Le serment ("Je jure par Dieu que...") : qu'est-ce, au juste ?

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Introduction) Il existe 3 façons de délivrer une information de type Khabaru Wâhidin :

De prime abord il faut ici noter que certains cas de pensée que l'on a au sujet de quelqu'un, sont tels que laisser cette pensée en son for intérieur est autorisé (jâ'ïz), mais la délivrer à autrui en tant que vérité ne l'est pas.
On voit donc que donner une information est plus accentué que laisser une pensée en son for intérieur.

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Ensuite, pour ce qui est de l'information que l'on donne, il existe :
--- l'information simple (i) ;
--- le témoignage ("Je témoigne que...") (ii) ;
--- l'information augmentée d'un serment ("Par Dieu...") (iii).

Le serment (iii) confère plus de force à ce qu'on affirme : l'information étayée par un serment ("Par Dieu...") (iii) est donc plus accentuée que l'information simple (i).

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I) Faire serment (Qassam) au sujet de quelque chose :

Il y a ici 3 choses :

--- Le Muqsim : c'est celui qui prononce le serment.

--- Le Muqsam bihî : c'est ce par quoi le Muqsim fait serment.

--- Le Muqsam 'Alayh : c'est ce au sujet de quoi la personne fait serment.

Ce par quoi on fait serment ne doit être que Dieu : pour faire serment par Dieu, on mentionne Son Nom Propre, l'un de Ses Noms Qualificatifs, ou de l'un de Ses Attributs - Sifât - (cela étant dû au fait que Ses Attributs ne sont pas autre que Lui, et ne sont pas séparés de Lui ).
"Celui qui fait serment par autre chose que Dieu commet un acte d'associationnisme" : "عن سعد بن عبيدة، أن ابن عمر سمع رجلا يقول: "لا والكعبة"، فقال ابن عمر: "لا يحلف بغير الله. فإني سمعت رسول الله صلى الله عليه وسلم يقول: "من حلف بغير الله فقد كفر أو أشرك". هذا حديث حسن. وفسر هذا الحديث عند بعض أهل العلم أن قوله "فقد كفر" أو "أشرك" على التغليظ" (at-Tirmidhî, n° 1535 ; voir aussi Abû Dâoûd, n° 3251). Il s'agit ici d'un petit associationnisme (shirk asghar), comme cela ressort de ce que at-Tirmidhî a relaté en commentaire de ce Hadîth. "فإن الله يقسم بما يقسم به من مخلوقاته لأنها آياته ومخلوقاته. فهي دليل على ربوبيته وألوهيته ووحدانيته وعلمه وقدرته ومشيئته ورحمته وحكمته وعظمته وعزته. فهو سبحانه يقسم بها لأن إقسامه بها تعظيم له سبحانه. ونحن المخلوقون ليس لنا أن نقسم بها بالنص والإجماع. بل ذكر غير واحد الإجماع على أنه لا يقسم بشيء من المخلوقات وذكروا إجماع الصحابة على ذلك بل ذلك شرك منهي عنه" (MF 1/290).

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Prend-on en considération l'intention que celui qui prononce la formule du serment ("Par Dieu") dit avoir, ou ne prend-on pas seulement en considération ?

--- D'après l'école hanafite, le seul fait de prononcer ainsi le Nom de Dieu ("Par Dieu") constitue un serment. Dès lors que la personne a prononcé volontairement la formule du serment, on ne considère pas l'intention qu'elle dit avoir eue en le faisant (Badâ'ï' us-sanâ'ï, 4/9) (cf. Fatâwâ DUZ, 4/457-460). La seule exception est le cas du lapsus linguae : la personne a dit "Par Dieu" sans avoir l'intention de le dire : parce que sa langue a fourché : "الخاطئ الذي سبق على لسانه من غير قصد للتلفّظ به" (soit le cas E dans mon article relatif à ce qui atténue ou fait disparaître la capacité juridique de l'homme (عوارض الأهلية)) (Bayân ul-qur'ân, 1/130). Sinon, dès lors que la personne a dit cela volontairement, cela engage un serment.

--- Pour leur part, les écoles shafi'ite et hanbalite ont retenu l'interprétation que Aïcha (que Dieu l'agrée) a faite du verset : "لاَّ يُؤَاخِذُكُمُ اللّهُ بِاللَّغْوِ فِيَ أَيْمَانِكُمْ وَلَكِن يُؤَاخِذُكُم بِمَا كَسَبَتْ قُلُوبُكُمْ" (Coran 2/225) ; et c'est aussi l'un des deux avis de l'école malikite. Selon Aïcha, la première partie du propos parle de celui qui dit : "Non, par Dieu" volontairement, mais sans lui donner le sens de constitution d'un serment (قصد التلفّظ به، ولكن عدم قصد معناه الأوّليّ) ; et la seconde de celui qui le dit en voulant véritablement faire un serment. Le fait est que les Arabes parfois, dans leur conversation, ont pour usage d'émailler leur propos d'un "Wallâh" sans lui conférer le sens de l'établissement d'un serment véritable : "عن عائشة رضي الله عنها: "أنزلت هذه الآية: {لا يؤاخذكم الله باللغو في أيمانكم} في قول الرجل: "لا والله" و"بلى والله" (al-Bukhârî, 4337, 6286). Cela fait de cette formule quelque chose relevant du cas O ("C'est par rapport à l'usage de la société dans laquelle on vit (العرف الخاصّ) que la Shar' reconnaît plusieurs sens à cette action / cette parole") dans mon article relatif à ce qui atténue ou fait disparaître la capacité juridique de l'homme (عوارض الأهلية).

--- L'école hanafite considère pour sa part que ce verset : "لاَّ يُؤَاخِذُكُمُ اللّهُ بِاللَّغْوِ فِيَ أَيْمَانِكُمْ وَلَكِن يُؤَاخِذُكُم بِمَا كَسَبَتْ قُلُوبُكُمْ" (Coran 2/225) parle dans sa première partie du cas où la personne pensait sincèrement que la chose a été - ou est - comme elle l'a dit après son "Par Dieu", mais ensuite il s'est avéré qu'elle avait tort (c'est cela dont cette première partie de ce verset parle : il n'y a pas de péché ici) ; et que ce verset évoque, dans sa seconde partie, le cas où le Muqsim a fait serment en sachant qu'il ment (c'est alors une Yamîn Ghamûs).

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Quant au fait de dire : "Je jure que...", sans mentionner le Nom de Dieu ni un de Ses Attributs, est-ce considéré comme un serment, ou pas ?

Il y a divergence entre les mujtahidûn sur le sujet :

--- pour l'école hanafite : oui, c'est systématiquement un serment ;

--- pour les écoles malikite et hanbalite : c'est s'il a eu l'intention de faire ainsi serment par Dieu que la formule "Je jure que" est un serment ; sinon ça ne l'est pas ;

--- pour l'école shafi'ite : cela ne peut jamais être un serment, car il faut, pour que ce le soit, qu'on ait prononcé les termes : "par Dieu".

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Faire serment par Dieu (Qassam), cela revient à quoi donc, au fond ?

Cela revient à appuyer ce qu'on affirme / qu'on prend comme engagement / ou qu'on demande à un être, en prenant Dieu comme témoin de cette affirmation / cet engagement / ou cette demande.
"متلبّسًا بإشهاد الله", voulant rappeler que Dieu observe et écoute ce qu'on dit.

Al-Kâssânî a écrit cela : "وهذا لأن التعمد بالحلف كاذبا على المعرفة بأن الله - عز وجل - يسمع استشهاده بالله كاذبا - مجترئ على الله - سبحانه وتعالى - ومستخف به وإن كان غيره يزعم أنه ذكر على طريق التعظيم. وسبيل هذا سبيل أهل النفاق أن إظهارهم الإيمان بالله - سبحانه وتعالى - استخفاف بالله تعالى لما كان اعتقادهم بخلاف ذلك" (Badâ'ï' us-sanâ'ï, 4/41).

Ibn 'Âshûr aussi : "والقصد من الحلف يرجع إلى قصد أن يشهد الإنسان اللَّه تعالى على صدقه في خبر أو وعد أو تعليق، ولذلك يقوله: {بالله} أي: "أخبر متلبساً بإشهاد الله"، أو: "أعد" أو "أُعلِّق متلبساً بإشهاد الله على تحقيق ذلك". فمن أجل ذلك تضمن اليمين معنى قوياً في الصدق، لأن من أشهد بالله على باطل فقد اجترأَ عليه واستخف به. ومما يدل على أن أصل اليمين إشْهاد اللَّه قوله تعالى: {ويشهد الله على ما في قلبه} كما تقدم. وقول العرب "يَعْلم الله" في مقام الحلف المغلظ. ولأجله كانت الباء هي أصل حروف القسم: لدلالتها على الملابسة في أصل معانيها. وكانت الواو والتاء لاحقتين بها في القسم الإنشائي دون الاستعطافي" (At-Tahrîr wa-t-Tanwîr, commentaire de Coran 2/224).

--- Dans le passage suivant (qui, selon un commentaire, parle d'un Hypocrite du nom de al-Akhnas ibn Shurayq), on lit cette phrase : "Et parmi les hommes, il en est dont le propos dans cette vie basse te plaît, et qui prend Dieu comme témoin de ce qui est en son coeur ; alors qu'il est le plus acharné en dispute..." : "وَمِنَ النَّاسِ مَن يُعْجِبُكَ قَوْلُهُ فِي الْحَيَاةِ الدُّنْيَا وَيُشْهِدُ اللّهَ عَلَى مَا فِي قَلْبِهِ وَهُوَ أَلَدُّ الْخِصَامِ وَإِذَا تَوَلَّى سَعَى فِي الأَرْضِ لِيُفْسِدَ فِيِهَا وَيُهْلِكَ الْحَرْثَ وَالنَّسْلَ وَاللّهُ لاَ يُحِبُّ الفَسَادَ وَإِذَا قِيلَ لَهُ اتَّقِ اللّهَ أَخَذَتْهُ الْعِزَّةُ بِالإِثْمِ فَحَسْبُهُ جَهَنَّمُ وَلَبِئْسَ الْمِهَادُ" (Coran 2/204-206). Il a pris Dieu a témoin de ce qui en son coeur quand, justement, il a dit : "Par Dieu, je suis croyant en ta (mission de Messager), et ai de l'affection pour toi""وَيُشْهِدُ اللَّهَ عَلى ما فِي قَلْبِهِ} يعني: قول المنافق: "والله إني بك لمؤمن ولك محب" (Tafsîr uth-Tha'labî) ; "ويشهد الله على ما في قلبه} لأنه كان يقول للنبي صلى الله عليه وسلم: "والله إني بك لمؤمن ولك محب" (Al-Wajîz, al-Wâhidî) ; "ويشهد الله على ما في قلبه} يعني: قول الأخنس المنافق: "والله إني بك مؤمن ولك محب" (Tafsîr ul-Baghawî) ; "وَيُشْهِدُ اللَّهَ عَلى مَا فِي قَلْبِهِ} يحلف ويستشهد الله على أن ما في قلبه موافق لكلامه" (Tafsîr ul-Baydhâwî).

--- Hûd (que la paix soit sur lui) avait utilisé cette même formule : "Je prends Dieu comme témoin, et soyez-(en) témoins (vous aussi), que je suis innocent de ce que vous associez (à Dieu) (de chose étant) en-deçà de Lui...", parlant à son peuple polycultiste : "قَالَ إِنِّي أُشْهِدُ اللّهِ وَاشْهَدُواْ أَنِّي بَرِيءٌ مِّمَّا تُشْرِكُونَ مِن دُونِهِ فَكِيدُونِي جَمِيعًا ثُمَّ لاَ تُنظِرُونِ إِنِّي تَوَكَّلْتُ عَلَى اللّهِ رَبِّي وَرَبِّكُم مَّا مِن دَآبَّةٍ إِلاَّ هُوَ آخِذٌ بِنَاصِيَتِهَا إِنَّ رَبِّي عَلَى صِرَاطٍ مُّسْتَقِيمٍ" (Coran 11/54-56).

--- Par ailleurs, Dieu dit : "وَأَوْفُواْ بِعَهْدِ اللّهِ إِذَا عَاهَدتُّمْ وَلاَ تَنقُضُواْ الأَيْمَانَ بَعْدَ تَوْكِيدِهَا وَقَدْ جَعَلْتُمُ اللّهَ عَلَيْكُمْ كَفِيلاً إِنَّ اللّهَ يَعْلَمُ مَا تَفْعَلُونَ" : "Et soyez fidèles au pacte (que vous avez) fait avec Dieu, lorsque vous fîtes (pareil pacte). Et ne rompez pas les serments après les avoir solidifiés, alors que vous avez pris Dieu comme Garant sur vous. Dieu sait ce que vous faites" (Coran 16/91). Lors d'un serment, on ne prend pas Dieu comme Garant de faire se réaliser - à notre place - ce dont a fait le serment ; on Le prend comme Garant de faire que : soit on exécute ce dont on a fait le serment, soit on s'expose à la menace qu'Il nous sanctionne pour avoir trahi l'engagement qu'on avait pris en prononçant Son Nom.  "وقد جعلتم الله عليكم كفيلا} وهذا حث آخر على الوفاء بالأيمان؛ فالواو في قوله تعالى {وقد جعلتم} واو الحال، و (قد) للتأكيد، أي: أوفوا بالأيمان ولا تنقضوها؛ لأن حالكم هو أنكم جعلكم الله كفيلا عليكم. {عليكم كفيلا} تقديم الجار والمجرور (عليكم) زيادة في التحذير من نقض الأيمان، وذلك لأنكم جعلتم الله كفيلا، ولكن احذروا فإنكم جعلتم الله كفيلا عليكم أنتم وليس على غيركم. {عليكم كفيلا} وليس: "عنكم كفيلا" ، أو: "كفيلكم" ؛ وذلك لتضمين {كفيلا} معنى رقيبا وشاهدا" (At-Tafsîr ul-bayânî li mâ fî sûrat in-Nahl min daqâ'ïq il-ma'ânî, al-Qaddûmî).
"الثالثة : قوله تعالى : {وقد جعلتم الله عليكم كفيلا} يعني شهيدا؛ ويقال حافظا؛ ويقال ضامنا" (Tafsîr ul-Qurtubî).
"وقد جعلتم الله عليكم كفيلا) أي شهيدا، وقيل حافظا، وقيل ضامنا، وقيل رقيبا لأن الكفيل يراعى حال المكفول به" (Fat'h ul-Qadîr, ash-Shawkânî).
"فلا يحل لكم أن لا تحكموا ما جعلتم الله عليكم كفيلا فيكون ذلك ترك تعظيم الله واستهانة به، وقد رضي الآخر منك باليمين والتوكيد الذي جعلت الله فيه كفيلا" (Tafsîr us-Sa'dî).
"قوله تعالى: {وأوفوا بعهد الله إذا عاهدتم} والعهد هاهنا هو: اليمين. قال الشعبي: العهد يمين، وكفارته كفارة يمين. {ولا تنقضوا الأيمان بعد توكيدها} تشديدها، فتحنثوا فيها، {وقد جعلتم الله عليكم كفيلا} شهيدا بالوفاء" (Tafsîr ul-Baghawî).

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Il faut cependant noter que ce n'est pas chez tous les mujtahidûn que la formule "Ush'hidullâh" constitue un serment.
Certes, chez Abû Thawr, cela vaut systématiquement un serment. Chez l'école hanafite, cela dépend du 'Urf : "وفيه: "أُشهِد الله لا أفعل" يستغفر الله ولا كفارة، وكذا "أُشهِدك وأُشهِد ملائكتك"، لعدم العرف" (Ad-Durr ul-mukhtâr, 5/494) ; "قوله لعدم العرف) قلت: هو في زماننا متعارف. وكذا: "اللهُ يَشهَد أني لا أفعل"، ومثله: "شهِد اللهُ"، "عَلِم اللهُ أني لا أفعل". فينبغي في جميع ذلك أن يكون يمينا للتعارف الآن" (Radd ul-muhtâr, 5/494).
Et chez l'école shafi'ite, cela dépend de l'intention de la personne qui a prononcé cette formule.

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– Plusieurs types de Muqsam 'Alayh existent :

En effet, la chose au sujet de laquelle le Muqsim fait serment est :

--- A) soit information (Ikhbâr) que telle 'Aradh (attribut, ou action) :
----- 1) a été chez tel Être ;
----- 2) est chez tel Être ;
----- 3) ou va être chez tel Être.
Ensuite :
----- a) soit l'Être qui est le sujet de cette 'Aradh est : Dieu (c'est ce qu'on appelle : "iqsâm 'alallah") ;
----- b) soit l'Être qui est le sujet de cette 'Aradh est : une créature autre que le Muqsim ;
----- c) soit l'Être qui est le sujet de cette 'Aradh est : le Muqsim lui-même.

--- B) soit demande (Talab) que tel Être fasse telle action (Fi'l Hâdith). Et cet Être à qui le Muqsim adresse cette demande est :
----- a) soit Dieu ;
----- b) soit telle créature (forcément autre que le Muqsim).

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Le verset 5/89 institue le devoir de s'acquitter d'une expiation, Kaffâra, en cas de serment ayant été engagé mais ayant été rompu : "لاَ يُؤَاخِذُكُمُ اللّهُ بِاللَّغْوِ فِي أَيْمَانِكُمْ وَلَكِن يُؤَاخِذُكُم بِمَا عَقَّدتُّمُ الأَيْمَانَ فَكَفَّارَتُهُ إِطْعَامُ عَشَرَةِ مَسَاكِينَ مِنْ أَوْسَطِ مَا تُطْعِمُونَ أَهْلِيكُمْ أَوْ كِسْوَتُهُمْ أَوْ تَحْرِيرُ رَقَبَةٍ فَمَن لَّمْ يَجِدْ فَصِيَامُ ثَلاَثَةِ أَيَّامٍ ذَلِكَ كَفَّارَةُ أَيْمَانِكُمْ إِذَا حَلَفْتُمْ وَاحْفَظُواْ أَيْمَانَكُمْ كَذَلِكَ يُبَيِّنُ اللّهُ لَكُمْ آيَاتِهِ لَعَلَّكُمْ تَشْكُرُونَ" (Coran 5/89).

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Cela concerne à l'unanimité le serment du type A.3.c ("Par Dieu, je te donnerai 100 euros" / "Par Dieu, je ne mettrai plus les pieds chez toi") :

On a pris Dieu à témoin qu'on va faire telle chose, ou qu'on va ne pas faire telle chose. Si on n'a pas tenu l'engagement qu'on avait ainsi pris au sujet de soi-même (et qui était chose en soi autorisée), on doit s'acquitter de l'expiation mentionnée dans ce verset, et ce afin de se faire pardonner par Dieu de L'avoir pris comme Garant et Témoin de ce qu'on n'a ensuite pas respecté.
Et si ce dont on avait fait serment de le faire est chose en soi interdite, ou si ce dont on avait fait serment de ne pas le faire est chose en soi obligatoire, il est interdit de rester sur son serment : on doit rompre ce serment et s'acquitter de l'expiation.

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Pour ce qui est des deux cas A.3 restants : A.3.a ("Par Dieu, Dieu va faire ainsi") et A.3.b ("Par Dieu, telle créature va faire ainsi") :

Si Dieu n'a pas fait se réaliser cette chose ; ou si la créature autre que soi n'a pas réalisé ce dont on avait fait le serment qu'elle le réalisera :
--- d'après l'école hanbalite, une kaffâra est due par le Muqsim ;
--- d'après Ibn Taymiyya, si c'était pour honorer cet être qu'on a fait ce serment, et cet être n'a pas réalisé cela, aucune kaffâra n'est due ; par contre, si c'était pour obliger cet être à faire ce dont on e fait serment et qu'il ne l'a pas fait, une kaffâra est due par le Muqsim.

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Pour ce qui est des cas A.2 (A.2.a, A.2.b et A.2.c) ("Par Dieu, telle chose est ainsi") :

Dans le cas d'une Yamîn Ghamûs liée au présent (le Muqsim a fait serment que quelque chose est ainsi, alors qu'il savait être en train de mentir), le Muqsim devra s'acquitter d'une kaffâra d'après l'école shafi'ite, mais, cette fois, d'après l'école malikite aussi (sauf, d'après cette école, s'il s'est avéré que la chose est bien comme il en a fait le serment - alors même qu'il pensait qu'elle n'est pas ainsi et faisait donc, de son point de vue, un faux serment : pas de kaffâra d'après l'école malikite pour ce faux serment, parce que, dans le réel, la chose s'est avérée être comme il l'a dit).
Selon les malikites, ce cas A.2 (concernant le présent) rejoint le cas A.3 (concernant le futur).
Alors que selon les hanafites, ce cas A.2 (concernant le présent) rejoint le cas A.1 (concernant le passé).

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Quant aux cas A.1 (A.1.a, A.1.b et A.1.c) ("Par Dieu, telle chose a été ainsi") :

--- Soit le Muqsim sait au fond de lui qu'il ment quand il affirme que la chose a été comme il l'a dit : c'est alors une "Yamîn Ghamûs" : "عن عبد الله بن عمرو، عن النبي صلى الله عليه وسلم قال: "الكبائر: الإشراك بالله، وعقوق الوالدين، وقتل النفس، واليمين الغموس" (al-Bukhârî, 6675). D'après l'école shafi'ite, ici aussi il doit s'acquitter de l'expiation (kaffâra) mentionnée au verset 5/89. Tandis que d'après les autres écoles (y compris la malikite), ici il doit demander Pardon à Dieu, mais le hukm du verset 5/89 ne s'applique pas à lui : d'après ces autres écoles, il n'y a alors pas de kaffâra dont on doit s'acquitter : le péché est trop grand pour pouvoir être compensé par une kaffâra : il faut demander sincèrement Pardon à Dieu.

--- Soit le Muqsim pense sincèrement que la chose a été comme il l'a dit, mais ensuite il s'est avéré qu'il avait tort : c'est seulement d'après un des deux avis de l'école shafi'ite qu'il doit, ici aussi, s'acquitter de l'expiation. Et, ici :
----- soit le Muqsim était persuadé (il avait Conviction, Yaqîn) que la chose a été comme il l'a dit (mais en fait il a une vue défectueuse et avait mal vu) ;
----- soit le Muqsim avait seulement Zann Ghâlib (et pas Yaqîn) que la chose a été comme il l'a dit (et la vérité s'est révélée différente de ce qu'il pensait).

--- Soit le Muqsim pense sincèrement que la chose a été comme il l'a dit, et, de fait, la chose a véritablement été comme il l'a dite :
----- soit le Muqsim était persuadé (il avait Conviction, Yaqîn) que la chose a été comme il l'a dit ;
----- soit le Muqsim avait seulement Zann Ghâlib (et pas Yaqîn) que la chose a été comme il l'a dit.
Il n'y a alors aucune kaffâra dont il s'agit de s'acquitter.

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– Voici un exemple de chacun de ces cas de figure :

A.1 (information relative au passé :

A.1.a (et relative à Dieu) : "Par Dieu, Dieu a suscité Muhammad comme dernier Messager."

A.1.b (et relative à une créature) : "Par Dieu, Untel n'est pas venu hier".

A.1.c (et relative au Muqsim lui-même) : "Par Dieu, je n'ai pas su que le terrain qui est en ma possession serait à toi, et que mon père te l'aurait usurpé" : "عن الأشعث بن قيس، أن رجلا من كندة ورجلا من حضرموت اختصما إلى النبي صلى الله عليه وسلم في أرض من اليمن. فقال الحضرمي: "يا رسول الله، إن أرضي اغتصبنيها أبو هذا، وهي في يده". قال: "هل لك بينة؟" قال: "لا، ولكن أحلفه والله ما يعلم أنها أرضي اغتصبنيها أبوه". فتهيأ الكندي لليمين، فقال رسول الله صلى الله عليه وسلم: "لا يقتطع أحد مالا بيمين إلا لقي الله وهو أجذم". فقال الكندي: "هي أرضه (Abû Dâoûd, 3244). Lorsque pareil serment est réclamé lors d'un litige, utiliser une Tawriya est interdit, et le serment sera considéré par Dieu d'après le sens réclamé par la partie adverse : "عن أبي هريرة، قال: قال رسول الله صلى الله عليه وسلم: "يمينك على ما يصدقك عليه صاحبك". وقال عمرو: "يصدقك به صاحبك" (Muslim, 1653/20) ; "عن أبي هريرة، قال: قال رسول الله صلى الله عليه وسلم: "اليمين على نية المستحلف" (Muslim, 1653/21).

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A.2 (information relative au présent) :

A.2.a (et relative à Dieu) : "Par Dieu, Dieu est en Colère actuellement."

A.2.b (et relative à une créature) : "Par Dieu, Untel est malade en ce moment". Un autre exemple : Omar ibn ul-Khattâb fit serment par Dieu que Ibn Sayyâd est bien le Dajjâl ; le Prophète l'entendit faire ce serment et demeura silencieux : "عن محمد بن المنكدر قال: رأيت جابر بن عبد الله يحلف بالله أن ابن الصائد الدجال. قلت: تحلف بالله؟ قال: إنى سمعت عمر يحلف على ذلك عند النبى صلى الله عليه وسلم، فلم ينكره النبى صلى الله عليه وسلم" (al-Bukhârî, 6922). Omar ibn ul-Khattâb avait seulement Zann Ghâlib (et pas Yaqîn) que Ibn Sayyâd est le Dajjâl.

A.2.c (et relative au Muqsim lui-même) : "Par Dieu, je suis malade en ce moment".

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A.3 (information relative au futur) :

A.3.a (et relative à Dieu) : "Par Dieu, Dieu fera réaliser cette affaire, jusqu'à ce que le voyageur circulera depuis Sanaa jusqu'à Hadhramaout, n'ayant à craindre que Dieu, ainsi que le loup sur son troupeau d'ovins/caprins. Mais vous vous pressez" : "والله ليُتمنَّ هذا الأمرَ حتى يسيرَ الراكبُ من صنعاء إلى حضرموت لا يخاف إلا اللهَ أو الذئب على غنمِه، ولكنكم تستعجلون" (al-Bukhârî, 3416, 3639, 6544).

A.3.b (et relative à une créature) : "Par Dieu, Untel va venir ici demain !"

A.3.c (et relative au Muqsim lui-même) : Il s'agit de l'engagement que le Muqsim prend de faire. Et il le conclut :
------- A.3.c.a) soit avec Dieu : "Je prends l'engagement avec Dieu que je ferai telle bonne action chaque jour" ("أعاهد الله على أنني سأتصدق كل يوم بثلاثة أورو"). Cet engagement précis constitue un voeu (Badâ'ï' us-sanâ'ï', 6/350) (de façon plus générale, le fait d'entrer en islam - d'entrer dans l'Alliance - est un engagement qu'on prend avec Dieu de croire en Lui et de Lui obéir : "وَاذْكُرُواْ نِعْمَةَ اللّهِ عَلَيْكُمْ وَمِيثَاقَهُ الَّذِي وَاثَقَكُم بِهِ إِذْ قُلْتُمْ سَمِعْنَا وَأَطَعْنَا وَاتَّقُواْ اللّهَ إِنَّ اللّهَ عَلِيمٌ بِذَاتِ الصُّدُورِ" : Coran 5/7) ;
------- A.3.c.b) soit avec une créature : "Par Dieu, je te donnerai 100 euros." / "Par Dieu, je ne mettrai plus les pieds chez toi." (L'école hanafite considère l'engagement de ce type comme étant lui aussi une mu'âhadat ullâh, et ce à cause de la formule du serment : "Par Dieu" prononcée au début. Par contre, l'école shafi'ite ne considère pas cela ainsi : FB).

Ce qu'il y a dans ces hadîths : "ألا أخبركم بأهل الجنة؟ كل ضعيف متضعف، لو أقسم على الله لأبره. ألا أخبركم بأهل النار؟ كل عتل جواظ مستكبر" (al-Bukhârî, 4634, Muslim, 2853) ; et "عن أنس أن الربيع وهي ابنة النضر كسرت ثنية جارية، فطلبوا الأرش، وطلبوا العفو، فأبوا، فأتوا النبي صلى الله عليه وسلم، فأمرهم بالقصاص، فقال أنس بن النضر: "أتكسر ثنية الربيع يا رسول الله؟ لا، والذي بعثك بالحق، لا تكسر ثنيتها". فقال: "يا أنس كتاب الله القصاص"، فرضي القوم وعفوا، فقال النبي صلى الله عليه وسلم: "إن من عباد الله من لو أقسم على الله لأبره" (al-Bukhârî, 2556, Muslim, 1675), cela relève soit du A.3.a, soit du A.3.b : "ووجه تعجبه أن أنس بن النضر أقسم على نفي فعل غيره مع إصرار ذلك الغير على إيقاع ذلك الفعل؛ فكان قضية ذلك في العادة أن يحنث في يمينه؛ فألهم الله الغير العفو فبر قسم أنس. وأشار بقوله "إن من عباد الله" إلى أن هذا الاتفاق إنما وقع إكراما من الله لأنس ليبر يمينه" (FB 12).

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B (demande adressée à quelqu'un) :

B.a (et ce quelqu'un est Dieu) : "Ô Dieu, par Ta Face, je Te demande de m'accorder le Paradis."
"عن جابر قال: قال رسول الله صلى الله عليه وسلم: "لا يسأل بوجه الله إلا الجنة" (Abû Dâoûd, 1671, dha'îf). "عن أبي موسى الأشعري رضي الله عنه أنه سمع رسول الله صلى الله عليه وسلم يقول: "ملعون من سَأَلَ بوجه الله. وملعون من سُئل بوجه الله ثم مَنَع سائله، ما لم يُسأل هجرا". رواه الطبراني" (Sahîh ut-Targhîb wa-t-Tar'hîb, 851, hassan d'après al-Albânî). A la lumière de la seconde partie du second de ces deux hadîths ("ما لم يُسأل هجرا"), la première partie de ce second hadîth ("ملعون من سَأَلَ بوجه الله"), de même que le premier de ces hadîths ("لا يسأل بوجه الله إلا الجنة"), sont à comprendre comme signifiant : "Il ne faut demander "Bi waj'h illâh" que le Paradis, ou quelque chose de très important". Au sujet du premier de ces deux hadîths ("لا يسأل بوجه الله إلا الجنة"), Ibn ul-'Uthaymîn dit qu'il est question, ici, d'adresser cette demande : soit à une créature, soit à Dieu (Al-Qawl ul-mufîd, p. 942).

B.b (et ce quelqu'un est une créature) : "Par Dieu, tu vas me laisser interpréter ce rêve" / "Par Dieu, tu vas m'informer de l'erreur que j'ai faite" : ce sont là deux paroles que Abû Bakr avait dites au Prophète (sur lui soit la paix) : "عن ابن عباس رضي الله عنهما: أن رجلا أتى رسول الله صلى الله عليه وسلم فقال: "إني رأيت الليلة في المنام ظلة تنطف السمن والعسل، فأرى الناس يتكففون منها، فالمستكثر والمستقل، وإذا سبب واصل من الأرض إلى السماء، فأراك أخذت به فعلوت، ثم أخذ به رجل آخر فعلا به، ثم أخذ به رجل آخر فعلا به، ثم أخذ به رجل آخر فانقطع ثم وصل". فقال أبو بكر: "يا رسول الله، بأبي أنت، والله لتدعني فأعبرها". فقال النبي صلى الله عليه وسلم: "اعبرها". قال: "أما الظلة فالإسلام. وأما الذي ينطف من العسل والسمن فالقرآن، حلاوته تنطف، فالمستكثر من القرآن والمستقل. وأما السبب الواصل من السماء إلى الأرض فالحق الذي أنت عليه، تأخذ به فيعليك الله، ثم يأخذ به رجل من بعدك فيعلو به، ثم يأخذ به رجل آخر فيعلو به، ثم يأخذه رجل آخر فينقطع به، ثم يوصل له فيعلو به. فأخبرني يا رسول الله، بأبي أنت، أصبت أم أخطأت؟" قال النبي صلى الله عليه وسلم: "أصبت بعضا وأخطأت بعضا". قال: "فوالله يا رسول الله لتحدثني بالذي أخطأت". قال: "لا تقسم" (al-Bukhârî, 6639, Muslim, 2269).
C'est ce cas de figure qui est concerné par ce célèbre hadîth : "سمعت البراء بن عازب رضي الله عنهما، قال: " أمرنا النبي صلى الله عليه وسلم بسبع، ونهانا عن سبع فذكر: عيادة المريض، واتباع الجنائز، وتشميت العاطس، ورد السلام، ونصر المظلوم، وإجابة الداعي، وإبرار المقسم" (al-Bukhârî, 2313 etc., Muslim, 2066). Faire cet Ib'râr ul-muqsim est recommandé.
C'est bien pourquoi, lorsque sa fille Zaynab lui a demandé de venir, en faisant serment à la seconde reprise, le Prophète (sur lui soit la paix) est venu : "عن أسامة بن زيد رضي الله عنهما قال: أرسلت ابنة النبي صلى الله عليه وسلم إليه إن ابنا لي قبض، "فأتنا"، فأرسل يقرئ السلام، ويقول: "إن لله ما أخذ، وله ما أعطى، وكل عنده بأجل مسمى، فلتصبر، ولتحتسب". فأرسلت إليه تقسم عليه ليأتينها، فقام ومعه سعد بن عبادة ومعاذ بن جبل وأبي بن كعب وزيد بن ثابت ورجال. فرفع إلى رسول الله صلى الله عليه وسلم الصبي ونفسه تتقعقع - قال: حسبته أنه قال كأنها شن - ففاضت عيناه، فقال سعد: "يا رسول الله، ما هذا؟" فقال: "هذه رحمة جعلها الله في قلوب عباده، وإنما يرحم الله من عباده الرحماء" (al-Bukhârî, 1224, Muslim, 923). Plutôt que le fils de Zaynab, il se peut qu'il s'agisse de sa fille, Umâma bint Zaynab (FB 3/199-200).

--- Dans l'école hanbalite, le B.b est tel que si la personne a dit : "Je te demande par Dieu de faire ainsi", cela peut être un serment, comme cela peut être un tawassul : tout dépend de l'intention de la personne. "فإن قال: "والله ليفعلن فلان كذا"، أو: "لا يفعل"، أو حلف على حاضر فقال: "والله لتفعلن كذا"، فأحنثه ولم يفعل، فالكفارة على الحالف. كذا قال ابن عمر وأهل المدينة، وعطاء وقتادة والأوزاعي وأهل العراق (...)؛ لأن الحالف هو الحانث، فكانت الكفارة عليه؛ كما لو كان هو الفاعل لما يحنثه؛ ولأن سبب الكفارة إما اليمين، وإما الحنث، أو هما، وأي ذلك قدر فهو موجود في الحالف. وإن قال: "أسألك بالله لتفعلن" وأراد اليمين، فهي كالتي قبلها؛ وإن أراد الشفاعة إليه بالله، فليس بيمين، ولا كفارة على واحد منهما. (...). فصل: وثبت أن النبي - صلى الله عليه وسلم - أمر بإبرار المقسم رواه البخاري. وهذا - والله أعلم - على سبيل الندب، لا على سبيل الإيجاب؛ بدليل أن أبا بكر قال: أقسمت عليك يا رسول الله - صلى الله عليه وسلم - لتخبرني بما أصبت مما أخطأت. فقال النبي - صلى الله عليه وسلم - "لا تقسم يا أبا بكر"، ولم يخبره؛ ولو وجب عليه إبراره لأخبره" (Al-Mughnî, 13/328-329). Par contre, si la personne a dit : "Par Dieu, tu feras ainsi", cela est systématiquement un serment, car relevant plus du cas A.3.b (c'est comme si elle avait dit : "Par Dieu, Untel fera ainsi") ; dès lors, si ce dont la personne a fait serment n'a pas été réalisé par la tierce personne dans le délai stipulé, la première personne (le Muqsim) devra s'acquitter de la Kaffâra.

--- Dans l'école shafi'ite, par contre, la règle normale est que le B.b n'est pas un serment, sauf si la personne a eu l'intention de faire serment par cette formule : "وأما المناشدة فهو أن يقول "أقسم بالله عليك لتفعلن": فإنه لا ينعقد لا عليه ولا على المخاطب؛ إلا أن يقصد العقد على نفسه، فيصير حالفا، فيحنث بمخالفة المخاطب" (Al-Wassît).

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– Une partie du verset sus-cité se lit ainsi : "Et préservez vos serments" : "وَاحْفَظُواْ أَيْمَانَكُمْ" (Coran 5/89) :

Cela signifie :
--- se préserver de faire trop de serments ;
--- si on en a fait un, se préserver de le rompre ;
--- si on l'a rompu, s'acquitter de la kaffâra.

"وفي قوله تعالى: واحفظوا أيمانكم ثلاثة أقوال. أحدها: أقلوا منها، ويشهد له قوله تعالى: {ولا تجعلوا الله عرضة لأيمانكم} وأنشدوا: "قليل الألايا حافظ ليمينه". والثاني: احفظوا أنفسكم من الحنث فيها. والثالث: راعوها لكي تؤدوا الكفارة عند الحنث فيها" (Zâd ul-massîr).

"إذن قوله: {وَاحْفَظُوا أَيْمَانَكُمْ} بعد أن ذكر اليمين والكفارة والحنث، فما المراد بحفظ اليمين: هل هو الابتداء؟ أو الانتهاء؟ أو الوسط؟ أي: هل المراد: لا تكثروا الحلف بالله؟ أو المراد: إذا حلفتم فلا تحنثوا؟ أو المراد: إذا حلفتم فحنثتم فلا تتركوا الكفارة؟ الجواب: المراد كلها. فتشمل أحوال اليمين الثلاثة" (Al-Qawl ul-mufîd, Ibn ul-'Uthaymîn, p. 1043).

En tant qu'adhérant à la posture hanbalite (et shafi'ite) sur le sujet (voir plus haut), Ibn ul-'Uthaymîn précise cependant : "والمراد بعدم كثرة الحلف: ما كان معقودا ومقصودا. أما ما يجري على اللسان بلا قصد، مثل: "لا والله"، "وبلى والله" في عرض الحديث، فلا مؤاخذة فيه، لقوله تعالى: {لا يُؤَاخِذُكُمُ اللَّهُ بِاللَّغْوِ فِي أَيْمَانِكُمْ" (Al-Qawl ul-mufîd, p. 1043).

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– Un autre verset du Coran parlant lui aussi de serments :

"وَلاَ تَجْعَلُواْ اللّهَ عُرْضَةً لِّأَيْمَانِكُمْ أَن تَبَرُّواْ وَتَتَّقُواْ وَتُصْلِحُواْ بَيْنَ النَّاسِ وَاللّهُ سَمِيعٌ عَلِيمٌ" (Coran 2/224).
"وفي معنى الآية ثلاثة أقوال: أحدها: أن معناها: "لا تحلفوا بالله أن لا تبروا ولا تتقوا ولا تصلحوا بين الناس". هذا قول ابن عباس، ومجاهد، وعطاء، وابن جبير، والضحاك، وقتادة، والسدي، ومقاتل، والفراء، وابن قتيبة، والزجاج في آخرين. والثاني: أن معناها: "لا تحلفوا بالله كاذبين لتتقوا المخلوقين وتبروهم وتصلحوا بينهم بالكذب". روى هذا المعنى عطية عن ابن عباس. والثالث: أن معناها: "لا تكثروا الحلف بالله وإن كنتم بارين مصلحين؛ فان كثرة الحلف بالله ضرب من الجرأة عليه". هذا قول ابن زيد" (Zâd ul-massîr).

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– Quelques versets du Coran parlant pour leur part du Pacte de Dieu (عهد الله) :

"وَبِعَهْدِ اللّهِ أَوْفُواْ" (Coran 6/152).

"وَأَوْفُواْ بِعَهْدِ اللّهِ إِذَا عَاهَدتُّمْ وَلاَ تَنقُضُواْ الأَيْمَانَ بَعْدَ تَوْكِيدِهَا وَقَدْ جَعَلْتُمُ اللّهَ عَلَيْكُمْ كَفِيلاً إِنَّ اللّهَ يَعْلَمُ مَا تَفْعَلُونَ" (Coran 16/91).

"الَّذِينَ يُوفُونَ بِعَهْدِ اللّهِ وَلاَ يِنقُضُونَ الْمِيثَاقَ" (Coran 13/20) ("أى بجميع عهود الله؛ وهى أوامره ونواهيه التى وصى بها عبيده. ويدخل فى هذه الألفاظ التزام جميع الفروض، وتجنب جميع المعاصى" : Tafsîr ul-Qurtubî).
"وَالَّذِينَ يَنقُضُونَ عَهْدَ اللّهِ مِن بَعْدِ مِيثَاقِهِ" (Coran 13/25) (voir aussi 2/27).

"وَلاَ تَشْتَرُواْ بِعَهْدِ اللّهِ ثَمَنًا قَلِيلاً" (Coran 16/95).

"إِنَّ الَّذِينَ يَشْتَرُونَ بِعَهْدِ اللّهِ وَأَيْمَانِهِمْ ثَمَنًا قَلِيلاً أُوْلَئِكَ لاَ خَلاَقَ لَهُمْ فِي الآخِرَةِ وَلاَ يُكَلِّمُهُمُ اللّهُ وَلاَ يَنظُرُ إِلَيْهِمْ يَوْمَ الْقِيَامَةِ وَلاَ يُزَكِّيهِمْ وَلَهُمْ عَذَابٌ أَلِيمٌ" (Coran 3/77).

Dans ces versets, il s'agit :
--- soit du Pacte conclu avec qui que ce soit - fût-ce une créature - mais en prenant le Nom de Dieu, donc en faisant serment (les hanafites sont de cet avis) ;
--- soit seulement du Pacte conclu avec Dieu en Personne (c'est-à-dire : le A.3.c.a).

Al-Qaddûmî a un penchant vers le second de ces deux commentaires, et ce à la lumière de cet autre verset : "وَلَقَدْ كَانُوا عَاهَدُوا اللَّهَ مِن قَبْلُ لَا يُوَلُّونَ الْأَدْبَارَ وَكَانَ عَهْدُ اللَّهِ مَسْؤُولًا" (Coran 33/15) ainsi que d'autres du même genre.

Il écrit :

"بعهد الله} إما أن يكون المراد به: كل العهود؛ وإما أن يكون المراد: ما يعاهد اللهَ عليه.

فإن كان المراد به كل العهود، عندها تكون إضافة العهد إلى لفظ الجلالة "الله" إضافة تعظيم؛ رفعا لشأن العهد، وإعلاما بأنه ذو قدسية؛ لأن المسلم إذا عاهد فإنما يعاهد بصفته مسلما منتميا لدين الله، ومن هنا جاءت نسبة العهد إلى الله. (...)
وإن كان المراد {بعهد الله}: ما يعاهد الله عليه، فيكون "عهد الله" خاصا بالعهد المعقود مع الله سبحانه، وتكون الإضافة من باب الإضافة إلى المفعول.
ولقد تتبعت مادة "عهد" في القرآن، فوجدت كثيرا من الآيات لا تدل دلالة واضحة على معنى "عهد الله"، بل تحتاج إلى آيات أخرى أو قرائن أخرى لتحديد المعنى. وإن كنت أميل إلى أن "عهد الله" هو ما يعاهد الله عليه؛ لقوله تعالى {ولقد كانوا عاهدوا الله من قبل لا يولون الأدبار وكان عهد الله مسئولا} (الأحزاب: ١٥) حيث جاء التعبير عن العهد المعقود مع الله بــ{عهد الله}. بينما جاء التعبير بــ{العهد} من دون الإضافة إلى الله في قوله تعالى {ولا تقربوا مال اليتيم إلا بالتي هي أحسن حتى يبلغ أشده وأوفوا بالعهد إن العهد كان مسئولا} (الإسراء:٣٤) لأن العهد هنا معقود مع البشر على حفظ مال اليتيم، فجاء العهد من دون إضافته إلى الله.
وانظر - بارك الله فيك - إلى اختلاف إضافة "العهد" في قوله تعالى {يا بني إسرائيل اذكروا نعمتي التي أنعمت عليكم وأوفوا بعهدي أوف بعهدكم وإياي فارهبون} (البقرة: ٤٠) (...). ولاحظ معي - زادك الله حرصا - إلى الآيات التي لم يضف فيها "العهد" إلى الله، لترى أن هنالك فرقا بين العهد المضاف إلى الله وغير المضاف إليه: { ... وأقام الصلاة وآتى الزكاة والموفون بعهدهم إذا عاهدوا والصابرين في البأساء والضراء وحين البأس أولئك الذين صدقوا وأولئك هم المتقون} (البقرة: ١٧٧)؛ {بلى من أوفى بعهده واتقى فإن الله يحب المتقين} (آل عمران: ٧٦)؛ {الذين عاهدت منهم ثم ينقضون عهدهم في كل مرة ... } (الأنفال: ٥٦)؛ {وإن نكثوا أيمانهم من بعد عهدهم وطعنوا في دينكم فقاتلوا أئمة الكفر إنهم لا أيمان لهم لعلهم ينتهون} (التوبة: ١٢)؛ {والذين هم لأماناتهم وعهدهم راعون} (المؤمنون: ٨).

قد يقول قائل: إن قوله تعالى {إذا عاهدتم} يدل على اندراج كل العهود المشروعة تحت "عهد الله" لأن العهد مع الله ليس متجددا وليس اختياريا؛ لأن العهد مع الله إنما هو الإيمان والتزام أوامره واجتناب نواهيه، وهذا إنما يقع مرة واحدة عند دخول الإسلام.
وللجواب عن هذا فإن العهد مع الله سبحانه قد يكون في غير الإيمان؛ أليست بيعة النبي صلى الله عليه وسلم من العهد مع الله سبحانه و تعالى، كما حصل في بيعة الرضوان يوم الحديبية؟ قال تعالى: {إن الذين يبايعونك إنما يبايعون الله يد الله فوق أيديهم فمن نكث فإنما ينكث على نفسه ومن أوفى بما عاهد عليه الله فسيؤتيه أجرا عظيما} (الفتح: ١٠). وكذلك من "عهد الله" ما يقطعه الواحد على نفسه من طاعة معينة لله؛ قال تعالى: {ومنهم من عاهد الله لئن آتانا من فضله لنصدقن ولنكونن من الصالحين فلما آتاهم من فضله بخلوا به وتولوا وهم معرضون فأعقبهم نفاقا في قلوبهم إلى يوم يلقونه بما أخلفوا الله ما وعدوه وبما كانوا يكذبون} (التوبة)" (At-Tafsîr ul-bayânî li mâ fî sûrat in-Nahl min daqâ'ïq il-ma'ânî).

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III) Le témoignage : c'est l'affirmation renforcée, au sujet de quelque chose :

Cela est développé dans un autre article.

Wallâhu A'lam (Dieu sait mieux).

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