Les malheurs qui touchent les uns et les autres (certains plus que d'autres) pendant leur vie terrestre, ne sont pas toujours des punitions divines : parfois ils le sont, parfois pas (1/2)

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I) Les malheurs touchent, en ce monde...

--- i) ... soit un individu (à l'exclusion de ceux parmi lesquels il vit) ; ce fut le cas de Job (sur lui soit la paix), atteint par une maladie conséquente (avec objectif d'élévation) ; ce fut également le cas de Coré (châtié par engloutissement dans la terre pour cause de kufr et d'orgueil) ;

--- ii) ... soit tout le groupe vivant ensemble

------- ii.i) il peut s'agir d'un groupe précis (ce fut le cas des 'Âd, Thamûd, habitants de Sodome, etc.). Et le malheur frappant ce groupe peut consister en :
------------ ii.i.i) une épidémie mortelle (par exemple la peste, mais pas seulement) : "عن عائشة، زوج النبي صلى الله عليه وسلم، أنها سألت رسول الله صلى الله عليه وسلم عن الطاعون. فأخبرها نبي الله صلى الله عليه وسلم "أنه كان عذابا يبعثه الله على من يشاء، فجعله الله رحمة للمؤمنين. فليس من عبد يقع الطاعون، فيمكث في بلده صابرا، يعلم أنه لن يصيبه إلا ما كتب الله له، إلا كان له مثل أجر الشهيد" (al-Bukhârî, 5402). "عن أسامة بن زيد أن رسول الله صلى الله عليه وسلم ذكر الوجع فقال: "رجز، أو عذاب، عذب به بعض الأمم، ثم بقي منه بقية، فيذهب المرة ويأتي الأخرى. فمن سمع به بأرض فلا يقدمن عليه، ومن كان بأرض وقع بها فلا يخرج فرارا منه" (al-Bukhârî, 6573) ; "عن  أسامة بن زيد قال: قال رسول الله صلى الله عليه وسلم: "الطاعون رجس أرسل على طائفة من بني إسرائيل" أو: "على من كان قبلكم. فإذا سمعتم به بأرض، فلا تقدموا عليه، وإذا وقع بأرض، وأنتم بها فلا تخرجوا، فرارا منه" (al-Bukhârî, 3286) (voir aussi Muslim, 2218) ;
------------ ii.i.ii) une guerre civile ("عن أبي هريرة، عن النبي صلى الله عليه وسلم قال: "ويل للعرب من شر قد اقترب، أفلح من كف يده" : Abû Dâoûd, 4249) ; 
------------ ii.i.iii) un affaiblissement de la société par une mauvaise gestion de celle-ci, par des dirigeants incompétents : "عن عمرو بن يحيى بن سعيد بن عمرو بن سعيد، قال: أخبرني جدي، قال: كنت جالسا مع أبي هريرة في مسجد النبي صلى الله عليه وسلم بالمدينة، ومعنا مروان، قال أبو هريرة: سمعت الصادق المصدوق يقول: "هلكة أمتي على يدي غلمة من قريش". فقال مروان: لعنة الله عليهم غلمة! فقال أبو هريرة: "لو شئت أن أقول: بني فلان، وبني فلان، لفعلت". فكنت أخرج مع جدي إلى بني مروان حين ملكوا بالشأم، فإذا رآهم غلمانا أحداثا قال لنا: "عسى هؤلاء أن يكونوا منهم؟" قلنا: "أنت أعلم" (al-Bukhârî, 6649, Muslim, 2917) ;  
------------ ii.i.iv) un cataclysme destructeur (par exemple un cyclone dévastateur pour le pays, ou un fort tremblement de terre) ;
------------ ii.i.v) une défaite causée par un ennemi puissant, lequel, ensuite, massacre et déporte ;

------- ii.ii) il peut aussi s'agir de toute l'humanité (c'est le cas lors d'une pandémie).

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II) Les moyens par lesquels Dieu fait se réaliser quelque chose en ce monde (cela englobe les malheurs, mais concerne plus globalement toute chose), ces moyens sont multiples :

En effet, Dieu fait se réaliser ce qui se passe dans cet univers :

--- parfois par le biais de Sa Parole "Sois (ainsi !)", adressée à tel élément (par exemple au feu dans lequel le prophète Abraham, sur lui soit la paix, avait été jeté par ses opposants) ;

--- d'autres fois par le biais de l'envoi, sur Ordre expresse (Amr Juz'î), d'anges chargés par Lui de faire telle chose (des anges étaient descendus spécialement à Badr, par exemple) ;

--- d'autres fois par le biais d'avoir fait entrer en jeu telle cause temporelle : par exemple le vent ;

--- d'autres fois encore par le biais du fait que des humains aient (de leur propre choix, ikhtiyâr) exercé telle action sur telle créatureShâh Waliyyullâh expose cela ainsi : "باب ذكر سنة الله التي أشير إليها في قوله تعالى {ولن تجد لسنة الله تبديلا}: اعلم أن بعض أفعال الله يترتب على القوى المودعة في العالم بوجه من وجوه الترتب؛ شهد بذلك النقل والعقل. (...) ولا أرى أحدا يشك في أن الإماتة تستند إلى الضرب بالسيف أو أكل السم، وأن خلق الولد في الرحم يكون عقيب صب المني، وأن خلق الحبوب والأشجار يكون عقيب البذر والغرس والسقي" (Hujjat ullâh il-bâligha, 1/62-63). S'insère ici le fait qu'un groupe d'humains aient exercé une action sur un autre groupe d'humains (par exemple les premiers ont attaqué physiquement ou verbalement les seconds) : "إِلاَّ الَّذِينَ يَصِلُونَ إِلَىَ قَوْمٍ بَيْنَكُمْ وَبَيْنَهُم مِّيثَاقٌ أَوْ جَآؤُوكُمْ حَصِرَتْ صُدُورُهُمْ أَن يُقَاتِلُونَكُمْ أَوْ يُقَاتِلُواْ قَوْمَهُمْ وَلَوْ شَاء اللّهُ لَسَلَّطَهُمْ عَلَيْكُمْ فَلَقَاتَلُوكُمْ فَإِنِ اعْتَزَلُوكُمْ فَلَمْ يُقَاتِلُوكُمْ وَأَلْقَوْاْ إِلَيْكُمُ السَّلَمَ فَمَا جَعَلَ اللّهُ لَكُمْ عَلَيْهِمْ سَبِيلاً" : "Si Dieu l'avait voulu, Il aurait donné à ce [groupe] emprise sur vous, et il vous aurait alors combattus ; si donc [ce groupe] reste à l'écart de vous, ne vous combat pas et vous lance la paix, alors Dieu ne vous a pas donné de voie contre lui" (Coran 4/90). "وَجَعَلْنَا بَعْضَكُمْ لِبَعْضٍ فِتْنَةً أَتَصْبِرُونَ وَكَانَ رَبُّكَ بَصِيرًا" (Coran 25/20).

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Si l'entrée en jeu des moyens de la prononciation par Dieu d'un "Sois !" et de l'intervention d'Anges est toujours exceptionnelle (1), en revanche l'entrée en jeu des moyens des éléments naturels et des actions humaines consiste :

------- 1) soit en quelque chose lui aussi d'exceptionnel de par les circonstances de sa survenue, et de par son intensité : ce fut le cas du moyen par lesquels les 'Âd furent détruits : un vent extrêmement violent, qui fut déchaîné sur eux pendant 7 nuits et 8 jours d'affilée (ils furent dans le cas D que nous verrons au point III) : le vent est un élément naturel, mais l'intensité qu'il eut à ce moment-là fut exceptionnelle, de même que le fait qu'il survint alors que le prophète Hûd avait annoncé à son peuple que Dieu les détruirait s'ils persistaient ;

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------- 2) soit en quelque chose qui est en soi naturel mais qui a vu le jour suite à un enchaînement de facteurs qui n'est pour sa part pas systématique (cela peut être une victoire de l'ennemi par l'erreur de certains croyants, cela peut être un cyclone dévastateur, un violent tremblement de terre dû à un mouvement des plaques tectoniques, ou une éruption volcanique ravageant la région, etc.) ;
---------- ce fut le cas pour les "reprises" de la peste : "عن أسامة بن زيد أن رسول الله صلى الله عليه وسلم ذكر الوجع فقال: "رجز، أو عذاب، عذب به بعض الأمم، ثم بقي منه بقية، فيذهب المرة ويأتي الأخرى. فمن سمع به بأرض فلا يقدمن عليه، ومن كان بأرض وقع بها فلا يخرج فرارا منه" (al-Bukhârî, 6573) ;
---------- de même, Héraclius, alors venu à Jérusalem en pèlerinage, questionna Abû Suf'yân ibn Harb au sujet de "celui qui se prétendait de la sorte "prophète de Dieu"" [Muhammad, sur lui soit la paix], dont il venait de recevoir l'épître ; il lui demanda entre autres choses ceci : "L'avez-vous combattu ?" ; Abû Suf'yân [alors encore polythéiste] lui ayant répondu "Oui", Héraclius lui demanda : "Quelle a été l'issue de vos batailles ?", et reçut pour réponse : "La guerre entre nous a été à égalité, il nous vainc (lors de certaine bataille) et nous le vainquons (lors d'une autre bataille)" : "قال: فهل قاتلتموه؟ قال: قلت: نعم، قال: فكيف كان قتالكم إياه؟ قال: قلت: تكون الحرب بيننا وبينه سجالا يصيب منا ونصيب منه". Héraclius fit alors cette observation : "Ainsi les messagers de Dieu sont-ils éprouvés, ensuite la finale est en leur faveur" : "وسألتك: هل قاتلتموه، فزعمت أنكم قاتلتموه، فتكون الحرب بينكم وبينه سجالا ينال منكم وتنالون منه؛ وكذلك الرسل تبتلى ثم تكون لهم العاقبة" (al-Bukhârî, Muslim) ;
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------------ alors que le Prophète est assis, enveloppé dans un manteau dans l'ombre de la Kaaba, des Compagnons viennent le trouver et se plaignent à lui de ce que les polythéistes de la Mecque leur font subir. "Ne demandes-tu donc pas l'aide de Dieu pour nous ? Ne fais-tu pas des invocations pour nous ?" lui demandent-ils. Le Prophète commence par rappeler que des croyants de communautés antérieures avaient subi des épreuves plus grandes encore que les leurs et qu'ils avaient su rester patients et constants sur leur Dîn. Puis il leur annonce que l'aide de Dieu viendra et qu'un jour arrivera où le voyageur [musulman ou non] pourrait circuler librement dans toute l'Arabie, en n'ayant plus rien à craindre de la part d'un humain: "Par Dieu, Dieu fera se réaliser cette affaire, jusqu'à ce que le voyageur circulera de Sanaa jusqu'à Hadramaout n'ayant à craindre que Dieu, et le loup pour son troupeau. Mais vous êtes trop pressés" : "عن خبَّابِ بن الأرتِّ قال: "شكَوْنا إلى رسول الله صلى الله عليه وسلم وهو متوسِّدٌ بردةً له في ظل الكعبة، قلنا له: ألا تستنصرُ لنا، ألا تدعو الله لنا، قال: "كان الرجلُ في من قبلكم يُحفَرُ له في الأرض، فيُجعل فيه، فيُجاء بالمنشار، فيُوضَع على رأسِه، فيُشقُّ باثنتين، وما يصدُّه ذلك عن دينِه، ويُمشَط بأمشاطِ الحديد ما دون لحمِه من عَظْم أو عصَب، وما يصدُّه ذلك عن دينِه، والله ليُتمنَّ هذا الأمرَ حتى يسيرَ الراكبُ من صنعاء إلى حضرموت لا يخاف إلا اللهَ أو الذئبَ على غنمِه، ولكنكم تستعجلون" (al-Bukhârî, 3416, 3639, 6544) ;

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------- 3) soit en quelque chose de systématique ("systématique" selon le critère des lois naturelles mises en place par Dieu, cela bien que l'effet de cette cause demeure toujours sous contrôle de Dieu). Ainsi :
------------ celui qui habite dans une demeure insalubre risque fort de devenir malade ("عن أنس بن مالك قال: قال رجل: "يا رسول الله، إنا كنا في دار كثير فيها عددنا وكثير فيها أموالنا، فتحولنا إلى دار أخرى فقل فيها عددنا وقلت فيها أموالنا". فقال رسول الله صلى الله عليه وسلم: "ذروها ذميمة" : Abû Dâoûd, 3924 ; "عن فروة بن مسيك قال: قلت: "يا رسول الله، أرض عندنا يقال لها أرض أبين؛ هي أرض ريفنا وميرتنا، وإنها وبئة"، أو قال: "وباؤها شديد". فقال النبي: "دعها عنك، فإن من القرف التلف" : Abû Dâoûd, 3923, dha'îf) ;
------------ celui qui s'endort en laissant une trace d'aliment sur ses doigts risque fort d'en subir un dommage (être piqué par un insecte ou être mordu par un rat) ("قال رسول الله صلى الله عليه وسلم: "من نام وفي يده غمر ولم يغسله، فأصابه شيء، فلا يلومن إلا نفسه" : at-Tirmidhî, 1860, Ibn Mâja, 3297, Abû Dâoûd, 3852) ;
------------ celui qui prêche la vérité, alors que tout le monde est dans la fausseté, risque fort d'être combattu, puis de devoir s'exiler pour échapper à plus grave ("فقال رسول الله صلى الله عليه وسلم: "أو مخرجي هم ؟" قال: "نعم، لم يأت رجل قط بمثل ما جئت به إلا عودي" : al-Bukhârî, 3, Muslim, 160).

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III) Alors : tout malheur touchant un individu ou un groupe en ce monde est-il une sanction de la part de Dieu ?

Dans la vie d'après la mort, le malheur qui touche quelqu'un est une sanction (ayant pour objectif la rétribution, mais aussi la purification).

Par contre, dans ce monde, certes, une difficulté touchant quelqu'un ne se produit (comme tout bonheur) que parce que Dieu l'a voulu (il s'agit de Sa Volonté de faire exister, Irâda Takwîniyya) : "مَا أَصَابَ مِن مُّصِيبَةٍ إِلَّا بِإِذْنِ اللَّهِ" (Coran 64/11). Cependant, le plus grand malheur du point de vue de la vie sur terre (il s'agit de la mort terrestre), comme les difficultés qui sont en-deçà de la mort (même si elles peuvent être plus pénibles à supporter que la mort elle-même), tout cela n'est pas toujours une punition de la part de Dieu : parfois cela l'est, mais parfois cela ne l'est pas.

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En fait, ici-bas, il y a certes rétribution (partielle), mais aussi fonctionnement d'un système organisé en un entrelacs de causes et d'effets :

Shâh Waliyyullâh écrit ainsi que, d'une part, que le principe de base est que, en ce monde aussi, le pieux est comblé, et l'impie subit des difficultés.

Cependant et d'autre part :
--- la gestion du système, par Dieu, et ce par le biais des causes et des effets, cela va parfois dans le même sens que cette rétribution (le pieux est comblé, et l'impie subit des difficultés) ;
--- mais d'autres fois la gestion de ce système entraîne chose contraire à la rétribution : alors :
----- soit Dieu intervient de façon particulière pour repousser l'effet que le système devrait entraîner ;
----- soit Il fait les choses se dérouler selon l'effet normal du système : le pieux subit alors des difficultés temporelles, alors que l'impie est comblé de bienfaits matériels.

Shâh Waliyyullâh souligne que le Coran lui-même dit que la rétribution pour les bonnes et les mauvaises actions n'est que partielle en ce monde : "سَنَفْرُغُ لَكُمْ أَيُّهَا الثَّقَلَانِ" (Coran 55/31). Je (Anas) rajoute ici la citation de ce verset : "ظَهَرَ الْفَسَادُ فِي الْبَرِّ وَالْبَحْرِ بِمَا كَسَبَتْ أَيْدِي النَّاسِ لِيُذِيقَهُم بَعْضَ الَّذِي عَمِلُوا لَعَلَّهُمْ يَرْجِعُونَ" (Coran 30/41-42).

Voici cet écrit de Shâh Waliyyullâh : "والضابط في المجازاة الخارجية أنها تكون في تضاعيف أسباب؛ فمن أحاط بتلك الأسباب، وتمثل عنده النظام المنبعث منها، علم قطعا أن الحق [أي: الله تعالى] لا يدع عاصيا إلا يجازيه في الدنيا، مع رعاية ذلك النظام. فيكون  إذا هدأت الأسباب عن تنعيمه وتعذيبه، نعم بسبب الأعمال الصالحة، أو عذب بسبب الأعمال الفاجرة. ويكون إذا أجمعت الأسباب على إيلامه وكان صالحا، وكان قبضها لمعارضة صلاحه غير قبيح، صرفت أعماله إلى رفع البلاء أو تخفيفه، أو على إنعامه وكان فاسقا، صرفت [أي: أعماله السيئة] إلى إزالة نعمته، وكان كالمعارض لأسبابها. أو أجمعت على مناسبة أعماله، أمد في ذلك إمدادا بينا. وربما كان حكم النظام أوجب من حكم الأعمال، فيستدرج بالفاجر، ويضيق على الصالح في الظاهر، ويصرف التضييق إلى كسر بهيميته، ويفهم ذلك فيرضى، كالذي يشرب الدواء المر راغبا فيه. وهذا معنى قوله صلى الله عليه وسلم: "مثل المؤمن كمثل الخامة من الزرع تفيئها الرياح تصرعها مرة، وتعدلها أخرى حتى يأتيه أجله، ومثل المنافق كمثل الأرزة المجدبة التيلا يصيبها شيء حتى يكون انجعافها مرة واحدة"، وقوله صلى الله عليه وسلم. "ما من مسلم يصيبه أذى من مرض، فما سواه إلا حط الله به سيئاته كما تحط الشجرة ورقها." (...) وبالجملة فالأمر ههنا يشبه بحال سيد لا يتفرغ للجزاء، فإذا كان يوم القيامة صار كأنه تفرغ، وإليه الإشارة في قوله تعالى: {سنفرغ لكم أيها الثقلان" (Hujjat ullâh il-bâligha, 1/103-104).

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Quelques versets du Coran :

Des versets qui montrent que Dieu comble de bienfaits les cités qui Lui obéissent :

"وَلَوْ أَنَّ أَهْلَ الْقُرَى آمَنُواْ وَاتَّقَواْ لَفَتَحْنَا عَلَيْهِم بَرَكَاتٍ مِّنَ السَّمَاء وَالأَرْضِ وَلَكِن كَذَّبُواْ فَأَخَذْنَاهُم بِمَا كَانُواْ يَكْسِبُونَ" (Coran 7/96).
"وَيَا قَوْمِ اسْتَغْفِرُواْ رَبَّكُمْ ثُمَّ تُوبُواْ إِلَيْهِ يُرْسِلِ السَّمَاء عَلَيْكُم مِّدْرَارًا وَيَزِدْكُمْ قُوَّةً إِلَى قُوَّتِكُمْ وَلاَ تَتَوَلَّوْاْ مُجْرِمِينَ" (Coran 11/52).
"فَقُلْتُ اسْتَغْفِرُوا رَبَّكُمْ إِنَّهُ كَانَ غَفَّارًا يُرْسِلِ السَّمَاء عَلَيْكُم مِّدْرَارًا وَيُمْدِدْكُمْ بِأَمْوَالٍ وَبَنِينَ وَيَجْعَل لَّكُمْ جَنَّاتٍ وَيَجْعَل لَّكُمْ أَنْهَارًا" (Coran 71/10-12).

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Des versets qui montrent que Dieu soit châtie, soit détruit des cités ; et quand Il les détruit, c'est bien que ses habitants faisaient le mal (soit au niveau des croyances, soit au niveau des actions, soit aux deux niveaux) :

"وَمَا كَانَ رَبُّكَ لِيُهْلِكَ الْقُرَى بِظُلْمٍ وَأَهْلُهَا مُصْلِحُونَ" (Coran 11/117) (ce verset étant cité ici parce que appréhendé selon le second de ces quatre commentaires : "قوله تعالى: {وما كان ربك ليهلك القرى} أي أهل القرى {بظلم} أي بشرك وكفر {وأهلها مصلحون} أي فيما بينهم في تعاطي الحقوق، أي لم يكن ليهلكهم بالكفر وحده حتى ينضاف إليه الفساد، كما أهلك قوم شعيب ببخس المكيال والميزان، وقوم لوط باللواط، ودل هذا على أن المعاصي أقرب إلى عذاب الاستئصال في الدنيا من الشرك، وإن كان عذاب الشرك في الآخرة أصعب (...). وقيل: المعنى: وما كان ربك ليهلك القرى بظلم وأهلها مسلمون، فإنه يكون ذلك ظلما لهم ونقصا من حقهم، أي ما أهلك قوما إلا بعد إعذار وإنذار. وقال الزجاج: يجوز أن يكون المعنى: ما كان ربك ليهلك أحدا وهو يظلمه وإن كان على نهاية الصلاح، لأنه تصرف في ملكه (...). وقيل: المعنى: وما كان الله ليهلكهم بذنوبهم وهم مصلحون، أي مخلصون في الإيمان. فالظلم المعاصي على هذا" : Tafsîr ul-Qurtubî).
"وَمَا كَانَ رَبُّكَ مُهْلِكَ الْقُرَى حَتَّى يَبْعَثَ فِي أُمِّهَا رَسُولًا يَتْلُو عَلَيْهِمْ آيَاتِنَا وَمَا كُنَّا مُهْلِكِي الْقُرَى إِلَّا وَأَهْلُهَا ظَالِمُونَ" (Coran 28/59). 
"ذَلِكَ أَن لَّمْ يَكُن رَّبُّكَ مُهْلِكَ الْقُرَى بِظُلْمٍ وَأَهْلُهَا غَافِلُونَ" (Coran 6/131).
"وَإِن مَّن قَرْيَةٍ إِلاَّ نَحْنُ مُهْلِكُوهَا قَبْلَ يَوْمِ الْقِيَامَةِ أَوْ مُعَذِّبُوهَا عَذَابًا شَدِيدًا كَانَ ذَلِك فِي الْكِتَابِ مَسْطُورًا" (Coran 17/58).
"وَإِذَ قَالَتْ أُمَّةٌ مِّنْهُمْ لِمَ تَعِظُونَ قَوْمًا اللّهُ مُهْلِكُهُمْ أَوْ مُعَذِّبُهُمْ عَذَابًا شَدِيدًا قَالُواْ مَعْذِرَةً إِلَى رَبِّكُمْ وَلَعَلَّهُمْ يَتَّقُونَ" (Coran 7/164).

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Des versets qui montrent qu'il se peut que des incroyants vivent dans le luxe ici-bas :

"وَلَوْلَا أَن يَكُونَ النَّاسُ أُمَّةً وَاحِدَةً لَجَعَلْنَا لِمَن يَكْفُرُ بِالرَّحْمَنِ لِبُيُوتِهِمْ سُقُفًا مِّن فَضَّةٍ وَمَعَارِجَ عَلَيْهَا يَظْهَرُونَ وَلِبُيُوتِهِمْ أَبْوَابًا وَسُرُرًا عَلَيْهَا يَتَّكِؤُونَ وَزُخْرُفًا وَإِن كُلُّ ذَلِكَ لَمَّا مَتَاعُ الْحَيَاةِ الدُّنْيَا وَالْآخِرَةُ عِندَ رَبِّكَ لِلْمُتَّقِينَ" (Coran 43/33-35). 
"وَلَا تَمُدَّنَّ عَيْنَيْكَ إِلَى مَا مَتَّعْنَا بِهِ أَزْوَاجًا مِّنْهُمْ زَهْرَةَ الْحَيَاةِ الدُّنيَا لِنَفْتِنَهُمْ فِيهِ وَرِزْقُ رَبِّكَ خَيْرٌ وَأَبْقَى وَأْمُرْ أَهْلَكَ بِالصَّلَاةِ وَاصْطَبِرْ عَلَيْهَا لَا نَسْأَلُكَ رِزْقًا نَّحْنُ نَرْزُقُكَ وَالْعَاقِبَةُ لِلتَّقْوَى" (Coran 20/131-132).
"وَمَا أَرْسَلْنَا فِي قَرْيَةٍ مِّن نَّذِيرٍ إِلَّا قَالَ مُتْرَفُوهَا إِنَّا بِمَا أُرْسِلْتُم بِهِ كَافِرُونَ وَقَالُوا نَحْنُ أَكْثَرُ أَمْوَالًا وَأَوْلَادًا وَمَا نَحْنُ بِمُعَذَّبِينَ قُلْ إِنَّ رَبِّي يَبْسُطُ الرِّزْقَ لِمَن يَشَاء وَيَقْدِرُ وَلَكِنَّ أَكْثَرَ النَّاسِ لَا يَعْلَمُونَ وَمَا أَمْوَالُكُمْ وَلَا أَوْلَادُكُم بِالَّتِي تُقَرِّبُكُمْ عِندَنَا زُلْفَى إِلَّا مَنْ آمَنَ وَعَمِلَ صَالِحًا فَأُوْلَئِكَ لَهُمْ جَزَاء الضِّعْفِ بِمَا عَمِلُوا وَهُمْ فِي الْغُرُفَاتِ آمِنُونَ" (Coran 34/34-37).

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Comment expliquer le hadîth relaté par Zaynab ?

Il s'agit du hadîth où on lit que suite au fait que le Prophète (sur lui soit la paix) a annoncé qu'un malheur s'abattrait sur les Arabes, faisant allusion au fait que cela se produirait à cause des Gog et Magog, Zaynab demanda : "Pouvons-nous être détruits alors que parmi nous se trouvent les pieux ? – Oui ; lorsque le mal devient abondant" : "عن زينب بنت أبي سلمة، عن أم حبيبة بنت أبي سفيان، عن زينب بنت جحش، رضي الله عنهن، أن النبي صلى الله عليه وسلم، دخل عليها فزعا يقول: "لا إله إلا الله، ويل للعرب من شر قد اقترب، فتح اليوم من ردم يأجوج ومأجوج مثل هذه"، وحلق بإصبعه الإبهام والتي تليها. قالت زينب بنت جحش: فقلت يا رسول الله، أنهلك وفينا الصالحون؟ قال: "نعم إذا كثر الخبث" (al-Bukhârî 3168, Muslim 2880) ?

En fait ce hadîth, qui annonçait les invasions mongoles, fait valoir deux choses :
--- d'un côté, la présence de nombreux pieux dans une société, cela est cause de miséricorde divine (sur les plans temporel et spirituel) accordée à cette société ; cela est dû à la plus grande proximité avec Dieu, de ces personnages, et à la plus grande valeur de leurs invocations ;
--- d'un autre côté, l'abondance de mal moral dans une société, cela est cause d'infliction de destruction, sur le plan temporel, à cette société : Dieu sanctionne alors celle-ci (c'est le cas C évoqué ci-après).

Il est possible que Zaynab ait voulu évoquer, devant le Prophète, le malheur du type ii.i.v cité plus haut : la défaite d'une partie conséquente de la Umma, et la victoire de Gog et Magog sur eux (sachant que toute la Umma ne sera pas détruite avant le Vent de la grande proximité avec l'Heure). Elle aura voulu demander : "Pouvons-nous être défaits de façon considérable, alors même que des pieux se trouvent parmi nous, eux dont les invocations ont plus de chances d'être acceptées par Dieu, et dont la présence est cause de descente de la Miséricorde de Dieu ?"

Et le Prophète (sur lui soit la paix) lui a répondu que l'abondance du mal est cause de malheur frappant la société musulmane (fin de la parole du Prophète).
On peut ajouter à cela que la destruction frappant une société peut également être due à d'autres facteurs encore :
--- la férocité d'un ennemi suréquipé ;
--- une situation géographique défavorable (la région est la proie à de violents tremblements de terre à cause de son emplacement géographique et de son type géologique).

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Comment expliquer le verset 42/30 ?

De ce verset, qui dit : "وَمَا أَصَابَكُمْ مِنْ مُصِيبَةٍ فَبِمَا كَسَبَتْ أَيْدِيكُمْ وَيَعْفُو عَنْ كَثِيرٍ وَمَا أَنتُم بِمُعْجِزِينَ فِي الْأَرْضِ وَمَا لَكُم مِّن دُونِ اللَّهِ مِن وَلِيٍّ وَلَا نَصِيرٍ" : "Et ce qui vous atteint de difficulté, c'est à cause de ce que vos mains ont acquis ; et Dieu passe sur beaucoup. (...)" (Coran 42/30-31), al-Baydhâwî dit : "Ce verset est spécifique aux fautifs. Car ce qui atteint autre qu'eux, c'est pour d'autres causes, parmi lesquelles : l'exposer à la grande récompense pour la patience (qu'il fera) face à la (difficulté)" : "والآية مخصوصة بالمجرمين. فإن ما أصاب غيرهم، فلأسباب أخر؛ منها: تعريضه للأجر العظيم بالصبر عليه" (Tafsîr ul-Baydhâwî).

D'ailleurs, un autre verset dit pour sa part ceci : "مَا أَصَابَ مِن مُّصِيبَةٍ فِي الْأَرْضِ وَلَا فِي أَنفُسِكُمْ إِلَّا فِي كِتَابٍ مِّن قَبْلِ أَن نَّبْرَأَهَا إِنَّ ذَلِكَ عَلَى اللَّهِ يَسِيرٌ لِكَيْلَا تَأْسَوْا عَلَى مَا فَاتَكُمْ وَلَا تَفْرَحُوا بِمَا آتَاكُمْ" : "Nulle difficulté n'atteint la Terre ni vos personnes, qu'elle ne (figurait déjà) dans un Livre, (écrit) avant que Nous ne l'ayons créé ; et cela est certes facile à Dieu ; afin que vous ne vous attristiez pas au sujet de ce qui vous a échappé, ni ne vous enorgueillissiez pour ce qu'Il vous a donné ; et Dieu n'aime pas tout présomptueux fier" (Coran 57/22-23). Or le malheur du type C (que nous verrons plus bas) a, tout au contraire, pour objectif de faire prendre conscience à l'individu qu'il touche (لَعَلَّهُمْ يَرْجِعُونَ), et non pas qu'il ne s'afflige pas de ce qui l'a atteint, comme cela est dit ici (لِكَيْلَا تَأْسَوْا عَلَى مَا فَاتَكُمْ).

On voit que tout malheur de ce monde n'a pas pour objectif la punition de celui qu'il touche.
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Par ailleurs, ce n'est pas toute mauvaise croyance acquise ou action commise qui fera l'objet d'une sanction en ce monde : en effet, la rétribution en ce monde n'est que partielle (mais sera complète dans l'autre monde).
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En résumé :
--- il est certaines mauvaises croyances et actions qui resteront impunies en ce monde, leurs auteurs continuant de bénéficier d'un certain bien-être temporel ; 
--- et il est certaines difficultés temporelles qui ne constituent pas des punitions pour mauvaises croyances ou actions mais qui touchent des gens pieux.

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IV) Quel est l'objectif que Dieu a en envoyant un malheur sur cet individu ou sur ce groupe ?

– Le présent article n'a pas pour objet les kaffâra shar'iyya : les expiations telles que l'affranchissement d'un esclave, ou le jeûne de tant de jours, ou le fait de nourrir tant de pauvres, etc.) ayant été fixées par le Coran ou la Sunna pour sanctionner - "لِّيَذُوقَ وَبَالَ أَمْرِهِ" : Coran 5/95 - et en même temps faire pardonner - "تَوْبَةً مِّنَ اللّهِ" : Coran 4/92 - certaines fautes morales.
– Par ailleurs, l'application d'une peine - hadd aw ta'zîr, comme par exemple une peine de prison - décidée par la justice humaine pour sanctionner une faute morale dûment prouvée et établie, cela constitue-t-il ou pas, pour l'individu qui la subit, une kaffâra pour la faute commise par la personne, c'est là un autre débat encore, qui lui non plus n'est pas l'objet du présent article.
– Ci-après il sera seulement exposé que certaines massâ'ïb kawniyya - difficultés touchant l'homme dans sa vie et n'ayant pas été décidées par un juge humain - sont elles aussi des kaffâra pour certaines fautes morales.

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A) "مقصود الله بإصابة الإنسان بمصيبة: ابتلاءه ليعلم صبره على دينه" : Parfois l'objectif de Dieu est de tester l'individu ou le groupe par rapport au Asl ul-Îmân ou au Kamâl ul-îmân :

En effet, ceux qui ont apporté foi en Lui et s'efforcent de se rapprocher de Lui, Dieu les éprouve : Il veut de la sorte mettre en relief qui Lui est vraiment fidèle et qui ne l'était que très faiblement, au point d'avoir abandonné la foi à la première épreuve l'ayant touché. Car si la vérité était si évidente et si les bons gagnaient si facilement, quel mérite y aurait-il à avoir fait le bon choix ?

"الم أَحَسِبَ النَّاسُ أَن يُتْرَكُوا أَن يَقُولُوا آمَنَّا وَهُمْ لَا يُفْتَنُونَ وَلَقَدْ فَتَنَّا الَّذِينَ مِن قَبْلِهِمْ فَلَيَعْلَمَنَّ اللَّهُ الَّذِينَ صَدَقُوا وَلَيَعْلَمَنَّ الْكَاذِبِينَ" : "Alif, Lâm, Mîm. Les hommes ont-ils pensé qu'ils seront laissés à dire : "Nous avons foi" et ne seront pas tentés ? Certes Nous avions tenté ceux qui étaient avant eux. [Nous les tenterons donc eux aussi,] alors Dieu saura assurément qui étaient véridiques, et Il saura assurément les menteurs" (Coran 29/1-3).
Le terme "fitna" ici présent consiste en la "tentation" : le verset veut dire que Dieu "tente" ceux qui ont apporté foi, en leur faisant connaître ce qui peut les faire abandonner Asl ul-îmân ou dévier temporairement de Kamâl ul-îmân. Et si cette tentation se fait parfois par le seul fait de montrer à l'homme les choses qui sont attirantes pour son aspect physique et social (ce par quoi il est tenté d'aller à la jouissance immédiate), elle se fait aussi d'autres fois par le moyen des difficultés de la vie (lors desquelles le croyant est tenté d'abandonner la foi parce qu'il se met à douter de l'Aide de Dieu, ou est tenté de commettre des actions interdites parce que cela lui permet d'oublier ses soucis : alcool, fornication, laisser-aller).
"عن عبد الله بن مغفل، قال: قال رجل للنبي صلى الله عليه وسلم: يا رسول الله، والله إني لأحبك. فقال له: "انظر ماذا تقول". قال: والله إني لأحبك، ثلاث مرات، فقال: "إن كنت تحبني فأعد للفقر تجفافا، فإن الفقر أسرع إلى من يحبني من السيل إلى منتهاه" (at-Tirmidhî, 2350, dha'îf d'après al-Abânî).

"وَلَنَبْلُوَنَّكُمْ حَتَّى نَعْلَمَ الْمُجَاهِدِينَ مِنكُمْ وَالصَّابِرِينَ وَنَبْلُوَ أَخْبَارَكُمْ" (Coran 47/31).

Et cela peut être dû au simple déroulement du système de ce monde tel que Dieu l'a créé (moyens 3), ou bien au fait que Dieu fait s'enchaîner les choses (moyens 2) de sorte qu'elles induisent ces difficultés que cette personne connaît.

"وَلَنَبْلُوَنَّكُمْ بِشَيْءٍ مِّنَ الْخَوفِ وَالْجُوعِ وَنَقْصٍ مِّنَ الأَمَوَالِ وَالأنفُسِ وَالثَّمَرَاتِ وَبَشِّرِ الصَّابِرِينَ الَّذِينَ إِذَا أَصَابَتْهُم مُّصِيبَةٌ قَالُواْ إِنَّا لِلّهِ وَإِنَّا إِلَيْهِ رَاجِعونَ أُولَئِكَ عَلَيْهِمْ صَلَوَاتٌ مِّن رَّبِّهِمْ وَرَحْمَةٌ وَأُولَئِكَ هُمُ الْمُهْتَدُونَ" (Coran 2/155-157).

"لَتُبْلَوُنَّ فِي أَمْوَالِكُمْ وَأَنفُسِكُمْ وَلَتَسْمَعُنَّ مِنَ الَّذِينَ أُوتُواْ الْكِتَابَ مِن قَبْلِكُمْ وَمِنَ الَّذِينَ أَشْرَكُواْ أَذًى كَثِيرًا وَإِن تَصْبِرُواْ وَتَتَّقُواْ فَإِنَّ ذَلِكَ مِنْ عَزْمِ الأُمُورِ" (Coran 3/186).

Lire notre article : La vie sur Terre recèle différents types d'épreuves pour les Actions (Kamâl ul-Îmân) et pour la Foi (Asl ul-îmân) de l'Homme en général, ainsi que du Croyant.

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B.A) "مقصود الله بإصابة الإنسان بمصيبة: تصبيره عليها لتكفير سيئاته"D'autres fois, en le faisant toucher par une difficulté en ce monde, l'Objectif de Dieu est de fournir ainsi à l'individu ou au groupe une cause d'expiation (kaffâra) pour les péchés (grands et petits) que tout humain (hormis les prophètes) commet et qui sont là, n'ayant pas été effacés par un repentir ou par une compensation par bonne action : c'est la patience (sab'r) qui est cause de cette expiation (comme l'a dit Ibn 'Abd is-Salâm : Al-Qawâ'ïd ul-kub'râ, 1/189), laquelle patience va de pair avec le contentement rationnel (ridhâ' bi-l-qadhâ') :
B.B) "مقصود الله بإصابة الإنسان بمصيبة: تصبيره عليها لرفع درجته" : Si l'individu n'a pas de péché (c'est le cas des prophètes) ou a des péchés qu'il s'est déjà fait effacer ou compenser (c'est le cas de certains non-prophètes), alors une variante de ce qui précède est que Dieu a pour Objectif, par la difficulté qu'Il envoie à un individu, d'élever celui-ci, pour lui permettre d'obtenir plus de récompenses encore dans la vie dernière, par la patience (sab'r) et le contentement rationnel (ridhâ' bi-l-qadhâ') dont il fera preuve face à l'adversité :

Ces B.A et B.B se font par le biais d'épreuves légères ou sérieuses. Entrent en jeu ici :
--- les moyens 3 (causes habituelles et systématiques en ce monde),
--- et les moyens 2 (causes habituelles mais que Dieu a fait se réaliser en faisant intervenir une succession de causes) ;
--- ainsi que ce que nous verrons beaucoup plus bas, en V.

Et cela peut être dû au simple déroulement du système de ce monde tel que Dieu l'a créé (moyens 3), ou bien au fait que Dieu fait s'enchaîner les choses (moyens 2) de sorte qu'elles induisent ces difficultés que cette personne connaît.

Dieu dit : "أَمْ حَسِبْتُمْ أَن تَدْخُلُواْ الْجَنَّةَ وَلَمَّا يَأْتِكُم مَّثَلُ الَّذِينَ خَلَوْاْ مِن قَبْلِكُم مَّسَّتْهُمُ الْبَأْسَاء وَالضَّرَّاء وَزُلْزِلُواْ حَتَّى يَقُولَ الرَّسُولُ وَالَّذِينَ آمَنُواْ مَعَهُ مَتَى نَصْرُ اللّهِ أَلا إِنَّ نَصْرَ اللّهِ قَرِيبٌ""Ou bien aviez-vous pensé que vous entreriez au paradis alors que ne vous est pas encore venue chose semblable à (ce qui est venu aux) gens qui sont passés avant vous ? Le malheur et la difficulté les ont touchés, et ils ont été secoués, jusqu'à ce que le messager et ceux qui avaient apporté foi avec lui disent : "Quand viendra l'aide de Dieu ?" Ecoutez : vraiment l'aide de Dieu est proche" (Coran 2/214). 
"وَلَنَبْلُوَنَّكُمْ بِشَيْءٍ مِّنَ الْخَوفِ وَالْجُوعِ وَنَقْصٍ مِّنَ الأَمَوَالِ وَالأنفُسِ وَالثَّمَرَاتِ وَبَشِّرِ الصَّابِرِينَ الَّذِينَ إِذَا أَصَابَتْهُم مُّصِيبَةٌ قَالُواْ إِنَّا لِلّهِ وَإِنَّا إِلَيْهِ رَاجِعونَ أُولَئِكَ عَلَيْهِمْ صَلَوَاتٌ مِّن رَّبِّهِمْ وَرَحْمَةٌ وَأُولَئِكَ هُمُ الْمُهْتَدُونَ" : "Nous vous éprouverons assurément par quelque crainte, faim et diminution des biens, des personnes et des fruits. Et donne la bonne nouvelle à ceux qui sont patients, qui disent, lorsqu'un malheur les atteint : "Certes, nous sommes à Dieu et à Lui nous retournerons." Sur ceux-là sont les bénédictions venant de leur Seigneur ainsi qu'une miséricorde. Et ceux-là sont les bien-guidés" (Coran 2/155-157).

On trouve également ces dits dans la Sunna
"عن أنس بن مالك رضي الله عنه، قال: سمعت النبي صلى الله عليه وسلم يقول: "إن الله قال: إذا ابتليت عبدي بحبيبتيه فصبر، عوضته منهما الجنة"؛ يريد: عينيه" (al-Bukhârî, 5329).
"عن عطاء بن يسار، عن أبي سعيد الخدري، وعن أبي هريرة: عن النبي صلى الله عليه وسلم قال: "ما يصيب المسلم، من نصب ولا وصب ولا هم ولا حزن ولا أذى ولا غم، حتى الشوكة يشاكها، إلا كفر الله بها من خطاياه" (al-Bukhârî, 5318, Muslim, 2573).
"عن سعد، قال: قلت: يا رسول الله، أي الناس أشد بلاء؟ قال: "الأنبياء، ثم الأمثل فالأمثل؛ فيبتلى الرجل على حسب دينه: فإن كان دينه صلبا، اشتد بلاؤه؛ وإن كان في دينه رقة، ابتلي على حسب دينه. فما يبرح البلاء بالعبد حتى يتركه يمشي على الأرض ما عليه خطيئة" (at-Tirmidhî, 2398).
"عن أنس، قال: قال رسول الله صلى الله عليه وسلم: "إذا أراد الله بعبده الخير عجل له العقوبة في الدنيا. وإذا أراد الله بعبده الشر أمسك عنه بذنبه حتى يوافي به يوم القيامة". وقال صلى الله عليه وسلم: "إن عظم الجزاء مع عظم البلاء، وإن الله إذا أحب قوما ابتلاهم، فمن رضي فله الرضا، ومن سخط فله السخط" (at-Tirmidhî, 2396).
"عن أبي هريرة رضي الله عنه: أن رسول الله صلى الله عليه وسلم، قال: "مثل المؤمن كمثل خامة الزرع يفيء ورقه من حيث أتتها الريح تكفئها، فإذا سكنت اعتدلت، وكذلك المؤمن يكفأ بالبلاء. ومثل الكافر كمثل الأرزة صماء معتدلة حتى يقصمها الله إذا شاء" (al-Bukhârî, 7028) ; "عن كعب عن النبي صلى الله عليه وسلم قال: "مثل المؤمن كالخامة من الزرع، تفيئها الريح مرة وتعدلها مرة. ومثل المنافق كالأرزة، لا تزال حتى يكون انجعافها مرة واحدة" (al-Bukhârî, 5319, Muslim, 2810).
"عن أبي هريرة، عن النبي صلى الله عليه وسلم قال: "تعوذوا بالله من جهد البلاء، ودرك الشقاء، وسوء القضاء، وشماتة الأعداء" (al-Bukhârî, 6242).

Ibn Hajar distingue le cas B.B du B.A en ces termes : "والأولى حمل الإثبات والنفي على حالين: فمن كانت له ذنوب مثلا، أفاد المرض تمحيصها؛ ومن لم تكن له ذنوب كتب له بمقدار ذلك. ولما كان الأغلب من بني آدم وجود الخطايا فيهم، أطلق من أطلق أن المرض كفارة فقط؛ وعلى ذلك تحمل الأحاديث المطلقة. ومن أثبت الأجر به فهو محمول على تحصيل ثواب يعادل الخطيئة؛ فإذا لم تكن خطيئة توفر لصاحب المرض الثواب. والله أعلم بالصواب. وقد استبعد بن عبد السلام في القواعد حصول الأجر على نفس المصيبة، وحصر حصول الأجر بسببها في الصبر" (FB 10/137).

Quant au hadîth "عت أبا موسى مرارا يقول: قال رسول الله صلى الله عليه وسلم: "إذا مرض العبد، أو سافر، كتب له مثل ما كان يعمل مقيما صحيحا" (al-Bukhârî, 2834), il concerne celui qui a l'intention de faire l'action mais ne le peut pas faire à cause de sa maladie ou du fait qu'il est en voyage (FB 10/136).

Toutes les difficultés qui touchent les prophètes s'insèrent dans le cas B.B ; l'objectif a été de les élever encore plus spirituellement.

Tous les malheurs qui touchent des bébés depuis leur naissance et face auxquels ces personnes, devenues adultes, l'accepteront en tant que croyantes, relèvent également du B.B, puisque les bébés n'ont pas de péché.

Il y a enfin un cas qui peut relever du B.A comme du B.B : c'est celui de croyants dont Dieu a voulu qu'ils atteignent tel degré dans le Paradis ; or leurs bonnes actions n'étant pas d'un niveau suffisamment élevé pour atteindre ce degré précis (soit que des péchés subsistent parce qu'ils ont commis des muharramât ; soit que ces croyants se sont acquittés scrupuleusement des farâ'îdh et sont abstenus des muharramât, mais n'ont pas fait suffisamment de nawâfil pour atteindre ce degré que Dieu a prédestiné pour eux) ; c'est alors par le moyen d'une patience (sab'r) face à des difficultés qui les touchent, que Dieu les fait atteindre ce degré au Paradis : "حدثنا عبد الله بن محمد النفيلي، وإبراهيم بن مهدي المصيصي المعنى، قالا: حدثنا أبو المليح، عن محمد بن خالد - قال أبو داود: قال إبراهيم بن مهدي السلمي - عن أبيه، عن جده - وكانت له صحبة من رسول الله صلى الله عليه وسلم - قال: سمعت رسول الله صلى الله عليه وسلم يقول: "إن العبد إذا سبقت له من الله منزلة، لم يبلغها بعمله ابتلاه الله في جسده، أو في ماله، أو في ولده" قال أبو داود: زاد ابن نفيل: "ثم صبره على ذلك" - ثم اتفقا - "حتى يبلغه المنزلة التي سبقت له من الله تعالى" (Abû Dâoûd, 3090).

De même, ont pour objectif de les élever encore plus : les malheurs qui touchent des personnes qui ne sont pas parfaites (nul ne l'est à part les prophètes), mais dont les péchés ont déjà été compensés par la pratique excellente des bonnes actions ("وَأَقِمِ الصَّلاَةَ طَرَفَيِ النَّهَارِ وَزُلَفًا مِّنَ اللَّيْلِ إِنَّ الْحَسَنَاتِ يُذْهِبْنَ السَّيِّئَاتِ" : "(...) Les bonnes actions font partir les mauvaises. (...)" : Coran 11/114 ; "فتنة الرجل في أهله وماله وولده وجاره، تكفرها الصلاة والصوم والصدقة والأمر والنهي" : "La tentation que l'homme connaît par rapport à son épouse, à son bien matériel, à ses enfants et à son voisin : expient cela la prière rituelle, le jeûne, l'aumône, le amr bi-l-ma'rûf et le nah'y 'an il-munkar" : al-Bukhârî 502, Muslim 144 ; "عن أبي ذر قال: قال لي رسول الله صلى الله عليه وسلم: "اتق الله حيثما كنت، وأتبع السيئة الحسنة تمحها، وخالق الناس بخلق حسن" : "Préserve-toi de Dieu où que tu sois. Fais suivre la mauvaise action [que tu viens de commettre par inadvertance] par la bonne action, celle-ci l'effacera. Et comporte-toi avec les hommes avec un bon caractère" : at-Tirmidhî, 1987).

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C) "مقصود الله بإصابة الإنسان بمصيبة: عقابه لكي يرجع من ذنبه وينيب إليه تعالى" : D'autres fois, l'objectif de Dieu est de sanctionner l'individu ou le groupe pour le mal conséquent qu'il faisait jusqu'alors, mais avec l'objectif de lui offrir une occasion de prendre conscience du mal qu'il commettait jusqu'alors de façon continue, et de revenir (rujû', tawba, inâba, tadharru') vers Son Créateur et Pourvoyeur :

Cela se fait par le biais d'épreuves systématiquement sérieuses : les moyens 2 mais aussi 1 entrent en jeu ici.

----- "وَلَنُذِيقَنَّهُمْ مِنَ الْعَذَابِ الْأَدْنَى دُونَ الْعَذَابِ الْأَكْبَرِ لَعَلَّهُمْ يَرْجِعُونَ" : "Et Nous les faisons goûter au châtiment moindre, en deçà du plus grand châtiment, peut-être qu'ils reviendront" (Coran 32/21) : d'après la majorité des commentateurs, le "plus grand châtiment" est celui de la géhenne ; quant au "châtiment moindre", plusieurs commentaires disent qu'il s'agit de différentes difficultés de ce monde (cf. Tafsîr ul-Qurtubî ; Zâd ul-massîr).
----- "ظَهَرَ الْفَسَادُ فِي الْبَرِّ وَالْبَحْرِ بِمَا كَسَبَتْ أَيْدِي النَّاسِ لِيُذِيقَهُم بَعْضَ الَّذِي عَمِلُوا لَعَلَّهُمْ يَرْجِعُونَ" (Coran 30/41) ;
----- "وَمَا نُرِيهِم مِّنْ آيَةٍ إِلَّا هِيَ أَكْبَرُ مِنْ أُخْتِهَا وَأَخَذْنَاهُم بِالْعَذَابِ لَعَلَّهُمْ يَرْجِعُونَ" (Coran 43/48) ;
----- "وَبَلَوْنَاهُمْ بِالْحَسَنَاتِ وَالسَّيِّئَاتِ لَعَلَّهُمْ يَرْجِعُونَ" (Coran 7/168).

----- "ظَهَرَ الْفَسَادُ فِي الْبَرِّ وَالْبَحْرِ بِمَا كَسَبَتْ أَيْدِي النَّاسِ لِيُذِيقَهُم بَعْضَ الَّذِي عَمِلُوا لَعَلَّهُمْ يَرْجِعُونَ قُلْ سِيرُوا فِي الْأَرْضِ فَانظُرُوا كَيْفَ كَانَ عَاقِبَةُ الَّذِينَ مِن قَبْلُ كَانَ أَكْثَرُهُم مُّشْرِكِينَ" (Coran 30/41-42) : "قوله تعالى: {ظهر الفساد في البر والبحر} في هذا الفساد أربعة أقوال: أحدها: نقصان البركة، قاله ابن عباس. والثاني: ارتكاب المعاصي، قاله أبو العالية. والثالث: الشرك، قاله قتادة، والسدي: والرابع: قحط المطر، قاله عطية. (...) قوله تعالى: {بما كسبت أيدي الناس} أي: بما عملوا من المعاصي {ليذيقهم} وقرأ أبو عبد الرحمن السلمي، وعكرمة، وقتادة، وابن محيصن، وروح عن يعقوب، وقنبل عن ابن كثير: {لنذيقهم} بالنون {بعض الذي عملوا} أي: جزاء بعض أعمالهم؛ فالقحط جزاء، ونقصان البركة جزاء، ووقوع المعصية منهم جزاء معجل لمعاصيهم أيضا. قوله تعالى: {لعلهم يرجعون} في المشار إليهم قولان: أحدهما: أنهم الذين أذيقوا الجزاء؛ ثم في معنى رجوعهم قولان: أحدهما: يرجعون عن المعاصي، قاله أبو العالية. والثاني: يرجعون إلى الحق، قاله إبراهيم. والثاني: أنهم الذين يأتون بعدهم، فالمعنى: لعله يرجع من بعدهم، قاله الحسن. قوله تعالى: {قل سيروا في الأرض} أي: سافروا {فانظروا كيف كان عاقبة الذين من قبل} أي: الذين كانوا قبلكم والمعنى: انظروا إلى مساكنهم وآثارهم {كان أكثرهم مشركين} المعنى: فأهلكوا بشركهم" (Zâd ul-massîr). "ظهر الفساد في البر والبحر كالجدب والموتان وكثرة الحرق والغرق وإخفاق الغاصة ومحق البركات وكثرة المضار، أو الضلالة والظلم. (...). {ليذيقهم بعض الذي عملوا} بعض جزائه فإن تمامه في الآخرة واللام للعلة أو للعاقبة. وعن ابن كثير ويعقوب {لنذيقهم} بالنون. {لعلهم يرجعون} عما هم عليه. {قل سيروا في الأرض فانظروا كيف كان عاقبة الذين من قبل} لتشاهدوا مصداق ذلك وتتحققوا صدقه. {كان أكثرهم مشركين} استئناف للدلالة على أن سوء عاقبتهم كان لفشو الشرك وغلبته فيهم، أو كان الشرك في أكثرهم وما دونه من المعاصي في قليل منهم" (Tafsîr ul-Baydhâwî).

----- "وَلَقَدْ أَرْسَلنَآ إِلَى أُمَمٍ مِّن قَبْلِكَ فَأَخَذْنَاهُمْ بِالْبَأْسَاء وَالضَّرَّاء لَعَلَّهُمْ يَتَضَرَّعُونَ فَلَوْلا إِذْ جَاءهُمْ بَأْسُنَا تَضَرَّعُواْ وَلَكِن قَسَتْ قُلُوبُهُمْ وَزَيَّنَ لَهُمُ الشَّيْطَانُ مَا كَانُواْ يَعْمَلُونَ. فَلَمَّا نَسُواْ مَا ذُكِّرُواْ بِهِ فَتَحْنَا عَلَيْهِمْ أَبْوَابَ كُلِّ شَيْءٍ حَتَّى إِذَا فَرِحُواْ بِمَا أُوتُواْ أَخَذْنَاهُم بَغْتَةً فَإِذَا هُم مُّبْلِسُونَ" : "(...) Pourquoi donc, lorsque Notre rigueur [cas C] leur vint, n'implorèrent-ils pas ! Mais leur coeurs s'endurcirent, et le Diable leur avait enjolivé ce qu'ils faisaient. (...)" : la suite fait valoir que le cas D les alors saisis (Coran 6/42-44) ;
----- "وَمَا أَرْسَلْنَا فِي قَرْيَةٍ مِّن نَّبِيٍّ إِلاَّ أَخَذْنَا أَهْلَهَا بِالْبَأْسَاء وَالضَّرَّاء لَعَلَّهُمْ يَضَّرَّعُونَ. ثُمَّ بَدَّلْنَا مَكَانَ السَّيِّئَةِ الْحَسَنَةَ حَتَّى عَفَواْ وَّقَالُواْ قَدْ مَسَّ آبَاءنَا الضَّرَّاء وَالسَّرَّاء فَأَخَذْنَاهُم بَغْتَةً وَهُمْ لاَ يَشْعُرُونَ" (Coran 7/94-95).

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D) "مقصود الله بإصابة الإنسان بمصيبة: عقابه وإهلاكه" : Lorsque (dans le Kufr Akbar ou dans le Kufr Asghar) l'individu ou le groupe s'entête (et ce après avoir reçu des avertissements du type C) ou qu'il est allé trop loin (et ce parce que Dieu l'avait laissé, regardant jusqu'où il irait), il se peut que Dieu veuille (par 'Adl) que cet individu ou ce groupe demeure dans son Mal, et il se peut ensuite que Dieu veuille le détruire physiquement en ce monde même, à cause de ce mal qu'il fait (l'entêtement ou l'exagération ayant été la cause de tout cela : lire notre article : Pourquoi le Coran dit-il que Dieu égare des hommes ?) :

Cela se fait par le biais d'épreuves systématiquement sérieuses : les moyens 2 et 1 entrent en jeu ici.

----- "وَإِذْ قَالَ مُوسَى لِقَوْمِهِ يَا قَوْمِ لِمَ تُؤْذُونَنِي وَقَد تَّعْلَمُونَ أَنِّي رَسُولُ اللَّهِ إِلَيْكُمْ فَلَمَّا زَاغُوا أَزَاغَ اللَّهُ قُلُوبَهُمْ وَاللَّهُ لَا يَهْدِي الْقَوْمَ الْفَاسِقِينَ" : "Alors, lorsqu'ils dévièrent, Dieu fit dévier (encore plus) leur coeur : Dieu ne guide pas des gens faisant le mal" (Coran 61/5).
On le voit avec Noé (sur lui soit la paix) : il a dit aux incroyants de son peuple qu'il était dépêché par Dieu, chargé par Lui de leur délivrer Son message, afin qu'Il leur fasse miséricorde : "قَالَ الْمَلأُ مِن قَوْمِهِ إِنَّا لَنَرَاكَ فِي ضَلاَلٍ مُّبِينٍ قَالَ يَا قَوْمِ لَيْسَ بِي ضَلاَلَةٌ وَلَكِنِّي رَسُولٌ مِّن رَّبِّ الْعَالَمِينَ أُبَلِّغُكُمْ رِسَالاَتِ رَبِّي وَأَنصَحُ لَكُمْ وَأَعْلَمُ مِنَ اللّهِ مَا لاَ تَعْلَمُونَ أَوَعَجِبْتُمْ أَن جَاءكُمْ ذِكْرٌ مِّن رَّبِّكُمْ عَلَى رَجُلٍ مِّنكُمْ لِيُنذِرَكُمْ وَلِتَتَّقُواْ وَلَعَلَّكُمْ تُرْحَمُونَ" (Coran 7/60-63) ; mais, devant l'entêtement d'une grande partie de son peuple malgré sa très longue et très patiente prédication, et alors qu'à la fin ils lui dirent de faire venir ce châtiment qu'il disait redouter pour eux, Noé leur répondit que c'était Dieu qui voulait qu'ils soient égarés : Noé voulut leur dire, ici, que (malgré sa prédication et son souhait à lui qu'ils trouvent la guidance) cette Volonté divine qu'ils demeurent égarés a été l'effet de leur entêtement à eux : "قَالُواْ يَا نُوحُ قَدْ جَادَلْتَنَا فَأَكْثَرْتَ جِدَالَنَا فَأْتَنِا بِمَا تَعِدُنَا إِن كُنتَ مِنَ الصَّادِقِينَ قَالَ إِنَّمَا يَأْتِيكُم بِهِ اللّهُ إِن شَاء وَمَا أَنتُم بِمُعْجِزِينَ وَلاَ يَنفَعُكُمْ نُصْحِي إِنْ أَرَدتُّ أَنْ أَنصَحَ لَكُمْ إِن كَانَ اللّهُ يُرِيدُ أَن يُغْوِيَكُمْ هُوَ رَبُّكُمْ وَإِلَيْهِ تُرْجَعُونَ" (Coran 11/32-34) : "إن كان الله سبحانه وتعالى أراد إضلالكم ودماركم بسبب كفركم وإعراضكم، فلا راد لقضائه‏" (Al-Muntaqâ). Ensuite le fait qu'ils soient demeurés égarés a été la cause du fait que Dieu les a châtiés par le Déluge.
Entre-temps, Noé (sur lui soit la paix) avait fini par demander lui-même à Dieu de détruire les incroyants de son peuple, après s'être plaint de tous les efforts qu'il avait déployés pour les convaincre : "قَالَ رَبِّ إِنِّي دَعَوْتُ قَوْمِي لَيْلًا وَنَهَارًا فَلَمْ يَزِدْهُمْ دُعَائِي إِلَّا فِرَارًا وَإِنِّي كُلَّمَا دَعَوْتُهُمْ لِتَغْفِرَ لَهُمْ جَعَلُوا أَصَابِعَهُمْ فِي آذَانِهِمْ وَاسْتَغْشَوْا ثِيَابَهُمْ وَأَصَرُّوا وَاسْتَكْبَرُوا اسْتِكْبَارًا ثُمَّ إِنِّي دَعَوْتُهُمْ جِهَارًا ثُمَّ إِنِّي أَعْلَنتُ لَهُمْ وَأَسْرَرْتُ لَهُمْ إِسْرَارًا فَقُلْتُ اسْتَغْفِرُوا رَبَّكُمْ إِنَّهُ كَانَ غَفَّارًا" (Coran 71/5-10) ; "قَالَ نُوحٌ رَّبِّ إِنَّهُمْ عَصَوْنِي وَاتَّبَعُوا مَن لَّمْ يَزِدْهُ مَالُهُ وَوَلَدُهُ إِلَّا خَسَارًا وَمَكَرُوا مَكْرًا كُبَّارًا وَقَالُوا لَا تَذَرُنَّ آلِهَتَكُمْ وَلَا تَذَرُنَّ وَدًّا وَلَا سُوَاعًا وَلَا يَغُوثَ وَيَعُوقَ وَنَسْرًا وَقَدْ أَضَلُّوا كَثِيرًا وَلَا تَزِدِ الظَّالِمِينَ إِلَّا ضَلَالًا. مِمَّا خَطِيئَاتِهِمْ أُغْرِقُوا فَأُدْخِلُوا نَارًا فَلَمْ يَجِدُوا لَهُم مِّن دُونِ اللَّهِ أَنصَارًا. وَقَالَ نُوحٌ رَّبِّ لَا تَذَرْ عَلَى الْأَرْضِ مِنَ الْكَافِرِينَ دَيَّارًا إِنَّكَ إِن تَذَرْهُمْ يُضِلُّوا عِبَادَكَ وَلَا يَلِدُوا إِلَّا فَاجِرًا كَفَّارًا رَبِّ اغْفِرْ لِي وَلِوَالِدَيَّ وَلِمَن دَخَلَ بَيْتِيَ مُؤْمِنًا وَلِلْمُؤْمِنِينَ وَالْمُؤْمِنَاتِ وَلَا تَزِدِ الظَّالِمِينَ إِلَّا تَبَارًا" (Coran 71/21-28).

--- Dans l'énoncé suivant, relatif cette fois aux gens de Pharaon, Dieu nous raconte que, suite à leurs refus de croire Moïse et de laisser les fils d'Israël partir, Il leur avait d'abord envoyé des sanctions [désignées plus haut par : "C"] "peut-être qu'ils se souviendraient", mais qu'ils se sont entêtés par orgueil, promettant à chaque nouvelle plaie, d'apporter foi et de laisser partir les fils d'Israël si "le dieu de Moïse" la faisait disparaître. Dieu dit alors qu'à la fin Il les détruisit en les noyant dans le flot [ce fut alors ce qui est désigné ici par : "D"] : "وَلَقَدْ أَخَذْنَا آلَ فِرْعَونَ بِالسِّنِينَ وَنَقْصٍ مِّن الثَّمَرَاتِ لَعَلَّهُمْ يَذَّكَّرُونَ فَإِذَا جَاءتْهُمُ الْحَسَنَةُ قَالُواْ لَنَا هَذِهِ وَإِن تُصِبْهُمْ سَيِّئَةٌ يَطَّيَّرُواْ بِمُوسَى وَمَن مَّعَهُ أَلا إِنَّمَا طَائِرُهُمْ عِندَ اللّهُ وَلَكِنَّ أَكْثَرَهُمْ لاَ يَعْلَمُونَ وَقَالُواْ مَهْمَا تَأْتِنَا بِهِ مِن آيَةٍ لِّتَسْحَرَنَا بِهَا فَمَا نَحْنُ لَكَ بِمُؤْمِنِينَ فَأَرْسَلْنَا عَلَيْهِمُ الطُّوفَانَ وَالْجَرَادَ وَالْقُمَّلَ وَالضَّفَادِعَ وَالدَّمَ آيَاتٍ مُّفَصَّلاَتٍ فَاسْتَكْبَرُواْ وَكَانُواْ قَوْمًا مُّجْرِمِينَ وَلَمَّا وَقَعَ عَلَيْهِمُ الرِّجْزُ قَالُواْ يَا مُوسَى ادْعُ لَنَا رَبَّكَ بِمَا عَهِدَ عِندَكَ لَئِن كَشَفْتَ عَنَّا الرِّجْزَ لَنُؤْمِنَنَّ لَكَ وَلَنُرْسِلَنَّ مَعَكَ بَنِي إِسْرَآئِيلَ  فَلَمَّا كَشَفْنَا عَنْهُمُ الرِّجْزَ إِلَى أَجَلٍ هُم بَالِغُوهُ إِذَا هُمْ يَنكُثُونَ. فَانتَقَمْنَا مِنْهُمْ فَأَغْرَقْنَاهُمْ فِي الْيَمِّ بِأَنَّهُمْ كَذَّبُواْ بِآيَاتِنَا وَكَانُواْ عَنْهَا غَافِلِينَ" (Coran 7/130-136). "فَلَمَّا آسَفُونَا انتَقَمْنَا مِنْهُمْ فَأَغْرَقْنَاهُمْ أَجْمَعِينَ" (Coran 43/55).
D'ailleurs Moïse (sur lui soit la paix) avait lui aussi, à un moment donné, face à l'entêtement de Pharaon et de ses siens, demandé à Dieu ne pas les guider jusqu'à ce qu'ils voient le châtiment [désigné ici : "D"] : "وَقَالَ مُوسَى رَبَّنَا إِنَّكَ آتَيْتَ فِرْعَوْنَ وَمَلأهُ زِينَةً وَأَمْوَالاً فِي الْحَيَاةِ الدُّنْيَا رَبَّنَا لِيُضِلُّواْ عَن سَبِيلِكَ رَبَّنَا اطْمِسْ عَلَى أَمْوَالِهِمْ وَاشْدُدْ عَلَى قُلُوبِهِمْ فَلاَ يُؤْمِنُواْ حَتَّى يَرَوُاْ الْعَذَابَ الأَلِيمَ" (Coran 10/88).

----- "وَإِذَا أَرَدْنَا أَن نُّهْلِكَ قَرْيَةً أَمَرْنَا مُتْرَفِيهَا فَفَسَقُواْ فِيهَا فَحَقَّ عَلَيْهَا الْقَوْلُ فَدَمَّرْنَاهَا تَدْمِيرًا وَكَمْ أَهْلَكْنَا مِنَ الْقُرُونِ مِن بَعْدِ نُوحٍ وَكَفَى بِرَبِّكَ بِذُنُوبِ عِبَادِهِ خَبِيرًا بَصِيرًا" : "Et lorsque Nous voulons détruire une cité [à cause du mal qu'ils font], Nous rendons nombreux ses gens opulents, ceux-ci y font ensuite [encore plus abondamment] le mal, alors la Parole s'avère contre elle, alors Nous la détruisons de destruction. (...)" (Coran 17/16-17).

----- Il y a aussi ce dit dans la Sunna : "عن أبي موسى رضي الله عنه، قال: قال رسول الله صلى الله عليه وسلم: "إن الله ليملي للظالم. حتى إذا أخذه لم يفلته". قال: ثم قرأ: {وكذلك أخذ ربك إذا أخذ القرى وهي ظالمة إن أخذه أليم شديد" : Le Prophète (sur lui soit la paix) a dit : "Dieu donne un délai à l'injuste. Ensuite, lorsqu'Il le saisit, Il ne le laisse pas s'échapper." Le Prophète (sur lui soit la paix) récita ensuite ce verset [qui étaye ce qu'il venait de dire] : "Et ainsi est la Saisie faite par Dieu, lorsqu'Il saisit les cités. Sa Saisie est douloureuse, dure" [Coran 11/102] (al-Bukhârî, 4409, Muslim, 2583).

----- Et ces autres dits : "عن كعب عن النبي صلى الله عليه وسلم قال: "مثل المؤمن كالخامة من الزرع، تفيئها الريح مرة وتعدلها مرة. ومثل المنافق كالأرزة، لا تزال حتى يكون انجعافها مرة واحدة" (al-Bukhârî, 5319, Muslim, 2810) ; "عن أبي هريرة رضي الله عنه: أن رسول الله صلى الله عليه وسلم، قال: "مثل المؤمن كمثل خامة الزرع يفيء ورقه من حيث أتتها الريح تكفئها، فإذا سكنت اعتدلت، وكذلك المؤمن يكفأ بالبلاء. ومثل الكافر كمثل الأرزة صماء معتدلة حتى يقصمها الله إذا شاء" (al-Bukhârî, 7028).

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V) Quelques sanctions infligées par Dieu en ce monde, du type C ou D, qui ont été évoquées dans le Coran :

--- Pour une personne, voir, suite à du kufr, ses deux vergers être complètement détruits : "وَأُحِيطَ بِثَمَرِهِ فَأَصْبَحَ يُقَلِّبُ كَفَّيْهِ عَلَى مَا أَنفَقَ فِيهَا وَهِيَ خَاوِيَةٌ عَلَى عُرُوشِهَا وَيَقُولُ يَا لَيْتَنِي لَمْ أُشْرِكْ بِرَبِّي أَحَدًا وَلَمْ تَكُن لَّهُ فِئَةٌ يَنصُرُونَهُ مِن دُونِ اللَّهِ وَمَا كَانَ مُنتَصِرًا هُنَالِكَ الْوَلَايَةُ لِلَّهِ الْحَقِّ هُوَ خَيْرٌ ثَوَابًا وَخَيْرٌ عُقْبًا" (Coran 18/42-44). Pour une famille, voir, suite à de l'avarice, son verger être rasé : "فَطَافَ عَلَيْهَا طَائِفٌ مِّن رَّبِّكَ وَهُمْ نَائِمُونَ فَأَصْبَحَتْ كَالصَّرِيمِ" (Coran 68/19-20) ; puis : "كَذَلِكَ الْعَذَابُ وَلَعَذَابُ الْآخِرَةِ أَكْبَرُ لَوْ كَانُوا يَعْلَمُونَ" (Coran 68/33). 

--- Pour une cité, perdre sa sécurité et son aisance matérielle : "لِإِيلَافِ قُرَيْشٍ إِيلَافِهِمْ رِحْلَةَ الشِّتَاء وَالصَّيْفِ فَلْيَعْبُدُوا رَبَّ هَذَا الْبَيْتِ الَّذِي أَطْعَمَهُم مِّن جُوعٍ وَآمَنَهُم مِّنْ خَوْفٍ" (Coran 106/1-4) ; "وَضَرَبَ اللّهُ مَثَلاً قَرْيَةً كَانَتْ آمِنَةً مُّطْمَئِنَّةً يَأْتِيهَا رِزْقُهَا رَغَدًا مِّن كُلِّ مَكَانٍ فَكَفَرَتْ بِأَنْعُمِ اللّهِ فَأَذَاقَهَا اللّهُ لِبَاسَ الْجُوعِ وَالْخَوْفِ بِمَا كَانُواْ يَصْنَعُونَ وَلَقَدْ جَاءهُمْ رَسُولٌ مِّنْهُمْ فَكَذَّبُوهُ. فَأَخَذَهُمُ الْعَذَابُ وَهُمْ ظَالِمُونَ" (Coran 16/112-113).

--- "Chacun (de ces individus ou groupes), Nous l'avons saisi à cause de son péché. Parmi eux, il en est donc que le Cri a saisi ; parmi eux, il en est que Nous avons fait engloutir la terre avec lui ; et parmi eux il en est que Nous avons noyé. Et Dieu n'en était pas à agir en injustice avec eux, mais ils ont sur eux-mêmes fait injustice" : "فَكُلًّا أَخَذْنَا بِذَنبِهِ فَمِنْهُم مَّنْ أَرْسَلْنَا عَلَيْهِ حَاصِبًا وَمِنْهُم مَّنْ أَخَذَتْهُ الصَّيْحَةُ وَمِنْهُم مَّنْ خَسَفْنَا بِهِ الْأَرْضَ وَمِنْهُم مَّنْ أَغْرَقْنَا وَمَا كَانَ اللَّهُ لِيَظْلِمَهُمْ وَلَكِن كَانُوا أَنفُسَهُمْ يَظْلِمُونَ" (Coran 29/40).

--- Une pluie de morceaux durs d'argile :
----- "إِنَّا مُنزِلُونَ عَلَى أَهْلِ هَذِهِ الْقَرْيَةِ رِجْزًا مِّنَ السَّمَاء بِمَا كَانُوا يَفْسُقُونَ وَلَقَد تَّرَكْنَا مِنْهَا آيَةً بَيِّنَةً لِّقَوْمٍ يَعْقِلُونَ" (Coran 29/34-35) ; "فَلَمَّا جَاء أَمْرُنَا جَعَلْنَا عَالِيَهَا سَافِلَهَا وَأَمْطَرْنَا عَلَيْهَا حِجَارَةً مِّن سِجِّيلٍ مَّنضُودٍ مُّسَوَّمَةً عِندَ رَبِّكَ" (Coran 11/82-83) ;
----- "أَلَمْ تَرَ كَيْفَ فَعَلَ رَبُّكَ بِأَصْحَابِ الْفِيلِ أَلَمْ يَجْعَلْ كَيْدَهُمْ فِي تَضْلِيلٍ وَأَرْسَلَ عَلَيْهِمْ طَيْرًا أَبَابِيلَ تَرْمِيهِم بِحِجَارَةٍ مِّن سِجِّيلٍ فَجَعَلَهُمْ كَعَصْفٍ مَّأْكُولٍ" (Coran 105/1-5).

--- Les plaies d'Egypte ayant touché les gens de Pharaon :
-----"وَلَقَدْ أَخَذْنَا آلَ فِرْعَونَ بِالسِّنِينَ وَنَقْصٍ مِّن الثَّمَرَاتِ لَعَلَّهُمْ يَذَّكَّرُونَ" (Coran 7/130) ;
----- "فَأَرْسَلْنَا عَلَيْهِمُ الطُّوفَانَ وَالْجَرَادَ وَالْقُمَّلَ وَالضَّفَادِعَ وَالدَّمَ آيَاتٍ مُّفَصَّلاَتٍ فَاسْتَكْبَرُواْ وَكَانُواْ قَوْمًا مُّجْرِمِينَ" (Coran 7/133) ;
----- "وَقَالَ مُوسَى رَبَّنَا إِنَّكَ آتَيْتَ فِرْعَوْنَ وَمَلأهُ زِينَةً وَأَمْوَالاً فِي الْحَيَاةِ الدُّنْيَا رَبَّنَا لِيُضِلُّواْ عَن سَبِيلِكَ رَبَّنَا اطْمِسْ عَلَى أَمْوَالِهِمْ وَاشْدُدْ عَلَى قُلُوبِهِمْ فَلاَ يُؤْمِنُواْ حَتَّى يَرَوُاْ الْعَذَابَ الأَلِيمَ" (Coran 10/88).

--- La peste, ou une forte tombée de neige, ou une mort subite de nombreuses personnes du peuple : "فَبَدَّلَ الَّذِينَ ظَلَمُوا قَوْلًا غَيْرَ الَّذِي قِيلَ لَهُمْ فَأَنزَلْنَا عَلَى الَّذِينَ ظَلَمُوا رِجْزًا مِّنَ السَّمَاءِ بِمَا كَانُوا يَفْسُقُونَ" (Coran 2/59). "فَبَدَّلَ الَّذِينَ ظَلَمُواْ مِنْهُمْ قَوْلاً غَيْرَ الَّذِي قِيلَ لَهُمْ فَأَرْسَلْنَا عَلَيْهِمْ رِجْزًا مِّنَ السَّمَاء بِمَا كَانُواْ يَظْلِمُونَ" (Coran 7/162). Ibn ul-Jawzî relate 3 commentaires : "وفي ماهية هذا العذاب ثلاثة أقوال: أحدها: أنه ظلمة وموت، فمات منهم في ساعة واحدة، أربعة وعشرون ألفا، وهلك سبعون ألفا عقوبة، قاله ابن عباس. والثاني: أنه أصابهم الطاعون، عذبوا به أربعين ليلة ثم ماتوا، قاله وهب بن منبه. والثالث: أنه الثلج، هلك به منهم سبعون ألفا، قاله سعيد بن جبير" (Zâd ul-massîr).

--- Le fait, pour le peuple des fils d'Israël tout entier, d'être attaqué, vaincu, voir Bayt ul-Maqdis détruit, ainsi que ses demeures détruites : "وَقَضَيْنَا إِلَى بَنِي إِسْرَائِيلَ فِي الْكِتَابِ لَتُفْسِدُنَّ فِي الأَرْضِ مَرَّتَيْنِ وَلَتَعْلُنَّ عُلُوًّا كَبِيرًا. فَإِذَا جَاء وَعْدُ أُولاهُمَا بَعَثْنَا عَلَيْكُمْ عِبَادًا لَّنَا أُوْلِي بَأْسٍ شَدِيدٍ فَجَاسُواْ خِلاَلَ الدِّيَارِ وَكَانَ وَعْدًا مَّفْعُولاً. ثُمَّ رَدَدْنَا لَكُمُ الْكَرَّةَ عَلَيْهِمْ وَأَمْدَدْنَاكُم بِأَمْوَالٍ وَبَنِينَ وَجَعَلْنَاكُمْ أَكْثَرَ نَفِيرًا إِنْ أَحْسَنتُمْ أَحْسَنتُمْ لِأَنفُسِكُمْ وَإِنْ أَسَأْتُمْ فَلَهَا. فَإِذَا جَاء وَعْدُ الآخِرَةِ لِيَسُوؤُواْ وُجُوهَكُمْ وَلِيَدْخُلُواْ الْمَسْجِدَ كَمَا دَخَلُوهُ أَوَّلَ مَرَّةٍ وَلِيُتَبِّرُواْ مَا عَلَوْاْ تَتْبِيرًا" (Coran 17/4-7).

Etc.

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VI) Quand la sanction est destinée à un groupe mais touche (à cause de la loi de causalité en vigueur sur Terre) tout le monde :

Il arrive en effet qu'il y ait une sanction pour cause de péché (C, ou D), mais qu'elle touche non pas seulement ceux qui étaient fautifs, mais également ceux qui se trouvent dans le voisinage, à cause de la règle de cause à effet qui règne généralement sur Terre :
--- pour les premiers il s'agit d'une sanction (C, ou D),
--- alors que pour les seconds, ce n'est (s'ils s'étaient préalablement acquittés du devoir de nah'y 'an il-munkar qu'ils avaient, nous allons y revenir) qu'une épreuve destinée à les purifier ou à les élever (B.A ou B.B).

--- "وَاتَّقُواْ فِتْنَةً لاَّ تُصِيبَنَّ الَّذِينَ ظَلَمُواْ مِنكُمْ خَآصَّةً وَاعْلَمُواْ أَنَّ اللّهَ شَدِيدُ الْعِقَابِ" : "Et [faites en sorte de] vous préserver d'une sanction qui n'atteindrait pas seulement ceux d'entre vous qui auront été injustes [= commis le péché]. Et sachez que Dieu est Dur dans la sanction" (Coran 8/25) : le fait de se préserver de pareille Sanction divine, cela se fait par le fait de faire disparaître, ou au moins diminuer, le péché commis par les gens ; et ce par le moyen du Nah'y 'an il-munkar (Tafsîr ul-Jalâlayn).

--- "عن عائشة، قالت: عبث رسول الله صلى الله عليه وسلم في منامه، فقلنا: يا رسول الله صنعت شيئا في منامك لم تكن تفعله، فقال: "العجب إن ناسا من أمتي يؤمون بالبيت برجل من قريش، قد لجأ بالبيت، حتى إذا كانوا بالبيداء خسف بهم." فقلنا: "يا رسول الله إن الطريق قد يجمع الناس." قال: "نعم، فيهم المستبصر والمجبور وابن السبيل؛ يهلكون مهلكا واحدا، ويصدرون مصادر شتى، يبعثهم الله على نياتهم" :
Le Messager de Dieu (sur lui soit la paix) a dit : "Etonnant est le fait que des gens de ma Umma se dirigeront vers la Maison [= la Ka'ba] pour (s'en prendre) à un homme des Quraysh qui aura pris refuge auprès de (cette) Maison ; puis, lorsqu'ils seront dans un lieu désertique, ils seront engloutis."
On lui dit alors : "Le chemin rassemble parfois les gens !" Il répondit à cette remarque ainsi : "Oui. Il y aura parmi eux celui qui agit avec clairvoyance [= en connaissance de cause], celui qui est contraint ("al-majbûr"), et celui qui voyage. Ils seront tous détruits en une fois. (Mais) ils reviendront de façons différentes : Dieu les ressuscitera selon leurs intentions" (Muslim, 2884). "عن أم سلمة، قالت: ذكر النبي صلى الله عليه وسلم الجيش الذي يخسف بهم، فقالت أم سلمة: "يا رسول الله لعل فيهم المكره؟" قال: "إنهم يبعثون على نياتهم" (at-Tirmidhî, 2071, Ibn Mâja, 4065).

Voici, sur le sujet, l'extrait de mon article consacré au Amr bi-l-Ma'rûf wa nah'y 'an il-munkar :

– Un célèbre hadîth, relaté par Zaynab, se lit comme suit : Suite au fait que le Prophète (sur lui soit la paix) a annoncé qu'un malheur s'abattrait sur les Arabes, elle demanda : "Serions-nous détruits alors que se trouvent parmi nous les pieux ? – Oui ; lorsque le mal devient abondant" : "عن زينب بنت أبي سلمة، عن أم حبيبة بنت أبي سفيان، عن زينب بنت جحش، رضي الله عنهن، أن النبي صلى الله عليه وسلم، دخل عليها فزعا يقول: "لا إله إلا الله، ويل للعرب من شر قد اقترب، فتح اليوم من ردم يأجوج ومأجوج مثل هذه"، وحلق بإصبعه الإبهام والتي تليها. قالت زينب بنت جحش: فقلت يا رسول الله: أنهلك وفينا الصالحون؟ قال: "نعم إذا كثر الخبث" (al-Bukhârî 3168, Muslim 2880).
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(...) Ce hadîth montre que Dieu peut infliger, en ce monde même, une calamité générale pour cause de forte présence de mauvaises croyances et/ou mauvaises actions, et cela bien que des gens qui pour leur part pieux soient eux aussi présents.
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Mais en fait il y a ici 3 cas de figure...
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Premier cas de figure : Soit les gens qui ne font pas ce mal ne se souciaient absolument pas des autres : à ce moment, non seulement une calamité terrestre peut les englober, mais en plus, dans l'au-delà aussi, ils peuvent devoir rendre des comptes et subir une punition pour ce manquement de leur part (puisque nous avons vu, tout au long de cet article, qu'adorer Dieu, ce n'est pas faire des actions personnelles de bien tout en se désintéressant totalement des autres). Ce cas de figure tombe sous le coup du hadîth relaté par Jarîr :
"Lorsqu'un homme se trouve parmi des gens et fait des mauvaises actions parmi eux, qu'ils ont la capacité de le modifier, et qu'ils ne le font pas, Dieu leur infligera une punition avant qu'ils meurent [= dans ce monde même]" : "عن جرير، قال: سمعت رسول الله صلى الله عليه وسلم يقول: "ما من رجل يكون في قوم يعمل فيهم بالمعاصي، يقدرون على أن يغيروا عليه، فلا يغيروا، إلا أصابهم الله بعذاب من قبل أن يموتوا" (Abû Dâoûd, 4339) ; dans une autre version, il y a ces mots : "Tout groupe au sein duquel on fait des mauvaises actions et (les gens qui ne les font pas) sont plus nombreux que ceux qui les font..." : "حدثنا وهب بن بقية، عن خالد، (ح) وحدثنا عمرو بن عون، أخبرنا هشيم، المعنى، عن إسماعيل، عن قيس، قال: قال أبو بكر بعد أن حمد الله وأثنى عليه: "يا أيها الناس، إنكم تقرءون هذه الآية وتضعونها على غير مواضعها: {عليكم أنفسكم لا يضركم من ضل إذا اهتديتم}؛ قال عن خالد: وإنا سمعنا النبي صلى الله عليه وسلم يقول: "إن الناس إذا رأوا الظالم فلم يأخذوا على يديه، أوشك أن يعمهم الله بعقاب." وقال عمرو عن هشيم: وإني سمعت رسول الله صلى الله عليه وسلم يقول: "ما من قوم يعمل فيهم بالمعاصي، ثم يقدرون على أن يغيروا، ثم لا يغيروا، إلا يوشك أن يعمهم الله منه بعقاب." قال أبو داود: ورواه كما قال خالد أبو أسامة وجماعة؛ وقال شعبة فيه: "ما من قوم يعمل فيهم بالمعاصي هم أكثر ممن يعمله" (Abû Dâoûd, 4338, Ibn Mâja, 4009, Ahmad) ; du hadîth relaté par 'Amîra al-Kindî : "وعن عميرة الكندي قال: سمعت رسول الله صلى الله عليه وسلم يقول: "إن الله تعالى لا يعذب العامة بعمل الخاصة حتى يروا المنكر بين ظهرانيهم وهم قادرون على أن ينكروه فلا ينكروا فإذا فعلوا ذلك عذب الله العامة والخاصة." رواه في شرح السنة" (cité dans Mishkât ul-massâbîh, 5147) ; et du hadîth relaté par Jâbir : "وعن جابر قال: قال رسول الله صلى الله عليه وسلم: "أوحى الله عز وجل إلى جبريل عليه السلام: أن اقلب مدينة كذا وكذا بأهلها." قال: "يا رب إن فيهم عبدك فلانا لم يعصك طرفة عين". قال: فقال: "اقلبها عليه وعليهم فإن وجهه لم يتمعر في ساعة قط" (cité dans Mishkât ul-massâbîh, 5152).
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Second cas de figure : Soit les gens qui s'abstenaient des mauvaises actions se souciaient bien du sort de ceux qui les commettaient, mais, vu les circonstances dans lesquelles ils se trouvaient, ils ont dû se contenter de faire le nah'y 'an il-munkar par le coeur et n'ont réellement rien pu dire. On relève bien, dans le hadîth de Jarîr (cité ci-dessus, dans le premier cas de figure), une condition précise : "Lorsqu'un homme se trouve parmi des gens et fait des mauvaises actions parmi eux, qu'ils ont la capacité de le modifier, et qu'ils ne le font pas, Dieu leur infligera une punition avant qu'ils meurent [= dans ce monde même]" : "عن جرير، قال: سمعت رسول الله صلى الله عليه وسلم يقول: "ما من رجل يكون في قوم يعمل فيهم بالمعاصي، يقدرون على أن يغيروا عليه، فلا يغيروا، إلا أصابهم الله بعذاب من قبل أن يموتوا" (Abû Dâoûd, 4339). On en déduit que celui qui n'avait réellement pas les capacités n'est pas visé par le hukm du hadîth. L'autre hadîth, plus haut mentionné, celui de 'Amîra al-Kindî, dit de même : "Lorsque le mal est commis sur terre, celui qui y assiste [parce qu'il n'a pas d'autre choix] et le déteste [au fond de son cœur] est comme celui qui en était éloigné. Et celui qui en est éloigné (mais) est content de ce mal est comme celui qui y assiste" (Abû Dâoûd 4345). Ce cas de figure-ci, le second, est concerné par le hadîth relaté par Ibn Omar : "Lorsque Dieu fait descendre une punition sur un peuple, celle-ci touche tous ceux qui y sont. Puis ils seront ressuscités selon leurs actions" : "عن عبد الله بن عمر رضي الله عنهما قال: قال رسول الله صلى الله عليه وسلم: "إذا أنزل الله بقوم عذابا، أصاب العذاب من كان فيهم، ثم بعثوا على أعمالهم" (al-Bukhârî, 6691, Muslim, 2879).
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Troisième cas de figure : Soit les gens qui s'abstenaient des mauvaises actions se sont souciés de ceux qui les faisaient et les ont exhortés à les délaisser, mais ceux-ci ne les ont pas écoutés ; à ce moment une éventuelle calamité terrestre venant sanctionner la forte présence du mal peut les englober tous, mais dans l'au-delà seuls ceux qui sont dans le second groupe seront fautifs. Ce cas de figure est lui aussi concerné par le hadîth relaté par Ibn Omar (que nous avons déjà vu) : "Lorsque Dieu fait descendre une punition sur un peuple, celle-ci touche tous ceux qui y sont. Puis ils seront ressuscités selon leurs actions" : "عن عبد الله بن عمر رضي الله عنهما قال: قال رسول الله صلى الله عليه وسلم: "إذا أنزل الله بقوم عذابا، أصاب العذاب من كان فيهم، ثم بعثوا على أعمالهم" (al-Bukhârî, 6691, Muslim, 2879).

Voir à ce sujet ce qu'a écrit Ibn Hajar (Fat'h ul-bârî 13/76-77, 136).

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VII) Ce qui vient d'être dit au point VI ("le cas C touche parfois également ceux qui n'ont pas commis la faute"), cela s'est produit lors de 2 batailles : celle de Uhud, et celle de Hunayn : il s'est agi de l'erreur d'une minorité seulement de Compagnons (à Uhud, l'entraînement a été de type 3 : "systématique sur le plan de la stratégie militaire") :

--- A Uhud il y eut un manquement dans la 'Amal (un abandon du strict impératif laissé par le Prophète, sur lui soit la paix). Mais ce furent seulement 40 personnes (sur les 50 ayant été désignées au poste) qui désobéirent à cet ordre strict du Prophète (sur lui soit la paix) de demeurer sur la colline. Pourtant cela causa la défaite des 700 Compagnons présents.
Le Prophète avait dit ceci aux 50 archers qu'il avait posté sur la colline : "Ne quittez pas (ce lieu) ! Si vous nous voyez avoir le dessus sur eux, ne partez pas (de là). Et si vous les voyez avoir le dessus sur nous, ne venez pas nous apporter de l'aide" : "وأجلس النبي صلى الله عليه وسلم جيشا من الرماة، وأمر عليهم عبد الله، وقال: "لا تبرحوا! إن رأيتمونا ظهرنا عليهم فلا تبرحوا؛ وإن رأيتموهم ظهروا علينا فلا تعينونا" (al-Bukhârî, 3817) ; "عن البراء بن عازب رضي الله عنهما قال: جعل النبي صلى الله عليه وسلم على الرجالة يوم أحد، وكانوا خمسين رجلا عبد الله بن جبير، فقال: "إن رأيتمونا تخطفنا الطير، فلا تبرحوا مكانكم هذا، حتى أرسل إليكم، وإن رأيتمونا هزمنا القوم وأوطأناهم، فلا تبرحوا حتى أرسل إليكم." فهزموهم، قال: فأنا والله رأيت النساء يشتددن، قد بدت خلاخلهن وأسوقهن، رافعات ثيابهن. فقال أصحاب عبد الله بن جبير: "الغنيمة أي قوم الغنيمة، ظهر أصحابكم فما تنتظرون؟" فقال عبد الله بن جبير: "أنسيتم ما قال لكم رسول الله صلى الله عليه وسلم؟" قالوا: "والله لنأتين الناس، فلنصيبن من الغنيمة." فلما أتوهم صرفت وجوههم، فأقبلوا منهزمين" (al-Bukhârî, 2874). 
Mais 40 d'entre eux oublièrent une partie de la phrase, et firent valoir que l'ordre du Prophète était motivé (ma'lûl) par la nécessité de parer au risque que des Mecquois attaquent l'armée musulmane en passant par cette colline. Or, maintenant que les Mecquois étaient en déroute, ce risque n'existait plus, et ils pouvaient donc quitter leur poste : la 'illa n'étant plus présente, le hukm ne s'appliquait plus. Ils dirent : "ظهر أصحابكم فما تنتظرون؟" : "Les vôtres [= les nôtres] ont eu le dessus ! Qu'attendez-vous ?" (al-Bukhârî, 2874).
Leur chef ainsi que 9 autres les supplièrent de ne rien faire de tel, mais, convaincus de la rectitude de leur raisonnement, ces 40 partirent.
On connaît la suite : Khâlid ibn ul-Walîd, alors encore polythéiste, remarqua que la colline s'était dégarnie, se faufila alors avec un petit nombre d'ennemis jusqu'à elle, vint facilement à bout des 10 musulmans restés postés là, prit possession d'elle, puis, de là, tomba à revers sur les musulmans, et le début de la victoire de ceux-ci se transforma en défaite.
Dieu a rappelé aux Compagnons cet épisode en ces termes : "وَلَقَدْ صَدَقَكُمُ اللّهُ وَعْدَهُ إِذْ تَحُسُّونَهُم بِإِذْنِهِ حَتَّى إِذَا فَشِلْتُمْ وَتَنَازَعْتُمْ فِي الأَمْرِ وَعَصَيْتُم مِّن بَعْدِ مَا أَرَاكُم مَّا تُحِبُّونَ مِنكُم مَّن يُرِيدُ الدُّنْيَا وَمِنكُم مَّن يُرِيدُ الآخِرَةَ ثُمَّ صَرَفَكُمْ عَنْهُمْ لِيَبْتَلِيَكُمْ وَلَقَدْ عَفَا عَنكُمْ وَاللّهُ ذُو فَضْلٍ عَلَى الْمُؤْمِنِينَ" (Coran 3/152), leur rappelant qu'Il avait rempli Sa promesse, mais leur reprochant ensuite d'"avoir divergé" [alors que l'impératif du Prophète ne permettait aucune divergence tant il était explicite et clair] et d'"avoir désobéi", ce qui fait qu'Il leur a retiré Son Aide. Ensuite Il dit leur avoir accordé Son Pardon.
Dans le même passage, Dieu leur dit ceci : "أَوَلَمَّا أَصَابَتْكُم مُّصِيبَةٌ قَدْ أَصَبْتُم مِّثْلَيْهَا قُلْتُمْ أَنَّى هَذَا قُلْ هُوَ مِنْ عِندِ أَنْفُسِكُمْ" : "Et est-ce que, lorsqu'une difficulté vous a atteints alors que vous aviez infligé deux fois son semblable, vous avez dit : "D'où cela (provient-il) ?" Dis : "Cela provient de vous-mêmes"" (Coran 3/165).
Dans le même passage, ailleurs, Il console cependant tous les Compagnons et met en avant ce que ce malheur contient de bienfaits.

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--- Et, à Hunayn, il y eut un manquement dans le Kamâlu Tawhîd illâh fi-r-Rubûbiyya. Mais ce furent seulement quelques personnes qui exprimèrent se reposer sur la supériorité numérique de l'armée musulmane, et "oublièrent" quelque peu que la victoire provient de Dieu. Ce seul fait causa dans un premier temps, avec une attaque en embuscade menée à l'armée ennemie (4000 hommes), un recul des plus de 10 000 Compagnons présents (sans compter les Tulaqâ' également présents). Ensuite ils se ressaisirent et revinrent, et Dieu leur donna la victoire.
Dieu leur rappelle cet épisode dans sourate at-Tawba : "لَقَدْ نَصَرَكُمُ اللّهُ فِي مَوَاطِنَ كَثِيرَةٍ وَيَوْمَ حُنَيْنٍ إِذْ أَعْجَبَتْكُمْ كَثْرَتُكُمْ فَلَمْ تُغْنِ عَنكُمْ شَيْئًا وَضَاقَتْ عَلَيْكُمُ الأَرْضُ بِمَا رَحُبَتْ ثُمَّ وَلَّيْتُم مُّدْبِرِينَ" : "Et Dieu vous a aidés en de nombreux lieux, ainsi qu'au jour de Hunayn, lorsque votre grand nombre vous plut, alors elle ne vous servit à rien, et la terre se resserra sur vous malgré sa largesse, ensuite vous tournâmes le dos" (Coran 9/25).

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Dans ces deux passages on trouve le fait d'avoir attribué à tout le groupe l'action faite par certains d'entre eux seulement.

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Dans le passage suivant : "وَإِن تُصِبْهُمْ حَسَنَةٌ يَقُولُواْ هَذِهِ مِنْ عِندِ اللّهِ وَإِن تُصِبْهُمْ سَيِّئَةٌ يَقُولُواْ هَذِهِ مِنْ عِندِكَ قُلْ كُلًّ مِّنْ عِندِ اللّهِ فَمَا لِهَؤُلاء الْقَوْمِ لاَ يَكَادُونَ يَفْقَهُونَ حَدِيثًا. مَّا أَصَابَكَ مِنْ حَسَنَةٍ فَمِنَ اللّهِ وَمَا أَصَابَكَ مِن سَيِّئَةٍ فَمِن نَّفْسِكَ وَأَرْسَلْنَاكَ لِلنَّاسِ رَسُولاً وَكَفَى بِاللّهِ شَهِيدًا " (Coran 4/78-79).
Au sein du verset 4/78, à partir de la seconde phrase, Dieu parle de façon certaine d'Hypocrites : "Si une réussite les touche (comme à Badr), ils disent : "Ces victoires ont été une pure Faveur de Dieu, car sur le plan temporel, Muhammad n'a enchaîné que les erreurs". Et, justement, si une défaite les atteint (comme à Uhud), ils disent : "Ces défaites ne sont que normalité, vu que Muhammad n'a enchaîné que des erreurs"" : قيل: المراد بالحسنة الظفر والغنيمة يوم بدر، وبالسيئة القتل والهزيمة يوم أحد؛ ومعنى {من عندك}: أنت الذي حملتنا عليه يا محمد. فعلى هذا القول يكون هذا إخبارا عن المنافقين خاصة" (Tafsîr ul-Khâzin).

En guise de réponse, il fut, au verset 4/78, dit au Prophète de leur rappeler tout d'abord : "Tout ce qui se passe [victoires comme défaites] l'est de la part de Dieu" [= a été voulu par Lui pour une raison précise].
Puis, au verset 4/79, il fut dit au Prophète : "Ce qui t'a atteint de [réussite, lors de par exemple la bataille de Badr], cela est [en effet] dû à [la Faveur de] Dieu ; et ce qui t'a atteint de [revers, comme par exemple lors de la bataille de Uhud], cela est dû à [la Khata' de] toi [= toi personnellement, ou certains des humains qui sont à tes côtés]" : "{قُلْ} أي قل لهم يا محمد {كُلٌّ مِنْ عِنْدِ اللَّهِ} يعني الحسنة والسيئة والخصب والجدب والغنيمة والهزيمة والظفر والقتل. فأما الحسنة فإنعام من الله، وأما السيئة فابتلاء منه" (Tafsîr ul-Khâzin). "وقيل في معنى الآية: {ما أصابك من حسنة} أي النصر والظفر يوم بدر {فمن الله} أي من فضل الله، {وما أصابك من سيئة} أي من قتل وهزيمة يوم أحد {فمن نفسك} يعنى فبذنوب أصحابك وهو مخالفتهم إياك. فإن قلت: كيف وجه الجمع بين قوله تعالى {قل كل من عند الله} وبين قوله {وما أصابك من سيئة فمن نفسك} فأضاف السيئة إلى فعل العبد في هذه الآية؟ قلت: أما إضافة الأشياء كلها إلى الله تعالى في قوله: {قُلْ كُلٌّ مِنْ عِنْدِ اللَّهِ}، فعلى الحقيقة، لأن الله تعالى وهو خالقها وموجدها؛ وأما إضافة السيئة إلى فعل العبد، فعلى المجاز، تقديره: "وما أصابك من سيئة، فمن الله بذنب نفسك عقوبة لك" (Tafsîr ul-Khâzin).

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VIII) Certes, il existe deux hadîths qui présentent la cause de la souffrance des gens du peuple par rapport à la tyrannie de son dirigeant comme étant leurs mauvaises actions. Cependant ,ces deux hadîths sont dha'îf :

- "وعن يحيى بن هاشم عن يونس بن أبي إسحاق عن أبيه قال: قال رسول الله صلى الله عليه وسلم: "كما تكونون كذلك يؤمر عليكم" : "Comme vous serez, ainsi des dirigeants seront établis sur vous" (al-Bayhaqî : Mishkât ul-massâbîh, n° 3717). Ce hadîth est dha'îf, comme al-Bayhaqî l'a lui-même dit ("روى الأحاديث الأربعة البيهقي في شعب الإيمان وقال في حديث يحيى: هذا منقطع وروايته ضعيف").

- "وعن أبي الدرداء قال: قال رسول الله صلى الله عليه وسلم: "إن الله تعالى يقول: "أنا الله لا إله إلا أنا مالك الملوك وملك الملوك قلوب الملوك في يدي؛ وإن العباد إذا أطاعوني حولت قلوب ملوكهم عليهم بالرحمة والرأفة؛ وإن العباد إذا عصوني حولت قلوبهم بالسخطة والنقمة فساموهم سوء العذاب. فلا تشغلوا أنفسكم بالدعاء على الملوك، ولكن اشغلوا أنفسكم بالذكر والتضرع كي أكفيكم ملوككم". رواه أبو نعيم في الحلية" : Dieu dit : "(...) Les serviteurs, lorsqu'ils M'obéissent, Je tourne, vis-à-vis d'eux, les coeurs de leurs rois chargés de miséricorde et de bonté. Et les serviteurs, lorsqu'ils Me désobéissent, Je change, vis-à-vis d'eux, les coeurs de (leurs rois) chargés de colère et de sanction, et alors ils leurs infligent des mauvais traitements" (Abû Nu'aym : Mishkât ul-massâbîh, n° 3721). Ce hadîth est dha'îf jiddan : islamqa.info.

- Tandis que dans le sahîh, ce qui a été cité dans ces deux hadîths dha'îf n'est pas montré systématiquement comme la cause de la tyrannie du gouvernant. En effet, à des gens venus se plaindre des injustices que al-Hajjâj ibn Yûssuf leur faisait subir, Anas ibn Mâlik (que Dieu l'agrée) dit seulement : "Faites preuve de patience, car : "Ne viendra pas sur vous une époque, sans que celle qui vient après soit moins bonne". J'ai entendu cela de votre Prophète, que Dieu l'élève et le salue" : "عن الزبير بن عدي، قال: أتينا أنس بن مالك، فشكونا إليه ما نلقى من الحجاج، فقال: "اصبروا، فإنه "لا يأتي عليكم زمان إلا الذي بعده شر منه، حتى تلقوا ربكم": سمعته من نبيكم صلى الله عليه وسلم" (al-Bukhârî, 6657).

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IX) Ne pas voir systématiquement "une punition" dans le malheur qui touche celui qu'on n'aime pas (alors même qu'aucun indice sérieux ne vient étayer qu'il s'agit bien d'une punition), tout en présentant ce qui touche notre personne ou nos proches comme n'étant qu'"une épreuve, par laquelle Dieu élève ceux qu'Il aime" :

En effet, voilà une façon de se comporter qui n'est pas très objective, sans compter qu'elle exprime qu'on se croit "au-dessus des autres, car choisi et élu par Dieu"...

Wallâhu A'lam (Dieu sait mieux).

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