Quand des Paroles et Faits d'Autrui ont été approuvés par le Prophète (que Dieu le bénisse et le salue) - تقرير النبي صلى الله عليه وسلم - Par contre, attention : le seul Silence (سكوت) du Prophète (sur lui soit la paix) face à la parole de quelqu'un, cela ne constitue pas forcément une Approbation

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Plan de cet article :

5 points principaux y seront évoqués :
--- I) Classification des Hadîths du Prophète (que Dieu le bénisse et le salue) selon leur nature (sont-ils des paroles ou des faits) ;
--- II) Les indices du fait que l'Attitude du Prophète a bel et bien consisté en une Approbation ;
--- III) Le Silence (Sukût) du Prophète (sur lui soit la paix) n'est pas toujours une Approbation ;
--- IV) Sur quoi précisément a porté ladite Approbation du Prophète (sur lui soit la paix) ?
--- V) Qu'est-ce précisément que le Prophète (sur lui soit la paix) a désapprouvé ?

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I) Classification des Hadîths du Prophète (que Dieu le bénisse et le salue) selon leur nature :

A) Ce qui est un Hadîth parce qu'étant Parole du Prophète (que Dieu le bénisse et le salue) : قول النبي صلى الله عليه وسلم :

--- Omar ibn ul-Khattâb (que Dieu l'agrée) relate que le Prophète (sur lui la paix) a dit : "Les actions ne sont [comptées auprès de Dieu] qu'en fonction de l'intention. Et chacun n'aura [comme récompense auprès de Dieu] que ce qu'il aura fait comme intention. Celui dont l'émigration [vers la Dâr ul-islâm] a été faite vers Dieu et Son Messager, son émigration sera (comptée par Dieu) comme ayant été faite vers Dieu et Son Messager ; et celui dont l'émigration [vers la Dâr ul-islâm] a été faite (en réalité) vers quelque chose de temporel qu'il pourra [y] obtenir ou vers une femme avec laquelle il pourra se marier, alors son émigration sera (comptée par Dieu) comme ayant été faite vers ce vers quoi il a (réellement) émigré" : "عن عمر بن الخطاب رضي الله عنه قال: سمعت رسول الله صلى الله عليه وسلم يقول: "إنما الأعمال بالنيات، وإنما لكل امرئ ما نوى. فمن كانت هجرته إلى دنيا يصيبها، أو إلى امرأة ينكحها، فهجرته إلى ما هاجر إليه" (rapporté par al-Bukhârî, 1, Muslim, 1907, et bien d'autres) ; "إنما الأعمال بالنية، وإنما لامرئ ما نوى، فمن كانت هجرته إلى الله ورسوله، فهجرته إلى الله ورسوله. ومن كانت هجرته إلى دنيا يصيبها أو امرأة يتزوجها، فهجرته إلى ما هاجر إليه" (al-Bukhârî, 6311).

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B) Ce qui est un Hadîth parce qu'étant un Fait du Prophète (que Dieu le bénisse et le salue) : فعل النبي صلى الله عليه وسلم :

--- "عن ابن عباس، أنه توضأ فغسل وجهه: أخذ غرفة من ماء، فمضمض بها واستنشق؛ ثم أخذ غرفة من ماء، فجعل بها هكذا، أضافها إلى يده الأخرى، فغسل بهما وجهه؛ ثم أخذ غرفة من ماء، فغسل بها يده اليمنى؛ ثم أخذ غرفة من ماء، فغسل بها يده اليسرى؛ ثم مسح برأسه؛ ثم أخذ غرفة من ماء، فرش على رجله اليمنى حتى غسلها؛ ثم أخذ غرفة أخرى، فغسل بها رجله، يعني اليسرى؛ ثم قال: "هكذا رأيت رسول الله صلى الله عليه وسلم يتوضأ" (al-Bukhârî, 140).

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C) Ce qui est un Hadîth parce qu'étant une Approbation que le Prophète (que Dieu le bénisse et le salue) a faite : تقرير النبي صلى الله عليه وسلم :

Et...

–--- C.A) ... il s'agit de l'Approbation que le Prophète (que Dieu le bénisse et le salue) a faite de la Parole d'un autre que lui : تقرير النبي صلى الله عليه وسلم قولَ غيره :

--- Salmân dit à Abu-d-Dardâ' (que Dieu les agrée) : "Ton Seigneur a sur toi un droit. Ta personne a sur toi un droit. Et ta famille [= ton épouse] a sur toi un droit. Donne donc à chaque ayant-droit son droit." Mis au courant de ce propos, le Prophète dit : "Salmân a dit vrai" : "قال سلمان لأبي الدرداء: "إن لربك عليك حقا، ولنفسك عليك حقا، ولأهلك عليك حقا، فأعط كل ذي حق حقه." فقال النبي صلى الله عليه وسلم: صدق سلمان" (al-Bukhârî 1867, at-Tirmidhî 2413).
--- Le djinn mauvais qui vint dérober du grain et que Abû Hurayra captura, ce djinn lui dit : "Lorsque tu arrives sur ton lit, récite Âyat ul-Kursî du début jusqu'à la fin du verset. Il ne cessera alors d'y avoir avec toi un (ange) protecteur, et aucun démon ne pourra t'approcher jusqu'au matin" ; le Prophète, mis au courant de cela, fit : "Il t'a dit vrai (à ce sujet), alors qu'il est (en temps habituel) un grand menteur" : "فأصبحت فقال لي رسول الله صلى الله عليه وسلم: "ما فعل أسيرك البارحة؟"، قلت: "يا رسول الله، زعم أنه يعلمني كلمات ينفعني الله بها، فخليت سبيله"، قال: "ما هي؟"، قلت: "قال لي: "إذا أويت إلى فراشك فاقرأ آية الكرسي من أولها حتى تختم الآية: {الله لا إله إلا هو الحي القيوم}"، وقال لي: "لن يزال عليك من الله حافظ، ولا يقربك شيطان حتى تصبح"" - وكانوا أحرص شيء على الخير. فقال النبي صلى الله عليه وسلم: "أما إنه قد صدقك وهو كذوب. تعلم من تخاطب منذ ثلاث ليال يا أبا هريرة؟"، قال: "لا"، قال: "ذاك شيطان" (al-Bukhârî, 2187).

–--- C.B) ... il s'agit de l'Approbation que le Prophète (que Dieu le bénisse et le salue) a faite du Fait d'un autre que lui : تقرير النبي صلى الله عليه وسلم فعلَ غيره :

--- "عن سفيان قال: حدثنا الزهري قال: أخبرني عبيد الله، عن ابن عباس قال: "جئت أنا والفضل على أتان لنا ورسول الله صلى الله عليه وسلم يصلي بالناس بعرفة - ثم ذكر كلمة معناها -، فمررنا على بعض الصف، فنزلنا وتركناها ترتع؛ فلم يقل لنا رسول الله صلى الله عليه وسلم شيئا" (Abû Dâoûd, 752).

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C.1) ... il s'agit de l'Approbation que que le Prophète (que Dieu le bénisse et le salue) a faite (que ce soit de la Parole ou du Fait d'Autrui) par sa Parole à lui : تقرير النبي صلى الله عليه وسلم بقوله :

--- Les deux hadîths cités en C.A relèvent de ce cas C.1 aussi.

–--- C.2) ... il s'agit de l'Approbation que le Prophète (que Dieu le bénisse et le salue) a faite (que ce soit de la Parole ou du Fait d'Autrui) par son Fait à lui : تقرير النبي صلى الله عليه وسلم بفعله :

--- "عن عبد الله بن مغفل، قال: أصبت جرابا من شحم يوم خيبر، قال: فالتزمته، فقلت: "لا أعطي اليوم أحدا من هذا شيئا". قال: "فالتفت، فإذا رسول الله صلى الله عليه وسلم متبسما" (Muslim, 1772) ; "عن عبد الله بن مغفل رضي الله عنه، قال: "كنا محاصرين قصر خيبر، فرمى إنسان بجراب فيه شحم. فنزوت لآخذه، فالتفت، فإذا النبي صلى الله عليه وسلم، فاستحييت منه" (al-Bukhârî, 2984, etc.).

Dans ce cas C.2 il n'y a pas de Parole (pas de Qawl).

Mais attention : la seule absence de parole, c'est-à-dire le seul silence du Prophète, cela n'est pas suffisant pour constituer un cas d'approbation, vu que le Prophète exprimait parfois son désaccord par autre chose qu'une parole ; nous le verrons au point II.
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C'est en fait l'absence de désapprobation (Tark un-Nakîr) qui est déterminante.
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C'est ce que al-Bukhârî a ainsi formulé : "باب: من رأى ترك النكير من النبي صلى الله عليه وسلم حجة، لا من غير الرسول" (
Al-Jâmi' us-sahîh, Kitâb ul-I'tissâm).

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Or cette absence de désapprobation se détermine par certains indices, ou au moins par l'absence de tout indice contraire.

Mais attention encore : un certain sourire peut constituer - parfois - l'expression d'une satisfaction, alors qu'un autre type de sourire peut constituer l'expression d'une désapprobation.
Ce sont les indices qui permettent de déterminer si le Fait du Prophète constitue alors une approbation, ou au contraire une désapprobation. Nous y reviendrons au point II.

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Il existe également :

A') Ce qui est considéré comme étant une Parole du Prophète (que Dieu le bénisse et le salue) : القول الذي هو في حكم المرفوع إلى النبي صلى الله عليه وسلم :

Il s'agit d'une parole d'un Compagnon, mais vu qu'elle relève de ce qu'on ne peut pas dire par ijtihâd, ni ne relève de l'exposé du sens d'un terme rare, et que ce Compagnon n'est pas connu pour prendre des isrâ'ïliyyât, elle est considérée comme ayant été entendue de la bouche du Prophète (sur lui soit la paix) par ce Compagnon. "ما يقول الصحابي - الذي لم يأخذ عن الإسرائيليات - ما لا مجال للاجتهاد فيه، ولا له تعلق ببيان لغة أو شرح غريب؛ كالإخبار عن الأمور الماضية من بدء الخلق وأخبار الأنبياء، أو الآتية كالملاحم والفتن وأحوال يوم القيامة، وكذا الإخبار عما يحصل بفعله ثواب مخصوص، أو عقاب مخصوص" (Nuz'hat un-nazar, p. 84).
--- Ainsi en est-il de cette parole de Ibn Mas'ûd : "عن يسير بن جابر، قال: هاجت ريح حمراء بالكوفة، فجاء رجل ليس له هجيرى إلا: "يا عبد الله بن مسعود جاءت الساعة!". قال: فقعد وكان متكئا، فقال: "إن الساعة لا تقوم حتى لا يقسم ميراث ولا يفرح بغنيمة"، ثم قال بيده هكذا - ونحاها نحو الشأم - فقال: "عدو يجمعون لأهل الإسلام، ويجمع لهم أهل الإسلام" (Muslim, 5892).

– B') Ce qui est considéré comme étant un Fait du Prophète (que Dieu le bénisse et le salue) : الفعل الذي هو في حكم المرفوع إلى النبي صلى الله عليه وسلم :

Il s'agit du fait d'un Compagnon mais qui, étant en relation avec ce qui ne relève pas du ijtihâd (mais des 'ibâdât), est considérée comme ayant été entendue ou constatée depuis le Prophète par ce Compagnon

C') Ce qui est considéré comme étant une Approbation du Prophète (que Dieu le bénisse et le salue) : ما هو مرفوع من تقرير النبي صلى الله عليه وسلم حكمًا :

Il s'agit du fait qu'un Compagnon dise : "A l'époque du Prophète nous faisions ainsi, et cela ne nous a pas été interdit", sans dire qu'ils l'ont fait au vu et au su du Prophète ; seulement : "à l'époque du Prophète".
--- "عن أسماء، قالت: "ذبحنا على عهد رسول الله صلى الله عليه وسلم فرسا، ونحن بالمدينة، فأكلناه" (al-Bukhârî, 5192, Muslim, 1942).

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II) Les indices en question, évoqués dans le cas C.2 :

– Un cas qu'il est évident de décrypter : le visage du Prophète (sur lui soit la paix) exprime la désapprobation :

--- Abû Sa'îd (que Dieu l'agrée) dit du Messager de Dieu (que Dieu le bénisse et le salue) : "(...) Lorsqu'il détestait quelque chose, nous reconnaissions cela sur son visage" : "عن أبي سعيد الخدري، قال: "كان النبي صلى الله عليه وسلم أشد حياء من العذراء في خدرها. فإذا رأى شيئا يكرهه عرفناه في وجهه" (al-Bukhârî, 5751, etc., Muslim, 2320).

--- Aïcha acheta un coussin sur lequel il y avait des images d'êtres animés. Peu après, le Prophète, allant entrer dans leur demeure, demeura debout à la porte et ne la franchit pas ; Aïcha dit : "Je reconnus sur son visage la désapprobation", et dis alors : "Messager de Dieu, je fais Tawba vers Allah et vers Son Messager ; quel péché ai-je fait ?". Il lui répondit : "Comment se fait-il que ce coussin soit ici ?" (...)" : "عن القاسم بن محمد، عن عائشة أم المؤمنين رضي الله عنها: أنها أخبرته أنها اشترت نمرقة فيها تصاوير، فلما رآها رسول الله صلى الله عليه وسلم، قام على الباب فلم يدخله، فعرفت في وجهه الكراهية، فقلت: "يا رسول الله أتوب إلى الله وإلى رسوله صلى الله عليه وسلم؛ ماذا أذنبت؟" فقال رسول الله صلى الله عليه وسلم: "ما بال هذه النمرقة؟" قلت: اشتريتها لك لتقعد عليها وتوسدها، فقال رسول الله صلى الله عليه وسلم: "إن أصحاب هذه الصور يوم القيامة يعذبون، فيقال لهم أحيوا ما خلقتم." وقال: "إن البيت الذي فيه الصور لا تدخله الملائكة" (al-Bukhârî,  1999, Muslim, 2107). Lire la suite de ce hadîth ainsi que son interprétation dans mon article consacré à la question de faire, ou de garder chez soi, des représentations d'être animés.

--- Alors que le Prophète se trouvait chez Aïcha, une co-épouse de cette denrière envoya un plat à l'intention du Prophète ; Aïcha fut alors prise d'une vive réaction, elle brisa le plat et le jeta ; elle raconte que le Prophète la regarda alors d'un regard de mécontentement, lequel la fit revenir et se radoucir : "عن عائشة، قالت: بعثت صفية إلى رسول الله صلى الله عليه وسلم بطعام قد صنعته له وهو عندي، فلما رأيت الجارية، أخذتني رعدة حتى استقلّني أَفْكَل، فضربت القصعة، فرميت بها. قالت: فنَظَرَ إليَّ رسولُ الله صلى الله عليه وسلم فعرفتُ الغضب في وجهه، فقلت: "أعوذ برسول الله أن يلعنني اليوم". قالت: قال: "أولى". قالت: قلت: "وما كفارته يا رسول الله؟" قال: "طعام كطعامها، وإناء كإنائها" (Ahmad, 26366).

--- Un jour, le Prophète, déjà rendu mécontent par certaines questions lui ayant été posées et qui n'étaient pas importantes, dit : "Questionnez-moi !". Or il dit cela sur le ton de la colère (Shar'h Muslim, 15/113), mais certains Compagnons ne le comprirent pas, et lui posèrent davantage de questions du même genre. "Lorsque Omar vit (ce qui se reflétait) sur le visage du Messager de Dieu - que Dieu le bénisse et le salue - de colère, il dit : "Nous nous repentons à Dieu - Puissant et Exalté -""  : "عن أبي موسى الأشعري، قال: سئل رسول الله صلى الله عليه وسلم عن أشياء كرهها. فلما أكثروا عليه المسألة، غضب وقال: "سلوني"؛ فقام رجل فقال: "يا رسول الله، من أبي؟" قال: "أبوك حذافة"؛ ثم قام آخر فقال: "يا رسول الله، من أبي؟" فقال: "أبوك سالم مولى شيبة". فلما رأى عمر ما بوجه رسول الله صلى الله عليه وسلم من الغضب، قال: "إنا نتوب إلى الله عز وجل" (al-Bukhârî, 6861, Muslim, 2360).

--- Omar ibn ul-Khattâb, qui a connu les deux sociétés mecquoise et médinoise, a été très étonné de voir son épouse changer de comportement suite à leur installation à Médine. En effet, au contact des femmes ansarites, les femmes d'origine mecquoise se mirent à adopter leur façon d'être. Omar raconte : "وكنا معشر قريش نغلب النساء، فلما قدمنا على الأنصار إذا قوم تغلبهم نساؤهم، فطفق نساؤنا يأخذن من أدب نساء الأنصار" : "Et nous les Quraysh, nous menions les femmes. Mais quand nous nous installâmes chez les Ansâr (à Médine), voilà que c'était des hommes que leurs femmes menaient. Nos femmes se mirent alors à prendre la façon d'être des femmes ansarites" (al-Bukhârî, 2336, 4895, Muslim, 1479). Alors qu'un jour, l'épouse de Omar lui répondit de façon vive et que Omar n'apprécia pas cela, elle fit : "Et pourquoi n'apprécies-tu pas qu'on te réponde, alors que les épouses du Prophète lui répondent" (4895) ; "Ta fille répond au Prophète au point que celui-ci reste mécontent la journée" (al-Bukhârî, 4629). "فقالت لي: "عجبا لك يا ابن الخطاب! ما تريد أن تراجع أنت، وإن ابنتك لتراجع رسول الله صلى الله عليه وسلم حتى يظل يومه غضبان". فقام عمر فأخذ رداءه مكانه حتى دخل على حفصة، فقال لها: "يا بنية إنك لتراجعين رسول الله صلى الله عليه وسلم حتى يظل يومه غضبان؟"، فقالت حفصة: "والله إنا لنراجعه"، فقلت: "تعلمين أني أحذرك عقوبة الله وغضب رسوله صلى الله عليه وسلم" (al-Bukhârî, 4629, Muslim, 1479/31). "فصخبت على امرأتي فراجعتني، فأنكرت أن تراجعني، قالت: "ولم تنكر أن أراجعك؟ فوالله إن أزواج النبي صلى الله عليه وسلم ليراجعنه، وإن إحداهن لتهجره اليوم حتى الليل". فأفزعني ذلك وقلت لها: "قد خاب من فعل ذلك منهن". ثم جمعت علي ثيابي، فنزلت فدخلت على حفصة فقلت لها: "أي حفصة، أتغاضب إحداكن النبي صلى الله عليه وسلم اليوم حتى الليل؟" قالت: "نعم"، فقلت: "قد خبت وخسرت، أفتأمنين أن يغضب الله لغضب رسوله صلى الله عليه وسلم فتهلكي؟ لا تستكثري النبي صلى الله عليه وسلم ولا تراجعيه في شيء ولا تهجريه، وسليني ما بدا لك، ولا يغرنك أن كانت جارتك أوضأ منك وأحب إلى النبي صلى الله عليه وسلم - يريد عائشة" (al-Bukhârî, 4895).
Chercher à mécontenter son époux contredit une règle universelle de l'islam. Et si en général le Prophète réagissait par le sourire aux remontrances de ses épouses (voir al-Bukhârî, 3480, Muslim 2397), on voit bien que ce n'était que sabr de sa part face à ce qui n'est pas autorisé : ses épouses n'avaient pas à faire ainsi ; il n'a pas approuvé (lam yuqarrir) cette façon de faire puisqu'on lit ici qu'il restait quelque peu mécontent par rapport à l'épouse qui avait agi ainsi, le reste de la journée. Bref, il y avait, lors de cette phase de la vie à Médine, certains excès de la part des femmes. (Lire un premier et un second articles.)

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– Un cas qui n'est pas toujours évident à décrypter : face à une affirmation, le Prophète a ri (son "rire" était en fait un large sourire - avec parfois peut-être un léger son, mais il ne riait pas aux éclats comme nous le faisons) : or ce fait peut être l'expression d'une approbation, mais aussi, parfois, l'expression d'une désapprobation :

–- Nous avons, dans le récit suivant, le cas du sourire qui exprime la satisfaction, et dans le récit qui vient juste après, celui qui exprime l'autorisation avec un léger amusement :

--- Anas ibn Mâlik relate qu'un jour, le Prophète vint se reposer dans la demeure de Ummu Harâm. S'y étant endormi, il se réveilla en souriant. "De quoi souris-tu, ô Messager de Dieu ? lui demanda Ummu Harâm. – (J'ai vu) des gens de ma Umma, chevauchant la mer verte dans le chemin de Dieu, pareils à des rois sur des trônes. Invoque Dieu que je fasse partie d'eux." Le Prophète dit alors : "O Dieu, fais qu'elle fasse partie d'eux." Puis il se rendormit, et, après, se réveilla en souriant. "De quoi souris-tu, ô Messager de Dieu ? – (J'ai vu) des gens de ma Umma, chevauchant la mer verte dans le chemin de Dieu, pareils à des rois sur des trônes.Invoque Dieu que je fasse partie d'eux." Le Prophète lui répondit alors : "Tu fais partie des premiers, tu ne fais pas partie de ces derniers." Ummu Harâm devait effectivement partir plus tard en mer ; mais, débarquant du bateau, elle tomba de sa monture et mourut : "عن أنس بن مالك، عن خالته أم حرام بنت ملحان، قالت: نام النبي صلى الله عليه وسلم يوما قريبا مني، ثم استيقظ يتبسم، فقلت: ما أضحكك؟ قال: "أناس من أمتي عرضوا علي يركبون هذا البحر الأخضر كالملوك على الأسرة". قالت: فادع الله أن يجعلني منهم؛ فدعا لها. ثم نام الثانية، ففعل مثلها، فقالت مثل قولها، فأجابها مثلها فقالت: ادع الله أن يجعلني منهم، فقال: "أنت من الأولين"، فخرجت مع زوجها عبادة بن الصامت غازيا أول ما ركب المسلمون البحر مع معاوية، فلما انصرفوا من غزوهم قافلين، فنزلوا الشأم، فقربت إليها دابة لتركبها، فصرعتها، فماتت" (al-Bukhârî 2646), "عن أنس رضي الله عنه قال: دخل رسول الله صلى الله عليه وسلم على ابنة ملحان، فاتكأ عندها، ثم ضحك فقالت: لم تضحك يا رسول الله؟ فقال: "ناس من أمتي يركبون البحر الأخضر في سبيل الله، مثلهم مثل الملوك على الأسرة"، فقالت: يا رسول الله ادع الله أن يجعلني منهم، قال: "اللهم اجعلها منهم". ثم عاد فضحك، فقالت له مثل - أو مم - ذلك، فقال لها مثل ذلك، فقالت: ادع الله أن يجعلني منهم، قال: "أنت من الأولين، ولست من الآخرين". قال: قال أنس: فتزوجت عبادة بن الصامت فركبت البحر مع بنت قرظة، فلما قفلت: ركبت دابتها، فوقصت بها، فسقطت عنها، فماتت" (al-Bukhârî, 2722) (Muslim 1912). Cela devait se passer sous le gouvernorat de Mu'âwiya (sous le califat de Uthmân), en l'an 27, 28 ou 33 de l'hégire.

--- "عن عبد الله بن مغفل، قال: أصبت جرابا من شحم يوم خيبر، قال: فالتزمته، فقلت: "لا أعطي اليوم أحدا من هذا شيئا". قال: "فالتفت، فإذا رسول الله صلى الله عليه وسلم متبسما" (Muslim, 1772) ; "عن عبد الله بن مغفل رضي الله عنه، قال: "كنا محاصرين قصر خيبر، فرمى إنسان بجراب فيه شحم. فنزوت لآخذه، فالتفت، فإذا النبي صلى الله عليه وسلم، فاستحييت منه" (al-Bukhârî, 2984, etc.).

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A l'autre extrême, nous avons dans le récit suivant le cas du "sourire de celui qui a été mis en colère" :

--- Ka'b ibn Mâlik - qui était resté en arrière par rapport à la campagne de Tabûk - raconte ceci, après le retour du Prophète à Médine : "Je me rendis alors auprès de lui. Lorsque je lui adressai le Salâm, il sourit du sourire de celui qui a été mis en colère" : "فجئته؛ فلما سلمت عليه، تبسم تبسم المغضب" (al-Bukhârî, 4156, Muslim, 2769).

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Enfin, dans les deux récits suivants, son sourire a été interprété par certains ulémas comme l'expression d'une approbation, mais par d'autres comme celle d'une subtile désapprobation :

--- "عن عائشة رضي الله عنها، قالت: قدم رسول الله صلى الله عليه وسلم من غزوة تبوك، أو خيبر وفي سهوتها ستر، فهبت ريح فكشفت ناحية الستر عن بنات لعائشة لعب، فقال: "ما هذا يا عائشة؟" قالت: "بناتي"، ورأى بينهن فرسا له جناحان من رقاع، فقال: "ما هذا الذي أرى وسطهن؟" قالت: "فرس"، قال: "وما هذا الذي عليه؟" قالت: "جناحان"، قال: "فرس له جناحان؟" قالت: "أما سمعت أن لسليمان خيلا لها أجنحة؟" قالت: فضحك حتى رأيت نواجذه" (Abû Dâoûd, 4932).
Ibn Raslân écrit que quand il n'a pas repris Aïcha dans ce qu'elle disait et s'est contenté de sourire :
----- il est possible que ce soit par gentillesse vis-à-vis de Aïcha [ayant préféré ce sourire très prononcé au fait de lui dire explicitement qu'elle se trompait et que les choses ne sont pas comme elle le croyait] ;
----- comme il est possible que ce soit parce que le propos était étonnant mais qu'il ne savait pas s'il est vrai, ou faux, n'ayant reçu aucune révélation sur le sujet : son propos était donc possible [comme le serment de Omar au sujet de Ibn Sayyâd : nous y reviendrons plus bas].
"وسبب تبسمه واللَّه أعلم: ملاطفة عائشة - دون أن يقال: "إن إقراره دليل وقوعه، لا سيما مع استبشاره بالضحك" -، إلا أن يبين ذلك. أو يقال: سكت عليه لأنه لم يوح إليه بإثبات ولا نفي. ولم ينكر عليها ذلك لأن في استعمال البنات ونحوها وملابستها سبب قوي في التدريب من النساء على تربية الأولاد وتفصيل ثيابها، وتعلم الخياطة، ومعرفة آلات البيت، وإصلاح أمور بيتها لزوجها؛ ويجوز أن يكون مخصوصًا من أحاديث النهي عن اتخاذ الصور لهذِه المصلحة الظاهرة" (Shar'hu Sunani Abî Dâoûd).

--- "عن عبد الله، قال: جاء حبر إلى رسول الله صلى الله عليه وسلم، فقال: يا محمد، إن الله يضع السماء على إصبع، والأرض على إصبع، والجبال على إصبع، والشجر والأنهار على إصبع، وسائر الخلق على إصبع، ثم يقول بيده: أنا الملك، فضحك رسول الله صلى الله عليه وسلم وقال: {وما قدروا الله حق قدره".
Abdullâh relate : "Un érudit juif se rendit auprès du Messager de Dieu, que Dieu le bénisse et le salue, puis dit : "Ô Muhammad, Dieu placera le ciel sur un Doigt, la Terre sur un Doigt, les montagnes sur un Doigt, les arbres et les rivières sur un Doigt, et tout le reste de la création sur un Doigt, puis Il les secouera, et dira : "Je suis le Roi !"".
Alors le Messager de Dieu sourit [ou : rit sans éclat de voix], et récita ce verset :"Et ils n'ont pas reconnu Dieu au mérite de Sa reconnaissance, alors que la Terre tout entière sera prise par Lui le jour de la résurrection, et que les cieux seront pliés dans Sa Main Droite. Pureté à lui et Elevé soit-Il par rapport à ce qu'ils (Lui) associent !""
(al-Bukhârî, 6978, etc. ; Muslim 2786).
----- D'après Ibn Khuzayma, le Prophète a ici approuvé le contenu de ce propos de l'érudit juif ("وقد اشتد إنكار ابن خزيمة على من ادعى أن الضحك المذكور كان على سبيل الإنكار" : FB 13/488). Certains transmetteurs ont eu la même interprétation de son sourire (ou : rire) : dans certaines versions, on lit en effet : "فضحك رسول الله صلى الله عليه وسلم تعجبا وتصديقا له". Il faut savoir que Ibn Hajar penche vers cette interprétation.
----- Abu-l-Abbâs al-Qurtubî est par contre d'avis que lorsque le Prophète a souri, ici, ce n'est pas pour approuver le propos de l'érudit juif, mais au contraire parce qu'il fut très étonné de ce que ce juif venait de dire : ce fut donc par désapprobation du contenu de son propos, et c'est dans ce sens qu'il faut comprendre la citation de ce verset qu'il fit alors ("Et ils n'ont pas reconnu Dieu au mérite de Sa reconnaissance") : "وقال القرطبي في المفهم: (...) وضحك النبي صلى الله عليه وسلم إنما هو للتعجب من جهل اليهودي؛ ولهذا قرأ عند ذلك: "وما قدروا الله حق قدره" أي ما عرفوه حق معرفته ولا عظموه حق تعظيمه. فهذه الرواية هي الصحيحة المحققة. وأما من زاد: "وتصديقا له"، فليست بشيء، فإنها من قول الراوي" (FB 13/487).
----- Enfin, pour sa part, al-Khattâbî écrit que, ici, le sourire du Prophète peut être interprété comme une approbation ou comme une désapprobation : "وأما ضحكه صلى الله عليه وسلم من قول الحبر، فيحتمل الرضا والإنكار. وأما قول الراوي "تصديقا له"، فظن منه وحسبان؛ وقد جاء الحديث من عدة طرق ليس فيها هذه الزيادة؛ وعلى تقدير صحتها فقد يستدل بحمرة الوجه على الخجل وبصفرته على الوجل، ويكون الأمر بخلاف ذلك فقد تكون الحمرة لأمر حدث في البدن كثوران الدم والصفرة لثوران خلط من مرار وغيره" (FB 13/487).

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D'ailleurs, certaines paroles du Prophète qui ne sont pas explicites (ghayr sarîh) ont, pareillement, fait l'objet d'interprétations divergentes : le Prophète a-t-il voulu, par cette parole, approuver la parole qu'autre de lui venait de prononcer, ou au contraire désapprouver celle-ci ?

--- Sa'd ibn 'Ubâda (que Dieu l'agrée) dit un jour : "Messager de Dieu, dis-moi, si l'homme trouve avec sa femme un autre homme [= ayant des relations intimes avec elle], le tuera-t-il ?" Le Prophète (que Dieu le bénisse et le salue) lui dit : "Non". "Si je trouve avec ma femme un autre homme, je ne le toucherais pas, et irais (plutôt) chercher 4 témoins ?" Le Prophète lui dit : "Oui". Sa'd dit alors : "Jamais, par Celui qui t'a suscité avec la vérité ! Au contraire, je m'occuperai de lui avec mon sabre avant cela." Le Prophète dit alors : "Ecoutez ce que votre chef dit. Il a beaucoup de Ghayra. J'ai plus de Ghayra que lui. Et Dieu a plus de Ghayra que moi" : "عن أبي هريرة، أن سعد بن عبادة الأنصاري، قال: "يا رسول الله، أرأيت الرجل يجد مع امرأته رجلا أيقتله؟" قال رسول الله صلى الله عليه وسلم: "لا"، قال سعد: "بلى، والذي أكرمك بالحق"، فقال رسول الله صلى الله عليه وسلم: "اسمعوا إلى ما يقول سيدكم" (Muslim, 1498/14) ; "عن أبي هريرة، قال: قال سعد بن عبادة: "يا رسول الله، لو وجدت مع أهلي رجلا لم أمسه حتى آتي بأربعة شهداء؟" قال رسول الله صلى الله عليه وسلم: "نعم". قال: "كلا والذي بعثك بالحق، إن كنت لأعاجله بالسيف قبل ذلك". قال رسول الله صلى الله عليه وسلم: "اسمعوا إلى ما يقول سيدكم، إنه لغيور، وأنا أغير منه، والله أغير مني" (Muslim, 1498/16).
----- Une interprétation d'un hadîth voisin, toujours avec Sa'd, est que le Prophète, en y disant : "Vous étonnez-vous de la Ghayra de Sa'd ? Par Dieu j'ai plus de Ghayra que lui. Et Dieu a plus de Ghayra que moi" : "أتعجبون من غيرة سعد؟ والله لأنا أغير منه. والله أغير مني" (al-Bukhârî, 6980, Muslim, 1499), a approuvé le propos de Sa'd : "قوله "أتعجبون من غيرة سعد؟" تمسك بهذا التقرير من أجاز فعل ما قال سعد، وقال: "إن وقع ذلك، ذهب دم المقتول هدرا": نقل ذلك عن ابن المواز من المالكية" (Fat'h ul-bârî, tome 9).
----- L'autre interprétation est que le Prophète a subtilement désapprouvé la parole de Sa'd : il voulut seulement excuser Sa'd devant les autres Compagnons pour sa parole semblant contredire ce que lui, le Prophète, venait de dire : cette parole était due au fait que Sa'd avait beaucoup de Ghayra ; mais, en même temps, le Prophète rappela à Sa'd que la Ghayra est à garder sous contrôle, car lui-même, le Prophète en avait plus que Sa'd, et pourtant il venait de dire de ne pas tuer cet homme (Zâd ul-ma'âd, 5/408). Le principe est qu'un mari se trouvant en pareille situation n'a juridiquement pas le droit de tuer cet homme : s'il trouve cet homme en train de faire cela, il ira chercher 4 témoins pour faire appliquer à cet homme le jugement d'un juge.

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III) Le Silence (Sukût) du Prophète (sur lui soit la paix) est-il toujours une Approbation ?

Réponse : Non, pas toujours.

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Il y a le silence du Prophète face à une proposition / une requête :

Cela signifie que le Prophète n'est pas intéressé par celle-ci, et cela ne constitue donc nullement une approbation de sa part : "عن سهل بن سعد، أن امرأة جاءت رسول الله صلى الله عليه وسلم، فقالت: يا رسول الله جئت لأهب لك نفسي، فنظر إليها رسول الله صلى الله عليه وسلم، فصعد النظر إليها وصوبه، ثم طأطأ رأسه. فلما رأت المرأة أنه لم يقض فيها شيئا جلست. فقام رجل من أصحابه، فقال: "يا رسول الله إن لم يكن لك بها حاجة فزوجنيها" (al-Bukhârî, 4742) (cela si on retient la version qui dit qu'il ne répondit alors rien, et pas celle d'après laquelle il répondit alors : "Je n'ai pas le désir de (me marier avec) des femmes (en ce moment)" : "فقال: "ما لي في النساء من حاجة" : al-Bukhârî, 4741).

Ou bien son silence signifie qu'il désapprouve la proposition / requête : "عن عائشة رضي الله عنها: أن نساء رسول الله صلى الله عليه وسلم كن حزبين، فحزب فيه عائشة وحفصة وصفية وسودة، والحزب الآخر أم سلمة وسائر نساء رسول الله صلى الله عليه وسلم. وكان المسلمون قد علموا حب رسول الله صلى الله عليه وسلم عائشة؛ فإذا كانت عند أحدهم هدية يريد أن يهديها إلى رسول الله صلى الله عليه وسلم، أخرها حتى إذا كان رسول الله صلى الله عليه وسلم في بيت عائشة، بعث صاحب الهدية بها إلى رسول الله صلى الله عليه وسلم في بيت عائشة. فكلم حزب أم سلمة فقلن لها: "كلمي رسول الله صلى الله عليه وسلم يكلم الناس، فيقول: من أراد أن يهدي إلى رسول الله صلى الله عليه وسلم هدية، فليهده إليه حيث كان من بيوت نسائه". فكلمته أم سلمة بما قلن، فلم يقل لها شيئا؛ فسألنها، فقالت: "ما قال لي شيئا". فقلن لها: "فكلميه"، قالت: فكلمته حين دار إليها أيضا، فلم يقل لها شيئا، فسألنها، فقالت: "ما قال لي شيئا". فقلن لها: "كلميه حتى يكلمك"، فدار إليها فكلمته، فقال لها: "لا تؤذيني في عائشة. فإن الوحي لم يأتني وأنا في ثوب امرأة، إلا عائشة". قالت: فقالت: "أتوب إلى الله من أذاك، يا رسول الله" (al-Bukhârî, 2442).

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– Il y a son silence face à une question lui ayant été posée :

Cela peut tout simplement exprimer l'attente de la venue de la révélation, parce qu'il ne connaît pas la réponse : "عن عبد الله، قال: بينا أنا أمشي مع النبي صلى الله عليه وسلم في خرب المدينة، وهو يتوكأ على عسيب معه، فمر بنفر من اليهود، فقال بعضهم لبعض: سلوه عن الروح؟ وقال بعضهم: لا تسألوه، لا يجيء فيه بشيء تكرهونه، فقال بعضهم: لنسألنه، فقام رجل منهم، فقال يا أبا القاسم ما الروح؟ فسكت، فقلت: إنه يوحى إليه، فقمت. فلما انجلى عنه، قال: {ويسألونك عن الروح قل الروح من أمر ربي وما أوتوا من العلم إلا قليلا}. قال الأعمش: هكذا في قراءتنا" (al-Bukhârî, 125, Muslim, 2794). "أن صفوان بن يعلى أخبره، أن يعلى قال لعمر رضي الله عنه: "أرني النبي صلى الله عليه وسلم حين يوحى إليه". قال: فبينما النبي صلى الله عليه وسلم بالجعرانة، ومعه نفر من أصحابه، جاءه رجل فقال: "يا رسول الله، كيف ترى في رجل أحرم بعمرة، وهو متضمخ بطيب؟". فسكت النبي صلى الله عليه وسلم ساعة، فجاءه الوحي" (al-Bukhârî, 1463, Muslim, 1180).

Ou parce qu'il désapprouve le fait qu'on pose cette question : "عن أبي هريرة، قال: خطبنا رسول الله صلى الله عليه وسلم، فقال: "أيها الناس قد فرض الله عليكم الحج، فحجوا"، فقال رجل: "أكل عام يا رسول الله؟" فسكت؛ حتى قالها ثلاثا، فقال رسول الله صلى الله عليه وسلم: "لو قلت: "نعم"، لوجبت، ولما استطعتم"، ثم قال: "ذروني ما تركتكم، فإنما هلك من كان قبلكم بكثرة سؤالهم واختلافهم على أنبيائهم. فإذا أمرتكم بشيء فأتوا منه ما استطعتم، وإذا نهيتكم عن شيء فدعوه" (Muslim, 1337).

Ou bien parce qu'il désapprouve ce que le propos sous-entend mais qui n'a pas été exprimé : "عن أبي هريرة رضي الله عنه، قال: قلت: "يا رسول الله إني رجل شاب، وأنا أخاف على نفسي العنت، ولا أجد ما أتزوج به النساء"، فسكت عني. ثم قلت مثل ذلك، فسكت عني. ثم قلت مثل ذلك، فسكت عني. ثم قلت مثل ذلك، فقال النبي صلى الله عليه وسلم: "يا أبا هريرة جف القلم بما أنت لاق؛ فاختص على ذلك أو ذر" (al-Bukhârî, 4788).

Quant à ici :
--- "ولم يذكرني رسول الله صلى الله عليه وسلم حتى بلغ تبوك، فقال: وهو جالس في القوم بتبوك: "ما فعل كعب؟" فقال رجل من بني سلمة: "يا رسول الله، حبسه برداه، ونظره في عطفه"، فقال معاذ بن جبل: "بئس ما قلت! والله يا رسول الله ما علمنا عليه إلا خيرا". فسكت رسول الله صلى الله عليه وسلم" (al-Bukhârî, 4156, Muslim, 2769), il s'agit d'un simple silence face à deux propos contradictoires (l'un étant exprimé par un homme du clan des Banû Salima, et l'autre par Mu'âdh ibn Jabal) parce que lui, le Prophète, n'en savait pas plus. Et, effectivement, arrivé à Médine, il chercha à en savoir plus : "فجئته فلما سلمت عليه تبسم تبسم المغضب، ثم قال: "تعال"، فجئت أمشي حتى جلست بين يديه، فقال لي: "ما خلفك؟ ألم تكن قد ابتعت ظهرك؟". فقلت: "بلى، إني والله لو جلست عند غيرك من أهل الدنيا، لرأيت أن سأخرج من سخطه بعذر، ولقد أعطيت جدلا. ولكني والله، لقد علمت لئن حدثتك اليوم حديث كذب ترضى به عني، ليوشكن الله أن يسخطك علي، ولئن حدثتك حديث صدق، تجد علي فيه، إني لأرجو فيه عفو الله. لا والله، ما كان لي من عذر، والله ما كنت قط أقوى، ولا أيسر مني حين تخلفت عنك". فقال رسول الله صلى الله عليه وسلم: "أما هذا فقد صدق، فقم حتى يقضي الله فيك". فقمت" (al-Bukhârî, 4156, Muslim, 2769).

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Il y a son Silence (Sukût) devant certaines personnes face à un fait, mais la désapprobation de ce fait, dans la même séquence de temps, devant certaines autres personnes :

--- Concernant le raccourcissement que les Quraysh avaient fait de l'édifice de la Kaaba : le Prophète n'a rien entrepris ni n'a dit quelque chose en public ; par contre, il l'a dit à Aïcha : "عن جرير بن حازم، عن يزيد بن رومان، عن عروة، عن عائشة رضي الله عنها أن النبي صلى الله عليه وسلم قال لها: "يا عائشة، لولا أن قومك حديث عهد بجاهلية لأمرت بالبيت، فهدم، فأدخلت فيه ما أخرج منه، وألزقته بالأرض، وجعلت له بابين، بابا شرقيا، وبابا غربيا، فبلغت به أساس إبراهيم." فذلك الذي حمل ابن الزبير رضي الله عنهما على هدمه. قال يزيد: "وشهدت ابن الزبير حين هدمه، وبناه، وأدخل فيه من الحجر. وقد رأيت أساس إبراهيم حجارة، كأسنمة الإبل". قال جرير: فقلت له: "أين موضعه؟" قال: "أريكه الآن"؛ فدخلت معه الحجر، فأشار إلى مكان، فقال: "ها هنا". قال جرير: فحزرت من الحجر ستة أذرع أو نحوها" (al-Bukhârî, 1509). "قال عبد الله بن عبيد: وفد الحارث بن عبد الله على عبد الملك بن مروان في خلافته. فقال عبد الملك: "ما أظن أبا خبيب (يعني ابن الزبير) سمع من عائشة ما كان يزعم أنه سمعه منها!" قال الحارث: "بلى، أنا سمعته منها." قال: "سمعتها تقول ماذا؟" قال: "قالت: قال رسول الله صلى الله عليه وسلم: "إن قومك استقصروا من بنيان البيت، ولولا حداثة عهدهم بالشرك، أعدت ما تركوا منه، فإن بدا لقومك من بعدي أن يبنوه فهلمي لأريك ما تركوا منه." فأراها قريبا من سبعة أذرع." هذا حديث عبد الله بن عبيد، وزاد عليه الوليد بن عطاء: قال النبي صلى الله عليه وسلم: "ولجعلت لها بابين موضوعين في الأرض شرقيا وغربيا، وهل تدرين لم كان قومك رفعوا بابها؟"، قالت: قلت: لا، قال: "تعززا أن لا يدخلها إلا من أرادوا، فكان الرجل إذا هو أراد أن يدخلها يدعونه يرتقي، حتى إذا كاد أن يدخل دفعوه فسقط." قال عبد الملك للحارث: "أنت سمعتها تقول هذا؟" قال: "نعم". قال: فنكت ساعة بعصاه ثم قال: "وددت أني تركته وما تَحمّل" (Muslim, 1333/403).

--- Un jour un homme demanda la permission d'entrer auprès du Prophète, dans celui de ses appartements où il se trouvait alors. A Aïcha qui était présente, le Prophète dit à propos de cet homme : "C'est un mauvais frère de groupe, et c'est un mauvais fils de groupe". Il lui donna la permission d'entrer, et, une fois qu'il fut à l'intérieur, le Prophète se montra aimable et courtois à son égard. Une fois que l'homme fut reparti, Aïcha fit cette remarque : "Messager de Dieu, tu as dit à son sujet telle et telle chose, puis, quand il est entré, tu t'es montré aimable envers lui ? – Aïcha, m'as-tu déjà vu être rude ? Un de ceux qui auront la pire place auprès de Dieu le jour de la résurrection sera celui que les hommes auront évité pour se préserver de son tort" : "عن عائشة: أن رجلا استأذن على النبي صلى الله عليه وسلم، فلما رآه قال: "بئس أخو العشيرة، وبئس ابن العشيرة". فلما جلس تطلق النبي صلى الله عليه وسلم في وجهه وانبسط إليه. فلما انطلق الرجل، قالت له عائشة: "يا رسول الله، حين رأيت الرجل قلت له كذا وكذا، ثم تطلقت في وجهه وانبسطت إليه؟" فقال رسول الله صلى الله عليه وسلم: "يا عائشة، متى عهدتني فحاشا؟ إن شر الناس عند الله منزلة يوم القيامة من تركه الناس اتقاء شره" (al-Bukhârî 5685 etc., Muslim 2591).

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Il y a le Silence (Sukût) du Prophète (sur lui soit la paix) face à ce qu'affirme devant lui une personne, mais ce silence est suivi peu après d'une parole qui montre de façon subtile que le propos de la personne est erroné :

--- "عن الزهري، قال: أخبرني علي بن حسين، أن حسين بن علي أخبره أن علي بن أبي طالب أخبره أن رسول الله - صلى الله عليه وسلم- طرقه وفاطمة بنت النبي - عليه السلام - ليلة، فقال: "ألا تصليان؟" فقلت: "يا رسول الله، أنفسنا بيد الله، فإذا شاء أن يبعثنا بعثنا". فانصرف حين قلنا ذلك ولم يرجع إلي شيئا. ثم سمعته وهو مول يضرب فخذه وهو يقول: {وكان الإنسان أكثر شيء جدلا" (al-Bukhârî, 1075, Muslim, 775).

--- Une fois, l'ange Gabriel s'est rendu auprès du Prophète - alors qu'auprès de ce dernier se trouvait son épouse Ummu Salama - en ayant pris une apparence humaine ; l'ange parla au Prophète, puis s'en alla. Le Prophète dit alors à Ummu Salama : "Qui est-ce ? - C'est Dih'ya" répondit-elle. Elle dit : "Par Dieu, je le crus n'être personne d'autre que lui ; jusqu'à ce que j'entende le sermon du Prophète de Dieu - que Dieu le bénisse et le salue - informant de la (venue) de Gabriel" : "عن أسامة بن زيد أن جبريل أتى النبي صلى الله عليه وسلم وعنده أم سلمة، فجعل يتحدث. فقال النبي صلى الله عليه وسلم لأم سلمة: "من هذا؟" - أو كما قال -. قالت: "هذا دحية". فلما قام، قالت: "والله ما حسبته إلا إياه، حتى سمعت خطبة النبي صلى الله عليه وسلم يخبر خبر جبريل" - أو كما قال" (al-Bukhârî, 4695, Muslim, 2451).
Ici on voit le Prophète garder le silence face à la réponse de Ummu Salama : "C'est Dih'ya". Cependant, c'est parce qu'il savait qu'il allait, juste après, faire un sermon que Ummu Salama allait elle aussi entendre, et dans lequel il allait dire que l'ange Gabriel venait de se rendre auprès de lui : c'était une façon indirecte de faire comprendre à Ummu Salama son erreur.
Cela fut, de sa part, une rectification de ce que Ummu Salama avait dit ; et, alors :
----- soit le moment de cette rectification est considéré comme ne consistant pas en un moment considérablement postérieur à celui du premier échange (كلام غير متراخٍ بل في حكم الموصول) ;
----- soit le moment fut bel et bien considérablement ultérieur, mais ne fut pas retardé par rapport au moment du besoin d'être éclairé (لم يتأخّر عن وقت الحاجة، وإن تأخّر عن وقت الخطاب حتى صار متراخيًا).

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Il y a le fait que le Prophète affirme que telle action est interdite ; or une personne présente affirme alors qu'elle agira différemment, et le Prophète garde le silence : Serait-ce que dans ce cas de figure, en fait le Prophète laisse du temps à la personne pour progresser ; pourtant, l'action demeure interdite, puisqu'il vient de le dire ?

--- Est-ce que le hadîth suivant relèverait de ce cas de figure : "عن أم عطية، قالت: "بايعنا النبي صلى الله عليه وسلم، فقرأ علينا: {أن لا يشركن بالله شيئا}، ونهانا عن النياحة. فقبضت امرأة منا يدها فقالت: "فلانة أسعدتني، وأنا أريد أن أجزيهافلم يقل شيئا؛ فذهبت ثم رجعت. فما وفت امرأة إلا أم سليم، وأم العلاء، وابنة أبي سبرة، امرأة معاذ، أو ابنة أبي سبرة، وامرأة معاذ" (al-Bukhârî, 6789) ? Sachant que an-Nawawî et Ibn Hajar ont relaté d'autres explications (FB 8/813-814).

--- Nous avons cela qui est établi pour une action qui, pour sa part, est obligatoire : quand la délégation des Thaqîf se rendit à Médine rencontrer le Prophète et embrasser l'islam, ils demandèrent au Prophète plusieurs choses. Ils demandèrent que ce ne soit pas eux qui soient chargés de briser leurs idoles et qu'ils n'accomplissent pas les 5 prières quotidiennes. Le Prophète répondit : "Pour ce qui est du fait de briser vos idoles par vos mains mêmes, nous vous en déchargeons. (Mais) pour ce qui est de la prière : il n'y a pas de bien dans une religion dans laquelle il n'y a pas de prière" (Zâd ul-ma'âd 3/498-500). Ils demandèrent aussi qu'ils ne remettent pas d'aumône [= zakât] et ne mènent pas de lutte armée contre l'ennemi. Jâbir rapporte que "le Prophète dit après cela : "Bientôt ils donneront l'aumône et participeront à la lutte lorsqu'ils seront devenus musulmans"" (Abû Dâoûd, n° 3025). "عن عثمان بن أبي العاص أن وفد ثقيف قدموا على رسول الله صلى الله عليه وسلم، فأنزلهم المسجد ليكون أرق لقلوبهم، فاشترطوا على النبي صلى الله عليه وسلم أن لا يحشروا، ولا يعشروا، ولا يجبوا، ولا يستعمل عليهم غيرهم. قال: فقال: "إن لكم أن لا تحشروا، ولا تعشروا، ولا يستعمل عليكم غيركم"، وقال النبي صلى الله عليه وسلم: "لا خير في دين لا ركوع فيه." قال: وقال عثمان بن أبي العاص: "يا رسول الله علمني القرآن، واجعلني إمام قومي" (Abû Dâoûd, 3026, Ahmad, 17913). "عن وهب، قال: سألت جابرا عن شأن ثقيف إذ بايعت؟ قال: اشترطت على النبي صلى الله عليه وسلم أن لا صدقة عليها ولا جهاد؛ وأنه سمع النبي صلى الله عليه وسلم بعد ذلك يقول: سيتصدقون ويجاهدون إذا أسلموا" (Abû Dâoûd, 3025). On voit ici le Prophète refuser qu'ils n'accomplissent aucune prière rituelle ; et, par contre, garder le silence quand ils demandèrent de ne pas donner l'aumône obligatoire (la zakât) et de ne pas participer à la lutte armée : ce n'est pas que le Prophète releva d'eux le caractère obligatoire de ces deux actes (puisqu'un acte obligatoire doit nécessairement être considéré obligatoire, cela relève de la croyance même). C'est qu'il savait qu'il s'agissait pour eux de progresser dans leur pratique de l'islam, selon le degré de priorité des actes, et qu'au bout d'un certain temps de pratique des actes prioritaires (notamment la prière), ils progresseraient et viendraient à la pratique des autres actes obligatoires : "Bientôt ils donneront l'aumône et participeront à la lutte lorsqu'ils seront devenus musulmans."

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Différent de tout cela est son silence complet face à une affirmation qu'il entend, ou à une action qu'il voit devant lui :

S'il n'y a pas d'autres indices de son mécontentement, ce Silence-là constitue une Approbation (Taqrîr).

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Par contre, il est bon de noter ici que, même si ce silence complet constitue lui aussi une preuve (hujja), il existe quand même une différence de gradation entre :
--- ce silence complet au sujet de quelque chose, de sorte qu'il y a autorisation de ce en quoi elle consiste (السكوت عن شيء، فبقاؤه في الإباحة الأصليّة) ;
--- et autoriser explicitement quelque chose (إباحة شيء نصًّا).

En voici la preuve, extraite de l'article sur le Naskh :

--- "d'abord garder le silence sur quelque chose, puis, à un moment ultérieur, l'interdire lorsque la situation aura évolué" (السكوت عن شيء، ثم تحريمه) (Naskh au sens ب) : cela a peut-être eu cours au sujet de certains Interdits Millî (comme le fait de s'enivrer : la Révélation n'avait rien dit sur le sujet au début, puis, plus tard, l'a interdit) ;
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"d'abord autoriser explicitement quelque chose, puis, à un moment ultérieur, l'interdire lorsque la situation aura évolué" (إباحة شيء نصًّا، ثم تحريمه) (Naskh au sens ج) ; cela n'a jamais touché une Norme qui est 'Aqla-Qalbî, ni même certaines normes plus particulières : celles dont Dieu a voulu qu'elles forment le cercle du Millî : "وقال ابن عباس: "هذه الآيات المحكمات التي ذكرها الله في سورة الأنعام، أجمعت عليها شرائع الخلق، ولم تنسخ قط في ملة" (Tafsîr ul-Qurtubî, 7/132).

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IV) Sur quoi précisément a porté l'Approbation du Prophète (sur lui soit la paix) ?

--- Omar ibn ul-Khattâb (que Dieu l'agrée) fit serment par Dieu que Ibn Sayyâd était bien le Dajjâl. Le Prophète (que Dieu le bénisse et le salue) l'entendit faire ce serment, et ne désapprouva pas cela : "عن محمد بن المنكدر قال: رأيت جابر بن عبد الله يحلف بالله أن ابن الصائد الدجال. قلت: "تحلف بالله؟" قال: "إنى سمعت عمر يحلف على ذلك عند النبى صلى الله عليه وسلم، فلم ينكره النبى صلى الله عليه وسلم" (rapporté par al-Bukhârî, 6922).

Mais qu'est-ce que le Prophète a approuvé exactement ici :
--- le contenu du propos : "Ibn Sayyâd est bien Dajjâl" ?
--- ou bien le fait que ce propos est, sur le plan shar'î, autorisé à exprimer, vu qu'il constitue l'une des deux possibilités et que la détermination de la vérité sur le sujet n'est possible qu'à un niveau Zannî ?

Lire mon article consacré à ce point.

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--- Après la bataille du Fossé, le Prophète (sur lui soit la paix) déclara : "Que personne n'accomplisse la prière de al-'asr si ce n'est chez les Banû Qurayza." Les Compagnons se mirent donc en route vers le lieu indiqué. L'heure de la prière de al-'asr survint cependant tandis qu'un certain nombre d'entre eux étaient encore en chemin. Et cette heure allait se terminer qu'ils ne seraient pas encore arrivé chez les Banû Qurayza. Parmi ce nombre de Compagnons :
certains dirent alors : "Nous n'accomplirons la prière que là où le Prophète nous a ordonné de le faire, l'heure légale dût-elle se terminer pour nous" ;
et d'autres déclarèrent : "Nous allons plutôt accomplir la prière (tout de suite et ici même) ; ce n'est pas ce (vous dites) que le Prophète a voulu cela de nous" [ils voulaient dire que d'après eux, le sens de sa parole était plutôt : "Que chacun s'efforce d'arriver chez les Banû Qurayza au moins à l'heure de la salât ul-'asr"].
Lorsque ces deux groupes rejoignirent le Prophète, on relata à ce dernier qu'il y avait eu deux interprétations différentes de sa parole et qu'il s'en était ensuivi une divergence, les uns ayant accompli la salât ul-'asr en chemin, les autres ayant attendu pour cela d'arriver chez les Banû Qurayza. Le Prophète ne fit alors de reproche à aucun des deux groupes (fin du récit).
"قال النبى صلى الله عليه وسلم يوم الأحزاب: "لا يصلين أحد العصر إلا فى بنى قريظة". فأدرك بعضهم العصر فى الطريق؛ فقال بعضهم: "لا نصلى حتى نأتيها"؛ وقال بعضهم: "بل نصلى، لم يرد منا ذلك". فذكر ذلك للنبى صلى الله عليه وسلم، فلم يعنف واحدا منهم" (al-Bukhârî, 904, 3893). Le même récit est également rapporté par Muslim, mais celui-ci évoque la prière de zohr au lieu de celle de 'asr ; et dans la version de Muslim, on lit cette argumentation de la part de l'un des deux groupes suscités : "وقال آخرون: "لا نصلى إلا حيث أمرنا رسول الله صلى الله عليه وسلم وإن فاتنا الوقت". (Muslim, 1770).

Mais qu'est-ce que le Prophète a approuvé exactement ici :
--- les deux résultats d'interprétations de sa parole, celles-ci étant toute deux "justes" ?
--- ou bien le fait d'avoir interprété sa parole de l'autre façon que celle qu'il a voulu dire, vu que l'entrée en contradiction - vu l'heure tardive dans laquelle ce groupe se trouvait - de sa parole avec le principe général a entraîné deux possibilités d'interprétation, et que la détermination de l'interprétation juste n'est possible qu'à un niveau Zannî ?

Lire mon article consacré à ce point.

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V) Qu'est-ce précisément que le Prophète (sur lui soit la paix) a désapprouvé ?

--- Au hadîth suivant, ce que le Prophète a désapprouvé shar'an, ce n'est pas qu'on lui ait raconté ce rêve ; c'est l'information qu'il reçut alors, selon laquelle le califat se transformerait ensuite en (califat teinté de) royauté :
"حدثنا محمد بن المثنى، حدثنا محمد بن عبد الله الأنصاري، حدثنا الأشعث، عن الحسن، عن أبي بكرة، أن النبي صلى الله عليه وسلم قال ذات يوم: "من رأى منكم رؤيا؟" فقال رجل: "أنا. رأيت كأن ميزانا نزل من السماء، فوزنت أنت وأبو بكر فرجحت أنت بأبي بكر. ووزن عمر وأبو بكر، فرجح أبو بكر. ووزن عمر وعثمان، فرجح عمر. ثم رفع الميزان". فرأينا الكراهية في وجه رسول الله صلى الله عليه وسلم" (Abû Dâoûd, 4634) ; "حدثنا محمد بن بشار قال: حدثنا الأنصاري قال: حدثنا أشعث، عن الحسن، عن أبي بكرة، أن النبي صلى الله عليه وسلم، قال ذات يوم: "من رأى منكم رؤيا؟" فقال رجل: "أنا رأيت كأن ميزانا نزل من السماء فوزنت أنت وأبو بكر فرجحت أنت بأبي بكر، ووزن أبو بكر وعمر فرجح أبو بكر، ووزن عمر وعثمان فرجح عمر، ثم رفع الميزان". فرأينا الكراهية في وجه رسول الله صلى الله عليه وسلم" (at-Tirmidhî 2287).
"حدثنا موسى بن إسماعيل، حدثنا حماد، عن علي بن زيد، عن عبد الرحمن بن أبي بكرة، عن أبيه، أن النبي صلى الله عليه وسلم قال ذات يوم: "أيكم رأى رؤيا؟" فذكر معناه، ولم يذكر الكراهية، قال: "فاستاء لها رسول الله صلى الله عليه وسلم"، يعني فساءه ذلك، فقال: "خلافة نبوة، ثم يؤتي الله الملك من يشاء" (Abû Dâoûd, 4635).

--- Au hadîth suivant, ce que le Prophète a désapprouvé shar'an, ce n'est pas que Ibn Mas'ûd lui ait rapporté ce que quelqu'un a dit à son sujet ; c'est la parole qui a été ainsi dite à son sujet... Lors du partage de biens matériels (ghanâ'ïm) à Hunayn, en l'an 8 de l'hégire, le Prophète donna une part particulièrement importante de la quinte (khums) (c'est l'un des avis à ce sujet) à al-Aqra' ibn Hâbis et à d'autres personnages dont il voulait gagner les cœurs à l'islam ; il en avait parfaitement le droit, car la règle instituée par l'islam est que le dirigeant peut distribuer la quinte selon les nécessités du moment (As-Sârim, p. 195). Mais un homme dit alors : "C'est là un partage où la justice n'a pas été observée et qui n'a pas été fait avec sincérité vis-à-vis de Dieu !" Ibn Mas'ûd entendit ce propos et vint le relater au Prophète. Le visage de ce dernier changea lorsqu'il apprit cela ; il dit alors : "Qui donc ferait preuve de justice si Dieu et Son Messager font preuve d'injustice ? Que Dieu fasse miséricorde à Moïse : on lui a fait plus de tort que ceci, il a fait preuve de patience" : "عن عبد الله رضي الله عنه، قال: لما كان يوم حنين، آثر النبي صلى الله عليه وسلم أناسا في القسمة، فأعطى الأقرع بن حابس مائة من الإبل، وأعطى عيينة مثل ذلك، وأعطى أناسا من أشراف العرب، فآثرهم يومئذ في القسمة. قال رجل: "والله إن هذه القسمة ما عدل فيها، وما أريد بها وجه الله". فقلت: "والله لأخبرن النبي صلى الله عليه وسلم". فأتيته، فأخبرته، فقال: "فمن يعدل إذا لم يعدل الله ورسوله! رحم الله موسى قد أوذي بأكثر من هذا فصبر" (al-Bukhârî, 2981, etc., Muslim, 1062) ; "فأخبرته، فغضب حتى رأيت الغضب في وجهه، ثم قال: "يرحم الله موسى، قد أوذي بأكثر من هذا فصبر" (al-Bukhârî, 3224) ; "فقال رجل من الأنصار: "والله ما أراد محمد بهذا وجه الله" (al-Bukhârî, 5712).

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Wallâhu A'lam (Dieu sait mieux).

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