Peut-on, lorsqu'on adresse une invocation à Dieu, lui dire : "O Dieu, exauce cette invocation au nom de la place que le Prophète a auprès de Toi" ? (دعاء الله بالوسيلة)

Question :

Un coreligionnaire et ami me dit que lorsqu'il fait une invocation à Dieu (du'â), il prend parfois le nom du Prophète, non pas pour l'invoquer mais de la manière suivante "O Dieu, accepte mon invocation par l'intermédiaire du Prophète Muhammad". Je lui ai demandé si cela ne relevait pas de l'associationnisme (shirk) à Dieu. Il réfute ceci totalement, disant ne s'adresser qu'à Dieu et uniquement à Lui, mais passer, pour donner un peu plus de force à sa requête, par l'intermédiaire d'un saint homme comme le Prophète, qui est proche de Dieu. Il justifie ceci en citant le verset 35 de la sourate 5 du Coran, où Dieu dit : "O les croyants, craignez Dieu et prenez le moyen qui vous rapprochera de Lui…"

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Réponse :

Il faut en fait distinguer ici plusieurs cas...

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Attention : Adresser à un Autre que Dieu ce qui constitue non pas une simple demande mais bel et bien une invocation, cela est strictement interdit :

Demander à un autre que Dieu (un ange, un djinn, un saint, un prophète, le Prophète, etc.) d'exaucer pareille requête, en pensant que cet autre que Dieu est proche de Dieu… cela n'est évidemment pas autorisé
Adresser pareille invocation à autre que Dieu, cela constitue un associationnisme grand et évident (shirk akbar jalî). "L'adoration, c'est l'invocation" a dit le Prophète (rapporté par at-Tirmidhî, n° 2969, Abû Dâoûd, n° 1479), montrant par là que l'invocation ne doit être adressée qu'à Dieu, puisque les musulmans n'adorent que Lui.

Ainsi, demander au Prophète (sur lui soit la paix) : "O Prophète, toi-même éloigne de moi le malheur dans lequel je me trouve, et ce à cause du fait que Tu es proche de Dieu", cela constitue du shirk akbar.

J'en ai parlé dans un autre article, et dans un autre article encore.
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Ce n'est pas de cela que nous parlerons ici.

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Ici nous parlons d'un autre cas : Invoquer Dieu, mais Lui adresser alors une requête "par quelque chose" :

Et, ici, 3 grands cas existent, selon le sens conféré à cette particule "bi" :
cas A) soit elle introduit le serment (qassam) ;
cas B) soit elle introduit à la cause motrice (sabab) ;
cas C) soit elle introduit au moyen, outil (wassîla).

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Cas A) La particule "bi" a été employée pour induire un serment (bâ' ul-qassam) :

Deux ramifications de ce cas A existent :

A.1) Dire : "Par Ta Face ! accorde-moi le Paradis, ô Dieu".
A.2) Dire : "Par Ton Messager Muhammad ! accorde-moi telle chose, ô Dieu".

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A.1) Dire : "Par ta Face ! accorde-moi le Paradis, ô Dieu" :

Cela est autorisé (Al-Qawl ul-mufîd, p. 942). Cela sert à appuyer la demande que l'on adresse à Dieu.
"عن جابر قال: قال رسول الله صلى الله عليه وسلم: "لا يسأل بوجه الله إلا الجنة" (Abû Dâoûd, 1671, dha'îf). 

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A.2) Dire : "Par Ton Messager Muhammad ! accorde-moi telle chose, ô Dieu" :

Cela n'est pas autorisé, notamment parce que le Prophète (sur lui soit la paix) a interdit de faire serment par autre que Dieu : "عن سعد بن عبيدة، أن ابن عمر سمع رجلا يقول: "لا والكعبة"، فقال ابن عمر: "لا يحلف بغير الله. فإني سمعت رسول الله صلى الله عليه وسلم يقول: "من حلف بغير الله فقد كفر أو أشرك". هذا حديث حسن. وفسر هذا الحديث عند بعض أهل العلم أن قوله "فقد كفر" أو "أشرك" على التغليظ" : "Celui qui fait serment par autre chose que Dieu commet un acte d'associationnisme" (at-Tirmidhî, n° 1535 ; voir aussi Abû Dâoûd, n° 3251). Il s'agit ici d'un petit associationnisme (shirk asghar), comme cela ressort de ce que at-Tirmidhî a relaté en commentaire de ce Hadîth.

Ibn Taymiyya écrit : "Faire le serment par une créature lorsqu'on parle à une autre créature n'est pas autorisé. Que dire alors de faire le serment par une créature lorsqu'on parle au Créateur ?" : "فقد تبين أن قول القائل "أسألك بكذا" نوعان: فإن الباء قد تكون للقسم، وقد تكون للسبب؛ فقد تكون قسما به على الله، وقد تكون سؤالا بسببه. فأما الأول: فالقسم بالمخلوقات لا يجوز على المخلوق، فكيف على الخالق؟ وأما الثاني - وهو السؤال بالمعظم، كالسؤال بحق الأنبياء -، فهذا فيه نزاع: وقد تقدم عن أبي حنيفة وأصحابه أنه لا يجوز ذلك؛ ومن الناس من يجوز ذلك. فنقول: قول السائل لله تعالى: "أسألك بحق فلان وفلان من الملائكة والأنبياء والصالحين وغيرهم أو بجاه فلان أو بحرمة فلان" يقتضي أن هؤلاء لهم عند الله جاه؛ وهذا صحيح، فإن هؤلاء لهم عند الله منزلة وجاه وحرمة يقتضي أن يرفع الله درجاتهم ويعظم أقدارهم ويقبل شفاعتهم إذا شفعوا - مع أنه سبحانه قال: {من ذا الذي يشفع عنده إلا بإذنه} - ويقتضي أيضا أن من اتبعهم واقتدى بهم فيما سن له الاقتداء بهم فيه كان سعيدا ومن أطاع أمرهم الذي بلغوه عن الله كان سعيدا؛ ولكن ليس نفس مجرد قدرهم وجاههم مما يقتضي إجابة دعائه إذا سأل الله بهم حتى يسأل الله بذلك" (MF 1/210-211 ; Qâ'ïda jalîla fi-t-tawassul wa-l-wassîla, Ibn Taymiyya, pp. 78-79).

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Cas B) La particule "bi" a été employée pour désigner "la cause" (bâ' us-sababiyya) : "O Dieu, je Te demande ceci par le fait que Tu es Généreux" / "à cause du fait que Tu es Généreux" / "au nom du fait que Tu es Généreux" :

Le bâ' est ici un bâ' us-sababiyya : c'est ce type d'invocation qui constitue le du'â bi-l-wassîla.

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Plusieurs ramifications de ce cas B existent :

B.1) Dire : "O Dieu, accepte ma demande à cause du fait que Tu es généreux".
B.2) Dire : "O Dieu, accepte ma demande à cause de telle bonne action que j'ai faite pour Toi".
B.3) Dire : "O Dieu, accepte ma demande à cause du droit que ceux qui Te demandent quelque chose ont par rapport à Toi".
B.4) Dire : "O Dieu, accepte ma demande à cause de l'amour que j'ai pour le Prophète".
B.5) Dire : "O Dieu, accepte ma demande à cause du droit qu'a le Prophète auprès de Toi".
B.6) Dire : "O Dieu, accepte ma demande à cause de la place que Tu as accordée au Prophète".
B.7) Dire : "O Dieu, accepte ma demande à cause de la personne du Prophète" / "au nom du Prophète".
B.8) Dire : "O Dieu, accepte ma demande à cause du Prophète".

Nous allons voir maintenant que penser de chacune de ces ramifications.

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B.1) Dire : "O Dieu, je Te demande telle chose à cause du fait que Tu es généreux" :

Cela est autorisé, car il s'agit d'une invocation qu'on adresse à Dieu en faisant Ses éloges, en citant Ses Attributs (Sifât).

Cela revient en fait à adresser à Dieu la requête qu'on a, en Lui précisant qu'on Lui adresse cette demande parce qu'Il a tel Attribut.

C'est ce qu'on trouve dans certains hadîths, tels que celui-ci : "عن أنس، أنه كان مع رسول الله صلى الله عليه وسلم جالسا ورجل يصلي، ثم دعا: "اللهم إني أسألك بأن لك الحمد، لا إله إلا أنت المنان، بديع السموات والأرض، يا ذا الجلال والإكرام، يا حي يا قيوم". فقال النبي صلى الله عليه وسلم: "لقد دعا الله باسمه العظيم الذي إذا دعي به أجاب، وإذا سئل به أعطى" : Le Prophète a entendu un homme invoquer Dieu en lui disant : "O Dieu, je T'adresse cette requête par le fait qu'à Toi revient la louange…", et il approuva cette façon de faire des invocations (rapporté par Abû Daoûd, n° 1495, an-Nassâ'ï, n° 1300, Ibn Mâja, n° 3858). Ceci revient à dire : "Je t'adresse cette requête à cause du fait qu'à Toi revient la louange. Car celui qui est détenteur des louanges agrée les requêtes qui lui sont adressées".
Dans "أسألك بأن لك الحمد", le bâ' est un bâ' us-sababiyya, et cela constitue du du'â bi-l-wassîla.
Quant à la phrase "لقد دعا الله باسمه العظيم الذي إذا دعي به أجاب، وإذا سئل به أعطى", le bâ' y est un bâ' ul-isti'âna.

C'est aussi ce qui figure dans le hadîth suivant : "عن محجن بن الأدرع أن رسول الله صلى الله عليه وسلم دخل المسجد، إذا رجل قد قضى صلاته وهو يتشهد، فقال: اللهم إني أسألك يا ألله بأنك الواحد الأحد الصمد الذي لم يلد ولم يولد ولم يكن له كفوا أحد، أن تغفر لي ذنوبي، إنك أنت الغفور الرحيم، فقال رسول الله صلى الله عليه وسلم: "قد غفر له"، ثلاثا" (an-Nassâ'ï, n° 1031).

On trouve encore d'autres invocations figurant dans d'autres hadîths, où on demande à Dieu de nous accorder telle ou telle chose parce qu'Il est détenteur de tel ou tel Attributs (cliquez ici pour en découvrir quelques-unes).

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C'est des Attributs de Dieu que découlent Ses Noms Qualificatifs.

On trouve donc également mention de Ses Noms dans des invocations figurant dans des hadîths, notamment celui-ci :
"أسألك بكل اسم هو لك سميت به نفسك - أو علمته أحدا من خلقك، أو أنزلته في كتابك، أو استأثرت به في علم الغيب عندك -، أن تجعل القرآن ربيع قلبي، ونور صدري، وجلاء حزني، وذهاب همي" (Ahmad, 3712 ; authentifié par Ahmad Muhammad Shâkir, ainsi que par al-Albânî in Silsilat ul-ahâdîth is-sahîha 199).
Cela constitue bien un du'â' bi-l-wassîla ("وفيه التوسل بأسماء الله تعالى التي سما بها نفسه - ما علم العباد منها وما لم يعلموا، ومنها ما استأثر به في علم الغيب عنده فلم يطلع عليه ملكا مقربا ولا نبيا مرسلا -. وهذه الوسيلة أعظم الوسائل وأحبها إلى الله وأقربها تحصيلا للمطلوب" : Mir'ât ul-mafâtîh relatant le propos de al-Jazarî).

Dans ce hadîth venant d'être cité :

--- soit le bâ' est un bâ' us-sababiyya, et l'invocation est alors à traduire ainsi : "Je Te demande, au nom de chaque Nom qui est Tien (...), de faire du glorieux Coran le printemps de mon coeur, la lumière de ma poitrine, ce qui enlève ma tristesse et ce qui fait disparaître mon souci" ; en d'autres termes : "à cause du fait que Tu es le Pardonnant, etc.". Le Nom Qualificatif de Dieu renvoyant à l'Attribut lui correspondant, cet Attribut est donc la cause, sabab, de l'exaucement dont on espère que Dieu va faire de notre requête. En fait la cause qui fait qu'on Lui adresse des demandes est double :
----- l'état de besoin du demandeur ;
----- le fait que Dieu, ayant tel Attribut, agit ainsi et ainsi avec Ses créatures ;

--- soit le bâ' est un bâ' ul-isti'âna, lequel introduit au moyen par lequel on fait l'action : nous verrons cela plus bas (en C.1).

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B.2) Dire : "O Dieu, accepte ma demande à cause de telle bonne action que j'ai faite pour Toi" :

Cela est autorisé.

C'est ce que trois personnes prises dans une grotte avaient fait. Le Prophète a raconté d'elles ces propos : "عن عبد الله بن عمر رضي الله عنهما، قال: سمعت رسول الله صلى الله عليه وسلم يقول: "انطلق ثلاثة رهط ممن كان قبلكم حتى أووا المبيت إلى غار، فدخلوه فانحدرت صخرة من الجبل، فسدت عليهم الغار، فقالوا: "إنه لا ينجيكم من هذه الصخرة إلا أن تدعوا الله بصالح أعمالكم." فقال رجل منهم: "اللهم كان لي أبوان شيخان كبيران، وكنت لا أغبق قبلهما أهلا، ولا مالا فنأى بي في طلب شيء يوما، فلم أرح عليهما حتى ناما، فحلبت لهما غبوقهما، فوجدتهما نائمين وكرهت أن أغبق قبلهما أهلا أو مالا، فلبثت والقدح على يدي، أنتظر استيقاظهما حتى برق الفجر، فاستيقظا، فشربا غبوقهما، اللهم إن كنت فعلت ذلك ابتغاء وجهك، ففرج عنا ما نحن فيه من هذه الصخرة." فانفرجت شيئا لا يستطيعون الخروج" (al-Bukhârî, 2152, Muslim, 2743).
"O Dieu, si Tu sais que j'ai fait cette bonne action pour la recherche de Ton agrément, fais en sorte que nous puissions sortir" (rapporté par al-Bukhârî, n° 5629, Muslim, n° 2743). "" (MF ; Qâ'ïda jalîla fi-t-tawassul wa-l-wassîla, p. 181). Ceci revient à dire : "Agrée notre demande à cause de telle bonne action que j'avais faite pour Toi".

Cela est dû au fait que Dieu Lui-même a dit : "وَيَسْتَجِيبُ الَّذِينَ آمَنُوا وَعَمِلُوا الصَّالِحَاتِ وَيَزِيدُهُم مِّن فَضْلِهِ" : "Et Il exauce ceux qui ont apporté foi et fait les bonnes actions, et Il leur accorde davantage, de par Sa Grâce" (Coran 42/26).
On lui demande donc d'exaucer notre requête à cause du fait qu'on a fait telle bonne action : ce qui signifie :
"au nom de la promesse qu'Il a faite".

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B.3) Dire : "O Dieu, accepte ma demande à cause du droit que ceux qui Te demandent quelque chose ont par rapport à Toi" :

Les créatures ont-elles un droit sur Dieu ? 
Un droit naturel : Non.
Mais un droit au seul sens où Dieu va remplir les Promesses qu'Il a faites par Pure Faveur : Oui (MF 1/213-220).

Vu qu'Il a promis d'exaucer ceux qui Lui demandent des choses, il est donc autorisé de Lui dire la formule relatée ci-dessus (MF 1/219-220 ; 1/339-340). Mais ce dans la mesure où cela renvoie au 2.B.1 (le fait qu'Il exauce ceux qui Lui demandent) : "وإذا كان حق السائلين والعابدين له هو الإجابة والإثابة بذلك، فذاك سؤال لله بأفعاله؛ كالاستعاذة بنحو ذلك في قوله صلى الله عليه وسلم: "أعوذ برضاك من سخطك وبمعافاتك من عقوبتك وأعوذ بك منك لا أحصي ثناء عليك أنت كما أثنيت على نفسك". فالاستعاذة بمعافاته التي هي فعله: كالسؤال بإثابته التي هي فعله" (MF 1/240-241).
Peut-être que cela renvoie à quelque chose du B.2 aussi : la bonne action de Lui demander ?

Il y a sur le sujet un hadîth dha'îf (à cause de 'Atiyya al-'Awfî) : "عن فضيل بن مرزوق، عن عطية، عن أبي سعيد الخدري قال: قال رسول الله صلى الله عليه وسلم: "من خرج من بيته إلى الصلاة، فقال: "اللهم إني أسألك بحق السائلين عليك، وأسألك بحق ممشاي هذا، فإني لم أخرج أشرا ولا بطرا، ولا رياء ولا سمعة، وخرجت اتقاء سخطك وابتغاء مرضاتك، فأسألك أن تعيذني من النار وأن تغفر لي ذنوبي، إنه لا يغفر الذنوب إلا أنت"، أقبل الله عليه بوجهه، واستغفر له سبعون ألف ملك" (Ibn Mâja, 778).

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B.4) Dire : "O Dieu, accepte ma demande à cause de l'amour que j'ai pour le Prophète" :

L'amour pour le Prophète étant une bonne action, ce cas est semblable au précédent et est donc autorisé.
"فإن كان مقصود المتوسلين: التوسل بالإيمان به وبمحبته وبموالاته وبطاعته، فلا نزاع بين الطائفتين. وإن كان مقصودهم التوسل بذاته، فهو محل النزاع؛ وما تنازعوا فيه يرد إلى الله والرسول. وليس مجرد كون الدعاء حصل به المقصود ما يدل على أنه سائغ في الشريعة" (MF 1/264 ; Qâ'ïda jalîla fi-t-tawassul wa-l-wassîla, p. 123).
"فمن قال: "أسألك بإيماني بك وبرسولك" ونحو ذلك، أو: "بإيماني برسولك ومحبتي له" ونحو ذلك، فقد أحسن في ذلك" (MF 1/342 ; Qâ'ïda jalîla fi-t-tawassul wa-l-wassîla, p. 185).

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B.5) Dire : "O Dieu, accepte ma demande à cause du droit (haqq) qu'a le Prophète auprès de Toi" (MF 1/202 ; Qâ'ïda jalîla fi-t-tawassul wa-l-wassîla, p. 71) :

Ibn Taymiyya écrit que cela n'est pas autorisé : "وهذا هو الذي قال أبو حنيفة وأصحابه: "إنه لا يجوز"؛ ونهوا عنه حيث قالوا: "لا يسأل بمخلوق، ولا يقول أحد: "أسألك بحق أنبيائك" (MF 1/202 ; Qâ'ïda jalîla fi-t-tawassul wa-l-wassîla, p. 71). 

--- Concernant la formule : "Accepte ma demande à cause du droit (haqq) que Tu as accordé à Ton Prophète", voici ce qu'on lit dans Ad-Durr ul-mukhtâr : "و)كره قوله (بحق رسلك وأنبيائك وأوليائك) أو بحق البيت، لأنه لا حق للخلق على الخالق تعالى" : "Et il est mak'rûh de dire [dans son invocation faite à Dieu] : "à cause du droit de Tes Messagers, de Tes Prophètes et de Tes Amis", ou "à cause du droit de(s Gens de) la Maison" ; car aucune créature n'a de droit sur le Créateur, Elevé" (Ad-Durr ul-mukhtâr 9/569).
A propos de cette question (une autre formule a été citée trois pages plus tôt), il s'agit d'une karâhiyya tahrîmiyya, comme l'écrit ash-Shâmî (Radd ul-muhtâr, 9/567-568).
Voir aussi Al-Hidâya (2/458-459). 

Par contre, si on veut dire par là : "à cause de la promesse d'acceptation que Tu as faite à Ton Messager concernant les invocations que celui-ci T'adresse", alors cela rejoint le point C (à venir plus bas).

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B.6) Dire : "O Dieu, accepte ma demande à cause de la place (jâh, karâma) que Tu as accordée au Prophète" :

Il n'y a pas de rapport direct entre l'invocation que le musulman adresse à Dieu, et la karâma que Dieu a accordée à Son Prophète. 

Le seul rapport qu'on peut imaginer entre les deux est : "à cause du fait que j'ai apporté foi en ce Prophète que Tu as honoré, et dont Tu honoreras alors aussi les gens de sa Umma en acceptant leurs invocations" : cela rejoint alors le cas B.8.4, ci-après, qui, lui-même, correspond au cas B.4, ci-dessus.

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B.7) Dire : "O Dieu, accepte ma demande à cause de la personne du Prophète" :

Cela n'est pas autorisé.
"فإن كان مقصود المتوسلين: التوسل بالإيمان به وبمحبته وبموالاته وبطاعته، فلا نزاع بين الطائفتين. وإن كان مقصودهم التوسل بذاته، فهو محل النزاع؛ وما تنازعوا فيه يرد إلى الله والرسول. وليس مجرد كون الدعاء حصل به المقصود ما يدل على أنه سائغ في الشريعة" (MF 1/264 ; Qâ'ïda jalîla fi-t-tawassul wa-l-wassîla, p. 123).
"فلفظ التوسل يراد به ثلاثة معان: أحدها: التوسل بطاعته؛ فهذا فرض لا يتم الإيمان إلا به. والثاني: التوسل بدعائه وشفاعته؛ وهذا كان في حياته، ويكون يوم القيامة يتوسلون بشفاعته. والثالث: التوسل به بمعنى الإقسام على الله بذاته، والسؤال بذاته؛ فهذا هو الذي لم تكن الصحابة يفعلونه في الاستسقاء ونحوه، لا في حياته، ولا بعد مماته لا عند قبره ولا غير قبره، ولا يعرف هذا في شيء من الأدعية المشهورة بينهم. وإنما ينقل شيء من ذلك في أحاديث ضعيفة مرفوعة وموقوفة أو عمن ليس قوله حجة كما سنذكر ذلك إن شاء الله تعالى. وهذا هو الذي قال أبو حنيفة وأصحابه "إنه لا يجوز"، ونهوا عنه حيث قالوا: "لا يسأل بمخلوق، ولا يقول أحد: أسألك بحق أنبيائك" (MF 1/202 ; Qâ'ïda jalîla fi-t-tawassul wa-l-wassîla, p. 71).
"وأما التوسل بدعائه وشفاعته - كما قال عمر - فإنه توسل بدعائه، لا بذاته؛ ولهذا عدلوا عن التوسل به إلى التوسل بعمه العباس ولو كان التوسل هو بذاته لكان هذا أولى من التوسل بالعباس" (MF 1/201).
"وقوله: "اللهم إنا كنا إذا أجدبنا نتوسل إليك بنبينا فتسقينا وإنا نتوسل إليك بعم نبينا" يدل على أن التوسل المشروع عندهم هو التوسل بدعائه وشفاعته، لا السؤال بذاته؛ إذ لو كان هذا مشروعا، لم يعدل عمر والمهاجرون والأنصار عن السؤال بالرسول إلى السؤال بالعباس. وشاع النزاع في السؤال بالأنبياء والصالحين، دون الإقسام بهم؛ لأن بين السؤال والإقسام فرقا" (MF 1/223).
Ibn Taymiyya écrit : "Les hadîths qui sont relatés à ce sujet - demander (quelque chose à Dieu) à cause des personnes des créatures -, sont tous faibles, voire inventés" : "والأحاديث التي تروى في هذا الباب - وهو السؤال بنفس المخلوقين - هي من الأحاديث الضعيفة الواهية بل الموضوعة ولا يوجد في أئمة الإسلام من احتج بها ولا اعتمد عليها" (MF 1/252 ; Qâ'ïda jalîla fi-t-tawassul wa-l-wassîla, p. 114).

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B.8) Dire : "O Dieu, accepte ma demande à cause du Prophète" :

Tout dépend alors de ce que l'on veut ainsi signifier :

–---- B.8.1) si on veut dire par là : "à cause du droit (haqq) que le Prophète a auprès de Toi", alors cela rejoint le cas B.5 et n'est donc pas autorisé ;

–---- B.8.2) si on veut dire par là : "à cause de la personne du Prophète" / "au nom du Prophète", alors cela rejoint le cas B.7 et n'est donc pas autorisé ;

–---- B.8.3) si on veut dire par là : "à cause de l'honneur que le Prophète a auprès de Toi", alors cela rejoint le cas B.6 ;

–---- B.8.4) et si on veut dire par là : "à cause du fait que j'ai apporté foi en Ton Prophète", ou : "à cause du fait que j'aime Ton Prophète", alors cela rejoint le cas B.4 et est donc autorisé : "وإذا قال القائل: "أسألك بحق فلان" أو "بجاهه" أي أسألك بإيماني به ومحبتي له، وهذا من أعظم الوسائل، قيل: من قصد هذا المعنى، فهو معنى صحيح؛ لكن ليس هذا مقصود عامة هؤلاء. فمن قال: "أسألك بإيماني بك وبرسولك" ونحو ذلك أو "بإيماني برسولك ومحبتي له" ونحو ذلك، فقد أحسن في ذلك" (MF 1/342 ; Qâ'ïda jalîla fi-t-tawassul wa-l-wassîla, p. 185).

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Cas C) La particule "bi" a été employée pour introduire "le moyen" (bâ' ul-isti'âna) : "O Dieu, je Te demande ceci par le biais de telle chose /par le biais d'Untel" :

Cela aussi constitue une forme de "du'â' ullâh bi-l-wassîla".

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Deux ramifications de ce cas C existent :

C.1) Dire : "O Dieu, je Te demande cela par le moyen de chacun de Tes Noms".
C.2) Dire : "O Dieu, je Te demande cela par le moyen de Ton Prophète" / "de tel pieux parmi Tes serviteurs".

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C.1) Dire : "O Dieu, je Te demande cela par le moyen de chacun de Tes Noms" :

Nous avions déjà cité ce hadîth plus haut (en B.1) :
"أسألك بكل اسم هو لك سميت به نفسك - أو علمته أحدا من خلقك، أو أنزلته في كتابك، أو استأثرت به في علم الغيب عندك -، أن تجعل القرآن ربيع قلبي، ونور صدري، وجلاء حزني، وذهاب همي"
(Ahmad, 3712 ; authentifié par Ahmad Muhammad Shâkir, ainsi que par al-Albânî in Silsilat ul-ahâdîth is-sahîha 199). Cela constitue bien un du'â' bi-l-wassîla ("وفيه التوسل بأسماء الله تعالى التي سما بها نفسه - ما علم العباد منها وما لم يعلموا، ومنها ما استأثر به في علم الغيب عنده فلم يطلع عليه ملكا مقربا ولا نبيا مرسلا -. وهذه الوسيلة أعظم الوسائل وأحبها إلى الله وأقربها تحصيلا للمطلوب" : Mir'ât ul-mafâtîh relatant le propos de al-Jazarî).

Dans ce hadîth :

--- soit le bâ' est un bâ' us-sababiyya, qui introduit à la cause (sabab) qui motive l'action, et l'invocation est alors à traduire ainsi : "Je Te demande, à cause de chaque Nom qui est Tien (...), de faire du glorieux Coran le printemps de mon coeur, la lumière de ma poitrine, ce qui enlève ma tristesse et ce qui fait disparaître mon souci" (nous avons déjà cité cette interprétation plus haut) ;

--- soit le bâ' est un bâ' ul-isti'âna, lequel introduit au moyen (wassîla) par lequel on fait l'action : l'invocation est alors à traduire ainsi : "Je Te demande, en T'appelant par chaque Nom qui est Tien (...), de faire du glorieux Coran le printemps de mon coeur, la lumière de ma poitrine, ce qui enlève ma tristesse et ce qui fait disparaître mon souci". En fait Dieu Lui-même a dit : "وَلِلّهِ الأَسْمَاء الْحُسْنَى فَادْعُوهُ بِهَا" : "Et à Dieu appartiennent les plus Beaux Noms, invoquez-Le par eux" (Coran 7/180) ; c'est-à-dire : "Invoquez-Le par le moyen de ces Noms". Le bâ' est ici un bâ 'ul-isti'âna : il s'agit d'adresser sa requête (du'â) à Dieu en employant, pour L'appeler, le Nom auquel sa requête correspond ; ainsi : "O Toi le Pourvoyeur, pourvois à nos besoins" ; "O Toi le Pardonneur, pardonne-moi" ; "O Toi le Miséricordieux, aie pitié de nous" ; etc.

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C.2) Dire : "O Dieu, je Te demande cela par le moyen de Ton Prophète" / "de tel pieux parmi Tes serviteurs" :

Ibn Taymiyya écrit que cela était autorisé uniquement du vivant du Prophète (sur lui la paix), quand il invoquait Dieu en faveur de la personne (de plus, le jour du Jugement le Prophète intercèdera pour les croyants).
Cela revenait en fait à dire à Dieu : "O Dieu, accepte ma demande par le moyen (wassîla) de l'invocation que Ton Prophète T'adresse en ce moment à mon sujet concernant ce besoin dont je lui ai fait part".

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Il ne faut dès lors pas confondre :
--- le cas cité plus haut au numéro "B.7" : "O Dieu, accepte ma demande à cause de la personne du Prophète" : cela n'est pas institué ;
--- et ce cas "C.2" : "O Dieu, je Te demande ceci par le moyen du Prophète, qui T'invoque à mon sujet concernant ce besoin que j'ai" : cela était institué du vivant du Prophète, quand il adressait effectivement une invocation en faveur de la personne.

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'Uthmân ibn Hunayf (que Dieu l'agrée) relate qu'un aveugle est venu à la rencontre du Prophète et lui a dit : "Invoque Dieu qu'Il me guérisse." L'échange suivant eut alors lieu : "Si tu veux, je ferai l'invocation, et je tu veux tu feras preuve de patience, et cela sera plus méritoire pour toi. - Invoque-Le". Alors le Prophète lui demanda de faire soigneusement ses ablutions, puis d'invoquer Dieu en ces termes : "O Dieu, je Te demande et me tourne vers Toi par Ton Prophète Muhammad, le prophète de la miséricorde. O Muhammad, je me tourne par toi vers mon Dieu au sujet du besoin que j'ai ici, afin qu'il soit satisfait. O Dieu, accepte l'intercession de Muhammad à mon sujet et accepte mon intercession au sujet de Muhammad" :
"عن عثمان بن حنيف، أن رجلا ضرير البصر أتى النبي صلى الله عليه وسلم فقال: "ادع الله أن يعافيني"، قال: "إن شئت دعوتُ، وإن شئت صبرتَ فهو خير لك"، قال: "فادعه". قال: فأمره أن يتوضأ فيحسن وضوءه ويدعو بهذا الدعاء: "اللهم إني أسألك وأتوجه إليك بنبيك محمد نبي الرحمة. إني توجهت بك إلى ربي في حاجتي هذه لتُقضَى لي. اللهم فشفعه في" (at-Tirmidhî, 3578, Ahmad, 17240).
"عن عثمان بن حنيف، أن رجلا ضريرا أتى النبي صلى الله عليه وسلم، فقال: "يا نبي الله، ادع الله أن يعافيني"، فقال: "إن شئت أخرتَ ذلك، فهو أفضل لآخرتك، وإن شئت دعوتُ لك"، قال: "لا بل ادع الله لي". فأمره أن يتوضأ، وأن يصلي ركعتين، وأن يدعو بهذا الدعاء: "اللهم إني أسألك وأتوجه إليك بنبيك محمد - صلى الله عليه وسلم - نبي الرحمة. يا محمد إني أتوجه بك إلى ربي في حاجتي هذه فتُقضَي. وتشفعني فيه، وتشفعه في". قال: فكان يقول هذا مرارا. ثم قال بعد: "أحسب أن فيها: "أن تشفعني فيه"". قال: ففعل الرجل، فبرأ" (Ahmad, 17241) (Ahmad 17242).

Ibn Taymiyya écrit que cela était réservé à ce cas précis, où le Prophète était, sur la demande de cette personne, en train d'invoquer Dieu pour Lui adresser cette demande de la personne (fin de citation).
C'est bien le sens des mots :
"Invoque Dieu qu'Il me guérisse. - Si tu veux, je ferai l'invocation, et je tu veux tu feras preuve de patience, et cela sera plus méritoire pour toi. - Invoque-Le" : "فقال: ادع الله أن يعافيني". قال: "إن شئت دعوتُ، وإن شئت صبرتَ فهو خير لك". قال: "فادعه" (première version) / "Ô Prophète de Dieu, invoque Dieu qu'Il me guérisse. - Si tu veux, tu garderas cela pour plus tard, et ce sera alors plus méritoire pour ta vie dernière ; et si tu veux j'invoquerai pour toi. - Invoque Dieu pour moi" : "فقال: "يا نبي الله، ادع الله أن يعافيني"، فقال: "إن شئت أخرتَ ذلك، فهو أفضل لآخرتك، وإن شئت دعوتُ لك"، قال: "لا بل ادع الله لي"" (seconde version sus-citée).
C'est dans ce cadre que se comprend le propos qui suit :
"accepte l'intercession de Muhammad à mon sujet" (= "accepte la demande que Muhammad est en train de - ou vient de - Te faire à mon sujet").

Ibn Taymiyya écrit : "Il y a aussi le fait que (Uthmân) a dit : "Accepte mon intercession au sujet de Muhammad" : or cela ne signifie pas qu'il aurait intercédé auprès de Dieu en faveur du besoin du Prophète - que Dieu le bénisse et le salue -" : "وفيه أيضا أنه قال {وشفعني فيه} وليس المراد أنه يشفع للنبي صلى الله عليه وسلم في حاجة للنبي صلى الله عليه وسلم - وإن كنا مأمورين بالصلاة والسلام عليه وأمرنا أن نسأل الله له الوسيلة" (MF 1/276 ; Qâ'ïda jalîla fi-t-tawassul wa-l-wassîla, p. 133). 

Aussi, "Accepte mon intercession au sujet de Muhammad" voulait dire : "accepte l'invocation que je T'adresse Te demandant d'exaucer l'invocation que Muhammad Te fait à mon sujet" : "ومعنى قوله "وشفعني فيه" أي في دعائه وسؤاله لي. فيطابق قوله" وشفعه في"" (MF 1/271 ; Qâ'ïda jalîla fi-t-tawassul wa-l-wassîla, p. 129).

"Si le Prophète n'était pas en train d'invoquer Dieu à son sujet, cet homme aurait adressé une simple demande à Dieu (su'âl), et non pas une intercession (shafâ'a). L'intercession n'a lieu que lorsqu'il y a deux personnes qui demandent la même chose : l'une intercède alors en faveur de l'autre" : "مع أن قولَه "وشفعني في نفسي" إن كان محفوظا: مثلُ ما ذكرناه؛ وهو أنه طلب أن يكون شفيعا لنفسه مع دعاء النبي صلى الله عليه وسلم. ولو لم يدع له النبي صلى الله عليه وسلم، كان سائلا مجردا كسائر السائلين، ولا يسمى مثل هذا شفاعة. وإنما تكون الشفاعة إذا كان هناك اثنان يطلبان أمرا فيكون أحدهما شفيعا للآخر. بخلاف الطالب الواحد الذي لم يشفع غيره" (MF 1/277-278 ; Qâ'ïda jalîla fi-t-tawassul wa-l-wassîla, p. 133).

 

Il est possible, en regard de certaines narrations, dit Ibn Taymiyya, que 'Uthmân ibn Hunayf ait enseigné que même après le décès du Prophète, on peut continuer à formuler cette invocation pour un besoin qu'on a (MF 1/273-275 ; Qâ'ïda jalîla fi-t-tawassul wa-l-wassîla, pp. 131-132).
Mais si cela est avéré, ce serait une
tafarrud de la part de 'Uthmân ibn Hunayf (radhiyallâhu 'anh) : les autres Compagnons n'ont pas enseigné cela, et ne l'ont pas pratiqué non plus : "وبالجملة فهذه الزيادة لو كانت ثابتة لم يكن فيها حجة؛ وإنما غايتها أن يكون عثمان بن حنيف ظن أن الدعاء يدعى ببعضه دون بعض؛ فإنه لم يأمره بالدعاء المشروع بل ببعضه، وظن أن هذا مشروع بعد موته صلى الله عليه وسلم. ولفظ الحديث يناقض ذلك" (MF 1/275 ; Qâ'ïda jalîla fi-t-tawassul wa-l-wassîla, pp. 132-138). "ومثل هذا لا تثبت به شريعة؛ كسائر ما ينقل عن آحاد الصحابة في جنس العبادات أو الإباحات أو الإيجابات أو التحريمات إذا لم يوافقه غيره من الصحابة عليه - وكان ما يثبت عن النبي صلى الله عليه وسلم يخالفه لا يوافقه - لم يكن فعله سنة يجب على المسلمين اتباعها؛ بل غايته أن يكون ذلك مما يسوغ فيه الاجتهاد ومما تنازعت فيه الأمة فيجب رده إلى الله والرسول. ولهذا نظائر كثيرة. مثل ما كان ابن عمر يدخل الماء في عينيه في الوضوء ويأخذ لأذنيه ماء جديدا. وكان أبو هريرة يغسل يديه إلى العضدين في الوضوء ويقول: "من استطاع أن يطيل غرته فليفعل". وروي عنه أنه كان يمسح عنقه ويقول "هو موضع الغل"؛ فإن هذا وإن استحبه طائفة من العلماء اتباعا لهما، فقد خالفهم في ذلك آخرون وقالوا: سائر الصحابة لم يكونوا يتوضئون هكذا. والوضوء الثابت عنه صلى الله عليه وسلم الذي في الصحيحين وغيرهما من غير وجه ليس فيه أخذ ماء جديد للأذنين ولا غسل ما زاد على المرفقين والكعبين ولا مسح العنق؛ ولا قال النبي صلى الله عليه وسلم "من استطاع أن يطيل غرته فليفعل"، بل هذا من كلام أبي هريرة جاء مدرجا في بعض الأحاديث؛ وإنما قال النبي صلى الله عليه وسلم "إنكم تأتون يوم القيامة غرا محجلين من آثار الوضوء"، وكان صلى الله عليه وسلم يتوضأ حتى يشرع في العضد والساق قال أبو هريرة: "من استطاع أن يطيل غرته فليفعل"، وظن من ظن أن غسل العضد من إطالة الغرة؛ وهذا لا معنى له فإن الغرة في الوجه لا في اليد والرجل وإنما في اليد والرجل الحجلة. والغرة لا يمكن إطالتها فإن الوجه (...)" (MF 1/278-283).

Le Prophète (sur lui soit la paix) étant mort (du type de mort que les prophètes connaissent), on ne peut plus lui demander d'invoquer Dieu de satisfaire un besoin qu'on a, et on ne peut donc plus utiliser cette formule qu'il avait enseignée à ce Compagnon. "La différence est établie - sur le plan shar'î et sur le plan qadarî - entre celui en faveur de qui le Prophète fait une invocation, et celui en faveur de qui il ne fait pas d'invocation. L'un ne peut pas être considéré comme l'autre. (...) Ceci montre que la parole : "Je Te demande et me tourne vers Toi par Ton Prophète Muhammad" signifie : "Je Te demande et me tourne vers Toi par le moyen de la demande et l'intercession de Ton Prophète Muhammad". Tout comme Omar a dit : "O Dieu, nous prenions Ton Prophète comme intermédiaire, et Tu faisais pleuvoir". Ces deux hadîths ont le même sens : (le Prophète) a enseigné à un homme de le prendre comme intermédiaire durant son vivant, exactement comme Omar a dit qu'ils le prenaient comme intermédiaire quand ils subissaient la sécheresse. Ensuite, après son décès, ils prirent comme intermédiaire un autre que lui. Si le fait de s'adresser à Dieu par l'intermédiaire de l'invocation du Prophète pendant le vivant de celui-ci, et (le fait de le faire) après sa mort, étaient semblables, et si celui qui le prend comme intermédiaire alors qu'il est en train de faire des invocations pour lui, est comme celui qui le fait alors qu'il n'est pas en train de faire des invocations pour lui, alors les Compagnons n'auraient pas délaissé le fait de le prendre comme intermédiaire - alors qu'il est le meilleur des créatures, le plus honoré auprès de Dieu et le plus proche auprès de Lui en tant qu'intermédiaire, pour prendre comme intermédiaire autre que lui" : "والفرق ثابت شرعا وقدرا بين من دعا له النبي صلى الله عليه وسلم وبين من لم يدع له؛ ولا يجوز أن يجعل أحدهما كالآخر. وهذا الأعمى شفع له النبي صلى الله عليه وسلم، فلهذا قال في دعائه: "اللهم فشفعه في": فعلم أنه شفيع فيه؛ ولفظه: "إن شئت صبرت وإن شئت دعوت لك"، فقال: "ادع لي". فهو طلبَ من النبي صلى الله عليه وسلم أن يدعو له؛ فأمره النبي صلى الله عليه وسلم أن يصلي ويدعو هو أيضا لنفسه ويقول في دعائه: "اللهم فشفعه في"؛ فدل ذلك على أن معنى قوله: "أسألك وأتوجه إليك بنبيك محمد": أي بدعائه وشفاعته؛ كما قال عمر: "اللهم إنا كنا إذا أجدبنا توسلنا إليك بنبينا فتسقينا". فالحديثان معناهما واحد. فهو صلى الله عليه وسلم علّم رجلا أن يتوسل به في حياته، كما ذكر عمر أنهم كانوا يتوسلون به إذا أجدبوا. ثم إنهم بعد موته إنما كانوا يتوسلون بغيره بدلا عنه. فلو كان التوسل به حيا وميتا سواء، والمتوسل به الذي دعا له الرسول كمن لم يدع له الرسول، لم يعدلوا عن التوسل به - وهو أفضل الخلق وأكرمهم على ربه وأقربهم إليه وسيلة - إلى أن يتوسلوا بغيره ممن ليس مثله" (MF 1/325 ; Qâ'ïda jalîla fi-t-tawassul wa-l-wassîla, p. 172). 

C'est donc la même chose que ce que Omar ibn ul-Khattâb a formulé comme suit...

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--- Omar ibn ul-Khattâb (que Dieu l'agrée) a dit (lors de la période de sécheresse, des années après la mort du Prophète, sur lui soit la paix) : "O Dieu, nous prenions le Prophète comme intermédiaire [pour nous adresser] à Toi [concernant la demande de pluie], et Tu nous donnais la pluie. Maintenant nous prenons comme intermédiaire l'oncle du Prophète [al-Abbâs] [pour nous adresser] à Toi [concernant la demande de pluie] ; donne-nous donc la pluie" : "عن أنس بن مالك، أن عمر بن الخطاب رضي الله عنه كان إذا قحطوا استسقى بالعباس بن عبد المطلب، فقال: "اللهم إنا كنا نتوسل إليك بنبينا فتسقينا، وإنا نتوسل إليك بعم نبينا فاسقنا. قال: فيسقون" (al-Bukhârî, n° 964, 3507). S'il s'agissait ici de demander à Dieu d'exaucer une invocation par la place (jâh) que le Prophète a auprès de Dieu, les Compagnons n'auraient pas eu recours à al-Abbâs, car la jâh du Prophète est de loin supérieure à celle de al-'Abbâs, et n'a nullement diminué après son décès. Ici Omar a voulu dire : "nous prenons comme intermédiaire, comme moyen, l'oncle du Prophète pour qu'il T'adresse les invocations [au nom de notre groupe]" (cf. Shar'h ul-'aqîda at-tahâwiyya, 1/298-299). En effet, c'est le Prophète qui invoquait Dieu d'accorder à tout le monde la pluie. 
Omar dit (ensuite) à al-Abbâs : "Allez, demande (à Dieu) la pluie". C'est ce que al-Abbas fit : "عن إبراهيم بن محمد، عن حسين بن عبد الله، عن عكرمة، عن ابن عباس، أن عمر استسقى بالمصلى، فقال للعباس: "قم فاستسق". فقام العباس، فقال: "اللهم إن عندك سحابا، وإن عندك ماء، فانشر السحاب ثم أنزل فيه الماء. ثم أنزله علينا، فاشدد به الأصل، وأطل به الزرع، وأدر به الضرع. اللهم شَفِّعْنا في أنفسنا وأهلينا. اللهم إنا شَفَعْنا إليك عمن لا منطق له عن بهائمنا وأنعامنا. اللهم اسقنا سقيا وادعة بالغة طبقا عاما محييا. اللهم لا نرغب إلا إليك وحدك لا شريك لك. اللهم إنا نشكو إليك سغب كل ساغب، وغرم كل غارم، وجوع كل جائع، وعري كل عار، وخوف كل خائف" في دعاء له" (Mussannaf 'Abd ir-Razzâq, 4913 ; également cité dans FB 2/639).
Et, parmi tout ce qu'il dit à Dieu ce jour-là, al-Abbâs dit également ceci : "(...) Les gens se sont tournés par mon intermédiaire vers Toi, à cause à cause de la place que j'ai par rapport à Ton Prophète. (...)" : "وقد بين الزبير بن بكار في الأنساب صفة ما دعا به العباس في هذه الواقعة والوقت الذي وقع فيه ذلك: فأخرج بإسناد له أن العباس لما استسقى به عمر قال: "اللهم إنه لم ينزل بلاء إلا بذنب، ولم يكشف إلا بتوبة. وقد توجه القوم بي إليك لمكاني من نبيك. وهذه أيدينا إليك بالذنوب ونواصينا إليك بالتوبة، فاسقنا الغيث". فأرخت السماء مثل الجبال حتى أخصبت الأرض وعاش الناس" (FB 2/641).
Ibn Hajar écrit qu'il y a là la preuve du caractère souhaitable de prendre comme intercesseurs auprès de Dieu : les gens de la piété et de la parenté du Prophète (sur lui soit la paix) : "ويستفاد من قصة العباس استحباب الاستشفاع بأهل الخير والصلاح وأهل بيت النبوة؛ وفيه فضل العباس، وفضل عمر لتواضعه للعباس ومعرفته بحقه" (FB 2/641).

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--- C'est aussi ce que Mu'âwiya (que Dieu soit Satisfait de lui) dit à Dieu quand, lors d'une sécheresse à Damas, il prit Yazîd ibn ul-Aswad al-Jurashî comme intermédiaire pour demander au Créateur de faire pleuvoir : "O Dieu, nous demandons la pluie par le meilleur d'entre nous ; Ô Dieu, nous demandons la pluie par Yazîd ibn ul-Aswad. Yazîd, lève tes mains vers Dieu - Elevé"" : "روى أن معاوية استسقى بيزيد بن الاسود فقال: "اللهم إنا نستسقي بخيرنا وأفضلنا، اللهم إنا نستسقي بيزيد بن الأسود. يا يزيد ارفع يديك إلي الله تعالي"؛ فرفع يديه ورفع الناس أيديهم. فثارت سحابة من المغرب كأنها ترس وهب لها ريح فسقوا حتي كاد الناس أن لا يبلغوا منازلهم" (Al-Muhadhdhab, ash-Shîrâzî). "وأخرج أبو زرعة الدمشقي، ويعقوب بن سفيان في تاريخيهما بسند صحيح عن سليم بن عامر أن الناس قحطوا بدمشق، فخرج معاوية يستسقي بيزيد بن الأسود، فسقوا" (Al-Issâba fî tam'yîz is-Sahâba).

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--- En fait il s'agit de la même chose que ce qui figure dans le hadîth déjà cité plus haut, dans lequel un bédouin dit au Prophète : "Demande à Dieu la pluie pour nous, car nous te prenons comme intercesseur auprès de Dieu" : "عن جبير بن محمد بن جبير بن مطعم، عن أبيه، عن جده، قال: أتى رسول الله صلى الله عليه وسلم أعرابي، فقال: "يا رسول الله، جهدت الأنفس وضاعت العيال ونهكت الأموال وهلكت الأنعام. فاستسق الله لنا؛ فإنا نستشفع بك على الله، ونستشفع بالله عليك". قال رسول الله صلى الله عليه وسلم: "ويحك أتدري ما تقول؟"، وسبح رسول الله صلى الله عليه وسلم، فما زال يسبح حتى عرف ذلك في وجوه أصحابه. ثم قال: "ويحك إنه لا يستشفع بالله على أحد من خلقه! شأن الله أعظم من ذلك. ويحك أتدري ما الله؟ إن عرشه على سماواته لهكذا" وقال بأصابعه مثل القبة عليه "وإنه ليئط به أطيط الرحل بالراكب". قال ابن بشار في حديثه: "إن الله فوق عرشه، وعرشه فوق سماواته" (Abû Dâoûd, 4726).

Al-Bukhârî a lui aussi écrit : "باب إذا استشفع المشركون بالمسلمين عند القحط" (Al-Jâmi' us-Sahîh, Kitâb ul-istisqâ'). Il ne s'agit ici pas du fait que les Mushrikûn adresseraient à Allah un du'â bi wassîlati dhât il-muslimîn ; il s'agit ici du fait qu'ils viennent trouver les musulmans pour leur demander d'adresser à Dieu le Créateur des invocations pour qu'Il fasse pleuvoir.

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--- C'est aussi ce que Abdullâh ibn Omar (que Dieu soit satisfait de lui) a voulu dire quand il a cité le vers composé par Abû Tâlib en l'éloge de Muhammad ibn Abdillâh (صلى الله عليه وسلم), vers contenant ces mots : "Par le visage* de (Muhammad) il est demandé la pluie du nuage" (* c'est-à-dire : "Par la personne de...") :
"حدثنا عمرو بن علي، قال: حدثنا أبو قتيبة، قال: حدثنا عبد الرحمن بن عبد الله بن دينار، عن أبيه، قال: سمعت ابن عمر يتمثل بشعر أبي طالب: 
وأبيض يستسقى الغمام بوجهه ... ثمال اليتامى عصمة للأرامل".
وقال عمر بن حمزة، حدثنا سالم، عن أبيه: "ربما ذكرت قول الشاعر، وأنا أنظر إلى وجه النبي صلى الله عليه وسلم يستسقي؛ فما ينزل حتى يجيش كل ميزاب:
"وأبيض يستسقى الغمام بوجهه ... ثمال اليتامى عصمة للأرامل"
وهو قول أبي طالب" (al-Bukhârî, 963).
"حدثنا عمر بن حمزة بن عبد الله بن عمر، حدثنا سالم، عن أبيه قال: ربما ذكرت قول الشاعر وأنا أنظر إلى وجه رسول الله صلى الله عليه وسلم على المنبر يستسقي، فما ينزل حتى يجيش كل ميزاب؛ وأذكر قول الشاعر:"
وأبيض يستسقى الغمام بوجهه ... ثمال اليتامى عصمة للأرامل"
وهو قول أبي طالب" (Ahmad, 5673).
Cela signifie : "Nous prenons le Prophète comme notre délégué pour demander à Dieu de faire que le nuage fasse tomber la pluie" : c'est ce qui ressort clairement des mots employés par Ibn Omar et figurant ci-dessus : "Je regardai le visage du Messager de Dieu - que Dieu le bénisse et le salue - alors qu'il était sur la chaire, demandant (à Dieu) la pluie ; il n'(en) descendait pas que chaque gouttière coulait abondamment" : "وأنا أنظر إلى وجه رسول الله صلى الله عليه وسلم على المنبر يستسقي؛ فما ينزل حتى يجيش كل ميزاب".

--- D'après la narration suivante, Abû Bakr (que Dieu l'agrée) a rappelé que ce vers concernait le Prophète (sur lui soit la paix) :
"عن علي بن زيد، عن القاسم بن محمد، عن عائشة أنها تمثلت بهذا البيت وأبو بكر - رضي الله عنه - يقضي:
وأبيض يستسقى الغمام بوجهه ... ربيع اليتامى عصمة للأرامل
فقال أبو بكر - رضي الله عنه -: "ذاك والله رسول الله صلى الله عليه وسلم" (Ahmad, 26). 

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--- C'est aussi ce que signifie le hadîth suivant, que le Prophète (sur lui soit la paix) avait prononcé en réponse à une remarque de Sa'd (ayant exprimé que, à cause de la bravoure, certaines personnes méritaient une plus grande part dans le butin) ; le Prophète lui répondit : "Est-ce que vous recevez l'Aide et la subsistance (de la part de Dieu) par une cause autres que ceux d'entre vous qui sont faibles ?" : "عن مصعب بن سعد، قال: رأى سعد رضي الله عنه، أن له فضلا على من دونه، فقال النبي صلى الله عليه وسلم: "هل تنصرون وترزقون إلا بضعفائكم" (al-Bukhârî, 2739). Il s'agit des invocations des pauvres et des faibles, faites avec beaucoup plus de dévotion que ceux qui possèdent davantage de moyens matériels : les invocations des premiers sont ainsi la cause (sabab) que Dieu envoie Son Aide ainsi que la subsistance pour tout le groupe : "قوله "هل تنصرون وترزقون إلا بضعفائكم": في رواية النسائي: "إنما نصر الله هذه الأمة بضعفتهم، بدعواتهم وصلاتهم وإخلاصهم". وله شاهد من حديث أبي الدرداء عند أحمد والنسائي بلفظ "إنما تنصرون وترزقون بضعفائكم" (Fat'h ul-bârî, 6/109). "عن مصعب بن سعد، عن أبيه، أنه ظن أن له فضلا على من دونه من أصحاب النبي صلى الله عليه وسلم، فقال نبي الله صلى الله عليه وسلم: "إنما ينصر الله هذه الأمة بضعيفها: بدعوتهم وصلاتهم وإخلاصهم" (an-Nassâ'ï, 3178). "قال ابن بطال: تأويل الحديث أن الضعفاء أشد إخلاصا في الدعاء وأكثر خشوعا في العبادة لخلاء قلوبهم عن التعلق بزخرف الدنيا" (Fat'h ul-bârî, 6/109). "وقال المهلب: أراد صلى الله عليه وسلم بذلك حض سعد على التواضع ونفي الزهو على غيره وترك احتقار المسلم في كل حالة. وقد روى عبد الرزاق من طريق مكحول في قصة سعد هذه زيادة مع إرسالها فقال قال سعد: "يا رسول الله أرأيت رجلا يكون حامية القوم ويدفع عن أصحابه؛ أيكون نصيبه كنصيب غيره؟" فذكر الحديث. وعلى هذا فالمراد بالفضل إرادة الزيادة من الغنيمة؛ فأعلمه صلى الله عليه وسلم أن سهام المقاتلة سواء؛ فإن كان القوي يترجح بفضل شجاعته، فإن الضعيف يترجح بفضل دعائه وإخلاصه" (Fat'h ul-bârî, 6/109).

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Voilà pour les différents cas possibles.

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Quant au verset que votre ami cite : "يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آمَنُواْ اتَّقُواْ اللّهَ وَابْتَغُواْ إِلَيهِ الْوَسِيلَةَ" : "O les croyants, craignez Dieu et recherchez le moyen qui vous rapprochera de Lui…" (Coran 5/35), il faut savoir qu'il n'est pas ici question de personnes pouvant servir d'intermédiaires pour nous rapprocher de Dieu.
Comment cela pourrait-il être le sens de ce verset, alors que dans un autre verset, Dieu Lui-même critique ceux qui prennent des entités comme intermédiaires susceptibles de les rapprocher de Dieu : "C'est à Dieu que revient le culte pur. Tandis que ceux qui prennent des divinités autres que Lui (disent) : "Nous ne les adorons que pour qu'elles nous rapprochent de Dieu". En vérité, Dieu jugera parmi eux à propos de ce en quoi ils divergent" (Coran 39/3). Il ne peut donc s'agir de faire ceci ni quelque chose d'approchant.
En fait, quand Dieu nous demande de prendre le moyen (wassîla) qui nous rapprochera de Lui, il s'agit de la foi et des bonnes actions telles qu'Il les agrée et nous les a communiquées à travers le Coran, que détaille et complète la Sunna.

Wallâhu A'lam (Dieu sait mieux).

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Remarque :

La question du du'â bi-l-wassîla est une mas'alah ijtihâdiyya : même si l'avis qui est juste à propos des cas B.4, B.5 et B.6 semble pouvoir être reconnu de façon qat'î (lire les deux catégories de qat'î et de zannî) (c'est l'avis qui dit que cela n'est pas autorisé, avec, pour certains de ces cas, les nuances plus haut évoquées), et que l'autre avis (disant que cela est autorisé) constitue une erreur, cela constitue malgré tout une question ijtihâdî, et non pas de dhalâl. Autrement dit, ceux qui sont de cet autre avis font une action qui suit un avis qui constitue une khata' ijtihâdî, et non pas de la déviance (dhalâl) (lire également ces catégories).
Ibn Taymiyya écrit : "وأما القسم الثالث مما يسمى "توسلا"، فلا يقدر أحد أن ينقل فيه عن النبي صلى الله عليه وسلم شيئا يحتج به أهل العلم - كما تقدم بسط الكلام على ذلك -؛ وهو الإقسام على الله عز وجل بالأنبياء والصالحين، أو السؤال بأنفسهم؛ فإنه لا يقدر أحد أن ينقل فيه عن النبي صلى الله عليه وسلم شيئا ثابتا لا في الإقسام أو السؤال به، ولا في الإقسام أو السؤال بغيره من المخلوقين. وإن كان في العلماء من سوّغه، فقد ثبت عن غير واحد من العلماء أنه نهى عنه، فتكون مسألة نزاع كما تقدم بيانه؛ فيردّ ما تنازعوا فيه إلى الله ورسوله، ويبدي كل واحد حجته كما في سائر مسائل النزاع. وليس هذا من مسائل العقوبات بإجماع المسلمين، بل المعاقِب على ذلك معتدٍ جاهلٌ ظالم" (MF 1/285-286).

Attention :

Rappelons que ce que nous venons de dire concerne l'avis que certains musulmans ont concernant la du'â bi-l-wassîla (et qui consiste à dire : "O Dieu, éloigne de moi le malheur dans lequel je me trouve, à cause de la place que le Prophète a auprès de Toi") ; ceci est une question ijtihâdî.

Très différent de cela est l'avis (complètement faux) que certaines personnes ont émis à propos de la istighâtha bi-l-mayyit (et qui consisterait à dire : "O Prophète, éloigne de moi le malheur dans lequel je me trouve, et ce à cause du fait que Tu es proche de Dieu") : ce genre de demande est quant à elle strictement interdite ; et il n'y a pas latitude à l'ijtihâd sur le sujet : j'en ai parlé dans un autre article.

Wallâhu A'lam (Dieu sait mieux).


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