Dans le texte du Coran, la formule "la Terre" (الأرض) désigne normalement toute la Terre, mais, parfois, seulement une région précise de la Terre

La formule "la Terre" (الأرض) employée dans le Coran induit normalement un généralité absolue : elle désigne donc toute la Terre. Parfois, cependant, cette formule n'induit qu'une généralité relative : elle désigne alors une portion de la Terre, celle où l'interlocuteur se trouve, ou bien où les personnes concernées par le propos de la phrase se trouvent.

Exemples…

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A) Induisant la généralité absolue :

Dieu nous dit : "Votre Seigneur est Dieu, qui a créé les Cieux et la Terre (الأرض) en 6  jours, puis S'est Etabli sur le Trône" (Coran 7/54). Il s'agit bien évidemment ici de toute la Terre : c'est toute la Terre que Dieu a créée.

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B) Induisant une généralité relative :

En voici quelques exemples...

– Dans l'histoire de Joseph (sur lui soit la paix) et de ses frères, arrive un moment où Benjamin se fait arrêter en Egypte sous inculpation de vol. Dieu raconte à ce sujet : "Leur aîné dit [alors] : "Ne savez-vous pas que votre père a pris de vous un engagement par Dieu, et qu'auparavant il y a eu votre manquement au sujet de Joseph ? Je ne quitterai pas la terre (الأرض) jusqu'à ce que mon père me [le] permette ou que Dieu décide pour moi [que je puisse ramener Benjamin à la maison]. Il est le meilleur des décideurs" (Coran 12/80). Ici "la terre" (الأرض) désigne non pas toute la Terre, mais seulement le territoire dans lequel ils se trouvaient alors, en Egypte (cf. Tafsîr Ibn Kathîr).

– Dieu dit au prophète Muhammad (sur lui soit la paix) : "Ils ont failli t'arracher de la terre (من الأرض), afin de t'en exiler" (Coran 17/76). Ici encore, le mot "terre" ("ardh"), employé avec l'article défini "al-", ne désigne pas toute la Terre. Il va de soi que l'exil ne peut avoir lieu que par rapport à une partie de la terre et non de toute la surface du globe (sinon, arracher quelqu'un de toute la Terre, ce n'est plus l'exiler mais le tuer). "La terre" dont il est ici question est une terre précise, que le Locuteur, Dieu, et Son interlocuteur premier et direct, Muhammad, ont en pensée (fî-n-nafs) : la ville dans laquelle le Prophète vivait, la Mecque, ou, selon un autre commentaire, la région dans laquelle il vivait, le Hedjaz. L'article défini "al-" qui précède le mot arabe "ardh" est de type : 'ahd dhih'nî. Il est un représentant anaphorique (anaphore grammaticale), renvoyant à quelque chose de précis à l'esprit, présent dans le contexte d'énonciation.

– Dieu dit : "Désaveu de la part de Dieu et de Son Messager à l'égard des Polythéistes avec qui vous aviez conclu des traités. Circulez donc sur la terre (في الأرض) pendant quatre mois. Et sachez que vous ne pourrez empêcher Dieu, et que Dieu va couvrir d'ignominie les Incroyants" (Coran 9/1-2). Il s'agit ici non pas de toute la Terre, mais de la terre de la Péninsule arabique, ou du Hedjaz. Et il s'agit donc des Polythéistes qui y habitaient jusqu'alors : ils avaient 4 mois à compter de l'annonce, faite le 10 dhu-l-hijja de l'an 10, pour quitter cette terre de la Péninsule arabique ou du Hedjaz. Pour en savoir plus, lire les deux articles suivants :
- Les versets demandant de tuer les polythéistes : couper des textes de leur contexte ?
- Le Prophète (sur lui soit la paix) a-t-il dit qu'il lui a été demandé de combattre les hommes jusqu'à ce qu'ils se convertissent à l'islam ?

– Dans un autre verset, Dieu dit, parlant de Dhu-l-Qarnayn : "Ensuite il suivit une autre voie. Jusqu'à ce que, quand il eut atteint (le lieu) situé entre les deux parois, il trouva en-deçà d'elles un peuple qui ne comprenait presque pas une parole [de lui]. Ils (lui) dirent : "O Dhu-l-Qarnayn, Gog et Magog font des ravages sur la terre (في الأرض). Te donnerions-nous donc un tribut pour que tu construises une barrière entre nous et eux ?""
Il ne s'agit pas de toute la Terre, mais seulement de la partie de la Terre où ces gens se trouvaient : c'est cette région seulement que Gog et Magog ravageaient. On pourra, ici, lire l'article suivant : Quel mur Dhu-l-Qarnayn a-t-il bâti face à Gog et Magog ?

– Dans un autre verset encore, Dieu relate cette invocation que le prophète Noé (sur lui soit la paix) lui dit : "Seigneur, ne laisse sur la Terre (على الأرض), des incroyants, aucun" (Coran 71/26). Il est ici possible (ce n'est donc ici que zannî) qu'il s'agisse non pas de toute la Terre mais de seulement la région où vivait Noé. Lire à ce sujet notre article : Le déluge avec Noé : régional ou universel ?

Wallâhu A'lam (Dieu sait mieux).

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