La Révélation de Dieu (الوحي) - Les différents moyens par lesquels Dieu parle à un humain pendant que ce dernier vit cette vie actuelle (في حياته الدنيويّة)

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Introduction :

De la différence entre le fait de Parler de façon accessible à tous, et le Wah'y :

Dieu dira à tous les humains rassemblés dans la Plaine du Jugement, d'une Voix que tous entendront, proches et lointains : "Je suis le Roi, Je suis Celui qui prend les comptes" : "عن عبد الله بن أنيس قال: سمعت النبي صلى الله عليه وسلم يقول: "يحشر الله العباد، فيناديهم بصوت يسمعه من بعد كما يسمعه من قرب: "أنا الملك، أنا الديان" (cité par al-Bukhârî dans son Jâmi' Sahîh, et rapporté par lui dans son Khalqu af'âl il-'ibâd, n° 364). Ibn Hajar a, en FB 13/559, authentifié ce hadîth, alors que, en FB 1/229, il avait écrit autre chose) (voir aussi Mukhtasar as-Sawâ'ïq il-mursala, p. 632-638). Après avoir rapporté ce hadîth, al-Bukhârî écrit : إن الله عز وجل ينادي بصوت يسمعه من بعد كما يسمعه من قرب، فليس هذا لغير الله عز وجل ذكره. قال أبو عبد الله: وفي هذا دليل أن صوت الله لا يشبه أصوات الخلق، لأن صوت الله جل ذكره يسمع من بعد كما يسمع من قرب، وأن الملائكة يصعقون من صوته، فإذا تنادى الملائكة لم يصعقوا. وقال عز وجل: {فلا تجعلوا لله أندادا} فليس لصفة الله ند، ولا مثل، ولا يوجد شيء من صفاته في المخلوقين" : "Et Dieu appellera [à ce moment-là] par une Voix qu'entendra celui qui est éloigné comme l'entendra celui qui est proche. Cela n'appartient à nul autre que Dieu, noble et majestueux est Son souvenir. Et il y a en cela la preuve que la Voix de Dieu (sawt ullâh) ne ressemble pas aux voix des créatures" (Khalqu af'âl il-'ibâd, après la relation n° 364).

Mais cette Action que Dieu fera de Parler à tous les humains, cela ne sera pas du Wah'y.

Le Wah'y consiste en un mode de transmission d'un message provenant d'un être se trouvant dans la dimension du Ghayb vers un être se trouvant dans la dimension de la Shâhada (ou parfois, provenant d'un être du Ghayb à un autre être du Ghayb), mode qui fait de cette transmission quelque chose de dissimulé (خفي, khafî) par rapport aux autres êtres.

C'est bien pourquoi, ce qui est dit au verset qui va suivre (lequel parle des 3 seules voies par lesquelles Dieu parle à des humains), cela concerne la vie terrestre des hommes (comme rappelé par Ibn Kathîr : "والآية إنما هي في الدار الدنيا" : Tafsîr Ibn Kathîr, et at-Thânwî : "كسى بشر كى (حالتِ موجوده میں) یہ شان نہیں" : Bayân ul-qur'ân).
Voici ce verset :
"وَمَا كَانَ لِبَشَرٍ أَن يُكَلِّمَهُ اللَّهُ إِلَّا وَحْيًا أَوْ مِن وَرَاء حِجَابٍ أَوْ يُرْسِلَ رَسُولًا فَيُوحِيَ بِإِذْنِهِ مَا يَشَاء"
"Un être humain n'en était pas à ce que Dieu lui parle, excepté : - [A] par inspiration* [faite dans le cœur de cet humain], - [B] ou derrière un voile, - [C] ou bien [par le fait qu']Il envoie un messager [ange] qui révèle** par Sa permission ce qu'Il veut [à cet humain]"
(Coran 42/51)
* "وحيا": قال مجاهد: نفث ينفث في قلبه، فيكون إلهاما"" (Tafsîr ul-Qurtubî) ; ** c'est l'ange qui est sujet de cette action (Fat'h ul-Qadîr).

La Voie A constitue (au sein du Tak'lîm ullâh al-khafî général) le Wah'y au sens le plus particulier du terme (et ce car c'est, des trois voies, celle constituant le mode le plus dissimulé) ; et la Voie B constitue (au sein du Wah'y général) le Tak'lîm au sens le plus particulier du terme (et ce parce que c'est, des trois voies, celle où le fait de parler apparaît le plus). Nous reviendrons sur ce point plus bas, en II.

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De même, quand Dieu parle directement à Gabriel, qui entend Ses Paroles, le Créateur ne fait pas là Wah'y à cet ange.
Pourtant, Il dit qu'Il a fait Wah'y aux 1000 anges envoyés secourir les croyants à Badr : "إِذْ يُوحِي رَبُّكَ إِلَى الْمَلآئِكَةِ أَنِّي مَعَكُمْ فَثَبِّتُواْ الَّذِينَ آمَنُواْ سَأُلْقِي فِي قُلُوبِ الَّذِينَ كَفَرُواْ الرَّعْبَ فَاضْرِبُواْ فَوْقَ الأَعْنَاقِ وَاضْرِبُواْ مِنْهُمْ كُلَّ بَنَانٍ" (Coran 8/12). C'est parce qu'ici Dieu leur a fait parvenir ce message soit par inspiration, soit par le truchement d'un ange (peut-être Gabriel, lequel, bien qu'alors lui aussi envoyé alors à Badr, n'est pas visé par ce propos) : "ووحي الله إلى الملائكة: إما بإلهام أو بإرسال بعض إلى بعض" (Tafsîr Ibn 'Atiyya).

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--- Comme nous venons de le voir, le Wah'y de la part de Dieu, c'est l'action de parler de façon dissimulée. Cela a été exprimé dans le Coran par le nom d'action à la forme simple (mujarrad) dans ce verset : "وَاصْنَعِ الْفُلْكَ بِأَعْيُنِنَا وَوَحْيِنَا" (Coran 11/37) : "ووحينا} أي: وتعليمنا لك ماذا تصنعه" (Tafsîr Ibn Kathîr) ; "ووحينا} بأمرنا" (Tafsîr ul-Baghawî). La plupart du temps, cette action est exprimée dans le Coran par le verbe à la forme augmentée (mazîd fîh) (Îhâ', groupe : "If'âl"), comme dans par exemple : "وَكَذَلِكَ أَوْحَيْنَا إِلَيْكَ قُرْآنًا عَرَبِيًّا" (Coran 42/7).
--- Cependant, le même terme Wah'y est parfois employé pour désigner (cette fois au sens figuré, تسمية المفعول باسم الفعل، أو: علاقة سببية) : le message transmis par ce moyen ; il s'agit en fait du Kalâm Muhâ : la parole ainsi révélée. C'est le cas dans ce verset : "قُلْ إِنَّمَا أُنذِرُكُم بِالْوَحْيِ" (Coran 21/45) : "بالقرآن الذي أوحي إلي" (Al-Wajîz, al-Wâhidî) ; c'est aussi le cas dans cet autre verset : "وَمَا يَنطِقُ عَنِ الْهَوَى إِنْ هُوَ إِلَّا وَحْيٌ يُوحَى" (Coran 53/3-4) (qui évoque les paroles constituant le Coran : Irshâd ul-fuhûl, pp. 834-835).

--- Quand le terme Wah'y possède ce sens figuré, beaucoup d'humains peuvent dire : "Le Wah'y m'est parvenu", voulant signifier : "Le texte du Coran est parvenu jusqu'à moi aussi, retransmis par d'autres humains".
--- Cependant,
c'est du terme Wah'y avec son sens propre seulement que nous traiterons sur cette page. Et c'est ce terme Wah'y en son sens propre (et particulier, comme nous le verrons plus bas) qui - lorsqu'il a le nom "Dieu" pour sujet - est propre aux prophètes parmi les humains.
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أما الوحي بمعناه الحقيقي والخاصّ
، فهو مختصّ بأنبياء الله: لا يَتلقّى الوحيَ من الله - بثبوت قطعيّ - إلا أنبياءُه من البشر؛ قال تعالى: {وَإِنَّكَ لَتُلَقَّى الْقُرْآنَ مِن لَّدُنْ حَكِيمٍ عَلِيمٍ}، وقال: {فَتَلَقَّى آدَمُ مِن رَّبِّهِ كَلِمَاتٍ}. فهذا يقال عنه: "إنما أُوْحِيَ إلى الأنبياء". وإطلاق هذا الفعل مع الصلة مختصّ بالأنبياء: {وَمَنْ أَظْلَمُ مِمَّنِ افْتَرَى عَلَى اللّهِ كَذِبًا أَوْ قَالَ أُوْحِيَ إِلَيَّ وَلَمْ يُوحَ إِلَيْهِ شَيْءٌ وَمَن قَالَ سَأُنزِلُ مِثْلَ مَا أَنَزلَ اللّهُ}.
لكن يقال: "بَلغَنا الوحيُبمعنى المُوحَى (مجازًا، تسمية المفعول باسم الفعل، أو: علاقة سببيّة)؛ فهذا صحيح، فقد قال الله تعالى: {قُلْ أَيُّ شَيْءٍ أَكْبَرُ شَهَادةً قُلِ اللّهِ شَهِيدٌ بِيْنِي وَبَيْنَكُمْ وَأُوحِيَ إِلَيَّ هَذَا الْقُرْآنُ لأُنذِرَكُم بِهِ وَمَن بَلَغَ}، وقال: {قُلْ إِنَّمَا أُنذِرُكُم بِالْوَحْيِ}.

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Les facultés de perception humaine :

L'homme est un être doté de facultés de perception qui ne se limitent pas à ses cinq sens : ceux-ci sont nécessaires et sont liés à la matière, mais l'homme dispose aussi de la faculté d'entrer en contact avec le monde dit du Ghayb.

Il est cependant des hommes qui canalisent cette faculté vers les "esprits" (en arabe : "djinns"), et ceux-ci leur dictent ce qu'ils attendent d'eux ou de certains autres humains (ainsi s'expliquent les cas des chamanes, de la pythie, etc.) : l'islam désapprouve ces actes, qu'il qualifie de contraires au monothéisme.

L'islam considère par contre que les rêves véridiques relèvent d'un message venant de la part de Dieu ("bushrâ min ar-Rahmân" ; "juz'un min sittin wa arba'îna juz'an min an-nubuwwa"), de même que l'inspiration ("qad kâna fî mâ qablakum min al-umami nâssun muhaddathûn").

L'islam enseigne aussi que Dieu a parlé à des hommes qu'Il a choisis, les prophètes. L'islam enseigne également que pour un croyant, la Parole que Dieu a communiquée au prophète dont l'époque a cours, cette Parole a priorité sur les inspirations et les rêves : ceux-ci ne peuvent être pris en compte que dans le cadre offert par ce message, c'est-à-dire qu'ils ne peuvent ni rendre permis ce que le message du prophète a interdit, ni instituer un point de croyance ou un acte cultuel à propos duquel elle n'a rien enseigné.

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I) Les différents sens du terme "Wah'y" :

Le Wah'y que Dieu a fait à l'abeille de prendre telle demeure de telle et telle chose, et de manger de tous fruits, que Dieu évoque dans ce verset : "وأوحى ربك إلى النحل" (Coran 16/68), cette inspiration que Dieu a faite à l'abeille consiste à avoir créé en elle ce savoir-faire ; et pas à lui avoir parlé.

De même, ce que le terme "ilhâm" présent dans ce second verset : "وَنَفْسٍ وَمَا سَوَّاهَا فَأَلْهَمَهَا فُجُورَهَا وَتَقْوَاهَا" (Coran 91/7-8) désigne, cela n'est pas la même chose que ce que le "ilhâm" signifié par le terme "wah'y" présent dans ce troisième verset : "وَمَا كَانَ لِبَشَرٍ أَن يُكَلِّمَهُ اللَّهُ إِلَّا وَحْيًا أَوْ مِن وَرَاء حِجَابٍ أَوْ يُرْسِلَ رَسُولًا فَيُوحِيَ بِإِذْنِهِ مَا يَشَاء" (Coran 42/51) ("وحيا": قال مجاهد: نفث ينفث في قلبه فيكون إلهاما"" : Tafsîr ul-Qurtubî) désigne : dans le second verset, il désigne de nouveau le fait d'avoir créé en l'homme l'aptitude à reconnaître le bien et le mal ; alors que dans le troisième, il désigne le fait d'inspirer un message à quelqu'un.

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En fait, le terme arabe "Wah'y" signifie littéralement : "faire connaître de façon discrète et rapide" : "الإعلام السريع الخفي". Ce sens littéral entraîne, de par sa globalité, que le terme s'applique à des réalités diverses :

--- "قوله تعالى: وأوحى ربك إلى النحل قد مضى القول في الوحي وأنه قد يكون بمعنى الإلهام، وهو ما يخلقه الله تعالى في القلب ابتداء من غير سبب ظاهر. وهو من قوله تعالى: "ونفس وما سواها فألهمها فجورها وتقواها." ومن ذلك البهائم وما يخلق الله سبحانه فيها من درك منافعها واجتناب مضارها وتدبير معاشها. وقد أخبر عز وجل بذلك عن الموات فقال: "تحدث أخبارها بأن ربك أوحى لها" (Tafsîr ul-Qurtubî).
--- "قوله: {وأوحى ربك إلى النحل} يقال: وحى وأوحى، وهو الإلهام؛ والمراد من الإلهام: أنه تعالى قرر في أنفسها هذه الأعمال العجيبة التي تعجز عنها العقلاء من البشر" (Tafsîr ur-Râzî) ; et, un peu plus loin : "واعلم أن الوحي قد ورد في حق الأنبياء لقوله تعالى: {وما كان لبشر أن يكلمه الله إلا وحيا}، وفي حق الأولياء أيضا قال تعالى: {وإذ أوحيت إلى الحواريين}؛ وبمعنى الإلهام في حق البشر قال تعالى: {وأوحينا إلى أم موسى}، وفي حق سائر الحيوانات كما في قوله: {وأوحى ربك إلى النحل}. ولكل واحد من هذه الأقسام معنى خاص" (Tafsîr ur-Râzî).

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Nous avons dès lors les différents sens suivants
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le wah'y au sens littéral : "faire savoir de façon rapide et discrète" (الإعلام السريع الخفي) : c'est avec ce sens littéral que le terme a été employé dans ce verset, qui évoque le prophète Zacharie de Abba : "فَخَرَجَ عَلَى قَوْمِهِ مِنَ الْمِحْرَابِ فَأَوْحَى إِلَيْهِمْ أَن سَبِّحُوا بُكْرَةً وَعَشِيًّا" (Coran 19/11) : cela consista en un geste de sa main, ou en le fait de montrer un écrit de sa part (voir les commentaires), conformément à ce qui a été dit dans cet autre verset : pendant trois jours il ne pourrait communiquer avec les hommes que par signe : "قَالَ رَبِّ اجْعَل لِّيَ آيَةً قَالَ آيَتُكَ أَلاَّ تُكَلِّمَ النَّاسَ ثَلاَثَةَ أَيَّامٍ إِلاَّ رَمْزًا وَاذْكُر رَّبَّكَ كَثِيرًا وَسَبِّحْ بِالْعَشِيِّ وَالإِبْكَارِ" (Coran 3/61) ;
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le wah'y au sens shar'î : "التعليم الخفي" : "enseigner de façon discrète" :
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–--- au sens très général :
"le fait qu'un être enseigne, de façon dissimulée, quelque chose à un autre" (فيشمل هذا المعنى التعريف الضروري والتكليم) : c'est avec ce sens général que le terme a été employé dans par exemple ce verset : أوحى ربك إلى النحل" (Coran 16/68) ; 
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–--- en un sens plus particulier : "le fait qu'un être parle à quelqu'un d'une façon qui est dissimulée des autres" (تكليم الشخص أحدًا بطريق خفي) : c'est avec ce sens que le terme est employé dans (entre autres) ce verset : "وَإِنَّ الشَّيَاطِينَ لَيُوحُونَ إِلَى أَوْلِيَآئِهِمْ لِيُجَادِلُوكُمْ" (Coran 6/121).

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Dans le cas où l'être qui fait le Wah'y est Dieu : 

Il y a :
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le Wah'y au sens shar'î (التعليم الخفي الصادر من الله إلى أحد من خلقه) :
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–--- au sens très général : "le fait que Dieu enseigne quelque chose directement à quelqu'un"(فيشمل هذا المعنى التعريف الضروري والتكليم) : Dieu a placé en l'abeille des enseignements précis, des choses à réaliser : أوحى ربك إلى النحل" (Coran 16/68) ; 

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–--- en un sens plus particulier : "le fait que Dieu parle à quelqu'un d'une façon qui est dissimulée des autres"("تكليم الله أحدًا من خلقه بطريق خفي") :
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–--------- soit par le moyen d'une parole audible (mais pas par tout un chacun) :
–------------ prononcée devant un messager chargé de délivrer cette parole à son destinataire : "إِنْ هُوَ إِلَّا وَحْيٌ يُوحَى عَلَّمَهُ شَدِيدُ الْقُوَى ذُو مِرَّةٍ فَاسْتَوَى وَهُوَ بِالْأُفُقِ الْأَعْلَى ثُمَّ دَنَا فَتَدَلَّى فَكَانَ قَابَ قَوْسَيْنِ أَوْ أَدْنَى فَأَوْحَى إِلَى عَبْدِهِ مَا أَوْحَى مَا كَذَبَ الْفُؤَادُ مَا رَأَى أَفَتُمَارُونَهُ عَلَى مَا يَرَى" (Coran 53/4-12) ;
–------------ prononcée directement devant le destinataire : "وَأَنَا اخْتَرْتُكَ فَاسْتَمِعْ لِمَا يُوحَى إِنَّنِي أَنَا اللَّهُ لَا إِلَهَ إِلَّا أَنَا فَاعْبُدْنِي وَأَقِمِ الصَّلَاةَ لِذِكْرِي" (Coran 20/13-14) ;
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–--------- soit par le moyen d'une inspiration (c'est ce qui constitue le "
Wah'y" en son sens extrêmement particulier) :
–------------ et cela est, de façon supposée (
zanniyyan), connu comme provenant de Dieu : "وَإِذْ أَوْحَيْتُ إِلَى الْحَوَارِيِّينَ أَنْ آمِنُواْ بِي وَبِرَسُولِي قَالُوَاْ آمَنَّا وَاشْهَدْ بِأَنَّنَا مُسْلِمُونَ" (Coran 5/111) ;
–------------ et cela est, de façon certaine (
qat'iyyan), connu comme provenant de Dieu ; ici du Wah'y fait aux prophètes : "إِنَّا أَوْحَيْنَا إِلَيْكَ كَمَا أَوْحَيْنَا إِلَى نُوحٍ وَالنَّبِيِّينَ مِن بَعْدِهِ" (Coran 4/163) ; et ici du Wah'y fait au millier d'anges envoyés à Badr : "إِذْ يُوحِي رَبُّكَ إِلَى الْمَلآئِكَةِ أَنِّي مَعَكُمْ فَثَبِّتُواْ الَّذِينَ آمَنُواْ سَأُلْقِي فِي قُلُوبِ الَّذِينَ كَفَرُواْ الرَّعْبَ فَاضْرِبُواْ فَوْقَ الأَعْنَاقِ وَاضْرِبُواْ مِنْهُمْ كُلَّ بَنَانٍ" (Coran 8/12) : "ووحي الله إلى الملائكة: إما بإلهام أو بإرسال بعض إلى بعض" (Tafsîr Ibn 'Atiyya).

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Pour ce qui est du verset qui dit que le Jour du Jugement la Terre racontera ce que les humains avaient commis, de bien, et de mal, sur sa surface, "à cause du fait que Dieu lui aura fait Wah'y" : "يَوْمَئِذٍ تُحَدِّثُ أَخْبَارَهَا بِأَنَّ رَبَّكَ أَوْحَى لَهَا" (Coran 99/4-5), le terme "Wah'y" y signifie :
--- soit le fait que Dieu lui aura fait alors connaître ces informations ;
--- soit le fait que Dieu lui aura alors ordonné d'exprimer ces faits (qu'elle connaissait déjà, pour les avoir simplement constatés de la part des humains qui vivaient sur son dos).
"عن سفيان {يومئذ تحدث أخبارها} قال: "ما عمل عليها من خير أو شر"، {بأن ربك أوحى لها} قال: "أعلمها ذلك" (Tafsîr ut-Tabarî) ; "عن مجاهد {بأن ربك أوحى لها} قال: "أمَرها" (Tafsîr ut-Tabarî) ; "بِأَنَّ رَبَّكَ أَوْحى لَها} أي أمَرها بالكلام وأذِن لها فيه" (Tafsîr uth-Tha'labî) ; "بأن ربك أوحى لها} أي أمَرها بالكلام وأذِن لها بأن تخبر بما عمل عليها" (Tafsîr ul-Baghawî). "وقوله تعالى: {بِأَنَّ رَبَّكَ أَوْحى لَها} الباء باء السبب" (Tafsîr Ibn 'Atiyya) ; "السؤال الأول: بم تعلقت الباء في قوله: بأن ربك؟ الجواب: بتحدث، ومعناه تحدث أخبارها بسبب إيحاء ربك لها" (Tafsîr ur-Râzî).

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Certains anges font-ils eux aussi le Wah'y ? 

Le message provenant de Dieu et adressé à un humain, quand l'ange chargé de le délivrer à cet humain le lui délivre, on peut effectivement dire que l'ange en a fait Wah'y à cet humain (puisque le mode de transmission en fait un message dissimulé, qui n'est pas directement accessible aux autres êtres). Et, vu que ce message provient de Dieu, on dit évidemment aussi que Dieu en a fait Wah'y à cet humain.

On trouve cette idée du Wah'y fait par l'ange dans cette partie du verset coranique 42/51 : "أَوْ يُرْسِلَ رَسُولًا فَيُوحِيَ بِإِذْنِهِ مَا يَشَاء" (ce verset sera évoqué et commenté plus bas).
On la trouve aussi dans le verset (d'après l'un de ses commentaires) : "فَأَوْحَى إِلَى عَبْدِهِ مَا أَوْحَى" (Coran 53/10) ; le pronom qui est sujet de "awhâ" renvoie soit à "Allah", soit à l'ange évoqué dans le passage ; quant à "'abdi-hî", il évoque, si on retient la première option : soit le prophète Muhammad, soit l'ange ; et si on retient la seconde option, alors cela évoque le Prophète (voir Tafsîr ul-Qurtubî, ou encore Fat'h ul-qadîr). Selon l'un de ces commentaires, ce qui est signifié ici est donc : l'Ange Gabriel fit alors Wah'y au Serviteur de Dieu - Muhammad (sur lui soit la paix) - de ce dont il lui fit Wah'y, c'est-à-dire : du message qu'il fut chargé de lui délivrer à ce moment-là.

Par ailleurs, au verset suivant (qui parle des 1000 anges envoyés à Badr), on trouve évocation possible du fait que certains messages de Dieu aient été transmis à des anges par d'autres (ou un autre) ange(s) : "إِذْ يُوحِي رَبُّكَ إِلَى الْمَلآئِكَةِ أَنِّي مَعَكُمْ فَثَبِّتُواْ الَّذِينَ آمَنُواْ سَأُلْقِي فِي قُلُوبِ الَّذِينَ كَفَرُواْ الرَّعْبَ فَاضْرِبُواْ فَوْقَ الأَعْنَاقِ وَاضْرِبُواْ مِنْهُمْ كُلَّ بَنَانٍ" (Coran 8/12) : "ووحي الله إلى الملائكة: إما بإلهام أو بإرسال بعض إلى بعض" (Tafsîr Ibn 'Atiyya). Cependant, même si ce fu(ren)t un(des) ange(s) qui retransmirent le message de Dieu à ces 1000 anges, il n'y a pas été dit que cet(ces) ange(s) fi(ren)t alors Wah'y : il a seulement été dit ici que Dieu "fit Wah'y à ces [1000] anges" pour leur dire telle chose.

D'ailleurs le Créateur a dit : "Dieu choisit parmi les anges des Messagers, de même que parmi les humains. Dieu est Celui qui entend, Celui qui voit" : "اللَّهُ يَصْطَفِي مِنَ الْمَلَائِكَةِ رُسُلًا وَمِنَ النَّاسِ إِنَّ اللَّهَ سَمِيعٌ بَصِيرٌ" (Coran 22/75).

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Récapitulatif...

--- Tout Tak'lîm consiste aussi en un Ta'lîm.

--- Cependant, tout Ta'lîm n'est pas toujours le résultat d'un Tak'lîm (même au sens général du terme) (car il se peut que le Ta'lîm se soit fait par la simple création, en le for intérieur, des éléments qui ont été sus, sans flux : "والذين قالوا إنها توقيفية تنازعوا: هل التوقيف بالخطاب أو بتعريف ضروري أو كليهما؟ فمن قال: إنها توقيفية وإن التوقيف بالخطاب فإنه ينبني على ذلك أن يقال: إنها غير مخلوقة؛ لأنها كلها من كلام الله تعالى. لكن نحن نعلم قطعا أن في أسماء الأعلام ما هو مرتجل وضعه الناس ابتداء فيكون التردد في أسماء الأجناس. وأيضا فإن تعليم الله لآدم بالخطاب لا يوجب بقاء تلك الأسماء بألفاظها في ذريته" : MF 12/447).

Il y a donc :

--- le Ta'rîf dharûrî qui n'est pas du Tak'lîm, mais du Khalq : de la création d'informations (ما يخلقه الله تعالى في القلب ابتداء من غير سبب ظاهر).
Certes, cela aussi a été appelé Wah'yIlhâm, mais c'est au sens très général de ce terme.
C'est le cas pour ce que Dieu a créé en le for intérieur de l'homme de connaissance globale du bien et du mal : "وَنَفْسٍ وَمَا سَوَّاهَا فَأَلْهَمَهَا فُجُورَهَا وَتَقْوَاهَا" (Coran 91/7-8) : "قوله تعالى: فألهمها أي عرّفها، كذا روى ابن أبي نجيح عن مجاهد: أي عرّفها طريق الفجور والتقوى. وقال ابن عباس وعن مجاهد أيضا: عرّفها الطاعة والمعصية. (...) وقال الفراء: فألهمها قال: عرّفها طريق الخير وطريق الشر، كما قال: وهديناه النجدين" (Tafsîr ul-Qurtubî) ; "قوله: {فألهمها فجورها وتقواها}: الإلهام: إيقاع الشيء في النفس" (Zâd ul-massîr).
C'est aussi le cas pour l'abeille : "وَأَوْحَى رَبُّكَ إِلَى النَّحْلِ أَنِ اتَّخِذِي مِنَ الْجِبَالِ بُيُوتًا وَمِنَ الشَّجَرِ وَمِمَّا يَعْرِشُونَ ثُمَّ كُلِي مِن كُلِّ الثَّمَرَاتِ فَاسْلُكِي سُبُلَ رَبِّكِ ذُلُلاً" (Coran 16/68-69) : "قوله تعالى: {وأوحى ربك إلى النحل}: قد مضى القول في الوحي وأنه قد يكون بمعنى الإلهام، وهو ما يخلقه الله تعالى في القلب ابتداء من غير سبب ظاهر. وهو من قوله تعالى: "ونفس وما سواها فألهمها فجورها وتقواها." ومن ذلك البهائم وما يخلق الله سبحانه فيها من درك منافعها واجتناب مضارها وتدبير معاشها. وقد أخبر عز وجل بذلك عن الموات فقال: "تحدث أخبارها بأن ربك أوحى لها" (Tafsîr ul-Qurtubî) ; "وأطلق الوحي هنا على التكوين الخفي الذي أودعه الله في طبيعة النحل، بحيث تنساق إلى عمل منظم مرتب بعضه على بعض لا يختلف فيه آحادها، تشبيها للإلهام بكلام خفي يتضمن ذلك الترتيبَ الشبيهَ بعمل المتعلم بتعليم المعلم أو المؤتمر بإرشاد الآمر الذي تلقاه سرا. فإطلاق الوحي استعارة تمثيلية" (At-Tahrîr wa-t-tanwîr) ; "والوحي: الكلام الخفي. ويطلق الوحي على حصول المعرفة في نفس من يراد حصولها عنده دون قول؛ ومنه قوله تعالى حكاية عن زكرياء {فأوحى إليهم} أي أومأ إليهم بما يدل على معنى: {سبحوا بكرة وعشيا}. وقول أبي دؤاد: يرمون بالخطب الطوال وتارة ... وحي الملاحظ خيفة الرقباء. ثم يتوسع فيه فيطلق على إلهام الله تعالى المخلوقات لما تتطلبه مما فيه صلاحها، كقوله: {وأوحى ربك إلى النحل أن اتخذي من الجبال بيوتا} أي جبلها على إدراك ذلك وتطلبه. ويطلق على تسخير الله تعالى بعض مخلوقاته لقبول أثر قدرته، كقوله: {إذا زلزلت الأرض زلزالها} إلى قوله: {بأن ربك أوحى لها}" (At-Tahrîr wa-t-tanwîr, commentaire de Coran 41/12).

--- le Tak'lîm : il s'agit du Wah'y en un sens plus particulier que le précédent (et c'est ce type de Wah'y qui va être détaillé plus bas, en II, et qui est représenté dans le croquis visible en VI) :
------- sans prononciation : le Ilhâm (la voie A qui va être citée ci-après) (c'est cela qui constitue le Wah'y en son sens extrêmement particulier, comme nous le verrons plus bas) ;
------- avec prononciation : le Tak'lîm Lafzî (la voie B et la voie C) (et c'est cela qui constitue du Tak'lîm ullâh au sens particulier du terme : "وَكَلَّمَ اللّهُ مُوسَى تَكْلِيمًا" : "Et Dieu a parlé à Moïse tak'lîman").

Même lorsque le Ta'lîm est le résultat d'un Tak'lîm ullâh, ce que l'homme - fût-il prophète - construit lui-même en prolongeant ce Ta'lîm ijmâlî ne relève pas du Tak'lîm ullâh (même au sens général du terme), puisque étant le produit de l'homme, consistant en l'application du principe ou de la règle enseignée par Dieu.
Et c'est ce qui fait la différence entre le
Kitâb et la partie de la Hikma qui est ghayr mûhâ. : c'est la même différence que celle existant entre Shar' Munazzal et Shar' Mu'awwal.

Dieu ne fait Ilhâm (cela étant alors bien un type de Tak'lîm : "ce qui est insufflé, par flux, dans le for intérieur de l'homme") que de ce qui est un bien tashrî'î : Dieu montre à telle personne la voie de ce bien.
Quant au Ilhâm du mal moral, ce sont les démons qui le font : ils insufflent à la personne des doutes. Même si ce Ilhâm des démons aussi se produit en suivant la Irâda takwîniyya de Dieu, ce n'est jamais Dieu qui insuffle du mal dans le for intérieur de l'homme : ce que Dieu fait c'est qu'Il n'accorde pas à la personne Son Aide et Sa Protection, et les suggestions du démon font tout leur effet sur cette personne.

Il en est de même de la Da'wa ("l'invitation", qui relève toujours du Tak'lîm : soit sans prononciation, soit avec prononciation) : Dieu ne fait que la Da'wa de tous les hommes vers le bien tashrî'î. Ce sont les démons qui font la Da'wa de tous les hommes vers le mal tashrî'î.

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II) Le verset coranique suivant décrit les 3 grandes voies par lesquelles Dieu fait Tak'lîm (Parle) à des humains pendant leur vie terrestre (cette dernière nuance a été rappelée par Ibn Kathîr : "والآية إنما هي في الدار الدنيا", et at-Thânwî : "كسى بشر كى (حالتِ موجوده میں) یہ شان نہیں")

"وَمَا كَانَ لِبَشَرٍ أَن يُكَلِّمَهُ اللَّهُ إِلَّا وَحْيًا أَوْ مِن وَرَاء حِجَابٍ أَوْ يُرْسِلَ رَسُولًا فَيُوحِيَ بِإِذْنِهِ مَا يَشَاء"
"Un être humain n'en était pas à ce que Dieu lui parle, excepté :
- [A] par inspiration* [faite dans le cœur de cet humain],
- [B] ou derrière un voile,
- [C] ou bien [par le fait qu']Il envoie un messager [ange] qui révèle** par Sa permission ce qu'Il*** veut [à cet humain]"
(Coran 42/51)
.
*
"وحيا": قال مجاهد: نفث ينفث في قلبه فيكون إلهاما"" (Tafsîr ul-Qurtubî).
** C'est l'ange qui est sujet de cette action (Fat'h ul-Qadîr).
*** Ce pronom renvoie à Dieu.

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Dans le cas de la Voie A, Dieu n'a pas fait entendre le message au messager humain, Il l'a placé dans son cœur :
----- A.a) soit sous la forme d'images (dans le cas de certains rêves véridiques : ceux qui proviennent de l'ange, ou d'une inspiration de Dieu),
----- A.b) soit par des mots n'ayant pas été prononcés par la Voix.

– Par contre, dans le cas de la Voie B, le messager-humain a entendu directement la Voix de Dieu, derrière un voile.

– Et, dans le cas de la Voie C, c'est l'Ange qui a été chargé de venir apporter le message de Dieu au messager-humain.

Les Falâsifa se réclamant de l'islam ne croient qu'en la Voie A (MF 12/398). C'est cette restriction qui est erronée.

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Kalâm ullâh al-khafî et Wah'y :

Comme nous l'avons vu en tout début d'article - quand Dieu parlera ouvertement à tous les humains rassemblés dans la Plaine du Jugement, cela constituera de la Kalâm ullâh qui ne sera pas du Wah'y : le fait est que cela ne sera pas dissimulé.

Par contre, ce verset 42/51 évoque seulement les voies par lesquelles Dieu parle à un humain durant la vie terrestre de ce dernier...
Ces trois voies A, B et C :
--- constituent bel et bien le fait que Dieu parle à un humain (comme le mot employé par le verset le prouve : Tak'lîm) ;
--- et constituent toutes trois de la révélation (Wah'y) (au sens particulier du terme).

La Parole que Dieu inspire (ilhâm, nafath) à un humain en la plaçant dans le cœur de celui-ci (voie A), tout comme la Parole que Dieu fait entendre à un humain par l'ouïe de celui-ci (comme Moïse) (voie B) toutes deux relèvent de la "Kalâm ullâh", comme le prouve le verset suscité : "وَمَا كَانَ لِبَشَرٍ أَن يُكَلِّمَهُ اللَّهُ إِلَّا وَحْيًا أَوْ مِن وَرَاء حِجَابٍ أَوْ يُرْسِلَ رَسُولًا فَيُوحِيَ بِإِذْنِهِ مَا يَشَاء إِنَّهُ عَلِيٌّ حَكِيمٌ" : "Un être humain n'en était pas à ce que Dieu lui parle, excepté par inspiration [faite dans le cœur de cet humain], ou derrière un voile, ou bien [par le fait qu']Il envoie un messager [ange] qui révèle par Sa permission ce qu'Il veut [à cet humain]" (Coran 42/51).

Parallèlement, la parole que Dieu fait entendre à un humain par l'ouïe de celui-ci, de façon dissimulée (comme ce fut le cas avec Moïse) (voie B), cela aussi est du Wah'y, comme le prouve le verset où Dieu, narrant l'épisode où Il parla à Moïse directement, relate ainsi ce qu'Il lui dit alors : "وَأَنَا اخْتَرْتُكَ فَاسْتَمِعْ لِـمَا يُوحَى إِنَّنِي أَنَا اللَّهُ لَا إِلَهَ إِلَّا أَنَا فَاعْبُدْنِي وَأَقِمِ الصَّلَاةَ لِذِكْرِي" : "Et Je t'ai choisi. Ecoute donc ce qui va être révélé : "Je suis Dieu ; point de divinité à part Moi. Adore-Moi donc et accomplis la prière en souvenir de Moi"" (Coran 20/13-14). Il s'agit ici d'une parole que Moïse entendit directement de Dieu, et pourtant Celui-ci lui dit qu'il s'agit de ce qu'Il lui révèle (mâ yûhâ).

En fait :
--- appréhendés dans leur sens général ('âmm), les termes "Kalâm-ullâh al-khafî" et "Wah'y min-Allâh" sont synonymes (ils sont donc mutassâwî) ;

--- cependant, appréhendés dans leur sens particulier (khâss), ces deux termes ont, chacun, un sens totalement distinct de celui de l'autre (ils sont alors mutabâyin) : ce qui est une kalâm-ullâh au sens particulier du terme ("parole que le prophète entend, par le biais de son ouïe, directement de Dieu") est totalement distinct de ce qui constitue une wah'y min-Allâh au sens particulier du terme ("message que le prophète reçoit, de la part de Dieu, dans son cœur").

C'est bien pourquoi, dans les versets 4/163-164, Dieu :
--- dit d'un côté : "إِنَّا أَوْحَيْنَا إِلَيْكَ كَمَا أَوْحَيْنَا إِلَى نُوحٍ وَالنَّبِيِّينَ مِن بَعْدِهِ" : "Nous avons fait la révélation – wah'y – à toi comme Nous avions fait la révélation à" différents prophètes qu'Il nomme ;
--- et dit d'un autre côté : "وَكَلَّمَ اللّهُ مُوسَى تَكْلِيمًا" : "Et Dieu a parlé à Moïse taklîman".
----- Ce n'est pas que la révélation faite aux autres prophètes que Moïse ne constituerait pas des paroles de Dieu.
----- Ce n'est pas non plus que la parole que Moïse a entendue directement de Dieu (mais de façon dissimulée d'autres êtres présents) ne constituerait pas elle aussi une révélation.
----- C'est que dans ces versets 4/163-164, la mention d'une part que les autres prophètes ont reçu la révélation – wah'y – et d'autre part que Dieu a parlé à Moïse souligne que la révélation faite aux autres prophètes était de type général, et celle faite à Moïse était d'un type particulier (Bayân ul-qur'ân 10/60), la voie B : Moïse a entendu la Voix de Dieu même : "Abdullâh, fils de Ahmad ibn Hanbal, a écrit dans Kitâb us-sunna : "J'ai questionné mon père au sujet de gens qui disent que lorsque Dieu a parlé à Moïse, Il n'a pas parlé par une Voix (Sawt)." Mon père m'a alors dit : "Au contraire, Il a parlé par une Voix""" : "وقد قال عبد الله بن أحمد بن حنبل في كتاب السنة: "سألت أبي عن قوم يقولون: "لما كلم الله موسى لم يتكلم بصوت"؟ فقال لي أبي: "بل تكلم بصوت" (Fat'h ul-bârî 13/562).

Ibn Taymiyya écrit ainsi :
"وقد دل كتاب الله على أن اسم الوحي والكلام في كتاب الله فيهما عموم وخصوص. فإذا كان أحدهما عاما، اندرج فيه الآخر؛ كما اندرج الوحي [الخاص] في التكليم العام في هذه الآية [42/51]؛ واندرج التكليم [الخاص] [4/164] في الوحي العام حيث قال تعالى: {فاستمع لما يوحى}. وأما التكليم الخاص الكامل فلا يدخل فيه الوحي الخاص الخفي الذي يشترك فيه الأنبياء وغيرهم؛ كما أن الوحي المشترك الخاص لا يدخل فيه التكليم الخاص الكامل" (MF 12/402).

Comme nous l'avions dit en début d'article, la Voie A constitue (au sein du Tak'lîm ullâh al-khafî général) le Wah'y au sens le plus particulier du terme (donc par excellence) ; et la Voie B constitue (au sein du Wah'y général) le Tak'lîm ullâh au sens le plus particulier du terme (donc par excellence).

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III) Ensuite, en ce qui concerne l'être humain :

Pour ce qui est des voies B et C, elles sont réservées aux prophètes.

Quant à la voie A, c'est dans sa dimension qat'î (provenant de façon certaine de Dieu, qat'iyy uth-thubût min-Allâh) qu'elle est réservée aux prophètes. Les pieux, eux, "en ont une part", cependant, cela n'est alors établi (comme provenant de Dieu) que de façon zannî (zanniyy uth-thubût min-Allâh) (ce fut le cas des Apôtres de Jésus : "وإذ أوحيتُ إلى الحواريين").

On peut donc dire ceci :

– soit il est certain (qat'î) que le message ainsi reçu est d'origine divine : c'est le cas lorsqu'il s'agit de prophètes. Les rêves des prophètes relèvent de cette forme de réception (A), à l'instar du rêve de Abraham (cité en Coran 37/102). L'inspiration dans le cœur reçue par les prophètes relève elle aussi de cette forme A ;

– soit il est seulement probable (zannî) que le message reçu soit d'origine divine : c'est le cas des humains qui ne sont pas prophètes (et cela ne vaut que pour la Voie A) : lorsque ces hommes reçoivent pendant leur rêve ou en état de veille un message dont ils pensent que cela provient de Dieu, ou d'un Ange, ils ne peuvent jamais en être certains, et c'est pourquoi la Parole que Dieu a communiquée au prophète dont l'époque a cours, cette Parole a priorité sur le message reçu de la sorte par ces humains.
--- Ainsi en est-il de l'inspiration de pieux non-prophètes : "حدثنا يحيى بن قزعة، حدثنا إبراهيم بن سعد، عن أبيه، عن أبي سلمة، عن أبي هريرة رضي الله عنه، قال: قال رسول الله صلى الله عليه وسلم: "لقد كان فيما قبلكم من الأمم محدَّثون؛ فإن يك في أمتي أحد فإنه عمر". زاد زكرياء بن أبي زائدة، عن سعد، عن أبي سلمة، عن أبي هريرة، قال: قال النبي صلى الله عليه وسلم "لقد كان فيمن كان قبلكم من بني إسرائيل رجال يكلَّمون من غير أن يكونوا أنبياء؛ فإن يكن من أمتي منهم أحد فعمر" (al-Bukhârî, 3486) ; dans ce cas, c'est forcément un Ange qui insuffle à ce non-prophète ce que Dieu agrée : "وقيل: مكلَّم أي تكلمه الملائكة بغير نبوة، وهذا ورد من حديث أبي سعيد الخدري مرفوعا ولفظه: "قيل يا رسول الله، وكيف يحدَّث؟" قال: "تتكلم الملائكة على لسانه": رويناه في فوائد الجوهري" (Fat'h ul-bârî).
--- Ainsi en est-il aussi des rêves véridiques que des non-prophètes voient : "رؤيا حق" (at-Tirmidhî, 2280) ; dans ce cas, parfois c'est une réalité du monde invisible que l'âme de ce dormeur non-prophète a vue, d'autres fois c'est l'Ange en charge des rêves qui lui a fait voir en parabole le message que Dieu l'a chargée de lui délivrer, d'autres fois encore c'est Dieu Lui-même qui inspire un message au dormeur ; cependant, cela reste zannî pour lui (lire notre article consacré aux rêves) ;
--- D'après Ibn Taymiyya, le hâtif que certains pieux non-prophètes reçoivent relève lui aussi de ce cas de figure (MF 12/398).
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Ibn Taymiyya écrit :
"وتكليم الله لعباده على ثلاثة أوجه: من وراء حجاب (كما كلم موسى)؛ وبإرسال رسول (كما أرسل الملائكة إلى الأنبياء)؛ وبالإيحاء. وهذا فيه للولي نصيب. وأما المرتبتان الأوليان، فإنهما للأنبياء خاصة" (MF 2/228).
"وقوله: {وما كان لبشر أن يكلمه الله إلا وحيا} يتناول وحي الأنبياء، وغيرهم كالمحدثين الملهمين". (...) فهؤلاء المحدثون الملهمون المخاطبون يوحى إليهم هذا الحديث الذي هو لهم خطاب
وإلهام. وليسوا بأنبياء معصومين مصدقين في كل ما يقع لهم، فإنه قد يوسوس لهم الشيطان بأشياء لا تكون من إيحاء الرب بل من إيحاء الشيطان. وإنما يحصل الفرقان بما جاءت به الأنبياء، فهم الذين يفرقون بين وحي الرحمن ووحي الشيطان؛ فإن الشياطين أعداؤهم، وهم يوحون. بخلاف وحي الأنبياء" (Kitâb un-nubuwwât, p. 247).
"فكما أن رسول الله لا يكون رسولا لغيره، فلا يقبل أمر غير الله، فكذلك نبي الله لا يكون نبيا لغير الله، فلا يقبل أنباء أحد إلا أنباء الله؛ وإذا أخبر بما أنبأ الله، وجب الإيمان به، فإنه صادق مصدوق، ليس في شيء مما أنبأه الله به شيء من وحي الشيطان. وهذا بخلاف غير النبي؛ فإنه وإن كان قد يلهم ويحدث ويوحى إليه أشياء من الله، ويكون حقا، فقد يلقي إليه الشيطان أشياء؛ ويشتبه هذا بهذا؛ فإنه ليس نبيا لله. كما أن الذي يأمر بطاعة الله غير الرسول، وإن كان أكثر ما يأمر به هو طاعة الله، فقد يغلط ويأمر بغير طاعة الله. بخلاف الرسول المبلغ عن الله، فإنه لا يأمر إلا بطاعة الله؛ قال تعالى: {من يطع الرسول فقد أطاع الله" (
Kitâb un-nubuwwât, p. 246).

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IV) Trois points de précision :

– Quand Moïse (sur lui soit la paix) choisit 70 personnes parmi son peuple, qu'il pria de l'accompagner pour une seconde ascension du Mont, Moïse étant arrivé au lieu voulu, Dieu lui parla. Si on retient que ces 70 personnes furent appelées sur le Mont lors d'une seconde ascension de Moïse, pour témoigner, alors la question qui se pose est : Ont-elles entendu la Parole de Dieu directement de Dieu ?
--- Certains commentateurs ont écrit qu'elles ont alors entendu la Voix de Dieu, mais ont demandé à voir Dieu et alors seulement elles croiraient ("فلمَّا سمعوا كلام الله، قالوا لموسى: "أرنا الله جهرة"؛ فأخذتهم الرَّجفة" : Al-Wajîz, al-Wâhidî ; "اختار موسى قومه سبعين رجلًا لميقاته، فجاؤوا لميقات الله وسمعوا الله عز وجل يكلّم موسى؛ سمعوه بآذانهم يكلّم موسى، ومع ذلك لم يصدقوا، قالوا: "أَرِنَا اللَّهَ جَهْرَةً" يعني: "وإلَّا فلست بصادق، وهذا الذي نسمع ليس كلام الله". ماذا حصل لهم؟ أخذتهم الصاعقة" : Tafsîr Ibn il-'Uthaymîn). La seconde question qui se pose alors est : Cela n'est-il pas réservé aux prophètes ? La réponse est : Ce qui est réservé aux prophètes pendant cette vie terrestre, c'est que Dieu leur parle à eux. Et, justement, Dieu parla alors seulement à Moïse, et pas à ces personnes ("وكأنهم صحبوه في هذا الميقات، ولكن انفرد بمكالمة الله موسى عليه السلام" : Zahrat ut-tafâssîr). Il n'y a donc pas eu Wah'y en ce qui concerne ces 70 personnes. Par contre, si Dieu leur avait parlé à elles, là il y aurait eu Wah'y avec elles aussi : le Wah'y consiste à ce que Dieu parle de façon dissimulée à quelqu'un.
Et ce propos demeura bel et bien dissimulé (khafî) de tous les autres Fils d'Israël demeurés en contrebas du Mont du Sinaï : Dieu ne permit qu'à ces 70 personnes de l'entendre, et ce de façon exceptionnelle (elles avaient été appelées sur le Mont pour cela).
--- Sinon il existe aussi l'autre commentaire, d'après lequel ces 70 personnes n'ont pas entendu la Voix de Dieu S'adressant à Moïse : elles sont seulement restées plus bas que leur prophète ; quand elles l'ont vu revenir avec les Tables de la Loi, elles ont demandé à pouvoir voir Dieu pour croire que le contenu de ces Tables avait bien été écrit par le Créateur (lire notre article).

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– Quant au verset : "أَفَتَطْمَعُونَ أَن يُؤْمِنُواْ لَكُمْ وَقَدْ كَانَ فَرِيقٌ مِّنْهُمْ يَسْمَعُونَ كَلاَمَ اللّهِ ثُمَّ يُحَرِّفُونَهُ مِن بَعْدِ مَا عَقَلُوهُ وَهُمْ يَعْلَمُونَ" : "Eh bien, souhaitez-vous qu'ils vous croient, alors qu'un groupe d'entre eux entendaient la Parole de Dieu ensuite la détournaient après qu'ils l'eut comprise, alors qu'ils savaient ?" (Coran 2/75), le groupe des fils d'Israël ici évoqué n'ont pas entendu la Parole de Dieu lorsque prononcée par Celui-ci, mais seulement la Parole de Dieu ayant été répétée par des humains devant eux (Tafsîr ul-Qurtubî, 2/1-2).
On peut vérifier la validité de ce commentaire à la lumière de cet autre verset : "وَإِنْ أَحَدٌ مِّنَ الْمُشْرِكِينَ اسْتَجَارَكَ فَأَجِرْهُ حَتَّى يَسْمَعَ كَلاَمَ اللّهِ ثُمَّ أَبْلِغْهُ مَأْمَنَهُ" : "Et si l'un de ces Polycultistes te demandent la protection, accorde-la lui afin qu'il entende la Parole de Dieu, puis fais-le parvenir à son lieu de sécurité" (Coran 9/6).

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– Pour Dhu-l-Qarnayn non plus, il n'est pas certain qu'il ait été un prophète : il se peut que le verset "قُلْنَا يَا ذَا الْقَرْنَيْنِ إِمَّا أَن تُعَذِّبَ وَإِمَّا أَن تَتَّخِذَ فِيهِمْ حُسْنًا" (Coran 18/86) désigne seulement le fait qu'il reçut ce message de Dieu non pas par Wah'y, mais par l'intermédiaire du prophète qui l'accompagnait, lequel a, lui, reçu le Wah'y de Dieu (lire notre article).

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V) Davantage de détails concernant les 3 Voies sus-citées

Voie A : Dieu inspire un message à un humain, en le plaçant dans le cœur de celui-ci : ce cas de figure correspond, dans le verset sus-cité, à "wah'yan" (au sens de "il'hâman" : c'en est le sens extrêmement particulier), qui consiste en une : "inspiration faite dans le cœur de cet humain" :

Et dans cette voie A (contrairement à la voie B), le message envoyé par Dieu est reçu par la créature dans son for intérieur : il s'agit :
--- A.a) soit d'un message que Dieu place dans le cœur de cet humain sans que l'oreille de celui-ci les entende : ce message est-il alors forcément constitué de mots ? ou bien est-ce aussi l'orientation donnée à l'intellect (tawfîq, hidâya) ? Je ne sais pas (لا أدري). Cependant, s'il s'avère que cette orientation aussi relève bien du kalâm ullâh, alors elle doit forcément comporter un flux (sinon ce n'est pas une parole ; nous en avons parlé plus haut, à propos de l'abeille) ;
--- A.b) soit d'un (certain type de) rêve véridique (composé soit d'une inspiration placée dans le cœur par Dieu Lui-même, soit d'images placées dans le cœur par l'ange).

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Voie B : Dieu parle directement au prophète, qui, par le biais de son ouïe, entend Sa Parole prononcée par Sa Voix (sawt), mais sans Le voir : il s'agit de ce que le verset sus-cité décrit comme étant "derrière un voile" :

Dieu a ainsi parlé (Coran 4/163) au prophète Moïse (sur lui soit la paix) en quelques fois :
--- sur le mont Sinaï, lors de la nuit noire, lorsqu'il était accompagné de sa famille ;
--- sur le mont Sinaï, lors de la réception des Tables de Loi ;
--- éventuellement lors d'une troisième ascension sur le même mont.

Dieu a aussi parlé ainsi au prophète Muhammad (qu'Il le bénisse et le salue) lors de l'ascension nocturne de celui-ci dans les cieux (les Hadîths relatant ce point sont bien connus).

Cette voie B est, par rapport à cette vie terrestre, réservée aux prophètes, aucun humain non-prophète n'ayant pu en bénéficier. De plus, dans les faits, parmi l'ensemble des prophètes, seuls certains messagers en ont bénéficié (MF 12/401).

Cette voie n'a donc plus lieu sur Terre, puisque ces messagers ne sont aujourd'hui plus vivants.

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Voie C : Dieu charge un ange de transmettre Son message à l'humain : ce cas correspond quant à lui au passage du verset sus-cité qui se lit ainsi : "ou bien Il envoie un messager qui révèle par Sa permission ce qu'Il veut" :

Ensuite plusieurs cas de figure relèvent de cette voie C (car c'était par plusieurs moyens que l'ange "révélait au prophète le message que Dieu l'avait dépêché pour qu'il le lui transmette") :

–--- C.A : soit l'Ange se manifestait devant les yeux du prophète :
------- C.A.a : soit il se manifestait à lui dans son apparence réelle et lui communiquait le message de Dieu ; et c'est en deux fois que l'ange Gabriel s'est manifesté dans son apparence réelle au prophète Muhammad : "إِنْ هُوَ إِلَّا وَحْيٌ يُوحَى عَلَّمَهُ شَدِيدُ الْقُوَى ذُو مِرَّةٍ؛ فَاسْتَوَى وَهُوَ بِالْأُفُقِ الْأَعْلَى ثُمَّ دَنَا فَتَدَلَّى فَكَانَ قَابَ قَوْسَيْنِ أَوْ أَدْنَى فَأَوْحَى إِلَى عَبْدِهِ مَا أَوْحَى؛ مَا كَذَبَ الْفُؤَادُ مَا رَأَى؛ أَفَتُمَارُونَهُ عَلَى مَا يَرَى. وَلَقَدْ رَآهُ نَزْلَةً أُخْرَى عِندَ سِدْرَةِ الْمُنْتَهَى عِندَهَا جَنَّةُ الْمَأْوَى؛ إِذْ يَغْشَى السِّدْرَةَ مَا يَغْشَى؛ مَا زَاغَ الْبَصَرُ وَمَا طَغَى؛ لَقَدْ رَأَى مِنْ آيَاتِ رَبِّهِ الْكُبْرَى" (voir Coran 53/4-18) ;
------- C.A.b : soit l'ange se manifestait au prophète en prenant une apparence humaine, puis lui communiquait verbalement le message de Dieu, que le Prophète reçoit par le biais de son ouïe ; le prophète Muhammad raconte : "Parfois l'Ange se manifeste à moi sous l'apparence d'un homme" (rapporté par al-Bukhârî, n° 2) ;

–--- C.B : soit l'Ange transmettait le message de Dieu au prophète, mais sans se manifester aux yeux de celui-ci :
------- C.B.a : soit l'ange faisait entendre le message à l'ouïe du prophète : le prophète Muhammad a évoqué ce cas de figure en disant qu'il entendait (la voix de l'Ange) qui lui parvenait "comme le tintement d'une clochette" (rapporté par al-Bukhârî, n° 2) (la comparaison porte non pas sur la ressemblance du son mais sur le fait que la voix était continue) ;
------- C.B.b : soit l'ange insufflait le message dans le cœur du prophète ; le prophète Muhammad a dit ainsi un jour : "عن عبد الله بن مسعود قال: قال رسول الله صلى الله عليه وسلم: "إنه ليس شيء يقربكم من الجنة ويباعدكم من النار إلا قد أمرتكم به؛ وليس شيء يقربكم من النار ويباعدكم من الجنة إلا قد نهيتكم عنه. وإن الروح الأمين نفث في روعي أنه لن تموت نفس حتى تستوفي رزقها. فاتقوا الله وأجملوا في الطلب، ولا يحملنكم استبطاء الرزق أن تطلبوه بمعاصي الله، فإنه لا يدرك ما عند الله إلا بطاعته" : "L'esprit fidèle [= Gabriel] a insufflé dans mon cœur que…" (rapporté par al-Bayhaqî, Shu'ab ul-îmân, 9891, al-Baghawî, Shar'h us-Sunna, etc.).

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VI) Croquis exposant ces différents types :

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VII) Et qu'en est-il de ce que l'Ange inspire à l'homme (sur ordre de Dieu) : est-ce aussi "parole de Dieu" ?

– S'il lui inspire le message que Dieu l'a chargé de lui inspirer, cela est bien de la Parole de Dieu. Cela correspond à la Voie générale C plus haut citée. Et cela peut consister en la transmission du Sens provenant de Dieu (alors que les Mots sont ceux de l'Ange) ; ou d'un Rêve véridique ; etc.

– Mais qu'en est-il quand l'ange dit au prophète (en s'étant manifesté à lui, ou lui dise à l'oreille sans qu'il le voie, ou lui insuffle dans le cœur - de façon certaine), non pas quelque chose que Dieu l'a chargé de le lui délivrer en tant que message particulier provenant de Lui pour cette circonstance, mais : quelque chose que l'ange lui-même sait (parce que Dieu le lui a enseigné de façon globale), ou encore : ce qui relève du propre ijtihad de cet ange ?
Ainsi :
--- l'ange Gabriel a fait un signe au prophète Muhammad (sur lui soit la paix) pour lui signifier : "ضع نفسك" ;
--- c'est possiblement un ange (et possiblement l'ange qui était chargé de lui apporter les messages de Dieu) qui a dit au prophète-roi Salomon (sur lui soit la paix) : "قل إن شاء الله" ;
--- un ange existe auprès de chaque homme qui lui insuffle ce que Dieu l'a chargé d'insuffler, à savoir le bien : "عن عبد الله بن مسعود، قال: قال رسول الله صلى الله عليه وسلم: "ما منكم من أحد إلا وقد وكل به قرينه من الجن وقرينه من الملائكة." قالوا: وإياك يا رسول الله؟ قال: "وإياي، إلا أن الله أعانني عليه، فأسلم، فلا يأمرني إلا بخير" (Muslim, 2814). "عن عبد الله بن مسعود، قال: قال رسول الله صلى الله عليه وسلم: "إن للشيطان لمة بابن آدم وللملك لمة. فأما لمة الشيطان فإيعاد بالشر وتكذيب بالحق. وأما لمة الملك فإيعاد بالخير وتصديق بالحق، فمن وجد ذلك فليعلم أنه من الله فليحمد الله. ومن وجد الأخرى فليتعوذ بالله من الشيطان الرجيم." ثم قرأ {الشيطان يعدكم الفقر ويأمركم بالفحشاء}" (at-Tirmidhî, 2988, dha'îf d'après al-Albânî). "عن أبي سعيد الخدري، عن النبي صلى الله عليه وسلم قال: "ما استخلف خليفة إلا له بطانتان: بطانة تأمره بالخير وتحضه عليه، وبطانة تأمره بالشر وتحضه عليه؛ والمعصوم من عصم الله" (al-Bukhârî, 6237 ; d'après l'une des deux interprétations de "bitâna") ;
--- l'ange Gabriel a empêché Pharaon de dire "Lâ ilâha ill-Allâh" : "عن عدي بن ثابت وعطاء بن السائب، عن سعيد بن جبير، عن ابن عباس، ذكر أحدهما عن النبي صلى الله عليه وسلم أنه ذكر "أن جبريل جعل يدس في في فرعون الطين خشية أن يقول: لا إله إلا الله، فيرحمه الله" أو: "خشية أن يرحمه الله" (at-Tirmidhî, 3108 ; voir aussi 3107).
Ce second cas de figure est-il lui aussi appelé : kalâm ullâh ?
Non, ce n'est pas là une Parole de Dieu (كلام الله), mais une parole de l'Ange
.
Par contre, on peut dire que "هذا من عند الله", mais au sens de : "Cela constitue une faveur de la part de Dieu", car ce que cet ange a fait vis-à-vis d'autrui, c'est Dieu qui avait globalement chargé cet ange de le faire.

Le rêve véridique :
--- provient parfois directement de Dieu (voie A) ;
--- d'autres fois, c'est la voie par laquelle l'ange transmet en rêve le message que Dieu l'a chargé de délivrer à tel humain (voie C.B.b) ;
--- d'autres fois encore, c'est l'ange lui-même qui donne une indication à l'humain : cela n'est alors pas "parole de Dieu" : "والرؤيا الصحيحة أقسام. منها إلهام يلقيه الله سبحانه في قلب العبد وهو كلام يكلم به الرب عبده في المنام كما قال عبادة بن الصامت وغيره. ومنها مثل يضربه له ملك الرؤيا الموكل بها. ومنها التقاء روح النائم بأرواح الموتى من أهله وأقاربه وأصحابه وغيرهم كما ذكرنا. ومنها عروج روحه إلى الله سبحانه وخطابها له. ومنها دخول روحه إلى الجنة ومشاهدتها وغير ذلك" (Ar-Rûh, p. 29). Puis : "ومن قائل أن الرؤيا أمثال مضروبة يضربها الله للعبد بحسب استعداده الفه على يد ملك الرؤيا؛ فمرة يكون مثلا مضروبا؛ ومرة يكون نفسَ ما رآه الرائى [في منامه] فيطابق الواقع مطابقةَ العلم لمعلومه. وهذا أقرب من القولين قبله، ولكن الرؤيا ليست مقصورة عليه، بل لها أسباب أخر - كما تقدم - من: ملاقاة الأرواح وأخبار بعضها بعضا، ومن إلقاء الملك الذي في القلب والروع، ومن رؤية الروح للأشياء مكافحة بلا واسطة" (Ibid., p. 30).

Ibn Taymiyya écrit :
"وقد تنازع الناس في العلم الحاصل في القلب عقيب النظر والاستدلال على اقوال.
فهؤلاء المتفلسفة يقولون: إن ذلك من فيض العقل الفعال عند استعداد النفس.
والمعتزلة يقولون: هو حاصل على سبيل التولد.
والأشعري وغيره يقولون: هو حاصل بفعل الله تعالى، كما تحصل سائر الحوادث عندهم لا يجعلون لشيء من الحوادث سببا ولا حكمة.
والذي عليه السلف والائمة أن الله جعل للحوادث أسبابا وحكمة، وهذه الحوادث قد تحدث باسباب من الملائكة أو من الجن، وإن ما يحصل في القلب من العلم والقوة ونحو ذلك قد يجعله الله بواسطة فعل الملائكة كما قال تعالى {إذ يوحي ربك إلى الملائكة أني معكم فثبتوا الذين آمنوا} وقال تعالى: {لا تجد قوما يؤمنون بالله واليوم الآخر يوآدون من حاد الله ورسوله ولو كانوا آباءهم أو أبناءهم أو إخوانهم أو عشيرتهم اولئك كتب في قلوبهم الايمان وأيدهم بروح منه}، وكما قال النبي ﷺ: "من سأل القضاء واستعان عليه، وكل اليه؛ ومن لم يسأل القضاء ولم يستعن عليه، انزل الله اليه ملكا يسدده" والتسديد هو القاء القول السداد في قلبه. وقال تعالى: {وأوحينا الى أم موسى أن أرضعيه}، وقال تعالى {وإذ أوحيت الى الحواريين أن آمنوا بي وبرسولي قالوا آمنا} وهؤلاء لم يكونوا انبياء، بل ذلك إلهام، وقد يكون بتوسط الملك، كما قال تعالى {وما كان لبشر أن يكلمه الله إلا وحيا أو من وراء حجاب أو يرسل رسولا فيوحي بإذنه ما يشاء}.
والآراء والخطأ في الرأي من إلقاء الشيطان ولو كان صاحبها مجتهدا معذورا، كما قال غير واحد من الصحابة كأبي بكر وابن مسعود في بعض المسائل: "أقول فيها برأيي فإن يكن صوابا فمن الله وإن يكن خطأ فمني ومن الشيطان والله ورسوله برىء منه." وما يكون من الشيطان إذا لم يقدر الانسان على دفعه لا يأثم به؛ كما يراه النائم من اضغاث الشيطان وكاحتلامه في المنام فإنه وإن كان من الشيطان فقد رفع القلم عن النائم حتى يستيقظ. وكذلك ما يحدث به الانسان نفسه من الشر قد تجاوز الله له عنه حتى يتكلم به او يعمل به وإن كان من الشيطان، ففي الصحيحين عن النبي ﷺ أنه قال: "إن الله تجاوز لامتي عما حدثت به انفسها ما لم تتكلم به." وفي الصحيحين من غير وجه عن ابي هريرة وابن عباس ان النبي ﷺ ذكر أنه "اذا هم العبد بحسنة كتبت له حسنة فان عملها كتبت له عشر حسنات واذا هم بسيئة فلا تكتبوها عليه فان عملها فاكتبوها سيتئة وان تركها فاكتبوها له حسنة فانه انما تركها من جرائي." وفي الصحيح ان الصحابة سألوا النبي عن الوسوسة التي يكرهها المؤمن وهي ما يلقي في قلبه من خواطر الكفر فقالوا: يا رسول الله ان احدنا ليجد في نفسه ما لان يحرق حتى يصير حممة او يخر من السماء الى الارض احب اليه من ان يتكلم به؛ قال: ذلك صريح الايمان. وفي حديث اخر: الحمد لله الذي رد كيده الى الوسوسة" (Ar-Radd 'ala-l-mantiqiyyîn, pp. 430-431). "والمقصود هنا انه اذا علم ما يحدث في النفوس ليس سببه مجرد حركة الفلك مع انه لا بدل منه من سبب، دل ذلك على وجود الملائكة والجن؛ وهذا قول سلف الامة والتابعين لهم بأحسان وائمة المسلمين فإنهم يقولون: إن الشياطين توسوس في نفوس بني آدم كالعقائد الفاسدة والأمر باتباع الهوى؛ وإن الملائكة بالعكس إنما تقذف في القلوب الصدق والعدل. قال ابن مسعود: "إن للملك لمة وللشيطان لمة؛ فلمة الملك إيعاد بالخير وتصديق بالحق؛ ولمة الشيطان إيعاد بالشر وتكذيب بالحق." وفي الصحيح عن النبي ﷺ أنه قال: "ما منكم من أحد إلا وقد وكل به قرينه من الملائكة ومن الجن. قالوا: وإياك يا رسول الله؟ قال: "وإياي إلا أن الله أعانني عليه فأسلم"، وفي لفظ: "فلا يأمرني إلا بخير" (Ar-Radd 'ala-l-mantiqiyyîn, p. 428).
Que la waswassa ainsi que la façon de voir les choses qui est complètement fausse proviennent des suggestions du Diable, cela est indéniable.
Par contre, est-ce que tous les ijtihâds erronés, faits par des mujtahids dignes de ce nom, proviennent réellement du Diable, ou est-ce seulement une façon de dire ? Certes, Ibn Mas'ûd avait dit : "سأقول فيها بجهد رأيى؛ فإن كان صوابا فمن الله وحده لا شريك له، وإن كان خطأ فمنى ومن الشيطان والله ورسوله منه برآء" (an-Nassâ'ï, 3358). Cependant, le Prophète, sur lui soit la paix, lui-même a fait parfois certaines khata' ijtihâdî ; or Dieu l'a assisté contre le diable, qui ne lui insuffle pas du mal : "وإياي إلا أن الله أعانني عليه فأسلم" / "فلا يأمرني إلا بخير" (hadîth bien connu). "وكان ابن عيينة يرويه فأسلم بالضم ويقول: "إن الشيطان لا يسلم"؛ لكن قوله في الرواية الأخرى: "فلا يأمرني إلا بخير" دل على أنه لم يبق يأمره بالشر، وهذا إسلامه، وإن كان ذلك كناية عن خضوعه وذلته، لا عن إيمانه بالله. كما يقهر الرجل عدوه الظاهر ويأسره وقد عرف العدو المقهور أن ذلك القاهر يعرف ما يشير به عليه من الشر فلا يقبله بل يعاقبه على ذلك فيحتاج لانقهاره معه إلى أنه لا يشير عليه إلا بخير لذلته وعجزه لا لصلاحه ودينه" (MF 17/523).

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VII) Eve l'épouse de Adam, Agar l'esclave d'Abraham, Sarah l'épouse d'Abraham, Jokébed la mère de Moïse, enfin Marie la mère de Jésus : ont-elles reçu la révélation ?

Agar a vu et a parlé à l'ange venu faire jaillir l'eau de Zamzam ; Sarah a entendu les anges venus délivrer à son mari Abraham la bonne nouvelle de la naissance prochaine d'Isaac, et leur a parlé ; Dieu a placé un message dans le cœur de la Mère de Moïse ; Gabriel est venu annoncer à Marie la naissance prochaine de Jésus.

Ces dames en sont-elles devenues des prophétesses ?
Oui, répondent certains ulémas, pour qui ces dames (parmi d'autres) sont des nabiyyât ; non pas au sens de mab'ûthât li hidâyat in-nâs, mais au sens où elles ont reçu un message qui, de façon certaine (qat'î), provenait de Dieu, et cela par le biais d'une voie réservée aux prophètes (cf. supra).

Apparemment et cependant, ceci concerne le message provenant de Dieu qui est délivré en état de veille et qui concerne une action particulière que Dieu demande à la personne de faire, ou qui délivre de la part de Dieu une information concernant le futur.

Car un ange avait été dépêché par Dieu pour dire à quelqu'un parti rendre visite à un frère à lui se trouvant dans une autre cité, frère qu'il aimait pour Dieu, que Dieu l'aimait comme il avait aimé ce frère pour Sa cause (Muslim 2567). De même, trois personnes furent mises à l'épreuve par un ange dépêché par Dieu pour leur conférer avec la permission de Dieu d'abord l'abondance puis se présenter comme un misérable venu demander la charité (al-Bukhârî 3277, Muslim 2964). Or cela n'a pas fait de ces personnes des prophètes.

Wallâhu A'lam (Dieu sait mieux).

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