Chez l'homme, il existe : – d'une part l'Action et le Comportement qui sont mûs par le Naturel (Tab'î) et qui constituent donc des besoins naturels (Tab'î) ; – et d'autre part l'Action et le Comportement qui sont mûs par la Raison et la Maturité ('Aqlî), et qui sont ainsi des devoirs - الفرق بين الطبعيّ والعقليّ

I) Introduction :

Il faut ici tout d'abord rappeler qu'il existe (entre autres) 3 facultés chez l'homme :

--- le Désir (الهوى, Hawâ*, الشهوة, Shahwa), qui consiste en le fait d'être attiré vers les choses dont l'homme a naturellement besoin pour vivre sur Terre en société (* parfois également désigné chez les soufis par le terme : النفس, Nafs) ;
--- le Cœur (القلب, Qalb), qui est la faculté d'aimer, de craindre, de ressentir des émotions, et aussi de se tourner vers Dieu, de distinguer les grands principes du bien et du mal ;
--- la Raison (العقل, 'Aql), qui est la faculté de comprendre, d'extrapoler, de soupeser, en un mot : de réfléchir.

Shâh Waliyyullâh écrit ainsi : "ويعلم من تتبع مواضع الاستعمال أن العقل هو الشيء الذي يدرك به الإنسان ما لا يدرك بالحواس؛ وأن القلب هو الشيء الذي به يحب الإنسان ويبغض، ويختار ويعزم؛ وأن النفس* هو الشيء الذي به يشتهي الإنسان ما يستلذه من المطاعم والمشارب والمناكح" (Hujjat-ullâh il-bâligha, 2/235) (* il s'agit de : "الهوى").

Le Cœur (القلب, Qalb) possède une facette tournée vers le Corps et les affaires de ce monde, et une autre tournée vers le rapprochement avec Dieu et le fait de faire comme les anges : "وتحقيقهما أن القلب له وجهان: وجه يميل إلى البدن والجوارح، ووجه يميل إلى التجرد والصرافة**؛ وكذلك العقل له وجهان: وجه يميل إلى البدن والحواس، ووجه يميل إلى التجرد والصرافة. فسموا ما يلي جانب السفل: قلبا وعقلا، وما يلي جانب الفوق: روحا وسرا" (Hujjat ullâh il-bâligha, 2/239) (** أي إلى التقرب من الله وإلى التشبه بالملائكة).

Shâh Waliyyullâh décrit les attributs et faits de chacune de ces 3 facultés :
"فـالقلب من صفاته وأفعاله: الغضب والجراءة والحب والجبن والرضا والسخط والوفاء بالمحبة القديمة والتلون في الحب والبغض وحب الجاه والجود والبخل والرخاء والخوف.
والعقل من صفاته وأفعاله: اليقين والشك والتوهم وطلب الأسباب لكل حادث والتفكر في حيل جلب المنافع ودفع المصار.
والنفس* منتهى صفاتها: الشره في المطاعم والمشارب اللذيذة وعشق*** النساء ونحو ذلك"
(Hujjat-ullâh il-bâligha, 2/226-237).
* Il s'agit de : "الهوى".
*** Il s'agit du "الاشتهاء إلى النساء" global. Sinon, le fait d'aimer son épouse pour ses qualités et les années de vie passées ensemble, cela relève pour sa part du Cœur, Qalb, "القلب".

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Que recouvrent ici, dans cet article, les termes "Tab'" et "'Aql" ?

En fait Tab' et 'Aql constituent 2 facultés totalement distinctes.

Le terme "Tab'" ("Nature de l'homme") désigne :
--- le Hawâ, donc les désirs et pulsions naturels de l'homme ;
--- ainsi que la part du Qalb qui touche les affaires du Corps et les affaires de ce monde : les sentiments, les émotions, etc. (à l'exclusion de la part du Qalb qui touche au rapprochement avec Dieu ainsi qu'aux affaires du monde des anges : cela relève de la Fit'ra, et donc aussi de la Tab' au sens général, mais pas de la Tab' au sens particulier que le terme a ici dans cet article).

L'adjectif "Tab'î" désigne donc : "ce qui est Naturel (non-spirituel) chez l'homme".

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Quant au terme "'Aql", "Raison", il s'emploie pour désigner plusieurs choses (qui sont d'ailleurs voisines), mais l'une d'elles est comme suit : on nomme "Raison" ('Aql) cette aptitude que l'homme doit développer en lui de ne pas se laisser mener par ce que lui dictent ses pulsions physiques ou ses émotions naturelles (Tab'), mais de canaliser et contrôler celles-ci.

C'est pourquoi j'ai traduit ici l'adjectif "'Aqlî" par : "Réfléchi et Entretenu" (et non plus par : "Conforme à la Raison", comme c'était le cas dans mon autre article : Le qualificatif "عقليّ" ("'Aqlî"), "Rationnel", possède plusieurs sens. - Tous les éléments du Dîn peuvent-ils être établis par la Raison (العقل) Seule ? sont-ils pour autant "irrationnels" ?).

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Le fait est que l'homme a un aspect "rationnel", au sens, ici, de : "réfléchi" ('Aqlî) mais aussi un aspect pulsionnel et émotionnel ("naturel" : "Tab'î") :

--- Lorsqu'il a faim, il a besoin de manger ; cela relève de ses désirs physiques (Shahawî), et est donc naturel (Tab'î). Cependant, si quand il est bébé il exprime ce besoin bruyamment et sans contrôle, au fur et à mesure de son développement, l'homme doit s'éduquer, pour apprendre à faire prendre de patience et de retenue, jusqu'à ce qu'une nourriture qui est licite pour lui soit disponible devant lui. En un mot, la raison ('Aql) de l'homme doit dominer l'expression de son besoin physique (Tab'î). Voilà qui demande une éducation, un savoir-être.

--- Lorsqu'un malheur l'atteint, il est triste : sa tristesse relève de l'émotionnel (Qalbî), et est donc naturelle (Tab'î). Cependant, l'homme doit faire preuve de patience et de retenue, pleurant mais ne se lamentant pas et ne hurlant pas. C'est donc de nouveau la raison ('Aql) de l'homme qui doit rester maître, sans pour autant nier son émotion. Cela aussi demande une éducation, un savoir-être.

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C'est pourquoi on dit à juste titre : "La Raison ('Aql) doit dominer le Tab', c'est-à-dire : les Désirs (Hawâ), ainsi que les Emotions et les Sentiments (Qalb)" :

Shâh Waliyyullâh écrit :
--- "اعلم أن الرجل العتيك (...) هو الذي غلب عقله على قلبه - مع قوة قلبه وسبوغ قواه -، وقهر قلبه على نفسه* ووفور مقتضياتها؛ فهذا هو الذي تمت أخلاقه، وقويت فطرته. ودونه أصناف كثيرة متفاوتة يظهرها التأمل الصحيح.
وأما الحيوان الأعجم، ففيه القوى الثلاث أيضا، إلا أن عقله مغلوب قلبه ونفسه في الغاية، فلم يستحق التكليف، ولا لحق بالملا الأعلى، وهو قوله تبارك وتعالى: {ولقد كرمنا بني آدم وحملناهم في البر والبحر ورزقناهم من الطيبات وفضلناهم على كثير ممن خلقنا تفضيلا}.
وهذا الرجل العتيك إن كان عقله منقادا للعقائد الحقة المأخوذة من الصادقين الآخذين عن الملأ الأعلى - صلوات الله عليهم -، فهو المؤمن حقا. (...). وإن كان عقله منقادا لعقائد زائغة مأخوذة من المضلين المبطلين فهو الملحد الضال. وإن كان" :
"Sache que l'homme fort (...) c'est celui dont la Raison domine
les [Emotions et Sentiments du] Cœur - cela malgré la force de son Cœur et le caractère complet de ses facultés -, et dont le Cœur domine le Hawâ et les demandes complètes de celui-ci ; voilà celui dont les qualités sont complètes, et dont la nature humaine est forte. 
En-deçà de lui se trouvent de nombreux types (humains) différents : une réflexion correcte les révélera.
Quant à l'animal, ces 3 facultés [Hawâ, Qalb et 'Aql] sont présentes en lui, mais sa Raison est extrêmement dominée par ses Emotions et ses (pulsions) Physiques, et c'est pourquoi il n'a pas eu la responsabilité de ses actes, ni n'a ressemblé aux anges élevés (...)"
 (Hujjat-ullâh il-bâligha, 2/240-241).

--- "ورجل ثالث يغلب عقله على القلب والنفس*؛ كـالرجل المؤمن حق الإيمان، انقلب حبه وبغضه وشهوته إلى ما يأمر به الشرع وإلى ما عرف من الشرع جوازه بل استحبابه، فلا يبتغي أبدا عن حكم الشرع حولا" (Hujjat-ullâh il-bâligha, 2/238).

--- تهذيب العقل هو السبب في تهذيب القلب والنفس*؛" (Hujjat-ullâh il-bâligha, 2/244). * Il s'agit de : "الهوى".

--- "وذلك لأنه ركب في الإنسان دواعي**** الأكل والشرب والنكاح، وجعل قلبه مطية للأحوال الطبيعية كالحزن والنشاط والغضب والوجل وغيرها، فلا يزال مشغولا بها (إذ كل حالة يتقدمها توجه النفس إلى أسبابها وانقياد القوى العلمية لما يناسبها، ويجتمع معها استغراق النفس فيها وذهولها عما سواها، ويتخلف عنها بقية ظلها ووضر لونها)؛ فتمر الأيام والليالي، وهو على ذلك، لا يتفرغ لتحصيل غيرها من الكمال. ورب إنسان ارتطمت قدماه في هذا الوحل، فلم يخرج منه طول عمره. ورب إنسان غلب عليه حكم الطبع، فخلع رقبته عن رقبة الرسم***** والعقل، ولم ينزجر بالملامة؛ وهذا الحجاب يسمى بالنفس. لكن من تم عقله، وتوفر تيقظه، يختطف من أوقاته فرصا يركد فيها أحوال الطبيعة، ويتسع نفسه لهذه الأحوال وغيرها، ويستوجب لفيضان علوم أخرى غير استيفاء مقتضيات الطبع، ويشتاق إلى الكمال النوعي بحسب القوتين العاقلة والعاملة" (Hujjat-ullâh il-bâligha, 1/169).
**** Ailleurs il a dit que cela relève des penchants du Nafs : 2/235, c'est-à-dire du Hawâ.
***** Ce terme désigne, sous la plume de Shâh Waliyyullâh : les us et coutumes de la société parmi lesquels l'individu vit, ainsi que : la conformité avec ces us et coutumes de la société et le regard de ses membres.

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Dès lors, il existe :

--- le Tab'î que la 'Aql doit laisser s'exprimer en soi, et lorsque dirigé vers tel objet, tout en maîtrisant son expression ; cela est donc Tab'î wa 'Aqlî ;
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--- le
Tab'î que la 'Aql doit laisser s'exprimer lorsque exprimé vers tel objet, mais doit complètement empêcher de s'exprimer lorsque exprimé vers tel autre objet ;
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--- le
Tab'î que la 'Aql doit complètement empêcher de s'exprimer ; et si cela s'exprime, c'est que cela a échappé au contrôle de la 'Aql : cela est alors Tab'î Ghayr 'Aqlî.

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Note :
Quand on dit que l'action faite à contrecœur ne rapportera aucune récompense dans l'autre monde, cela désigne l'action faite avec Karâhiyya 'Aqliyya (et non pas Karâhiyya Tab'iyya) dans le for intérieur. La personne a alors dûment fait cette action, mais uniquement parce qu'elle voulait ne pas s'attirer de problèmes de la part d'autres personnes, ou qu'elle voulait obtenir des faveurs de la part d'autres personnes ; sinon, dans son for intérieur, elle n'a aucune considération 'Aqlî pour cette action. 

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Quand, dans la Sunna, il est dit de la femme qu'elle est "Nâqissatu 'Aql" ("ما رأيت من ناقصات عقل ودين أذهب للب الرجل الحازم من إحداكن" : al-Bukhârî, 298, Muslim, 79-80), cela ne signifie pas qu'elle aurait une moindre intelligence que l'homme, mais que, chez elle, c'est à un degré moindre que chez l'homme que la Raison domine les Emotions et les Sentiments : elle se laisse donc aller à l'expression de certain(e)s de ses Emotions et Sentiments (du Qalb), là où l'homme empêcheraient ceux-ci de s'exprimer, donnant préférence sur eux à sa Raison ('Aql), car les percevant susceptibles de l'entraîner vers des conséquences malheureuses.

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--- Quand, dans la Sunna, il est dit que l'amour (Hubb) que le croyant doit avoir pour le Prophète (sur lui soit la paix) plus que pour tout autre être humain, cela désigne le Hubb 'Aqlî, et pas le Hubb Tab'î. Il ne s'agit plus, ici, de contradiction entre les deux : c'est seulement que le premier est obligatoire, mais pas le second. En effet, Tab'an le Hubb peut être plus grand pour une autre personne que pour le Prophète (sur lui soit la paix), mais ce qui importe c'est que 'Aqlan, le Hubb pour le Prophète domine, au point qu'on donne préférence à ce que cet amour implique, même vis-à-vis de la personne que, Tab'an, on aime davantage.
: "عن أبي هريرة رضي الله عنه، أن رسول الله صلى الله عليه وسلم قال: "فوالذي نفسي بيده، لا يؤمن أحدكم حتى أكون أحب إليه من والده وولده" (al-Bukhârî, 14), "عن أنس قال: قال رسول الله صلى الله عليه وسلم: "لا يؤمن عبد - وفي حديث عبد الوارث: الرجل - حتى أكون أحب إليه من أهله وماله والناس أجمعين" (Muslim, 44) : "والمراد بالمحبة هنا حب الاختيار، لا حب الطبع؛ قاله الخطابي" (FB 1/82) ; "قال الإمام أبو سليمان الخطابي: لم يرد به حب الطبع، بل أراد به حب الاختيار؛ لأن حب الإنسان نفسه طبع، ولا سبيل إلى قلبه. قال: فمعناه: لا تصدق في حبي حتى تفني في طاعتي نفسك وتؤثر رضاي على هواك (...). هذا كلام الخطابى" (ShM 2/15).
Dans le célèbre hadîth avec Omar ibn ul-Khattâb disant au Prophète : "Maintenant, par Dieu, tu es plus aimé par moi que ma propre personne" : "عن عبد الله بن هشام قال: كنا مع النبي صلى الله عليه وسلم وهو آخذ بيد عمر بن الخطاب، فقال له عمر: "يا رسول الله، لأنت أحب إلي من كل شيء إلا من نفسي"، فقال النبي صلى الله عليه وسلم: "لا، والذي نفسي بيده، حتى أكون أحب إليك من نفسك". فقال له عمر: "فإنه الآن، والله، لأنت أحب إلي من نفسي"، فقال النبي صلى الله عليه وسلم: "الآن يا عمر" (al-Bukhârî, 6257), ce que Omar a voulu dire par sa dernière phrase est qu'il a alors pris conscience que c'est le Hubb 'Aqlî qui entre en considération : "وقال الخطابي: حب الإنسان نفسه طبع، وحب غيره اختيار بتوسط الأسباب. وإنما أراد عليه الصلاة والسلام حب الاختيار إذ لا سبيل إلى قلب الطباع وتغييرها عما جبلت عليه. قلت: فعلى هذا فجواب عمر أوّلا كان بحسب الطبع؛ ثم تأمل فعرف بالاستدلال أن النبي صلى الله عليه وسلم أحب إليه من نفسه لكونه السبب في نجاتها من المهلكات في الدنيا والأخرى، فأخبر بما اقتضاه الاختيار؛ ولذلك حصل الجواب بقوله "الآن يا عمر" أي: الآن عرفت فنطقت بما يجب" (FB 11/643).

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L'islam ajoute :

"De plus, cette Raison ('Aql) – qui s'oriente déjà à la lumière du Cœur Spirituel, Qalb Rûhânî – doit s'éclairer encore plus à la lumière de la Révélation (Shar' / Dîn)".

Shâh Waliyyullâh écrit ceci aussi :
"
وهذا الرجل العتيك إن كان عقله منقادا للعقائد الحقة المأخوذة من الصادقين الآخذين عن الملأ الأعلى - صلوات الله عليهم -، فهو المؤمن حقا. (...).
وإن كان عقله منقادا لعقائد زائغة مأخوذة من المضلين المبطلين فهو الملحد الضال.
وإن كان"
:
"
Cet homme fort...
--- si sa Raison suit les Croyances correctes, qu'elle a prises des véridiques [= les prophètes], (...) – que les bénédictions et salutations de Dieu soient sur eux , alors (cet homme) est réellement le croyant ; (...)
--- et si sa Raison suit des Croyances erronées, qu'elle a prises de gens qui égarent et annihilent, alors (cet homme) est l'incroyant se fourvoyant. (...)"
 (Hujjat-ullâh il-bâligha, 2/241).

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II) Ci-après 5 types de Tab'î, selon que la Shar' en approuve l'expression à condition que la 'Aql garde la maîtrise, ou, à l'autre extrême, n'en approuve pas du tout l'expression :

1) Il y a le Tab'î que la Shar' approuve et qu'elle encourage. Le 'Aqlî (s'éclairant par la Shar') doit alors approuver et maintenir ce type de Tab'î, tout en en gardant la maîtrise :

----- 1.1) Il y a ici le Tab'î que la Shar' a approuvé et qu'elle soutient en soi, tout en demandant que le 'Aqlî garde le contrôle pour que l'élan Tab'î ne mène pas l'homme à franchir certaines limites Shar'î :

Un fils / une fille a de l'affection pour ses parents :
Cela est naturel, inné, et l'islam ne fait qu'encourager cela (tout en rappelant de ne pas suivre les parents s'ils ordonnent de faire ce que Dieu a strictement interdit, ou interdisent de faire ce que Dieu a formellement rendu obligatoire).

Un époux a de l'affection pour son épouse, une épouse a de l'affection pour son époux :
Cela est naturel, et l'islam ne fait qu'encourager cela. A 'Amr ibn ul-As qui lui demandait qui, parmi les humains, le Prophète (sur lui soit la paix) aimait le plus, il répondit : "Aïcha" : "عن أبي عثمان، أن رسول الله صلى الله عليه وسلم بعث عمرو بن العاص على جيش ذات السلاسل، قال: فأتيته فقلت: أي الناس أحب إليك؟ قال: "عائشة." قلت: من الرجال؟ قال: "أبوها." قلت: ثم من؟ قال: "عمر." فعد رجالا، فسكت مخافة أن يجعلني في آخرهم" (al-Bukhârî 4100, Muslim 2384).

Quelqu'un a de l'affection pour les gens de sa parenté :
Cela est naturel, et l'islam ne fait qu'encourager cela.
Cependant, cela doit rester sous contrôle, et ne pas tomber dans l'excès, poussant alors à l'esprit de clan, et à percevoir le "juste" et l'"injuste" en fonction de l'appartenance et la non-appartenance, à sa famille, des deux personnes en litige. "Est-ce que relève de l'esprit partisan ("al-'assabiyya") le fait que l'homme aime les gens de sa tribu ? demanda-t-on un jour. - Non, relate ce hadîth. Mais relève de l'esprit partisan le fait que l'homme aide les gens de sa tribu dans une cause qui n'est pas juste" : "عن عباد بن كثير الشامي، عن امرأة منهم يقال لها فسيلة، قالت: سمعت أبي يقول: سألت النبي صلى الله عليه وسلم، فقلت: "يا رسول الله، أمن العصبية أن يحب الرجل قومه؟" قال: "لا، ولكن من العصبية أن يعين الرجل قومه على الظلم" (Ibn Mâja, 39349 ; voir aussi Abû Dâoûd, 4454 : tous deux dha'îf). "Aide ton frère qu'il soit dans le juste ou l'injuste, dit encore le Prophète. – Je l'aiderai certes quand il est dans le juste, demanda un Compagnon, mais comment l'aider alors qu'il est injuste ?Tu l'empêcheras de commettre l'injustice : c'est l'aide que tu lui apporteras" (al-Bukhârî, 6552).

Le désir de vivre :
Cela est naturel, et souhaitable. Cependant, 'aqlan il faut se souvenir que la vie sur Terre est éphémère.

Aimer consommer des aliments naturels et délicieux, boire de l'eau fraîche un jour de chaleur :
Cela est reconnu et approuvé par la Shar'. Le Prophète (sur lui soit la paix) aimait l'aliment sucré ainsi que le miel : "عن عائشة رضي الله عنها، قالت: كان رسول الله صلى الله عليه وسلم يحب الحلواء والعسل" (al-Bukhârî, 5115, Muslim, 1474). Il est relaté que le prophète-roi David (sur lui soit la paix) disait cette invocation : "Ô Dieu, je Te demande Ton amour, l'amour de celui qui T'aime, et l'action qui me fera parvenir à Ton amour. Fais que Ton amour me soit plus aimé que moi-même et les miens, et que l'eau fraîche" : "كان من دعاء داود يقول: اللهم إني أسألك حبك، وحب من يحبك، والعمل الذي يبلغني حبك. اللهم اجعل حبك أحب إلي من نفسي وأهلي، ومن الماء البارد" (at-Tirmidhî, 3490, hadîth dha'îf d'après al-Albânî).
Lire notre article : L'amour : une qualité à orienter et développer.

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----- 1.2) Et il y a le Tab'î que la Shar' approuve en soi à condition que ce Tab'î demeure sous le contrôle du 'Aqlî :

Pleurer lors de la séparation (par la mort) d'un proche / Pleurer en voyant la souffrance d'autrui :
--- le Sabr, Patience, est obligatoire : pas de révolte contre la Décision de Dieu ;
--- par contre, pour ce qui est d'éprouver de la tristesse à cause de la séparation (ou à cause de la souffrance que l'on constate chez autrui) et de verser des larmes, cela n'est nullement interdit, ni même légèrement déconseillé, cela est bien. Le Prophète a pleuré à l'occasion du décès de proches parents ou d'amis. Il a pleuré notamment lors du décès de son fils Ibrâhîm en bas-âge : "L'œil pleure. Le cœur est triste. (Mais) nous ne disons que ce que notre Seigneur agrée. Et nous sommes, ô Ibrâhîm, attristés par la séparation d'avec toi" : "عن أنس بن مالك رضي الله عنه، قال: دخلنا مع رسول الله صلى الله عليه وسلم على أبي سيف القين، وكان ظئرا لإبراهيم عليه السلام، فأخذ رسول الله صلى الله عليه وسلم إبراهيم، فقبله، وشمه. ثم دخلنا عليه بعد ذلك وإبراهيم يجود بنفسه، فجعلت عينا رسول الله صلى الله عليه وسلم تذرفان. فقال له عبد الرحمن بن عوف رضي الله عنه: وأنت يا رسول الله؟ فقال: "يا ابن عوف إنها رحمة"، ثم أتبعها بأخرى فقال صلى الله عليه وسلم: "إن العين تدمع، والقلب يحزن، ولا نقول إلا ما يرضى ربنا، وإنا بفراقك يا إبراهيم لمحزونون" (al-Bukhârî, 1241, Muslim, 2315). La tristesse est affaire de Cœur ; l'acceptation du Destin de Dieu est affaire de Raison. "عن أبي هريرة، قال: زار النبي صلى الله عليه وسلم قبر أمه، فبكى وأبكى من حوله، فقال: "استأذنت ربي في أن أستغفر لها فلم يؤذن لي، واستأذنته في أن أزور قبرها فأذن لي، فزوروا القبور فإنها تذكر الموت" (Muslim, 976). "عن أنس بن مالك رضي الله عنه أن النبي صلى الله عليه وسلم: نعى جعفرا، وزيدا قبل أن يجيء خبرهم، وعيناه تذرفان" (al-Bukhârî, 3431). "عن أنس بن مالك رضي الله عنه، قال: شهدنا بنتا لرسول الله صلى الله عليه وسلم، قال: ورسول الله صلى الله عليه وسلم جالس على القبر، قال: فرأيت عينيه تدمعان. قال: فقال: "هل منكم رجل لم يقارف الليلة؟" فقال أبو طلحة: أنا. قال: "فانزل" قال: فنزل في قبرها" (al-Bukhârî, 1225). Le Prophète a même pleuré lorsque venu au chevet de Sa'd ibn 'Ubâda, alors malade au point d'être tombé sans connaissance : "عن عبد الله بن عمر رضي الله عنهما، قال: اشتكى سعد بن عبادة شكوى له، فأتاه النبي صلى الله عليه وسلم يعوده، مع عبد الرحمن بن عوف وسعد بن أبي وقاص وعبد الله بن مسعود رضي الله عنهم. فلما دخل عليه فوجده في غاشية أهله، فقال: "قد قضى؟" قالوا: "لا يا رسول الله". فبكى النبي صلى الله عليه وسلم. فلما رأى القوم بكاء النبي صلى الله عليه وسلم، بكوا. فقال: "ألا تسمعون؟ إن الله لا يعذب بدمع العين، ولا بـحزن القلب، ولكن يعذب بهذا - وأشار إلى لسانه - أو يرحم. وإن الميت يعذب ببكاء أهله عليه" (al-Bukhârî, 1242, Muslim, 924).
Or, ici, la tristesse et les larmes qui coulent ne sont pas juste tolérés (comme c'est le cas pour d'autres actions, de la Catégorie 3), elles sont l'expression d'une miséricorde : le Prophète l'a dit à Abd ur-Rahmân ibn 'Awf (voir plus haut) ; de même, répondant à Sa'd qui l'interrogeait sur ses larmes quand il croyait sa petite-fille Umâma bint Zaynab (FB 3/199-200) à l'orée de la mort, le Prophète répondit que ces larmes sont (l'expression d')"une miséricorde que Dieu a placée dans le cœur de ceux dont Il l'a voulu parmi Ses serviteurs, et qu'"Il ne fera miséricorde qu'à ceux de Ses serviteurs qui auront été miséricordieux" : "عن أسامة بن زيد رضي الله عنهما: أن ابنة للنبي صلى الله عليه وسلم أرسلت إليه، وهو مع النبي صلى الله عليه وسلم وسعد وأبي، نحسب "إن ابنتي قد حضرت فاشهدنا"، فأرسل إليها السلام ويقول: "إن لله ما أخذ وما أعطى، وكل شيء عنده مسمى، فلتحتسب ولتصبر." فأرسلت تقسم عليه. فقام النبي صلى الله عليه وسلم، وقمنا. فرفع الصبي في حجر النبي صلى الله عليه وسلم ونفسه جئث، ففاضت عينا النبي صلى الله عليه وسلم. فقال له سعد: "ما هذا يا رسول الله؟" قال: "هذه رحمة وضعها الله في قلوب من شاء من عباده، ولا يرحم الله من عباده إلا الرحماء" (al-Bukhârî, 5331 etc., Muslim, 923). C'est pourquoi an-Nawawî écrit que (verser des larmes de façon modérée), cela est "une fadhîla" : "معناه أن سعدا ظن أن جميع أنواع البكاء حرام وأن دمع العين حرام، وظن أن النبي صلى الله عليه وسلم نسي فذكره. فأعلمه النبي صلى الله عليه وسلم أن مجرد البكاء ودمع بعين ليس بحرام ولا مكروه بل هو رحمة وفضيلة، وإنما المحرم النوح والندب والبكاء المقرون بهما أو بأحدهما" (ShM 6/225).
Par contre, les pleurs très abondants mais n'allant pas jusqu'aux cris semblent pour leur part être seulement autorisés (jâ'ïz).

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2) Le Tab'î que la Shar' a considéré purement autorisé. Le 'Aqlî (s'éclairant par la Shar') peut alors maintenir ce type de Tab'î, tout en gardant la maîtrise :

Aimer son pays de naissance, ses coutumes, etc. :
Cela est naturel et est en soi Mubâh (autorisé).
Ce qu'il ne faut pas, c'est seulement que ces coutumes transgressent un interdit Shar'î, ou induisent le délaissement d'une obligation Shar'î.
Lire notre article : Quelques différences culturelles existant, en Arabie même, à l'époque du Prophète (صلى الله عليه وسلم), entre les musulmans de La Mecque et les musulmans de Médine ou d'ailleurs.

La jalousie (ghayra) que les co-épouses éprouvent l'une vis-à-vis de l'autre :
"واما غيرة النساء بعضهن من بعض فتلك ليس مأمورا بها لكنها من امور الطباع كالحزن على المصائب. وفي الصحيحين عن النبي صلى الله عليه وسلم انه قال: "كلوا، غارت امكم"، لما كسرت القصعة؛ وقالت عائشة: "أو لا يغار مثلى على مثلك؟"؛ وقالت: "ما غرت على امرأة ما غرت على خديجة" (Al-Istiqâma, 2/8).

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3) Le Tab'î dont la Shar' a considéré autorisé (jâ'ïz) l'expression, du moment que le 'Aqlî (s'éclairant par la Shar') garde la maîtrise sur ce type de Tab'î ; en même temps, la Shar' a recommandé de sublimer ce Tab'î :

Prendre sa revanche verbalement par rapport à celui qui nous a (réellement) fait du tort :
Le mieux est de pardonner. Mais, certaines personnes ne pouvant pas passer sur l'injustice qu'elles ont réellement subie, cet élan Tab'î a été reconnu, et, bien que "moins bien", a été gardé "légal", à condition qu'il demeure sous le contrôle de la 'Aql et que la personne qui se venge ne dépasse pas l'injustice subie.
Lire notre article : En ce Monde, pardonner à celui qui a commis une injustice à notre égard (ظُلْم, lésion de droit) relève du Fadhl (faveur). Demander réparation, voire lui rendre la pareille, relève du 'Adl (agir dans la justice) - أخذ حقك عن الغير عدل؛ والتنازل عن حقك فضل.

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4) Le Tab'î que la Shar' a seulement toléré, et cela aussi à une certaine condition. Le 'Aqlî (éclairé par la Shar') doit alors se différencier de ce type 4 de Tab'î :

----- 4.1) Il y a le Tab'î que la Shar' a seulement toléré, et ce encore : tant que cela demeure sous le contrôle du 'Aqlî :

La Karâhiyya Tab'iyya pour le résultat (Maf'ûl) de certains Faits (Af'âl) de Dieu qui se traduisent (Maf'ûl) par une Difficulté (Sayyi'a Kawniyya) pour soi :
Cela concerne des malheurs survenus dans sa vie. Il y a ici 2 choses :
--- le Sabr, Patience : cela est obligatoire : il s'agit de ne pas être en colère intérieurement contre la Décision de Dieu, de ne pas prononcer de parole contre cette Décision, et de ne pas faire d'actions interdites par Dieu ;
--- par contre, pour ce qui est du Ridhâ' bi-l-maqdhî bihî (Contentement par rapport au Résultat de la Décision de Dieu), cela est obligatoire au niveau 'Aqlî mais pas au niveau Tab'î. Il est alors toléré que quelqu'un dise alors : "J'aurais aimé, Tab'an, autre chose, mais, comme Dieu a décidé qu'ils sont survenus, je m'y résigne 'Aqlan, car toute Décision de Dieu est un Bien". (Alors qu'aucun malheur ne nous a frappé, on demande à Dieu : "عن أبي هريرة: كان رسول الله صلى الله عليه وسلم يتعوذ من "جهد البلاء، ودرك الشقاء، وسوء القضاء، وشماتة الأعداء" : al-Bukhârî, 5987, Muslim, 2707. En fait, avant la survenue, on parle de "Sû' ul-qadhâ'" au sens de Sû' Natîjati Qadhâ' illâh : cela est général et laissé flou. Par contre, une fois le malheur survenu, par respect pour Dieu on ne dit plus qu'il s'agit d'un Sû'.)

La Karâhiyya Tab'iyya pour certains Ahkâm Shar'iyya :
Quand Dieu dit : "فَلاَ وَرَبِّكَ لاَ يُؤْمِنُونَ حَتَّىَ يُحَكِّمُوكَ فِيمَا شَجَرَ بَيْنَهُمْ ثُمَّ لاَ يَجِدُواْ فِي أَنفُسِهِمْ حَرَجًا مِّمَّا قَضَيْتَ وَيُسَلِّمُواْ تَسْلِيمًا"  (Coran 4/65), dans lequel Il dit (entre autres) que les croyants ne doivent "pas ressentir en eux-mêmes de gêne par rapport" aux lois de la Shar', une telle gêne :
– constitue une parole de kufr akbar si elle consiste en l'expression, par la Langue, d'un rejet, du mépris ou du dégoût vis-à-vis d'une norme qui est ma'lûm min ad-dîn dharûratan ("Cette norme est injuste !") ;
– constitue un acte intérieur de kufr akbar si elle consiste en le rejet de, du mépris ou du dégoût, par la 'Aql, dans le for intérieur, par rapport à cette norme étant ma'lûm min ad-dîn dharûratan ;
– constitue un acte intérieur de fisq asghar (ou kufr asghar) si elle consiste en une gêne intérieure ressentie face à cette norme, gêne que d'une part le musulman ne laisse pas aller jusqu'au rejet (ou mépris) de cette norme, mais que, d'autre part, il entretient en son for intérieur (ce qui est le fait de sa 'Aql) ;
est complètement excusée si elle consiste en une simple gêne intérieure ressentie sur le plan Tab'î face à l'énoncé de la norme, mais que le musulman ni n'exprime par sa langue ou son geste, ni n'entretient 'Aqlan mais qu'au contraire il s'efforce de contrebalancer intérieurement, par l'acceptation volontaire ('Aqlan) de cette norme ("Aur Tab'î tanguî ma'âf hé", écrit Cheikh Thânwî quant à ce dernier point : Bayân ul-qur'ân 2/130-131).
Lire notre article : Se référer à autre chose que le Coran et la Sunna, est-ce systématiquement un acte de Kufr Akbar ? - Commentaire de Coran 4/60-70.

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----- 4.2) Et puis il y a le Tab'î qui, en soi, est contraire à la Shar' mais qui a été toléré par celle-ci (pour cause d'impossibilité pour tout un chacun de s'en préserver totalement), cela tant qu'on le soumet au 'Aql et qu'on ne l'exprime pas comme idée à laquelle on adhère :

La Waswassa :
Le Prophète (sur lui soit la paix) a dit : "عن أبي هريرة قال : قال رسول الله صلى الله عليه وسلم : "لا يزال الناس يتساءلون حتى يقال: "هذا خلق اللهُ الخلقَ، فمن خلق الله؟" فمن وجد من ذلك شيئا، فليقل: "آمنت بالله" : "Les hommes se posent des questions, jusqu'à se demander : "Dieu a certes créé la création (l'univers), eh bien qui donc a créé Dieu ?" Celui parmi vous qui ressent de cette [question] quelque chose [traverser son esprit], qu'il dise : "Je crois en Dieu"" (Muslim, 134). C'est là soit l'effet de ce que le Diable insuffle dans le for intérieur de l'homme, soit un questionnement naturel émanant de la raison humaine.
En fait, ressentir l'existence et la présence de Dieu est l'affaire du Cœur et n'est en rien contraire à la Raison. C'est de façon volontaire que le For Intérieur apporte foi en ce que le Cœur souffle. Cependant, la Raison étant habituée à raisonner dans un rapport d'espace, de temps et de lien de cause à effet, elle "tourne à vide" lorsqu'elle cherche à appréhender complètement l'idée d'un Etre qui n'a pas de début. Le Prophète a enseigné de chercher à dépasser et à contourner cette question (insoluble pour la pure raison humaine) en réaffirmant sincèrement son adhésion à la foi : "Je crois en Dieu" (dans une autre version : "Je crois en Dieu et en Ses Messagers").
Lire nos deux articles :
----- La foi musulmane et le doute - 4 Degrés (et sens) au terme "doute" (الشكّ) (suivi d'un Degré 0, qui ne consiste pas du tout en cela) - Le prophète Abraham (عليه السلام) douta-t-il de la Capacité de Dieu à ressusciter les morts ? ;
----- Serons-nous jugés pour nos pensées aussi ?.

Exprimer gentiment à Dieu qu'ils auraient souhaité que tel devoir soit institué, mais plus tard, ou pas en cette occasion-là :
----- Cela semble être le cas dans le propos de certains Compagnons qui a été relaté dans ce célèbre verset : "أَلَمْ تَرَ إِلَى الَّذِينَ قِيلَ لَهُمْ كُفُّوا أَيْدِيَكُمْ وَأَقِيمُوا الصَّلَاةَ وَآتُوا الزَّكَاةَ فَلَمَّا كُتِبَ عَلَيْهِمُ الْقِتَالُ إِذَا فَرِيقٌ مِّنْهُمْ يَخْشَوْنَ النَّاسَ كَخَشْيَةِ اللَّهِ أَوْ أَشَدَّ خَشْيَةً وَقَالُوا رَبَّنَا لِمَ كَتَبْتَ عَلَيْنَا الْقِتَالَ لَوْلَا أَخَّرْتَنَا إِلَىٰ أَجَلٍ قَرِيبٍ قُلْ مَتَاعُ الدُّنْيَا قَلِيلٌ وَالْآخِرَةُ خَيْرٌ لِّمَنِ اتَّقَىٰ وَلَا تُظْلَمُونَ فَتِيلًا أَيْنَمَا تَكُونُوا يُدْرِككُّمُ الْمَوْتُ وَلَوْ كُنتُمْ فِي بُرُوجٍ مُّشَيَّدَةٍ" (Coran 4/77-78) (la phrase qui suit, au verset 4/78, constitue un tout autre propos, lequel propos a été commenté dans un autre article). Ce verset 4/77 ne parle pas d'Hypocrites (comme le dit l'un des commentaires existants : voir par exemple Zâd ul-massîr, ou Asbâb un-Nuzûl li-l-Wâhidî), car des Hypocrites n'auraient pas dit : "رَبَّنَا لِمَ كَتَبْتَ عَلَيْنَا الْقِتَالَ لَوْلَا أَخَّرْتَنَا إِلَىٰ أَجَلٍ قَرِيبٍ". Il évoque des Compagnons. Et, d'un côté, ces Compagnons n'ont pas, ici, rejeté ni même critiqué l'impératif, reçu une fois à Médine (donc en pays musulman souverain), de prendre les armes pour se défendre contre l'ennemi agresseur. De l'autre côté, ce verset ne relate pas non plus le seul fait qu'ils aient ressenti quelque chose de Tab'î du niveau 2 (comme cela est pour sa part exprimé dans cet autre verset : "كُتِبَ عَلَيْكُمُ الْقِتَالُ وَهُوَ كُرْهٌ لَّكُمْ" : Coran 2/216). En Coran 4/77, le propos de ces Compagnons a été l'expression de cette préférence Tab'î par un souhait : c'est que ce devoir leur eût été imposé, oui, mais seulement plus tard. Ce ne fut certes pas un refus de leur part, néanmoins un léger reproche est contenu dans ce verset.
----- Un autre passage coranique existe qui relate quelque chose de voisin : "وَإِنَّ فَرِيقاً مِّنَ الْمُؤْمِنِينَ لَكَارِهُونَ يُجَادِلُونَكَ فِي الْحَقِّ بَعْدَمَا تَبَيَّنَ كَأَنَّمَا يُسَاقُونَ إِلَى الْمَوْتِ وَهُمْ يَنظُرُونَ" (Coran 8/8-9) : cet autre passage relate ce qui s'est passé au moment de la consultation que le Prophète avait faite près de Badr avec les Compagnons présents. A l'origine ils étaient sortis de Médine pour seulement intercepter une caravane de l'ennemi mecquois. Ensuite, une fois en chemin, ils apprirent que la caravane, ayant découvert que des musulmans attendaient son passage, avait envoyé une demande de secours à La Mecque, ce qui avait déclenché le départ d'une armée vers eux. Un peu plus loin ils apprirent, suite à une révélation reçue de Dieu par Son Messager, qu'ils auraient à se confronter à l'une des deux : soit à la caravane, soit à l'armée ; et ils souhaitaient que ce fût la caravane. Enfin, ils apprirent que la caravane avait réussi à bifurquer et se rendre sur la plaine du littoral. Alors, pendant la consultation que le Prophète fit quant à la conduite à tenir face à ces changements de situation (devaient-ils s'en retourner, ou continuer à avancer jusqu'à rencontrer l'armée ennemie), la plupart des Compagnons présents se dirent prêts à affronter l'armée ; mais un groupe de croyants se montra hésitant, et dit : "Si tu nous en avais informés au préalable, nous aurions pris nos dispositions" : il ne souhaitait toujours pas la rencontre avec l'ennemi, alors même qu'il était établi que ce dernier se dirigeait vers le groupe mené par le Prophète ("يُجَادِلُونَكَ فِي الْحَقِّ بَعْدَمَا تَبَيَّنَ"). C'est de ce groupe de croyants que ce verset parle, leur faisant un léger reproche (inkâr) (Tafsîr ul-Qurtubî, 7/369).
----- Un autre passage coranique parle de quelque chose de voisin lors de la mobilisation pour aller vers Shâm en l'an 9 de l'hégire : "يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آمَنُواْ مَا لَكُمْ إِذَا قِيلَ لَكُمُ انفِرُواْ فِي سَبِيلِ اللّهِ اثَّاقَلْتُمْ إِلَى الأَرْضِ أَرَضِيتُم بِالْحَيَاةِ الدُّنْيَا مِنَ الآخِرَةِ فَمَا مَتَاعُ الْحَيَاةِ الدُّنْيَا فِي الآخِرَةِ إِلاَّ قَلِيلٌ إِلاَّ تَنفِرُواْ يُعَذِّبْكُمْ عَذَابًا أَلِيمًا وَيَسْتَبْدِلْ قَوْمًا غَيْرَكُمْ وَلاَ تَضُرُّوهُ شَيْئًا وَاللّهُ عَلَى كُلِّ شَيْءٍ قَدِيرٌ" (Coran 9/38-39). Ceux que ce passage évoque ne sont pas des Hypocrites, mais des Croyants. Néanmoins, ceux qui sont évoqués ici ont montré une certaine lenteur à répondre à l'appel, et c'est ce qui leur a été reproché ici : "قوله تعالى: {اثاقلتم إلى الأرض}: قال المفسرون: معناه "اثاقلتم إلى نعيم الأرض"، أو "إلى الإقامة بالأرض". وهو توبيخ على ترك الجهاد وعتاب على التقاعد عن المبادرة إلى الخروج" (Tafsîr ul-Qurtubî).

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5) Le Tab'î dont il arrive qu'il existe chez certaines personnes, mais que la Shar' n'a pas du tout considéré autorisé. Le 'Aqlî (éclairé par la Shar') doit alors se distinguer de ce type 5 de Tab'î, et lutter pour qu'il n'y ait pas passage à l'acte :

Ainsi en est-il de tout ce qui est penchants que certains hommes peuvent avoir en eux de tuer, de violer, de voler, d'avoir des relations consenties avec une personne du même sexe :
Tout cela est peut-être Tab'î chez ces personnes précises, mais leur 'Aql doit rester maître, et les empêcher de passer à l'acte. Ces personnes peuvent, pour cela, se faire aider par les hommes adéquats, qui leur fourniront un accompagnement.
Lire notre article : La présence d'un gène constitue-t-elle une excuse ?.

Wallâhu A'lam (Dieu sait mieux).

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