Des preuves, présentes dans le texte du Coran, que le Prophète (صلى الله عليه وسلم) recevait également de la révélation n'étant pas destinée à faire partie du Coran, par laquelle lui étaient communiqués des impératifs destinés aux musulmans -- الإثبات - بنصّ القرآن - لوجود أحكامٍ تكليفيّةٍ وَرَدَتْ في وحْي غير القرآن

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1) On lit dans le Coran : "Et Nous n'avions institué la Qib'la sur laquelle tu étais qu'afin que Nous sachions celui qui suit le Messager de celui qui s'en retourne sur ses talons. Et elle était difficile, sauf à ceux que Dieu a guidés. Et Dieu n'en était pas à perdre votre foi. Dieu est vis-à-vis des hommes certes Bon Miséricordieux" : "وَمَا جَعَلْنَا الْقِبْلَةَ الَّتِي كُنتَ عَلَيْهَا إِلاَّ لِنَعْلَمَ مَن يَتَّبِعُ الرَّسُولَ مِمَّن يَنقَلِبُ عَلَى عَقِبَيْهِ وَإِن كَانَتْ لَكَبِيرَةً إِلاَّ عَلَى الَّذِينَ هَدَى اللّهُ وَمَا كَانَ اللّهُ لِيُضِيعَ إِيمَانَكُمْ إِنَّ اللّهَ بِالنَّاسِ لَرَؤُوفٌ رَّحِيمٌ" (Coran 2/143) :

"سَيَقُولُ السُّفَهَاء مِنَ النَّاسِ مَا وَلاَّهُمْ عَن قِبْلَتِهِمُ الَّتِي كَانُواْ عَلَيْهَا قُل لِّلّهِ الْمَشْرِقُ وَالْمَغْرِبُ يَهْدِي مَن يَشَاء إِلَى صِرَاطٍ مُّسْتَقِيمٍ" : "Les sots parmi les hommes vont dire : "Qu'est-ce qui les a détournés de leur Qibl'a sur laquelle ils étaient ?" Dis : "A Dieu appartient l'Est et l'Ouest, Il guide qui Il veut vers un chemin droit" (Coran 2/142). Il est question, ici, de la Qib'la sur laquelle le Prophète et les croyants étaient aux tous débuts de leur installation à Médine : il s'agit de Bayt ul-Maqdis.

La Qib'la vers laquelle il est désormais impératif de se tourner, cette Qibl'a est évoquée plus loin : "قَدْ نَرَى تَقَلُّبَ وَجْهِكَ فِي السَّمَاء فَلَنُوَلِّيَنَّكَ قِبْلَةً تَرْضَاهَا فَوَلِّ وَجْهَكَ شَطْرَ الْمَسْجِدِ الْحَرَامِ وَحَيْثُ مَا كُنتُمْ فَوَلُّواْ وُجُوِهَكُمْ شَطْرَهُ" : "Nous voyons assurément le tournement de ton visage vers le ciel ; Nous allons donc assurément te tourner vers une Qib'la que tu agrées : tourne donc ton visage vers la Mosquée Sacrée ; et où que vous voyez, tournez votre visage vers elle" (Coran 2/144). Il s'agit de la Kaaba.

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Or Dieu a dit : "وَمَا جَعَلْنَا الْقِبْلَةَ الَّتِي كُنتَ عَلَيْهَا إِلاَّ لِنَعْلَمَ مَن يَتَّبِعُ الرَّسُولَ مِمَّن يَنقَلِبُ عَلَى عَقِبَيْهِ" : "Nous n'avions institué la Qib'la sur laquelle tu étais qu'afin que..."...

Mais où donc trouve-t-on l'ordre - antérieur - de se diriger vers Bayt ul-Maqdis pour effectuer la prière rituelle, ordre qui exprimait ce que Dieu Lui-même avait "institué" pour cette période-là (16 ou 17 mois) ?

Réponse : Nulle part dans le Coran.

Dès lors, de 3 choses l'une :
--- soit cet ordre avait été communiqué aux musulmans dans un verset du Coran, mais celui-ci est perdu ; il manque donc des passages dans le Coran (ce qui est impossible : "إِنَّا نَحْنُ نَزَّلْنَا الذِّكْرَ وَإِنَّا لَهُ لَحَافِظُونَ" : Coran 15/9) ;
--- soit cet ordre avait été communiqué aux musulmans dans un verset du Coran, mais celui-ci fait partie des passages du Coran qui ont été abrogés de récitation comme de règle (
mansûkh ul-hukm wa-t-tilâwa) ;
--- soit nous avons bien là une preuve du fait que le Prophète communiquait à ses Compagnons, par ses paroles à lui, des messages qui induisaient un impératif qu'il était obligatoire de suivre en tant que chose que Dieu Lui-même agrée et veut (
irâda tashrî'iyya) ; un impératif que Dieu a ensuite abrogé dans le Coran, mais qu'Il y a évoqué en disant : "Nous n'avions institué la Qib'la sur laquelle tu étais qu'afin...". Et, alors :
----- soit il s'agissait de
Wah'y Ghayr Matlû : un message que le Prophète avait reçu de Dieu mais qui n'était pas destiné à faire partie du texte du Coran ;
----- soit il s'agissait du résultat d'un
Ijtihâd du Prophète (sur lui soit la paix) mais que Dieu a entériné ;
----- mais dans les deux cas, c'était ce que Dieu avait institué en tant que chose obligatoire pour ce moment-là, et cela avait été communiqué verbalement par le Messager pas en tant que passage du Coran. Nous avons donc là une preuve du caractère "argumentant" de la Sunna : فهذا دليل لحُجِّيَّة السُنَّة.

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Allusion à ces appellations "Wah'y Matlû" et "Wah'y Ghayr Matlû" se trouve dans cette célèbre parole de Aïcha (que Dieu l'agrée) : "عن عائشة قالت: ولكني والله ما كنت أظن أن الله ينزل في براءتي وحيا يتلى؛ ولشأني في نفسي كان أحقر من أن يتكلّم الله في بأمر يتلى. ولكني كنت أرجو أن يرى رسول الله صلى الله عليه وسلم في النوم رؤيا يبرئني الله بها. فأنزل الله تعالى: {إن الذين جاءوا بالإفك} العشر الآيات" (al-Bukhârî, 7061, Muslim, 2770).

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2) On lit dans le Coran : "Vous a été rendu licite, la nuit du jeûne, le rapport avec vos femmes ; elles sont un vêtement pour vous et vous un vêtement pour elles. Dieu a su que vous trahissiez vos personnes, Il vous a alors pardonné et a passé dessus pour vous. Aussi, maintenant ayez des relations intimes avec elles et recherchez ce que Dieu a écrit pour vous ; et mangez et buvez ; jusqu'à ce que se distingue, pour vous, le fil blanc de l'aube du fil noir. Ensuite complétez le jeûne jusqu'à la nuit" : "أُحِلَّ لَكُمْ لَيْلَةَ الصِّيَامِ الرَّفَثُ إِلَى نِسَآئِكُمْ هُنَّ لِبَاسٌ لَّكُمْ وَأَنتُمْ لِبَاسٌ لَّهُنَّ عَلِمَ اللّهُ أَنَّكُمْ كُنتُمْ تَخْتانُونَ أَنفُسَكُمْ فَتَابَ عَلَيْكُمْ وَعَفَا عَنكُمْ فَالآنَ بَاشِرُوهُنَّ وَابْتَغُواْ مَا كَتَبَ اللّهُ لَكُمْ وَكُلُواْ وَاشْرَبُواْ حَتَّى يَتَبَيَّنَ لَكُمُ الْخَيْطُ الأَبْيَضُ مِنَ الْخَيْطِ الأَسْوَدِ مِنَ الْفَجْرِ ثُمَّ أَتِمُّواْ الصِّيَامَ إِلَى الَّليْلِ" (Coran 2/187) :

Ce verset induit bien un changement par rapport à ce qui était prescrit auparavant, et ce parce que certains Compagnons sont venus à leur épouse, faisant ainsi khiyâna avec eux-mêmes. "Dieu a passé dessus", et dit donc : "maintenant" vous pouvez avoir des relations intimes avec vos femmes "la nuit du jeûne", de même que vous pouvez manger et boire "jusqu'à" "l'aube" ; "ensuite complétez le jeûne jusqu'à la nuit".

Mais où trouve-t-on donc l'ordre antérieur de débuter le jeûne depuis bien avant l'aube (en fait c'était depuis le moment de la nuit où on s'était endormi : on ne pouvait plus alors ni manger, ni boire, ni avoir des relations intimes), chose par rapport à laquelle certains musulmans eurent un manquement ?

Réponse : Nulle part dans le Coran.

Certes, certains commentateurs (parmi lesquels Abu-l-'Âliya, ou encore Sa'îd ibn Jubayr), ont dit qu'allusion y est faite dans la proposition de ce verset : "كُتِبَ عَلَيْكُمُ الصِّيَامُ كَمَا كُتِبَ عَلَى الَّذِينَ مِن قَبْلِكُمْ" (Coran 2/183), vu que le jeûne des Gens du Livre débute depuis la nuit ; et que, par la suite, le verset 2/187 abrogea cet ordre de débuter le jeûne depuis la nuit.
Cependant, cela est zannî, supposé, car ni cela est dit explicitement au 2/183, ni cela n'y figure en tant qu'évidente allusion. De plus, chez les juifs, on ne trouve pas que le jeûne doive débuter depuis le moment où on s'est endormi la nuit : chez eux, les jeûnes mineurs débutent depuis l'aube ('amûd ul-fajr) ; et les jeûnes majeurs (parmi lesquels il y a celui du Yom Kippour) débutent depuis le coucher du soleil et durent jusqu'à - le lendemain - un moment postérieur au coucher du soleil (jusqu'à l'apparition de 3 étoiles dans le ciel).

Dès lors, pour en revenir au moment où le jeûne devait, au début chez les musulmans, commencer : De 3 choses l'une :
--- soit cela avait été dit dans un verset du Coran, cependant ce verset est perdu ; il manque donc des passages dans le Coran (ce qui est impossible) ;
--- soit cela avait été dit dans un verset du Coran, cependant ce verset relève des passages du Coran qui ont été abrogés de récitation comme de règle (mansûkh ul-hukm wa-t-tilâwa) ;
--- soit c'est que le Prophète avait institué ce moment du début du jeûne pour ses Compagnons par une de ses paroles ; celle-ci avait donc valeur d'impératif. Et, alors :
----- soit il s'agissait de
Wah'y Ghayr Matlû : un message que le Prophète avait reçu de Dieu mais qui n'était pas destiné à faire partie du texte du Coran ;
----- soit il s'agissait du résultat d'un
Ijtihâd du Prophète (sur lui soit la paix) : le Prophète avait enseigné de suivre, en matière du jeûne, la tradition des Arabes depuis avant la révélation du Coran : or ceux-ci le pratiquaient en le faisant débuter depuis ce moment de la nuit ;
----- mais dans les deux cas, c'était ce que Dieu avait institué en tant que chose obligatoire, et cela n'avait pas été révélé sous forme de passage du Coran.

Ces deux dernières options montrent qu'il existait une source supplémentaire au Coran qui induisait un impératif qu'il était obligatoire de suivre en tant que chose que Dieu Lui-même agrée et veut (irâda tashrî'iyya) ; un impératif que Dieu a ensuite abrogé dans le Coran, mais au contenu duquel Il a fait allusion en disant : "Dieu a su que vous trahissiez vos personnes, Il vous a alors pardonnés et a passé dessus pour vous. Aussi, maintenant ayez des relations intimes avec elles...".

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3) Au sujet de la campagne de Khaybar, devant suivre celle de al-Hudaybiya : "Ceux qui ont été gardés en arrière diront bientôt, lorsque vous partirez vers du butin pour le prendre : "Laissez-nous vous suivre." Ils veulent changer la Parole de Dieu ! Dis : "Vous ne nous suivrez absolument pas : ainsi Dieu a-t-Il dit auparavant". Ils diront alors : "C'est plutôt que vous avez de la jalousie pour nous". Mais plutôt ils ne comprenaient que peu" : "سَيَقُولُ الْمُخَلَّفُونَ إِذَا انطَلَقْتُمْ إِلَى مَغَانِمَ لِتَأْخُذُوهَا ذَرُونَا نَتَّبِعْكُمْ يُرِيدُونَ أَن يُبَدِّلُوا كَلَامَ اللَّهِ قُل لَّن تَتَّبِعُونَا كَذَلِكُمْ قَالَ اللَّهُ مِن قَبْلُ فَسَيَقُولُونَ بَلْ تَحْسُدُونَنَا بَلْ كَانُوا لَا يَفْقَهُونَ إِلَّا قَلِيلًا" (Coran 48/15) :

"Ainsi Dieu a-t-il dit auparavant". Et : "Ils veulent changer la Parole de Dieu !".
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Mais où trouve-t-on donc
cette "Parole de Dieu", que "Dieu a dite auparavant", en vertu de quoi ceux qui ne s'étaient pas joints au déplacement jusqu'à al-Hudaybiya avec le Prophète, ceux-là n'auraient pas le droit de suivre le Prophète et ses Compagnons lors du déplacement qu'ils feraient, juste après, vers Khaybar ?

Réponse : Nulle part dans le Coran.

C'est par l'une de Ses Paroles que Dieu avait révélée au prophète Muhammad (qu'Il le rapproche de Lui et le salue) mais qui n'était pas destinée à être récitées, donc à faire partie du Coran (وحي غير متلوّ), que Dieu lui avait signifié cela.
Et apparemment cette révélation avait eu lieu alors que le Prophète se trouvait sur le site de al-Hudaybiya (Zâd ul-massîr).

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4) Par rapport aux moqueries dont ils faisaient l'objet : "Passez dessus et détournez-vous, jusqu'à ce que Dieu fasse venir Sa Décision" : "فَاعْفُواْ وَاصْفَحُواْ حَتَّى يَأْتِيَ اللّهُ بِأَمْرِهِ" (Coran 2/109) :

Mais où trouve-t-on donc concrétisation de ce qui avait été annoncé ici par les termes : "jusqu'à ce que Dieu fasse venir Sa décision" ?

Réponse : Nulle part dans le Coran.

Cela figure dans la Sunna.

C'est bien pourquoi Ussâma ibn Zayd a cité ce verset 2/109 aussi lorsqu'il a raconté que, à Médine, le Prophète faisait dans un premier temps patience face aux propos que certains incroyants tenaient à son encontre, jusqu'à ce que Dieu lui donne l'autorisation d'agir : "فعفا عنه رسول الله صلى الله عليه وسلم. وكان النبي صلى الله عليه وسلم وأصحابه يعفون عن المشركين وأهل الكتاب، كما أمرهم الله، ويصبرون على الأذى؛ قال الله عز وجل: {ولتسمعن من الذين أوتوا الكتاب من قبلكم ومن الذين أشركوا أذى كثيرا} الآية، وقال الله: {ود كثير من أهل الكتاب لو يردونكم من بعد إيمانكم كفارا حسدا من عند أنفسهم} إلى آخر الآية؛ وكان النبي صلى الله عليه وسلم يتأول العفو ما أمره الله به. حتى أذن الله فيهم" (al-Bukhârî, 4290).

Et cela constitue certes un changement, apporté par un Hadîth, du hukm induit par un verset du Coran ; mais cela a été possible parce que ici, le changement avait été annoncé dans le Coran : ce peut donc bien être la Sunna (et non pas un plus récent verset du Coran) qui vient faire connaître cette Décision de Dieu auparavant annoncée dans Son Livre (il s'agit du cas "C.A" de Naskh) ; par ailleurs, il n'y a pas ici "abrogation définitive", mais au contraire Nas' (soit le sens 3 du terme "Naskh" dans notre autre article) : la règle ancienne demeure d'application en pays non-musulman.

At-Tabarî dit que l'impératif de patience induit par le verset 2/109 valait aussi pour les moqueries que certains Gens du Livre de la ville de Médine faisaient dans leurs paroles : "قال أبو جعفر: يعني جل ثناؤه بقوله {فاعفوا}: فتجاوزوا عما كان منهم من إساءة وخطأ في رأي أشاروا به عليكم في دينكم إرادة صدكم عنه ومحاولة ارتدادكم بعد إيمانكم، وعما سلف منهم من قيلهم لنبيكم صلى الله عليه وسلم: "واسمع غير مسمع وراعنا" ليا بألسنتهم وطعنا في الدين، {واصفحوا} عما كان منهم من جهل في ذلك {حتى يأتي الله بأمره}، فيحدث لكم من أمره فيكم ما يشاء، ويقضي فيهم ما يريد" (Tafsîr ut-Tabarî). Il ressort également de l'écrit de at-Tabarî que le passage forme "un seul bloc" depuis le verset 2/104 : "يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آمَنُواْ لاَ تَقُولُواْ رَاعِنَا وَقُولُواْ انظُرْنَا وَاسْمَعُواْ وَلِلكَافِرِينَ عَذَابٌ أَلِيمٌ" (Coran 2/104), jusqu'au verset 2/110 : "وَأَقِيمُواْ الصَّلاَةَ وَآتُواْ الزَّكَاةَ وَمَا تُقَدِّمُواْ لأَنفُسِكُم مِّنْ خَيْرٍ تَجِدُوهُ عِندَ اللّهِ إِنَّ اللّهَ بِمَا تَعْمَلُونَ بَصِيرٌ" (Coran 2/110) ; il écrit : "القول في تأويل قوله تعالى: {ود كثير من أهل الكتاب لو يردونكم من بعد إيمانكم كفارا} قال أبو جعفر: وقد صرح هذا القول من قول الله جل ثناؤه بأن خطابه بجميع هذه الآيات من قوله: {يا أيها الذين آمنوا لا تقولوا راعنا}، وإن صرف في نفسه الكلام إلى خطاب النبي صلى الله عليه وسلم، إنما هو خطاب منه للمؤمنين من أصحابه، وعتاب منه لهم، ونهي عن انتصاح اليهود ونظرائهم من أهل الشرك، وقبول آرائهم في شيء من أمور دينهم؛ ودليل على أنهم كانوا استعملوا أو من استعمل منهم في خطابه ومسألته رسول الله صلى الله عليه وسلم الجفاء، وما لم يكن له استعماله معه، تأسيا باليهود في ذلك أو ببعضهم. فقال لهم ربهم ناهيا عن استعمال ذلك: "لا تقولوا لنبيكم صلى الله عليه وسلم كما تقول له اليهود: "راعنا"، تأسيا منكم بهم، ولكن قولوا: "انظرنا واسمعوا"، فإن أذى رسول الله صلى الله عليه وسلم كفر بي، وجحود لحقي الواجب لي عليكم في تعظيمه وتوقيره، ولمن كفر بي عذاب أليم. فإن اليهود والمشركين ما يودون أن ينزل عليكم" (Tafsîr ut-Tabarî).

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5) Dans le verset suivant, il est précisé : "jusqu'à ce que (...), ou que Dieu institue pour elles une voie" : "حَتَّىَ (...) يَجْعَلَ اللّهُ لَهُنَّ سَبِيلاً" :

Mais où trouve-t-on donc concrétisation de ce qui avait été annoncé ici par les termes : "jusqu'à ce que Dieu institue pour elle une voie" ?

Réponse : Nulle part dans le Coran.

C'est la Sunna qui est venue exposer cette voie (le hadîth en question a été rapporté par Muslim).

Il s'est agi, ici encore (comme au cas précédent), du cas "C.A" de Naskh.
Par contre, il s'est agi ici (contrairement au cas précédent) d'un Naskh définitif ("le sens 1" du terme "Naskh" dans notre autre article) ; cependant, la règle abrogeante - comme d'ailleurs la règle abrogée - n'est applicable que par une autorité exécutive musulmane, et pas par le commun des musulmans, et donc jamais en pays non-musulman.

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6) Le verset suivant sert pour sa part de preuve seulement pour ceux qui croient bien que la viande du chien, celle du singe ainsi que celle de l'âne domestique (par exemple) sont illicites à la consommation du musulman. Dieu dit : "Dis : "Je ne trouve, dans ce qui m'a été révélé, aucune chose interdite pour un consommateur (voulant) la consommer, excepté que ce soit une bête morte, du sang répandu, de la chair de porc – car c'est une souillure –, ou ce par quoi, par mal, autre que Dieu a été invoqué." (...)" : "قُل لاَّ أَجِدُ فِي مَا أُوْحِيَ إِلَيَّ مُحَرَّمًا عَلَى طَاعِمٍ يَطْعَمُهُ إِلاَّ أَن يَكُونَ مَيْتَةً أَوْ دَمًا مَّسْفُوحًا أَوْ لَحْمَ خِنزِيرٍ فَإِنَّهُ رِجْسٌ أَوْ فِسْقًا أُهِلَّ لِغَيْرِ اللّهِ بِهِ فَمَنِ اضْطُرَّ غَيْرَ بَاغٍ وَلاَ عَادٍ فَإِنَّ رَبَّكَ غَفُورٌ رَّحِيمٌ" (Coran 6/145) :

Ce verset 6/145 exprime explicitement une restriction des choses consommables qui sont illicites aux 4 choses qu'il mentionne.
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Or le musulman qui croit bien que la viande du chien, celle du singe et celle de l'âne domestique (entre autres) sont illicites, ne trouve mention de cela dans aucun verset qui serait venu abroger la restriction présente ici, en Coran 6/145 : il se réfère donc bien à la Sunna, aux Hadîths.
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Car, en effet, c'est la Sunna qui a interdit bien d'autres nourritures au musulman : entre autres la chair de l'âne domestique, des animaux carnassiers (loup, lion, chien, chat, etc.), des oiseaux de proie, etc. (lire : Quels aliments ne sont pas autorisés pour le musulman, et pourquoi ?).

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Et ce n'est même pas que ce hadîth serait venu abroger la restriction induite par ce
verset 6/145 (car un hadîth n'abroge jamais à lui seul le hukm induit de façon inconditionnelle - mutlaqan - par un verset du Coran).

Ce qu'il y a ici c'est que ce verset 6/145 avait été révélé quand le Prophète vivait encore à La Mecque. Et il ne dit pas : "Il n'existe pas, auprès de Dieu, de chose interdite pour un consommateur (voulant) la consommer, excepté...", mais seulement : "Dis : "Je ne trouve pas, dans ce qui m'a été révélé, de chose interdite..." : ces termes font allusion à une certaine relativité dans le temps, cela eu égard au caractère connu d'étalement de la révélation, et de progressivité dans l'institution des règles (التدريج في التشريع).
La phrase signifie donc seulement ceci : "Je ne trouve pas, dans ce qui m'a été révélé [jusqu'à présent], de (chose) interdite pour un consommateur (voulant) la consommer, excepté...".

Après cela, une fois à Médine, le Prophète a reçu, par révélation non-coranique (wah'y ghayr matlû), la communication d'autres interdits encore pour la catégorie des choses consommables.

Par ailleurs, le verbe ici employé ("طعِم") s'emploie certes en premier lieu pour les aliments, mais aussi, par extension, pour la boisson (la preuve en est ce verset : "فَلَمَّا فَصَلَ طَالُوتُ بِالْجُنُودِ قَالَ إِنَّ اللّهَ مُبْتَلِيكُم بِنَهَرٍ فَمَن شَرِبَ مِنْهُ فَلَيْسَ مِنِّي وَمَن لَّمْ يَطْعَمْهُ فَإِنَّهُ مِنِّي" : Coran 2/249 ; et cet autre : "لَيْسَ عَلَى الَّذِينَ آمَنُواْ وَعَمِلُواْ الصَّالِحَاتِ جُنَاحٌ فِيمَا طَعِمُواْ إِذَا مَا اتَّقَواْ وَّآمَنُواْ وَعَمِلُواْ الصَّالِحَاتِ ثُمَّ اتَّقَواْ وَّآمَنُواْ ثُمَّ اتَّقَواْ وَّأَحْسَنُواْ وَاللّهُ يُحِبُّ الْمُحْسِنِينَ" : Coran 5/93, ce dernier faisant allusion à ceux qui avaient bu de l'alcool avant qu'il soit déclaré interdit). Et à La Mecque, l'alcool n'était pas encore déclaré illicite, et le verset 6/145 n'en interdisait pas la consommation, restreignant les choses consommables illicites au nombre de 4. Or, à Médine, l'alcool fut lui aussi ajouté à la liste des choses de consommation rendues illicites : "يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آمَنُواْ إِنَّمَا الْخَمْرُ وَالْمَيْسِرُ وَالأَنصَابُ وَالأَزْلاَمُ رِجْسٌ مِّنْ عَمَلِ الشَّيْطَانِ فَاجْتَنِبُوهُ لَعَلَّكُمْ تُفْلِحُونَ" (Coran 5/90). La restriction induite par le verset 6/145 connut donc une abrogation par ce verset 5/90 aussi ; certes, l'alcool ne fut complètement interdit qu'en l'an 8 de l'hégire, alors même que dès l'an 7, le Prophète (sur lui soit la paix) disait à Khaybar que la chair de l'âne domestique est illicite ; cependant, depuis avant l'an 8, une restriction à la consommation d'alcool avait commencé.

"وقيل: أي لا أجد فيما أوحي إلي أي في هذه الحال حال الوحي ووقت نزوله؛ ثم لا يمتنع حدوث وحي بعد ذلك بتحريم أشياء أخر" (Tafsîr ul-Qurtubî 7/116) ; "والآية مكية. ولم يكن في الشريعة في ذلك الوقت محرم غير هذه الأشياء. ثم نزلت سورة المائدة بالمدينة، وزيد في المحرمات كالمنخنقة والموقوذة والمتردية والنطيحة والخمر وغير ذلك؛ وحرم رسول الله صلى الله عليه وسلم بالمدينة أكل كل ذي ناب من السباع وكل ذي مخلب من الطير" (Ibid. 7/115).
"قوله تعالى: {على طعام} الطعام يطلق على ما يطعم ويشرب: قال الله تعالى: {ومن لم يطعمه فإنه مني}، وقال: {ليس على الذين آمنوا وعملوا الصالحات جناح فيما طعموا} أي: ما شربوه من الخمر - على ما يأتي بيانه" (Tafsîr ul-Qurtubî, 1/422) ;
"الخامسة: قوله تعالى: {طعموا} أصل هذه اللفظة في الأكل، يقال: "طعم الطعام وشرب الشراب". لكن قد تجوز في ذلك فيقال: "لم أطعم خبزا ولا ماء ولا نوما" (Ibid., 6/296) ; "الرابعة- قوله تعالى: {ومن لم يطعمه فإنه مني} يقال: "طعمت الشيء" أي ذقته. و"أطعمته الماء" أي أذقته. ولم يقل: "ومن لم يشربه" لأن من عادة العرب إذا كرروا شيئا أن يكرروه بلفظ آخر. ولغة القرآن أفصح اللغات، فلا عبرة بقدح من يقول: لا يقال: "طعمت الماء" (Ibid., 3/252).

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A la lumière de tout ce qui précède, on comprend mieux ce que signifie cette phrase du Coran : "أَطِيعُواْ اللّهَ وَأَطِيعُواْ الرَّسُولَ" : "Obéissez à Dieu et obéissez au Messager" (Coran 5/92 - 24/54 - 47/33 - 64/12), avec la répétition du verbe "obéissez" devant "le Messager" :

Cette phrase signifie non pas qu'il s'agirait d'obéir à deux êtres : d'un côté Dieu, et de l'autre côté Son Messager (ليس معناها: عليكم بإطاعة الله، ومع ذلك بإطاعة رسول الله من حيث أنه مستحق للإطاعة مستقلًا عن الله).
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Elle signifie qu'il s'agit d'obéir à Dieu (بإطاعة العبادة) mais que cela se fait en suivant ce que Dieu a dit dans Sa Parole (le Coran), et en suivant aussi ce que Son Messager a ordonné par ses paroles ou ses actions (alors même que Dieu ne l'a pour Sa part pas ordonné dans le Coran) (بل معناها: عليكم بإطاعة الله إطاعة التعبّد، وذلك باتباع ما أمَركم به تعالى في القرآن، وباتباع ما أمَركم به رسولُه في السنّة).

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Les hadîths sont bien connus qui disent que les deux sources de référence du musulman sont le Coran et la Sunna du Prophète (sur lui soit la paix) :

Des hadîths disant cela :
--- l'un est relaté par Abû Hurayra : "حدثنا أحمد بن منصور بن سيار، قال: حدثنا داود بن عمرو، قال: حدثنا صالح بن موسى بن عبد الله بن طلحة قال: حدثني عبد العزيز بن رفيع عن أبي صالح، عن أبي هريرة، قال: قال رسول الله صلى الله عليه وسلم: "إني قد خلفت فيكم اثنين لن تضلوا بعدهما أبدا: كتاب الله وسنتي؛ ولن يتفرقا حتى يردا على الحوض" (al-Bazzâr, 8993) ;
--- un autre par 'Awf ibn Mâlik : "حدثنا سعيد بن عثمان، نا أحمد بن دحيم، نا محمد بن إبراهيم الديبلي، نا علي بن زيد الفرائضي، نا الحنيني، عن كثير بن عبد الله بن عمرو بن عوف، عن أبيه، عن جده قال: قال رسول الله صلى الله عليه وسلم: "تركت فيكم أمرين لن تضلوا ما تمسكتم بهما: كتاب الله وسنة نبيه صلى الله عليه وسلم" (Jâmi'u bayân il-'ilm wa fadhlih, Ibn 'Abd il-Barr, n° 724) ;
--- un autre par Abû Sa'ïd al-Khud'rî : "وقال عليه السلام فيما أخبرنا به القاضي الحافظ أبو علي الحسين ابن محمد رحمه الله قراءة مني عليه قال أخبرنا الشيخ الإمام أبو الفضل أحمد بن أحمد الأصبهاني قال أخبرنا أبو نعيم أحمد بن عبد الله الحافظ قال أخبرنا عبد الله بن محمد بن جعفر أخبرنا بنان بن أحمد القطان أخبرنا عبد الله بن عمر بن أبان أخبرنا شعيب بن إبراهيم أخبرنا سيف بن عمر عن أبان بن إسحق الأسدي عن الصباح بن محمد عن أبي حازم عن أبي سعيد الخدري قال: قال رسول الله صلى الله عليه وسلم: "أيها الناس إني قد تركت فيكم الثقلين: كتاب الله وسنتي، فلا تفسدوه؛ وإنه لا تعمى أبصاركم ولن تزل أقدامكم ولن تقصر أيديكم ما أخذتم بهما" (Al-Ilmâ', al-qâdhî 'Iyâdh) ;
--- un autre par Ibn Abbâs : "حدثنا أبو بكر أحمد بن إسحاق الفقيه، أنبأ العباس بن الفضل الأسفاطي، ثنا إسماعيل بن أبي أويس، وأخبرني إسماعيل بن محمد بن الفضل الشعراني، ثنا جدي، ثنا ابن أبي أويس، حدثني أبي، عن ثور بن زيد الديلي، عن عكرمة، عن ابن عباس، أن رسول الله صلى الله عليه وسلم خطب الناس في حجة الوداع، فقال: "قد يئس الشيطان بأن يعبد بأرضكم ولكنه رضي أن يطاع فيما سوى ذلك مما تحاقرون من أعمالكم، فاحذروا. يا أيها الناس إني قد تركت فيكم ما إن اعتصمتم به فلن تضلوا أبدا: كتاب الله وسنة نبيه صلى الله عليه وسلم. إن كل مسلم أخ مسلم، المسلمون إخوة. ولا يحل لامرئ من مال أخيه إلا ما أعطاه عن طيب نفس. ولا تظلموا، ولا ترجعوا من بعدي كفارا يضرب بعضكم رقاب بعض" (al-Hâkim, 318) ;
--- Mâlik ibn Anas a pour sa part déclaré qu'il lui est parvenu (balâgh) que le Messager de Dieu (sur lui soit la paix) a dit : "J'ai laissé parmi vous deux choses telles que vous ne vous égarerez absolument pas tant que vous vous cramponnerez à elles : le Livre de Dieu, et la Sunna de Son Prophète" : "مالك أنه بلغه أن رسول الله صلى الله عليه وسلم قال: "تركت فيكم أمرين لن تضلوا ما تمسكتم بهما: كتاب الله وسنة نبيه" (Muwattâ' Mâlik, 1718).

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Or il faut savoir qu'aucun de ces hadîths n'est exempt d'une certaine discussion (kalâm) quant à son authenticité :

--- soit que, dans la chaîne de transmission, un (ou quelques) maillon(s) postérieur(s) - dans le temps - au Compagnon fait (ou font) l'objet d'avis divergents quant à sa (ou leur) fiabilité : c'est le cas pour le hadîth de Abû Hurayra, pour celui de 'Awf ibn Mâlik et pour celui de Abû Sa'ïd al-Khud'rî ;
--- soit que le hadîth est gharîb (ici avec le sens de "constituant une erreur de narration parce que isolé"). C'est le cas pour le hadîth de Abdullâh ibn Abbâs, dans la mesure où les autres ne relatent, pour ce sermon du 9 dhu-l-hijja, que les mots : "le Livre de Dieu", et pas les mots : "le Livre de Dieu et ma Sunna" : c'est ce que al-Hâkim a lui-même écrit après avoir rapporté ce hadîth : "وقد احتج البخاري بأحاديث عكرمة، واحتج مسلم بأبي أويس؛ وسائر رواته متفق عليهم. وهذا الحديث لخطبة النبي صلى الله عليه وسلم متفق على إخراجه في الصحيح*: "يا أيها الناس إني قد تركت فيكم ما لن تضلوا بعده إن اعتصمتم به: كتاب الله. وأنتم مسئولون عني، فما أنتم قائلون؟". وذكر الاعتصام بالسنة في هذه الخطبة غريب، ويحتاج إليها؛ وقد وجدت له شاهدا من حديث أبي هريرة" (Al-Mustad'rak) (* مراده: صحيح مسلم، ففيه حديث جابر، رقم 1218). Il s'agit donc d'une erreur de relation de la part d'un transmetteur postérieur : ce jour-là, le Prophète (sur lui soit la paix) a seulement dit : "le Livre de Dieu" : c'est la conclusion des ulémas du site Islamqa.info : "فحديث خطبة عرفة فيه الوصاية بكتاب الله فقط، ليس فيه زيادة "السنة"، ولا "أهل البيت"؛ هذا هو المحفوظ" (islamqa.info). Une autre possibilité - théorique - est que Ibn Abbâs ait relaté le sermon de samedi le jour du Nahr (le 10 dhu-l-hijja), tandis que Jâbir ait pour sa part relaté le sermon de vendredi le jour de 'Arafa (le 9 dhu-l-hijja) ; le fait est que certaines autres phrases que Ibn Abbâs a relatées se retrouvent dans ce qui a été relaté comme sermon du jour de Nahr : "عن ابن عباس رضي الله عنهما، أن رسول الله صلى الله عليه وسلم خطب الناس يوم النحر فقال: "يا أيها الناس أي يوم هذا؟"، قالوا: يوم حرام، قال: "فأي بلد هذا؟"، قالوا: بلد حرام، قال: "فأي شهر هذا؟"، قالوا: شهر حرام"، قال: "فإن دماءكم وأموالكم وأعراضكم عليكم حرام، كحرمة يومكم هذا، في بلدكم هذا، في شهركم هذا"، فأعادها مرارا، ثم رفع رأسه فقال: "اللهم هل بلغت، اللهم هل بلغت" - قال ابن عباس رضي الله عنهما: فوالذي نفسي بيده، إنها لوصيته إلى أمته. "فليبلغ الشاهد الغائب، لا ترجعوا بعدي كفارا، يضرب بعضكم رقاب بعض" (al-Bukhârî, 1652) ; "عن أبي بكرة رضي الله عنه، قال: خطبنا النبي صلى الله عليه وسلم يوم النحر، قال: "أتدرون أي يوم هذا؟"، قلنا: "الله ورسوله أعلم"، فسكت حتى ظننا أنه سيسميه بغير اسمه، قال: "أليس يوم النحر؟" قلنا: "بلى"، قال: "أي شهر هذا؟"، قلنا: "الله ورسوله أعلم"، فسكت حتى ظننا أنه سيسميه بغير اسمه، فقال: "أليس ذو الحجة؟"، قلنا: "بلىط، قال: "أي بلد هذا؟" قلنا: "الله ورسوله أعلم"، فسكت حتى ظننا أنه سيسميه بغير اسمه، قال: "أليست بالبلدة الحرام؟" قلنا: "بلى"، قال: "فإن دماءكم وأموالكم عليكم حرام، كحرمة يومكم هذا، في شهركم هذا، في بلدكم هذا، إلى يوم تلقون ربكم. ألا هل بلغت؟"، قالوا: "نعم"، قال: "اللهم اشهد. فليبلغ الشاهد الغائب، فرب مبلغ أوعى من سامع. فلا ترجعوا بعدي كفارا، يضرب بعضكم رقاب بعض" (al-Bukhârî, 1654) ; "عن ابن عمر رضي الله عنهما، قال: قال النبي صلى الله عليه وسلم بمنى: "أتدرون أي يوم هذا؟"، قالوا: الله ورسوله أعلم، فقال: "فإن هذا يوم حرام، أفتدرون أي بلد هذا؟"، قالوا الله ورسوله أعلم، قال: "بلد حرام، أفتدرون أي شهر هذا؟"، قالوا: الله ورسوله أعلم، قال: "شهر حرام"، قال: "فإن الله حرم عليكم دماءكم وأموالكم وأعراضكم، كحرمة يومكم هذا في شهركم هذا في بلدكم هذا". وقال هشام بن الغاز: أخبرني نافع، عن ابن عمر رضي الله عنهما، وقف النبي صلى الله عليه وسلم يوم النحر بين الجمرات في الحجة التي حج بهذا، وقال: "هذا يوم الحج الأكبر" فطفق النبي صلى الله عليه وسلم يقول: "اللهم اشهد"، وودع الناس، فقالوا: هذه حجة الوداع" (al-Bukhârî, 1655, Muslim, 66).

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Cependant, malgré ces discussions
...

--- D'une part il existe d'autres hadîths - pour leur part tout à fait authentiques -, qui renvoient aux deux mêmes sources, Coran et Sunna, mais formulent cela en d'autres termes :
----- "La meilleure parole qui soit est le Livre de Dieu ; et le meilleur mode de vie qui soit est le mode de vie de Muhammad. Les pires de choses sont celles qui sont innovées ; et toute Bid'a est un égarement" : "عن جابر بن عبد الله، قال: كان رسول الله صلى الله عليه وسلم إذا خطب احمرت عيناه، وعلا صوته، واشتد غضبه، حتى كأنه منذر جيش يقول: صبحكم ومساكم؛ ويقول: "بعثت أنا والساعة كهاتين"، ويقرن بين إصبعيه السبابة، والوسطى، ويقول: "أما بعد، فإن خير الحديث كتاب الله، وخير الهدى هدى محمد، وشر الأمور محدثاتها، وكل بدعة ضلالة"؛ ثم يقول: "أنا أولى بكل مؤمن من نفسه، من ترك مالا فلأهله، ومن ترك دينا أو ضياعا فإلي وعلي" (Muslim, 867) ;
----- le hadîth suivant dit que, face aux nombreuses divergences qui verront le jour après le Prophète, la solution pour éviter les innovations religieuses, sera de se référer pleinement à la Sunna du Prophète et à celle des califes bien guidés après lui : "Adoptez la taqwâ de Dieu. Ainsi que "écouter et obéir" (au dirigeant), ce dernier fût-il un esclave abyssinien. Et vous verrez après moi des divergences fortes : - attachez-vous alors fermement, en y mordant, à ma Sunna et la Sunna des califes bien guidés après moi ; - et préservez-vous des choses innovées (Muhdath), car toute innovation (Bid'a) est un égarement" : "عن العرباض بن سارية قال: قام فينا رسول الله صلى الله عليه وسلم ذات يوم، فوعظنا موعظة بليغة وجلت منها القلوب، وذرفت منها العيون، فقيل: "يا رسول الله، وعظتنا موعظة مودع! فاعهد إلينا بعهد." فقال: "عليكم بتقوى الله، والسمع والطاعة وإن عبدا حبشيا. وسترون من بعدي اختلافا شديدا؛ فـعليكم بسنتي وسنة الخلفاء الراشدين المهديين، عضوا عليها بالنواجذ؛ وإياكم والأمور المحدثات، فإن كل بدعة ضلالة" (at-Tirmidhî, 2676, Ibn Mâja, 42, et c'est sa version qui a été reproduite ici). "وسنة الخلفاء الراشدين": فإنهم لم يعملوا إلا بسنتي؛ فالإضافة إليهم إما لعملهم بها أو لاستنباطهم واختيارهم إياها" (Mirqât ul-mafâtîh).

--- Plus que tout, il y a la phrase sus-citée du Coran, laquelle est présente dans de nombreux versets : "أَطِيعُواْ اللّهَ وَأَطِيعُواْ الرَّسُولَ" : "Obéissez à Dieu et obéissez au Messager" (Coran 5/92 - 24/54 - 47/33 - 64/12).

--- C'est bien pourquoi, en commentaire du balâgh sus-cité de Mâlik ibn Anas, Ibn Abd il-Barr a écrit que son contenu est répandu au point qu'on pourrait presque se passer de la chaîne de narration : "حديث ثان وثلاثون من البلاغات: مالك أنه بلغه أن رسول الله صلى الله عليه وسلم قال: "تركت فيكم أمرين لن تضلوا ما تمسكتم بهما كتاب الله وسنة نبيه". وهذا أيضا محفوظ معروف مشهور عن النبي صلى الله عليه وسلم عند أهل العلم شهرة يكاد يستغنى بها عن الإسناد. وروي في ذلك من أخبار الآحاد أحاديث من أحاديث أبي هريرة وعمرو بن عوف" (At-Tam'hîd).

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Question subsidiaire : Ne s'agirait-il pas, plutôt, de se référer aux : Coran et Ahl ul-Bayt, comme cela est dit dans un autre hadîth ?

Zayd ibn Arqam (que Dieu l'agrée) relate que, pendant un voyage [il s'agit de son retour depuis la Mecque, après le pèlerinage d'Adieu], le Prophète s'arrêta en un lieu nommé "point d'eau de Khumm", situé entre La Mecque et Médine. Il fit alors un discours ; après avoir fait les louanges de Dieu et Ses éloges, il adressa des conseils aux Compagnons présents. Il dit : "Ô les gens, je ne suis qu'un humain ; proche est le moment où le messager de mon Rabb viendra [= l'ange de la mort] puis que je répondrai (à son invitation à le suivre). Et je laisse parmi vous deux choses lourdes. La première est le Livre de Dieu ; il s'y trouve la guidance et la lumière ; prenez le Livre de Dieu et attachez-vous à lui." Il exhorta donc à (suivre) le Livre de Dieu. Puis il dit : "Et les gens de ma maison : je vous rappelle Dieu au sujet des gens de ma maison, je vous rappelle Dieu au sujet des gens de ma maison, je vous rappelle Dieu au sujet des gens de ma maison".
Hussayn ibn Sab'ra demanda à Zayd : "Et qui sont donc les gens de sa maison, ô Zayd ? Ses épouses ne font-elles pas partie des gens de sa maison ?" Zayd ibn Arqam répondit : "Ses épouses font [bien sûr] partie des "gens de sa maison" (Ahlu baytihî). Mais "les gens de sa maison" sont [ici, de façon particulière] : "ceux, en sus de lui, à qui prendre l'aumône a été interdit". Hussayn ibn Sab'ra dit : "Et qui sont-ils ? - Ce sont 'Alî et ses descendants ; 'Aqîl et ses descendants ; Ja'far et ses descendants ; 'Abbâs et ses descendants." - Sur tous ceux-là prendre l'aumône a-t-il été rendu interdit ? - Oui".
"عن يزيد بن حيان، قال: انطلقت أنا وحصين بن سبرة، وعمر بن مسلم، إلى زيد بن أرقم. فلما جلسنا إليه قال له حصين: "لقد لقيت يا زيد خيرا كثيرا، رأيت رسول الله صلى الله عليه وسلم، وسمعت حديثه وغزوت معه وصليت خلفه. لقد لقيت يا زيد خيرا كثيرا. حدثنا يا زيد ما سمعت من رسول الله صلى الله عليه وسلم". قال: "يا ابن أخي والله لقد كبرت سني وقدم عهدي، ونسيت بعض الذي كنت أعي من رسول الله صلى الله عليه وسلم. فما حدثتكم فاقبلوا؛ وما لا، فلا تكلفونيه". ثم قال: قام رسول الله صلى الله عليه وسلم يوما فينا خطيبا بماء يدعى خُمًّا بين مكة والمدينة، فحمد الله وأثنى عليه ووعظ وذكر، ثم قال: "أما بعد. ألا أيها الناس، فإنما أنا بشر يوشك أن يأتي رسول ربي فأجيب. وأنا تارك فيكم ثقلين: أولهما: كتاب الله، فيه الهدى والنور، فخذوا بكتاب الله واستمسكوا به". فحث على كتاب الله ورغب فيه. ثم قال: "وأهل بيتي، أذكركم الله في أهل بيتي، أذكركم الله في أهل بيتي، أذكركم الله في أهل بيتي". فقال له حصين: "ومن أهل بيته، يا زيد؟ أليس نساؤه من أهل بيته؟" قال: "نساؤه من أهل بيته. ولكن أهل بيته من حرم الصدقة بعده". قال: "ومن هم؟" قال: "هم آل علي وآل عقيل وآل جعفر وآل عباس". قال: "كل هؤلاء حرم الصدقة؟" قال: "نعم" (Muslim, 2408/36).
"عن يزيد بن حيان، عن زيد بن أرقم، قال: دخلنا عليه فقلنا له: "لقد رأيت خيرا، لقد صاحبت رسول الله صلى الله عليه وسلم وصليت خلفه". وساق الحديث بنحو حديث أبي حيان، غير أنه قال: "ألا وإني تارك فيكم ثقلين: أحدهما كتاب الله عز وجل، هو حبل الله، من اتبعه كان على الهدى، ومن تركه كان على ضلالة"؛ وفيه فقلنا: "من أهل بيته؟ نساؤه؟" قال: "لا. وايم الله إن المرأة تكون مع الرجل العصر من الدهر، ثم يطلقها فترجع إلى أبيها وقومها! أهل بيته أصله وعصبته الذين حرموا الصدقة بعده"
(Muslim, 2408/37).

En fait toute personne impartiale notera que dans ce hadîth, le Prophète a seulement évoqué deux choses qui sont lourdes, dont les musulmans devront donc prendre soin :
--- le Coran : ils devront en prendre soin ; et ils devront s'y cramponner, vu qu'il s'y trouve la guidance et la lumière : "فيه الهدى والنور، فخذوا بكتاب الله واستمسكوا به" ;
--- les gens de sa famille : ils devront en prendre soin : il leur a rappelé Dieu à leur sujet : "أذكركم الله في أهل بيتي".

Ici le Prophète n'a pas dit de se référer à ces 2 choses en tant que 2 sources de référence (dans ce hadîth, c'est seulement au sujet de l'une de ces deux choses - le Coran précisément - qu'il a ajouté qu'il s'agit de s'y référer : "فيه الهدى والنور، فخذوا بكتاب الله واستمسكوا به" ; pour la seconde chose, il a dit qu'elle est chose lourde, mais n'a nulle part dit qu'il faudrait s'y référer aussi).
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Par ailleurs, toute personne impartiale notera également que, dans la réponse faite par Zayd ibn Arqam, on trouve les deux Murâds de "Ahl ul-Bayt" : les gens de sa parenté, et ses épouses.

"والمعنى "أنبهكم حق الله في محافظتهم ومراعاتهم واحترامهم وإكرامهم ومحبتهم ومودتهم"، وقال الطيبي، أي: "أحذركم الله في شأن أهل بيتي وأقول لكم: اتقوا الله ولا تؤذوهم واحفظوهم"، فالتذكير بمعنى الوعظ يدل عليه قوله "وعظ وذكر". قلت: وقد تقدم التغاير بينهما والحمل على التأسيس أولى" (Mirqât ul-mafâtîh).

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Quant aux mots supplémentaires que l'on trouve dans cette autre version du même hadîth, parlant du Coran et des Ahl ul-Bayt : "حدثنا علي بن المنذر الكوفي قال: حدثنا محمد بن فضيل قال: حدثنا الأعمش، عن عطية، عن أبي سعيد، والأعمش، عن حبيب بن أبي ثابت، عن زيد بن أرقم قالا: قال رسول الله صلى الله عليه وسلم: "إني تارك فيكم ما إن تمسكتم به لن تضلوا بعدي، أحدهما أعظم من الآخر: كتاب الله حبل ممدود من السماء إلى الأرض؛ وعترتي أهل بيتي. ولن يتفرقا حتى يردا علي الحوض. فانظروا كيف تخلفوني فيهما". هذا حديث حسن غريب" (at-Tirmidhî, 3788), ces mots qui sont supplémentaires ("deux choses auxquelles il faut se cramponner") par rapport à l'autre version ("deux choses lourdes") constituent une ziyâda qui est dha'îfa.
Certes, al-Albânî a authentifié cette autre version aussi, mais pour en déduire primo qu'il s'agit de se cramponner aux interprétations de ceux et celles des Ahl ul-Bayt qui sont des Ahl ul-'Ilm ; et secundo que les Ahl ul-Bayt dont il est question ici sont les parents ainsi que les épouses du Prophète (car ses épouses font aussi partie de ses "Ahl ul-Bayt") (Silsilat ul-ahâdîth is-sahîha, n° 1761, tome 4 pp. 355-361).

Alî al-qârî dit pour sa part que cela ne contredit pas le hadîth qui dit de se référer à la Sunna, car les Ahl ul-Bayt de l'époque du Prophète sont eux aussi des Compagnons ; or il faut se référer aux relations et aux déductions faites par tous les Compagnons : "والمراد بالأخذ بهم: التمسك بمحبتهم ومحافظة حرمتهم والعمل بروايتهم والاعتماد على مقالتهم. وهو لا ينافي أخذ السنة من غيرهم لقوله (...) تعالى: {فاسألوا أهل الذكر إن كنتم لا تعلمون" (Mirqât) ; "وأقول: الأظهر هو أن أهل البيت غالبا يكونون أعرف بصاحب البيت وأحواله. فالمراد بهم: أهل العلم منهم، المطلعون على سيرته، الواقفون على طريقته، العارفون بحكمه وحكمته. ولهذا يصلح أن يكونوا مقابلا لكتاب الله سبحانه كما قال: {ويعلمهم الكتاب والحكمة}. ويؤيده ما أخرجه أحمد في المناقب عن حميد بن عبد الله بن زيد أن النبي - صلى الله عليه وسلم - ذكر عنده قضاء قضى به علي بن أبي طالب، فأعجبه وقال: "الحمد لله الذي جعل فينا الحكمة أهل البيت" (Mirqât).

Ibn Taymiyya relate pour sa part que d'après un avis présent chez les hanbalites, le Ijmâ' des Banû Hâshim est à prendre en considération ; cependant, il s'agit de tous les Banû Hâshim, parmi lesquels Abdullâh ibn Abbâs aussi : "فيدل على أن إجماع العترة حجة، وهذا قول طائفة من أصحابنا، وذكره القاضي في المعتمد. لكن العترة هم بنو هاشم كلهم: ولد العباس، وولد علي، وولد الحارث بن عبد المطلب، وسائر بني أبي طالب، وغيرهم. وعلي وحده ليس هو العترة. وسيد العترة هو رسول الله صلى الله عليه وسلم. يبين ذلك أن علماء العترة كابن عباس وغيره لم يكونوا يوجبون اتباع علي في كل ما يقوله، ولا كان علي يوجب على الناس طاعته في كل ما يفتي به، ولا عرف أن أحدا من أئمة السلف - لا من بني هاشم ولا غيرهم - قال: إنه يجب اتباع علي في كل ما يقوله" (Minhâj us-Sunna, 4/166).

Par ailleurs, dans le hadîth parlant (entre autres) de Fitnat us-Sarrâ', on lit qu'un homme parmi les Ahl ul-Bayt sera la cause du trouble : "Son trouble sera sous les pieds d'un homme de mes Ahl ul-Bayt qui prétend qu'il est de moi ; or il n'est pas de moi : mes alliés ne sont que les pieux. Ensuite les gens feront la concorde sur un homme qui sera comparable à une hanche placée sur une côte" : "عن عمير بن هانئ العنسي، قال: سمعت عبد الله بن عمر، يقول: كنا قعودا عند رسول الله، فذكر الفتن فأكثر في ذكرها حتى ذكر فتنة الأحلاس، فقال قائل: يا رسول الله وما فتنة الأحلاس؟ قال: "هي هرب وحرب. ثم فتنة السراء، دخنها من تحت قدمي رجل من أهل بيتي يزعم أنه مني، وليس مني، وإنما أوليائي المتقون؛ ثم يصطلح الناس على رجل كورك على ضلع" (Abû Dâoûd, 4242).

Saül avait employé cette formule même au sujet non plus du Kufr Akbar, mais d'une Kabîra : "فَلَمَّا فَصَلَ طَالُوتُ بِالْجُنُودِ قَالَ إِنَّ اللّهَ مُبْتَلِيكُم بِنَهَرٍ فَمَن شَرِبَ مِنْهُ فَلَيْسَ مِنِّي وَمَن لَّمْ يَطْعَمْهُ فَإِنَّهُ مِنِّي" (Coran 2/249).
Lire mon article traitant (entre autres points) de cette formule "ne fait pas partie des nôtres".

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Par ailleurs, sur certains points, les Ahl ul-'Ilm min Ahl il-Bayt ont eu des interprétations divergentes ; et ce :
--- qu'il s'agisse des Epouses du Prophète (sur lui soit la paix) : Aïcha était d'avis de la possibilité d'allaiter un adulte pour que la hurmat ur-radhâ'ah soit établie et que se rendre auprès de la dame en devienne autorisé, alors que les autres épouses du Prophète n'étaient pas d'accord avec elle, considérant le cas de Sâlim mawlâ Abî Hudhayfa comme un particularisme ;
--- ou qu'il s'agisse de tous les Banû Hâshim - ce qui inclut Abdullâh ibn Abbâs, grand érudit, lequel n'était pas toujours du même avis de 'Alî, lui aussi grand érudit ;
--- ou qu'il s'agisse seulement de 'Alî, Fâtima, al-Hassan et al-Hussein : al-Hassan a imploré son père 'Alî de ne pas marcher contre Mu'âwiya ; al-Hussein n'était pas d'accord avec la concorde réalisée par son frère al-Hassan.

Wallâhu A'lam (Dieu sait mieux).

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