Ceux qui étaient auparavant juifs ou chrétiens puis se sont convertis à l'islam, seront-ils toujours appelés : "Gens du Livre" ? - هل يسمَّى الذين كانوا يهودًا أو نصارى فأسلموا: "أهل الكتاب" ؟ - Quand on ne peut pas dire ouvertement qu'on est musulman - Commentaire de Coran 3/199

Question :

Que signifie ce verset : "Et parmi les Gens du Livre il en est qui croient en Dieu, en ce qui vous a été révélé et en ce qui leur a été révélé, pleins d'humilité vis-à-vis de Dieu" (Coran 3/199). Il y est question de Gens du Livre qui croient en la véracité de Muhammad et de ce qu'il a transmis (Coran et Sunna).
Or si ces gens ont foi en la véracité des Ecritures antérieures ainsi que du Coran, ce sont des musulmans, ce ne sont plus des Gens du Livre mais des musulmans !
Pourquoi Dieu les a-t-Il donc désignés par la formule "Gens du Livre" ?

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Réponse :

Votre question est très pertinente. La réponse qui suit est donnée d'après deux des commentaires de ce verset, cités dans Al-Jawâb us-sahîh (1/234).

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D'après un premier commentaire :

Ce verset désigne ceux qui étaient auparavant Gens du Livre (juifs ou chrétiens) mais qui ensuite se sont convertis à l'islam. A l'instar de Abdullâh ibn Salâm, Zayd ibn Sa'na (Fat'h ul-bârî 7/344), Salmân al-Fârissî, 'Adî ibn Hâtim ou Tamîm ad-Dârî...

En fait nous sommes en présence d'une métonymie, avec désignation de la personne par ce qu'elle fut dans le passé ("majâz mursal, ma'a 'alâqati mâ kâna").

D'après ce premier commentaire, ce verset est donc à comprendre ainsi : "Et parmi ceux qui avaient été jusqu'à un passé récent juifs ou chrétiens, il en est qui ont apporté foi en le Coran et sont donc devenus musulmans".

Un autre verset existe qui emploie lui aussi la métonymie, mais à l'inverse : il désigne un objet par ce qu'il deviendra ("majâz mursal, ma'a 'alâqati mâ yakûn") : "Je me vois en train de presser du vin" (Coran 12/36), pour dire en fait : "en train de presser du raisin" ; le vin étant produit à partir du raisin, on a désigné ce dernier par le moyen du mot forgé pour le premier.

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D'après un autre commentaire :

Ce verset n'évoque pas des personnes telles que Abdullâh ibn Salâm, Zayd ibn Sa'na, Salmân al-Fârissî, 'Adî ibn Hâtim ou Tamîm ad-Dârî, qui, auparavant Gens du Livre, s'étaient ouvertement converties à l'islam à l'époque du Prophète : ces personnes-là, Dieu ne les aurait pas désignées comme des "Gens du Livre", puisque, s'étant converties ouvertement à l'islam, elles ne sont plus désignées que comme "musulmanes".
Ce verset parle de personnes qui s'étaient converties à l'islam, mais sans le proclamer ouvertement : de personnes telles que As'hama le Négus d'Abyssinie.

Al-Khattâbî écrit : "Le Négus était un musulman : il avait cru en le Prophète ; mais il cachait sa foi" (Ma'âlim us-sunan, cité dans Ahkâm ul-janâ'ïz, p. 119) (voir le hadîth rapporté par Abû Dâoûd, 3205, Ahmad, 4386). Il était donc considéré par la plupart des gens comme étant toujours chrétien, alors qu'il était en réalité devenu musulman.

D'après ce second commentaire, c'est de ce genre de personnes, en apparence Gens du Livre mais en réalité Musulmanes, que ce verset coranique parle : il utilise à leur sujet les termes "Gens du Livre" parce que c'est ainsi que les gens les considéraient.

Ce verset est alors à comprendre ainsi : "Et parmi ceux que les gens croient être des juifs ou des chrétiens, il en est qui ont apporté foi en le Coran et sont donc devenus musulmans, mais ils cachent leur foi".

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Qui était ce Négus ?

Il se prénomme Ashama / Sahama / Ella-Seham (fils de Abjar) et a régné de l'an 614 (date de la mort de son prédécesseur, Armah) jusqu'à l'an 630 (date de sa mort)  (d'après le calendrier hégirien, il mourut en l'an 9 : Al-Bidâya wa-n-Nihâya, 5/44 ; en l'an 9 "d'après la plupart" ; "et il a été dit : en l'an 8, avant la conquête de la Mecque" : Fat'h ul-bârî 7/240-241).

Ce Négus a régné en Abyssinie à l'époque où le Prophète vivait en Arabie, et, suite à la rencontre avec ses Compagnons immigrés en Abyssinie, il a embrassé l'islam secrètement, tout en demeurant roi de son pays. Il n'a même pas pu se dire ouvertement musulman, et n'a évidemment pas pu non plus appliquer dans son pays les normes agréées par Dieu.

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Pourquoi le Négus cachait-il qu'il était musulman ?

Se trouvait-il dans un cas où il aurait eu d'énormes difficultés s'il avait annoncé sa conversion à l'islam ?
Oui, sans aucun doute, car une partie de la population se serait soulevée contre lui ('Awn ul-ma'bûd, commentaire de 3205).

Pour reprendre les termes de Ibn Taymiyya : "son peuple ne le suivit pas dans l'entrée en islam ; seul un petit groupe entra en islam avec lui ; (...) il ne lui était pas possible de juger d'après le hukm du Coran ; car son peuple ne l'aurait pas laissé faire cela" (Majmû' ul-fatâwâ, tome 19 pp. 217-219).

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Pourquoi, dans ce cas, n'a-t-il pas émigré de l'Abyssinie et n'est-il pas parti pour Médine ?

– Soit il n'avait pas les moyens d'émigrer (ghayr qâdir).

Soit il y avait une maslaha shar'iyya dans le fait qu'il demeure en Abyssinie et n'émigre pas à Médine ;
---- peut-être qu'il ne pouvait pas abandonner son pays entre les mains de n'importe qui ?
---- peut-être même que cela était temporaire et qu'il projetait de partir, et, à cette fin, agissait en vue de confier les rênes du pays à un homme capable ?
Lire notre article : Est-il permis de s'engager dans la société / en politique, en pays non-musulman ? Si oui, y a-t-il malgré tout certaines limites ? Et y a-t-il des principes à respecter ?

Je ne sais pas (لا أدري), mais ce qui est certain c'est que le fait qu'il n'avait pas émigré n'était pas un péché bien qu'il était dans l'impossibilité de dire ouvertement qu'il est musulman et de pratiquer ouvertement, car le Prophète dit de lui lorsqu'il mourut qu'il était "sâlih" (al-Bukhârî, 3664, Muslim, 952).

Toujours est-il qu'il mourut en Abyssinie. A Médine, le Prophète annonça à ses Compagnons le décès du Négus et réunit un certain nombre d'entre eux pour accomplir la prière funéraire sur lui à distance (rapporté par al-Bukhârî, 3664, Muslim, 952). Et, d'après un des avis existant sur le sujet, c'est bien parce qu'il n'y avait personne pour accomplir la prière funéraire sur le Négus que le Prophète accomplit cette prière sur lui à distance ; d'après cet avis, on ne peut accomplir la prière funéraire à distance que pour une personne auprès de qui la prière funéraire n'a pas pu être accomplie (c'est l'avis de al-Khattâbî et de Ibn Taymiyya) (voir Fat'h ul-bârî 3/241, Ahkâm ul-janâ'ïz, p. 118).

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Trois cas de figure par rapport à la proclamation de sa foi musulmane :

Il y a trois cas de figure par rapport à l'expression de sa foi musulmane.

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Premier cas de figure : Affirmer à un peu tout le monde qu'on est musulman :

---- et soit exprimer par une tenue vestimentaire spécifique, ayant pour objectif de bien montrer à tous qu'on est musulman ;
---- soit ne pas l'exprimer par une tenue vestimentaire particulière et ne pas le dire sans qu'on nous l'ait demandé, mais, parallèlement, répondre sans équivoque qu'on est musulman à qui nous questionne sur notre religion, ou demander quelle est la direction de la Mecque et s'il y a un lieu où on pourrait faire sa prière.

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A l'autre extrême : Deuxième cas de figure : Dire qu'on n'est pas musulman :

Cela n'est autorisé (yurakhhassu bihî) d'après l'école malikite qu'en cas de menace sérieuse de mort, d'après l'école hanafite qu'en cas de menace sérieuse de mort ou de coups graves (ikrâh mulji' faqat), et d'après l'école shafi'ite, en cas de menace sérieuse d'emprisonnement [de longue durée] aussi (Al-Fiqh ul-islâmî wa adillatuh, pp. 4439, 4433, 4434). Et si, malgré pareil risque, la personne choisit de ne pas avoir recours à cette autorisation, affirme qu'elle est musulmane, et est alors mise à mort, Dieu la comptera comme martyre si elle a fait cela sincèrement pour Sa Face (Ibid.).
Attention, l'annonce de sa conversion amène parfois des petites difficultés (petites paroles déplacées, etc.). Ce genre de difficultés n'autorise pas à dire avec la langue qu'on a abandonné l'islam. Dans le cas de petits désagréments, il faut savoir les supporter avec sérénité, allant ainsi jusqu'au bout de ses convictions. Cliquez ici pour découvrir les différents cas de contrainte et ce que ceux-ci rendent autorisé.

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Entre les deux se trouve un Troisième cas de figure : Ne pas affirmer qu'on n'est pas musulman, mais ne pas non plus exprimer à tout le monde qu'on est musulman ; au contraire, chercher à le dissimuler aux yeux de son entourage non-musulman :

C'est ce 3ème cas de figure qui est concerné par le verset susmentionné, tel que l'explique le second commentaire sus-cité.

De tous temps il y a ainsi des personnes qui se trouvent dans une situation où elles savent pertinemment qu'elles subiraient d'énormes difficultés si elles annonçaient leur conversion à l'islam, et où elles sont dans l'impossibilité d'émigrer pour partir ailleurs (cliquez ici et ici) : elles préfèrent donc ne pas faire connaître leur conversion à l'islam aux gens de leur entourage.
Questionnées si elles sont musulmanes, elles ne disent pas : "Je ne suis pas musulman" mais par exemple : "Je suis croyant" (tawriya). Ces personnes sont donc considérées par les gens de leur entourage comme étant de telle ou telle religion, alors qu'en réalité elles sont musulmanes.

Le Coran relate que lorsque Pharaon annonça son idée de faire assassiner Moïse, "un homme croyant, parmi les proches de Pharaon, qui cachait sa foi", protesta (voir Coran 40/26-45).

A l'époque du Prophète, lorsque Abû Dharr était venu le rencontrer à la Mecque pour s'enquérir de ce qu'il enseignait et que, l'ayant entendu, il embrassa l'islam, le Prophète lui dit : "Cache cette affaire [= ta conversion] [par rapport aux gens de la Mecque] et retourne dans ta ville ; lorsque la nouvelle de notre émergence te sera parvenue, reviens". Mais Abû Dharr, comprenant qu'il ne s'agissait pas d'un impératif mais d'une autorisation [Fat'h ul-bârî 7/221], préféra l'annoncer sur la place publique à la Mecque, ce qui lui valut d'être battu férocement, au point où il serait mort sous les coups des Mecquois si al-'Abbâs n'était pas intervenu (al-Bukhârî, 3328).

De même, 'Amr ibn 'Abassa était venu rencontrer le Prophète à la Mecque ; l'ayant questionné et s'étant converti à l'islam, il lui dit : "Je vais rester avec toi.Tu ne le pourras pas maintenant ; ne vois-tu ma situation et ce que font les gens ? Mais retourne auprès des tiens, puis, lorsque tu auras entendu que j'ai émergé, rejoins-moi". C'est ce que 'Amr fit : il retourna auprès des siens, puis, plus tard, ayant appris que l'islam avait émergé suite à l'émigration du Prophète à Médine, il alla l'y rejoindre (Muslim, 832).

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Ici, une question se pose par rapport à ce 3ème cas de figure (ne pas dire qu'on n'est pas musulman, mais ne pas non plus montrer qu'on l'est) :

Avoir la foi en quelque chose consiste à accepter les trois niveaux suivants, au moins en son for intérieur :
– connaître que c'est la vérité ;
– reconnaître que c'est la vérité ;
– adhérer à cette vérité.

Mais en sus d'adopter ces trois niveaux liés au for intérieur, qu'en est-il du témoignage verbal de cette foi ("iqrâr ul-iltizâm bi-l-lissân") ?

Est-ce un constituant même du minimum de la foi (rukn), ou bien est-ce seulement une condition pour que les musulmans sachent que l'on est aussi musulman (shart li ijrâ'ï ahkâm il-islâm) ?

Oui, cela est une condition (shart us-sihha) pour l'entrée dans le minimum de la foi, même auprès de Dieu (lire notre article exposant ce qu'est le minimum de la foi).

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Une seconde question surgit ici : Y a-t-il un nombre minimal de personnes devant qui on doit effectuer ce témoignage pour qu'il soit valide ?

Il y a un passage de Faydh ul-bârî où al-Kashmîrî relate de at-Taftazânî ce qui suit :
si le témoignage verbal est seulement une condition pour que la personne puisse être considérée comme musulmane par les autres musulmans, de sorte que les règles de l'islam applicables aux musulmans (comme le fait de pouvoir se marier avec une musulmane, de bénéficier de la prière funéraire musulmane, etc.) le lui soient aussi, alors il est nécessaire que ce soit devant les autorités musulmanes que l'on rende ce témoignage ;
par contre, si le témoignage verbal est une condition pour que auprès de Dieu même le minimum de foi soit valable, alors il suffit de prononcer ce témoignage et il n'est pas nécessaire de le rendre public.

"قال التفتازاني: إن الإقرار لو كان شرطا لإجراء الأحكام فلا بد أن يكون على وجه الإعلان والإظهار للإمام وغيره من أهل الإسلام. وإن كان لإتمام الإيمان، فإنه يكفي مجرد التكلم به وإن لم يظهر على غيره" (Faydh ul-bârî 1/49).

Ce qui est dit sur les sites islamweb et islamqa.info c'est qu'il n'est pas nécessaire que la prononciation des deux témoignages de foi ait été faite devant une ou plusieurs créatures.
C'est à cela que j'adhère.

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Pourquoi le Négus a-t-il été considéré musulman par le Prophète (sur lui soit la paix), alors que Héraclius (l'empereur byzantin de l'époque) n'a-t-il pas été considéré musulman par le Prophète (sur lui soit la paix)) ?

Le Négus n'a pas exprimé devant son peuple qu'il a adhéré à la foi musulmane ; cependant, il a affirmé devant ses courtisans que Jésus n'était rien de plus par rapport à ce que Ja'far ibn Abî Tâlib avait dit de lui : "قالت: فلما خرجا من عنده، قال عمرو بن العاص: "والله لآتينه غدا عنهم بما أستأصل به خضراءهم." قالت: فقال له عبد الله بن أبي ربيعة، وكان أثقى الرجلين فينا: "لا نفعل، فإن لهم أرحاما، وإن كانوا قد خالفونا." قال:" والله لأخبرنه أنهم يزعمون أن عيسى بن مريم عبد." قالت: ثم غدا عليه (من) الغد فقال (له): "أيها الملك، إنهم يقولون في عيسى بن مريم قولا عظيما." فأرسل إليهم فسلهم عما يقولون فيه. قالت: فأرسل إليهم ليسألهم عنه. قالت: ولم ينزل بنا مثلها قط. فاجتمع القوم، ثم قال بعضهم لبعض: "ماذا تقولون في عيسى بن مريم إذا سألكم عنه؟" قالوا: "نقول والله ما قال الله، وما جاءنا به نبينا، كائنا في ذلك ما هو كائن." قالت: فلما دخلوا عليه، قال لهم: "ماذا تقولون في عيسى ابن مريم؟" قالت: فقال جعفر بن أبي طالب: "نقول فيه الذي جاءنا به نبينا صلى الله عليه وسلم، (يقول): هو عبد الله ورسوله وروحه وكلمته ألقاها إلى مريم العذراء البتول." قالت: فضرب النجاشي بيده إلى الأرض، فأخذ منها عودا، ثم قال: "والله ما عدا عيسى بن مريم ما قلت هذا العود." قالت: فتناخرت بطارقته حوله حين قال ما قال، فقال: "وإن نخرتم والله! اذهبوا فأنتم شيوم بأرضي - والشيوم: الآمنون - من سبكم غرم، ثم قال: من سبكم
غرم، ثم قال: من سبكم غرم. ما أحب أن لي دبرا من ذهب، وأني آذيت رجلا منكم. - قال ابن هشام: ويقال دبرا من ذهب، ويقال: فأنتم سيوم، والدبر (بلسان الحبشة): الجبل. - ردوا عليهما هداياهما، فلا حاجة لي بها. فو الله ما أخذ الله مني الرشوة حين رد علي ملكي، فآخذ الرشوة فيه، وما أطاع الناس في فأطيعهم فيه." قالت: فخرجا من عنده مقبوحين مردودا عليهما ما جاءا به، وأقمنا عنده بخير دار، مع خير جار" (Sîrat Ibn Hishâm, 1/255-256).
Plus tard, suite à la rumeur enflant dans le peuple qu'il avait abandonné le christianisme, il écrivit les deux témoignages de cette foi sur du papier qu'il plaça dans son manteau au niveau de sa poitrine, puis eut recours à une tawriya devant le peuple s'étant réuni sur une place : "قال ابن إسحاق: وحدثني جعفر بن محمد، عن أبيه، قال: اجتمعت الحبشة فقالوا للنجاشي: "إنك قد فارقت ديننا"، وخرجوا عليه. فأرسل إلى جعفر وأصحابه، فهيأ لهم سفنا، وقال: "اركبوا فيها وكونوا كما أنتم؛ فإن هزمت فامضوا حتى تلحقوا بحيث شئتم، وإن ظفرت فاثبتوا." ثم عمد إلى كتاب فكتب فيه: "هو يشهد أن لا إله إلا الله، وأن محمدا عبده ورسوله، ويشهد أن عيسى بن مريم عبده ورسوله وروحه وكلمته ألقاها إلى مريم"، ثم جعله في قبائه عند المنكب الأيمن، وخرج إلى الحبشة. وصفوا له، فقال: "يا معشر الحبشة، ألست أحق الناس بكم؟" قالوا: بلى. قال: "فكيف رأيتم سيرتي فيكم؟" قالوا: خير سيرة. قال: "فما بالكم؟" قالوا: فارقت ديننا، وزعمت أن عيسى عبد. قال: "فما تقولون أنتم في عيسى؟" قالوا: "نقول هو ابن الله." فقال النجاشي، ووضع يده على صدره على قبائه: "هو يشهد أن عيسى بن مريم"، لم يزد على هذا شيئا، وإنما يعني ما كتب. فرضوا وانصرفوا (عنه). فبلغ ذلك النبي صلى الله عليه وسلم. فلما مات النجاشي صلى عليه، واستغفر له" (Sîrat Ibn Hishâm, 1/258-259).

Héraclius, lui, a affirmé que si Abû Sufyân lui a dit vrai, alors Muhammad est le prophète attendu ; cependant, cela n'est pas l'affirmation d'une reconnaissance (i'tirâf) mais seulement l'expression de sa probabilité ; par ailleurs, il n'a pas adhéré (iltizâm) à cette foi en prononçant ou en écrivant les deux témoignages de foi ; et il n'a jamais affirmé (fût-ce devant une personne) renoncer aux constituants de la foi trinitaire et adhérer à la foi musulmane : "قال: "إن يك ما تقول فيه حقا، فإنه نبي. وقد كنت أعلم أنه خارج، ولم أك أظنه منكم. ولو أني أعلم أني أخلص إليه لأحببت لقاءه، ولو كنت عنده لغسلت عن قدميه، وليبلغن ملكه ما تحت قدمي." قال: ثم دعا بكتاب رسول الله صلى الله عليه وسلم فقرأه، فإذا فيه: "بسم الله الرحمن الرحيم من محمد رسول الله إلى هرقل عظيم الروم، سلام على من اتبع الهدى، أما بعد: فإني أدعوك بدعاية الإسلام، أسلم تسلم، وأسلم يؤتك الله أجرك مرتين، فإن توليت فإن عليك إثم الأريسيين، و{يا أهل الكتاب تعالوا إلى كلمة سواء بيننا وبينكم، أن لا نعبد إلا الله} إلى قوله: {اشهدوا بأنا مسلمون}." فلما فرغ من قراءة الكتاب، ارتفعت الأصوات عنده وكثر اللغط، وأمر بنا فأخرجنا. قال: فقلت لأصحابي حين خرجنا: "لقد أمر أمر ابن أبي كبشة، إنه ليخافه ملك بني الأصفر." فما زلت موقنا بأمر رسول الله صلى الله عليه وسلم أنه سيظهر حتى أدخل الله علي الإسلام. قال الزهري: فدعا هرقل عظماء الروم فجمعهم في دار له، فقال: "يا معشر الروم، هل لكم في الفلاح والرشد آخر الأبد، وأن يثبت لكم ملككم؟" قال: فحاصوا حيصة حمر الوحش إلى الأبواب، فوجدوها قد غلقت، فقال: "علي بهم." فدعا بهم فقال: "إني إنما اختبرت شدتكم على دينكم، فقد رأيت منكم الذي أحببت." فسجدوا له ورضوا عنه" (al-Bukhârî, 4278). "وسار هرقل إلى حمص، فلم يرم حمص حتى أتاه كتاب من صاحبه يوافق رأي هرقل على خروج النبي صلى الله عليه وسلم، وأنه نبي. فأذن هرقل لعظماء الروم في دسكرة له بحمص، ثم أمر بأبوابها فغلقت، ثم اطلع فقال: "يا معشر الروم، هل لكم في الفلاح والرشد، وأن يثبت ملككم، فتبايعوا هذا النبي؟" فحاصوا حيصة حمر الوحش إلى الأبواب، فوجدوها قد غلقت، فلما رأى هرقل نفرتهم، وأيس من الإيمان، قال: "ردوهم علي." وقال: "إني قلت مقالتي آنفا أختبر بها شدتكم على دينكم، فقد رأيت." فسجدوا له ورضوا عنه. فكان ذلك آخر شأن هرقل. رواه صالح بن كيسان، ويونس، ومعمر، عن الزهري" (al-Bukhârî, 7).

Wallâhu A'lam (Dieu sait mieux).

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