"فأعط كل ذي حق حقه" ("Donne à chaque détenteur d'un droit : son droit") – Tu as des devoirs vis-à-vis de plusieurs êtres : Dieu, tes parents, ton épouse, ton enfant, ta famille, tes voisins, les humains, les animaux, etc. – Et par rapport à un devoir qui t'incombe vis-à-vis d'un être précis, ont en fait un droit sur toi : le bénéficiaire de ce devoir ; Dieu, qui a institué sur toi ce devoir ; enfin, l'objet par rapport à quoi ce devoir s'applique à toi

Le droit d'un être, cela se dit "Haqq" en arabe : "حَقّ".

Tu es un être humain, et en tant que tel tu as des devoirs vis-à-vis d'un certain nombre d'êtres : vis-à-vis de Dieu, vis-à-vis de tes proches, vis-à-vis des humains en général, vis-à-vis des animaux, vis-à-vis des plantes, et même vis-à-vis de... ta personne, de ton corps.

Tous ces êtres ont donc des droits sur toi.

"فأعط كل ذي حق حقه" : "Donne donc à chaque détenteur d'un droit : son droit", avait dit Salmân le Perse à Abu-d-Dardâ', propos que le Prophète (sur lui soit la paix) avait ensuite approuvé (al-Bukhârî, at-Tirmidhî).

Mais qui donc exactement a des droits sur toi (haqq ul-ghayr 'alayka) ?

Nous allons le voir un peu plus bas. Mais pour l'instant, voyons ce qu'est le 'Adl, ce qu'est le Fadhl, et ce qu'est le Zulm.

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'Adl et Fadhl :

Les droits qu'autrui a sur toi (haqq ul-ghayr 'alayka) :

- Faire le Zulm (ou : Dhulm) c'est manquer dans le fait de respecter les droits qu'autrui a sur toi, et dans le fait de t'acquitter de tes devoirs vis-à-vis d'autrui.

- Faire le 'Adl c'est s'acquitter de tes devoirs vis-à-vis d'autrui, donc des droits (haqq) qu'autrui a sur toi.

- Faire le Fadhl, c'est accorder à autrui un surplus, en sus de ses devoirs vis-à-vis de lui ; ou c'est ne pas appliquer à autrui ce que tu étais en droit de lui appliquer comme sanction. Ne pas accorder à autrui ce surplus, et te contenter de t'acquitter des droits qu'il a sur toi, ce n'est pas faire le Zulm à son égard ; c'est faire à son égard le 'Adl seulement.

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– Les droits que toi tu as sur autrui (haqqu-ka 'ala-l-ghayr) :

- Appliquer à autrui ce que tu n'avais pas le droit de lui appliquer / Forcer autrui à ce qu'il te fournisse ce dont il n'avait pas le devoir de te fournir, cela constitue du Zulm sur lui.

- Appliquer à autrui ce que tu as le droit de lui appliquer / Exiger d'autrui qu'il te fournisse le droit que tu as réellement sur lui (Akhdh ul-Haqq), cela est un droit (haqq) que tu as sur cet autrui. Et faire cela, ce n'est pas faire le Zulm à son égard : c'est agir avec 'Adl seulement vis-à-vis de lui.

- Ne pas appliquer à autrui ce que tu avais le droit de lui appliquer comme sanction / Passer (totalement ou partiellement) sur le droit ('Afw 'an il-Haqq) que tu avais sur autrui, cela revient à lui faire un Fadhl.

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I) Dieu a sur toi le droit que tu Le divinises, ne Lui associes rien dans le caractère divin, et cherches à te rapprocher de Lui par les actions cultuelles :

"عن أنس، عن معاذ، قال: أنا رديف النبي صلى الله عليه وسلم فقال: "يا معاذ!" قلت: لبيك وسعديك! ثم قال مثله ثلاثا: "هل تدري ما حق الله على العباد؟" قلت: لا، قال: "حق الله على العباد أن يعبدوه ولا يشركوا به شيئا." ثم سار ساعة، فقال: "يا معاذ!" قلت: لبيك وسعديك! قال: "هل تدري ما حق العباد على الله إذا فعلوا ذلك؟ أن لا يعذبهم"".
Mu'âdh raconte : "J'étais monté en croupe derrière le Prophète (que Dieu le bénisse et le salue), sur un âne nommé 'Ufayr.
(A un moment donné) le Prophète me dit : "Ô Mu'âdh ! - Me voici, Messager de Dieu !"
Alors il (laissa la monture) avancer un moment, puis me dit : "Ô Mu'âdh ! - Me voici, Messager de Dieu !"
Il (laissa de nouveau la monture) avancer un moment, puis me dit : "Ô Mu'âdh ! - Me voici, Messager de Dieu !"
Il dit alors : "Sais-tu quel est le droit de Dieu sur les hommes ? - Dieu et Son Messager savent mieux ! - Le droit de Dieu sur les hommes est que ceux-ci fassent Sa 'Ibâda et ne Lui fassent Shirk de rien."
Ensuite il (laissa la monture) avancer un moment, puis dit : "Ô Mu'âdh ! - Me voici, Messager de Dieu ! - Sais-tu quel est le droit des hommes par rapport à Dieu s'ils font cela ? - Dieu et Son Messager savent mieux ! - C'est qu'Il ne les châtie pas" (rapporté par al-Bukhârî, 5912, mais aussi 5622, 2701, 6135 ; Muslim, 30 ; quelques variantes existent, avec quelques différences au niveau des termes).

Dieu n'a pas des droits au sens où il aurait besoin que l'on fasse certaines choses à Son égard. Dieu a des droits au sens où Il mérite de, par Sa Perfection et Sa Bienfaisance, que l'homme fasse certaines choses à Son égard.

Quant au serviteur, il n'a pas de droits sur Dieu au sens où quelque chose incombait à Dieu. C'est seulement que Dieu a fait cette promesse au serviteur, par Faveur (Fadhl) de Sa part. Par ailleurs, Dieu tient toujours Sa promesse ; néanmoins, les actions du serviteur ne sont jamais de niveau suffisant à ce que Dieu mérite, pour que ce serviteur puisse engager des revendications ou des protestations contre ce que Dieu rendra comme jugement à son sujet.

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Pour faire la 'Ibâdat ullâh et ne rien Lui associer dans la 'Ibâda :

Il faut, déjà, Le diviniser et ne diviniser rien d'autre que Lui :

A ce sujet, lire un premier, puis un second, puis un troisième, puis un quatrième articles

Diviniser Autre que Dieu, c'est commettre un énorme Zulm.

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Il faut également procéder à la 'Ibâdat ullâh al-mukammila :

Ici, en I, nous parlerons seulement du "droit de Dieu" au sens particulier de la formule, Dieu étant ici "l'objet de notre croyance, de notre perception et de rapprochement spirituel". (C'est plus bas, en III, que nous parlerons des "droits de Dieu" en leur dimension plus générale.)

C'est avec son sens particulier que l'on retrouve ces termes "droit de Dieu" dans le hadîth avec Salmân : Ayant constaté, de la part de Abu-d-Dardâ' (que Dieu les agrée tous deux), dans l'accomplissement des actions cultuelles facultatives, des excès vu qu'il en venait à négliger certains droits de sa famille et de son corps, Salmân lui dit : "Ton Seigneur a sur toi un droit. Ta personne a sur toi un droit. Et ta famille a sur toi un droit. Donne donc à chaque ayant-droit son droit". Le Prophète, mis plus tard au courant de cela, dit : "Salmân a dit vrai"" : "عن أبي جحيفة قال: آخى النبي صلى الله عليه وسلم بين سلمان، وأبي الدرداء، فزار سلمان أبا الدرداء، فرأى أم الدرداء متبذلة، فقال لها: ما شأنك؟ قالت: أخوك أبو الدرداء ليس له حاجة في الدنيا. فجاء أبو الدرداء فصنع له طعاما، فقال: كل. قال: فإني صائم. قال: ما أنا بآكل حتى تأكل. قال: فأكل. فلما كان الليل، ذهب أبو الدرداء يقوم، قال: نم. فنام. ثم ذهب يقوم، فقال: نم. فلما كان من آخر الليل، قال سلمان: قم الآن، فصليا. فقال له سلمان: "إن لربك عليك حقا، ولنفسك عليك حقا، ولأهلك عليك حقا، فأعط كل ذي حق حقه." فأتى النبي صلى الله عليه وسلم، فذكر ذلك له، فقال النبي صلى الله عليه وسلم: صدق سلمان" (al-Bukhârî 1867, at-Tirmidhî 2413).
Dans ce propos, par "droit de Dieu", Salmân voulait parler seulement de ce qui résulte de l'accomplissement d'"actions de 'ibâdat ullâh" (au sens particulier du terme), c'est-à-dire d'"actions ayant été instituées uniquement ou essentiellement pour permettre l'établissement ou le renforcement du lien du cœur avec Dieu". Lire à ce sujet nos deux articles :
--- Certaines actions sont de type "'ibâdât", d'autres de type "'âdât" : qu'est-ce que cette distinction signifie, et qu'est-ce qu'elle implique ? (ما معنى التمييز بين أعمال العبادات وأعمال العادات ؟) ;
--- Voici différents "recouvrements" du terme "'Ibâda" ("adorer"), dans la formule : "عبادة الله" ("faire la 'Ibâda d'Allâh", "adorer Dieu").
Salmân voulait dire qu'on doit consacrer son temps et sa force à l'accomplissement de ces actions cultuelles afin de se lier véritablement avec Dieu, mais sans que cela conduise à bafouer les droits que sa famille a sur soi, et sans, enfin, oublier de ménager son corps.

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(Dans notre article expliquant la distinction entre "droits de Dieu" et "droits de la personne", nous avons exposé un sens particulier encore différent, à l'appellation : "droit de Dieu" : il s'agit cette fois du "devoir qui est institué de façon absolue, sans qu'il puisse être rendu caduque par le désistement d'un humain".)

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II) Quelques-unes des créatures qui ont des "droits personnels sur toi" :

– Tes parents ont un droit sur toi :
"عن أبي هريرة، قال: قال رجل: يا رسول الله من أحق الناس بحسن الصحبة؟ قال: أمك، ثم أمك، ثم أمك، ثم أبوك، ثم أدناك أدناك"
:
"Qui a plus droit que je le fréquente en lui faisant du bien ?

- "C'est ta mère ! Ensuite, c'est ta mère. Ensuite, c'est ta mère. Ensuite, c'est ton père. Ensuite, c'est le plus proche, puis le proche de toi"
(Muslim, 2548).
"عن أبي هريرة رضي الله عنه قال: جاء رجل إلى رسول الله صلى الله عليه وسلم فقال: "يا رسول الله، من أحق الناس بحسن صحابتي؟" قال: "أمك". قال: "ثم من؟" قال: "ثم أمك". قال: "ثم من؟" قال: "ثم أمك". قال: "ثم من؟" قال: "ثم أبوك" (al-Bukhârî, 5626).

– Le pauvre a un droit sur toi :
"وَآتِ ذَا الْقُرْبَى حَقَّهُ وَالْمِسْكِينَ وَابْنَ السَّبِيلِ وَلاَ تُبَذِّرْ تَبْذِيرًا"
:
"Et donne au proche son droit, ainsi qu'au pauvre et au voyageur. Et ne gaspille pas"
(Coran 17/26).

Ton épouse a un droit sur toi (ô époux) :

– Ton visiteur a un droit sur toi :

– Ton corps et tes yeux ont un droit sur toi :
A Abdullâh ibn 'Amr ibn il-'Âs, qui accomplissait trop d'actions de 'ibâdat ullâh facultatives, le Prophète dit d'alléger le nombre d'actions qu'il faisait, et ajouta : "فإن لجسدك عليك حقا، وإن لعينك عليك حقا، وإن لزوجك عليك حقا، وإن لزورك عليك حقا" : "Car ton corps a sur toi un droit, ton oeil a sur toi un droit, ton épouse a sur toi un droit, ton visiteur a sur toi un droit" (al-Bukhârî 1874, Muslim 1159).
"قال سلمان لأبي الدرداء: "إن لربك عليك حقا، ولنفسك عليك حقا، ولأهلك عليك حقا، فأعط كل ذي حق حقه." فقال النبي صلى الله عليه وسلم: صدق سلمان"
: Salmân dit à Abu-d-Dardâ' : "Ton Pourvoyeur a sur toi un droit. Ta personne a sur toi un droit. Et ta famille [= ton épouse] a sur toi un droit. Donne donc à chaque ayant-droit son droit." Le Prophète dit : "Salmân a dit vrai" (al-Bukhârî 1867, at-Tirmidhî 2413).

Ton époux a un droit sur toi (ô épouse) :
"ألا إن لكم على نسائكم حقا، ولنسائكم عليكم حقا. فأما حقكم على نسائكم فلا يوطئن فرشكم من تكرهون، ولا يأذن في بيوتكم لمن تكرهون. ألا وحقهن عليكم أن تحسنوا إليهن في كسوتهن وطعامهن" :
"Ecoutez : Vous avez sur vos épouses un droit, et vos épouses ont sur vous un droit. (...)"
(at-Tirmidhî, 1163, 3087).
"والذي نفس محمد بيده، لا تؤدي المرأة حق ربها حتى تؤدي حق زوجها" :
"Par Celui dans la Main de qui se trouve l'âme de Muhammad, la femme ne peut pas s'acquitter du droit de son Pourvoyeur tant qu'elle ne s'acquitte pas du droit de son époux"
(Ibn Mâja, 1853, dha'îf).

– Ton voisin a un droit sur toi :
"عن مجاهد، أن عبد الله بن عمرو ذبحت له شاة في أهله، فلما جاء قال: "أهديتم لجارنا اليهودي؟ أهديتم لجارنا اليهودي؟ سمعت رسول الله صلى الله عليه وسلم يقول: "ما زال جبريل يوصيني بالجار حتى ظننت أنه سيورثه" : Ayant un jour abattu un animal, Abdullâh ibn Amr dit aux gens de sa famille : "En avez-vous offert une part à notre voisin juif ? En avez-vous offert une part à notre voisin juif ? J'ai entendu le Prophète dire : "L'Ange Gabriel m'a tellement recommandé de bien agir envers le voisin que j'ai pensé qu'un jour le voisin pourrait avoir une part d'héritage"" (at-Tirmidhî, 1943, Abû Dâoûd, 5152).

– Le musulman, en général, a des droits sur toi, ô musulman :
"عن أبي هريرة، أن رسول الله صلى الله عليه وسلم قال: "حق المسلم على المسلم ست." قيل: ما هن يا رسول الله؟، قال: إذا لقيته فسلم عليه، وإذا دعاك فأجبه، وإذا استنصحك فانصح له، وإذا عطس فحمد الله فشمته، وإذا مرض فعده، وإذا مات فاتبعه" :
"Le droit du musulman sur le musulman est : 6 choses.
- Quelles sont-elles, ô Messager de Dieu ?
- Lorsque tu le rencontres, adresse-lui le salâm. Lorsqu'il t'invite, réponds à son invitation. Lorsqu'il te demande conseil, conseille-le. Lorsqu'il éternue et fait la louange de Dieu, dis-lui : "Que Dieu te fasse miséricorde", lorsqu'il tombe malade, rends-lui visite, et lorsqu'il meurt, suis son (convoi funéraire)"
(Muslim, 2162).
"عن عبد الله بن عمرو رضي الله عنهما، عن النبي صلى الله عليه وسلم قال: "المسلم من سلم المسلمون من لسانه ويده، والمهاجر من هجر ما نهى الله عنه" (al-Bukhârî, 10 ; Muslim, 40 ; voir aussi 41 ; et 42). "عن فضالة بن عبيد، قال: قال رسول الله صلى الله عليه وسلم في حجة الوداع: "ألا أخبركم بالمؤمن؟ من أمنه الناس على أموالهم وأنفسهم، والمسلم من سلم الناس من لسانه ويده، والمجاهد من جاهد نفسه في طاعة الله، والمهاجر من هجر الخطايا والذنوب" (Ahmad, 23958). Seule une cause avérée peut entraîner qu'on dise une parole déplaisante à quelqu'un (FB 1/75). Et seul un juge peut infliger, sur la base d'une cause avérée, une peine légale à quelqu'un.

– L'être humain, en général, a des droits sur toi, ô musulman : tu ne dois lui faire aucun tort, ni physique, ni mental, ni autre. Commentant le dernier hadîth venant d'être cité, Ibn Hajar écrit que la mention du "musulman" n'a pas valeur d'exclusivité, cela valant donc pour tout humain : "تنبيه: ذكر المسلمين هنا خرج مخرج الغالب" (FB 1/75). Seul l'humain qui est en état de guerre et ne bénéficie pas d'un amân, voit ses droits extrêmement réduits : cependant, sans que cela puisse conduire à le déshumaniser.

L'animal a un droit sur toi, ô humain : c'est que, s'il est comestible, tu ne le tues pas gratuitement :
"عن عبد الله بن عمرو، أن رسول الله صلى الله عليه وسلم قال: "ما من إنسان قتل عصفورا فما فوقها بغير حقها، إلا سأله الله عز وجل عنها." قيل: يا رسول الله، وما حقها؟ قال: "يذبحها فيأكلها، ولا يقطع رأسها يرمي بها" :
"Tout humain qui tue un moineau ou (un animal) plus gros sans son droit, Dieu lui demandera (des comptes) à son sujet (le jour du jugement).

– Et quel est son droit ?
demanda-t-on.
– C'est qu'il l'abatte et en consomme la chair, et non qu'il en coupe la tête et la jette"
(an-Nassâ'ï, 4349, 4445, dha'îf).
"عن الشريد قال: سمعت رسول الله صلى الله عليه وسلم يقول: "من قتل عصفورا عبثا، عج إلى الله عز وجل يوم القيامة يقول: "يا رب، إن فلانا قتلني عبثا، ولم يقتلني لمنفعة"
:
"Celui qui aura tué un moineau par futilité, (ce moineau) criera le jour de la résurrection vers Dieu, disant : "Seigneur, Untel m'a tué par futilité, il ne m'a pas tué pour une utilité"
(an-Nassâ'ï, 4446, dha'îf).
Et s'il est nuisible, tu peux le tuer : "قال عبد الله بن عمر رضي الله عنهما: قالت حفصة: قال رسول الله صلى الله عليه وسلم: "خمس من الدواب لا حرج على من قتلهن: الغراب، والحدأة، والفأرة، والعقرب، والكلب العقور" (al-Bukhârî, 1731, Muslim, 1200) ; un hadîth voisin est relaté par Aïcha (al-Bukhârî, 1732, Muslim, 1198).
Et dans tous les cas où tu tues un animal parce que tu as besoin de le faire, l'animal a sur toi le droit que tu ne le fasses pas souffrir de façon inutile.
Lire : Les droits des animaux.

Etc.

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Quelques hadîths exposant "un droit sur...", ou "un plus grand droit sur...", ou "l'absence d'un droit dans..." :

"عن أم سلمة رضي الله عنها أن رسول الله صلى الله عليه وسلم قال: "إنكم تختصمون إليّ، ولعل بعضكم ألحن بحجته من بعض، فمن قضيت له بحق أخيه شيئا، بقوله: فإنما أقطع له قطعة من النار فلا يأخذها"" (al-Bukhârî, 2534, Muslim, 1713).

"عن أبي هريرة، قال: قال رجل: يا رسول الله من أحق الناس بحسن الصحبة؟ قال: أمك، ثم أمك، ثم أمك، ثم أبوك، ثم أدناك أدناك" : "Qui a plus droit que je le fréquente en lui faisant du bien ? - "C'est ta mère ! Ensuite, c'est ta mère. Ensuite, c'est ta mère. Ensuite, c'est ton père. Ensuite, c'est le plus proche, puis le proche de toi" (Muslim, 2548) (voir également al-Bukhârî, 5626).

"عن خولة الأنصارية رضي الله عنها، قالت: سمعت النبي صلى الله عليه وسلم، يقول: "إن رجالا يتخوضون في مال الله بغير حق، فلهم النار يوم القيامة" (al-Bukhârî, 2950).

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III) Ces devoirs qui t'incombent vis-à-vis de ces créatures relèvent également de devoirs que tu as vis-à-vis de Dieu, mais cette fois selon une autre perspective : Dieu a sur toi le droit que tu fasses tout ce qu'Il agrée de toi (irâda tashrî'iyya) (il s'agit des "droits de Dieu" au sens général du terme) :

Nous avions déjà cité plus haut le hadîth avec Mu'adh, dans lequel il est dit que le fait que Sa 'ibâda soit faite, c'est le droit que Dieu a sur les hommes.

Or la Ibâdat ullâh al-mukammila consiste en le fait de pratiquer (avec sincérité pour Dieu) toute action intérieure et extérieure que Dieu aime et agrée de la part de l'homme, que cette action relève du domaine spirituel, du domaine cultuel, physique ou familial, ou encore du domaine des relations de l'homme avec ses semblables ou les autres créatures (lire Al-'Ubûdiyya, Ibn Taymiyya, p. 23).
Dès lors, le fait pour l'homme d'agir en bien avec les autres humains, de même qu'avec les animaux, cela relève également de la
'ibâdat ullâh, donc également du droit que Dieu a sur l'homme.

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C'est bien pourquoi des ulémas précisent que si on a lésé le droit établi d'un homme (sur le plan physique – par le fait de l'avoir blessé –, ou moral – par le fait de l'avoir calomnié, par exemple –, ou matériel – par le fait d'avoir détruit un bien lui appartenant –), on doit d'abord se faire pardonner par cet homme (ce qui peut exiger de le dédommager avant de recevoir son pardon), mais on doit aussi, ensuite, demander pardon à Dieu pour avoir enfreint l'interdiction qu'Il a faite de faire ce genre de tort à autrui. (Cf. Riyâdh us-sâlihîn, chapitre 2.)

Vu que Dieu a ordonné qu'on agisse en bien avec le voisin, respecter son voisin et agir en bien avec lui en devient également un "droit de Dieu", car c'est Lui qui a ordonné cela.

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IV) Par rapport à un même devoir qui t'incombe vis-à-vis d'une créature, ont donc un droit sur toi :
Dieu, qui a institué ce devoir sur toi (nous venons de le voir en III) ;
le bénéficiaire de ce devoir t'incombant (comme nous l'avons vu au point II) ;
la chose par rapport à laquelle ce devoir t'incombe (c'est ce que nous allons voir ici, en IV) :

Un exemple simple avec la zakât (qui est la part que l'on doit enlever de ses richesses matérielles pour qu'elle soit remise aux bénéficiaires) :
--- La zakât est "un droit de Dieu" (A), car c'est Dieu qui a institué ce "droit du pauvre" sur celui qui est suffisamment aisé (cf. le point III) ; de plus, la zakât constitue une action cultuelle (cf. le point I).
--- La zakât est un droit du pauvre (B), car c'est ce dernier qui est le bénéficiaire de ce devoir (cf. le point II). Cela est attendu et normal : c'est le droit du pauvre que de bénéficier d'une certaine redistribution des richesses, et donc de recevoir un bien matériel de la part de qui est plus aisé que lui.
--- Mais, plus étonnant, la zakât est également un droit du bien matériel, de l'objet par rapport auquel elle doit être retirée (C). C'est ce que nous allons voir ici, en IV.

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A) La zakât est un droit de Dieu :

"عن ابن عباس، أن النبي صلى الله عليه وسلم قال: ألا أخبركم بخير الناس؟ رجل ممسك بعنان فرسه في سبيل الله. ألا أخبركم بالذي يتلوه؟ رجل معتزل في غنيمة له، يؤدي حق الله فيها" : Ceci concerne la période de troubles (fitan) (comme spécifié dans le hadîth qui sera cité un peu plus loin) : La seconde meilleure personne est alors "celle qui se tient à l'écart, avec un petit troupeau qu'elle possède, s'acquittant du droit de Dieu au sujet de celui-ci" (at-Tirmidhî, 1652). Ce "droit de Dieu" ici évoqué est "la zakât" due sur les troupeaux, comme cela est dit explicitement dans cette version du même propos : "عن أبي هريرة، عن رسول الله صلى الله عليه وسلم أنه قال: "من خير معاش الناس لهم، رجل ممسك عنان فرسه في سبيل الله، يطير على متنه، كلما سمع هيعة، أو فزعة طار عليه، يبتغي القتل والموت مظانه، أو رجل في غنيمة في رأس شعفة من هذه الشعف، أو بطن واد من هذه الأودية، يقيم الصلاة، ويؤتي الزكاة، ويعبد ربه حتى يأتيه اليقين، ليس من الناس إلا في خير" (Muslim, 1889).

Que la zakât soit "un droit de Dieu", cela signifie :
--- que c'est Dieu qui a ordonné qu'une partie de ses biens matériels étant en surplus de ses besoins soit remise au pauvre (cf. le point II) ;
--- que s'acquitter de la zakât est un devoir qui incombe au musulman de façon absolue, sans que cela puisse être rendu caduque par le désistement d'un humain ;
--- enfin, que la zakât est une action spirituelle, instituée pour être un moyen de progression spirituelle vis-à-vis de Dieu (cf. le point I).

Lire : La zakât, ou de façon plus générale l'aumône (sadaqa), est-elle une action de type "'ibâda pure" ?.

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B) La zakât est également un droit du pauvre :

"وَآتِ ذَا الْقُرْبَى حَقَّهُ وَالْمِسْكِينَ وَابْنَ السَّبِيلِ وَلاَ تُبَذِّرْ تَبْذِيرًا" : "Et donne au proche son droit, ainsi qu'au pauvre et au voyageur. Et ne gaspille pas" (Coran 17/26).

"كَانُوا قَلِيلًا مِّنَ اللَّيْلِ مَا يَهْجَعُونَ. وَبِالْأَسْحَارِ هُمْ يَسْتَغْفِرُونَ. وَفِي أَمْوَالِهِمْ حَقٌّ لِّلسَّائِلِ وَالْمَحْرُومِ" : "C'était une petite partie de la nuit qu'ils dormaient. Et à l'aube, ils demandaient pardon (à Dieu). Et dans leurs biens il y avait un droit pour le demandeur et (pour) celui qui est privé (mais ne demande pas)" (Coran 51/17-19).

Le terme "zakât", présent dans plusieurs sourates pré-hégiriennes, désigne bien, d'après at-Tabarî, l'aumône. La zakât existait déjà à La Mecque. A Médine, en l'an 2 de l'hégire, ce sont seulement les règles plus détaillées, relatives à la zakât, qui furent révélées (cf. Fiqh uz-zakât, pp. 75-76).

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C) La zakât est aussi un droit du bien matériel sur lequel elle est due :

Dieu dit : "كُلُوا مِن ثَمَرِهِ إِذَا أَثْمَرَ وَآتُوا حَقَّهُ يَوْمَ حَصَادِهِ وَلَا تُسْرِفُوا" : "Mangez de son fruit lorsqu'il en produit, et donnez son droit le jour de la récolte. Et ne gaspillez pas" (Coran 6/146). D'après l'un des commentaires, il s'agit de la zakât due sur des récoltes. Cela a donc été désigné par les termes : "le droit de la récolte".

"عن أبي هريرة رضي الله عنه، قال: لما توفي رسول الله صلى الله عليه وسلم وكان أبو بكر رضي الله عنه، وكفر من كفر من العرب، فقال عمر رضي الله عنه: "كيف تقاتل الناس وقد قال رسول الله صلى الله عليه وسلم: "أمرت أن أقاتل الناس حتى يقولوا: لا إله إلا الله، فمن قالها فقد عصم مني ماله ونفسه إلا بحقه، وحسابه على الله"؟" فقال: "والله لأقاتلن من فرق بين الصلاة والزكاة، فإن الزكاة حق المال. والله لو منعوني عناقا كانوا يؤدونها إلى رسول الله صلى الله عليه وسلم لقاتلتهم على منعها!" قال عمر رضي الله عنه: فوالله ما هو إلا أن قد شرح الله صدر أبي بكر رضي الله عنه، فعرفت أنه الحق" (al-Bukhârî 1335, Muslim 20). Abû Bakr dit ici à Omar ibn ul-Khattâb à propos de ceux qui refusaient de s'acquitter de la zakât : "... la zakât est le droit du bien matériel". Lire : Les "Mâni'u-z-zakât" de l'époque de Abû Bakr : qu'ont-ils réellement refusé de faire ?

"عن أم مالك البهزية قالت: ذكر رسول الله صلى الله عليه وسلم فتنة فقربها قالت: قلت: يا رسول الله، من خير الناس فيها؟ قال: رجل في ماشيته يؤدي حقها ويعبد ربه، ورجل آخذ برأس فرسه يخيف العدو ويخيفونه"
: en période de troubles, une des deux meilleures personnes est "celle qui demeure parmi son troupeau, s'acquittant du droit de celui-ci et adorant Dieu" (at-Tirmidhî, 2177).

"ولا صاحب كنز لا يفعل فيه حقه، إلا جاء كنزه يوم القيامة شجاعا أقرع، يتبعه فاتحا فاه، فإذا أتاه فر منه، فيناديه: خذ كنزك الذي خبأته، فأنا عنه غني، فإذا رأى أن لا بد منه، سلك يده في فيه، فيقضمها قضم الفحل" : "Tout propriétaire d'or et d'argent qui n'aura pas fait vis-à-vis de lui son droit, ce qu'il aura ainsi thésaurisé viendra le jour de la résurrection en un serpent chauve, qui le poursuivra la gueule ouverte. Lorsqu'il viendra à lui, ce (propriétaire) s'enfuira. Il l'appellera : "Prends ton amas, que tu avais dissimulé, je n'en ai pas besoin." Lorsqu'il verra qu'il ne peut lui échapper, il placera sa main dans sa gueule, (le serpent) la broiera alors comme le fait le chameau mâle" (Muslim, 988).

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Ainsi, les objets par rapport auxquels les droits de ces bénéficiaires (évoqués en II) s'articulent, ces objets ont eux aussi des droits sur toi :

Ta richesse matérielle :
"ولا صاحب كنز لا يفعل فيه حقه، إلا جاء كنزه يوم القيامة شجاعا أقرع، يتبعه فاتحا فاه، فإذا أتاه فر منه، فيناديه: خذ كنزك الذي خبأته، فأنا عنه غني، فإذا رأى أن لا بد منه، سلك يده في فيه، فيقضمها قضم الفحل"
: "Tout propriétaire d'or et argent qui n'aura pas fait vis-à-vis de lui son droit, ce qu'il aura ainsi thésaurisé viendra le jour de la résurrection en un serpent chauve, qui le poursuivra la gueule ouverte. Lorsqu'il viendra à lui, ce (propriétaire) s'enfuira. Il l'appellera : "Prends ton amas, que tu avais dissimulé, je n'en ai pas besoin." Lorsqu'il verra qu'il ne peut lui échapper, il placera sa main dans sa gueule, (le serpent) la broiera alors comme le fait le chameau mâle" (Muslim, 988).

Ton chameau [= ta monture] :
"قال رجل: يا رسول الله، ما حق الإبل؟ قال: حلبها على الماء، وإعارة دلوها، وإعارة فحلها، ومنيحتها وحمل عليها في سبيل الله" : "Quelqu'un demanda : "Messager de Dieu, quel est le droit du chameau ? - C'est de le traire lorsqu'il vient boire (et de donner de cette traite aux pauvres), de prêter son seau, de prêter le mâle, de prêter la (chamelle pour que le pauvre en boive le lait), et de transporter (des hommes) dessus dans la voie de Dieu" (Muslim 988). Voir également al-Bukhârî, 2849.

Le bien matériel d'autrui :
--- "من أخذ من الأرض شيئا بغير حقه، خسف به يوم القيامة إلى سبع أرضين" : "Celui qui aura pris de la terre quelque chose sans son droit, celui-là sera englouti le jour de la résurrection jusqu'à 7 terres" (al-Bukhârî, 2322).
--- "والله لا يأخذ أحد منكم شيئا بغير حقه إلا لقي الله يحمله يوم القيامة" : "Par Dieu, aucun d'entre vous ne prendra quelque chose sans son droit, qu'il viendra le jour de la résurrection le portant sur lui" (al-Bukhârî, Muslim).
--- "من حلف على مال امرئ مسلم بغير حقه، لقي الله وهو عليه غضبان" : "Celui qui fait un serment à propos du bien d'un musulman, sans son droit, celui-là rencontrera Dieu alors qu'Il sera Courroucé contre lui" (Muslim, 138).
--- "وإن هذا المال حلوة، من أخذه بحقه، ووضعه في حقه، فنعم المعونة هو، ومن أخذه بغير حقه كان كالذي يأكل ولا يشبع" : "Ce bien matériel est sucré. Celui qui le prend avec son droit et le place dans son droit, quel bonne aide est-ce ! Et celui qui le prend sans son droit, celui-là sera comme celui qui mange et ne se rassasie pas" (al-Bukhârî, Muslim).

L'intimité d'une personne de l'autre sexe :
Le Prophète (sur lui soit la paix) a raconté que, parmi les communautés antérieures, un homme avait profité de la détresse matérielle d'une femme dont il était amoureux, et avait conditionné l'aide financière qu'il lui apporterait au fait qu'elle accepte de coucher avec lui, hors mariage. La femme se résigna à cela. Mais alors que l'homme était arrivé au point où il allait passer à l'acte, la femme lui dit : "اتق الله ولا تفض الخاتم إلا بحقه" : "Crains Dieu, et ne défais le sceau que par son droit !". Ce rappel toucha l'homme, qui partit, et laissa à la femme l'aide financière (al-Bukhârî, Muslim).

Le chemin :
"عن أبي سعيد الخدري رضي الله عنه: أن النبي صلى الله عليه وسلم قال: "إياكم والجلوس بالطرقات!" فقالوا: يا رسول الله، ما لنا من مجالسنا بد نتحدث فيها، فقال: "إذ أبيتم إلا المجلس، فأعطوا الطريق حقه." قالوا: وما حق الطريق يا رسول الله؟ قال: "غض البصر، وكف الأذى، ورد السلام، والأمر بالمعروف، والنهي عن المنكر" : "Préservez-vous de vous asseoir près des chemins !" Les Compagnons ayant exprimé qu'ils avaient besoin de le faire, le Prophète dit : "Si donc vous tenez à vous (y) asseoir, donnez au chemin son droit ! - Et quel est le droit du chemin, Messager de Dieu ? - C'est de baisser le regard, d'enlever ce qui gêne (les gens), de retourner le salam, d'ordonner le bien et d'interdire le mal" (al-Bukhârî, 5875, Muslim, 2121).

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De même, le concept par rapport auquel les droits de ces bénéficiaires (évoqués en II) s'articulent, ce concept aussi a des droits sur toi :

Le lien de parenté ainsi que l'honnêteté se tiendront de part et d'autre du pont qui enjambe la Géhenne :
Le Prophète nous en a informés dans un hadîth relaté par Hudhayfa : "وترسل الأمانة والرحم، فتقومان جنبتي الصراط يمينا وشمالا" (Muslim, 195).
Cela sera pour demander leurs droits aux croyants devant passer par là (en substance : "M'avais-tu relié ou rompu ?" - "M'avais-tu adopté ou rejeté ?") ; et témoigner en faveur de, ou au contraire à la charge de, certaines personnes : "توضع الرحم يوم القيامة، لها حجنة كحجنة المغزل، تكلم بلسان طلق ذلق، فتصل من وصلها، وتقطع من قطعها" (Ahmad 6774) ; "الرحم شجنة من الرحمن. وإنها تجيء يوم القيامة تتكلم بلسان طلق ذلق؛ فمن أشارت إليه بوصل وصله الله؛ ومن أشارت إليه بقطع قطعه الله" (Al-Mustad'rak, 3179)...
Du reste, "(...) Lorsque (Dieu) eut terminé (de créer la création), le lien de parenté se leva. (Dieu lu) dit : "Héla !" (La parenté Lui) dit : "Ceci est la posture de qui demande Ta protection contre le fait d'être coupé." (Dieu lui) dit : "Ne serais-tu pas contente que je me lie avec celui qui te liera et me coupe de celui qui te coupera ? - Si, Seigneur, dit-elle. - Eh bien cela est pour toi!" : "عن أبي هريرة رضي الله عنه: أن رسول الله صلى الله عليه وسلم قال: "خلق الله الخلق، فلما فرغ منه قامت الرحم، فقال: مه، قالت: هذا مقام العائذ بك من القطيعة، فقال: ألا ترضين أن أصل من وصلك وأقطع من قطعك، قالت: بلى يا رب، قال: فذلك لك"" (al-Bukhârî 7063, Muslim 2554).

Wallâhu A'lam (Dieu sait mieux).

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