l'état d'esclaves.
C'est pour cette raison que l'Arabie Saoudite a, il y a de cela quelques décennies,
en 1382/ 1962, sous le roi Faysal, fait disparaître l'esclavage qui existait jusqu'alors sur son sol.

En fait les textes du Coran et de la Sunna ont exposé ici cette option en tant que ce que l'on peut faire. Et pas en tant que ce que l'on doit faire.

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Un cas différent mais voisin :

Un verset énonce les catégories des bénéficiaires de la zakât ainsi : "إِنَّمَا الصَّدَقَاتُ لِلْفُقَرَاء وَالْمَسَاكِينِ وَالْعَامِلِينَ عَلَيْهَا وَالْمُؤَلَّفَةِ قُلُوبُهُمْ وَفِي الرِّقَابِ وَالْغَارِمِينَ وَفِي سَبِيلِ اللّهِ وَابْنِ السَّبِيلِ فَرِيضَةً مِّنَ اللّهِ وَاللّهُ عَلِيمٌ حَكِيمٌ" (Coran 9/60). On lit ici, parmi ces bénéficiaires : "الْمُؤَلَّفَةِ قُلُوبُهُمْ", "ceux dont les cœurs sont à gagner".
Dans le verset, cette possibilité de s'acquitter de la zakât (mashrû'iyyat ul-adâ') par ce moyen a été communiquée de façon inconditionnelle (mutlaq).

Or Omar ibn ul-Khattâb (que Dieu l'agrée) l'a comprise comme étant liée à un contexte particulier. En effet, à des personnes à qui le Prophète donnait de la zakât sans qu'elles soient pauvres et qui étaient venues réclamer après le Prophète ce qu'elles estimaient être leur dû, Omar dit : "Dieu a renforcé l'Islam" et leur dit qu'elles ne recevraient maintenant plus rien de tel (Badâ'i' us-sanâ'i'). "قال عمر بن الخطاب رضي الله عنه وقد أتاه عيينة بن حصين: {الحق من ربكم فمن شاء فليؤمن ومن شاء فليكفر}: يعني: ليس اليوم مؤلفة" (Nasb ur-râya, sur la foi de at-Tabarî), et : "عن عامر الشعبي، قال: إنما كانت المؤلفة على عهد رسول الله صلى الله عليه وسلم، فلما ولي أبو بكر رضي الله عنه انقطعت" (Nasb ur-râya, sur la foi de Ibn Abî Shayba).

Ibn Taymiyya a écrit sur le sujet qu'il s'agit d'une prescription (shar') qui est liée à une cause (sabab) : "وبالجملة فما شرعه النبي صلى الله عليه وسلم لأمته شرعا لازما، إنما لا يمكن تغييره لأنه لا يمكن نسخ بعد رسول الله صلى الله عليه وسلم. (...) وما شرعه النبي صلى الله عليه وسلم شرعا معلقا بسبب: إنما يكون مشروعا عند وجود السبب؛ كإعطاء المؤلفة قلوبهم؛ فإنه ثابت بالكتاب والسنة؛ وبعض الناس ظن أن هذا نسخ لما روي عن عمر أنه ذكر أن الله أغنى عن التألف فمن شاء فليؤمن ومن شاء فليكفر؛ وهذا الظن غلط؛ ولكن عمر استغنى في زمنه عن إعطاء المؤلفة قلوبهم فترك ذلك لعدم الحاجة إليه، لا لنسخه؛ كما لو فرض أنه عدم في بعض الأوقات ابن السبيل والغارم ونحو ذلك" (MF 33/93-94).

Il y a ici 2 choses :
– la légalité (mashrû'iyya) de s'acquitter de la zakât en la remettant à ceux dont les cœurs sont à gagner ;
– la nécessité (maslaha hâjiyya) pour les musulmans de gagner des cœurs.
Le verset :
- parle seulement de la première chose – qui est donc "mansûs 'alayh" – ;
- ne parle pas de la seconde – qui est la cause (sabab) de la première chose (la légalité de s'acquitter de la zakât par ce moyen).
Or la seconde chose est de type "maslahî" : elle est laissée à l'appréciation du Mujtahid : c'est à celui-ci que revient la prérogative d'évaluer s'il y a maslaha ou non à appliquer ce qui est une possibilité. (Différentes catégories par rapport à la plus ou moins grande subtilité dans la prise en considération de la Maslaha / Mafsada que le Réel présente face à la mise en pratique de l'Action requise - "التعارض بين العملين، والموازنة بينهما، والترجيح ؛ الاستصلاح"Quand c'est par rapport à un contexte précis que la Mafsada de l'action domine sa Maslaha (النَسْء - فقه اختلافات الأحوال التي تعيشها كل جالية مسلمة).)
Dès lors :
--- si la situation dans laquelle l'islam se trouve est telle qu'elle demande de chercher à gagner des cœurs en offrant des présents ou de l'argent, on le fera ; dès lors, il existera une catégorie de personnes méritant le qualificatif "al-mu'allafatu qulûbuhum", et – conformément au verset coranique – le musulman pourra s'acquitter de la zakât en la leur remettant ;
--- par contre, si la situation dans laquelle l'islam se trouve est telle qu'elle ne demande pas de chercher à gagner des cœurs en offrant des présents ou de l'argent, alors pareille catégorie de personnes n'existera pas dans la réalité ; on ne pourra, alors, pour s'acquitter de la zakât, la remettre à ce genre de personnes, puisqu'il n'y aura pas de "mu'allafatu qulûbuhum". On se trouvera alors dans un cas de fawât ul-mahall.

Ceci est comparable, dit Ibn Taymiyya, à la situation d'une cité où il n'y aurait pas de "personne endettée", "غارم", ni de "voyageur se retrouvant démuni lors de son voyage", "ابن السبيل" : on ne pourrait alors pas remettre la zakât à quelqu'un de ces catégories, bien que mentionnées dans ce verset. Par contre, ici, la seconde chose est de type "wâqi'î" simple.

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Pour en revenir à l'esclavage :

Par ailleurs encore, l'islam exige que le musulman d'alors se comporte bien avec ses esclaves.
"عن أبي مسعود الأنصاري، قال: كنت أضرب غلاما لي، فسمعت من خلفي صوتا: "اعلم، أبا مسعود! لله أقدر عليك منك عليه." فالتفت فإذا هو رسول الله صلى الله عليه وسلم، فقلت: يا رسول الله، هو حر لوجه الله، فقال: "أما لو لم تفعل للفحتك النار، أو: لمستك النار"
"عن أبيه، قال: قال أبو مسعود البدري: كنت أضرب غلاما لي بالسوط، فسمعت صوتا من خلفي: "اعلم، أبا مسعود!" فلم أفهم الصوت من الغضب، قال: فلما دنا مني إذا هو رسول الله صلى الله عليه وسلم، فإذا هو يقول: "اعلم، أبا مسعود، اعلم، أبا مسعود." قال: فألقيت السوط من يدي، فقال: "اعلم، أبا مسعود، أن الله أقدر عليك منك على هذا الغلام." قال: فقلت: لا أضرب مملوكا بعده أبدا"

Abû Mas'ûd al-Ansârî raconte : "J'étais en train de frapper un esclave m'appartenant, quand j'entendis derrière moi une voix : "Sache, ô Abû Mas'ûd..." J'étais tellement furieux que je ne reconnus même pas la voix. Lorsque l'homme arriva tout près de moi, je vis que c'était le Messager de Dieu, et voilà qu'il me disait : "Sache, ô Abû Mas'ûd, que Dieu a plus de pouvoir sur toi, que toi sur cet esclave !" Je dis alors : "Je ne frapperai plus jamais un esclave ! Et, par recherche de la face de Dieu, il est libre !" Le Prophète me dit alors : "Si tu n'avais pas fait cela, le Feu t'aurait brûlé"" (Muslim, 1659).

"عن زاذان أبي عمر، قال: أتيت ابن عمر وقد أعتق مملوكا، قال: فأخذ من الأرض عودا أو شيئا، فقال: ما فيه من الأجر ما يسوى هذا، إلا أني سمعت رسول الله صلى الله عليه وسلم يقول: "من لطم مملوكه، أو ضربه، فكفارته أن يعتقه" : "Celui qui a giflé ou frappé son esclave, l'expiation de ce (qu'il a fait là) est de l'affranchir" (Muslim, 1657).

Dieu Lui-même dit : "وَاعْبُدُواْ اللّهَ وَلاَ تُشْرِكُواْ بِهِ شَيْئًا وَبِالْوَالِدَيْنِ إِحْسَانًا وَبِذِي الْقُرْبَى وَالْيَتَامَى وَالْمَسَاكِينِ وَالْجَارِ ذِي الْقُرْبَى وَالْجَارِ الْجُنُبِ وَالصَّاحِبِ بِالجَنبِ وَابْنِ السَّبِيلِ وَمَا مَلَكَتْ أَيْمَانُكُمْ إِنَّ اللّهَ لاَ يُحِبُّ مَن كَانَ مُخْتَالاً فَخُورًا" : "Adorez Dieu et ne Lui associez rien. Et agissez bien envers vos père et mère, vos proches, les orphelins, les pauvres, le proche voisin, le voisin éloigné, le collègue, le voyageur et ce que vos mains possèdent [= vos esclaves]. Dieu n'aime pas le présomptueux, l'arrogant" (Coran 4/36).

Le Prophète (sur lui soit la paix) a même recommandé de ne pas appeler son esclave : "mon esclave", mais plutôt : "mon garçon" : "عن أبي هريرة، أن رسول الله صلى الله عليه وسلم قال: «لا يقولن أحدكم عبدي وأمتي كلكم عبيد الله، وكل نسائكم إماء الله، ولكن ليقل غلامي وجاريتي وفتاي وفتاتي" : "Que l'un de vous ne dise pas : "mon 'abd", "ma amah", car vous tous êtes des 'abd de Dieu, et toutes les femmes sont des amah de Dieu. Qu'il dise plutôt : "mon ghulâm", "ma jâriya", "mon fatâ", "ma fatâh"" (Muslim 2249). "عن أبي هريرة، قال: قال رسول الله صلى الله عليه وسلم: " لا يقولن أحدكم: عبدي، فكلكم عبيد الله، ولكن ليقل: فتاي، ولا يقل العبد: ربي، ولكن ليقل: سيدي "" (Muslim 2249). "عن همام بن منبه، أنه سمع أبا هريرة رضي الله عنه، يحدث عن النبي صلى الله عليه وسلم، أنه قال: " لا يقل أحدكم: أطعم ربك وضئ ربك، اسق ربك، وليقل: سيدي مولاي، ولا يقل أحدكم: عبدي أمتي، وليقل: فتاي وفتاتي وغلامي" : "Que l'un de vous ne dise pas [à son esclave] : "Donne à manger à ton rabb", "Fais faire les ablutions à ton rabb" ! Que [l'esclave] dise : "mon sayyid", "mon mawlâ" [plutôt que : "mon rabb"]. Et que l'un de vous ne dise pas : "mon 'abd", "ma amah". Qu'il dise : "mon fatâ", "ma fatâh", "mon ghulâm"" (al-Bukhârî 2414).
Or, par ailleurs, le Prophète a lui-même employé le terme "rabb" en rapport d'annexion, pour désigner un humain : énumérant certains signes de la fin du monde, il a ainsi dit dans un célèbre hadîth : "que la servante engendre son rabb / sa rabbah" (al-Bukhârî ; Muslim). Et il a lui-même employé le terme "'abd" en rapport d'annexion, pour désigner un humain : "Le musulman n'a pas d'aumône (à payer) sur son 'abd, ni sur son cheval" (al-Bukhârî 1395, Muslim 982). Il y a donc divergence sur le sujet. Certains ulémas sont d"avis que, selon les cas, la règle diffère :
- il est interdit d'utiliser le terme "rabb" (désignant par là un être humain) lorsque ce terme est en rapport d'annexion avec le pronom de la seconde personne du singulier : "rabbuka" ;
- par contre, il est autorisé dans certains autres cas d'utiliser le terme "rabb" (désignant par là un autre humain) dans certains autres cas.
Selon ces ulémas, le principe motivant entraînant l'interdiction (manât un-nah'y) est le rabaissement de l'esclave, et cela se produit lorsque le maître lui dit, parlant de lui-même : "rabbuka" : c'est alors que cela est interdit (Al-Qawl ul-mufîd, pp. 925-927).

"عن المعرور هو ابن سويد، عن أبي ذر، قال: رأيت عليه بردا، وعلى غلامه بردا، فقلت: لو أخذت هذا فلبسته كانت حلة، وأعطيته ثوبا آخر، فقال: كان بيني وبين رجل كلام، وكانت أمه أعجمية، فنلت منها، فذكرني إلى النبي صلى الله عليه وسلم، فقال لي: «أساببت فلانا» قلت: نعم، قال: «أفنلت من أمه» قلت: نعم، قال: «إنك امرؤ فيك جاهلية» قلت على حين ساعتي: هذه من كبر السن؟ قال: «نعم، هم إخوانكم، جعلهم الله تحت أيديكم، فمن جعل الله أخاه تحت يده، فليطعمه مما يأكل، وليلبسه مما يلبس، ولا يكلفه من العمل ما يغلبه، فإن كلفه ما يغلبه فليعنه عليه" (al-Bukhârî, 5703).
"عن المعرور بن سويد، قال: مررنا بأبي ذر بالربذة وعليه برد وعلى غلامه مثله، فقلنا: يا أبا ذر لو جمعت بينهما كانت حلة، فقال: إنه كان بيني وبين رجل من إخواني كلام، وكانت أمه أعجمية، فعيرته بأمه، فشكاني إلى النبي صلى الله عليه وسلم، فلقيت النبي صلى الله عليه وسلم، فقال: «يا أبا ذر، إنك امرؤ فيك جاهلية»، قلت: يا رسول الله، من سب الرجال سبوا أباه وأمه، قال: «يا أبا ذر، إنك امرؤ فيك جاهلية، هم إخوانكم، جعلهم الله تحت أيديكم، فأطعموهم مما تأكلون، وألبسوهم مما تلبسون، ولا تكلفوهم ما يغلبهم، فإن كلفتموهم فأعينوهم" (Muslim 1661).
Le Prophète a dit, parlant des esclaves : "Ce sont vos frères, que Dieu a placés sous vos mains. Donnez-leur donc à manger de ce que vous mangez, et à se vêtir de ce dont vous vous vêtissez. Et ne les chargez pas de ce qui est difficile ; si vous le faites, aidez-les" (al-Bukhârî, Muslim).

Les femmes esclaves avaient le droit de laisser découverte leur chevelure en public.
D'un côté Omar ibn ul-Khattâb (radhiyallâhu 'anh) avait dit : "اكشفي رأسك ولا تشبهي بالحرائر" (Ibn Abî Shayba, Abd ur-Razzâq, al-Bayhaqî), et comme Anas le relate : "عَنْ أَنَسِ بْنِ مَالِكٍ قَالَ : "كُنَّ إِمَاءُ عُمَرَ رَضِيَ اللهُ عَنْهُ يَخْدِمْنَنَا كَاشِفَاتٍ عَنْ شُعُورِهِنَّ تَضْرِبُ ثُدِيّهُنَّ" (As-Sunan ul-kub'râ li-l-Bayhaqî) : "يعني أن شعورهن تضرب صدورهن من سرعة الحركة والدأب في الخدمة. أما بلفظ: "تَضْطَرِبُ ثُدِيُّهُنَّ"، فغير صحيح" (islamqa.info). (On lira aussi cette recherche : "شبهة شراء ابن عمر للجوارى".)
D'un autre côté, nous avons cet avis : al-Bayhaqî, après avoir rapporté le propos de Anas, écrit comme 'awra ce que nous avons cité ci-dessus : "وَالْآثَارُ عَنْ عُمَرَ بْنِ الْخَطَّابِ رَضِيَ اللهُ عَنْهُ فِي ذَلِكَ صَحِيحَةٌ، وَإِنَّهَا تَدُلُّ عَلَى أَنَّ رَأْسَهَا وَرَقَبَتَهَا وَمَا يَظْهَرُ مِنْهَا فِي حَالِ الْمِهْنَةِ: لَيْسَ بِعَوْرَةٍ" (As-Sunan ul-kub'râ li-l-Bayhaqî). Ibn Taymiyya écrit de même : "الأصل أن عورة الأمة كعورة الحرة، كما أن عورة العبد كعورة الحر. لكن لما كانت مظنة المهنة والخدمة وحرمتها تنقص عن حرمة الحرة، رخص لها في إبداء ما تحتاج إلى إبدائه وقطع شبهها بالحرة وتمييز الحرة عليها. وذلك يحصل بكشف ضواحيها من رأسها وأطرافها الأربعة. فأما الظهر والصدر فباق على الأصل" (Shar'hu Umdat il-fiqh). Cet avis est l'un des avis des hanbalites : "والأمة يباح النظر منها إلى ما يظهر غالبا، كالوجه، والرأس، واليدين، والساقين. لأن عمر رضي الله عنه (...) وروى أبو حفص بإسناده أن عمر كان لا يدع أمة تقنع في خلافته، وقال: "إنما القناع للحرائر"؛ ولو كان نظر ذلك منها محرما لم يمنع من ستره" (Al-Mughnî 9/313). "وأما عورة الأمة: فقدم المصنف هنا أنها ما بين السرة والركبة كالرجل، وهو المذهب؛ جزم به ابن عقيل في التذكرة، والمذهب الأحمد، والطريق الأقرب، وقدمه في الهداية، والمذهب، ومسبوك الذهب، والمستوعب، والفروع، والخلاصة، والتلخيص، والبلغة والهادي، وابن تميم، وإدراك الغاية، ومجمع البحرين؛ واختاره ابن حامد والشيرازي وأبو الخطاب وابن عقيل وغيرهم. وعنه: عورتها ما لا يظهر غالبا؛ جزم به في الوجيز، والمنور، والمنتخب، واختاره ابن عبدوس في تذكرته. قال في تجريد العناية: وأمة ما لا يظهر غالبا على الأظهر؛ وقدمه في الكافي، والمحرر، والرعايتين، والنظم، والحاويين؛ واختاره القاضي، والآمدي، وابن عبيدان. قال القاضي في الجامع: ما عدا رأسها ويديها إلى مرفقيها ورجليها إلى ركبتيها فهو عورة. قال الآمدي: عورة الأمة ما خلا الوجه والرأس والقدمين إلى أنصاف الساقين واليدين إلى المرفقين. انتهى. وقيل: الأمة البرزة كالرجل، بخلاف الخفرة. قال في الإفادات: والأمة البرزة كالرجل. والخفرة ما لا يظهر غالبا. انتهى. وقيل: ما عدا رأسها عورة؛ اختاره ابن حامد، ذكره عن ابن تميم؛ وهو ظاهر كلام الخرقي. وقول الزركشي: "إن ظاهر كلام الخرقي لا قائل به": غير مسلم له" (Al-Insâf li-l-Mardâwî).
On lit également ceci, comme étant l'un des avis, dans un ouvrage malikite : "ومن المدونة: عورة الأمة ما سوى الوجه والكفين ومحل الخمار" (At-Tâj wa-l-Iklîl), cependant je ne sais pas si cela concerne 'awrat un-nazar aussi, ou bien seulement 'awrat us-salât.
Quant aux hanafites, ils disent que la 'awra de la Ama de façon générale est la même que la 'awra de la femme devant ses Mahârim (Al-Hidâya 2/446).

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Pour répondre à votre question :

Les textes prévoient en effet (cela était applicable à l'époque d'alors, vu ce que je viens de vous dire ci-dessus) que l'homme libre pouvait avoir des relations intimes avec son esclave femme, sans qu'il y ait eu mariage : "وَالَّذِينَ هُمْ لِفُرُوجِهِمْ حَافِظُونَ إِلَّا عَلَى أَزْوَاجِهِمْ أوْ مَا مَلَكَتْ أَيْمَانُهُمْ فَإِنَّهُمْ غَيْرُ مَلُومِينَ فَمَنِ ابْتَغَى وَرَاء ذَلِكَ فَأُوْلَئِكَ هُمُ الْعَادُونَ" (Coran 23/5-7 ; 70/29-31). Il y avait alors les 2 conditions suivantes : que cette femme esclave appartienne à l'homme seul ; et qu'elle ne soit pas mariée à quelqu'un ; dans le cas où n'importe laquelle de ces 2 conditions faisait défaut, le maître n'avait pas le droit.
La réciproque n'est pas vraie : la femme libre ne pouvait en aucun cas avoir des relations intimes avec son esclave homme.
Dieu demande aux gens de marier leurs esclaves, hommes et femmes, avec autrui : "وَأَنكِحُوا الْأَيَامَى مِنكُمْ وَالصَّالِحِينَ مِنْ عِبَادِكُمْ وَإِمَائِكُمْ" (Coran 24/32).

(Quant au verset : "وَمَن لَّمْ يَسْتَطِعْ مِنكُمْ طَوْلاً أَن يَنكِحَ الْمُحْصَنَاتِ الْمُؤْمِنَاتِ فَمِن مِّا مَلَكَتْ أَيْمَانُكُم مِّن فَتَيَاتِكُمُ الْمُؤْمِنَاتِ وَاللّهُ أَعْلَمُ بِإِيمَانِكُمْ بَعْضُكُم مِّن بَعْضٍ فَانكِحُوهُنَّ بِإِذْنِ أَهْلِهِنَّ وَآتُوهُنَّ أُجُورَهُنَّ بِالْمَعْرُوفِ مُحْصَنَاتٍ غَيْرَ مُسَافِحَاتٍ وَلاَ مُتَّخِذَاتِ أَخْدَانٍ فَإِذَا أُحْصِنَّ فَإِنْ أَتَيْنَ بِفَاحِشَةٍ فَعَلَيْهِنَّ نِصْفُ مَا عَلَى الْمُحْصَنَاتِ مِنَ الْعَذَابِ ذَلِكَ لِمَنْ خَشِيَ الْعَنَتَ مِنْكُمْ وَأَن تَصْبِرُواْ خَيْرٌ لَّكُمْ وَاللّهُ غَفُورٌ رَّحِيمٌ" (Coran 4/25), il parle d'un autre cas : le fait qu'un homme libre se marie avec la femme esclave de quelqu'un d'autre. C'est pourquoi ce verset précise : "فَانكِحُوهُنَّ بِإِذْنِ أَهْلِهِنَّ" : "épousez-les avec l'autorisation de leurs gens". Selon les Mujtahidûn, il y a certaines conditions à cela (le détail de cela est visible dans les ouvrages de Fiqh).
Une femme libre pouvait aussi se marier avec l'homme esclave de quelqu'un d'autre (la preuve en est que après que Barîra eut été affranchie, elle choisit de se séparer de Mughîth - alors esclave : al-Bukhârî 4373 - ; celui-ci en étant très chagriné, le Prophète demanda à Barîra si elle ne voulait pas reprendre Mughîth comme mari ; elle refusa ; cependant, si elle avait accepté, cela aurait bien été une femme libre se mariant avec un homme esclave).
Enfin, il se pouvait aussi qu'un homme esclave et une femme esclave soient mariés (c'était le cas de Mughîth et de Barîra avant que cette dernière soit affranchie).)

En tous cas, on voit ici que la question des relations intimes était liée aux esclaves, et non pas aux ennemies faites prisonnières à la faveur d'une bataille (puisque celles-ci n'étaient pas systématiquement faites esclaves).

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Il y a ici un hadîth que certains citent : "عن أبي سعيد الخدري أن رسول الله صلى الله عليه وسلم يوم حنين بعث جيشا إلى أوطاس، فلقوا عدوا، فقاتلوهم فظهروا عليهم، وأصابوا لهم سبايا، فكأن ناسا من أصحاب رسول الله صلى الله عليه وسلم تحرجوا من غشيانهن من أجل أزواجهن من المشركين، فأنزل الله عز وجل في ذلك: {والمحصنات من النساء إلا ما ملكت أيمانكم}، أي: فهن لكم حلال إذا انقضت عدتهن" (Muslim, 1456).

Cependant, l'école hanafite stipule que si des femmes étaient capturées avec leurs maris, alors, même si ces hommes et ces femmes étaient faits esclaves, le mariage de cette femme et de son mari demeurait valide : il était donc interdit que celui qui était devenu le maître de cette dame ait des relations intimes avec elle (Al-Hidâya, 1/327).

L'événement relaté dans le hadîth venant d'être cité est en fait que les maris de ces femmes s'étaient enfuis suite à la bataille, et seules les femmes avaient été faites captives. Et le verset signifie : "sauf ce dont vos mains deviennent propriétaires, à la suite de la décision du chef, suite à une guerre".

Par ailleurs, sachant que le maître n'avait pas le droit de brutaliser son esclave, homme ou femme (nous l'avons vu plus haut), on en déduit qu'il n'avait a fortiori pas le droit de violenter sexuellement sa femme esclave.

Par ailleurs encore, une fois une esclave acquise, le maître ne pouvait pas avoir des relations intimes avec elle sans avoir attendu le temps qu'il faut pour que preuve soit faite qu'elle n'était pas enceinte de quelqu'un d'autre : "لا توطأ حامل حتى تضع، ولا غير ذات حمل حتى تحيض حيضة" (Abû Dâoûd, 2157).

Il n'avait pas non plus le droit de la prostituer. Cela est connu dans le Coran et dans la Sunna.

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Par ailleurs :

D'une part, il y avait les hommes et les femmes faits prisonniers sur le champ de bataille. C'est ce dont nous avons parlé jusqu'à présent.

Et d'autre part il y avait les hommes et les femmes dont la cité avait été "ouverte" par une bataille.

Ahmad Amîn écrit que parmi les harbî (les ressortissants de la cité ennemie), il y avait d'une part les gens qui étaient présents sur le champ de bataille (ou dans la cité qui était investie par l'armée), et d'autre part les gens qui n'étaient pas présents sur le champ de bataille mais qui résidaient dans la région qu'une éventuelle victoire allait faire passer sous la direction de la Dâr al-islâm ("ahl ul-balad il-maftûh alladhîna lam yakûnû fi-l-jaysh il-muhârib") (Fajr ul-islâm, Ahmad Amîn, pp. 86-87).

Ahmad Amîn écrit que Omar ibn ul-Khattâb, "qui constitue la référence à propos de ce genre de questions", les a laissés sur place en Irak (lequel avait été ouvert à la faveur de la bataille de Qâdissiyya) avec leurs propriétés foncières, en tant que personnes protégées (Fajr ul-islâm, Ahmad Amîn, p. 87).

Nous allons justement voir ci-après ce qu'il advint des biens matériels des vaincus...

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II) Les biens matériels des vaincus :

Omar ibn ul-Khattâb (que Dieu l'agrée) s'était opposé à ce que réclamaient Bilal (que Dieu l'agrée) et d'autres personnes : partager la terre de l'Irak qui venait d'être "ouverte". En fait, ayant reçu de Sa'd ibn Abî Waqqâs, son général des armées, une lettre lui demandant ce qu'il devait faire, Omar ibn ul-Khattâb consulta des Compagnons. Suivant le conseil de 'Alî et de Mu'âdh, il refusa que cette terre soit partagée, et la laissa ainsi, non-partagée, faisant désormais partie de la Dâr ul-islâm, chaque habitant originel du pays conservant la parcelle de terre dont il était propriétaire avant la conquête.

Lors de la conquête de l'Egypte, la même discussion s'engagea entre le chef de l'armée, 'Amr ibn ul-'Âs, et quelques personnes (dont az-Zubayr ibn ul-'Awwâm), ces dernières réclamant que la terre soit partagée entre les gens composant l'armée. Le général refusa, écrivit à Omar ibn ul-Khattâb pour lui demander que faire. La réponse de Omar fut la même que pour l'Irak : pas de partage.

Si Bilâl, az-Zubayr et quelques autres Compagnons (que Dieu les agrée) réclamèrent cela, c'est parce que le Prophète (sur lui soit la paix) avait partagé des terres de Khaybar après la conquête de celle-ci, en l'an 7 de l'hégire.

Mais Omar ibn ul-Khattâb refusa de partager ces grands territoires : Irak, Shâm, Egypte. Il les laissa tels quels. En fait, si le Prophète (sur lui soit la paix) avait effectivement partagé la moitié de Khaybar, il y avait d'autres cités qu'il avait conquises qu'il n'avait pas du tout partagées : la terre des Banu-l-Mustaliq en l'an 5, ou encore celle de La Mecque en l'an 8. C'est pourquoi, au sujet des biens immeubles, Abû Hanîfa et Ahmad disent que le chef a le choix entre les partager (comme le Prophète l'avait fait avec la moitié de Khaybar) ou ne pas les partager (comme il l'a fait avec la terre des Banu-l-Mustaliq en l'an 5, ou encore celle de La Mecque en l'an 8).
Par rapport à ces deux choix se présentant à lui, ce fut par Maslaha que Omar ibn ul-Khattâb opta pour de ne pas partager ces grands territoires (ce fut la Maslaha que 'Alî et Mu'âdh mirent en avant devant lui). Al-Qaradhâwî écrit qu'on peut facilement remarquer la différence entre de petites villes du Hedjaz telles que Khaybar et ces vastes contrées, ouvertes par une bataille (As-Siyâssa ash-shar'iyya, p. 179).

Par contre, pour ce qui est des biens meubles acquis sur l'ennemi, l'école hanafite précise seulement : "وإن من عليهم بالرقاب والأراضي يدفع إليهم من المنقولات بقدر ما يتهيأ لهم العمل ليخرج عن حد الكراه" : "Et si le (chef) laisse leurs personnes et leur terres telles quelles, il leur remettra de (leurs) biens meubles la quantité par laquelle le travail leur sera possible, afin de sortir du caractère mak'rûh" (Al-Hidâya 1/546).
C'est Ibn Taymiyya qui est allé plus loin : la légalité de laisser à l'ennemi vaincu tous ses biens, il l'a étendue aux biens meubles également :
"وكان في هذا ما دل على أن الإمام يفعل بالأموال والرجال والعقار والمنقول ما هو أصلح. فإن النبي صلى الله عليه وسلم فتح خيبر فقسمها بين المسلمين وسبى بعض نسائها وأقر سائرهم مع ذراريهم حتى أجلوا بعد ذلك فلم يسترقهم؛ ومكة فتحها عنوة ولم يقسمها لأجل المصلحة" : "Il y a en cela ce qui prouve que le chef fera ce qui convient le plus à propos des biens matériels [= argent et animaux], des vaincus, de (leurs) terres et des biens meubles. Car le Prophète, que Dieu le bénisse et le salue, a conquis Khaybar et a l'a partagée entre les musulmans (ayant participé à sa conquête), de même qu'il a fait captifs certaines femmes de là-bas ; par contre, il laissa le reste de ses (habitants) avec leurs femmes et enfants sur place et n'en fit pas des esclaves ; (ils demeurèrent là) jusqu'à ce qu'ils en fussent plus tard exilés (sous le califat de Omar). La Mecque, il la conquit par la bataille, et ne partagea rien d'elle, par Maslaha" (MF 17/492).
"ومن قال: إن الإمام يجب عليه قسمة العقار والمنقول مطلقا فقوله في غاية الضعف مخالف لكتاب الله وسنة رسوله المنقولة بالتواتر وليس معه حجة واحدة توجب ذلك فإن قسمة النبي صلى الله عليه وآله وسلم خيبر تدل على جواز ما فعل لا تدل على وجوبه إذ الفعل لا يدل بنفسه على الوجوب وهو لم يقسم مكة ولا شك أنها فتحت عنوة وهذا يعلمه ضرورة من تدبر الأحاديث" : "Celui qui a dit : "Le chef a le devoir de systématiquement partager ce qui est immeuble et ce qui est meuble", son propos est extrêmement faible, contredisant le Coran et la Sunna de Son Messager qui est relatée au tawâtur. Et il ne dispose d'aucun argument qui rende cela obligatoire. Car le fait que le Prophète ait partagé Khaybar indique cela est autorisé, pas que cela est obligatoire, car l'action n'indique pas en soi l'obligation. Le (Prophète) n'a pas partagé La Mecque, alors qu'il n'y a pas de doute qu'elle a été ouverte par bataille : celui qui médite les hadîths (relatifs au sujet) le saura de façon évidente" (MF 17/494).
Un peu plus loin, parlant d'un point voisin, Ibn Taymiyya rappelle : "والقتال لم يكن لأجل الغنيمة. فليست الغنيمة كمباح اشترك فيه ناس مثل الاحتشاش والاحتطاب والاصطياد؛ فإن ذلك الفعل مقصوده هو اكتساب المال؛ بخلاف الغنيمة. بل من قاتل فيها لأجل المال لم يكن مجاهدا في سبيل الله؛ ولهذا لم تبح الغنائم لمن قبلنا وأبيحت لنا معونة على مصلحة الدين؛ فالغنائم أبيحت لمصلحة الدين وأهله" : "Le combat n'est pas institué pour acquérir du butin. Car ce qui est ainsi obtenu n'est pas comme quelque chose de Mubâh que les hommes possèdent en commun. (Cela c'est) le cas du ramassage d'herbe, du ramassage de bois ou de la chasse : car ces actions-là, leur objectif est (bien) d'obtenir un bien matériel. Contrairement au fait de prendre du butin. Tout au contraire, celui qui combat avec l'objectif d'avoir des biens matériels (en butin), celui-là n'est pas (compté par Dieu comme) quelqu'un qui fait l'effort dans la Voie de Dieu *. C'est pour cela que le butin n'était pas licite pour les communautés antérieures ; il a été rendu licite dans la communauté de Muhammad (seulement) en tant qu'assistance pour la Maslaha du Dîn" (MF 17/496). * En effet, car le Prophète (sur lui soit la paix) a dit : "عن أبي هريرة، أن رجلا قال: يا رسول الله، رجل يريد الجهاد [أي بالسيف] في سبيل الله، وهو يبتغي عرضا من عرض الدنيا، فقال رسول الله صلى الله عليه وسلم: "لا أجر له." فأعظم ذلك الناس، وقالوا للرجل: عد لرسول الله صلى الله عليه وسلم فلعلك لم تفهمه، فقال: يا رسول الله، رجل يريد الجهاد في سبيل الله، وهو يبتغي عرضا من عرض الدنيا، فقال: "لا أجر له." فقالوا للرجل: عد لرسول الله صلى الله عليه وسلم، فقال له الثالثة. فقال له: "لا أجر له" (Abû Dâoûd, 2516). "عن عبادة بن الصامت قال: قال رسول الله صلى الله عليه وسلم: من غزا في سبيل الله ولم ينو إلا عقالا فله ما نوى" (an-Nassâ'ï, 3138-3139).

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C'est de façon inconditionnelle que le Coran énonce que, des biens matériels obtenus sur l'ennemi, la Khums (Quinte) sera prélevé [avant que le reste soit partagé entre les combattants] : "وَاعْلَمُواْ أَنَّمَا غَنِمْتُم مِّن شَيْءٍ فَأَنَّ لِلّهِ خُمُسَهُ وَلِلرَّسُولِ وَلِذِي الْقُرْبَى وَالْيَتَامَى وَالْمَسَاكِينِ وَابْنِ السَّبِيلِ إِن كُنتُمْ آمَنتُمْ بِاللّهِ وَمَا أَنزَلْنَا عَلَى عَبْدِنَا يَوْمَ الْفُرْقَانِ يَوْمَ الْتَقَى الْجَمْعَانِ وَاللّهُ عَلَى كُلِّ شَيْءٍ قَدِيرٌ" (Coran 8/41).

Cependant, à la lumière de ces précédents de la Sunna, on comprend que ce que ce verset signifie est en fait ceci : "واعلموا أن ما استوليتم عليه من أموال العدو المقهور فأراد أميركم أن يجعله غنيمة لكم لأن هذا هو الأصلح، فأن لله خمسه وللرسول ولذي القربى الخ" : "Ce sur quoi vous avez eu le dessus suite à une bataille, en terme de biens matériels de l'ennemi vaincu, si votre chef décide d'en faire du butin à partager, car c'est cette solution qui est à ce moment-là Aslah, alors sachez que la Quinte en revient à Dieu, à Son Messager, aux Parents, aux Orphelins, aux Pauvres et au Voyageur".

Par ailleurs, la propriété de l'ensemble des combattants sur le butin n'est acquise, d'après Abû Hanîfa, qu'une fois le partage effectué (ou bien après ihrâz en Dâr ul-islâm, si cet ihrâz n'est que recommandé avant le partage : Al-Hidâya 1/548). Le Prophète (sur lui soit la paix) avait attendu les Hawâzin à al-Ji'rânâ (en l'an 8) avant de procéder au partage. Ils ne vinrent pas. Ce fut après que le partage eut été effectué que les Hawâzin vinrent en délégation. Ayant accepté partiellement leur demande de leur restituer ce qui avait été partagé en tant que butin, à ceux de ses hommes qui ne seraient pas d'accord avec la restitution, le Prophète proposa des choses en échange. "Il y a en cela un argument en faveur de ceux qui disent que les biens ainsi pris ne deviennent propriété que par le partage, et pas par la seule prise. Car si ces musulmans en étaient devenus propriétaires par le simple fait d'avoir eu le dessus sur ces (biens), le Prophète (que Dieu le bénisse et le salue) n'aurait pas attendu les (Hawâzin) pour leur rendre ces (biens). Selon cela, si l'un de ces hommes meurt avant le partage ou avant le ihrâz en Dâr ul-islâm, la part qui devait lui revenir sera remise aux autres combattants, et pas à ses héritiers. Cela est l'avis de Abû Hanîfa" : "وفي هذا دليل لمن يقول: "إن الغنيمة إنما تملك بالقسمة لا بمجرد الاستيلاء عليه"، إذ لو ملكها المسلمون بمجرد الاستيلاء لم يستأن بهم النبي صلى الله عليه وسلم ليردها عليهم. وعلى هذا فلو مات أحد من الغانمين قبل القسمة، أو إحرازها بدار الإسلام، رد نصيبه على بقية الغانمين دون ورثته، وهذا مذهب أبي حنيفة" (ZM 3/484). Ibn Taymiyya écrit de même : "وكان ذلك بعد القسمة؛ فعوض عن نصيبه من لم يرض بأخذه منهم" (MF 17/491-492).

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Le Coran distingue :
--- ce qui a été obtenu sur l'ennemi suite à une bataille (qu'il appelle : "Ghanîma" : Coran 8/41),
--- et ce qui a été obtenu sur l'ennemi sans qu'il y ait eu ce qui est considéré "bataille" (que le Coran nomme : "Fay'" : Coran 59/6).

D'après Abû Hanîfa :
--- les postes de dépense de la Khums ul-Ghanîma sont uniquement ceux mentionnés dans le verset 8/41 (la part du Prophète est caduque depuis son décès, de même que celle de ses proches parents) : "وَاعْلَمُواْ أَنَّمَا غَنِمْتُم مِّن شَيْءٍ فَأَنَّ لِلّهِ خُمُسَهُ وَلِلرَّسُولِ وَلِذِي الْقُرْبَى وَالْيَتَامَى وَالْمَسَاكِينِ وَابْنِ السَّبِيلِ إِن كُنتُمْ آمَنتُمْ بِاللّهِ وَمَا أَنزَلْنَا عَلَى عَبْدِنَا يَوْمَ الْفُرْقَانِ يَوْمَ الْتَقَى الْجَمْعَانِ وَاللّهُ عَلَى كُلِّ شَيْءٍ قَدِيرٌ" (Coran 8/41) ;
--- par contre, les postes de dépense pour la Fay' sont généraux, englobant tout le monde : "وَمَا أَفَاء اللَّهُ عَلَى رَسُولِهِ مِنْهُمْ فَمَا أَوْجَفْتُمْ عَلَيْهِ مِنْ خَيْلٍ وَلَا رِكَابٍ وَلَكِنَّ اللَّهَ يُسَلِّطُ رُسُلَهُ عَلَى مَن يَشَاء وَاللَّهُ عَلَى كُلِّ شَيْءٍ قَدِيرٌ {59/6} مَّا أَفَاء اللَّهُ عَلَى رَسُولِهِ مِنْ أَهْلِ الْقُرَى فَلِلَّهِ وَلِلرَّسُولِ وَلِذِي الْقُرْبَى وَالْيَتَامَى وَالْمَسَاكِينِ وَابْنِ السَّبِيلِ كَيْ لَا يَكُونَ دُولَةً بَيْنَ الْأَغْنِيَاء مِنكُمْ وَمَا آتَاكُمُ الرَّسُولُ فَخُذُوهُ وَمَا نَهَاكُمْ عَنْهُ فَانتَهُوا وَاتَّقُوا اللَّهَ إِنَّ اللَّهَ شَدِيدُ الْعِقَابِ {59/7} لِلْفُقَرَاء الْمُهَاجِرِينَ الَّذِينَ أُخْرِجُوا مِن دِيارِهِمْ وَأَمْوَالِهِمْ يَبْتَغُونَ فَضْلًا مِّنَ اللَّهِ وَرِضْوَانًا وَيَنصُرُونَ اللَّهَ وَرَسُولَهُ أُوْلَئِكَ هُمُ الصَّادِقُونَ {59/8} وَالَّذِينَ تَبَوَّؤُوا الدَّارَ وَالْإِيمَانَ مِن قَبْلِهِمْ يُحِبُّونَ مَنْ هَاجَرَ إِلَيْهِمْ وَلَا يَجِدُونَ فِي صُدُورِهِمْ حَاجَةً مِّمَّا أُوتُوا وَيُؤْثِرُونَ عَلَى أَنفُسِهِمْ وَلَوْ كَانَ بِهِمْ خَصَاصَةٌ وَمَن يُوقَ شُحَّ نَفْسِهِ فَأُوْلَئِكَ هُمُ الْمُفْلِحُونَ {59/9} وَالَّذِينَ جَاؤُوا مِن بَعْدِهِمْ يَقُولُونَ رَبَّنَا اغْفِرْ لَنَا وَلِإِخْوَانِنَا الَّذِينَ سَبَقُونَا بِالْإِيمَانِ وَلَا تَجْعَلْ فِي قُلُوبِنَا غِلًّا لِّلَّذِينَ آمَنُوا رَبَّنَا إِنَّكَ رَؤُوفٌ رَّحِيمٌ {59/10" (Coran 59/6-10).

Par contre, d'après l'avis de Mâlik (retenu par Ibn Taymiyya), les postes de dépense de la Khums ul-Ghanîma et ceux de dépense de la Fay' sont les mêmes :
--- les postes de dépense qui ont été mentionnés pour la Khums ul-Ghanîma "وَاعْلَمُواْ أَنَّمَا غَنِمْتُم مِّن شَيْءٍ فَأَنَّ لِلّهِ خُمُسَهُ وَلِلرَّسُولِ وَلِذِي الْقُرْبَى وَالْيَتَامَى وَالْمَسَاكِينِ وَابْنِ السَّبِيلِ إِن كُنتُمْ آمَنتُمْ بِاللّهِ وَمَا أَنزَلْنَا عَلَى عَبْدِنَا يَوْمَ الْفُرْقَانِ يَوْمَ الْتَقَى الْجَمْعَانِ وَاللّهُ عَلَى كُلِّ شَيْءٍ قَدِيرٌ" (Coran 8/41)
- sont à titre indicatif, et sont en fait les mêmes que :
--- les postes de dépense ayant été plus détaillés pour la Fay' : "وَمَا أَفَاء اللَّهُ عَلَى رَسُولِهِ مِنْهُمْ فَمَا أَوْجَفْتُمْ عَلَيْهِ مِنْ خَيْلٍ وَلَا رِكَابٍ وَلَكِنَّ اللَّهَ يُسَلِّطُ رُسُلَهُ عَلَى مَن يَشَاء وَاللَّهُ عَلَى كُلِّ شَيْءٍ قَدِيرٌ {59/6} مَّا أَفَاء اللَّهُ عَلَى رَسُولِهِ مِنْ أَهْلِ الْقُرَى فَلِلَّهِ وَلِلرَّسُولِ وَلِذِي الْقُرْبَى وَالْيَتَامَى وَالْمَسَاكِينِ وَابْنِ السَّبِيلِ كَيْ لَا يَكُونَ دُولَةً بَيْنَ الْأَغْنِيَاء مِنكُمْ وَمَا آتَاكُمُ الرَّسُولُ فَخُذُوهُ وَمَا نَهَاكُمْ عَنْهُ فَانتَهُوا وَاتَّقُوا اللَّهَ إِنَّ اللَّهَ شَدِيدُ الْعِقَابِ {59/7} لِلْفُقَرَاء الْمُهَاجِرِينَ الَّذِينَ أُخْرِجُوا مِن دِيارِهِمْ وَأَمْوَالِهِمْ يَبْتَغُونَ فَضْلًا مِّنَ اللَّهِ وَرِضْوَانًا وَيَنصُرُونَ اللَّهَ وَرَسُولَهُ أُوْلَئِكَ هُمُ الصَّادِقُونَ {59/8} وَالَّذِينَ تَبَوَّؤُوا الدَّارَ وَالْإِيمَانَ مِن قَبْلِهِمْ يُحِبُّونَ مَنْ هَاجَرَ إِلَيْهِمْ وَلَا يَجِدُونَ فِي صُدُورِهِمْ حَاجَةً مِّمَّا أُوتُوا وَيُؤْثِرُونَ عَلَى أَنفُسِهِمْ وَلَوْ كَانَ بِهِمْ خَصَاصَةٌ وَمَن يُوقَ شُحَّ نَفْسِهِ فَأُوْلَئِكَ هُمُ الْمُفْلِحُونَ {59/9} وَالَّذِينَ جَاؤُوا مِن بَعْدِهِمْ يَقُولُونَ رَبَّنَا اغْفِرْ لَنَا وَلِإِخْوَانِنَا الَّذِينَ سَبَقُونَا بِالْإِيمَانِ وَلَا تَجْعَلْ فِي قُلُوبِنَا غِلًّا لِّلَّذِينَ آمَنُوا رَبَّنَا إِنَّكَ رَؤُوفٌ رَّحِيمٌ {59/10" (Coran 59/6-10).

Wallâhu A'lam (Dieu sait mieux).

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