-
Question :
Salamou alaykoum Oustaz Anas.
Je m'appelle ****, musulman sunnite vivant en ****. Je suis l'un des passionnés de votre site La maison de l'islam. (...) Que Dieu fasse que tout ce que vous avez écrit soit agréé par Lui, âmîne.
Il y a quand même un petit problème que j'ai rencontré en lisant vos articles : c'est le concept du "soufisme". Vous disiez par exemple, citant un personnage pas moindre que Ibn Taymiyya, qu'il existe un soufisme conforme à la Sunna du Prophète et un soufisme dévié.
Mais comment cela pourrait être possible ? Moi, personnellement à ma connaissance et d'après plusieurs savants, le mot "soufisme" constitue déjà de l'égarement, c'est une bid'a tout court. Je n'ai pas de savoirs solides religieusement puisque je suis un étudiant en linguistique qui maîtrise peu l'arabe et le Coran, mais d'après les hadiths que j'ai lus, et de l'avis de plusieurs savants sunnites, celui qui suit une autre voie que celle du Prophète (psl) et de ses Compagnons, celui là est dans l'égarement.
Or c'est le cas du soufisme, n'est ce pas ?
Je ne peux pas comprendre que dans une tendance déviée il y ait un côté orthodoxe et un côté dévié. Expliquez-moi s'il vous plaît, je suis faible en savoir religieux.
J'aime votre site, mais c'est le seul problème, car je crains de suivre une voie innovée.
Vous réclamez-vous du soufisme, ou pas ? Clarifiez votre position svp."
-
Réponse :
Wa 'alaykum us-salâm.
Ma réponse à cette question est : Tout dépend de ce que vous entendez par "soufisme" :
--- si vous entendez par "soufisme" : "la doctrine spirituelle ayant enseigné le contraire de ce que la Sunna enseigne, ou ayant rajouté des choses dans la croyance et/ou dans les 'ibâdât, par rapport à la Sunna", alors il n'y existe pas une tendance sunna et une tendance déviée : tout y est déviant ;
--- par contre, si vous entendez par "soufisme" : "la discipline qui traite de la spiritualité islamique" seulement, alors il existe en son sein : une tendance sunna, ainsi que plusieurs tendances erronées.
Il est possible que, ici, quelqu'un objecte à cela que le terme "soufisme" lui-même est innové, car le Prophète (que Dieu l'élève et le salue) et ses Compagnons (que Dieu les agrée) ne l'ont pas employé...
On lui demandera alors où est-il relaté que le Prophète (sur lui soit la paix) et les Sahâba ont employé le terme "rûhâniyya", "spiritualité" ? Le fait est que dans la Sunna on trouve le terme "îmân" qui, parfois, désigne ce qu'on désigne actuellement par le mot "spiritualité" : il s'agit de ses sens B.C et B.C' dans mon article traitant des différents sens de ce terme "îmân". Par contre, le terme "rûhâniyya" en tant que substantif, "spiritualité", on ne trouve ni dans le Coran, ni dans la Sunna, ni chez les Sahâba et Tâbi'ûn.
C'est ce qui a conduit Cheikh Bakr Abû Zayd à récuser non pas seulement le terme "soufî", mais également l'emploi du terme "rûhâniyya" : il écrit : "ومعلوم أن لفظ "الروحانية" و"هذه البلاد فيها روحانية"، و"هذه المجالسة فيها روحانية"، وهكذا، كلها مصطلحات صوفية، لا عهد للشريعة بها؛ فعلى المسلمين تجنبها، وإن كان لها بريق. فعند تأمل البصير لها، يجدها خواء، أو تشتمل على منابذة للشريعة بوجهٍ ما. والله المستعان" (Mu'jam ul-l-manâhi-l-lafziyya ; harf ur-Râ').
Pour ma part, je suis ces autres ulémas qui ne voient pas de mal à employer :
--- le terme "rûhâniyya" pour désigner les sens B.C et B.C' du terme sunnî "îmân" ainsi que le sens du terme sunnî "ihsân" ;
--- le terme "tassawwuf" pour désigner la discipline qui parle de la profondeur à apporter lors de son accomplissement des actions de ibâdât, et de l'amélioration de son intérieur en améliorant ses khuluq pour les rendre conformes à ce que le Coran et la Sunna en disent, et du zuhd 'an id-dunyâ.
-
Lire ici : Les Mots (الألفاظ) sont Importants. Et tout aussi important est de connaître le(s) Sens (المعنى/ المعاني) qui est(sont) véritablement le(s) leur(s), et qui les fait(font) évoquer telle, ou telle autre Réalité (الحقيقة الخارجة). Y est cité le propos suivant...
Ibn Hazm écrit que l'une des causes des malentendus est : "le fait qu'un nom unique ait plusieurs sens. La personne qui informe donne une information avec ce terme, et elle veut parler de l'un des sens que celui-ci recouvre. Celui qui l'entend le comprend dans un sens autre que celui que la personne qui informe a visé. Alors se produit le problème": "قال أبو محمد: فلما كانت هذه المعاني المسماة الخمسة التي ذكرنا مختلفة متغايرة كل واحد منها غير الآخر وكانت كلها مختلفة الحدود والمراتب، وجب أن يطلق على كل واحد منها اسم غير الاسم الذي لغيره منها، ليقع الفهم واضحا، ولئلا تختلط فيسمى بعضها باسم آخر منها فيوجب ذلك وضع معنى في غير موضعه فتبطل الحقائق. والأصل في كل بلاء وعماء وتخليط وفساد: اختلاط أسماء ووقوع اسم واحد على معاني كثيرة، فيخبر المخبر بذلك الاسم وهو يريد أحد المعاني التي تحته، فيحمله السامع على غير ذلك المعنى الذي أراد المخبر؛ فيقع البلاء والإشكال. وهذا في الشريعة أضر شيء وأشده هلاكا لمن اعتقد الباطل إلا من وفقه الله تعالى" (Al-Ihkâm, p. 1168).
-
Voici quelques propos d'érudits connus, propos dans lesquels je me reconnais au sujet de l'emploi de ce terme "soufisme" :
Je me reconnais dans le propos suivant, écrit par Cheikh Abdullâh ibn Muhammad ibn Abd il-Wahhâb à la fin de son Epître rédigée en 1218 a.h. (1803 a.g.) dans la cité de La Mecque, après que Sa'ûd ibn 'Abd il-'Azîz ibn Muhammad ibn Sa'ûd ait étendu l'autorité du 1er Etat saoudien sur les habitants de Umm ul-qurâ (cette épitre est la consignation qu'il a faite, à l'écrit, des réponses qu'il avait apportées verbalement aux questions d'un personnage nommé Hussaïn ibn Muhammad ibn ul-Hussaïn à Ib'rîqî al-Hadhramî thumma al-Hayyânî, venu alors à plusieurs reprises les rencontrer, Sa'ûd - alors waliyy ul-'ahd -, les proches de celui-ci, et lui-même, pour leur demander des clarifications sur la voie qu'ils suivaient) :
"Et nous ne réfutons pas la voie Soufie, la purification de l'intérieur par rapport aux maux des péchés reliés au coeur et aux membres du corps, tant que l'auteur de cette (voie) demeure sur la loi Shar'î et la voie droite à observer. (...)" : "ولا ننكر الطريقة الصوفية وتنزيه الباطن من رذائل المعاصي المتعلقة بالقلب والجوارح، مهما استقام صاحبها على القانون الشرعي والمنهج القويم المرعي. إلا أنا لا نتكلف له تأويلات في كلامه ولا في أفعاله، ولا نعوّل" (Dernière page de Ar-Rissâla ath-thâlitha du recueil Al-Hadiyya as-saniyya, p. 54).
Je me reconnais aussi dans cet écrit de al-Hâfiz Ibn Rajab parlant de 'Imâd ud-Dîn al-Wâssitî :
"Il écrivit de nombreux ouvrages relatifs à la Tarîqah prophétique, au Sulûk atharî et au Faqr muhammadî : ils sont parmi les plus utiles ouvrages des Soufis pour les Murîds ; beaucoup de personnes s'adonnant au Soufisme et au Ta'abbud, parmi les gens du Hadîth, en ont tiré profit" : "وألف تآليف كثيرة في الطريقة النبوية والسلوك الأثري والفقر المحمدي؛ وهي من أنفع كتب الصوفية للمريدين، انتفع بها خلق من متصوفة أهل الحديث ومتعبديها" (Dhaylu tabaqât il-hanâbila).
Ainsi que dans ce propos de al-Birzâlî cité par Ibn Rajab, parlant toujours de al-Wâssitî :
"(C'est) un homme peux, 'ârif, homme de culte et de désintéressement par rapport à ce monde ; il a des propos sérieux au sujet du soufisme correct. Et il (fut) un inviteur à la voie d'Allah Ta'âlâ. Sa plume est plus détaillée que son verbe" : "قال البرزالي عنه في معجمه: رجل صالح عارف، صاحب نسك وعبادة، وانقطاع وعزوف عن الدنيا. وله كلام متين في التصوف الصحيح. وهو داعية إلى طريق الله تعالى. وقلمه أبسط من عبارته" (Dhaylu tabaqât il-hanâbila).
Enfin, je me reconnais dans ce propos que al-Hâfiz Abû Nu'aym al-Asbahânî a écrit dans l'Introduction de son livre Hil'yat ul-awliyâ' :
"Que Dieu parfasse ta guidance. J'ai demandé l'Aide de Dieu - Puissant et Majestueux - et ai répondu à ce que tu demandais : la préparation d'un livre qui inclut les noms d'un groupe, ainsi que certains de leurs propos et paroles, parmi les grands ayant réalisé, et les référents, d'entre ceux qui s'adonnent au soufisme, ainsi que l'ordonnancement de leurs générations et leur voie, parmi les gens qui s'adonnent à l'adoration (de Dieu) ; depuis l'époque des Sahâba, des Tâbi'ûn et des Taba' ut-tâbi'în, ainsi que, de ceux qui sont venus après eux, ceux qui ont pris connaissance des arguments et des réalités, et qui se sont adonnés aux états et aux voies, qui ont séjourné dans les jardins et les vergers, et ont mis de côté les empêchements et les attachements, qui ont désavoué ceux qui exagèrent et qui vont trop loin, ainsi que ceux qui font des grandes déclarations et remettent à plus tard : les paresseux et qui empêchent, qui les imitent dans l'habillement et la parole mais les contredisent dans la croyance et l'action.
Cela à cause de ce qui t'est parvenu de l'utilisation de la langue, par nous et par les gens du Fiqh et des Hadîths de toutes les régions et villes, contre ceux qui s'affilient aux (soufis) (mais) font (en réalité) partie des mauvais, déclarant tout licite, adeptes de l'incarnation, mécréants. (Or) le reproche qui tombe sur les faussaires ne nuit pas au degré des pieux meilleurs, ni ne rabaisse le degré des choisis vertueux. Au contraire, il y a, dans le fait d'exprimer le désaveu par rapport aux faussaires et le reproche par rapport aux traîtres annihilateurs, la pureté des véridiques, et l'élévation des authentiques. Et si ce n'était pas par souci religieux que nous montrions les choses déshonorantes et les maux se trouvant chez ceux qui sont faux, nous aurions dû les montrer par souci de préservation et de protection ; car nos anciens ont, dans le soufisme, l'étendard déployé et la renommée connue" :
"أما بعد، أحسن الله توفيقك. فقد استعنت بالله عز وجل وأجبتك إلى ما ابتغيت من جمع كتاب يتضمن أسامي جماعة وبعض أحاديثهم وكلامهم، من أعلام المتحققين من المتصوفة وأئمتهم، وترتيب طبقاتهم من النساك ومحجتهم، من قرن الصحابة والتابعين وتابعيهم ومن بعدهم، ممن عرف الأدلة والحقائق، وباشر الأحوال والطرائق، وساكن الرياض والحدائق، وفارق العوارض والعلائق، وتبرأ من المتنطعين والمتعمقين، ومن أهل الدعاوي من المتسوفين، من الكسالى والمتثبطين، المتشبهين بهم في اللباس والمقال، والمخالفين لهم في العقيدة والفعال. وذلك لما بلغك من بسط لساننا ولسان أهل الفقه والآثار في كل القطر والأمصار في المنتسبين إليهم من الفسقة والفجار، والمباحية والحلولية الكفار. وليس ما حل بالكذبة من الوقيعة والإنكار، بقادح في منقبة البررة الأخيار، وواضع من درجة الصفوة الأبرار. بل في إظهار البراءة من الكذابين والنكير على الخونة البطالين نزاهة للصادقين ورفعة للمتحققين. ولو لم نكشف من مخازي المبطلين ومساويهم ديانة، للزمنا إبانتها وإشاعتها حماية وصيانة، إذ لأسلافنا في التصوف العلم المنشور، والصيت والذكر المشهور" (Hil'yat ul-Awliyâ', al-Muqaddima).
-
Dès lors, à votre question : "Vous réclamez-vous du soufisme ?", ma réponse est : "Cela dépend de ce que vous entendez par "soufisme"" :
--- Si par ce terme "soufisme" vous entendez : "la branche du Dîn qui traite des actions intérieures autres que les croyances, mais qui promeut à ce sujet ce qui est en réalité des Bid'a, que ce soit au sujet des croyances relatives à Allah, des actions de 'ibâdat ullâh, ou des conceptions générales qui font déjà l'objet d'un Hukm Dînî (par exemple dans le lieu où il est requis du musulman d'habiter : est-ce la forêt, ou est-ce avec ses semblables ?)", alors qui pourrait approuver la Bid'a ?
--- Si par contre, par "soufisme" vous entendez : "la branche du Dîn qui traite des actions intérieures autres que les croyances, par exemple le fait de développer en soi un amour pour Allah qui soit plus grand que l'attachement à toute autre chose, de le fait se soucier de penser à Allah (dhikr ullâh al-qalbî), le fait de réformer ceux de ses traits intérieurs qui sont interdits dans le Coran et la Sunna, ou encore le fait de modérer l'attachement de son coeur aux choses de ce monde par le fait de se rappeler que cette vie n'est qu'un passage ; et qui s'efforce de faire tout cela en demeurant réellement dans l'orthodoxie telle que pratiquée par les Khayr ul-qur'ûn", alors qui pourrait être opposé à ces enseignements conformes à la Sunna ?
Pourquoi avoir inventé un nouveau mot - "soufisme" - pour désigner ces actions nobles et conformes à la Sunna, alors ?
En effet, c'est ce qui engendré le malentendu, comme Abu-l-Hassan 'Alî an-Nadwî l'a écrit.
Mais je n'y suis pour rien : je ne suis qu'un tâlib ul-'ilm du 15ème siècle de l'hégire, alors que le mot "soufi" existe depuis au moins le 2nd siècle de l'hégire. Et ce terme a, au cours de ces nombreux siècles nous ayant précédés, désigné aussi bien des musulmans à la croyance et/ou la pratique innovée(s), que des musulmans à la croyance et à la pratique orthodoxes.
Certaines personnes ne définissent le terme "soufisme" que par la première définition sus-citée, parce n'ayant connu dans leur région que ce genre de soufisme déviant ; en effet, le sens par lequel une personne donnée comprend un terme, c'est le sens qui, autour d'elle, est conféré à ce terme. Le problème c'est que, voyant ensuite d'autres personnes faire les éloges de certains enseignements de soufis ayant vécu ou vivant ailleurs, ces personnes leur appliquent le hukm lié à celui qui cautionne la Bid'a. Et elles oublient que, dans toute l'histoire de l'islam, le nom de "soufisme" a certes désigné une voie se voulant spirituelle et islamique mais étant en fait de la déviance (dhalâl), voire de la mécréance (kufr akbar) : Mansûr al-Hallâj a enseigné pareille voie déviante, écrit Ibn Taymiyya, de même que Muh'yi-d-Dîn Ibn 'Arabî, écrit-il aussi. Au sujet de Ibn 'Arabî, voici ce que adh-Dhahabî écrit : "Parmi les plus mauvais de ses ouvrages, il y a "Fussûs ul-Hikam" : s'il ne s'y trouve pas du kufr, alors il n'y a pas de kufr en ce monde !" : "العلامة، صاحب التواليف الكثيرة، محيي الدين أبو بكر محمد بن علي بن محمد بن أحمد الطائي، الحاتمي، المرسي، ابن العربي، نزيل دمشق. (...) ومن أردأ تواليفه كتاب "الفصوص"؛ فإن كان لا كفر فيه، فما في الدنيا كفر! نسأل الله العفو والنجاة، فواغوثاه بالله! وقد عظمه جماعة، وتكلفوا لما صدر منه ببعيد الاحتمالات. وقد حكى العلامة ابن دقيق العيد شيخنا أنه سمع الشيخ عز الدين ابن عبد السلام يقول عن ابن العربي: "شيخ سوء، كذاب، يقول بقدم العالم، ولا يحرم فرجا." قلت: إن كان محيي الدين رجع عن مقالاته تلك قبل الموت، فقد فاز، وما ذلك على الله بعزيز. توفي في ربيع الآخر سنة ثمان وثلاثين وست مائة" (Siyaru A'lâm in-nubalâ').
Cependant, ce nom "soufisme" a, aussi, tout simplement désigné "la discipline qui traite de la spiritualité musulmane". Et on a appelé aussi "soufis" des gens dont l'enseignement n'était nullement déviant : ce fut le cas de Ma'rûf al-Karkhî, Sahl at-Tustarî, Fudhayl ibn 'Iyâdh, al-Junayd al-Baghdâdî, etc.
Dès lors, tous les personnages ayant été qualifiés de "soufis" dans les livres anciens, que va-t-on faire à leur sujet :
--- déduira-t-on de ce qualificatif qu'ils sont tous égarés ?
--- ou bien plutôt distinguera-t-on celui qui est un soufi orthodoxe de celui qui est un soufi égaré ?
-
Le soufi est tout simplement : "le musulman qui, dans ses enseignements et rappels, parle beaucoup de :
--- zuhd 'an id-dunyâ,
--- d'établissement d'un lien intérieur vivant avec Allah Ta'âlâ (dhikr ullâh)
--- et d'autres af'âl ul-qulûb : al-khuluq".
-
Ensuite :
--- Certains soufis ont existé et existent toujours qui, dans les enseignements de ces choses, ou dans d'autres croyances (par exemple quant à leur conception d'Allah Ta'âlâ et de Son Etre), ou encore dans la détermination des akhlâq hassana qu'il faut acquérir et des akhlâq radhîla dont il faut se purifier, sont déviants (étant tombés dans le dhalâl, voire le kufr akbar).
--- Mais d'autres soufis ont également existé et existent toujours qui, dans les enseignements de ces choses, sont dans l'orthodoxie sunnite ; ceci sans oublier bien sûr que, hormis le Prophète (sur lui soit la paix), tout érudit fait une ou plusieurs khata' ijtihâdî qat'î ; tout soufi en fait donc forcément lui aussi, cela n'étant pas suffisant pour le faire sortir de l'orthodoxie sunnite.
-
Pour ce qui est de la phrase de Cheikh Abdullâh ibn Muhammad ibn Abd il-Wahhâb citée plus haut :
"ولا ننكر الطريقة الصوفية وتنزيه الباطن من رذائل المعاصي المتعلقة بالقلب والجوارح، مهما استقام صاحبها على القانون الشرعي والمنهج القويم المرعي. إلا أنا لا نتكلف له تأويلات في كلامه ولا في أفعاله، ولا نعوّل" : "Et nous ne réfutons pas la voie Soufie, la purification de l'intérieur par rapport aux maux des péchés reliés au coeur et aux membres du corps, tant que l'auteur de cette (voie) demeure sur la loi Shar'î et la voie droite à observer. Cependant, nous ne nous efforçons pas de chercher des justifications à ses paroles et ses actions, ni ne renvoyons" (Dernière page de Ar-Rissâla ath-thâlitha dans le recueil Al-Hadiyya as-saniyya, p. 54)...
... cette phrase montre bien que, pour son auteur...
... les deux mots "la voie soufie" désignent seulement : "تنزيه الباطن من رذائل المعاصي المتعلقة بالقلب والجوارح" : "la purification de l'intérieur par rapport aux maux des péchés reliés au coeur et aux membres du corps" : cela se fait pour certaines personnes sur la base d'une croyance qui est bid'a ou par des actions qui sont bid'a ; mais pour d'autres personnes dans le cadre de l'orthodoxie sunnite - croyances et actions - : c'est bien pourquoi il a précise, juste après : "مهما استقام صاحبها على القانون الشرعي والمنهج القويم المرعي" : "tant que l'auteur de cette (voie) demeure sur la loi Shar'î et la voie droite à observer".
-
Pour Cheikh ul-islâm Ibn Taymiyya également, il existe soufisme et soufisme :
"ولأجل ما وقع في كثير منهم من الاجتهاد والتنازع فيه، تنازع الناس في طريقهم:
فطائفة ذمت الصوفية والتصوف، وقالوا: "إنهم مبتدعون خارجون عن السنة"؛ ونقل عن طائفة من الأئمة في ذلك من الكلام ما هو معروف؛ وتبعهم على ذلك طوائف من أهل الفقه والكلام.
وطائفة غلت فيهم وادعوا أنهم أفضل الخلق وأكملهم بعد الأنبياء.
وكلا طرفي هذه الأمور ذميم.
والصواب أنهم مجتهدون في طاعة الله كما اجتهد غيرهم من أهل طاعة الله؛ ففيهم السابق المقرب بحسب اجتهاده؛ وفيهم المقتصد الذي هو من أهل اليمين؛ وفي كل من الصنفين من قد يجتهد فيخطئ وفيهم من يذنب فيتوب أو لا يتوب؛ ومن المنتسبين إليهم من هو ظالم لنفسه عاص لربه.
وقد انتسب إليهم طوائف من أهل البدع والزندقة - ولكن عند المحققين من أهل التصوف ليسوا منهم - كالحلاج مثلا: فإن أكثر مشايخ الطريق أنكروه وأخرجوه عن الطريق (مثل: الجنيد بن محمد سيد الطائفة وغيره - كما ذكر ذلك الشيخ أبو عبد الرحمن السلمي في "طبقات الصوفية"، وذكره الحافظ أبو بكر الخطيب في تاريخ بغداد).
فهذا أصل التصوف. ثم إنه بعد ذلك تشعب وتنوع وصارت الصوفية ثلاثة أصناف: صوفية الحقائق؛ وصوفية الأرزاق؛ وصوفية الرسم.فأما "صوفية الحقائق"، فهم الذين وصفناهم. وأما "صوفية الأرزاق" فهم الذين وقفت عليهم الوقوف، كالخوانك؛ فلا يشترط في هؤلاء أن يكونوا من أهل الحقائق، فإن هذا عزيز، وأكثر أهل الحقائق لا يتصفون بلزوم الخوانك؛ ولكن يشترط فيهم ثلاثة شروط: (...). وأما "صوفية الرسم" فهم المقتصرون على النسبة، فهمهم في اللباس والآداب الوضعية ونحو ذلك؛ فهؤلاء في الصوفية بمنزلة الذي يقتصر على زي أهل العلم وأهل الجهاد ونوع ما من أقوالهم وأعمالهم بحيث يظن الجاهل حقيقة أمره أنه منهم وليس منهم" (MF 11/17-20).
"A cause de ce qui s'est produit au sujet de nombre d'entre eux de ijtihad et de divergence, les gens ont divergé au sujet de leur voie :
- Il est un groupe qui ont blâmé les soufis et le soufisme, et qui ont dit : "Ce sont des innovateurs sortant de la Sunna". A ce sujet des propos qui sont connus ont été relatés d'un groupe de référents ; et des groupes de fuqahâ' et de mutakallimûn les ont suivis en cela.
- Et il est un groupe qui a exagéré à leur sujet et a prétendu que, après les prophètes, ils sont les meilleurs et les plus complets de la création.
- Ces deux extrêmes sont blâmables.
- L'avis correct est qu'ils sont mujtahidun dans l'obéissance à Allah, comme autres qu'eux obéissant à Allah ont fait ijtihad : dès lors, il y a parmi eux le devancier rapproché (d'Allah), en fonction de son ijtihad ; et il y a parmi eux le moyen qui fait partie des Gens de la Droite ; dans ces deux groupes se trouvent des personnages qui ont fait ijtihad et ont fait erreur, (de même que) des personnages qui ont fait des péchés puis s'en sont repentis ou ne s'en sont pas repentis ; (enfin,) parmi ceux qui se réclament d'eux, il y a celui qui est injuste envers lui-même, désobéissant à son Rabb.
Et se sont réclamés d'eux : des groupes des Gens de la Bid'a et de la Zandaqa - mais qui, d'après les muhaqqiq des Gens du Soufisme, ne font pas partie des leurs -, comme al-Hallâj, par exemple : la plupart des Mashâ'ïkh l'ont réfuté et l'ont déclaré hors de la Voie, tels al-Junayd ibn Muhammad, "sayyid ut-tâ'ïfa", et autre que lui (comme Abû 'Abdir-Rahmân as-Sulamî l'a mentionné dans "Tabaqât us-sûfiyya", ainsi que Abû Bakr al-Khatîb dans "Tâ'rîkhu Baghdâd").
Voilà la base du soufisme.
Ensuite, après cela, celui-ci s'est ramifié et diversifié. Les soufis sont (maintenant) de trois types :
--- les soufis véritables ;
--- les soufis bénéficiant des subsides ;
--- les soufis de l'apparence.
Quant aux soufis véritables, ce sont ceux que nous avons exposés (plus haut).
Les soufis des subsides, ce sont ceux qui bénéficient des biens des waqf, comme les khânqâh ; ce n'est pas une condition (pour qu'ils puissent toucher ces subsides) qu'ils soient des soufis véritables, car ceux-ci sont rares, et les soufis véritables ne sont pas qualifiés de "restant dans les khânqâh" ; cependant, il y a quand même trois conditions à leur sujet : (...).
Quant aux soufis de l'apparence, ce sont ceux qui se suffisent de s'affilier (au soufisme) : leur seul souci est le vêtement, les usages et ce genre de choses ; eux sont, par rapport aux soufis, comme celui qui se suffit d'adopter le vêtement des ulémas ou des soldats, ainsi que quelque chose de leurs paroles et de leurs actions, de sorte que celui qui ignore sa réalité croit qu'il fait partie d'eux, alors qu'il ne fait pas partie d'eux" (MF 11/17-20).
-
"وقد تكلم بهذا الاسم [التصوف] قوم من الأئمة: كأحمد بن حنبل وغيره؛ وقد تكلم به أبو سليمان الداراني وغيره. وأما الشافعي فالمنقول عنه ذم الصوفية؛ وكذلك مالك فيما أظن.
وقد خاطب به أحمد لأبي حمزة الخراساني وليوسف بن الحسين الرازي ولبدر بن أبي بدر المغازلي.
وقد ذم طريقهم طائفة من أهل العلم ومن العباد أيضا من أصحاب أحمد ومالك والشافعي وأبي حنيفة وأهل الحديث والعباد.
ومدحه آخرون.
والتحقيق فيه: أنه مشتمل على الممدوح والمذموم، كغيره من الطريق، وأن المذموم منه: قد يكون اجتهاديا، وقد لا يكون؛ وأنهم في ذلك بمنزلة الفقهاء في "الرأي": فإنه قد ذم الرأي من العلماء والعباد طوائف كثيرة. والقاعدة التي قدمتها تجمع ذلك كله؛ وفي المتسمين بذلك، من أولياء الله وصفوته وخيار عباده: ما لا يحصى عدده؛ كما في أهل الرأي، من أهل العلم والإيمان: من لا يحصي عدده إلا الله. والله سبحانه أعلم" (MF 10/369-370).
-
Concernant l'origine étymologique du terme "sûfî", dont dérive "tassawwuf" :
"والنسبة في "الصوفية" إلى "الصوف"، لأنه غالب لباس الزهاد. وقد قيل: هو نسبة إلى "صوفة بن مر بن أد بن طابخة"، قبيلة من العرب كانوا يجاورون حول البيت. وأما من قال: هم نسبة إلى "الصفة" فقد قيل: كان حقه أن يقال: "صفية". وكذلك من قال: نسبة إلى "الصفا"، قيل له: كان حقه أن يقال: "صفائية". ولو كان مقصورا لقيل "صفوية". وإن نسب إلى "الصفوة"، قيل: "صفوية". ومن قال: نسبة إلى "الصف المقدم بين يدي الله"، قيل له: كان حقه أن يقال: "صفّية". ولا ريب أن هذا يوجب النسبة والإضافة إذا أعطي الاسم حقه من جهة العربية. لكن التحقيق أن هذه النسب إنما أطلقت على طريق الاشتقاق الأكبر والأوسط، دون الاشتقاق الأصغر (كما قال أبو جعفر: "العامة" اسم مشتق من العمى)؛ فراعوا الاشتراك في الحروف دون الترتيب (وهو الاشتقاق الأوسط) أو الاشتراك في جنس الحروف دون أعيانها (وهو الأكبر).
وعلى الأوسط قول نحاة الكوفيين "الاسم" مشتق من السمة؛ وكذلك إذا قيل: "الصوفي" من "الصفا".
وأما إذا قيل هو من "الصفة" أو "الصف"، فهو على الأكبر" (MF 10/369).
"الحمد لله. أما لفظ "الصوفية"، فإنه لم يكن مشهورا في القرون الثلاثة، وإنما اشتهر التكلم به بعد ذلك. وقد نقل التكلم به عن غير واحد من الأئمة والشيوخ، كالإمام أحمد بن حنبل وأبي سليمان الداراني وغيرهما؛ وقد روي عن سفيان الثوري أنه تكلم به؛ وبعضهم يذكر ذلك عن الحسن البصري.
وتنازعوا في المعنى الذي أضيف إليه الصوفي - فإنه من أسماء النسب (كالقرشي والمدني وأمثال ذلك).
فقيل: إنه نسبة إلى "أهل الصفة"؛ وهو غلط، لأنه لو كان كذلك لقيل: صفي.
وقيل: نسبة إلى "الصف المقدم بين يدي الله"؛ وهو أيضا غلط؛ فإنه لو كان كذلك لقيل: صفي.
وقيل: نسبة إلى "الصفوة من خلق الله"؛ وهو غلط؛ لأنه لو كان كذلك لقيل: صفوي.
وقيل: نسبة إلى "صوفة بن مر بن أد بن طانجة" قبيلة من العرب كانوا يجاورون بمكة من الزمن القديم ينسب إليهم النساك؛ وهذا وإن كان موافقا للنسب من جهة اللفظ فإنه ضعيف أيضا، لأن هؤلاء غير مشهورين ولا معروفين عند أكثر النساك؛ ولأنه لو نسب النساك إلى هؤلاء لكان هذا النسب في زمن الصحابة والتابعين وتابعيهم أولى؛ ولأن غالب من تكلم باسم "الصوفي" لا يعرف هذه القبيلة ولا يرضى أن يكون مضافا إلى قبيلة في الجاهلية لا وجود لها في الإسلام.
وقيل: - وهو المعروف - إنه نسبة إلى لبس "الصوف"؛ فإنه أول ما ظهرت الصوفية من البصرة وأول من بنى دويرة الصوفية بعض أصحاب عبد الواحد بن زيد وعبد الواحد من أصحاب الحسن وكان في البصرة من المبالغة في الزهد والعبادة والخوف ونحو ذلك ما لم يكن في سائر أهل الأمصار ولهذا كان يقال: فقه كوفي وعبادة بصرية. وقد روى أبو الشيخ الأصبهاني بإسناده عن محمد بن سيرين أنه بلغه أن قوما يفضلون لباس الصوف فقال: إن قوما يتخيرون الصوف يقولون: "إنهم متشبهون بالمسيح ابن مريم. وهدي نبينا أحب إلينا: وكان النبي صلى الله عليه وسلم يلبس القطن وغيره"، أو كلاما نحوا من هذا. ولهذا غالب ما يحكى من المبالغة في هذا الباب إنما هو عن عباد أهل البصرة مثل حكاية من مات أو غشي عليه في سماع القرآن ونحوه" (MF 11/5-7).
-
Ibn Taymiyya emploie la formule "rapprochement du Rûh avec Allah", ainsi que le terme "Rûhânî" (qui est l'adjectif qualificatif lié au terme "Rûh", lequel désigne pour sa part un 'Ayn) :
"لكن مما يسهل عليهم معرفة إمكان هذا معرفة أرواحهم وصفاتها وأفعالها وأن الروح قد تعرج من النائم إلى السماء وهي لم تفارق البدن. كما قال تعالى: {الله يتوفى الأنفس حين موتها والتي لم تمت في منامها فيمسك التي قضى عليها الموت ويرسل الأخرى إلى أجل مسمى}. وكذلك الساجد: قال النبي صلى الله عليه وسلم "أقرب ما يكون العبد من ربه وهو ساجد". وكذلك تقرب الروح إلى الله في غير حال السجود مع أنها في بدنه. ولهذا يقول بعض السلف: "القلوب جوالة: قلب يجول حول العرش، وقلب يجول حول الحش" (MF 5/523-524).
"وأما حركة روح العبد أو بدنه إلى ذات الرب، فلا يقر به من كذب بأن الله فوق العرش من هؤلاء المعطلة الجهمية (الذين كان السلف يكفرونهم ويرون بدعتهم أشد البدع، ومنهم من يراهم خارجين عن الثنتين والسبعين فرقة)، مثل من قال إنه في كل مكان أو إنه لا داخل العالم ولا خارجه. لكن عموم المسلمين وسلف الأمة وأهل السنة من جميع الطوائف تقر بذلك؛ فيكون العبد متقربا بحركة روحه وبدنه إلى ربه مع إثباتهم أيضا التقرب منهما إلى الأماكن المشرفة، وإثباتهم أيضا تحول روحه وبدنه من حال إلى حال. فالأول: مثل معراج النبي صلى الله عليه وسلم وعروج روح العبد إلى ربه وقربه من ربه في السجود وغير ذلك. والثاني: مثل الحج إلى بيته وقصده في المساجد. والثالث: مثل ذكره له ودعائه ومحبته وعبادته وهو في بيته؛ لكن في هذين يقرون أيضا بقرب الروح أيضا إلى الله نفسه فيجمعون بين الأنواع كلها" (MF 6/31).
"ثم ذكر الموت فقال {كلا إذا بلغت التراقي} وهذا إثبات للنفس وأنها تبلغ التراقي - كما قال هناك: {بلغت الحلقوم}، والتراقي متصلة بالحلقوم. ثم قال {وقيل من راق} يرقيها؛ وقيل: من صاعد يصعد بها إلى الله؟ والأول أظهر؛ لأن هذا قبل الموت فإنه قال: {وظن أنه الفراق} فدل على أنهم يرجونه ويطلبون له راقيا يرقيه. وأيضا فصعودها لا يفتقر إلى طلب من يرقى بها فإن لله ملائكة يفعلون ما يؤمرون. والرقية أعظم الأدوية، فإنها دواء روحاني - ولهذا قال النبي صلى الله عليه وسلم في صفة المتوكلين: "لا يسترقون". والمراد أنه يخاف الموت ويرجو الحياة بالراقي؛ ولهذا قال: {وظن أنه الفراق}. ثم قال: {والتفت الساق بالساق إلى ربك يومئذ المساق} فدل على نفس موجودة قائمة بنفسها تساق إلى ربها" (MF 4/264-265).
-
Par contre, le terme "Rûhâniyya" en tant que substantif, désignant l'"état de ce qui est d'ordre spirituel" et se rapportant à la relation de l'homme avec Allah Ta'âlâ, je n'ai pas trouvé chez Ibn Taymiyya.
-
Certes, il a employé ce terme "Rûhâniyya", mais seulement en tant qu'adjectif qualifiant un terme féminin ; par exemple : "وخامسها - وفيه فقه الباب - أن الله تعالى جعل خلْقه مفتقرين إلى الطعام والغذاء، لا تندفع مجاعتهم ومسغبتهم إلا بنوع الطعام وصنفه؛ فقد هدانا وعلمنا النوع الكاشف للمسغبة المزيل للمخمصة. وأما المرض فإنه يزيله بأنواع كثيرة من الأسباب: ظاهرة وباطنة، روحانية وجسمانية؛ فلم يتعين الدواء مزيلا" (MF 21/565). Or ce n'est pas de cela que nous parlons ici.
-
Chez les soufis orthodoxes, le critère pour différencier la bonne conception de la fausse, la bonne spiritualité de la déviante, et les actions correctes des actions innovées, c'est la référence au Coran, à la Sunna, ainsi qu'à la façon de faire des Sahâba et des Tâbi'ûn :
Ibn ul-Jawzî rapporte les propos suivants de célèbres soufis :
--- Sarî as-Saqatî a dit : "Celui qui prétend un savoir intérieur qui contredit un hukm zâhir, celui-là est dans le faux" ;
--- al-Junayd al-Baghdâdî a dit : "Notre chemin que voici est cadré par les Sources : le Coran et la Sunna". Il a dit aussi : "Notre discipline est codifiée par le Coran et la Sunna ; celui qui ne mémorise pas le Livre (de Dieu), ne transcrit pas les hadîths et n'acquiert pas la Compréhension du Dîn, celui-là ne doit pas être suivi" ;
--- Abû Sulaymân ad-Dârânî a dit : "Parfois, un dire parmi les dires du groupe (des soufis) va et vient dans mon for intérieur pendant plusieurs jours ; je ne l'accepte que s'il a deux témoins fiables : le Coran et la Sunna".
Ibn ul-Jawzî écrit :
"فصل قال المصنف: وقد كان أوائل الصوفية يقرون بأن التعويل على الكتاب والسنة؛ وإنما لبس الشيطان عليهم لقلة علمهم.
بإسناده] إلى جعفر الخلدي قال: سمعت الجنيد يقول: قال أبو سليمان الداراني: "ربما تقع في نفسي النكتة من نكت القوم أياما؛ فلا أقبل منه إلا بشاهدين عدلين: الكتاب والسنة". [وبإسناده إلى] طيفور البسطامي قال: سمعت موسى بن عيسى يقول: قال لي أبي: قال أبو يزيد: "لو نظرتم إلى رجل أعطى من الكرامات حتى يرتفع في الهواء، فلا تغتروا به حتى تنظروا كيف تجدونه عند الأمر والنهي وحفظ الحدود." [وبإسناده إلى] أبي موسى قال: سمعت أبا يزيد البسطامي يقول: "من ترك قراءة القرآن والتقشف ولزوم الجماعة وحضور الجنائز وعيادة المرضى وادعى هذا الشأن، فهو مبتدع". [وبإسناده إلى] عبد الحميد الحبلى قال: سمعت سريا يقول: "من ادعى باطن علم ينقض ظاهر حكم، فهو غالط". [وبإسناده إلى] الروذباري عن الجنيد أنه قال: "مذهبنا هذا مقيد بالأصول الكتاب والسنة". [وبإسناده إلى] الحربي قال: سمعت الجنيد يقول: "علمنا مضبوط بالكتاب والسنة. من لم يحفظ الكتاب ويكتب الحديث ولم يتفقه، لا يقتدى به". [وبإسناده إلى] الجريري قال: سمعت الجنيد يقول: "ما أخذنا التصوف عن القيل والقال؛ لكن عن الجوع وترك الدنيا وقطع المألوفات والمستحسنات؛ لأن التصوف من صفاء المعاملة مع الله سبحانه وتعالى، وأصله التفرق عن الدنيا كما قال حارثة "عرفت نفسي في الدنيا فأسهرت ليلي وأظمأت نهاري". [وبإسناده إلى] أبي بكر الشفاف قال: "من ضيع حدود الأمر والنهي في الظاهر، حرم مشاهدة القلب في الباطن". [وبإسناده إلى] المرتعش قال: سمعت الحسين النوري يقول لبعض أصحابه: "من رأيته يدعي مع الله عز وجل حالة تخرجه عن حد علم الشرع، فلا تقربنه. ومن رأيته يدعي حالة لا يدل عليها دليل ولا يشهد لها حفظ ظاهر، فاتهمه على دينه". [وبإسناده إلى] الجريري قال: "أمرنا هذا كله مجموع على فضل واحد هو أن تلزم قلبك المراقبة ويكون العلم على ظاهرك قائما". [وبإسناده إلى] أبي جعفر قال: "من لم يزن أقواله وأفعاله وأحواله بالكتاب والسنة ولم يتهم خاطره، فلا تعده في ديوان الرجال".
فصل قال المصنف: وإذ قد ثبت هذا من أقوال شيوخهم، وقعت من بعض أشياخهم غلطات لبعدهم عن العلم؛ فإن كان ذلك صحيحا عنهم توجه الرد عليهم إذ لا محاباة في الحق؛ وإن لم يصح عنهم حذرنا من مثل هذا القول وذلك المذهب من أي شخص صدر.
فأما المشبهون بالقوم وليسوا منهم، فأغلاطهم كثيرة.
ونحن نذكر بعض ما بلغنا من أغلاط القوم. والله يعلم أننا لم نقصد ببيان غلط الغالط إلا تنزيه الشريعة والغيرة عليها من الدخل. وما علينا من القائل والفاعل، وإنما نؤدي بذلك أمانة العلم. وما زال العلماء يبين كل واحد منهم غلط صاحبه قصدا لبيان الحق - لا لإظهار عيب الغالط. ولا اعتبار بقول جاهل يقول "كيف يرد على فلان الزاهد المتبرك به"؛ لأن الانقياد إنما يكون إلى ما جاءت به الشريعة لا إلى الأشخاص. وقد يكون الرجل من الأولياء وأهل الجنة وله غلطات فلا تمنع منزلته بيان زلـله. واعلم أن من نظر إلى تعظيم شخص ولم ينظر بالدليل إلى ما صدر عنه، كان كمن ينظر إلى ما جرى على يد المسيح صلوات الله عليه من الأمور الخارقة ولم ينظر إليه، فادعى فيه الالهية؛ ولو نظر إليه وأنه لا يقوم إلا بالطعام، لم يعطه إلا ما يستحقه. وقد أخبرنا إسماعيل بن أحمد السمرقندي بإسناد إلى يحيى بن سعيد قال: سألت شعبة وسفيان بن سعيد وسفيان بن عيينة ومالك بن أنس عن الرجل لا يحفظ أو يتهم في الحديث، فقالوا جميعا: "يبين أمره". وقد كان الإمام أحمد بن حنبل يمدح الرجل ويبالغ ثم يذكر غلطه في الشيء بعد الشيء وقال: "نعم الرجل فلان، لولا أن خلة فيه"؛ وقال عن سري السقطي الشيخ المعروف بطيب المطعم ثم حكى له عنه أنه قال "إن الله عز وجل لما خلق الحروف سجدت الباء" فقال: "نفروا الناس عنه" (Talbîsu Ib'lîs, pp. 185-188).
-
Dès lors, dans l'ensemble de ce qu'on présente comme "le soufisme", on trouve des propos de plusieurs sortes :
– A) Très graves sont par exemple les propos de al-Hallâj, ou encore ceux de Muh'yi-d-dîn Ibn 'Arabî : et leur propos ont mis en cause toute la fiabilité de tout leur enseignement.
-
– B) Par contre, parmi les enseignements des soufis qui ne sont pas comparables au A...
–--- B.A) Vous avez des erreurs de type "ijtihâdî" (khata' qat'î ijtihâdî) que certains soufis ont faites : on ne doit pas les suivre ; cependant, il faut simplement se dire que, hormis le Prophète, tout mujtahid est tel qu'il dit des choses dans lesquelles il s'est trompé :
Ainsi, certains soufis ont-ils recommandé (pour celui qui n'est pas dans une situation où, s'il ne se marie pas, il risque de tomber dans la fornication) de ne pas se marier (et ce alors même qu'il a les capacités de remplir des obligations conjugales), afin de pouvoir disposer de plus de temps libre pour s'adonner aux actions de la 'ibâdat ullâh (au sens particulier du terme : prières rituelles, dhikr-ullâh, etc.) : pas d'épouse dont il faut s'occuper, ni d'enfants résultant de cette union.
Ibn ul-Jawzî a, sur un ton très critique, relaté des propos de ce genre, de la part de certains soufis, dans son Talbîs-u Iblîs (pp. 321-324 dans l'édition que j'en possède).
Cela constitue une khata' ijtihâdî qat'î.
Mais... l'école shafi'ite n'a-t-elle pas dit la même chose sur le même sujet, faisant la même khata' ijtihâdî ?
-
–--- B.B) Différents sont les propos complètement déplacés (khata' ghayr ijtihâdî) que l'on trouve chez certains soufis, mais seulement à cause d'un moment d'ivresse : quand ils reviennent à eux, ils se démarquent de ces propos :
Ce sont des propos complètement faux, que l'on doit réfuter (et ne pas faire comme certaines personnes qui, par ignorance, les citent et les encensent).
Cependant, il est à espérer que ces propos ne seront - insha Allâh - pas comptabilisés auprès d'Allah contre leurs auteurs, car prononcés dans un moment d'absence de la raison.
Cependant encore, ces propos ne sont qu'une expression de faiblesse, et non pas de perfection : la perfection a été chez les Compagnons, qui, malgré leur grande spiritualité, ne sont jamais tombés dans ce genre d'ivresse.
-
Malgré tout, il ne faut pas s'appuyer sur ces propos pour discréditer tout le reste que ces Mashâïkh ut-tarîq ont dit, du moment que ces autres dires sont pour leur part corrects et enrichissants.
"وكثير من السالكين سلكوا في دعوى حب الله أنواعا من أمور الجهل بالدين، إما مِن تعدي حدود الله، وإما مِن تضييع حقوق الله، وإما مِن ادعاء الدعاوى الباطلة التي لا حقيقة لها؛ كقول بعضهم: "أيّ مريد لي ترك في النار أحدا، فأنا منه بريء"، فقال الآخر: "أيّ مريد لي ترك أحدا من المؤمنين يدخل النار، فأنا منه بريء": فالأول جعل مريده يخرج كل من في النار؛ والثاني جعل مريده يمنع أهل الكبائر من دخول النار! ويقول بعضهم: "إذا كان يوم القيامة نصبت خيمتي على جهنم حتى لا يدخلها أحد"؛ وأمثال ذلك من الأقوال التي تؤثر عن بعض المشايخ المشهورين. وهي إما كذب عليهم؛ وإما غلط منهم، ومثل هذا قد يصدر في حال سكر وغلبة وفناء يسقط فيها تمييز الإنسان أو يضعف حتى لا يدري ما قال - والسكر هو لذة مع عدم تمييز. ولهذا كان بين هؤلاء من إذا صحا استغفر من ذلك الكلام" (MF 10/209).
"وهذا الفناء كله فيه نقص. وأكابر الأولياء كأبي بكر وعمر والسابقين الأولين من المهاجرين والأنصار لم يقعوا في هذا الفناء، فضلا عمن هو فوقهم من الأنبياء. وإنما وقع شيء من هذا بعد الصحابة؛ وكذلك كل ما كان من هذا النمط مما فيه غيبة العقل والتمييز لما يرد على القلب من أحوال الإيمان؛ فإن الصحابة رضي الله عنهم كانوا أكمل وأقوى وأثبت في الأحوال الإيمانية من أن تغيب عقولهم أو يحصل لهم غشي أو صعق أو سكر أو فناء أو وله أو جنون. وإنما كان مبادئ هذه الأمور في التابعين من عباد البصرة فإنه كان فيهم من يغشى عليه إذا سمع القرآن، ومنهم من يموت كأبي جهير الضرير وزرارة بن أوفى قاضي البصرة. وكذلك صار في شيوخ الصوفية من يعرض له من الفناء والسكر ما يضعف معه تمييزه حتى يقول في تلك الحال من الأقوال ما إذا صحا عرف أنه غالط فيه كما يحكى نحو ذلك عن مثل أبي يزيد وأبي الحسين النوري وأبي بكر الشبلي وأمثالهم. (بخلاف أبي سليمان الداراني ومعروف الكرخي والفضيل بن عياض بل وبخلاف الجنيد وأمثالهم ممن كانت عقولهم وتمييزهم يصحبهم في أحوالهم فلا يقعون في مثل هذا الفناء والسكر ونحوه، بل الكمل تكون قلوبهم ليس فيها سوى محبة الله وإرادته وعبادته، وعندهم من سعة العلم والتمييز ما يشهدون الأمور على ما هي عليه بل يشهدون المخلوقات قائمة بأمر الله مدبرة بمشيئته بل مستجيبة له قانتة له فيكون لهم فيها تبصرة وذكرى ويكون ما يشهدونه من ذلك مؤيدا وممدا لما في قلوبهم من إخلاص الدين وتجريد التوحيد له والعبادة له وحده لا شريك له. وهذه "الحقيقة" التي دعا إليها القرآن وقام بها أهل تحقيق الإيمان والكمل من أهل العرفان. ونبينا صلى الله عليه وسلم إمام هؤلاء وأكملهم؛ ولهذا لما عرج به إلى السموات وعاين ما هنالك من الآيات وأوحي إليه ما أوحي من أنواع المناجاة، أصبح فيهم وهو لم يتغير حاله ولا ظهر عليه ذلك، بخلاف ما كان يظهر على موسى من التغشي - صلى الله عليهم وسلم أجمعين" (MF 10/220-221).
"فيقال: هذا ونحوه من الشطحات التي ترجى مغفرتها بكثرة الحسنات، ويستغرقها كمال الصدق، وصحة المعاملة، وقوة الإخلاص، وتجريد التوحيد. ولم تضمن العصمة لبشر بعد رسول الله صلى الله عليه وسلم. وهذه الشطحات أوجبت فتنة على طائفتين من الناس.
إحداهما حجبت بها عن محاسن هذه الطائفة ولطف نفوسهم وصدق معاملتهم، فأهدروها لأجل هذه الشطحات، وأنكروها غاية الإنكار. وأساءوا الظن بهم مطلقا. وهذا عدوان وإسراف. فلو كان كل من أخطأ أو غلط ترك جملة، وأهدرت محاسنه، لفسدت العلوم والصناعات، والحكم، وتعطلت معالمها.
والطائفة الثانية حُجِبوا بما رَأوه من محاسن القوم وصفاء قلوبهم وصحة عزائمهم وحسن معاملاتهم، عن رؤية عيوب شطحاتهم ونقصانها؛ فسحبوا عليها ذيل المحاسن، وأجروا عليها حكم القبول والانتصار لها، واستظهروا بها في سلوكهم. وهؤلاء أيضا معتدون مفرطون.
والطائفة الثالثة - وهم أهل العدل والإنصاف - الذين أعطوا كل ذي حق حقه، وأنزلوا كل ذي منزلة منزلته، فلم يحكموا للصحيح بحكم السقيم المعلول، ولا للمعلول السقيم بحكم الصحيح؛ بل قبلوا ما يقبل، وردوا ما يرد.
وهذه الشحطات ونحوها هي التي حذر منها سادات القوم وذموا عاقبتها وتبرءوا منها. حتى ذكر أبو القاسم القشيري في رسالته أن أبا سليمان الداراني رؤي بعد موته، فقيل له: "ما فعل الله بك؟" فقال: "غفر لي؛ وما كان شيء أضر علي من إشارات القوم". وقال أبو القاسم: سمعت أبا سعيد الشحام يقول: رأيت أبا سهل الصعلوكي في المنام، فقلت له: "أيها الشيخ"، فقال: "دع التشييخ". فقلت: "وتلك الأحوال؟" فقال: "لم تغن عنا شيئا". فقلت: "ما فعل الله بك؟" قال: "غفر لي بمسائل كانت تسأل عنها العجائز". وذكر عن الجريري أنه رأى الجنيد في المنام بعد موته، فقال: "كيف حالك يا أبا القاسم؟" فقال: "طاحت تلك الإشارات، وفنيت تلك العبارات؛ وما نفعنا إلا تسبيحات كنا نقولها بالغدوات".
وقال أبو سليمان الداراني: "تعرض علي النكتة من نكت القوم؛ فلا أقبلها إلا بشاهدي عدل: الكتاب والسنة". وقال الجنيد: "مذهبنا مقيد بالكتاب والسنة؛ فمن لم يقرأ القرآن ويكتب الحديث، لا يقتدى به في طريقنا". هذا إلى غير ذلك من الأقوال التي وردت عنهم؛ رضي الله عنهم" (Madârij us-sâlikîn, 2/40-42).
-
--- B.C) Et vous avez le reste de leur enseignements quant au zuhd mashrû' et aux actions du coeur telles qu'elles ont été définies dans le Coran et la Sunna...
-
La présentation, par Ibn Rajab, d'un hanbalite très connu : 'Imâd ud-Dîn al-Wâssitî :
"أحمد بن إبراهيم بن عبد الرحمن بن مسعود بن عمر الواسطي الحزامي، الزاهد القدوة العارف، عماد الدين أبو العباس، ابن شيخ الحزاميين:
ولد في حاثي عشر - أو ثاني عشر - ذي الحجة سنة سبع وخمسين وستمائة بشرقي واسط. وكان أبوه شيخ الطائفة الأحمدية. ونشأ الشيخ عماد الدين بينهم، وألهمه الله من صغره طلب الحق ومحبته، والنفور عن البدع وأهلها.
فاجتمع بالفقهاء بواسط كالشيخ عز الدين الفاروتي وغيره. وقرأ شيئا من الفقه على مذهب الشافعي.
ثم دخل بغداد، وصحب بها طوائف من الفقهاء. وحج واجتمع بمكة بجماعة منهم.
وأقام بالقاهرة مدة ببعض خوانقها، وخالط طوائف الفقهاء، ولم يسكن قلبه إلى شيء من الطوائف المحدثة.
واجتمع بالإسكندرية بالطائفة الشاذلية، فوجد عندهم ما يطلبه من لوايح المعرفة، والمحبة والسلوك، فأخذ ذلك عنهم، وانتفع بهم، واقتفى طريقتهم وهديهم.
ثم قدم دمشق، فرأى الشيخ تقي الدين ابن تيمية وصاحبه، فدله على مطالعة السيرة النبوية، فأقبل على سيرة ابن إسحاق تهذيب ابن هشام، فلخصها واختصرها، وأقبل على مطالعة كتب الحديث والسنة والآثار، وتخلى من جميع طرائقه وأحواله، وأذواقه وسلوكه، واقتفى آثار الرسول صلى الله عليه وسلم وهديه، وطرائقه المأثورة عنه في كتب السنن والآثار، واعتنى بأمر السنة أصولا وفروعا. وشرع في الرد على طوائف المبتدعة الذين خالطهم وعرفهم من الاتحادية وغيرهم، وبين عوراتهم، وكشف أستارهم. وانتقل إلى مذهب الإمام أحمد.
وبلغني أنه كان يقرأ في "الكافي" على الشيخ مجد الدين الحراني الآتي ذكره إن شاء الله تعالى، واختصره في مجلد سماه "البلغة". وألف تآليف كثيرة في الطريقة النبوية والسلوك الأثري والفقر المحمدي؛ وهي من أنفع كتب الصوفية للمريدين، انتفع بها خلق من متصوفة أهل الحديث ومتعبديها.
وكان الشيخ تقي الدين ابن تيمية يعظمه ويجله، ويقول عنه: "هو جنيد وقته". وكتب إليه كتابا من مصر أوله "إلى شيخنا الإمام العارف القدوة السالك".
قال البرزالي عنه في معجمه: رجل صالح عارف، صاحب نسك وعبادة، وانقطاع وعزوف عن الدنيا. وله كلام متين في التصوف الصحيح. وهو داعية إلى طريق الله تعالى، وقلمه أبسط من عبارته. واختصر السيرة النبوية. وكان يتقوت من النسخ، ولا يكتب إلا مقدار ما يدفع به الضرورة. وكان محبا لأهل الحديث، معظما لهم. وأوقاته محفوظة.
وقال الذهبي: كان سيدا عارفا كبير الشأن، منقطعا إلى الله تعالى. وكان ينسخ بالأجرة ويتقوت، ولا يكاد يقبل من أحد شيئا إلا في النادر. صنف أجزاء عديدة في السلوك والسير إلى الله تعالى، وفي الرد على الاتحادية والمبتدعة. وكان داعية إلى السنة، ومذهبه السلف الصالح في الصفات، يمرها كما جاءت. وقد انتفع به جماعة صحبوه، ولا أعلم خلف بدمشق محي طريقته مثله.
قلت: ومن تصانيفه " شرح منازل السائرين " ولم يتمه، وله نظم حسن في السلوك.
كتب عنه الذهبي والبرزالي، وسمع منه جماعة من شيوخنا وغيرهم، وكان له مشاركة جيدة في العلوم، وعبارة حسنة قوية، وفهم جيد، وخط حسن في غاية الحسن. وكان معمور الأوقات بالأوراد والعبادات، والتصنيف، والمطالعة، والذكر والفكر، مصروف العناية إلى المراقبة والمحبة، والأنس بالله، وقطع الشواغل والعوائق عنه، حثيث السير إلى وادي الفناء بالله، والبقاء به، كثير اللهج بالأذواق والتجليات والأنوار القلبية، منزويا عن الناس، لا يجتمع إلا بمن يحبه، ويحصل له باجتماعه به منفعة دينية.
ولم يزل على ذلك إلى أن توفي آخر نهار السبت سادس عشر ربيع الآخر سنة إحدى عشر وسبعمائة بالمارستان الصغير بدمشق. وصلي عليه من الغد بالجامع. ودفن بسفح قاسيون، قبالة زاوية السيوفي. رضي الله عنه" (Dhaylu tabaqât il-hanâbila).
-
Un passage du livre Al-I'tissâm de ash-Shâtibî quant au fait que les soufis orthodoxes sont opposés à toute Bid'a :
"الوجه الرابع من النقل: ما جاء في ذم البدع وأهلها عن الصوفية المشهورين عند الناس:
وإنما خصصنا هذا الموضع بالذكر - وإن كان فيما تقدم من النقل كفاية - لأن كثيرا من الجهال يعتقدون فيهم أنهم متساهلون في الاتباع، وأن اختراع العبادات والتزام ما لم يأت في الشرع التزامه مما يقولون به ويعملون عليه.
وحاشاهم من ذلك أن يعتقدوه أو يقولوا به! فأول شيء بنوا عليه طريقتهم: اتباع السنة، واجتناب ما خالفها؛ حتى زعم مذكرهم وحافظ مأخذهم وعمود نحلتهم أبو القاسم القشيري أنهم إنما اختصوا باسم التصوف انفرادا به عن أهل البدع. فذكر أن المسلمين بعد رسول الله صلى الله عليه وسلم لم يتسم أفاضلهم في عصرهم باسم علم سوى الصحبة، إذ لا فضيلة فوقها؛ ثم سمي من يليهم التابعين، ورأوا هذا الاسم أشرف الأسماء؛ ثم قيل لمن بعدهم أتباع التابعين؛ ثم اختلف الناس وتباينت المراتب، فقيل لخواص الناس ممن له شدة عناية من الدين: الزهاد والعباد. قال: "ثم ظهرت البدع، وادعى كل فريق أن فيهم زهادا وعبادا؛ فانفرد خواص أهل السنة المراعون أنفسهم مع الله الحافظون قلوبهم عن الغفلة باسم التصوف". هذا معنى كلامه. فقد عد هذا اللقب مخصوصا باتباع السنة ومباينة البدعة. وفي ذلك ما يدل على خلاف ما يعتقده الجهال ومن لا عبرة به من المدعين للعلم.
وفي غرضي - إن فسح الله في المدة وأعانني بفضله ويسر لي الأسباب - أن ألخص في طريقة القوم أنموذجا يستدل به على صحتها وجريانها على الطريقة المثلى، وأنه إنما داخلتها المفاسد وتطرقت إليها البدع من جهة قوم تأخرت أزمانهم عن عهد ذلك السلف الصالح، وادعوا الدخول فيها من غير سلوك شرعي، ولا فهم لمقاصد أهلها، وتقولوا عليهم ما لم يقولوا به؛ حتى صارت في هذا الزمان الأخير كأنها شريعة أخرى غير ما أتى بها محمد صلى الله عليه وسلم؛ وأعظم من ذلك أنهم يتساهلون في اتباع السنة، ويرون اختراع العبادات طريقا للتعبد صحيحا.
وطريقة القوم بريئة من هذا الخباط بحمد الله.
فقد قال الفضيل بن عياض: "من جلس مع صاحب بدعة، لم يعط الحكمة ".
(...)
وقال يحيى بن معاذ الرازي: "اختلاف الناس كلهم يرجع إلى ثلاثة أصول، فلكل واحد منها ضد، فمن سقط عنه، وقع في ضده: التوحيد - وضده الشرك -؛ والسنة - وضدها البدعة -؛ والطاعة - وضدها المعصية"
(...)
وقال أبو يزيد البسطامي: "عملت في المجاهدة ثلاثين سنة. فما وجدت شيئا أشد من العلم ومتابعته. ولولا اختلاف العلماء لشقيت. واختلاف العلماء رحمة إلا في تجريد التوحيد. ومتابعة العلم هي متابعة السنة لا غيرها".
وروي عنه أنه قال: "قم بنا ننظر إلى هذا الرجل الذي قد شهر نفسه بالولاية كان رجلا مقصودا مشهورا بالزهد ". قال الراوي: "فمضينا، فلما خرج من بيته ودخل المسجد، رمى ببصاقه تجاه القبلة. فانصرف أبو يزيد، ولم يسلم عليه، وقال: "هذا غير مأمون على أدب من آداب رسول الله صلى الله عليه وسلم، فكيف يكون مأمونا على ما يدعيه؟" وهذا أصل أصله أبو يزيد رحمه الله للقوم، وهو أن الولاية لا تحصل لتارك السنة، وإن كان ذلك جهلا منه، فما ظنك به إذا كان عاملا بالبدعة كفاحا؟
وقال: "هممت أن أسأل الله أن يكفيني مؤنة الأكل ومؤنة النساء، ثم قلت: كيف يجوز أن أسأل الله هذا، ولم يسأله رسول الله صلى الله عليه وسلم؟ فلم أسأله. ثم إن الله سبحانه كفاني مؤنة النساء حتى لا أبالي استقبلتني امرأة أم حائط".
وقال: ".لو نظرتم إلى رجل أعطي من الكرامات حتى يرتقي في الهواء، فلا تغتروا به حتى تنظروا كيف تجدونه عند الأمر والنهي، وحفظ الحدود وآداب الشريعة".
(Voir tout le chapitre in Al-I'issâm, 1/89-99).
-
Wallâhu A'lam (Dieu sait mieux).