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Deux articles précédents abordant eux aussi ce sujet :
--- Le mariage du Prophète (صلى الله عليه وسلم) avec Aïcha (رضي الله عنها) ;
--- Le qualificatif "عقليّ" ("'Aqlî"), "Rationnel", possède plusieurs sens. - Tous les éléments du Dîn peuvent-ils être établis par la Raison (العقل) Seule ? sont-ils pour autant "irrationnels" ?.
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Avertissement :
La loi française - que nous respectons en tant que citoyens - impose l'âge de 18 ans (selon le calendrier solaire) pour le mariage.
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Ce qui va suivre concerne donc l'aspect purement théologique de la question ; mais, sur le sol français, il n'est pas possible de se marier avant l'âge de 18 ans.
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Le présent article comporte 3 parties :
--- la Partie I parle brièvement des règles islamiques relatives au mariage et aux relations intimes ;
--- la Partie II traite de la question de savoir si le Prophète (sur lui soit la paix) s'est marié avec Aïcha (que Dieu soit Satisfait d'elle) quand elle avait 9 ans, ou bien 19 ans ?
--- la Partie III expose des arguments des deux avis présents chez les Mujtahidûn quant à la validité ou l'invalidité du mariage avec une fillette.
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Partie I :
Il y a ici 2 choses distinctes, qu'il ne faut pas confondre :
--- A) la validité du mariage (صحة عقد النكاح بالمرأة) ;
--- B) la licité d'avoir des relations intimes (جواز مجامعة المرأة).
L'islam n'autorisée d'avoir des relations intimes qu'avec la personne avec qui on est marié (pour leur part, les surriyya n'existent plus aujourd'hui).
Par contre, être mariés n'implique pas que les relations intimes complètes (c'est-à-dire avec îlâj) soient systématiquement autorisées : déjà elles sont interdites en période de menstrues ; par ailleurs, elles sont interdites si l'épouse est trop jeune pour avoir aptitude à cela (itâqat ul-jimâ'), comme nous allons le voir au point B.B, ci-après.
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Pour ce qui est du mariage (A) :
– A.A) Pour un homme, se marier avec une demoiselle pubère, ou avec une dame (veuve, ou divorcée) :
--- Le mariage n'est valide - d'après l'avis que je suis et invite à suivre - qu'avec le consentement de la demoiselle, et aussi l'accord du père - ou, plus généralement, du walî.
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– A.B) Pour un homme, se marier avec une fille impubère (le walî de celle-ci procédant à ce mariage en tant que représentant de cette fille, sans besoin d'obtenir son consentement) :
--- avis 1) pareil mariage est valide (صحّة العقد) d'après l'avis de la Majorité des Mujtahidûn. Ces Mujtahidûn disent la même chose quant au fait de marier un garçon impubère : le walî de celui-ci peut le marier à une demoiselle ou à une dame quand il est impubère, ce mariage étant valide ;
--- avis 2) pareil mariage est invalide (عدم صحّة العقد) d'après Ibn Shub'ruma, Abû Bakr al-Assamm et 'Uthmân al-Battî (avis auquel Ibn ul-'Uthaymîn a donné préférence - tarjîh - ; et avis auquel j'adhère et invite à adhérer) ; le fait est que marier quelqu'un n'est pas possible sans son consentement ; or, ici, étant impubère, la demoiselle ne peut pas fournir son consentement ; le mariage n'est donc pas possible (nous reviendrons sur les arguments dans la Partie III, plus bas). Ibn Shub'ruma dit que le mariage du Prophète (sur lui soit la paix) avec Aïcha (que Dieu soit Satisfait d'elle) est une particularité (khussûssiya) du Prophète, et n'est donc pas transposable aux autres personnes : "وفي بعض ما ذكرنا خلاف. قال ابن شبرمة: "لا يجوز إنكاح الأب ابنته الصغيرة إلا حتى تبلغ وتأذن." ورأى أمر عائشة - رضي الله عنها - خصوصا للنبي - صلى الله عليه وآله وسلم -، كالموهوبة، ونكاح أكثر من أربع" (Al-Muhallâ, 9/38-39).
Il faut noter ici que, en ce qui concerne celui ou celle qui est impubère :
--- d'après l'école malikite, seul le père du garçon ou de la fille impubères est habilité à le(la) marier ;
--- d'après l'école shafi'ite, seuls le père, et, au cas où il n'est plus là, le grand-père paternel disposent de cette prérogative ;
--- d'après l'école hanafite, tout walî de ce garçon ou de cette fille dispose de cette prérogative ; cependant, si le walî ayant exercé cette prérogative était le père, ou le grand-père, alors (sauf cas où ce père ou grand-père a été reconnu comme n'exerçant pas cette autorité dans les intérêts de l'enfant), à sa puberté ce(tte) jeune n'aura pas la possibilité de choisir d'annuler ce mariage ; tandis que s'il s'agissait d'un autre walî, alors l'enfant aura cette possibilité à sa majorité (d'après Abû Hanîfa et Muhammad ibn ul-Hassan) ;
--- d'après al-qâdhî Shurayh, ce choix à l'âge de la puberté appartient à ce(tte) jeune même si c'est son père ou grand-père qui l'avait marié(e) quand il(elle) était encore impubère. Cheikh Khâlid Saïfullâh a donné fatwa sur cet avis, eu égard à la situation prévalant dans son pays, l'Inde (Islâm aur jadîd mu'âshratî massâ'ïl, p. 115).
Celui qui a la tutelle sur l'orpheline (waliy ul-yatîma), dispose-t-il de la prérogative de marier celle-ci alors qu'elle est impubère ?
--- l'école malikite dit : Non (puisque seul le père dispose de pareille prérogative ; or, la fille étant orpheline, par définition elle a perdu son père). Le terme "yatâmâ" présent en Coran 4/3 en 4/127 est à appréhender au sens figuré : il s'agit de celles qui étaient orphelines puis sont devenues pubères (majâz mursal, 'alâqa mâ kâna) (puisque : "لا يتم بعد احتلام" : Abû Dâoûd, 2873) ; et, d'après l'école malikite, il faudra, après leur puberté, leur consentement pour les marier, vu que ce walî n'est pas leur père (le père seul disposant de la wilâyat ul-ijbâr sur la Bikr d'après l'école malikite) ;
--- l'école shafi'ite dit : Oui mais seulement si ce walî est le grand-père paternel (le père et le grand-père paternel seuls disposant de la wilâyat ul-ijbâr sur la Bikr d'après l'école shafi'ite) ;
--- l'école hanbalite dit : Non tant qu'elle n'a pas 9 ans ;
--- l'école hanafite dit : Oui, quel que soit son âge.
De ce verset : "وَإِنْ خِفْتُمْ أَلاَّ تُقْسِطُواْ فِي الْيَتَامَى فَانكِحُواْ مَا طَابَ لَكُم مِّنَ النِّسَاء مَثْنَى وَثُلاَثَ وَرُبَاعَ" (Coran 4/3), Aïcha a donné comme explication qu'il signifie : "مَا طَابَ لَكُم مِّنَ النِّسَاء} سِوَى الْيَتَامَى اللائي تتولّون {مَثْنَى وَثُلاَثَ وَرُبَاعَ" (d'après son commentaire : voir al-Bukhârî, 2362/2494, Muslim, 3018).
Un autre verset dit : "قُلِ اللَّهُ يُفْتِيكُمْ فِيهِنَّ وَمَا يُتْلَى عَلَيْكُمْ فِي الْكِتَابِ فِي يَتَامَى النِّسَاءِ اللَّاتِي لَا تُؤْتُونَهُنَّ مَا كُتِبَ لَهُنَّ وَتَرْغَبُونَ أَن تَنكِحُوهُنَّ" (Coran 4/127) "قوله "في يتامى النساء": هذا إضافة الشيء إلى نفسه، لأنه أراد باليتامى النساء" (Tafsîr ul-Baghawî).
At-Tirmidhî écrit : "عن محمد بن عمرو، عن أبي سلمة، عن أبي هريرة قال: قال رسول الله صلى الله عليه وسلم: "اليتيمة تستأمر في نفسها؛ فإن صمتت فهو إذنها؛ وإن أبت فلا جواز عليها". يعني: إذا أدركت فردت. وفي الباب عن أبي موسى، وابن عمر، وعائشة. حديث أبي هريرة حديث حسن. واختلف أهل العلم في تزويج اليتيمة: فرأى بعض أهل العلم أن اليتيمة إذا زوجت، فالنكاح موقوف حتى تبلغ، فإذا بلغت فلها الخيار في إجازة النكاح أو فسخه؛ وهو قول بعض التابعين وغيرهم؛ وقال بعضهم: لا يجوز نكاح اليتيمة حتى تبلغ، ولا يجوز الخيار في النكاح؛ وهو قول سفيان الثوري والشافعي وغيرهما من أهل العلم. وقال أحمد وإسحاق: "إذا بلغت اليتيمة تسع سنين فزوجت، فرضيت، فالنكاح جائز، ولا خيار لها إذا أدركت"، واحتجا بحديث عائشة أن النبي صلى الله عليه وسلم بنى بها وهي بنت تسع سنين، وقد قالت عائشة: "إذا بلغت الجارية تسع سنين، فهي امرأة" (Jâmi' ut-Tirmidhî, 1109).
Al-Baghawî dit pour sa part : "واختلفوا في اليتيمة إذا زوجها غير* الأب والجد. فذهب جماعة إلى أن النكاح صحيح، ولها الخيار إذا بلغت في فسخ النكاح أو إجازته؛ وهو قول أصحاب الرأي. وذهب قوم إلى أن النكاح مردود؛ وهو قول الشافعي؛ واحتج بأن النبي صلى الله عليه وسلم لما قال: "اليتيمة تستأمر"، واليتيمة اسم للصغيرة التي لا أب لها، وهي قبل البلوغ لا معنى لإذنها، ولا عبرة لإبائها، فكأنه شَرَطَ بلوغها؛ ومعناه: "لا تنكح حتى تبلغ فتستأمر" (Shar'h us-sunna) (* أي وليّها الذي يكون غير الأب والجدّ).
Et al-Qurtubî : "الثالثة- تعلق أبو حنيفة بهذه الآية في تجويزه نكاح اليتيمة قبل البلوغ، وقال: إنما تكون يتيمة قبل البلوغ؛ وبعد البلوغ هي امرأة مطلقة لا يتيمة، بدليل أنه لو أراد البالغة لما نهى عن حطها عن صداق مثلها، لأنها تختار ذلك فيجوز إجماعا. وذهب مالك والشافعي والجمهور من العلماء إلى أن ذلك لا يجوز حتى تبلغ وتستأمر، لقوله تعالى: {ويستفتونك في النساء}، والنساء اسم ينطلق على الكبار، كالرجال في الذكور، واسم الرجل لا يتناول الصغير، فكذلك اسم النساء والمرأة لا يتناول الصغيرة. وقد قال: "في يتامى النساء"، والمراد به هناك: "اليتامى" هنا، كما قالت عائشة رضي الله عنها؛ فقد دخلت اليتيمة الكبيرة في الآية، فلا تُزوَّج إلا بإذنها، ولا تنكح الصغيرة إذ لا إذن لها، فإذا بلغت جاز نكاحها، لكن لا تزوج إلا بإذنها" (Tafsîr ul-Qurtubî, 5/13).
Différemment de ce que dit ici al-Qurtubî, le terme "نِسَاء", "nissâ'", ne désigne pas toujours : "les femmes majeures" seulement, mais peut tout à fait englober aussi les filles mineures, à côté des femmes majeures, comme on le voit dans ces autres versets : "وَإِذْ نَجَّيْنَاكُم مِّنْ آلِ فِرْعَوْنَ يَسُومُونَكُمْ سُوَءَ الْعَذَابِ يُذَبِّحُونَ أَبْنَاءكُمْ وَيَسْتَحْيُونَ نِسَاءكُمْ" (Coran 2/49) (voir aussi Coran 7/141 et Coran 14/6) : contrairement aux nouveaux-nés mâles, que les Gens de Pharaon faisaient assassiner, ce sont toutes les femmes israélites qu'ils laissaient vivantes : les majeures comme les fillettes ; et ces dernières sont particulièrement visées par cette formulation "نِسَاءكُمْ", puisque c'étaient les très jeunes garçons qui étaient alors exécutés par les gens de Pharaon.
En fait :
--- soit "nissâ'" est un terme générique, qui englobe les mineures comme les majeures ;
--- soit ce terme n'englobe les mineures que lorsqu'elles sont avec les majeures (taba'an) (c'est ce que at-Tabarî dit ; nous y reviendrons plus bas) ;
--- soit ce terme ne désigne au sens propre que les majeures, mais, au sens figuré, désigne les mineures aussi, dans la mesure où ce sont de futures majeures ('alâqa mâ yakûnu, comme dans le propos : "قَالَ أَحَدُهُمَآ إِنِّي أَرَانِي أَعْصِرُ خَمْرًا" : Coran 12/36).
Nous reviendrons sur ce point dans la Partie III.
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Pour ce qui est maintenant des relations intimes (B) :
– B.A) Pour un homme étant dûment marié avec une femme suffisamment mature (physiquement et psychologiquement) pour avoir des relations intimes, avoir des relations intimes avec elle est en soi licite, sous réserve que l'épouse n'est pas en période de menstrues, plus quelques autres règles à respecter. Par ailleurs, bien sûr, il faut aussi que les deux soient prêts à avoir une relation intime, comme cela a été exposé dans un précédent article : "Quand l'épouse est fatiguée et n'en a pas envie".
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– B.B) Pour l'homme étant dûment marié avec une personne qui est encore jeune ("jeune" selon l'avis des Mujtahidûn Autres que Ibn Shub'ruma, cités en A.B), ces Autres Mujtahidûn ont bien précisé qu'avoir des relations intimes avec elle n'est pas autorisé tant qu'elle n'a pas encore atteint suffisamment de maturité pour vivre cela, car cela lui ferait du tort (dharar) (certains parmi eux ont fixé pour cela un âge, mais d'autres pas, ayant fait valoir que cela dépend des personnes) : "وأما وقت زفاف الصغيرة المزوجة والدخول بها: فإن اتفق الزوج والولي على شيء لا ضرر فيه على الصغيرة، عمل به؛ وإن اختلفا، فقال أحمد وأبو عبيد: (...)؛ وقال مالك والشافعي وأبو حنيفة: حدّ ذلك أن تطيق الجماع، ويختلف ذلك باختلافهن، ولا يُضبَط بسنّ؛ وهذا هو الصحيح. وليس في حديث عائشة تحديد ولا المنع من ذلك فيمن أطاقته قبل تسع، ولا الإذن فيمن لم تطقه وقد بلغت تسعا. قال الداودي: وكانت عائشة قد شبت شبابا حسنًا رضى الله عنها" (Shar'h Muslim 9/206).
Mais cela s'applique aussi à l'épouse qui est "jeune" d'après l'avis de Ibn Shub'ruma : "la demoiselle déjà pubère mais d'un âge bien jeune" (c'est l'un des cas relevant du A.A) : "وإمكان الوطء في الصغيرة معتبر بحالها واحتمالها لذلك، قاله القاضي؛ وذكر أنهن يختلفن: فقد تكون صغيرةُ السن تصلح، وكبيرةٌ لا تصلح. (...) فمتى كانت لا تصلح للوطء، لم يجب على أهلها تسليمها إليه وإن ذكر أنه يحضنها ويربيها وله من يخدمها، لأنه لا يملك الاستمتاع بها وليست له بمحلّ، ولا يؤمن شَرَهُ نفسه إلى مواقعتها فيفضّها أو يقتلها" (Al-Mughnî 9/622-623, mas'ala 5635)
A son époque, à l'âge de 9 ans, Aïcha (que Dieu l'agrée) avait atteint le niveau de maturité voulue, comme cela est dit ici : "قال الداودي: وكانت عائشة قد شبت شبابا حسنًا، رضى الله عنها" (Shar'h Muslim 9/206).
Il est dit que ce fut Abû Bakr qui demanda au Prophète de se mettre à vivre avec Aïcha, sa fille qu'il avait déjà mariée à lui : "حدثنا علي بن عبد العزيز، ثنا الزبير بن بكار، حدثني محمد بن الحسن بن زبالة المخزومي، عن عبد الرحمن بن أبي الزناد، عن هشام بن عروة، عن أبيه، عن عائشة، قالت: "لما هاجر رسول الله صلى الله عليه وسلم، خلفنا وخلف بناته. (...) ثم إنا قدمنا المدينة، فنزلت مع عيال أبي بكر، ونزل إلي النبي صلى الله عليه وسلم. ورسول الله صلى الله عليه وسلم يومئذ يبني المسجد وأبياتا حول المسجد، فأنزل فيها أهله. فمكثنا فيها أياما، ثم قال أبو بكر: "يا رسول الله ما يمنعك أن تبتني بأهلك؟"، قال: "الصداق"، فأعطاه أبو بكر اثنتا عشرة أوقية ونشا، فبعث بها إلينا. وبنى بي رسول الله صلى الله عليه وسلم في بيتي هذا الذي أنا فيه، وهو الذي توفي فيه ودفن فيه، وأدخل رسول الله صلى الله عليه وسلم سودة بنت زمعة معه أحد تلك البيوت، وكان يكون عندها. وكان تزوج النبي صلى الله عليه وسلم إياي وأنا ألعب مع الجواري، فما حدثت أن رسول الله صلى الله عليه وسلم تزوجني حتى أخذتني أمي فحبستني في البيت، فوقع في نفسي أني تزوجت، فما سألتها حتى كانت هي التي أخبرتني" (at-Tabarânî, Al-Kabîr, 60 ; Fat'h ul-bârî, 7/281).
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Aujourd'hui, au-delà de l'avis 2 exposé plus haut quant au fait de se marier avec une fille impubère (A.B), il faut ajouter qu'il ne convient pas qu'un homme se marie avec une fille déjà pubère mais encore très jeune (A.A) : il y a eu, par rapport à l'époque du Prophète (sur lui soit la paix) et même par rapport à des époques plus récentes, un changement de coutume et de mentalité dont il est impératif de tenir compte. La même réflexion doit se faire par rapport au mariage du jeune homme déjà pubère mais d'un âge très peu avancé : les mentalités et les maturités ne sont plus les mêmes qu'auparavant.
La proposition de l'âge de 15 ans en tant que présomption de maturité (مظنة البلوغ) pour l'autorisation du mariage (A), par les autorités du pays (تقييدًا للمباح، مصلحةً) cela paraît raisonnable eu égard au contexte aujourd'hui présent dans de nombreuses régions du monde (je parle là d'une proposition ; car je respecte les limites imposées par la loi française - en tant que citoyen -, laquelle exige, depuis quelques années, l'âge de 18 ans pour le mariage).
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Partie II :
Ici, dans cette Partie II, c'est chose différente de celle évoquée dans la Partie I, qui sera traitée : ci-après, c'est l'aspect historique du mariage du Prophète (sur lui soit la paix) avec Aïcha (que Dieu l'agrée) qui sera traité...
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Historiquement parlant :
--- est-ce qu'il est bel et bien établi que le Prophète s'est marié (A) à Aïcha quand elle avait 6 ans, et a commencé à vivre avec elle quand celle-ci avait 9 ans, comme l'ont dit pendant des siècles les ulémas, s'étant fondés pour cela sur des hadîths authentifiés par al-Bukhârî, Muslim, et bien d'autres ?
--- ou bien est-ce que les hadîths qui relatent ces âges de 6 ans et de 9 ans comportent une erreur de narration, commise par défaillance de mémoire, par Hishâm ibn 'Urwa ? ou alors une élision du chiffre représentant la dizaine : Aïcha avait alors 16 ans, et 19 ans, respectivement ? ou bien au moins 14 ans ?
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Ceux qui sont aujourd'hui de la seconde posture avancent pour l'étayer plusieurs arguments, parmi lesquels les 5 suivants...
--- 1) Un premier argument :
Il est impossible que le Prophète (sur lui soit la paix) ait contracté le mariage avec Aïcha alors qu'elle n'était âgée que de 6 ans. Le fait est que lui-même a interdit que l'on se marie avec une fille impubère : "Abû Bakr et Omar - que Dieu les agrée - demandèrent en mariage Fâtima - que Dieu l'agrée - ; le Messager de Dieu (leur) répondit : "Elle est petite". Puis 'Alî la demanda en mariage ; le (Messager de Dieu) la maria alors à lui" : "أخبرنا الحسين بن حريث، قال: حدثنا الفضل بن موسى، عن الحسين بن واقد، عن عبد الله بن بريدة، عن أبيه، قال: خطب أبو بكر وعمر رضي الله عنهما فاطمة، فقال رسول الله صلى الله عليه وسلم: "إنها صغيرة"؛ فخطبها علي، فزوجها منه" (an-Nassâ'ï, 3221).
Voyez : le Prophète a refusé de marier Fâtima à ces deux illustres personnages, car elle était alors encore petite, c'est-à-dire impubère (فالصغيرة هي غير البالغة).
Pense-t-on possible que le Prophète interdise à autrui de se marier avec une impubère, mais le fasse lui-même, comme le prétendent ces narrations disant que Aïcha était âgée de 6 ans quand le Prophète l'épousa ?
Ces narrations sont donc fausses !
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--- 2) Un second argument :
Toutes les narrations où sont relatés ces âges de 6 ans (pour le mariage de Aïcha) et de 9 ans (pour le début de la vie conjugale) passent par Hishâm ibn 'Urwa.
Or, même si Hishâm est un maillon en général très fiable, en revanche, après son séjour en Irak, sa mémoire est devenue affectée.
Or encore, toutes ces narrations (il y est toujours présent) qui disent "6 et 9 ans" datent d'après son séjour en Irak (puisque ce sont des gens d'Irak qui relatent cela de lui).
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Hishâm n'a pas menti ; mais il s'est trompé, par défaillance de mémoire : c'étaient : "16 et 19 ans" respectivement.
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--- 3) Un troisième argument :
Aïcha était présente à Uhud ("عن أنس رضي الله عنه، قال: "لما كان يوم أحد، انهزم الناس عن النبي صلى الله عليه وسلم"، قال: "ولقد رأيت عائشة بنت أبي بكر وأم سليم وإنهما لمشمرتان، أرى خدم سوقهما، تنقلان القرب على متونهما، ثم تفرغانه في أفواه القوم، ثم ترجعان فتملآنها، ثم تجيئان فتفرغانها في أفواه القوم" : al-Bukhârî, 2724/2880, Muslim, 1811), et même à Badr ("عن عبد الله بن نيار الأسلمي، عن عروة بن الزبير، عن عائشة زوج النبي صلى الله عليه وسلم أنها قالت: "خرج رسول الله صلى الله عليه وسلم قبل بدر. فلما كان بحرة الوبرة، أدركه رجل قد كان يذكر منه جرأة ونجدة، ففرح أصحاب رسول الله صلى الله عليه وسلم حين رأوه؛ فلما أدركه، قال لرسول الله صلى الله عليه وسلم: "جئت لأتبعك وأصيب معك"، قال له رسول الله صلى الله عليه وسلم: "تؤمن بالله ورسوله؟"، قال: "لا"، قال: "فارجع، فلن أستعين بمشرك". قالت: "ثم مضى. حتى إذا كنا بالشجرة، أدركه الرجل، فقال له كما قال أول مرة، فقال له النبي صلى الله عليه وسلم كما قال أول مرة، قال: "فارجع، فلن أستعين بمشرك". قال: "ثم رجع فأدركه بالبيداء، فقال له كما قال أول مرة: "تؤمن بالله ورسوله؟" قال: "نعم"، فقال له رسول الله صلى الله عليه وسلم: "فانطلق" : Muslim, 1817).
Or Abdullâh ibn Omar n'a pas été autorisé à participer à Uhud parce qu'il n'avait pas encore 15 ans ; ce n'est qu'à Khandaq qu'il a été autorisé à participer, car ayant entre-temps atteint les fameux 15 ans.
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On en déduit que, lors de la bataille de Badr (en l'an 2 de l'hégire), Aïcha avait plus de 15 ans.
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--- 4) Un quatrième argument :
Asmâ' bint Abî Bakr est née de Abû Bakr et de Qutayla ; et Aïcha bint Abî Bakr est née de Abû Bakr et de Ummu Rûmân.
Asmâ' est décédée en l'an 73 de l'hégire (peu après l'exécution de son fils Abdullâh ibn uz-Zubayr par al-Hajjâj ibn Yûssuf), à l'âge de 100 ans (âge relaté par Hishâm ibn 'Urwa lui-même). 73 - 100 = 27. Asmâ' était donc âgée de 27 ans au moment de l'hégire du Prophète à Médine.
Or il y a 10 ans de différence entre les âges de Asmâ' et de Aïcha (différence d'âge relatée par 'Abd ur-Rahmân ibn Abi-z-Zinâd).
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On en déduit que Aïcha avait, au moment de l'émigration, 17 ans d'âge.
Comme elle s'est mise à vivre avec le Prophète au mois de shawwâl de l'an 1 ou de l'an 2, elle avait donc 18 ou 19 ans à ce moment-là.
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--- 5) Un cinquième argument :
Omar ibn ul-Khattâb (que Dieu soit Satisfait de lui) a dit : "Lorsque fut descendu : "سَيُهْزَمُ الْجَمْعُ وَيُوَلُّونَ الدُّبُرَ", je me suis dit : "Quel groupe sera vaincu ?" Puis, lorsque ce fut le jour de Badr je vis le Messager de Dieu - que Dieu le bénisse et le salue - bondir revêtu de sa cotte, en disant : "سَيُهْزَمُ الْجَمْعُ وَيُوَلُّونَ الدُّبُرَ"" :
"عن عكرمة، أن عمر قال: "لما نزلت {سيهزم الجمع}، جعلت أقول: "أي جمع يهزم؟". فلما كان يوم بدر ورأيت النبي صلى الله عليه وسلم يثب في الدرع وهو يقول: {سيهزم الجمع ويولون الدبر" (Tafsîru Abd ir-Razzâq, 3069).
Or la conversion de Omar a eu lieu en l'an 6 ou 7 du prophétat (Fat'h ul-bârî 7/224) (lire mon article exposant cela). Ce verset - dont Omar se souvient du moment où il est descendu - a donc été révélé forcément après cette date.
Par ailleurs, Aïcha dit qu'au moment où ce passage fut révélé, elle était une jâriya à La Mecque : "عن يوسف بن ماهك، أن عائشة أم المؤمنين رضي الله عنها (...) قالت: "لقد نزل بمكة على محمد صلى الله عليه وسلم وإني لجارية ألعب: {بَلِ السَّاعَةُ مَوْعِدُهُمْ وَالسَّاعَةُ أَدْهَى وَأَمَرُّ}؛ وما نزلت سورة البقرة والنساء إلا وأنا عنده"" : "Ce fut alors que j'étais une jâriya qui jouait, que descendit, à La Mecque, sur Muhammad - que Dieu le bénisse et le salue - (cette phrase) : "بَلِ السَّاعَةُ مَوْعِدُهُمْ وَالسَّاعَةُ أَدْهَى وَأَمَرُّ". (Alors que) les sourates Al-Baqara et An-Nissâ' ne sont descendues qu'alors que j'étais auprès de lui [= je vivais avec lui]" (al-Bukhârî, 4707/4993).
Or une jâriya, c'est une fille d'un âge assez avancé.
Quand cette sourate fut révélée (quelle ce soit l'année précise où, après l'an 6 ou 7 du prophétat, elle fut révélée), Aïcha avait donc déjà environ 10 ans d'âge.
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Plus tard, en l'année de l'émigration, elle avait donc bien plus que 10 ans (et pas 8 ans comme le prétendent les narrations sus-évoquées) !
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Réponse à ces arguments :
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1) Réponse au premier argument :
Le hadîth se lit en effet ainsi : "Abû Bakr et Omar - que Dieu les agrée - demandèrent en mariage Fâtima - que Dieu l'agrée - ; le Messager de Dieu (leur) répondit : "Elle est petite". Puis 'Alî la demanda en mariage ; le (Messager de Dieu) la maria alors à lui" : "أخبرنا الحسين بن حريث، قال: حدثنا الفضل بن موسى، عن الحسين بن واقد، عن عبد الله بن بريدة، عن أبيه، قال: خطب أبو بكر وعمر رضي الله عنهما فاطمة، فقال رسول الله صلى الله عليه وسلم: "إنها صغيرة"؛ فخطبها علي، فزوجها منه" (an-Nassâ'ï, 3221).
Et il faut savoir que Fâtima avait 15 ans quand elle s'est mariée à 'Alî.
Cependant, quand le Prophète leur répondit : "Elle est petite", il y a plusieurs possibilités quant à ce qu'il voulut alors dire.
Tout dépend de savoir :
--- si, comme le laisse penser le zâhir de cette narration, la demande en mariage faite par 'Alî eut lieu très peu de temps après celle faite par Abû Bakr et Omar ; dans ce cas, Fâtima avait déjà 15 ans quand Abû Bakr et Omar la demandèrent en mariage, et le mot "petite" - dans la réponse du Prophète (sur lui soit la paix) - ne veut pas dire "impubère", mais : "jeune par rapport à vous" ;
--- ou bien s'il y a dans ce récit une ellipse narrative, la demande faite par 'Alî ayant eu lieu des années après celle faite par Abû Bakr et Omar ; dans ce cas, Fâtima n'avait pas encore 15 ans lors des demandes en mariage de ces deux derniers, et "petite" - dans la réponse du Prophète (sur lui soit la paix) - veut dire : "impubère".
Ibn ul-'Arabî écrit : "ثبت أن النبي صلى الله عليه وسلم خطبه أبو بكر وعمر في فاطمة، فقال لهما: "إنها صغيرة". فخطبها عليّ، فزوَّجها منه"؛ فيحتمل أنه تأخر الأمر، حتى كبرت؛ ويحتمل أن يكون النبي صلى الله عليه وسلم كان نواها لعلي، فلم يكن ليبدل نيته. وهذا أظهر"" ('Âridhat ul-ahwadhî).
Mullâ 'Alî al-Qârî dit quant à lui : "يحتمل أنها كانت صغيرة عند خطبتهما، ثم بعد مدة، حين كبرت ودخلت في خمسة عشر، خطبها علي؛ أو المراد أنها صغيرة بالنسبة إليهما لكبر سنهما، وزوّجها من علي: لمناسبة سنّه لها، أو لوحي نزل بتزويجها له، ويؤيده ما في الرياض أنه قال لأبي بكر وعمر وغيرهما ممن خطبها: "لم ينزل القضاء بعد" (Mirqâtul-mafâtîh).
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– Soit le Prophète (sur lui soit la paix) voulut effectivement leur dire : "Elle est encore impubère", mais la narration comporte alors une ellipse narrative, et est à comprendre ainsi : "Abû Bakr et Omar - que Dieu les agrée - demandèrent en mariage Fâtima - que Dieu l'agrée - ; le Messager de Dieu (leur) répondit : "Elle est petite". [Ensuite les années passèrent. Jusqu'à l'année où Fâtima atteignit l'âge de 15 ans.] Alors 'Alî la demanda en mariage ; le (Messager de Dieu) la maria alors à lui".
Ibn ul-'Arabî a exposé cette interprétation en ces termes : "ثبت أن النبي صلى الله عليه وسلم خطبه أبو بكر وعمر في فاطمة، فقال لهما: "إنها صغيرة. فخطبها عليّ، فزوَّجها منه": فيحتمل أنه تأخر الأمر، حتى كبرت (...)"" ('Âridhat ul-ahwadhî), et Mullâ 'Alî al-Qârî ainsi : "يحتمل أنها كانت صغيرة عند خطبتهما، ثم بعد مدة، حين كبرت ودخلت في خمسة عشر، خطبها علي (...)" (Mirqâtul-mafâtîh).
A retenir cette interprétation :
----- soit le Prophète a voulu dire à Abû Bakr et Omar : "Fâtima est encore impubère ; or le mariage d'un homme avec une impubère n'est pas valide ; il ne m'est donc pas possible d'accepter la demande en mariage que vous adressez à ma fille". Cependant, ce hadîth ne contredit alors pas - d'après l'avis de Ibn Shub'ruma, avis numéroté "2" plus haut - le fait que le Prophète lui-même a fait différemment en ce qui concerne son mariage avec Aïcha, puisque, dit Ibn Shub'ruma, son mariage avec Aïcha à un âge si jeune fut une de ses spécificités (khussûssiyya). Exactement comme le fait qu'il a dit à ses Compagnons de ne pas pratiquer le jeûne continu (sawm ul-wissâl), mais l'a lui-même pratiqué (les hadîths sont bien connus : cela d'après l'avis qui dit qu'il est interdit de pratiquer ce genre de jeûne) ;
----- soit le Prophète a voulu dire à Abû Bakr et Omar : "Fâtima est encore impubère ; or, bien que le mariage d'un homme avec une impubère soit possible si le père de cette dernière la marie à lui, j'ai choisi de ne pas marier ma fille pour le moment". Car même à considérer l'avis de la Majorité des Mujtahidûn numéroté "1" plus haut, ceux-ci ont dit que le mariage avec une impubère est valide ; ils n'ont pas dit que ce mariage est obligatoire ou recommandé ! Au moins certains d'entre eux ont au contraire précisé qu'il est recommandé de ne pas marier sa fille impubère : "واعلم أن الشافعي وأصحابه قالوا: يستحبّ أن لا يزوج الأبُ والجدُّ البكرَ حتى تبلغ ويستأذنها، لئلا يوقعها في أسر الزوج وهي كارهة. وهذا الذي قالوه لا يخالف حديث عائشة، لأن مرادهم أنه لا يزوجها قبل البلوغ إذا لم تكن مصلحة ظاهرة يخاف فوتها بالتأخير - كحديث عائشة -، فيستحب تحصيل ذلك الزوج، لأن الأب مأمور بمصلحة ولده فلا يفوتها" (Shar'h Muslim, an-Nawawî, 9/206). On le voit : le père a l'entière liberté de choisir de ne pas vouloir marier sa fille encore impubère. C'est ce que le Prophète (sur lui soit la paix) a fait ici au sujet de Fâtima (si on retient qu'elle était encore impubère quand Abû Bakr et Omar l'ont demandée en mariage).
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– Soit la narration ne comporte pas d'ellipse narrative, et ce fut donc peu avant 'Alî, que Abû Bakr et Omar la demandèrent en mariage. Mais, dans ce cas, quand le Prophète leur répondit : "Elle est petite", il voulut seulement dire : "Elle est jeune par rapport à vous" [même si elle avait alors déjà 15 ans] (فـ"صغيرة" هنا بمعنى: "صغيرة بالنسبة إليكما"). Le père est libre de ne pas accepter une demande en mariage s'il pense que le prétendant est d'un âge qui n'est pas le plus adéquat pour sa fille. Et, justement, peu après, quand ce fut 'Alî qui la demanda en mariage, le Prophète lui donna la main de sa fille, vu que lui était d'un âge était plus proche de celui de Fâtima.
Mullâ 'Alî al-Qârî a exposé cette interprétation en ces termes : "أو المراد أنها صغيرة بالنسبة إليهما لكبر سنّهما، وزوّجها من علي لمناسبة سنّه لها (...)" (Mirqâtul-mafâtîh). Le fait est que, en l'an 2 de l'hégire (date du mariage de Fâtima et de 'Alî) : Fâtima avait 15 ans, et 'Alî 25 ans (il mourut à l'âge de 63 ans, en l'an 40 de l'hégire), Abû Bakr 52 (vu qu'il décéda à l'âge de 63 ans, en l'an 13 de l'hégire), et Omar 42 (vu qu'il décéda lui aussi à l'âge de 63 ans, en l'an 23 de l'hégire) ("عن أبي إسحاق، قال: كنت جالسا مع عبد الله بن عتبة، فذكروا سني رسول الله صلى الله عليه وسلم، فقال بعض القوم: "كان أبو بكر أكبر من رسول الله صلى الله عليه وسلم". قال عبد الله: "قبض رسول الله صلى الله عليه وسلم وهو ابن ثلاث وستين، ومات أبو بكر وهو ابن ثلاث وستين، وقتل عمر وهو ابن ثلاث وستين". قال: فقال رجل من القوم يقال له عامر بن سعد: حدثنا جرير، قال: كنا قعودا عند معاوية، فذكروا سني رسول الله صلى الله عليه وسلم، فقال معاوية: "قبض رسول الله صلى الله عليه وسلم وهو ابن ثلاث وستين سنة، ومات أبو بكر وهو ابن ثلاث وستين، وقتل عمر وهو ابن ثلاث وستين" : Muslim, 2352/119).
An-Nassâ'ï a titré sur le hadîth 3221 : "Du fait que la femme se marie avec quelqu'un de même âge qu'elle" : "تَزوُّجُ المرأة مثلها في السنّ" (Sunan an-Nassâ'ï, Kitâb un-nikâh).
Et as-Sindî écrit en commentaire de ce hadîth : "Il y a en cela le fait que la similitude, ou la plus grande proximité, dans les âges, cela est à prendre en considération, car favorisant davantage l'entente entre (les époux). Oui, cela peut être délaissé pour une raison supérieure, comme ce fut le cas pour le mariage (du Prophète lui-même) avec Aïcha, que Dieu l'agrée" : "فخطبها علي" أي عقب ذلك بلا مهلة، كما تدل عليه الفاء. فعلم أنه لاحظ الصغر بالنظر إليهما؛ وما بقي ذاك بالنظر إلى علي، فزوجها منه. ففيه أن الموافقة في السن أو المقاربة مرعية لكونها أقرب إلى المؤالفة. نعم قد يترك ذاك لما هو أعلى منه، كما في تزويج عائشة رضي الله تعالى عنها. والله تعالى أعلم" (Hâshiyat us-Sindî 'alâ Sunan in-Nassâ'ï).
Cela n'est qu'un Amru Irshâd (un Conseil), lequel n'induit pas de karâhiyya ta'abbudiyya ; ce Conseil, il est bien de le prendre en considération : c'est pour le bien des époux eux-mêmes ; cependant, il n'y aucun mal à faire différemment, particulièrement lorsqu'il y a Maslaha Mu'tabara Shar'an à faire différemment.
D'ailleurs, des années, plus tard, Omar ibn ul-Khattâb (que Dieu l'agrée) demanda en mariage la fille de... Fâtima et de 'Alî : Ummu Kulthûm bint 'Alî (que Dieu les agrée) : la différence d'âges était alors encore plus grande entre les deux ! Et, lorsque Omar lui en parla, 'Alî souligna le jeune âge de sa fille ; mais Omar ayant insisté, 'Alî accepta qu'il y ait entrevue, et rappela que ce serait à sa fille de voir si elle est d'accord, ou pas, lui pour sa part ne faisant pas d'objection à ce mariage : "فقال الحافظ في "التلخيص" (صـ291-292): فائدة: روى عبد الرزاق وسعيد بن منصور في "سننه" (520 -521) وابن أبي عمر وسفيان عن عمرو بن دينار عن محمد بن على (...) أن عمر خطب إلى علي ابنته أم كلثوم. فذكر له صغرها. فقيل له: "إن ردك، فعاوده". فقال له علي: "أبعث بها إليك، فإن رضيت فهي امرأتك". فأرسل بها إليه. فكشف عن ساقيها، فقالت: "لولا أنك أمير المؤمنين لصككت عينك". وهذا يشكل على من قال إنه لا ينظر غير الوجه والكفين" (Silsilat ul-ahâdîth is-sahîha, 1/205-206). Certaines narrations disent que, alors que 'Alî évoqua la différence d'âge, ainsi que le fait qu'il projetait de la marier à Abdullâh ibn Ja'far ibn Abî Tâlib, et/ou après avoir annoncé à d'autres personnes que 'Alî avait consenti à le marier à sa fille, Omar dit que son objectif était seulement de bénéficier de ce qu'il avait entendu le Prophète (sur lui soit la paix) formuler ainsi : "Chaque lien de mariage et de parenté disparaîtra le Jour de la Résurrection, sauf le lien de mariage avec (les gens de) ma (parenté), et le lien de parenté avec moi" : "كل سبب ونسب منقطع يوم القيامة، إلا سببي ونسبي" (ce hadîth a pour sa part été authentifié à cause de la multitude de ses chaînes dans Silsilat ul-ahâdîth is-sahîha, n° 2036 : 5/58-64 ; mais est dha'îf d'après d'autres spécialistes) ("سببي" veut ici dire : "صهري") (lire l'explication de ce dernier hadîth dans mon article sur la Tabarruk). Ce mariage eut lieu en l'an 17 de l'hégire (Ummu Kulthûm avait alors 11 ans - étant née en l'an 6 -, et Omar en avait 57).
Un autre Amru Irshâd comparable : le Prophète (sur lui soit la paix) a recommandé de se marier avec des femmes n'ayant jamais connu de mari auparavant ("عليكم بالأبكار، فإنهن أعذب أفواها، وأنتق أرحاما، وأرضى باليسير" : Ibn Mâja, 1861), et a dit à Jâbir : "Tu aurais plutôt dû (te marier avec) une Bikr, avec qui tu aurais joué, et qui aurait joué avec toi" : "فقلت: "تزوجت ثيبا"، فقال: "هلا تزوجت بكرا تلاعبها وتلاعبك؟" (al-Bukhârî, 2805/2967, Muslim, 715/54), mais lui-même, exception faite de Aïcha (que Dieu l'agrée), ne s'est marié qu'avec des Thayyib (comme Aïcha l'avait rappelé au Prophète : "عن سليمان، عن هشام بن عروة، عن أبيه، عن عائشة رضي الله عنها، قالت: قلت: "يا رسول الله، أرأيت لو نزلت واديا وفيه شجرة قد أكل منها، ووجدت شجرا لم يؤكل منها، في أيها كنت ترتع بعيرك؟"، قال: "في الذي لم يرتع منها". تعني أن رسول الله صلى الله عليه وسلم لم يتزوج بكرا غيرها" : al-Bukhârî, 4789/5077) (et comme Ibn Abbâs le rappela à Aïcha lorsqu'elle tomba malade : "فأنت بخير إن شاء الله: زوجة رسول الله صلى الله عليه وسلم، ولم ينكح بكرا غيرك، ونزل عذرك من السماء" : al-Bukhârî, 4476/4753).
Il n'y a ici pas de contradiction : les hadîths du premier type ne sont qu'un conseil (Irshâd), sachant qu'il est relativement plus facile de vivre avec une femme n'ayant jamais connu de mari auparavant. Ce qui n'empêche pas que :
--- primo : se marier - le mari fût-il lui-même Bikr - avec une femme Thayyib, cela est systématiquement autorisé sans karâhiyya ta'abbudiyya ;
--- secundo : s'il y a une Maslaha supérieure à se marier avec une Thayyib, eh bien cela devient mieux (Aslah). C'est pourquoi, lorsque Jâbir lui exposa la raison qui l'avait poussé à choisir une Thayyib plutôt qu'une Bikr ("قلت: "يا رسول الله، توفي والدي - أو: استشهد - ولي أخوات صغار، فكرهت أن أتزوج مثلهن، فلا تؤدبهن ولا تقوم عليهن؛ فتزوجت ثيبا لتقوم عليهن وتؤدبهن"), le Prophète (que Dieu le bénisse et le salue) lui dit : "Tu as bien fait" : "أصبْتَ" (al-Bukhârî, 3826/4052).
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– Soit la narration ne comporte pas d'ellipse narrative, et ce fut donc peu avant 'Alî, que Abû Bakr et Omar la demandèrent en mariage. Mais, dans ce cas, quand le Prophète leur répondit : "Elle est petite", il voulut seulement leur dire : "Elle est jeune par rapport à vous" [même si elle avait alors déjà 15 ans] (فـ"صغيرة" هنا بمعنى: "صغيرة بالنسبة إليكما"), et il leur répondit cela parce que, en fait, il la réservait déjà à Alî ; mais, pour ne pas froisser Abû Bakr et Omar en le leur disant directement, il donna cette raison - qui n'est pas fausse, puisque Fâtima était d'un âge jeune par rapport au leur, bien que n'étant pas la raison principale. Ibn ul-'Arabî a exposé cette interprétation en ces termes : "ويحتمل أن يكون النبي صلى الله عليه وسلم كان نواها لعلي، فلم يكن ليبدل نيته. وهذا أظهر"" ('Âridhat ul-ahwadhî), et Mullâ 'Alî al-Qârî ainsi : "وزوَّجها من عليّ لمناسبة سنه لها أو لوحي نزل بتزويجها له، ويؤيده ما في الرياض أنه قال لأبي بكر وعمر وغيرهما ممن خطبها: "لم ينزل القضاء بعد" (Mirqâtul-mafâtîh).
Quand on répond à une demande - quelle que soit celle-ci - par la négative, ne pas justifier cette réponse négative par la motivation principale (et ce à cause d'une Maslaha Mu'tabara) mais se contenter d'employer une tawriya ou d'avancer une raison secondaire - pourvu que celle-ci ne soit pas fausse -, cela n'est nullement un mensonge.
Cela est comparable au fait suivant : une femme vint se proposer en mariage au Prophète (sur lui soit la paix) sans douaire (mahr) ; il la regarda alors attentivement, mais elle ne lui plut pas (فخفض فيها النظر ورفعه، فلم يُرِدها). Le Prophète n'accepta alors pas sa demande. Mais il ne lui dit pas : "لا أريدكِ لأنكِ لا تُعجِبينَني" : "Je n'accepte pas ta (gentille) proposition, car tu ne me plais pas physiquement" (ce qui était l'entière vérité : Fat'h ul-bârî, 9/249) ; il lui dit seulement : "ما لي اليوم في النساء من حاجة" : "Je n'ai pas, aujourd'hui, de besoin de (me marier avec des) femmes" : "حدثنا أحمد بن المقدام، حدثنا فضيل بن سليمان، حدثنا أبو حازم، حدثنا سهل بن سعد، كنا عند النبي صلى الله عليه وسلم جلوسا، فجاءته امرأة تعرض نفسها عليه. فخفض فيها النظر ورفعه، فلم يُرِدْها. فقال رجل من أصحابه: "زوّجنيها يا رسول الله" (al-Bukhârî, 4839/5132) ; "حدثنا قتيبة بن سعيد، حدثنا يعقوب بن عبد الرحمن، عن أبي حازم، عن سهل بن سعد، أن امرأة جاءت رسول الله صلى الله عليه وسلم، فقالت: "يا رسول الله جئت لأهب لك نفسي". فنظر إليها رسول الله صلى الله عليه وسلم، فصعّد النظر إليها وصوّبه. ثم طأطأ رأسه. فلما رأت المرأة أنه لم يقض فيها شيئا جلست. فقام رجل من أصحابه، فقال: "يا رسول الله إن لم يكن لك بها حاجة فزوجنيها" (al-Bukhârî, 4742/5030) ; "حدثنا أبو النعمان، حدثنا حماد بن زيد، عن أبي حازم، عن سهل بن سعد رضي الله عنه أن امرأة أتت النبي صلى الله عليه وسلم، فعرضت عليه نفسها، فقال: "ما لي اليوم في النساء من حاجة". فقال رجل: "يا رسول الله زوجنيها"، قال" (al-Bukhârî, 4847/5141).
Si on appréhende sa réponse d'après certains des commentaires existants, peut être comparé à cela le fait que le prophète Jacob (sur lui soit la paix), sollicité par ses 10 fils à laisser leur frère consanguin Joseph venir jouer et grignoter quelque chose en leur compagnie, leur répondit : "M'attriste le fait que vous l'emportiez. Et je crains que le loup le mange alors que vous soyez insouciants de lui" : "قَالُواْ يَا أَبَانَا مَا لَكَ لاَ تَأْمَنَّا عَلَى يُوسُفَ وَإِنَّا لَهُ لَنَاصِحُونَ أَرْسِلْهُ مَعَنَا غَدًا يَرْتَعْ وَيَلْعَبْ وَإِنَّا لَهُ لَحَافِظُونَ قَالَ إِنِّي لَيَحْزُنُنِي أَن تَذْهَبُواْ بِهِ وَأَخَافُ أَن يَأْكُلَهُ الذِّئْبُ وَأَنتُمْ عَنْهُ غَافِلُونَ" (Coran 12/11-13). Ce fut :
--- soit une phrase sibylline, le "loup" étant une métaphore renvoyant à leur mauvaise prédisposition vis-à-vis de Joseph ("وقيل: إنما قال ذلك لخوفه منهم عليه، وإنه أرادهم بـ"الذئب"؛ فخوفه إنما كان من قتلهم له، فكنى عنهم بالذئب مساترة لهم. قال ابن عباس: "فسماهم ذئابا" : Tafsîr ul-Qurtubî) ;
--- soit Jacob parlait d'un loup véritable - et cela demeurait effectivement, là-bas, un motif de crainte pour les jeunes enfants ; qu'on se souvienne seulement de l'affaire, dans la même région mais plus tard - à l'époque de David et de Salomon -, des deux mères israélites dont le loup avait emporté le fils de l'une d'elles - ; mais ce n'était pas la raison principale pour laquelle Jacob rechignait à envoyer Joseph avec ses 10 fils plus âgés que lui. La raison principale était ce qu'il redoutait de leur part vis-à-vis de Joseph : n'avait-il pas déjà dit à ce dernier : "Ne raconte pas ton rêve à tes frères, car ils comploteraient contre toi" : "قَالَ يَا بُنَيَّ لاَ تَقْصُصْ رُؤْيَاكَ عَلَى إِخْوَتِكَ فَيَكِيدُواْ لَكَ كَيْدًا إِنَّ الشَّيْطَانَ لِلإِنسَانِ عَدُوٌّ مُّبِينٌ" (Coran 12/5). Simplement, il ne leur dit pas cela, afin de ne pas rompre le lien de confiance existant naturellement entre un père et ses fils.
Il est vrai que, d'après un tout autre commentaire, Jacob parlait là d'un loup véritable, et sans arrière pensée aucune ("وقيل: ما خافهم علي؛ ولو خافهم، لما أرسله معهم. وإنما خاف الذئب، لأنه أغلب ما يخاف في الصحاري" : Tafsîr ul-Qurtubî) ; si on retient ce dernier commentaire, cette réponse de Jacob (sur lui soit la paix) ne peut pas être citée comme autre exemple de ce qui nous intéresse ici.
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2) Réponse au second argument :
– La relation des âges de 6 ans et de 9 ans passe certes par des transmetteurs irakiens, qui la tiennent de Hishâm, lequel relate cela de son père 'Urwa, qui relate cela de sa tante maternelle Aïcha.
– Mais voici d'autres personnages qui ont relaté de Hishâm (le relatant toujours de 'Urwa, qui le relate de Aïcha) ces mêmes âges (6 et 9 ans), et qui, pourtant, ne font pas partie des gens de l'Irak :
--- Suf'yân ibn 'Uyayna (c'est un mecquois) : "حدثنا الربيع بن سليمان، قال: حدثنا الشافعيّ، قال: حدثنا سفيان بن عيينة، عن هشام بن عروة، عن أبيه، عن عائشة؛ وحدثنا أبو أمية، قال: حدّثنا إسماعيل بن الخليل، قال: حدّثنا علي بن مسهر، عن هشام بن عروة، عن أبيه، عن عائشة، قالت: "تزوجني رسول الله - صلى الله عليه وسلم - وأنا بنت ست سنين، فقدمنا المدينة فنزلنا في بني الحارث بن الخزرج، قالت: فوعكت، فتمزق شعري، فأوفى شعري جميمة. فأتتني أمي أم رومان - وإني لفي أرجوحة، ومعي صواحبات لي -، فصرخت بي. فأتيتها، وما أدري ما تريد بي. فأخذت بيدي حتى أوقفتني على باب الدَّار وإني لأنهج، حتى سكن بعض نفسي. ثمّ أخذت شيئًا من ماء فمسحت به وجهي ورأسي. ثمّ أدخلتني الدار، فإذا نسوة من الأنصار في بيت، فقلن: على الخير والبركة، وعلى خير طائر. فأسلمتني إليهن، فأصلحن من شأني. فلم يرعني إِلا رسول الله - صلى الله عليه وسلم - ضحى، فأسلمتني إليه، وأنا يومئذ بنت تسع سنين" (Mustakhraju Abî 'Awâna, 4698) ;
--- 'Abd ur-Rahmân ibn Abi-z-Zinâd (c'est un médinois, mais il est dha'îf en tant que transmetteur) : "حدثنا سليمان بن داود، قال: أخبرنا عبد الرحمن، عن هشام بن عروة، عن أبيه، قال: قالت عائشة: "تزوجني رسول الله صلى الله عليه وسلم وأنا ابنة ست سنين بمكة، متوفى خديجة. ودخل بي وأنا ابنة تسع سنين بالمدينة" (Ahmad, 24867) ;
--- Abu-z-Zinâd (c'est un médinois) ;
(ces 3 noms, c'est Cheikh Abû Is'hâq al-Huwaynî qui les a trouvés - et je n'ai fait que les recopier de lui - : islamqa.info).
– Voici maintenant un personnage qui a relaté de 'Urwa (le relatant de Aïcha) ces mêmes âges (ou à peu près ces mêmes âges) (7 et 9 ans), et qui est autre que Hishâm (celui-là, par contre, je l'avais trouvé de moi-même) :
--- az-Zuhrî : "وحدثنا عبد بن حميد، أخبرنا عبد الرزاق، أخبرنا معمر، عن الزهري، عن عروة، عن عائشة أن النبي صلى الله عليه وسلم تزوجها وهي بنت سبع سنين، وزفت إليه وهي بنت تسع سنين، ولعبها معها، ومات عنها وهي بنت ثمان عشرة" (Muslim, 1422/71).
– Voici enfin des personnages qui ont relaté de 'Aïcha ces mêmes âges (6 et 9 ans), et qui sont autres que 'Urwa :
--- al-Aswad : "حدثنا يحيى بن يحيى، وإسحاق بن إبراهيم، وأبو بكر بن أبي شيبة، وأبو كريب؛ قال يحيى وإسحاق: أخبرنا؛ وقال الآخران: حدثنا أبو معاوية، عن الأعمش، عن إبراهيم، عن الأسود، عن عائشة، قالت: "تزوجها رسول الله صلى الله عليه وسلم وهي بنت ست، وبنى بها وهي بنت تسع، ومات عنها وهي بنت ثمان عشرة" (Muslim, 1422/72) ;
--- Yahyâ ibn 'Abd ir-Rahmân ibn Hâtib : "أخبرنا مخلد بن جعفر الباقرحي، ثنا محمد بن حرب، ثنا سعيد بن يحيى بن سعيد الأموي، ثنا أبي، ثنا محمد بن عمرو بن علقمة، ثنا يحيى بن عبد الرحمن بن حاطب، عن عائشة رضي الله عنها، قالت: لما توفيت خديجة رضي الله عنها قالت خولة بنت حكيم بن أمية بن الأوقص امرأة عثمان بن مظعون رضي الله عنه وذلك بمكة: "أي رسول الله، ألا تزوج؟" قال: "ومن؟" قالت: "إن شئت بكرا، وإن شئت ثيبا"، قال: "ومن البكر؟" قالت: "ابنة أحب خلق الله إليك: عائشة بنت أبي بكر رضي الله عنه". قال: "ومن الثيب؟" قالت: "سودة بنت زمعة بن قيس؛ قد آمنت بك، واتبعتك على ما أنت عليه". قال: "فاذهبي فاذكريهما"، فجاءت فدخلت بيت أبي بكر فقالت: "يا أبا بكر، ماذا أدخل الله عليك من الخير والبركة؛ أرسلني رسول الله صلى الله عليه وسلم أخطب عليه عائشة". قال: "ادعي لي رسول الله صلى الله عليه وسلم". فدعته، فجاء فأنكحه، وهي يومئذ ابنة سبع سنين" (al-Hâkim, 2704) ; "حدثنا عبيد الله بن معاذ، حدثنا أبي، حدثنا محمد يعني ابن عمرو، عن يحيى - يعني ابن عبد الرحمن بن حاطب -، قال: قالت عائشة رضي الله عنها: "فقدمنا المدينة فنزلنا في بني الحارث بن الخزرج، قالت: فوالله إني لعلى أرجوحة بين عذقين، فجاءتني أمي فأنزلتني ولي جميمة" وساق الحديث" (Abû Dâoûd, 4937) (le reste du hadîth est ici : "حدثني فروة بن أبي المغراء، حدثنا علي بن مسهر، عن هشام، عن أبيه، عن عائشة رضي الله عنها، قالت: "تزوجني النبي صلى الله عليه وسلم وأنا بنت ست سنين، فقدمنا المدينة فنزلنا في بني الحارث بن خزرج، فوعكت فتمرق شعري، فوفى جميمة. فأتتني أمي أم رومان، وإني لفي أرجوحة، ومعي صواحب لي، فصرخت بي فأتيتها، لا أدري ما تريد بي. فأخذت بيدي حتى أوقفتني على باب الدار، وإني لأنهج، حتى سكن بعض نفسي. ثم أخذت شيئا من ماء فمسحت به وجهي ورأسي. ثم أدخلتني الدار، فإذا نسوة من الأنصار في البيت، فقلن: "على الخير والبركة، وعلى خير طائر"، فأسلمتني إليهن، فأصلحن من شأني. فلم يرعني إلا رسول الله صلى الله عليه وسلم ضحى، فأسلمتني إليه، وأنا يومئذ بنت تسع سنين" : al-Bukhârî, 3681/3894 ; "عن أبي أسامة، عن هشام، عن أبيه، عن عائشة، قالت: "تزوجني رسول الله صلى الله عليه وسلم لست سنين، وبنى بي وأنا بنت تسع سنين". قالت: "فقدمنا المدينة، فوعكت شهرا، فوفى شعري جميمة. فأتتني أم رومان وأنا على أرجوحة، ومعي صواحبي، فصرخت بي. فأتيتها، وما أدري ما تريد بي. فأخذت بيدي، فأوقفتني على الباب، فقلت: "هه هه"، حتى ذهب نفسي. فأدخلتني بيتا، فإذا نسوة من الأنصار، فقلن: "على الخير والبركة، وعلى خير طائر". فأسلمتني إليهن، فغسلن رأسي وأصلحنني. فلم يرعني إلا ورسول الله صلى الله عليه وسلم ضحى، فأسلمنني إليه" : Muslim 1422/69) ;
--- Abû Salama : "حدثنا محمد بن بشر، قال: حدثنا محمد بن عمرو، قال: حدثنا أبو سلمة، ويحيى، قالا: لما هلكت خديجة، جاءت خولة بنت حكيم امرأة عثمان بن مظعون، قالت: (...). قالت عائشة: "فقدمنا المدينة فنزلنا في بني الحارث من الخزرج في السنح". قالت: "فجاء رسول الله صلى الله عليه وسلم، فدخل بيتنا واجتمع إليه رجال من الأنصار ونساء. فجاءت بي أمي وإني لفي أرجوحة بين عذقين ترجح بي، فأنزلتني من الأرجوحة، ولي جميمة ففرقتها، ومسحت وجهي بشيء من ماء، ثم أقبلت تقودني، حتى وقفت بي عند الباب، وإني لأنهج، حتى سكن من نفسي. ثم دخلت بي، فإذا رسول الله صلى الله عليه وسلم جالس على سرير في بيتنا، وعنده رجال ونساء من الأنصار. فأجلستني في حجره، ثم قالت: "هؤلاء أهلك، فبارك الله لك فيهم، وبارك لهم فيك". فوثب الرجال والنساء، فخرجوا. وبنى بي رسول الله صلى الله عليه وسلم في بيتنا. ما نحرت عليَّ جزور، ولا ذبحت عليَّ شاة، حتى أرسل إلينا سعد بن عبادة بجفنة كان يرسل بها إلى رسول الله صلى الله عليه وسلم إذا دار إلى نسائه. وأنا يومئذ بنت تسع سنين" (Ahmad, 25769 : cette relation est longue, et la partie non-mentionnée ici a été reproduite plus bas).
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Difficile, dès lors, de dire que Hishâm ibn 'Urwa s'est trompé dans la narration ici !
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Par contre, le même propos (matn) a été attribué à Abdullâh ibn Mas'ûd, mais cette attribution constitue une erreur, a dit al-Bukhârî : "حدثنا يحيى بن أكثم، حدثنا يحيى بن آدم، حدثنا إسرائيل، حدثنا أبو إسحاق، عن أبي عبيدة، عن عبد الله، قال: "تزوج رسول الله صلى الله عليه وسلم عائشة وهي ابنة ست سنين، ودخل بها وهي ابنة تسع سنين، وقبض صلى الله عليه وسلم وهي ابنة ثمان عشرة". سألت محمدا عن هذا الحديث فقال: "هذا خطأ. إنما هو: "أبو إسحاق، عن أبي عبيدة، أن النبي صلى الله عليه وسلم تزوج عائشة": هكذا حدثوا عن إسرائيل، عن أبي إسحاق، ويقولون: "عن أبي عبيدة، عن عائشة" أيضا". قال أبو طالب القاضي: "هذا الحديث لم يذكره أبو عيسى في كتاب الجامع" (Al-'Ilal ul-Kabîr, at-Tirmidhî).
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3) Le troisième argument était : "'Abdullâh ibn Omar n'a pas été autorisé à participer à Badr ni à Uhud parce que n'ayant alors pas 15 ans, ni al-Barâ' à Badr, pour la même raison, alors que Aïcha s'est jointe à l'expédition de Badr, et a servi les blessés lors de Uhud : elle avait donc alors 15 ans ou plus". Et en voici la réponse :
C'est prendre part aux combats qui n'a pas été autorisé à al-Barâ' et à Abdullâh ibn Omar lors de Badr, ni à Abdullâh ibn Omar lors de Uhud !
Par contre, accompagner l'armée pour servir les combattants, ou chose comparable, cela n'avait pas été interdit à des personnes de moins de 15 ans !
Ainsi, à Badr, il y avait Hâritha ibn Surâqa qui, bien qu'enfant, était alors présent : alors qu'il buvait de l'eau au bassin aménagé par les musulmans pour l'occasion, il fut atteint par une flèche et en mourut : "عن حميد، قال: سمعت أنسا رضي الله عنه يقول: أصيب حارثة يوم بدر وهو غلام. فجاءت أمه إلى النبي صلى الله عليه وسلم فقالت: "يا رسول الله، قد عرفت منزلة حارثة مني. فإن يكن في الجنة أصبر وأحتسب؛ وإن تك الأخرى ترى ما أصنع"، فقال: "ويحك! أوهبلت؟ أوجنة واحدة هي؟ إنها جنان كثيرة، وإنه في جنة الفردوس" (al-Bukhârî, 3761/3982). Ibn Abd il-Barr dit : "وكان خرج نظارا يوم بدر" (Al-Istî'âb).
A Badr il y avait aussi Anas ibn Mâlik (qui n'avait alors que 12 ans) : "عن مولى لأنس بن مالك، قال: قلت لأنس بن مالك: "أشهدت بدرا؟" قال: "لا أم لك، وأين أغيب عن بدر؟" (Al-Hâkim, 6446). Peut-être qu'il était venu en tant qu'enfant attaché au service du Prophète ; ou peut-être que son beau-père Abû Talh'a l'avait emmené avec lui.
D'après Ibn Hajar (Fat'h ul-bârî, 7/364), la parole suivante de al-Barâ' parle du fait que lui-même ainsi que Abdullâh ibn Omar étaient justement présents à Badr, mais ne furent pas autorisés à prendre part aux combats, car n'ayant pas 15 ans : "عن البراء، قال: "استصغرت أنا وابن عمر يوم بدر. وكان المهاجرون يوم بدر نيفا على ستين، والأنصار نيفا وأربعين ومائتين" (al-Bukhârî, 3739/3956).
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A Uhud, Aïcha et Ummu Sulaym donnaient à boire aux blessés : elles portaient sur leur dos une outre d'eau, qu'elles allaient remplir puis dont elles servaient à boire (aux blessés) : "عن أنس رضي الله عنه، قال: "لما كان يوم أحد، انهزم الناس عن النبي صلى الله عليه وسلم"، قال: "ولقد رأيت عائشة بنت أبي بكر وأم سليم وإنهما لمشمرتان، أرى خدم سوقهما، تنقلان القرب على متونهما، ثم تفرغانه في أفواه القوم، ثم ترجعان فتملآنها، ثم تجيئان فتفرغانها في أفواه القوم" (al-Bukhârî, 2724/2880, Muslim, 1811) (le voile complet pour les épouses du Prophète n'avait alors pas encore été révélé).
Lors de cette bataille de Uhud (en shawwâl de l'an 3 de l'hégire), Aïcha avait 11 ans ; et ce qui vient d'être dit est une tâche dont une personne de 11 ans peut tout à fait s'acquitter : remplir une outre d'eau, la transporter sur son dos, et venir donner à boire aux blessés.
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Par contre, Aïcha s'est-elle jointe à la campagne de Badr ?
Apparemment non. "حتى إذا كنا بالشجرة أدركه الرجل": هكذا هو في النسخ: "حتى إذا كنا"؛ فيحتمل أن عائشة كانت مع المودعين، فرأت ذلك؛ ويحتمل أنها أرادت بقولها "كنا": "كان المسلمون". والله أعلم" (Shar'h Muslim, an-Nawawî, 12/199). Le fait est que cette "Shajara" se trouve à Dhu-l-Hulayfa, aux portes de Médine (c'est le mîqât des Gens de Médine).
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4) Le quatrième argument était : "'Abd ur-Rahmân ibn Abi-z-Zinâd dit qu'il y avait 10 ans d'écart entre Asmâ' et Aïcha".
Asmâ' est décédée en l'an 73, peu après le martyre de son fils Abdullâh ibn uz-Zubayr.
Mais quel âge avait-elle alors atteint ?
--- Hishâm ibn 'Urwa dit : 100 ans : "وأما هشام بن عروة، فقال: "عاشت مائة سنة، ولم يسقط لها سن" (Siyaru A'lâm in-nubalâ' : 'Abdullâh ibn uz-Zubayr).
Ce qui entraîne que, lors de l'émigration à Médine, Asmâ' avait 27 ans (100 - 73 = 27).
Or "'Abd ur-Rahmân ibn Abi-z-Zinâd dit qu'il y avait 10 ans d'écart entre Asmâ' et Aïcha".
On en déduit que Aïcha avait, au moment de l'émigration, 17 ans d'âge : 27 - 10 = 17.
Comme elle s'est mise à vivre avec le Prophète au mois de shawwâl de l'an 1 ou de l'an 2, elle avait donc 18 ou 19 ans à ce moment-là.
Lors du début de la mission du Prophète, Asmâ' avait donc 14 ans (27 - 13 = 14) ; et Aïcha en avait alors 4 (14 - 10 = 4) : elle est donc née 4 ans avant le début de la mission du Prophète (et pas 5 ans après le début de cette mission) !
Voilà ce que disent les tenants de la seconde posture sus-évoquée.
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Réponse :
Les ulémas de islamqa.info soulignent que, en fait, cette affirmation de 'Abd ur-Rahmân ibn Abi-z-Zinâd est relatée par deux voies ; et que seule une de ces deux voies exprime cela ainsi.
En effet, ce propos de 'Abd ur-Rahmân est relaté :
--- par Ibn Assâkir : "أخبرنا أبو الحسن علي بن أحمد المالكي أنا أحمد بن عبد الواحد السلمي أنا جدي أبو بكر أنا أبو محمد بن زبر نا أحمد بن سعد بن إبراهيم الزهري نا محمد بن أبي صفوان نا الأصمعي عن ابن أبي الزناد قال: كانت أسماء بنت أبي بكر أكبر من عائشة بعشر سنين" (Ta'rîkhu Dimashq) : ici on lit bel et bien que 'Abd ur-Rahmân a dit : "Asmâ' était de 10 ans plus âgée que Aïcha" ;
--- par Ibn Abd il-Barr : "أخبرنا أحمد بن قاسم، حدثنا محمد بن معاوية، حدثنا إبراهيم بن موسى بن جميل، حدثنا إسماعيل بن إسحاق القاضي، حدثنا نصر بن علي، حدثنا الأصمعي قال حدثنا ابن أبي الزناد، قال، قالت أسماء بنت أبي بكر - وكانت أكبر من عائشة بعشر سنين أو نحوها - قالت: رأيت زيد بن عمرو بن نفيل مسندا ظهره إلى الكعبة وهو يقول: يا معشر قريش، والله لا آكل ما ذبح لغير الله، والله ما على دين إبراهيم أحد غيري" (Al-Istî'âb) : ici par contre on lit que 'Abd ur-Rahmân a dit : "Asmâ' était de 10 ans, ou chose de ce genre, plus âgée que Aïcha" (source : islamqa.info).
Dès lors, si on marie la relation disant que Asmâ' avait 100 ans au moment de son décès (survenu en l'an 73 de l'hégire), à un écart d'âge de 10 ans précis entre les deux soeurs, on obtiendra effectivement que Aïcha avait, au moment de l'émigration : 17 ans :
--- 27 (âge de Asmâ' au moment de l'émigration) - 10 = 17 (âge de Aïcha au moment de l'émigration) ;
Par contre, si on marie la relation disant que Asmâ' avait 100 ans au moment de son décès (survenu en l'an 73 de l'hégire), à un écart d'âge de "10 ans ou chose de ce genre" entre les deux soeurs, on obtient cette fois que Aïcha avait, au moment de l'émigration : 17 ans ou chose de ce genre.
Or : المحتمَل يُردُّ إلى الصريح : "Ce qu'induit un texte qui n'est pas explicite mais peut être compris de deux façons, sera compris selon celle de ces deux façons qui correspond au texte étant pour sa part explicite et clair".
Ce "10 ans ou chose de ce genre" est en fait ce que adh-Dhahabî a formulé ainsi : "وكانت أسنّ من عائشة ببضع عشرة سنة" : "Asmâ' était plus âgée que Aïcha, de quelques (bidh') années plus de 10" (Siyaru A'lâm in-nubalâ' : Asmâ' bint Abî Bakr) ; le terme "bidh'" (بِضْع) désigne un chiffre compris entre 3 et 9 : Asmâ' était donc de 13 à 19 années plus âgée que Aïcha.
Au moment de l'émigration, Aïcha aura donc eu un âge compris entre 14 ans (si on retient "13" comme désignation de "bidh'a 'ashara" ici) et 8 ans (si on retient "19" comme désignation de "bidh'a ashara") :
--- 27 (âge de Asmâ' au moment de l'émigration) - 13 = 14 (âge de Aïcha au moment de l'émigration) ;
--- 27 (âge de Asmâ' au moment de l'émigration) - 19 = 8 (âge de Aïcha au moment de l'émigration).
(En le verset coranique 30/1-6 aussi - "وَهُم مِّن بَعْدِ غَلَبِهِمْ سَيَغْلِبُونَ فِي بِضْعِ سِنِينَ" -, le terme "bidh'" désigne : "9" d'après l'avis de ash-Sha'bî.)
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- Si Aïcha avait 17 ans au moment de l'émigration, elle sera née 4 ans avant le début de la mission du Prophète, et aurait eu 4 ans au début de cette mission.
- Si elle avait 14 ans au moment de l'émigration, elle sera née 1 an avant le début de la mission du Prophète.
- Et si elle avait 8 ans au moment de l'émigration, elle sera née 5 ans après le début de la mission du Prophète.
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Voici deux indices montrant que Aïcha n'est pas née 4 ans avant le début de la mission du Prophète (sur lui soit la paix) :
Un premier indice) Aïcha a dit : "Je n'ai jamais été consciente de mes deux parents, sans qu'ils adhèrent au Dîn (= l'islam)" : "عن عقيل، عن ابن شهاب، قال: أخبرني عروة بن الزبير، أن عائشة زوج النبي صلى الله عليه وسلم، قالت: "لم أعقل أبوي إلا وهما يدينان الدين. ولم يمر علينا يوم إلا يأتينا فيه رسول الله صلى الله عليه وسلم، طرفي النهار: بكرة وعشية" (al-Bukhârî, 464/476) :
Sachant que Abû Bakr et Ummu Rûmân (les deux parents de Aïcha) n'étaient pas monothéistes avant la mission du Prophète, ce propos ne se comprendrait pas si Aïcha avait 4 ans au moment du début de cette mission : en effet, dans ce cas elle aura été consciente du changement de Dîn opéré par ses parents à l'âge de ses 4 ans.
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Ce propos se comprend si Aïcha est née : soit quelque temps après, ou juste après, le début de la mission ; soit, tout au plus, très peu de temps avant le début de la mission. Mais pas 4 ans avant le début de cette mission.
Ibn Hajar écrit que Aïcha (que Dieu l'agrée) naquit 4 ou 5 ans après le début de la mission du Prophète (sur lui soit la paix) : "ولدت بعد المبعث بأربع سنين أو خمس" (Al-Issâba). Ce qui donne bien, au moment de l'émigration à Médine, l'âge de : 8 ans (13 - 5 = 8), ou : 9 ans (13 - 4 = 9). Exactement comme Ibn Hajar l'a spécifié ici : "Elle naquit 8 ans, ou quelque chose de voisin de cela, avant l'émigration" : "وكان مولدها في الإسلام قبل الهجرة بثمان سنين أو نحوها" (Fat'h ul-bârî, 7/135).
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Un second indice) Aïcha a dit explicitement qu'elle n'a jamais vu Khadîja (ci-dessous les relations où elle affirme cela) : il n'y a pas eu ru'ya :
Voilà qui va plus dans le sens d'un âge de seulement 5 ans au moment du décès de Khadîja (survenu en l'an 10 - ou 11 - du prophétat).
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Car si Aïcha avait eu 17 ans au moment de l'émigration à Médine, elle aurait eu 13 ou 14 ans au moment du décès de Khadîja : imagine-t-on la fille de Abû Bakr, âgée de 13 ans, n'avoir jamais vu Khadîja, l'épouse du Messager de Dieu, les deux vivant pourtant dans la même cité, La Mecque ?
Même si on retient qu'elle avait 14 ans au moment de l'émigration à Médine, elle aurait eu 10 ou 11 ans au moment du décès de Khadîja : imagine-t-on la fille de Abû Bakr, âgée de 10 ans, n'avoir jamais vu Khadîja, l'épouse du Messager de Dieu ?
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En fait, au moment du décès de Khadîja (survenu en l'an 10 ou 11 du prophétat, comme nous le verrons plus bas), Aïcha avait 5 ans : cela explique mieux qu'elle dise ne l'avoir jamais vue.
Aïcha a dit que aussi loin qu'elle se souvienne, ses parents étaient musulmans, et pas un jour ne passait sans que le Prophète ne se rende 2 fois par jour chez Abû Bakr ("ولم يمر علينا يوم إلا يأتينا فيه رسول الله صلى الله عليه وسلم، طرفي النهار: بكرة وعشية" : al-Bukhârî, 464/476) ; mais apparemment le Prophète venait seul à la maison de Abû Bakr (et pas accompagné de Khadîja). D'autre part, Aïcha, encore petite dans une cité hostile aux musulmans, ne se rendait pas, accompagnant son père, dans la maison du Prophète et de Khadîja. Et il n'y avait pas de mosquée attitrée lorsqu'ils étaient à La Mecque : les musulmans priaient en congrégation de façon non organisée.
Aïcha a vécu les 5 premières années de sa vie alors que Khadîja était encore vivante : il y a ce qu'on appelle "mu'âssara" entre elles ; et elle aurait pu voir Khadîja.
Mahmûd ibn ur-Rabî' se souvient pour sa part d'un gargarisme et d'une aspersion d'eau que le Prophète a faite d'un seau d'eau de chez eux, alors qu'il avait 5 ans : "عن الزهري، عن محمود بن الربيع، قال: "عقلت من النبي صلى الله عليه وسلم مجة مجها في وجهي وأنا ابن خمس سنين من دلو" (al-Bukhârî, 77 etc.) ; sur ce hadîth 77, al-Bukhârî a titré : "متى يصح سماع الصغير؟" (Al-Jâmi' us-Sahîh, Kitâb ul-'Ilm).
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Mais, dans le concret, Aïcha n'a pas vu Khadîja : il n'y a pas eu ru'ya.
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"حدثني عمر بن محمد بن حسن، حدثنا أبي، حدثنا حفص، عن هشام، عن أبيه، عن عائشة رضي الله عنها، قالت: ما غرت على أحد من نساء النبي صلى الله عليه وسلم، ما غرت على خديجة، وما رأيتها، ولكن كان النبي صلى الله عليه وسلم يكثر ذكرها، وربما ذبح الشاة ثم يقطعها أعضاء، ثم يبعثها في صدائق خديجة، فربما قلت له: "كأنه لم يكن في الدنيا امرأة إلا خديجة"، فيقول "إنها كانت، وكانت. وكان لي منها ولد" (al-Bukhârî, 3607/3818).
"حدثنا سهل بن عثمان، حدثنا حفص بن غياث، عن هشام بن عروة، عن أبيه، عن عائشة، قالت: ما غرت على نساء النبي صلى الله عليه وسلم، إلا على خديجة وإني لم أدركها، قالت: وكان رسول الله صلى الله عليه وسلم إذا ذبح الشاة، فيقول: "أرسلوا بها إلى أصدقاء خديجة". قالت: فأغضبته يوما، فقلت: "خديجة"، فقال رسول الله صلى الله عليه وسلم: "إني قد رزقت حبها" (Muslim, 2435/75).
"حدثنا أبو هشام الرفاعي قال: حدثنا حفص بن غياث، عن هشام بن عروة، عن أبيه، عن عائشة، قالت: "ما غرت على أحد من أزواج النبي صلى الله عليه وسلم ما غرت على خديجة. وما بي أن أكون أدركتها. وما ذلك إلا لكثرة ذكر رسول الله صلى الله عليه وسلم لها، وإن كان ليذبح الشاة فيتتبع بها صدائق خديجة فيهديها لهن". هذا حديث حسن صحيح غريب" (at-Tirmidhî, 3875).
"حدثنا عبد بن حميد، أخبرنا عبد الرزاق، أخبرنا معمر، عن الزهري، عن عروة، عن عائشة، قالت: "ما غرت للنبي صلى الله عليه وسلم على امرأة من نسائه، ما غرت على خديجة لكثرة ذكره إياها. وما رأيتها قط" (Muslim, 2435/76).
"أخبرنا أحمد بن جعفر، ثنا عبد الله بن أحمد بن حنبل، حدثني أبي، ثنا عبد الرزاق، أنبأ معمر، عن الزهري، عن عروة، عن عائشة رضي الله عنها قالت: "لم يتزوج النبي صلى الله عليه وسلم على خديجة رضي الله عنها حتى ماتت". قالت عائشة: "ما رأيت خديجة قط. ولا غرت على امرأة من نسائه أشد من غيرتي على خديجة؛ وذلك من كثرة ما كان يذكره" (al-Hâkim, 4855).
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Juste pour information :
Pour sa part, Ibn Hajar a fait une ta'wîl de ce propos de Aïcha : il a dit qu'elle voulait dire n'avoir jamais vu Khadîja en étant mariée elle aussi au Prophète : "قوله "وما رأيتها"؛ في رواية مسلم من هذا الوجه: "ولم أدركها". ولم أر هذه اللفظة إلا في هذه الطريق. نعم أخرجها مسلم من طريق الزهري عن عروة عن عائشة بلفظ "وما رأيتها قط". ورؤية عائشة لخديجة كانت ممكنة. وأما إدراكها لها فلا نزاع فيه، لأنه كان لها عند موتها ست سنين. كأنها أرادت بنفي الرؤية والإدراك: النفي بقيد اجتماعهما عند النبي صلى الله عليه وسلم: أي: لم أرها وأنا عنده، ولا أدركتها كذلك" (Fat'h ul-bârî 7/171-172).
Al-'Aynî a fait une ta'wîl voisine : selon lui, elle voulait dire n'avoir jamais vu Khadîja auprès du Prophète (ce qui n'empêche pas qu'elle ait pu la voir ailleurs) : "قوله "وما رأيتها": جملة حالية، وفي رواية مسلم: "ولم أدركها". والمعنى: ما رأيتها عند النبي صلى الله عليه وسلم، ولا أدركتها عنده. ورؤيتها إياها كانت ممكنة، وكذلك إدراكها إياها، لأنها كانت عند موت خديجة بنت ست سنين. ولكن نفيها الرؤية والإدراك بالقيد المذكور" ('Umdat ul-qârî).
Cependant, le propos de Aïcha dit seulement : "Je n'ai jamais vu (Khadîja)".
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Date du décès de Khadîja (an 10 du prophétat ; peut-être un avis disant : an 11 ?). Et date du mariage de Aïcha (une relation : an 10 du prophétat ; une autre : an 11 du prophétat ; une autre encore : an 12 du prophétat) :
L'émigration du Prophète à Médine eut lieu en rabî' ul-awwal de l'an 14 du prophétat (si on retient que la Bay'at ul-'Aqaba ath-thâniya eut lieu en dhu-l-hijja de l'an 13 du prophétat).
Ce qui fait que c'est en tout pendant 12 ans et demi que le Prophète a exercé sa mission à La Mecque : depuis la première révélation, survenue en ramadan de l'an 1 du prophétat, jusqu'à l'émigration à Médine, qui eut lieu en ce rabî' ul-awwal de l'an 14 (lequel deviendra : rabî' ul-awwal de l'an 1 de l'hégire).
"حدثنا هشام، حدثنا عكرمة، عن ابن عباس رضي الله عنهما، قال: "بعث رسول الله صلى الله عليه وسلم لأربعين سنة. فمكث بمكة ثلاث عشرة سنة يوحى إليه. ثم أمر بالهجرة فهاجر عشر سنين. ومات وهو ابن ثلاث وستين" (al-Bukhârî, 3689/3902), "حدثنا حماد، عن أبي جمرة الضبعي، عن ابن عباس، قال: "أقام رسول الله صلى الله عليه وسلم بمكة ثلاث عشرة سنة يوحى إليه، وبالمدينة عشرا. ومات وهو ابن ثلاث وستين سنة" (Muslim, 2351/118).
Ibn Hajar écrit : "وقد مضى في صفة النبي صلى الله عليه وسلم حديث أنس أنه صلى الله عليه وسلم بعث على رأس أربعين؛ وتقدم في بدء الوحي أنه أنزل عليه في شهر رمضان. فعلى الصحيح المشهور أن مولده في شهر ربيع الأول، يكون حين أنزل عليه ابن أربعين سنة وستة اشهر. وكلام ابن الكلبي يؤذن بأنه ولد في رمضان، فإنه قال: "مات وله اثنتان وستون سنة ونصف سنة"؛ وقد أجمعوا على أنه مات في ربيع الأول؛ فيستلزم ذلك أن يكون ولد في رمضان؛ وبه جزم الزبير بن بكار؛ وهو شاذ. وفي مولده أقوال اخر أشد شذوذا من هذا" (Fat'h ul-bârî, 7/207).
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Quand Khadîja (que Dieu soit Satisfait d'elle) est-elle décédée ?
Concernant le décès de Khadîja, nous avons cette parole de 'Urwa :
– "Khadîja est décédée 3 années, ou chose proche de cela, avant que le Prophète parte à Médine" :
--- "حدثني عبيد بن إسماعيل، حدثنا أبو أسامة، عن هشام، عن أبيه، قال: "توفيت خديجة قبل مخرج النبي صلى الله عليه وسلم إلى المدينة بثلاث سنين. فلبث سنتين أو قريبا من ذلك، ونكح عائشة وهي بنت ست سنين. ثم بنى بها وهي بنت تسع سنين" (al-Bukhârî, 3683/3896) ;
--- "وقد أخرج الإسماعيلي من طريق عبد الله بن محمد بن يحيى، عن هشام، عن أبيه، أنه كتب إلى الوليد: "إنك سألتَني متى توفيت خديجة. وإنها توفيت قبل مخرج النبي صلى الله عليه وسلم من مكة بثلاث سنين أو قريب من ذلك. ونكح النبي صلى الله عليه وسلم عائشة بعد متوفى خديجة، وعائشة بنت ست سنين. ثم إن النبي صلى الله عليه وسلم بنى بها بعد ما قدم المدينة، وهي بنت تسع سنين" (Fat'h ul-bârî 7/281) ;
--- "عن معمر، عن هشام بن عروة، عن أبيه، قال: "توفيت خديجة قبل مخرج النبي صلى الله عليه وسلم بثلاث سنين أو نحو ذلك. وتزوج عائشة قريبا من موت خديجة. ولم يتزوج على خديجة حتى ماتت" (Abd ur-Razzâq dans son Mussannaf, 14003).
– Dans la version suivante, il est dit : "Khadîja bint Khuwaylid est décédée à la Mecque, 2 années, ou chose proche de cela, avant que le Prophète parte à Médine" :
--- "حدثنا أبو بكر بن أبي شيبة، ثنا أبو أسامة، عن هشام بن عروة، عن أبيه، قال: "توفيت خديجة ابنة خويلد بمكة قبل مخرج النبي صلى الله عليه وسلم إلى المدينة بسنتين أو قريب من ذلك" (al-Balâdhurî dans son Ansâb ul-ashrâf).
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Ce qui est connu, c'est que Khadîja est décédée en ramadan l'an 10 du prophétat (Fat'h ul-bârî 7/168) ("ثم تزوجها رسول الله - صلى الله عليه وسلم - ولها يومئذ خمس وأربعون سنة، وقيل: ثمان وعشرون، وقيل: أربعون. وفى تاريخ دمشق أنها توفيت فى رمضان سنة عشر من النبوة وهى بنت خمس وستين سنة. ودفنت بالحجون، ونزل النبى - صَلَّى اللهُ عَلَيْهِ وَسَلَّمَ - فى حفرتها، وذلك بعد خروج بنى هاشم من الشعب بيسير" : Tahdhîb ul-asmâ' wa-l-lughât).
Ce qui donne : 3 ans et demi avant l'émigration du Prophète à Médine : c'est pourquoi certains ulémas ont dit : "3 ans avant l'émigration", et d'autres : "4 ans avant l'émigration" ; il est vrai que d'autres encore ont dit : "5 ans avant l'émigration" (mais cela se comprend très bien à la lumière de la façon que les Arabes avaient de compter et la première et la dernière années, comme nous le verrons plus bas) : "ثم توفيت قبل الهجرة بثلاث سنين، وقيل: بخمس، وقيل: بأربع. والصحيح الأول" (Tahdhîb ul-asmâ' wa-l-lughât).
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Y a-t-il un érudit ancien qui ait dit que Khadîja est décédée en ramadan de l'an 11 du prophétat ?
Si Oui, alors ce seraient 2 ans et demi qui séparent son décès de l'émigration du Prophète à Médine. Ce qui correspondrait à la narration faite par al-Balâdhurî.
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Quand le Prophète (sur lui soit la paix) a-t-il épousé Aïcha (que Dieu l'agrée) ?
Aïcha dit que le Prophète l'a épousée en shawwâl, et a commencé à vivre avec elle en shawwâl : "عن عبد الله بن عروة، عن عروة، عن عائشة، قالت: "تزوجني رسول الله صلى الله عليه وسلم في شوال، وبنى بي في شوال. فأي نساء رسول الله صلى الله عليه وسلم كان أحظى عنده مني؟". قال: "وكانت عائشة تستحب أن تدخل نساءها في شوال" (Muslim 1423).
Hishâm dit que Aïcha a vécu 9 ans auprès du Prophète : "حدثنا محمد بن يوسف، حدثنا سفيان، عن هشام، عن أبيه، عن عائشة رضي الله عنها أن النبي صلى الله عليه وسلم تزوجها وهي بنت ست سنين، وأدخلت عليه وهي بنت تسع، ومكثت عنده تسعا" (al-Bukhârî, 4840/5133) ; "حدثنا قبيصة بن عقبة، حدثنا سفيان، عن هشام بن عروة، عن عروة: "تزوج النبي صلى الله عليه وسلم عائشة وهي بنت ست سنين، وبنى بها وهي بنت تسع، ومكثت عنده تسعا" (al-Bukhârî, 4863/5158) (Ibn Hajar pense que dans la première de ces deux narrations, la dernière phrase est une id'râj de Hishâm ; il le dit sur la base de cette autre narration "حدثنا معلى بن أسد، حدثنا وهيب، عن هشام بن عروة، عن أبيه، عن عائشة، أن النبي صلى الله عليه وسلم تزوجها وهي بنت ست سنين، وبنى بها وهي بنت تسع سنين. قال هشام: "وأنبئت أنها كانت عنده تسع سنين" : al-Bukhârî, 4841/5134 : Fat'h ul-bârî, 9/238 ; Ibn Hajar pense probable que Hishâm ait été informé de cela par son épouse, Fâtima bint ul-Mundhir, qui le tenait de sa grand-mère à elle : Asmâ' bint Abî Bakr : Fat'h ul-bârî, 9/239).
Sachant que le Prophète est décédé en rabî' ul-awwal de l'an 11 de l'hégire, Aïcha est demeurée auprès de lui :
--- soit 8 ans et demi (si elle a commencé à vivre avec lui en shawwâl de l'an 2 de l'hégire) (et c'est l'avis de an-Nawawî : "السنة الثانية: فيها حولت القبلة إلى الكعبة بعد ستة عشر أو سبعة عشر شهرًا من الهجرة فى شعبان، وفيها فرض صوم رمضان شهره، (...)، وفى شوال منها بنى بعائشة، وفيها تزوج عليٌ فاطمة" : Tahdhîb ul-asmâ' wa-l-lughât ; "تزوجها النبى - صلى الله عليه وسلم - بمكة قبل الهجرة لسنتين فى قول أبى عبيدة، وقال غيره: بثلاث سنين، وقيل: سنة ونصف أو نحوها؛ وهى بنت ست سنين، وقيل: سبع، والأول أصح. وبنى بها بعد الهجرة بالمدينة بعد منصرفه من بدر فى شوال سنة اثنتين بنت تسع سنين؛ وقيل: بنى بها بعد الهجرة بسبعة أشهر؛ وهو ضعيف، وقد أوضحت ضعفه فى أول شرح صحيح البخارى" : Ibid.) ;
--- soit 9 ans et demi (si elle a commencé à vivre avec lui en shawwâl de l'an 1 de l'hégire) (ce qui est l'avis de Ibn Hajar : Fat'h ul-bârî 7/279 ; 7/281 ; et c'est ce que at-Tabarî a écrit : "وفي هذه السنة مات أبو أحيحة بماله بالطائف. ومات الوليد بن المغيرة والعاص بن وائل السهمي فيها بمكة. وفيها بنى رسول الله صلى الله عليه وسلم بعائشة بعد مقدمه المدينة بثمانية أشهر، في ذي القعدة، في قول بعضهم؛ وفي قول بعض: بعد مقدمه المدينة بسبعة أشهر، في شوال؛ وكان تزوجها بمكة قبل الهجرة بثلاث سنين بعد وفاة خديجة وهي ابنة ست سنين؛ وقد قيل: تزوجها وهي ابنة سبع" : Ta'rîkh ur-russul wa-l-mulûk ; de même que Ibn Sa'd : "وبنى بها بالمدينة - وهي ابنة تسع سنين - في شوال على رأس ثمانية أشهر من المهاجر، وتوفي عنها وهي ابنة ثماني عشرة سنة" : Tabaqât Ibn Sa'd).
En Al-Bidâya wa-n-nihâya, 3/149, Ibn Kathîr dit que Aïcha a commencé à vivre avec le Prophète en shawwâl de l'an 2 de l'hégire ; mais, en 3/257, le même Ibn Kathîr dit qu'elle a commencé à vivre avec lui en shawwâl de l'an 1 de l'hégire.
L'avis de at-Tabarî, Ibn Sa'd et Ibn Hajar (shawwâl de l'an 1 de l'hégire) semble plus pertinent, car on voit que Aïcha vivait déjà avec le Prophète quand son père Abû Bakr souffrait des fièvres dues au climat de Médine ("حدثنا عبد الله بن يوسف، أخبرنا مالك، عن هشام بن عروة، عن أبيه، عن عائشة رضي الله عنها، أنها قالت: لما قدم رسول الله صلى الله عليه وسلم المدينة، وعك أبو بكر وبلال. قالت: فدخلت عليهما، فقلت: "يا أبت كيف تجدك؟ ويا بلال كيف تجدك؟" قالت: فكان أبو بكر إذا أخذته الحمى يقول:
كل امرئ مصبح في أهله ... والموت أدنى من شراك نعله
وكان بلال إذا أقلع عنه الحمى يرفع عقيرته ويقول:
ألا ليت شعري هل أبيتن ليلة ... بواد وحولي إذخر وجليل
وهل أردن يوما مياه مجنة ... وهل يبدون لي شامة وطفيل
قالت عائشة: فجئت رسول الله صلى الله عليه وسلم فأخبرته، فقال: "اللهم حبب إلينا المدينة كحبنا مكة، أو أشد وصححها وبارك لنا في صاعها ومدها، وانقل حماها فاجعلها بالجحفة" : al-Bukhârî, 3711/3926).
Or le Prophète fit ensuite des invocations pour que Dieu assainisse Médine et déplace ses fièvres ailleurs (même source).
Or encore, cela ne semble pas avoir duré jusqu'à après shawwâl de l'an 2 ; le Prophète aurait attendu tout ce temps avant de faire cette invocation ? Par ailleurs, la bataille de Badr a eu lieu en ramadan de l'an 2 : tous ces Muhâjirûn y seraient-ils allés affaiblis par les fièvres de Médine ?
(Ces fièvres étaient connues depuis bien avant l'islam et la Hijra, au point que en dhu-l-qa'da de l'an 7, les Mecquois en parlaient encore, croyant qu'elles sévissaient toujours à Médine et ne sachant pas qu'elles en avaient disparu : "حدثنا سليمان بن حرب، حدثنا حماد هو ابن زيد، عن أيوب، عن سعيد بن جبير، عن ابن عباس رضي الله عنهما، قال: قدم رسول الله صلى الله عليه وسلم وأصحابه، فقال المشركون: "إنه يقدم عليكم وفد وهنهم حمى يثرب". وأمرهم النبي صلى الله عليه وسلم أن يرملوا الأشواط الثلاثة، وأن يمشوا ما بين الركنين. ولم يمنعه أن يأمرهم أن يرملوا الأشواط كلها إلا الإبقاء عليهم". قال أبو عبد الله: وزاد ابن سلمة، عن أيوب، عن سعيد بن جبير، عن ابن عباس، قال: "لما قدم النبي صلى الله عليه وسلم لعامه الذي استأمن، قال: "ارملوا" ليرى المشركون قوتهم - والمشركون من قبل قعيقعان" : al-Bukhârî, 4009/4256 ; "وحدثني أبو الربيع الزهراني، حدثنا حماد يعني ابن زيد، عن أيوب، عن سعيد بن جبير، عن ابن عباس، قال: " قدم رسول الله صلى الله عليه وسلم وأصحابه مكة، وقد وهنتهم حمى يثرب، قال المشركون: "إنه يقدم عليكم غدا قوم قد وهنتهم الحمى، ولقوا منها شدة"، فجلسوا مما يلي الحجر. وأمرهم النبي صلى الله عليه وسلم أن يرملوا ثلاثة أشواط، ويمشوا ما بين الركنين، ليرى المشركون جلدهم. فقال المشركون: "هؤلاء الذين زعمتم أن الحمى قد وهنتهم، هؤلاء أجلد من كذا وكذا". قال ابن عباس: "ولم يمنعه أن يأمرهم أن يرملوا الأشواط كلها، إلا الإبقاء عليهم" : Muslim, 1266/240).
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Entre la date du mariage avec Aïcha et la date du début de la vie conjugale (shawwâl de l'an 1 de l'hégire), il y eut 3 années complètes : "حدثنا محمد بن يوسف، حدثنا سفيان، عن هشام، عن أبيه، عن عائشة رضي الله عنها أن النبي صلى الله عليه وسلم تزوجها وهي بنت ست سنين، وأدخلت عليه وهي بنت تسع، ومكثت عنده تسعا" : al-Bukhârî, 4840/5133 ; "وحدثنا عبد بن حميد، أخبرنا عبد الرزاق، أخبرنا معمر، عن الزهري، عن عروة، عن عائشة أن النبي صلى الله عليه وسلم تزوجها وهي بنت سبع سنين، وزفت إليه وهي بنت تسع سنين، ولعبها معها، ومات عنها وهي بنت ثمان عشرة" : Muslim, 1422/71 ("وأما قولها في رواية "تزوجني وأنا بنت سبع"، وفي أكثر الروايات: "بنت ست"، فالجمع بينهما أنه كان لها ست وكسر؛ ففي رواية اقتصرت على السنين، وفي رواية عدّت السنة التي دخلت فيها" : Shar'h Muslim 9/207).
Sachant que Aïcha a commencé à vivre avec le Prophète en shawwâl de l'an 1 de l'hégire, soit 7 mois après l'émigration à Médine, et que 3 années séparent la date du mariage de Aïcha, de la date du début de sa vie conjugale ; sachant de plus que l'émigration a eu lieu en rabî' ul-awwal de l'an 14 du prophétat (devenu : "rabî' ul-awwal de l'an 1 de l'hégire") ; nous avons comme conclusion :
Aïcha a été mariée au Prophète - sur lui soit la paix - en shawwâl de l'an 11 du prophétat.
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Khadîja étant décédée en l'an 10 du prophétat, et le Prophète (sur lui soit la paix) ayant épousé Aïcha (ainsi que Sawda, comme nous allons le voir) en l'an 11 du prophétat, ce fut 1 an et 1 mois qui s'écoulèrent entre ces deux événements (le décès de Khadîja, et le mariage de Aïcha).
Or 'Urwa dit pour sa part : "Khadîja est décédée 3 années avant que le Prophète parte à Médine. Alors 2 ans ou bien une période proche de cela s'écoulèrent, et il épousa Aïcha - celle-ci avait alors 6 ans - ; ensuite il se mit à vivre avec elle alors qu'elle avait 9 ans" : "حدثني عبيد بن إسماعيل، حدثنا أبو أسامة، عن هشام، عن أبيه، قال: "توفيت خديجة قبل مخرج النبي صلى الله عليه وسلم إلى المدينة بثلاث سنين. فلبث سنتين أو قريبا من ذلك، ونكح عائشة - وهي بنت ست سنين. ثم بنى بها وهي بنت تسع سنين" (al-Bukhârî, 3683/3896).
Mais en fait ce furent 1 an et 1 mois qui s'écoulèrent entre ce décès et ce mariage : an-Nawawî écrit : "(Le décès de Khadîja) se passa environ 1 an et demi avant le mariage du Prophète avec Aïcha" : "عن عائشة قالت: "هلكت خديجة قبل أن يتزوجني بثلاث سنين": تعني: قبل أن يدخل بها، لا قبل العقد. وإنما كان قبل العقدِ* بنحو سنة ونصف" (Shar'h Muslim, 15/201) (*أي كان موتُ خديجة قبل العقد بعائشة بنحو سنة ونصف).
Et c'est pourquoi on trouve différentes durées dans différentes relations du même propos de 'Urwa : dans celle qui suit, il est dit : "Il épousa Aïcha à un moment proche du décès de Khadîja" : "عن معمر، عن هشام بن عروة، عن أبيه، قال: "توفيت خديجة قبل مخرج النبي صلى الله عليه وسلم بثلاث سنين أو نحو ذلك. وتزوج عائشة قريبا من موت خديجة. ولم يتزوج على خديجة حتى ماتت" (Abd ur-Razzâq dans son Mussannaf, 14003). En effet, 1 an et 1 mois, cela ne fait pas un long laps de temps, sur une vie ayant duré 63 années.
Dans la relation suivante, il est seulement dit : "Le Prophète se maria à Aïcha après le décès de Khadîja", sans autre précision du laps de temps séparant les deux événements : "وقد أخرج الإسماعيلي من طريق عبد الله بن محمد بن يحيى، عن هشام، عن أبيه أنه كتب إلى الوليد: "إنك سألتَني متى توفيت خديجة. وإنها توفيت قبل مخرج النبي صلى الله عليه وسلم من مكة بثلاث سنين أو قريب من ذلك. ونكح النبي صلى الله عليه وسلم عائشة بعد متوفى خديجة، وعائشة بنت ست سنين. ثم إن النبي صلى الله عليه وسلم بنى بها بعد ما قدم المدينة، وهي بنت تسع سنين" (Fat'h ul-bârî 7/281).
Enfin, il y a cette autre relation, qui dit : "Le Messager de Dieu m'épousa au décès de Khadîja, avant son départ de La Mecque, alors que j'avais 7 ans - ou 6 ans -" : "حدثنا علي بن عبد العزيز، وأبو مسلم الكشي، قالا: ثنا حجاج بن المنهال، ثنا حماد بن سلمة، عن هشام بن عروة، عن أبيه، عن عائشة، أن رسول الله صلى الله عليه وسلم قال: "أتيت بجارية في سرقة من حرير من بعد وفاة خديجة، فإذا هي أنت"، فقلت: "إن يكن هذا من عند الله يمضه"، ثم أتيت أيضا بجارية في سرقة من حرير فكشفتها، فإذا هي أنت، فقلت: "إن يكن هذا من عند الله يمضه"". قالت عائشة: "فتزوجني رسول الله صلى الله عليه وسلم متوفى خديجة قبل مخرجه من مكة وأنا بنت سبع سنين أو ست سنين. فلما قدمنا المدينة، جاءتني نسوة وأنا ألعب على أرجوحة وأنا مجممة، فهيأنني وصنعنني، ثم أتين بي رسول الله صلى الله عليه وسلم وأنا بنت تسع سنين" (At-Tabarânî dans Al-Kabîr). Ibn Kathîr a cité cette relation passant par Hammâd (d'après un autre recueil de hadîths) ; il la commente en disant que soit cette version-ci signifie que ce mariage a eu lieu juste après le décès de Khadîja, soit à cette version il manque un mot : "فقوله في هذا الحديث "متوفى خديجة" يقتضي أنه على إثر ذلك قريبا؛ اللهم إلا أن يكون قد سقط من النسخة "بعد متوفى خديجة" فلا ينفي ما ذكره يونس بن بكير وأبو أسامة عن هشام بن عروه عن أبيه. والله اعلم" (BN 3/149-150). J'ose faire remarquer que les termes "au décès de Khadija, avant son départ de La Mecque" peut également induire que cela parle bien d'un moment ultérieur à celui suivant immédiatement le décès de Khadîja : cela eut lieu après le décès de Khadîja, à un moment "avant le départ de La Mecque".
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Entre la date du mariage avec Aïcha (shawwâl de l'an 11 du prophétat) et la date de l'émigration à Médine (rabî' ul-awwal de l'an 14 du prophétat), il y eut cette fois 2 ans et demi ; et an-Nawawî relate les avis suivants sur le sujet : "تزوجها النبى - صلى الله عليه وسلم - بمكة قبل الهجرة لسنتين فى قول أبى عبيدة، وقال غيره: بثلاث سنين، وقيل: سنة ونصف أو نحوها؛ وهى بنت ست سنين، وقيل: سبع، والأول أصح" (Tahdhîb ul-asmâ' wa-l-lughât).
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Des arrondissements tels que ceux sus-cités...
Ce genre d'arrondissements (que ce soit un arrondissement au nombre entier inférieur - إلغاء الكسر -, ou au nombre entier supérieur - جبر الكسر -, ou à la dizaine, ou même parfois à un chiffre d'unité - après celui de la dizaine - qui est plus facile à retenir - tel que "5", ou "3" -), on le trouve dans bien d'autres narrations (comme le savent tous ceux qui ont étudié les recueils de hadîths).
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Ci-après quelques exemples...
--- Anas ibn Mâlik et Ibn Abbâs disent que le Prophète reçut la première révélation à l'âge de 40 ans : "عن ربيعة بن أبي عبد الرحمن، قال: سمعت أنس بن مالك، يصف النبي صلى الله عليه وسلم، قال: "كان ربعة من القوم ليس بالطويل ولا بالقصير، أزهر اللون ليس بأبيض، أمهق ولا آدم، ليس بجعد قطط، ولا سبط رجل. أنزل عليه وهو ابن أربعين، فلبث بمكة عشر سنين ينزل عليه، وبالمدينة عشر سنين. وقبض وليس في رأسه ولحيته عشرون شعرة بيضاء" (al-Bukhârî, 3354/3547, Muslim 2347) ; "عن ابن عباس رضي الله عنهما، قال: "أنزل على رسول الله صلى الله عليه وسلم وهو ابن أربعين. فمكث بمكة ثلاث عشرة سنة، ثم أمر بالهجرة فهاجر إلى المدينة، فمكث بها عشر سنين، ثم توفي صلى الله عليه وسلم" : al-Bukhârî, 3638/3851, 3690/3903, Muslim, 2351). Or, en réalité il avait alors 40 ans et demi (Fat'h ul-bârî 7/207), puisqu'il est né en rabî' ul-awwal et a reçu la première révélation en ramadan : ce sont 6 mois complets qui séparent ces deux mois. En fait il s'agit d'un arrondissement au nombre entier inférieur (إلغاء الكسر).
--- Ibn Abbâs dit que le Prophète, après avoir reçu la première révélation, a passé 13 ans à La Mecque, ensuite à émigré à Médine, où il a passé 10 ans, avant de quitter ce monde ("عن ابن عباس رضي الله عنهما، قال: "أنزل على رسول الله صلى الله عليه وسلم وهو ابن أربعين. فمكث بمكة ثلاث عشرة سنة، ثم أمر بالهجرة فهاجر إلى المدينة، فمكث بها عشر سنين، ثم توفي صلى الله عليه وسلم" : al-Bukhârî, 3638/3851, 3690/3903, Muslim, 2351). Or, certes, à Médine le Prophète est effectivement demeuré 10 ans complets (depuis son arrivée à Médine, en rabî' ul-awwal de l'an 1 de l'hégire, jusqu'à son décès, survenu en rabî' ul-awwal de l'an 11 de l'hégire) ; en revanche, à La Mecque ce n'est que pendant 12 ans et demi que le Prophète a exercé sa mission (depuis la première révélation, survenue en ramadan de l'an 1 du prophétat, jusqu'à l'émigration, en rabî' ul-awwal de l'an 14 du prophétat, devenant : rabî' ul-awwal de l'an 1 de l'hégire). Cette fois nous avons un arrondissement au nombre entier supérieur (جبر الكسر).
--- Ibn Omar dit qu'il avait 14 ans à Uhud, et 15 ans à al-Ahzâb : "عن نافع، قال: حدثني ابن عمر رضي الله عنهما أن رسول الله صلى الله عليه وسلم عرضه يوم أحد وهو "ابن أربع عشرة سنة، فلم يجزني؛ ثم عرضني يوم الخندق وأنا ابن خمس عشرة سنة، فأجازني". قال نافع: "فقدمت على عمر بن عبد العزيز وهو خليفة، فحدثته هذا الحديث، فقال: "إن هذا لحد بين الصغير والكبير"، وكتب إلى عماله أن يفرضوا لمن بلغ خمس عشرة" (al-Bukhârî, 2521/2664), "فكتب إلى عماله أن يفرضوا لمن كان ابن خمس عشرة سنة؛ ومن كان دون ذلك، فاجعلوه في العيال" (Muslim, 1868/91). Or entre ces deux batailles il y a en fait 2 ans complets : en fait il a arrondi 13 ans et quelques mois au nombre entier supérieur (جبر الكسر), "14 ans", et 15 ans et quelques mois au nombre entier inférieur (إلغاء الكسر), "15 ans", et ce parce qu'il voulait montrer que c'est à partir de 15 ans que les jeunes hommes étaient autorisés à participer à la défense militaire de la cité.
--- 'Uqba ibn 'Âmir dit que, lors de son dernier discours prononcé dans sa mosquée [cela eut lieu quelques jours avant qu'il quitte ce monde], le Prophète fit des invocations en faveur de ses Compagnons qui avaient été tués à Uhud : cela se passa "8 ans après" leur décès, dit-il : "عن عقبة بن عامر قال: "صلى رسول الله صلى الله عليه وسلم على قتلى أحد بعد ثماني سنين، كالمودع للأحياء والأموات؛ ثم طلع المنبر، فقال" (al-Bukhârî, 3816/4042). Or entre shawwâl de l'an 3 (date de la bataille de Uhud) et rabî' ul-awwal de l'an 11 (mois du décès du Prophète), il y a 7 ans et 5 mois, et pas 8 années complètes. Mais ce qu'il y a c'est que 'Uqba a arrondi au nombre entier supérieur (جبر الكسر).
--- Anas ibn Mâlik dit que le Prophète (sur lui soit la paix) est décédé à l'âge de 63 ans : "عن الزبير بن عدي، عن أنس بن مالك، قال: "قبض رسول الله صلى الله عليه وسلم وهو ابن ثلاث وستين، وأبو بكر وهو ابن ثلاث وستين، وعمر وهو ابن ثلاث وستين" (Muslim, 2348). Or, parfois il dit aussi qu'il est décédé à l'âge de 60 ans : "عن ربيعة بن أبي عبد الرحمن، عن أنس بن مالك رضي الله عنه، أنه سمعه يقول: "كان رسول الله صلى الله عليه وسلم ليس بالطويل البائن، ولا بالقصير، وليس بالأبيض الأمهق، وليس بالآدم، وليس بالجعد القطط، ولا بالسبط. بعثه الله على رأس أربعين سنة، فأقام بمكة عشر سنين، وبالمدينة عشر سنين. وتوفاه الله على رأس ستين سنة، وليس في رأسه ولحيته عشرون شعرة بيضاء" (al-Bukhârî, 5560/5900, Muslim, 2347/113). Il s'agit seulement d'un arrondissement : 63 a été arrondi à "60", un nombre inférieur plus courant (en arabe les commentateurs disent, ici aussi : "إلغاء الكسر").
--- Aïcha dit que le Prophète est décédé à l'âge de 63 ans ("عن ابن شهاب، عن عروة بن الزبير، عن عائشة رضي الله عنها، أن النبي صلى الله عليه وسلم "توفي وهو ابن ثلاث وستين". وقال ابن شهاب: وأخبرني سعيد بن المسيب مثله" : al-Bukhârî, 3343/3536, Muslim, 2349). Or, Abû Salama dit tenir de Aïcha et de Ibn Abbâs que le Prophète a passé 10 ans à La Mecque à recevoir la révélation : "عن أبي سلمة، قال: أخبرتني عائشة، وابن عباس رضي الله عنهم، قالا: "لبث النبي صلى الله عليه وسلم بمكة عشر سنين ينزل عليه القرآن، وبالمدينة عشر سنين" (al-Bukhârî, 4694/4978) : il s'agit seulement d'un arrondissement : 13 a été arrondi à "10", un nombre inférieur plus courant ("إلغاء الكسر").
--- Abû Hurayra dit : "Je suis resté dans la compagnie du Messager de Dieu - que Dieu le bénisse et le salue - pendant 3 années. De ma vie je n'ai pas eu autant l'envie de mémoriser des hadîths que durant ces années-là" : "أخبرني قيس، قال: أتينا أبا هريرة رضي الله عنه، فقال: "صحبت رسول الله صلى الله عليه وسلم ثلاث سنين. لم أكن في سني أحرص على أن أعي الحديث مني فيهن" (al-Bukhârî, 3396/3591). Or, entre muharram de l'an 7 (date de l'arrivée de Abû Hurayra auprès du Prophète alors que celui-ci était à Khaybar) et rabî' ul-awwal de l'an 11 (date du décès du Prophète), il y a 4 ans complets (et un peu plus) ! Et la durée de compagnie du Prophète est motif de joie et de fierté. Mais Abû Hurayra a opté pour un nombre "plus courant" : au lieu de dire "4", il a dit : "3".
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Un phénomène voisin : quand on établit le total de la durée de quelque chose, on compte aussi, dans l'addition, la première année (ou journée) :
--- Selon la narration de Ma'mar, Abdullâh ibn Abbâs dit que le Prophète partit pour conquérir la Mecque "au bout de 8 ans et demi après son arrivée à Médine" : "حدثمي محمود، أخبرنا عبد الرزاق، أخبرنا معمر، أخبرني الزهري، عن عبيد الله بن عبد الله، عن ابن عباس رضي الله عنهما، أن النبي صلى الله عليه وسلم خرج في رمضان من المدينة ومعه عشرة آلاف، وذلك على رأس ثمان سنين ونصف من مقدمه المدينة" (al-Bukhârî, 4027/4276). Or, certes, la conquête de La Mecque s'est passée en ramadan de l'an 8 de l'hégire : "قوله :باب غزوة الفتح في رمضان": أي كانت في رمضان سنة ثمان من الهجرة" (Fat'h ul-bârî, 8/6) ; cependant, le laps de temps séparant l'arrivée du Prophète à Médine (rabî' ul-awwal de l'an 1) et son départ de Médine pour aller conquérir la Mecque (ramadan de l'an 8) est de 7 ans et demi, et pas de 8 ans et demi : "فالتحرير أنها سبع سنين ونصف" (Fat'h ul-bârî, 8/7) ! Mais en fait ici la première année aussi a été comptée (en sus des autres années, y compris la dernière) : cela donne alors 8 ans et demi.
--- Jundub relate qu'il entendit le Prophète, "5 (nuits) avant de mourir", dire qu'il n'avait pris comme Khalîl que Dieu : "عن جندب قال: سمعت النبي صلى الله عليه وسلم قبل أن يموت بخمس، وهو يقول: "إني أبرأ إلى الله أن يكون لي منكم خليل" (Muslim, 532). Or il est établi que ce propos fut dit par le Prophète lors de son dernier sermon (lire notre article). D'un autre côté, ce que Jabir relate ici : "عن جابر، قال: سمعت النبي صلى الله عليه وسلم قبل وفاته بثلاث، يقول: "لا يموتن أحدكم إلا وهو يحسن بالله الظن" (Muslim, 2877), et dont il dit qu'il l'entendit du Prophète "3 (nuits) avant qu'il meure", apparemment cela fut prononcé dans le même sermon. Ce dernier sermon eut lieu le dernier jeudi de la vie terrestre du Prophète (Fat'h ul-bârî 8/178). Alors : "3 jours avant de mourir", ou bien "5 jours avant de mourir" ?
En fait, si le Prophète prononça ce sermon dans la seconde partie de la journée du jeudi :
----- il est vrai de dire que ce qui lui restait alors à vivre en ce monde était : 3 jours complets (comportant 24 heures) (vu qu'il est décédé dans la matinée du lundi suivant) : la nuit et la journée du vendredi ; la nuit et la journée du samedi ; et la nuit et la journée du dimanche ; à côté de cela, ce n'étaient qu'une partie du jeudi ainsi qu'une partie du lundi ;
----- par contre, si on compte ces jeudi et lundi aussi, en sus des vendredi, samedi et dimanche, on trouve plus que 3 jours. Sauf que nous, quand nous établissons ce genre de décompte, nous disons : "4 jours après" (vu que nous ne comptons pas à la fois le premier et le dernier jour) ; mais Jundub les a comptés tous deux dans l'addition, et a donc dit : "5 jours séparent ce discours de son décès".
--- Ibn Abbâs dit que le Prophète a passé 13 ans à La Mecque recevant la révélation et qu'il est décédé à l'âge de 63 ans ("عن ابن عباس رضي الله عنهما، قال: "أنزل على رسول الله صلى الله عليه وسلم وهو ابن أربعين. فمكث بمكة ثلاث عشرة سنة، ثم أمر بالهجرة فهاجر إلى المدينة، فمكث بها عشر سنين، ثم توفي صلى الله عليه وسلم" : al-Bukhârî, 3638/3851, 3690/3903, Muslim, 2351 : ce sont différents élèves qui relatent cela de lui). Or il est également relaté de Ibn Abbâs que le Prophète est décédé à l'âge de 65 ans ("عن عمار مولى بني هاشم: حدثنا ابن عباس أن رسول الله صلى الله عليه وسلم "توفي وهو ابن خمس وستين" : Muslim, 2353, at-Tirmidhî, 3560, 3651 : "هذا حديث حسن الإسناد صحيح"). En fait, ce qu'il y a eu c'est que, ici, la première année aussi a été additionnée dans le décompte, ce qui a donné 64 ans (lequel a été ensuite arrondi à 65 ans, un nombre "plus courant"). An-Nawawî décrit l'addition (mais pas l'arrondissement) ainsi : "وتوفى - صلى الله عليه وسلم - وله ثلاث وستون سنة، وقيل: خمس وستون سنة، وقيل: ستون. والأول أصح وأشهر، وقد جاءت الأقوال الثلاثة فى الصحيح. قال العلماء: الجمع بين الروايات أن من روى ستين، لم يعتبر هذه الكسور؛ ومن روى خمسا وستين، عدّ سنة المولد والوفاة؛ ومن روى ثلاثا وستين، لم يعدّهما؛ والصحيح: ثلاث وستون" (Tahdhîb ul-asmâ' wa-l-lughât).
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Dès lors...
Dès lors, quand 'Urwa relate de Aïcha : "Le Prophète s'est marié à moi 3 ans après (le décès de) Khadîja" : "حدثنا قتيبة بن سعيد، حدثنا حميد بن عبد الرحمن، عن هشام بن عروة، عن أبيه، عن عائشة رضي الله عنها، قالت: "ما غرت على امرأة ما غرت على خديجة من كثرة ذكر رسول الله صلى الله عليه وسلم إياها"؛ قالت: "وتزوجني بعدها بثلاث سنين. وأمره ربه عز وجل أو جبريل عليه السلام أن يبشرها ببيت في الجنة من قصب" (al-Bukhârî, 3606/3817), "حدثنا أبو كريب محمد بن العلاء، حدثنا أبو أسامة، حدثنا هشام، عن أبيه، عن عائشة، قالت: "ما غرت على امرأة ما غرت على خديجة - ولقد هلكت قبل أن يتزوجني بثلاث سنين -، لما كنت أسمعه يذكرها. ولقد أمره ربه عز وجل أن يبشرها ببيت من قصب في الجنة، وإن كان ليذبح الشاة، ثم يهديها إلى خلائلها" (Muslim, 2435), "أخبرنا أبو عبد الله الحافظ، ثنا أبو العباس محمد بن يعقوب، ثنا أحمد بن عبد الجبار، ثنا يونس بن بكير، عن هشام بن عروة، عن أبيه، قال: "تزوج رسول الله صلى الله عليه وسلم عائشة بعد موت خديجة بثلاث سنين، وعائشة يومئذ ابنة ست سنين، وبنى بها رسول الله صلى الله عليه وسلم وهي ابنة تسع سنين، ومات رسول الله صلى الله عليه وسلم وعائشة ابنة ثمان عشرة سنة". هكذا رواه البخاري: عن عبيد بن إسماعيل، عن أبي أسامة، عن هشام مرسلا. ورواه مسلم، عن أبي كريب، عن أبي أسامة، عن هشام موصولا. وقد وصله جماعة عن هشام. ورواه الأسود بن يزيد عن عائشة دون ذكر خديجة" (Al-Bayhaqî dans son Sunan Saghîr) :
--- d'une part elle voulait parler en fait du moment où, après le décès de Khadîja, le Prophète s'est mis à vivre avec elle ("tazawwaja-nî" veut dire, ici : "banâ bî"), et non pas le moment où, après le décès de Khadîja, le Prophète a contracté le mariage avec elle ; c'est ce que an-Nawawî a écrit et que nous avons déjà cité de lui un peu plus haut : "عن عائشة قالت: "هلكت خديجة قبل أن يتزوجني بثلاث سنين": تعني: قبل أن يدخل بها، لا قبل العقد. وإنما كان قبل العقدِ بنحو سنة ونصف" (Shar'h Muslim, 15/201) ; ce commentaire de an-Nawawî a été cité, mais seulement partiellement approuvé, par Ibn Hajar (Fat'h ul-bârî, 7/171) ;
--- mais, en sus et d'autre part, cette durée de "3 ans" séparant le décès de Khadîja et le fait que Aïcha a commencé à vivre avec le Prophète, cela constitue :
------ soit un arrondissement, car ce furent en réalité 4 ans complets, plus un mois, qui s'écoulèrent entre ramadan de l'an 10 du prophétat (la date du décès de Khadîja), et shawwâl de l'an 1 de l'hégire (date du début de la vie matrimoniale avec Aïcha) (cela est tout à fait comparable à la durée de compagnie du Prophète que Abû Hurayra dit avoir eue : "3 ans", dit-il, alors qu'il s'agit en fait de 4 ans complets plus un mois) ;
------ soit la durée presque exacte séparant ces deux événements : 3 ans et un mois ; mais, alors, cela étaye l'éventualité que la date du décès de Khadîja soit plutôt : ramadan de l'an 11 du prophétat (voir plus haut).
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(Selon l'avis de an-Nawawî cité plus haut, Aïcha avait commencé à vivre avec le Prophète en shawwâl de l'an 2 de l'hégire ; vu que 3 ans séparent la date du mariage et la date du début de la vie conjugale, ce fut en shawwâl de l'an 12 du prophétat que Aïcha fut mariée à lui, donc 2 ans complets après le décès de Khadîja. Cet avis comprend la phrase "فلبث سنتين أو قريبا من ذلك، ونكح عائشة" (présente dans la cette narration : "حدثني عبيد بن إسماعيل، حدثنا أبو أسامة، عن هشام، عن أبيه، قال: "توفيت خديجة قبل مخرج النبي صلى الله عليه وسلم إلى المدينة بثلاث سنين. فلبث سنتين أو قريبا من ذلك، ونكح عائشة - وهي بنت ست سنين. ثم بنى بها وهي بنت تسع سنين" : al-Bukhârî, 3683/3896) comme signifiant : "2 ans complets passèrent après le décès de Khadîja, et alors le Prophète épousa Aïcha". An-Nawawî écrit en effet : "وقد روى البخاري في صحيحه في باب مناقب عائشة رضي الله عنها عن عروة بن الزبير قال: "توفيت خديجة رضي الله عنها قبل مخرج رسول الله صلى الله عليه وسلم إلى المدينة بثلاث سنين. فلبث سنتين او قريبا من ذلك، فنكح عائشة وهي بنت ست، ثم بنى بها وهي بنت تسع سنين. وروى البخاري في بابي مناقب خديجة رضي الله عنها عن عروة عن عائشة رضي الله عنها قالت: "تزوجني رسول الله صلى الله عليه وسلم بعد خديجة بثلاث سنين". فجُمِع بين قول عروة، وبين روايته عن عائشة رضي الله عنها، أنه صلى الله عليه وسلم تزوج عائشة قبل الهجرة بنحو سنة، وبنى بها بعد الهجرة، في شوال في السنة الثانية، بعد بدر، كما قدمناه في ترجمة عائشة رضي الله عنها. فيعرف بهذا أن المختار فيه ما قدمناه هناك أن البناء بها كان بعد بدر. والله أعلم" (Shar'hu Sahîh il-Bukhârî, an-Nawawî, commentaire du hadîth 3).
Si cet avis nous donne le mariage en shawwâl de l'an 12 du prophétat, la seule petite difficulté c'est que le même an-Nawawî (رحمه الله وجزاه عنا) a dit par ailleurs que ce fut environ 1 an et demi après le décès de Khadîja que le Prophète épousa Aïcha : "عن عائشة قالت: "هلكت خديجة قبل أن يتزوجني بثلاث سنين": تعني: قبل أن يدخل بها، لا قبل العقد. وإنما كان قبل العقدِ بنحو سنة ونصف" : Shar'hu Muslim, 15/201. Ce qui ne nous donne plus le mariage en shawwâl de l'an 12 du prophétat (vu que ce sont pas moins de 2 ans et 1 mois qui séparent la date du décès de Khadîja -, que an-Nawawî situe lui aussi en ramadan de l'an 10 du prophétat -, et ce shawwâl de l'an 12), mais plus tôt : le début de l'an 12 du prophétat, voire la fin de l'an 11 du prophétat.)
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(Il faut par ailleurs savoir que Ibn Sa'd affirme pour sa part que le décès de Khadîja, et le mariage du Prophète avec Sawda et avec Aïcha, ces trois événements eurent lieu la même année : l'an 10 du prophétat : "وتوفيت خديجة لعشر خلون من شهر رمضان في السنة العاشرة من النبوة قبل الهجرة بثلاث سنين، وهي بنت خمس وستين سنة. فتزوج رسول الله بعدها سودة بنت زمعة العامرية - وكانت قبله تحت السكران بن عمرو أخي سهيل بن عمرو. وكان قد هاجر بها إلى أرض الحبشة ثم رجع إلى مكة فمات بها -. فتزوج رسول الله - صلى الله عليه وسلم - سودة بنت زمعة في شهر رمضان سنة عشر من النبوة قبل أن يقدم المدينة - ثم قدم بها المدينة - في رمضان سنة عشر من النبوة. ثم تزوج على إثرها عائشة بنت أبي بكر الصديق بمكة وهي ابنة ست سنين، في شوال سنة عشر من النبوة - وبنى بها بالمدينة وهي ابنة تسع سنين في شوال على رأس ثمانية أشهر من المهاجر وتوفي عنها وهي ابنة ثماني عشرة سنة" (Tabaqât Ibn Sa'd).
Est-ce que Ibn Sa'd se serait appuyé pour cela sur la version - citée plus haut - qui dit que le mariage du Prophète avec Aïcha eut lieu au décès de Khadîja ? Il s'agit de ceci : "حدثنا علي بن عبد العزيز، وأبو مسلم الكشي، قالا: ثنا حجاج بن المنهال، ثنا حماد بن سلمة، عن هشام بن عروة، عن أبيه، عن عائشة، أن رسول الله صلى الله عليه وسلم قال: "أتيت بجارية في سرقة من حرير من بعد وفاة خديجة، فإذا هي أنت"، فقلت: "إن يكن هذا من عند الله يمضه"، ثم أتيت أيضا بجارية في سرقة من حرير فكشفتها، فإذا هي أنت، فقلت: "إن يكن هذا من عند الله يمضه"". قالت عائشة: "فتزوجني رسول الله صلى الله عليه وسلم متوفى خديجة قبل مخرجه من مكة وأنا بنت سبع سنين أو ست سنين. فلما قدمنا المدينة، جاءتني نسوة وأنا ألعب على أرجوحة وأنا مجممة، فهيأنني وصنعنني، ثم أتين بي رسول الله صلى الله عليه وسلم وأنا بنت تسع سنين" : At-Tabarânî dans Al-Kabîr.)
(Comme Ibn Sa'd ici, Ibn Is'hâq, Qatâda, Ibn Qutayba, Abû 'Ubayda et Ibn Abd il-Barr sont d'avis que le Prophète s'est marié à Sawda d'abord, et à Aïcha ensuite (Tah'dhîb ul-asmâ' wa-l-lughât ; Al-Bidâya wa-n-Nihâya, 5/338, 3/152). Tandis que az-Zuhrî - selon une des deux relations - et Ibn Kathîr sont d'avis que le mariage avec Aïcha eut lieu avant celui avec Sawda : Al-Bidâya wa-n-Nihâya, 3/152 ; 148.)
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Voici le récit de la demande en mariage adressée par Khawla bint Hakîm au nom du Prophète (sur lui soit la paix) à Abû Bakr concernant sa fille Aïcha, de même que sa demande en mariage adressée à Sawda bint Zam'a :
"أخبرنا مخلد بن جعفر الباقرحي، ثنا محمد بن حرب، ثنا سعيد بن يحيى بن سعيد الأموي، ثنا أبي، ثنا محمد بن عمرو بن علقمة، ثنا يحيى بن عبد الرحمن بن حاطب، عن عائشة رضي الله عنها، قالت: لما توفيت خديجة رضي الله عنها قالت خولة بنت حكيم بن أمية بن الأوقص امرأة عثمان بن مظعون رضي الله عنه وذلك بمكة: "أي رسول الله، ألا تزوج؟" قال: "ومن؟" قالت: "إن شئت بكرا، وإن شئت ثيبا"، قال: "ومن البكر؟" قالت: "ابنة أحب خلق الله إليك: عائشة بنت أبي بكر رضي الله عنه". قال: "ومن الثيب؟" قالت: "سودة بنت زمعة بن قيس؛ قد آمنت بك، واتبعتك على ما أنت عليه". قال: "فاذهبي فاذكريهما"، فجاءت فدخلت بيت أبي بكر فقالت: "يا أبا بكر، ماذا أدخل الله عليك من الخير والبركة؛ أرسلني رسول الله صلى الله عليه وسلم أخطب عليه عائشة". قال: "ادعي لي رسول الله صلى الله عليه وسلم". فدعته، فجاء فأنكحه، وهي يومئذ ابنة سبع سنين" (al-Hâkim, 2704).
"حدثنا محمد بن بشر، قال: حدثنا محمد بن عمرو، قال: حدثنا أبو سلمة، ويحيى، قالا: لما هلكت خديجة، جاءت خولة بنت حكيم امرأة عثمان بن مظعون، قالت: "يا رسول الله ألا تزوج؟" قال: "من؟" قالت: "إن شئت بكرا، وإن شئت ثيبا؟" قال: "فمن البكر؟" قالت: "ابنة أحب خلق الله عز وجل إليك: عائشة بنت أبي بكر". قال: "ومن الثيب؟" قالت: "سودة بنت زمعة؛ آمنت بك، واتبعتك على ما تقول". قال: "فاذهبي فاذكريهما علي"، فدخلت بيت أبي بكر، فقالت: "يا أم رومان ماذا أدخل الله عز وجل عليكم من الخير والبركة". قالت: "وما ذاك؟" قالت: "أرسلني رسول الله صلى الله عليه وسلم أخطب عليه عائشة". قالت: "انتظري أبا بكر حتى يأتي". فجاء أبو بكر، فقالت: "يا أبا بكر، ماذا أدخل الله عز وجل عليكم من الخير والبركة". قال: "وما ذاك؟" قالت: "أرسلني رسول الله صلى الله عليه وسلم أخطب عليه عائشة"، قال: وهل تصلح له؟ إنما هي ابنة أخيه، فرجعت إلى رسول الله صلى الله عليه وسلم فذكرت ذلك له، قال: "ارجعي إليه فقولي له: "أنا أخوك، وأنت أخي في الإسلام، وابنتك تصلح لي"، فرجعت فذكرت ذلك له، قال: "انتظري"، وخرج. قالت أم رومان: "إن مطعم بن عدي قد كان ذكرها على ابنه. فوالله ما وعد وعدا قط فأخلفه لأبي بكر". فدخل أبو بكر على مطعم بن عدي وعنده امرأته أم الفتى، فقالت: "يا ابن أبي قحافة لعلك مصبئ صاحبنا، مدخله في دينك الذي أنت عليه إن تزوج إليك". قال أبو بكر للمطعم بن عدي: "أقَوْلَ هذه تقول؟" قال: "إنها تقول ذلك". فخرج من عنده، وقد أذهب الله عز وجل ما كان في نفسه من عدته التي وعده. فرجع، فقال لخولة: "ادعي لي رسول الله صلى الله عليه وسلم"، فدعته فزوجها إياه وعائشة يومئذ بنت ست سنين. ثم خرجت فدخلت على سودة بنت زمعة، فقالت: "ماذا أدخل الله عز وجل عليك من الخير والبركة". قالت: "ما ذاك؟" قالت: "أرسلني رسول الله صلى الله عليه وسلم أخطبك عليه". قالت: "وددت. ادخلي إلى أبي فاذكري ذاك له". وكان شيخا كبيرا، قد أدركته السن، قد تخلف عن الحج. فدخلت عليه، فحيته بتحية الجاهلية، فقال: "من هذه؟" فقالت: "خولة بنت حكيم"، قال: "فما شأنك؟" قالت: "أرسلني محمد بن عبد الله أخطب عليه سودة"، قال: "كفء كريم. ماذا تقول صاحبتك؟" قالت: "تحب ذاك". قال: "ادعها لي". فدعتها، فقال: "أي بنية، إن هذه تزعم أن محمد بن عبد الله بن عبد المطلب قد أرسل يخطبك. وهو كف ءكريم. أتحبين أن أزوجك به؟" قالت: "نعم"، قال: "ادعيه لي". فجاء رسول الله صلى الله عليه وسلم إليه، فزوجها إياه. فجاءها أخوها عبد بن زمعة من الحج، فجعل يحثي على رأسه التراب. فقال بعد أن أسلم: "لعمرك إني لسفيه يوم أحثي في رأسي التراب أن تزوج رسول الله صلى الله عليه وسلم سودة بنت زمعة". قالت عائشة: فقدمنا المدينة فنزلنا في بني الحارث من الخزرج في السنح، قالت: فجاء رسول الله صلى الله عليه وسلم، فدخل بيتنا واجتمع إليه رجال من الأنصار ونساء، فجاءت بي أمي وإني لفي أرجوحة بين عذقين ترجح بي، فأنزلتني من الأرجوحة، ولي جميمة ففرقتها، ومسحت وجهي بشيء من ماء، ثم أقبلت تقودني حتى وقفت بي عند الباب، وإني لأنهج حتى سكن من نفسي، ثم دخلت بي فإذا رسول الله صلى الله عليه وسلم جالس على سرير في بيتنا، وعنده رجال ونساء من الأنصار. فأجلستني في حجره، ثم قالت: هؤلاء أهلك فبارك الله لك فيهم، وبارك لهم فيك، فوثب الرجال والنساء، فخرجوا. وبنى بي رسول الله صلى الله عليه وسلم في بيتنا. ما نحرت عليَّ جزور، ولا ذبحت عليَّ شاة، حتى أرسل إلينا سعد بن عبادة بجفنة كان يرسل بها إلى رسول الله صلى الله عليه وسلم إذا دار إلى نسائه. وأنا يومئذ بنت تسع سنين" (Ahmad, 25769).
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5) Au cinquième argument, la réponse est :
Si c'est bien toute la sourate Al-Qamar qui a été révélée après l'événement du Shaqq ul-Qamar, et si cet événement a bien eu lieu en l'an 6, 7 ou 8 du prophétat (lire l'article sur l'émigration en Abyssinie), alors, lorsque le verset sus-cité - "بَلِ السَّاعَةُ مَوْعِدُهُمْ وَالسَّاعَةُ أَدْهَى وَأَمَرُّ" - fut révélé, Aïcha était âgée de 2, 3 ou 4 ans.
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Or une fillette de cet âge est bel et bien appelée "jâriya" en langue arabe classique.
En effet, c'est depuis la naissance qu'une fille est appelée "jâriya".
Et la fille demeure "jâriya" même après la puberté, tant qu'elle est d'apparence jeune.
Les preuves sont données plus bas...
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Voici tout le propos de Aïcha, tenu à un musulman venu d'Irak : "Et en quoi te gêne-t-il ce du (Coran) que tu récites en premier ? Parmi les premiers passages coraniques à avoir été révélés se trouve une sourate parmi les sourates mufassal, dans laquelle il est question du Paradis et du Feu. C'est ensuite, lorsque les hommes furent retournés à l'islam, que le licite et l'illicite furent révélés. Si dès le début Dieu avait révélé : "Ne buvez plus d'alcool", les hommes auraient dit : "Nous ne le délaisserons jamais !". Si dès le début Dieu avait révélé : "Ne commettez plus l'adultère !", les hommes auraient dit : "Nous ne la délaisserons jamais !". "Ce fut alors que j'étais une jâriya qui jouait, que descendit, à La Mecque, sur Muhammad - que Dieu le bénisse et le salue - (cette phrase) : "بَلِ السَّاعَةُ مَوْعِدُهُمْ وَالسَّاعَةُ أَدْهَى وَأَمَرُّ". (Alors que) les sourates Al-Baqara et An-Nissâ' ne sont descendues qu'alors que j'étais auprès de lui [= je vivais avec lui]" : "عن يوسف بن
ماهك، قال: إني عند عائشة أم المؤمنين رضي الله عنها، إذ جاءها عراقي، فقال: "أي الكفن خير؟" قالت: "ويحك، وما يضرك؟". قال: "يا أم المؤمنين، أريني مصحفك"، قالت: "لم؟" قال: "لعلي أولف القرآن عليه، فإنه يقرأ غير مؤلف"، قالت: "وما يضرك أيه قرأت قبل؟ إنما نزل أول ما نزل منه سورة من المفصل، فيها ذكر الجنة والنار؛ حتى إذا ثاب الناس إلى الإسلام نزل الحلال والحرام؛ ولو نزل أول شيء: لا تشربوا الخمر، لقالوا: لا ندع الخمر أبدا، ولو نزل: لا تزنوا، لقالوا: لا ندع الزنا أبدا. لقد نزل بمكة على محمد صلى الله عليه وسلم وإني لجارية ألعب: {بَلِ السَّاعَةُ مَوْعِدُهُمْ وَالسَّاعَةُ أَدْهَى وَأَمَرُّ}؛ وما نزلت سورة البقرة والنساء إلا وأنا عنده"" (al-Bukhârî, 4707/4993).
Ici Aïcha ne veut pas dire non plus que lorsque Al-Baqara et An-Nissâ' furent révélées, elle n'était plus du tout une jâriya (surtout que Al-Baqara comporte un long passage révélé en l'an 2 de l'hégire, à l'occasion du changement de Qibla, à côté de passages révélés bien plus tard, comme le verset interdisant l'intérêt) ; elle veut dire qu'elle n'était alors plus une jâriya qui passe le plus clair de son temps à jouer - comme c'était le cas lorsque le passage de Al-Qamar fut révélé - : cette fois, ayant gagné quelques années, et étant mariée, elle avait des responsabilités.
Sinon, à Médine, même après Khaybar - survenu au début de l'an 7, et Aïcha avait alors 14 ans et quelque chose -, elle gardait encore des figurines : "عن أبي سلمة بن عبد الرحمن، عن عائشة رضي الله عنها، قالت: "قدم رسول الله صلى الله عليه وسلم من غزوة تبوك أو خيبر، وفي سهوتها ستر؛ فهبت ريح، فكشفت ناحية الستر عن بنات لعائشة لعب، فقال: "ما هذا يا عائشة؟" قالت: "بناتي". ورأى بينهن فرسا له جناحان من رقاع، فقال: "ما هذا الذي أرى وسطهن؟" قالت: "فرس"، قال: "وما هذا الذي عليه؟" قالت: "جناحان"، قال: "فرس له جناحان؟" قالت: "أما سمعت أن لسليمان خيلا لها أجنحة؟". قالت: فضحك حتى رأيت نواجذه" (Abû Dâoûd, 4932). Ibn Hajar commente ce hadîth en ces termes : "قال الخطابي: في هذا الحديث أن اللعب بالبنات ليس كالتلهي بسائر الصور التي جاء فيها الوعيد؛ وإنما أرخص لعائشة فيها لأنها إذ ذاك كانت غير بالغ. قلت: وفي الجزم به نظر، لكنه محتمل، لأن عائشة كانت في غزوة خيبر بنت أربع عشرة سنة إما أكملتها أو جاوزتها أو قاربتها. وأما في غزوة تبوك فكانت قد بلغت قطعا" (Fat'h ul-bârî 10/648, en développement de ce hadîth, qui, lui, parle d'un moment apparemment antérieur à l'an 7 : "عن هشام، عن أبيه، عن عائشة رضي الله عنها، قالت: "كنت ألعب بالبنات عند النبي صلى الله عليه وسلم، وكان لي صواحب يلعبن معي. فكان رسول الله صلى الله عليه وسلم إذا دخل يتقمعن منه؛ فيسربهن إلي فيلعبن معي" : al-Bukhârî, 5779/6130, Muslim, 2440). Ibn Hajar relate que Ibn Hibbân a titré sur ce hadîth : "Du fait que les impubères jouent avec des poupées", et an-Nassâ'ï n'a pas placé comme condition qu'elles soient impubères : cela est en soi licite pour l'épouse de façon inconditionnelle : "وقد ترجم ابن حبان: "الإباحة لصغار النساء اللَّعِب باللُّعَب". وترجم له النسائي: "إباحة الرجل لزوجته اللَّعِب بالبنات"، فلم يقيد بالصغر؛ وفيه نظر" (Fat'h ul-bârî 10/647).
"قال عياض: قال الطبري وغيره من العلماء: الغيرة مسامح للنساء ما يقع فيها ولا عقوبة عليهن في تلك الحالة لما جبلن عليه منها ولهذا لم يزجر النبي صلى الله عليه وسلم عائشة عن ذلك. وتعقبه عياض بأن ذلك جرى من عائشة لصغر سنها وأول شبيبتها؛ فلعلها لم تكن بلغت حينئذ. قلت: وهو محتمل مع ما فيه من نظر. قال القرطبي: لا تدل قصة عائشة هذه على ان الغيرى لاتؤاخذ بما يصدر منها لأن الغيرة هنا جزء سبب وذلك أن عائشة اجتمع فيها حينئذ الغيرة وصغر السن والإدلال. قال: فإحالة الصفح عنها على الغيرة وحدها تحكّمٌ. نعم الحامل لها على ما قالت الغيرة لأنها هي التي نصت عليها بقولها "فغرت". وأما الصفح فيحتمل أن يكون لأجل الغيرة وحدها، ويحتمل أن يكون لها ولغيرها من الشباب والإدلال. قلت: الغيرة محققة بتنصيصها؛ والشباب محتاج إلى دليل، فإنه صلى الله عليه وسلم دخل عليها وهي بنت تسع، وذلك في أول زمن البلوغ، فمن أين له أن ذلك القول وقع في أوائل دخوله عليها وهي بنت تسع" (Fat'h ul-bârî, 6/176).
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Comme nous l'avons dit : Si c'est toute la sourate Al-Qamar qui a été révélée après l'événement du Shaqq ul-Qamar, et si cet événement a eu lieu en l'an 6, 7 ou 8 du prophétat (lire l'article sur l'émigration en Abyssinie), alors, lorsque le verset sus-cité - "بَلِ السَّاعَةُ مَوْعِدُهُمْ وَالسَّاعَةُ أَدْهَى وَأَمَرُّ" - fut révélé, Aïcha était âgée de 2, 3 ou 4 ans.
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Quelqu'un pourrait se dire : "Mais comment une fillette de 2 ans pourrait-elle se souvenir d'un verset alors révélé ? Elle devait alors forcément être bien plus âgée !"
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La réponse est que Aïcha a dit que ce verset 54/46 fut révélé au Prophète quand il vivait encore à La Mecque alors qu'elle était encore une "jâriya qui jouait".
Elle n'a pas dit : "Je me souviens du moment où ce verset fut révélé" (comme Omar l'a fait pour la phrase : "الْيَوْمَ أَكْمَلْتُ لَكُمْ دِينَكُمْ وَأَتْمَمْتُ عَلَيْكُمْ نِعْمَتِي وَرَضِيتُ لَكُمُ الإِسْلاَمَ دِينًا" : il a dit se souvenir qu'elle est descendue alors que le Prophète était à 'Arafa, lors du dernier pèlerinage ; et comme Ibn Mas'ûd l'a fait pour la sourate Al-Mursalât : il a dit qu'elle est descendue alors que le Prophète se trouvait dans une grotte - et lui avec -, à Minâ).
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Aïcha n'a pas dit non plus que lorsque ce verset 54/46 fut révélé, elle a alors dit telle ou telle chose (comme Omar l'a fait à propos du verset précédent, le 54/45 : "سَيُهْزَمُ الْجَمْعُ وَيُوَلُّونَ الدُّبُرَ" : i la dit s'être demandé comment ce groupe serait-il vaincu ; et comme elle-même l'a fait à propos du verset 33/51 : "فلما نزلت: {ترجئ من تشاء منهن}، قلت: "يا رسول الله، ما أرى ربك إلا يسارع في هواك").
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Aïcha a seulement dit qu'elle était une jâriya qui jouait lorsque ce verset fut révélé à La Mecque : elle était donc déjà née quand ce verset descendit sur le Prophète ; c'est tout ce qu'elle dit dans ce propos.
En fait, un musulman d'Irak était venu lui dire qu'il voulait écrire sa copie du Coran en le classifiant [selon l'ordre de révélation des sourates : FB 9/50], et ce parce qu'il trouvait que : "Le Coran est récité de façon non ordonnancée". Aïcha lui répondit alors : "Et en quoi te gêne-t-il ce du (Coran) que tu récites en premier ?". Cependant, elle rappela ensuite que (bien que la copie du Coran ne soit pas classifiée selon cet ordre) il existe une cohérence dans l'ordre de révélation des différentes sourates : elle mit en exergue la progressivité et la pédagogie du texte coranique, le travail sur la foi ayant précédé l'édiction des règles : elle dit qu'au moment où le verset "بَلِ السَّاعَةُ مَوْعِدُهُمْ وَالسَّاعَةُ أَدْهَى وَأَمَرُّ" fut révélé au Prophète, à La Mecque, elle était encore une jâriya qui jouait, tandis que lorsque les sourates Al-Baqara et An-Nissâ' (qui comportent de nombreux ahkâm) furent révélées, elle vivait déjà auprès du Prophète.
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"Ghulâm" et "Jâriya" vont de pair.
Le ghulâm c'est le jeune homme : "الغلام الطار الشارب. يقال: غلام بيّن الغلومة والغلومية" (Muf'radât ur-Râghib) ; ou bien c'est le garçon, depuis sa naissance jusqu'à sa jeunesse incluse : "والغلام: الطار الشارب؛ والكهل ضد. أو: من حين يولد إلى أن يشب" (Al-Qâmûs ul-muhît) ; cette seconde définition est plus pertinente parce que correspondant aux versets suivants aussi, lesquels parlent du bébé comme étant un ghulâm : "يَا زَكَرِيَّا إِنَّا نُبَشِّرُكَ بِغُلَامٍ اسْمُهُ يَحْيَى لَمْ نَجْعَل لَّهُ مِن قَبْلُ سَمِيًّا قَالَ رَبِّ أَنَّى يَكُونُ لِي غُلَامٌ وَكَانَتِ امْرَأَتِي عَاقِرًا وَقَدْ بَلَغْتُ مِنَ الْكِبَرِ عِتِيًّا" (Coran 19/7-8) ; "قَالَ إِنَّمَا أَنَا رَسُولُ رَبِّكِ لِأَهَبَ لَكِ غُلَامًا زَكِيًّا قَالَتْ أَنَّى يَكُونُ لِي غُلَامٌ وَلَمْ يَمْسَسْنِي بَشَرٌ وَلَمْ أَكُ بَغِيًّا" (Coran 19/19-20).
Dans les narrations suivantes :
--- ici on parle de ghulâm et de jâriya alors qu'ils viennent de naître : "عن الغلام شاتان مكافئتان، وعن الجارية شاة" (Abû Dâoûd) ;
--- ici on parle de ghulâm et de jâriya alors qu'ils ne sont que nourrissons (puisque cette règle concerne le garçon tant qu'il est nourrisson) : "يغسل من بول الجارية، ويرشّ من بول الغلام" (Abû Dâoûd) ;
--- ici on parle d'une "juwayria", c'est-à-dire : "une petite jâriya", autrement dit : "une fillette" : "عن أم خالد بنت خالد، قالت: قدمت من أرض الحبشة وأنا جويرية، فكساني رسول الله صلى الله عليه وسلم خميصة لها أعلام، فجعل رسول الله صلى الله عليه وسلم يمسح الأعلام بيده ويقول: "سناه سناه" (al-Bukhârî, 3661/3874) ; "فلما سجد رسول الله صلى الله عليه وسلم وضعه بين كتفيه. وثبت النبي صلى الله عليه وسلم ساجدا. فضحكوا حتى مال بعضهم إلى بعض من الضحك. فانطلق منطلق إلى فاطمة عليها السلام - وهي جويرية -، فأقبلت تسعى. وثبت النبي صلى الله عليه وسلم ساجدا حتى ألقته عنه. وأقبلت عليهم تسبهم" (al-Bukhârî, 498/520) ;
--- ici, après que le hijâb ait été révélé - il l'a été en l'an 3, ou 4, de l'hégire, et Aïcha avait alors 11, ou 12, ans -, Aïcha se désigne comme étant une "jâriya" (elle avait donc au moins 11 ans, si ce n'est davantage) : "عن عائشة، قالت: "لقد رأيت رسول الله صلى الله عليه وسلم يوما على باب حجرتي والحبشة يلعبون في المسجد، ورسول الله صلى الله عليه وسلم يسترني بردائه، أنظر إلى لعبهم" (al-Bukhârî, 443, Muslim, 892/17-18) ; "عن عائشة، قالت: "كان الحبش يلعبون بحرابهم، فسترني رسول الله صلى الله عليه وسلم وأنا أنظر، فما زلت أنظر حتى كنت أنا أنصرف. فاقدروا قدر الجارية الحديثة السن، تسمع اللهو" (al-Bukhârî, 4894, Muslim 892/18) ;
--- ici, lors de la calomnie contre elle (survenue en sha'bân de l'an 5 de l'hégire) - elle avait alors 14 ans -, Aïcha se désigne comme étant une "jâriya de jeune âge" : "فلما قضيت شأني أقبلت إلى الرحل، فلمست صدري، فإذا عقد لي من جزع أظفار قد انقطع، فرجعت، فالتمست عقدي، فحبسني ابتغاؤه، فأقبل الذين يرحلون لي، فاحتملوا هودجي، فرحلوه على بعيري الذي كنت أركب وهم يحسبون أني فيه، وكان النساء إذ ذاك خفافا لم يثقلن ولم يغشهن اللحم، وإنما يأكلن العلقة من الطعام، فلم يستنكر القوم حين رفعوه ثقل الهودج، فاحتملوه، وكنت جارية حديثة السن، فبعثوا الجمل وساروا" (al-Bukhârî), et Barîra la désigne elle aussi par les mêmes termes : "وقالت بريرة: "إن رأيت عليها أمرا أغمصه أكثر من أنها جارية حديثة السن، تنام عن عجين أهلها، فتأتي الداجن، فتأكله" (al-Bukhârî) ;
--- ici apparemment le ghulâm comme la jâriya sont déjà pubères : "فقال الذي تحاكما إليه: "ألكما ولد؟" قال أحدهما: "لي غلام"، وقال الآخر: "لي جارية". قال: "أنكحوا الغلام الجارية وأنفقوا على أنفسهما منه، وتصدقا" (al-Bukhârî 3285/3472, Muslim, 1721) ;
--- les deux versions suivantes, du même échange du Prophète avec Jâbir, utilisent le terme "jâriya" comme synonyme de "bikr" : "قال لي حين استأذنته: "هل تزوجت بكرا أم ثيبا؟"، فقلت: "تزوجت ثيبا"، فقال: "هلا تزوجت بكرا تلاعبها وتلاعبك؟"، قلت: "يا رسول الله، توفي والدي أو استشهد ولي أخوات صغار فكرهت أن أتزوج مثلهن، فلا تؤدبهن، ولا تقوم عليهن، فتزوجت ثيبا لتقوم عليهن وتؤدبهن" (al-Bukhârî, 2805/2967, Muslim, 715/54) / "فلما دنونا من المدينة أخذت أرتحل، قال: "أين تريد؟"، قلت: "تزوجت امرأة قد خلا منها"، قال: "فهلا جارية تلاعبها وتلاعبك؟"، قلت: "إن أبي توفي، وترك بنات، فأردت أن أنكح امرأة قد جربت خلا منها"، قال: "فذلك" (al-Bukhârî, 2185/2309, Muslim, 715/55-56-57).
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Partie III :
Les Mujtahidûn qui sont de l'avis 1 : "Le mariage d'un homme avec une fille impubère est valide" (voir, dans la Partie I, le point A.B), se sont-ils fondés seulement ou surtout sur le hadîth exposant l'âge de 6 ans pour le mariage du Prophète avec Aïcha (sur lui soit la paix, et sur elle l'agrément), pour dire cela ?
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Certaines personnes prétendent aujourd'hui que c'est essentiellement sur le hadîthu Aïcha (qui relate le mariage à l'âge de 6 ans) (voir plus haut, la Partie II) que les Mujtahidûn ayant autorisé le mariage (A) de la fille impubère se sont fondés ; elles prétendent par ailleurs que ce hadîthu Aïcha est erroné, comportant une erreur de la part de Hishâm ibn 'Urwa.
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Pour ce qui est de la seconde prémisse, nous avons vu ce qu'il en était dans la Partie II.
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Mais même la première prémisse est erronée, comme nous allons le voir ci-après.
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C'est en fait aussi et avant tout sur une interprétation possible du verset 65/4 (interprétation retenue par un certain nombre de Compagnons, qui ont eux-mêmes pratiqué ce genre de mariage), que ces Mujtahidûn ont appuyé leur avis (avis numéroté 1 plus haut) : "وَاللَّائِي يَئِسْنَ مِنَ الْمَحِيضِ مِن نِّسَائِكُمْ إِنِ ارْتَبْتُمْ فَعِدَّتُهُنَّ ثَلَاثَةُ أَشْهُرٍ، وَاللَّائِي لَمْ يَحِضْنَ" (Coran 65/4).
La règle normale est que le délai de viduité des femmes venant d'être divorcées est normalement de 3 périodes liées aux menstruations : "وَالْمُطَلَّقَاتُ يَتَرَبَّصْنَ بِأَنفُسِهِنَّ ثَلَاثَةَ قُرُوءٍ" (Coran 2/228) ; il s'agit de la femme avec qui le mari a consommé le mariage : "يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آمَنُوا إِذَا نَكَحْتُمُ الْمُؤْمِنَاتِ ثُمَّ طَلَّقْتُمُوهُنَّ مِن قَبْلِ أَن تَمَسُّوهُنَّ فَمَا لَكُمْ عَلَيْهِنَّ مِنْ عِدَّةٍ تَعْتَدُّونَهَا" (Coran 33/49) ; cependant, d'après les écoles hanafite et hanbalite, de même qu'un avis présent dans l'école malikite, la "consommation" est considérée réalisée dès lors qu'il y a eu khalwa sahîha, c'est-à-dire que tous deux se sont retrouvés ensemble tous seuls dans une pièce (plus quelques conditions supplémentaires), même s'il n'y a pas eu relation intime (îlâj) (le douaire devient alors obligatoire, et si divorce il y a eu ensuite, le délai - 'idda - devient lui aussi obligatoire).
Mais qu'en est-il du délai de celles des femmes venant d'être divorcées qui n'ont pas de règles : soit qu'elles n'ont plus de règles car ménopausées ; soit qu'elles n'ont jamais eu de règles ? Ce verset 65/4 est venu dire que ces femmes-là, le délai qu'elles doivent alors observer est de 3 mois.
Or, ces termes "وَاللَّائِي لَمْ يَحِضْنَ", "ainsi que celles qui n'ont pas eu de règles", ces Mujtahidûn les ont compris comme désignant celles qui n'ont pas eu de règles parce qu'étant trop jeunes pour en avoir : "حدثنا محمد، قال: ثنا أسباط، عن السديّ في قوله: {وَاللائِي يَئِسْنَ مِنَ الْمَحِيضِ مِنْ نِسَائِكُمْ} يقول: التي قد ارتفع حيضها، فعدتها ثلاثة أشهر، {وَاللائِي لَمْ يَحِضْنَ} قال: "الجواري" (Tafsîr ut-Tabarî) ; et at-Tabarî d'écrire au-dessus : "وَاللائِي لَمْ يَحِضْنَ} يقول: وكذلك عدد اللائي لم يحضن من الجواري لصغر إذا طلقهنّ أزواجهنّ بعد الدخول" (Tafsîr ut-Tabarî).
Pour rappel, comme nous l'avons vu dans la Partie I, le terme "نِسَائِكُمْ" ne désigne pas de façon univoque : "les femmes majeures" seulement, mais peut tout à fait englober aussi les mineures, à côté des majeures. On le voit dans ces autres versets : "وَإِذْ نَجَّيْنَاكُم مِّنْ آلِ فِرْعَوْنَ يَسُومُونَكُمْ سُوَءَ الْعَذَابِ يُذَبِّحُونَ أَبْنَاءكُمْ وَيَسْتَحْيُونَ نِسَاءكُمْ" (Coran 2/49) (voir aussi Coran 7/141 et Coran 14/6) :
--- Soit "nissâ'" est un terme générique, qui englober naturellement les mineures comme les majeures ; il peut donc être employé à propos de mineures seulement.
--- Soit il n'englobe les mineures que lorsqu'elles sont avec les majeures (taba'an) (c'est ce qui ressort de ce que at-Tabarî a écrit et que nous allons voir).
--- Soit il ne désigne au sens propre que les majeures ; mais, au sens figuré, désigne les mineures aussi, dans la mesure où ce sont de futures majeures ('alâqa mâ yakûnu, comme dans le propos : "قَالَ أَحَدُهُمَآ إِنِّي أَرَانِي أَعْصِرُ خَمْرًا" : Coran 12/36).
At-Tabarî, donnant préférence au commentaire de Ibn Abbâs, Abu-l-'Âliya, ar-Rabi' et as-Suddî, écrit qu'il s'est bien agi, en Coran 2/49, du fait que les gens de Pharaon laissaient vivantes les filles, et tuaient les garçons ; quant au terme "nissâ'", il a été utilisé au sujet des fillettes parce que, dans le fait d'être laissées en vie, ces fillettes étaient avec les adultes : "وقد يجب - على تأويل من قال بالقول الذي ذكرنا عن ابن عباس وأبي العالية والربيع بن أنس والسدي في تأويل قوله: "ويستحيون نساءكم" أنه تركهم الإناث من القتل عند ولادتهن إياهن - أن يكون جائزا أن يسمى الطفل من الإناث في حال صباها وبعد ولادها: "امرأة"، والصبايا الصغار - وهن أطفال -: "نساء". لأنهم تأولوا قول الله عز وجل: "ويستحيون نساءكم": يستبقون الإناث من الولدان عند الولادة فلا يقتلونهن. وقد أنكر ذلك من قولهم ابن جريج، فقال: "ويستحيون نساءكم" قال: يسترقون نساءكم. فحاد ابن جريج بقوله هذا عما قاله من ذكرنا قوله في قوله: "ويستحيون نساءكم": إنه استحياء الصبايا الأطفال، إذ لم يجدهن يلزمهن اسم "نساء"، ثم دخل فيما هو أعظم مما أنكر، بتأويله "ويستحيون": يسترقون؛ وذلك تأويل غير موجود في لغة عربية ولا أعجمية! وذلك أن الاستحياء إنما هو استفعال من الحياة، نظير "الاستبقاء" من "البقاء"، و"الاستسقاء" من "السقي". وهو من معنى الاسترقاق بمعزل. وقد تأول آخرون قوله "يذبحون أبناءكم"، بمعنى: "يذبحون رجالكم آباء أبنائكم"، وأنكروا أن يكون المذبوحون الأطفال وقد قرن بهم النساء، فقالوا: "في إخبار الله جل ثناؤه إن المستحيين هم النساء، الدلالة الواضحة على أن الذين كانوا يذبحون هم الرجال دون الصبيان، لأن المذبحين لو كانوا هم الأطفال، لوجب أن يكون المستحيون هم الصبايا"؛ قالوا: "وفي إخبار الله عز وجل أنهم النساء، ما بين أن المذبحين هم الرجال". قال أبو جعفر: وقد أغفل قائلوا هذه المقالة - مع خروجهم من تأويل أهل التأويل من الصحابة والتابعين - موضع الصواب. وذلك أن الله جل ثناؤه قد أخبر عن وحيه إلى أم موسى أنه أمرها أن ترضع موسى، فإذا خافت عليه أن تلقيه في التابوت ثم تلقيه في اليم. فمعلوم بذلك أن القوم لو كانوا إنما يقتلون الرجال ويتركون النساء، لم يكن بأم موسى حاجة إلى إلقاء موسى في اليم، أو لو أن موسى كان رجلا لم تجعله أمه في التابوت. ولكن ذلك عندنا على ما تأوله ابن عباس ومن حكينا قوله قبل من ذبح آل فرعون الصبيان وتركهم من القتل الصبايا. وإنما قيل: "ويستحيون نساءكم"، إذ كان الصبايا داخلات مع أمهاتهن - وأمهاتهن لا شك "نساء" - في الاستحياء، لأنهم لم يكونوا يقتلون صغار النساء ولا كبارهن؛ فقيل: "ويستحيون نساءكم"، يعني بذلك: الوالدات والمولودات، كما يقال: "قد أقبل الرجال" وإن كان فيهم صبيان. فكذلك قوله: "ويستحيون نساءكم" (Tafsîr ut-Tabarî).
Une narration existe qui présente comme sabab un-nuzûl de ce verset 65/4, le fait que Ubayy ibn Ka'ab - et/ou un autre Compagnon - a demandé au Prophète ce qu'il en était du délai de viduité des femmes qui n'ont pas de menstrues : celles qui sont très jeunes, celles qui sont très âgées, et celles qui sont enceintes : "حدثنا ابن إدريس، عن مطرف، عن عمرو بن سالم، قال: قال أبي بن كعب: "يا رسول الله، إن عددا من عدد النساء لم يذكر في كتاب الله: الصغار والكبار وأولات الأحمال". فأنزل الله تعالى: {واللائي يئسن من المحيض من نسائكم إن ارتبتم فعدتهن ثلاثة أشهر واللائي لم يحضن وأولات الأحمال أجلهن أن يضعن حملهن" (Ibn Abî Shayba) ; "أخبرنا أبو عبد الله الحافظ، أنا أبو زكريا يحيى بن محمد العنبري نا محمد بن عبد السلام، نا إسحاق، أنا جرير، عن مطرف بن طريف، عن عمرو بن سالم، عن أبي بن كعب رضي الله عنه قال: لما نزلت هذه الآية التي في سورة البقرة في عدد من عدد النساء، قالوا: قد بقي عدد من عدد النساء لم يذكرن: الصغار والكبار اللائي انقطع عنهن الحيض وذوات الأحمال". فأنزل الله عز وجل الآية التي في النساء: {واللائي يئسن من المحيض من نسائكم إن ارتبتم فعدتهن ثلاثة أشهر واللائي لم يحضن وأولات الأحمال أجلهن أن يضعن حملهن" (al-Bayhaqî, As-Sunan ul-Kub'râ, 15416) ; "أخبرنا أبو زكريا يحيى بن محمد العنبري، ثنا محمد بن عبد السلام، ثنا إسحاق، أنبأ جرير، عن مطرف بن طريف، عن عمرو بن سالم، عن أبي بن كعب رضي الله عنه، قال: "لما نزلت الآية التي في سورة البقرة في عدد من عدد النساء، قالوا: "قد بقي عدد من النساء لم يذكرن: الصغار والكبار، ولا من انقطعت عنهن الحيض، وذوات الأحمال". فأنزل الله عز وجل الآية التي في سورة النساء: {واللائي يئسن من المحيض من نسائكم إن ارتبتم فعدتهن ثلاثة أشهر واللائي لم يحضن وأولات الأحمال أجلهن أن يضعن حملهن}" (al-Hâkim, 3821).
Par ailleurs, az-Zubayr a marié sa fille à quelqu'un alors qu'elle était encore toute petite [rappel : il s'est agi de mariage : A ; et pas de la lui avoir confiée pour qu'il ait des relations intimes avec elle : pas B : voir plus haut la Partie I] : "حدثنا عبدة بن سليمان، عن هشام، عن أبيه، أن الزبير زوّج ابنة له صغيرة حين نَفِستْ"؛ يعني: حين ولدت" (Ibn Abî Shayba).
D'autres Compagnons l'ont fait eux aussi (as-Sarakhsî a mentionné leur nom, son dire est cité en arabe plus bas).
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Quant à l'avis de Ibn Shub'ruma et Abû Bakr al-Assam (avis ayant été numéroté "2" plus haut), il s'appuie sur une interprétation possible d'un autre verset, qui désigne l'âge adulte (= la puberté) par la formule : "(l'âge de) se marier" : "وَابْتَلُوا الْيَتَامَى حَتَّى إِذَا بَلَغُوا النِّكَاحَ" (Coran 4/6). C'est dire que l'âge du mariage est l'âge d'(au moins) la puberté.
"وابتلوا اليتامى} واختبروا عقولهم وذوقوا أحوالهم ومعرفتهم بالتصرف قبل البلوغ. فالابتلاء عندنا أن يدفع إليه ما يتصرف فيه حتى تتبين حاله فيما يجئ منه. وفيه دليل على جواز إذن الصبي العاقل في التجارة. {حتى إِذَا بَلَغُواْ النّكَاحَ} أى الحلم، لأنه يصلح للنكاح عنده لطلب ما هو مقصود به وهو التولد. {فَإنْ آنَسْتُم مِّنْهُمْ} تبينتم {رَشَدًا} هداية في التصرفات وصلاحاً في المعاملات {فادفعوا إِلَيْهِمْ أموالهم} من غير تأخير عن حد البلوغ. ونظم هذا الكلام أن ما بعد "حتى" إلى "فادفعوا إِلَيْهِمْ أموالهم" جعل غاية للابتلاء، وهي حتى التي تقع بعدها الجمل" (Tafsîr un-Nassafî).
Par ailleurs, sur le plan du principe général, cet avis fait valoir que le mariage n'est valide que sous condition du consentement de la demoiselle ("لا تنكح البكر حتى تستأذن" : al-Bukhârî, 6567, 4843, 6569, Muslim 1419) ; or ici, étant mineure, elle n'est pas apte à donner son consentement. Certes, la wilâya existe, mais elle n'est instituée que pour les choses par rapport auxquelles la personne sous wilâya retire d'elles un bénéfice ; ce qui n'est pas le cas ici, puisque l'impubère ne retire pas de bénéfice du fait d'être mariée.
Quant au verset du Coran 65/4, "وَاللَّائِي لَمْ يَحِضْنَ", il peut tout à fait désigner les femmes se trouvant en aménorrhée primaire : ce sont des femmes adultes, mais qui n'ont jamais eu de règles.
Quant à ce que ces Compagnons ont fait, c'est le résultat de leur ijtihâd à eux.
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As-Sarakhsî (qui est de l'avis 1) a résumé les deux argumentations ainsi :
"قال: وبلغنا عن رسول الله - صلى الله عليه وسلم - أنه تزوج عائشة - رضي الله عنها - وهي صغيرة بنت ستة سنين وبنى بها وهي بنت تسع سنين، وكانت عنده تسعا. ففي الحديث دليل على جواز نكاح الصغير والصغيرة بتزويج الآباء.
بخلاف ما يقوله ابن شبرمة وأبو بكر الأصم - رحمهم الله تعالى - أنه لا يزوج الصغير والصغيرة حتى يبلغا، لقوله {حتى إذا بلغوا النكاح}؛ فلو جاز التزويج قبل البلوغ، لم يكن لهذا فائدة؛ ولأن ثبوت الولاية على الصغيرة لحاجة المولى عليه - حتى إن فيما لا تتحقق فيه الحاجة لا تثبت الولاية، كالتبرعات -، ولا حاجة بهما إلى النكاح، لأن مقصود النكاح طبعًا هو قضاء الشهوة وشرعًا النسل، والصغر ينافيهما؛ ثم هذا العقد يعقد للعمر وتلزمهما أحكامه بعد البلوغ، فلا يكون لأحد أن يلزمهما ذلك إذ لا ولاية لأحد عليهما بعد البلوغ.
وحجتنا قوله تعالى {واللائي لم يحضن}: بين الله تعالى عدة الصغيرة، وسبب العدة شرعا هو النكاح، وذلك دليل تصور نكاح الصغيرة. والمراد بقوله تعالى {حتى إذا بلغوا النكاح}: الاحتلام. ثم حديث عائشة - رضي الله عنها - نص فيه، وكذلك سائر ما ذكرنا من الآثار: فإن قدامة بن مظعون تزوج بنت الزبير - رضي الله عنه - يوم ولدت، وقال: إن مت فهي خير ورثتي، وإن عشت فهي بنت الزبير؛ وزوج ابن عمر - رضي الله عنه - بنتا له صغيرة من عروة بن الزبير - رضي الله عنه -؛ وزوج عروة بن الزبير - رضي الله عنه - بنت أخيه وابن أخته وهما صغيران؛ ووهب رجل ابنته الصغيرة من عبد الله بن الحسن، فأجاز ذلك علي - رضي الله عنه -؛ وزوجت امرأة ابن مسعود - رضي الله عنه - بنتا لها صغيرة ابنا للمسيب بن نخبة، فأجاز ذلك عبد الله - رضي الله عنه -. ولكن أبو بكر الأصم - رحمه الله تعالى - كان أصم لم يسمع هذه الأحاديث. والمعنى فيه أن النكاح من جملة المصالح وضعا في حق الذكور والإناث جميعا، وهو يشتمل على أغراض ومقاصد لا يتوفر ذلك إلا بين الأكفاء" (Al-Mabsût).
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Cet avis de Ibn Shub'ruma et autres - numéroté "avis 2" - a également été exposé dans un article de islamweb.net ; l'auteur de cet article reconnaît que la détermination de l'avis correct n'est sur ce point pas Qat'î : "والمقصود أن نُنبِّه على أن المسألة فيها شيء من الخلاف، وليست من المسائل القطعية" ;
--- cependant, pour sa part, l'auteur de l'article a donné préférence à l'autre avis - l'avis numéroté "1" -: "مع كون الراجح عندنا هو قول الجمهور القائلين بصحة العقد" ;
--- comme cela avait déjà été dit plus haut, Ibn ul-'Uthaymîn a pour sa part donné préférence à l'avis numéroté "avis 2" ; et que c'est ce à quoi j'adhère et invite à adhérer. Sans oublier que la loi française - que nous respectons en tant que citoyens - impose l'âge de 18 ans pour le mariage.
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Wallâhu A'lam (Dieu sait mieux).