Demander à un homme vivant de nous donner une certaine somme d'argent, cela n'est pas du Shirk Akbar. Et en demander à un pieux défunt, alors ? Et qu'en est-il de se rendre sur la tombe du pieux martyr (dont la vie est évoquée dans le hadîth de Suhayb) et de lui demander de nous guérir ?

A lire avant cet article :

--- Qu'est-ce que le fait de "créer" (الخلق), "faire exister" (التكوين), qui est spécifique à Dieu ? - Et l'homme qui façonne l'image d'un être vivant, le crée-t-il vraiment ?.

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--- Parmi l'ensemble des Polycultistes, certains croient que Dieu est Seul Créateur des choses concrètes (خَلق الأعيان), mais n'est pas le Seul à gérer l'univers et ce qui s'y passe (تدبير الأمور). Eux croient que Dieu a confié à certains êtres la Capacité de gérer certaines choses (comme guérir de telle maladie, ou accorder la victoire sur l'ennemi, etc.). L'homme peut donc leur demander ce dont il a besoin :

C'est le statut de ce genre de croyance et de demande que nous allons aborder ci-après...

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I) Primo : Il y a des choses dont Dieu S'est réservé la gestion et donc le fait de les octroyer à quelqu'un, ou pas : par exemple décider d'accorder le Pardon à quelqu'un pour ses péchés ; ou décider de l'admettre au Paradis ; ou lui accorder la guidance (هداية التوفيق). Croire qu'un Autre que Dieu a la faculté d'accorder à quelqu'un la guidance (هداية التوفيق، وليس هداية البيان), ou la rémission de ses péchés, ou de décider de l'admettre au Paradis, cela constitue du Shirk Akbar : 

De ces choses, nous ne parlerons pas dans le présent article, les ayant déjà abordées dans :
--- la partie A d'un article précédent :
 Pourquoi peut-on demander son aide à un ami mais pas à un pieux défunt ? - La différence entre le Simple Mas'ala et le Du'â ul-Mas'ala - الفرق بين مجرَّد المسألة ودعاء المسألة ;
--- cet autre article : Est-ce bien Dieu Seul qui accorde le Pardon des péchés et qui décide de faire entrer quelqu'un au Paradis ? Ou bien est-ce que le Prophète Muhammad (صلى الله عليه وسلّم) dispose lui aussi de cette prérogative ? Peut-on lui demander : "Fais-nous entrer au Paradis" ?.
--- cet article : Pourquoi le Coran dit-il que Dieu égare des hommes ? Dieu voudrait-il le mal de certains hommes ? - Et l'homme, dispose-t-il, ou pas, d'une réelle faculté de choix (ikhtiyâr) (le fameux libre-arbitre) ? ; dans lequel sont cités d'une part ce verset, parlant pour sa part de la Hidâyat ul-Bayân : "وَإِنَّكَ لَتَهْدِي إِلَى صِرَاطٍ مُّسْتَقِيمٍ صِرَاطِ اللَّهِ الَّذِي لَهُ مَا فِي السَّمَاوَاتِ وَمَا فِي الْأَرْضِ" : "Et tu guides vers un chemin droit [= tu invites au droit chemin], le chemin de Dieu, à Qui appartiennent ce qu'il y a dans les cieux et ce qu'il y a sur la Terre" (Coran 42/52-53), et d'autre part ces versets, pour leur part relatifs à la Hidâyat ut-Tawfîq : "لَّيْسَ عَلَيْكَ هُدَاهُمْ وَلَكِنَّ اللّهَ يَهْدِي مَن يَشَاء" : "Le fait qu'ils soient guidés n'est pas à ta charge ; mais Dieu guide qui Il veut" (Coran 2/272) ; "إِنَّكَ لَا تَهْدِي مَنْ أَحْبَبْتَ وَلَكِنَّ اللَّهَ يَهْدِي مَن يَشَاء وَهُوَ أَعْلَمُ بِالْمُهْتَدِينَ" : "Tu ne guides pas qui tu aimes. Mais Dieu guide qui Il veut" (Coran 28/56).

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II) Secundo : Pour ce qui est de demander à une Créature une chose bien moindre, comme par exemple l'octroi d'une certaine somme d'argent ; ou encore la guérison pour une maladie donnée, mais seulement au niveau B ou C que nous allons évoquer (et pas au niveau A) :

Considérons de façon plus approfondie cette faculté de conférer la guérison :

Après avoir été malade, tel humain a guéri (ishtafâ / bara'a ou bari'a) :
"عن أبي سعيد أن رجلا أتى النبي صلى الله عليه وسلم فقال: أخي يشتكي بطنه، فقال: "اسقه عسلا". ثم أتى الثانية، فقال: "اسقه عسلا". ثم أتاه الثالثة فقال: "اسقه عسلا". ثم أتاه فقال: قد فعلت؟ فقال: "صدق الله، وكذب بطن أخيك، اسقه عسلا". فسقاه فبرأ" (al-Bukhârî, 5360, Muslim, 2217).

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A) La Cause de cette guérison, au Niveau Absolu :
--- C'est Dieu Seul qui guérit dans l'Absolu : "وَإِذَا مَرِضْتُ فَهُوَ يَشْفِينِ" (Coran 26/80), "اللهم رب الناس، مذهب الباس، اشف، أنت الشافي، لا شافي إلا أنت، شفاء لا يغادر سقما" (al-Bukhârî, 5410). Sans Sa Décision, aucun moyen qui va être évoqué ci-dessous ne peut entraîner la guérison, car n'étant qu'une cause (sabab), alors que Lui est Celui qui gère tout (Mudabbir).
Et quand Dieu guérit, c'est :
----- Niveau Absolu A) sans faire intervenir aucune cause, par Sa Seule Volonté, exprimée par un "Sois !" ;
----- Niveau Absolu
A') en faisant intervenir l'un des moyens des niveaux suivants, mais par une Volonté indépendante (istiqlâl) de la décision / autorisation d'un autre être.

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B) La Cause de cette guérison, au Niveau "Effet Miraculeux" (découvrir les niveaux de miracles dans un autre article) :

--- C'est le toucher ou le souffle de tel prophète (éventuellement effectué en même temps qu'une invocation adressée à Dieu) qui a guéri l'homme malade :
----- Dieu relate que Jésus disait aux gens de son époque : "وَأُبْرِىءُ الأكْمَهَ والأَبْرَصَ وَأُحْيِي الْمَوْتَى بِإِذْنِ اللّهِ" : "Et je guéris l'aveugle de naissance et le lépreux, et je fais revivre des morts, par la Permission de Dieu" (Coran 3/49) : d'après certains commentateurs, en ce qui concerne ces morts et ces malades, Jésus les touchait d'une façon particulière en prononçant une invocation à Dieu, et Dieu a fait que ce toucher a produit leur retour à la vie, ou leur guérison : "قيل: وقد كان عيسى يبرىء بدعائه والمسح بيده كل علة. (...) وروي أنه في إحيائه الموتى كان يضرب بعصاه الميت أو القبر أو الجمجمة، فيحيي الإنسان ويكلمه ويعيش" (Al-Bah'r ul-muhît) ; "قال ابن عباس: إنما سمي عيسى عليه السلام مسيحا، لأنه ما كان يمسح بيده ذا عاهة إلا برىء من مرضه" (Tafsîr ul-Baghawî, Zâd ul-massîr, Al-Bah'r ul-muhît, etc.) (le texte des Evangiles dits canoniques parle lui aussi d'effet de son toucher).
----- 'Alî ibn Abî Tâlib souffrait d'une forte conjonctivite ; le Prophète Muhammad (sur lui soit la paix) l'envoya appeler, puis mit quelque peu de sa salive dans ses yeux et invoqua Dieu ; et les yeux de 'Alî guérirent instantanément : "عن سهل بن سعد رضي الله عنه ، قال: قال النبي صلى الله عليه وسلم يوم خيبر: "لأعطين الراية غدا رجلا يفتح على يديه، يحب الله ورسوله، ويحبه الله ورسوله". فبات الناس ليلتهم أيهم يعطى، فغدوا كلهم يرجوه، فقال: "أين علي؟". فقيل: "يشتكي عينيه". فبصق في عينيه ودعا له، فبرأ كأن لم يكن به وجع" (al-Bukhârî, 2847, Muslim, 2406).
----- Salama ibn ul-Akwâ' a vu sa jambe, qui venait d'être sérieusement blessée, être complètement guérie suite à trois souffles que le Prophète (sur lui soit la paix) a exercés sur elle : "عن يزيد بن أبي عبيد، قال: رأيت أثر ضربة في ساق سلمة، فقلت: "يا أبا مسلم، ما هذه الضربة؟" فقال: "هذه ضربة أصابتني يوم خيبر. فقال الناس: "أصيب سلمة"، فأتيت النبي صلى الله عليه وسلم، فنفث فيه ثلاث نفثات؛ فما اشتكيتها حتى الساعة" (al-Bukhârî, 3969).
----- Abdullâh ibn 'Atîk, qui venait d'avoir une fracture à la jambe pour cause de chute, a vu sa jambe être complètement guérie suite à un passage de la main du Prophète (sur lui soit la paix) sur elle : "حتى انتهيت إلى درجة له، فوضعت رجلي، وأنا أرى أني قد انتهيت إلى الأرض، فوقعت في ليلة مقمرة، فانكسرت ساقي فعصبتها بعمامة. ثم انطلقت حتى جلست على الباب، (...). فانتهيت إلى النبي صلى الله عليه وسلم فحدثته، فقال: "ابسط رجلك"، فبسطت رجلي، فمسحها، فكأنها لم أشتكها قط" (al-Bukhârî, 3813).

--- C'est le toucher de tel ange (spécialement dépêché par Dieu pour l'occasion) qui a guéri l'homme de son affection :
----- Un ange fut ainsi suscité par Dieu pour mettre à l'épreuve 3 personnes : l'un était lépreux, l'autre atteint de calvitie, et le troisième aveugle ; ce fut par un passage de la main de l'ange que Dieu guérit chacun de son affection. Puis chacun fut gratifié d'un animal plein ; ce dernier ayant mis bas, le cheptel de chacune de ces 3 personnes devint conséquent. Or, plus tard l'ange revint et demanda la charité. "فبعث إليهم ملكا، فأتى الأبرص، فقال: "أي شيء أحب إليك؟" قال: "لون حسن وجلد حسن، قد قذرني الناس"، قال: فمسحه فذهب عنه، فأعطي لونا حسنا، وجلدا حسنا. (...). وأتى الأقرع فقال: "أي شيء أحب إليك؟" قال: "شعر حسن، ويذهب عني هذا، قد قذرني الناس"، قال: فمسحه فذهب وأعطي شعرا حسنا. (...). وأتى الأعمى فقال: "أي شيء أحب إليك؟" قال: "يرد الله إلي بصري، فأبصر به الناس"، قال: فمسحه فرد الله إليه بصره" (al-Bukhârî, 3277, Muslim, 2964).

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C) La Cause de cette guérison, au Niveau de l'Intercession auprès de Dieu :
C'est l'invocation que tel pieux personnage a adressée à Dieu en la faveur de tel malade, qui a été la cause de la guérison de tel malade, car Dieu l'a exaucée et alors guéri (niveau absolu) cet homme.
--- C'est ce que le jeune homme faisait, dont l'histoire figure dans le hadîth de Suhayb. Or le prophète Muhammad (sur lui soit la paix) a bien dit : "Et ce jeune homme guérissait l'aveugle de naissance, le lépreux, et (les personnes atteintes) d'autres maladies" : "وكان الغلام يبرئ الأكمه والأبرص، ويداوي الناس من سائر الأدواء" (Muslim, 3005) ; "فكان الغلام يبرئ الأكمه وسائر الأدواء ويشفيهم" (Ahmad, 23931). Un courtisan du roi, devenu aveugle, vint le trouver avec des présents et lui dit : "Tout ce qui est là est à toi si tu me guéris" ; le jeune homme lui précisa alors : "Je ne guéris personne [de par ma décision ni même de par un effet provenant de moi]. Ce n'est que Dieu qui guérit. Si tu apportes foi en Dieu, je L'invoquerai, et alors Il te guérira" : "فسمع جليس للملك كان قد عمي، فأتاه بهدايا كثيرة، فقال: "ما هاهنا لك أجمع إن أنت شفيتني." فقال: "إني لا أشفي أحدا. إنما يشفي الله. فإن أنت آمنت بالله، دعوت الله فشفاك." فآمن بالله فشفاه الله" (Muslim, 3005 ; Ahmad, 23931).
--- D'autres commentateurs ont dit pareillement que c'est l'invocation adressée à Dieu par le prophète Jésus fils de Marie qui était la cause (sabab) de la résurrection accordée par Dieu à (en tout) quatre personnes déjà mortes, l'une d'elles étant Lazare (Tafsîr ul-Qurtubî) et de la guérison accordée par Dieu à l'aveugle de naissance, et au lépreux ("فأبرأ في يوم خمسين ألفا بالدعاء بشرط الإيمان" : Tafsîr ul-Jalâlayn).

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D) La Cause de cette guérison, au Niveau Temporel Habituel :
--- C'est l'absorption de telle substance physique naturelle qui a guéri l'homme de ce dont il souffrait : "يَخْرُجُ مِن بُطُونِهَا شَرَابٌ مُّخْتَلِفٌ أَلْوَانُهُ فِيهِ شِفَاء لِلنَّاسِ" (Coran 16/69). "ما أنزل الله داء إلا أنزل له شفاء" (al-Bukhârî, 5354). "عن جابر، عن رسول الله صلى الله عليه وسلم أنه قال: "لكل داء دواء، فإذا أصيب دواء الداء برأ بإذن الله عز وجل" (Muslim, 2204). "عليكم بهذا العود الهندي، فإن فيه سبعة أشفية: يستعط به من العذرة، ويلد به من ذات الجنب" (al-Bukhârî, 5368, Muslim, 2214). "الكمأة من المن، وماؤها شفاء للعين" (al-Bukhârî, 4208, Muslim, 2049). "عن خالد بن سعد، قال: خرجنا ومعنا غالب بن أبجر فمرض في الطريق، فقدمنا المدينة وهو مريض، فعاده ابن أبي عتيق، فقال لنا: "عليكم بهذه الحبيبة السوداء، فخذوا منها خمسا أو سبعا فاسحقوها، ثم اقطروها في أنفه بقطرات زيت، في هذا الجانب، وفي هذا الجانب. فإن عائشة حدثتني أنها سمعت النبي صلى الله عليه وسلم يقول: "إن هذه الحبة السوداء شفاء من كل داء، إلا من السام". قلت: وما السام؟ قال: الموت" (al-Bukhârî, 5363 ; voir aussi al-Bukhârî, 5364, Muslim, 2215). "عن أسماء بنت عميس، قالت: قال لي رسول الله صلى الله عليه وسلم: "بماذا كنت تستمشين؟" قلت: "بالشبرم"، قال: "حار جار". ثم استمشيت بالسنا فقال: "لو كان شيء يشفي من الموت، كان السنا. والسنا شفاء من الموت" (Ibn Mâja, 3461, Ahmad, 27080, dha'îf d'après al-Albânî).
--- C'est l'intervention médicale de tel autre homme qui a guéri l'homme de ce dont il souffrait : "إن كان في شيء من أدويتكم شفاء، ففي شرطة محجم، أو لذعة بنار. وما أحب أن أكتوي" (al-Bukhârî, 5377, Muslim, 2205).

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Une Cause de guérison qui recèle quelque chose de l'Invocation adressée à Dieu (C) ainsi que quelque chose de l'Effet Habituel (D) :
--- C'est la récitation, par un autre homme, de la sourate al-Fâtiha qui a guéri l'homme malade : "عن أبي سعيد الخدري، قال: كنا في مسير لنا، فنزلنا. فجاءت جارية، فقالت: "إن سيد الحي سليم، وإن نفرنا غيب، فهل منكم راق؟" فقام معها رجل ما كنا نأبنه برقية، فرقاه فبرأ. فأمر له بثلاثين شاة، وسقانا لبنا. فلما رجع قلنا له: "أكنت تحسن رقية؟" أو: "كنت ترقي؟" قال: "لا، ما رقيت إلا بأم الكتاب"، قلنا: "لا تحدثوا شيئا حتى نأتي - أو نسأل - النبي صلى الله عليه وسلم، فلما قدمنا المدينة ذكرناه للنبي صلى الله عليه وسلم فقال: "وما كان يدريه أنها رقية؟ اقسموا واضربوا لي بسهم" (al-Bukhârî, 4721, Muslim, 2201).

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Le fait d'attribuer la guérison, en tant que "Cause de Niveau Habituel" (D), à un Remède dont il est établi qu'il produit naturellement un effet bénéfique par rapport à telle maladie, cela est normal, et même nécessaire. Le respect pour Dieu veut qu'on ajoute : "bi idhnillâh", "avec la Permission Takwînî de Dieu".

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Quant au fait d'attribuer la guérison, en tant que "Cause de niveau "Intercession auprès de Dieu"" (C), ou "Cause de Niveau Miraculeux" (B), à une Créature donnée, cela :
--- peut
être autorisé ;
--- peut être interdit sans toutefois constituer du Shirk Akbar ;
--- et peut constituer du Shirk Akbar (comme nous allons le voir ci-après, en III). 

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Enfin, le fait d'attribuer la guérison, en tant que "Cause de Niveau Absolu" (A), cela est réservé à Dieu : attribuer cela à un Autre que Dieu constitue du Shirk Akbar, fût-il le Niveau Absolu A' (penser que Untel a le pouvoir de décider de guérir quelqu'un : et quand il l'a décidé, cela se produit, fût-ce par l'intervention d'une cause).
Que le Niveau A constitue du
Shirk Akbar, cela avait été dit au point I, en tout début d'article.
Quant au Niveau A', il peut relever du point I, comme il peut relever des niveaux 5 ou 4 que nous évoquerons plus bas, au point III.II.II.
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Conférer à Autre que Dieu ce caractère de "Cause de guérison, de Niveau Absolu" (A), cela revient à conférer à cet Autre que Dieu :
--- soit la faculté de créer cette guérison en autrui (
Khalq) ;
--- soit la faculté de décider de la guérison d'autrui de façon autonome par rapport à toute Décision de Dieu (
Tadbîr) ;
--- soit la faculté de guérir autrui de par sa simple décision, à distance, sans moyen palpable / physique (إيجاد شفاء المريض بدون أي ذريعة حسّيّة).

Shâh Waliyyullâh écrit : "والشرك هو إثبات [صفة من] الصفات الخاصة بالله تعالى لغيره؛ مثل إثبات التصرف المطلق في الكون بالإرادة المطلقة التي يعبر عنها "بكن فيكون"؛ أو إثبات العلم الذاتي الذي لا يحصل بالاكتساب عن طريق الحواس والدليل العقلي والمنام والإلهام وأمثال هذه الوسائل المادية أو الروحية؛ أو إثبات إيجاد شفاء المريض؛ أو إثبات اللعنة على شخص أو السخط عليه بحيث ينقلب نتيجة هذا اللعن والسخط معدما أو مريضاً أو شقياً؛ أو الرحمة لشخص والرضا عنه بحيث ينقلب هو بسبب هذه الرحمة والرضا غنياً صحيحاً، معافى، سعيداً" (Al-Fawz ul-kabîr, pp. 23-24).

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III) Pour ce qui est de demander à un personnage la guérison par rapport à telle maladie précise :

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III.I) Si ce personnage est vivant :

--- Alors le lui demander au Niveau "Effet Miraculeux" (B) est autorisé s'il dispose réellement de cette faculté. Jésus a dit : "وَأُبْرِىءُ الأكْمَهَ والأَبْرَصَ وَأُحْيِي الْمَوْتَى بِإِذْنِ اللّهِ" : "Et je guéris l'aveugle de naissance et le lépreux, et je fais revivre des morts, par la Permission de Dieu" (Coran 3/49).

On pouvait alors se rendre auprès de Jésus et lui dire : "Guéris-moi", au sens de : "Sois la cause - par le toucher que tu feras -, du fait que Dieu - s'Il le veut bien - me guérisse de cette maladie, Lui qui a conféré à ton toucher cet effet".

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--- Le lui demander au Niveau de l'Intercession auprès de Dieu (C) est également autorisé : "وكان الغلام يبرئ الأكمه والأبرص، ويداوي الناس من سائر الأدواء" (Muslim, 3005) ; "فكان الغلام يبرئ الأكمه وسائر الأدواء ويشفيهم" (Ahmad, 23931). Narrant cet événement, le prophète Muhammad (sur lui soit la paix) a bien dit : "Et le jeune homme guérissait l'aveugle de naissance et les (gens atteints) de toute autre maladie".

On pouvait alors se rendre auprès de ce personnage et lui dire : "Guéris-moi", au sens de : "Sois la cause - par l'invocation que tu adresseras à Dieu me concernant -, du fait que Dieu décide - s'Il le veut bien - de me guérir, Lui qui souvent exauce tes invocations, toi qui est proche de Lui".

La suite : "فسمع جليس للملك كان قد عمي، فأتاه بهدايا كثيرة، فقال: "ما هاهنا لك أجمع، إن أنت شفيتني." فقال: "إني لا أشفي أحدا. إنما يشفي الله. فإن أنت آمنت بالله، دعوت الله فشفاك." فآمن بالله فشفاه الله : "Je ne guéris personne [par ma décision ni par un effet provenant de moi]. Ce n'est que Dieu qui guérit. Si tu apportes foi en Dieu, je L'invoquerai, et alors Il te guérira" (Muslim, 3005) montre que ce jeune homme tenait à rappeler qu'il n'était pas la source mais seulement une cause de guérison : il ne faisait qu'invoquer Dieu, et c'est Dieu qui exauçait son invocation et décidait de guérir la personne de par Sa Volonté [Niveau Absolu sus-cité].

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III.II) Si ce personnage est décédé :

--- Lui demander la guérison au Niveau Effet Miraculeux (B) n'est plus autorisé, car le personnage ne dispose plus de cette faculté une fois décédé.

--- Même le lui demander au Niveau de l'Intercession auprès de Dieu (C) n'est plus autorisé, car ses actions sont interrompues avec sa mort (si ce n'est pas un prophète) / les Compagnons ne l'ont pas fait vis-à-vis du Prophète après sa mort.

--- Pareillement, lui demander une certaine somme d'argent n'est plus autorisé (ni B ni C).

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Le fait est que les Textes nous enseignent de bien distinguer
le temps de la présence du prophète ou du pieux sur Terre (temps pendant lequel il pouvait réaliser telle et telle choses), et le temps suivant le départ de ce prophète ou de ce pieux de ce monde
:

Le verset suivant, où est relatée la parole de Jésus fils de Marie : "Et j'étais témoin sur eux tant que j'étais parmi eux. Puis, lorsque Tu me repris, Tu fus, Toi, le Surveillant sur eux" : "وَكُنتُ عَلَيْهِمْ شَهِيدًا مَّا دُمْتُ فِيهِمْ. فَلَمَّا تَوَفَّيْتَنِي كُنتَ أَنتَ الرَّقِيبَ عَلَيْهِمْ" (Coran 5/117), montre bien cette différence entre le moment où Jésus était sur Terre et le moment où Dieu l'a élevé à Lui.

Le hadîth suivant montre quant à lui que le Jour du Jugement, le prophète Muhammad (sur lui soit la paix) découvrira que certaines personnes qu'il avait vues de son vivant sur Terre avaient apostasié après son décès : jusqu'à ce moment-là, il ne l'aura alors pas su ; l'apprenant de la bouche d'un ange (Muslim, 247) en cet endroit et à cet instant-là, il citera le verset 5/117 que nous venons de voir exposant la parole de Jésus : "ألا وإنه يجاء برجال من أمتي فيؤخذ بهم ذات الشمال، فأقول: "يا رب أصيحابي". فيقال: "إنك لا تدري ما أحدثوا بعدك". فأقول كما قال العبد الصالح: "وكنت عليهم شهيدا ما دمت فيهم، فلما توفيتني كنت أنت الرقيب عليهم وأنت على كل شيء شهيد". فيقال: "إن هؤلاء لم يزالوا مرتدين على أعقابهم منذ فارقتهم" (al-Bukhârî, 4349, Muslim, 2860).

Le hadîth qui suit montre pour sa part que si Dajjâl apparaît après son décès, le Prophète (sur lui soit la paix) ne viendra pas argumenter et défendre les gens de sa Umma :
"C'est autre chose que le Dajjal qui est ce que je crains le plus pour vous !
--- S'il apparaît alors que je suis parmi vous, alors je serai son adversaire par rapport à vous.
--- Et s'il apparaît alors que je ne suis pas parmi vous, alors chaque homme sera l'adversaire (du Dajjâl) par rapport à sa propre personne, et Dieu est Celui qui me remplace (pour prendre soin) de chaque musulman"
:
"غير الدجال أخوفني عليكم! إن يخرج وأنا فيكم، فأنا حجيجه دونكم. وإن يخرج ولست فيكم، فامرؤ حجيج نفسه، والله خليفتي على كل مسلم" (Muslim, 2937).
Si même après son décès le Prophète intervenait toujours dans ce monde, qu'est-ce qui l'empêcherait de venir défendre les musulmans et d'argumenter avec ad-Dajjâl ?

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Demander quelque chose au défunt est donc systématiquement interdit.
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Cependant, est-ce systématiquement un interdit de niveau "
Shirk Akbar" ?
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Réponse :
"Dans certains cas cela constitue du Shirk Akbar ; et dans d'autres cas cela est Harâm n'allant pas jusqu'au Shirk Akbar, comme exposé tout au long du développement ci-dessous".

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III.II.I) Si la personne demande cela à ce personnage défunt en étant loin de sa tombe, pensant qu'il entend de partout :

--- Si la personne pense qu'il dispose de cette faculté d'entendre ou de savoir de partout, alors c'est du Shirk Akbar, même si la personne ajoute : "C'est Allah qui lui a donné cette capacité".
Shâh Ismâ'ïl
écrit : "فمن كان يلهج باسم أحد من الخلق ويناديه قائما وقاعدا، وعن قرب وبعد، ويستصرخه ويستغيث به عند نزول البلاء، ودفع الأعداء أو يختم ختمة باسمه، أو يراقبه، ويركز فكره عليه، ويصرف همته إليه، متمثلا صورته كأنه يشاهده، ويعتقد أنه إذا ذكر اسمه باللسان أو القلب، أو تمثل صورته أو قبره، واستحضرهما، علم بذلك وعرفه، وأنه لا يخفى عليه من أمره شيء، وأنه مطلع على ما ينتابه من مرض وصحة، وعسر ويسر، وموت وحياة، وحزن وسرور؛ ولا يتفوه بشيء من كلام، وتنطق به شفتاه، ولا يساوره هم من الهموم، ولا يجول بخاطره معنى، إلا وعلم ذلك واطلع عليه: كان بذلك مشركا، وكل ذلك يدخل في الشرك. ويسمى هذا النوع: "الإشراك في العلم"، وهو إثبات صفة العلم المحيط لغير اللَّه، وإن كان هذا الإثبات لنبي أو ولي أو شيخ أو شهيد أو إمام أو سليل إمام أو عفريت أو جنية؛ سواء اعتقد أنه يعلم من ذاته، أو أن علمه منحة من اللَّه وعطاء منه وقد استقلّ بهذا العلم وأصبح له صفة لا تنفك عنه: كل ذلك شرك" (Rissâlat ut-tawhîd).
Cheikh Ashraf 'Alî Thânwî dit : "شرك في العلم: كسى بزرگ یا پیر کے ساتھ یہ اعتقاد ركھنا کہ ھمارے سب حال کی اس کو ھر وقت خبر ھے" (Fiqh-é hanafî ké ussûl-o-dhawâbit, p. 168).

--- Et si la personne pense que le personnage n'a pas cette faculté et dépend, pour prendre connaissance de cette demande, d'anges qui la lui transmettent, alors cela constitue de la Bid'a - et constitue donc une Croyance interdite, car complètement fausse (car ce n'est pas parce que cela s'est produit une fois avec Omar ibn ul-Khattâb : "Ô Sâriya, la montagne !" que cela est général).
Cependant, tout dépend encore de la croyance que la personne a en effectuant cette demande, comme nous allons le voir ci-après (certains cas pouvant de nouveau constituer du Shirk Akbar)...

-

III.II.II) Si la personne demande cela à ce personnage en étant proche de sa tombe (par exemple elle demande la guérison au jeune homme pieux cité dans le hadîth de Muslim, 3005, après s'être rendu sur sa tombe), pensant qu'il entend seulement ce qui est proche :

C'est ici que se ramifient les cas qui vont suivre, liés au Niveau de la demande qu'on fait à ce personnage.

En fait, il existe ici 2 types de demandes qu'une personne adresserait au défunt :
--- lui demander de faire lui-même l'action dont l'effet est la guérison (ce qui correspond au Niveau Miraculeux sus-cité quand le personnage était vivant) ;
--- lui demander d'être la cause - par son Intercession auprès de Dieu - pour que Dieu décide d'accorder de Sa part la guérison (ce qui correspond au Niveau d'Intercession sus-cité quand le personnage était vivant).

- Ibn Taymiyya : "والمراتب في هذا الباب ثلاث: إحداها أن يدعو غير الله وهو ميت أو غائب، سواء كان من الأنبياء والصالحين أو غيرهم، فيقول: "يا سيدي فلان أغثني" أو "أنا أستجير بك" أو "أستغيث بك" أو "انصرني على عدوي" ونحو ذلك" (MF 1/350) ; "الثانية أن يقال للميت أو الغائب من الأنبياء والصالحين: "ادعُ الله لي" أو "ادعُ لنا ربك" أو "اسألِ الله" (MF 1/351) ; "الثالثة أن يقال: "أسألك بفلان أو بجاه فلان عندك" ونحو ذلك الذي تقدم عن أبي حنيفة وأبي يوسف وغيرهما أنه منهي عنه. وتقدم أيضا أن هذا ليس بمشهور عن الصحابة بل عدلوا عنه إلى التوسل بدعاء العباس وغيره" (MF 1/356).
"وأما من يأتي إلى قبر نبي أو صالح - أو من يعتقد فيه أنه قبر نبي أو رجل صالح وليس كذلك - ويسأله ويستنجده فهذا على ثلاث درجات: إحداها: أن يسأله حاجته مثل أن يسأله أن يزيل مرضه أو مرض دوابه أو يقضي دينه أو ينتقم له من عدوه أو يعافي نفسه وأهله ودوابه ونحو ذلك مما لا يقدر عليه إلا الله عز وجل" (MF 27/72) ; أما القسم الثالث وهو أن يقول: "اللهم بجاه فلان عندك" أو "ببركة فلان" أو "بحرمة فلان عندك"، "افعل بي كذا وكذا". فهذا يفعله كثير من الناس. لكن لم ينقل عن أحد من الصحابة والتابعين وسلف الأمة أنهم كانوا يدعون بمثل هذا الدعاء. ولم يبلغني عن أحد من العلماء في ذلك ما أحكيه؛ إلا ما رأيت في فتاوى الفقيه أبي محمد ابن عبد السلام، فإنه أفتى أنه لا يجوز لأحد أن يفعل ذلك إلا للنبي صلى الله عليه وآله وسلم إن صح الحديث في النبي صلى الله عليه وآله وسلم" (MF 27/83).

- Cheikh Ashraf 'Alî Thânwî : "والتفصيل فى المسألة أن التوسل بالمخلوق له تفاسير ثلاثة. الأول: دعاءه واستغاثته كديوان المشركين؛ وهو حرام إجماعا (…). والثاني: طلب الدعاء منه (...). والثالث: دعاء الله بهذا المخلوق المقبول" (Bawâdir un-nawâdir, pp. 706-708).

- Ce que Ibn Taymiyya et Cheikh Thânwî ont mentionné ici comme 3ème chose, cela constitue le "du'â bi-l-wassîla" : c'est une demande que la personne adresse à Dieu, et pas au défunt, mais en ajoutant à Dieu : "Cette demande que je t'ai faite, accepte-la à cause de la place que le Prophète a auprès de toi" ; et nous en avons déjà parlé dans l'article suivant : L'invocation qu'on a adressée à Dieu, demander à Dieu : "O Dieu, exauce cette invocation au nom de la place que le Prophète a auprès de Toi" ? (الدعاء بالوسيلة).

- La question ne se pose donc en fait que pour les 2 premiers types de demandes, adressées au défunt lui-même :

Et ces 2 types de demandes se retrouvent dans les 5 niveaux de croyance suivants :
--- le 1er type de demande se retrouve dans les niveaux 5, 4 et 3 qui vont suivre ;
--- et le 2nd type dans le niveau 1, plus bas, ainsi que
possiblement dans le niveau 2...

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En ce III.II.II, 5 niveaux existent en effet quant au fait de demander à une personne décédée de réaliser quelque chose qui ne relève pas du I (voir plus haut) ; l'échelonnement se fait ci-après du plus accentué au moins accentué :

--- Niveau 5) "أن يعتقد المرء قدرة عبد (له اختيار) على أن يكوّن له شيءً، وهذا باستقلاله - في تكوينه ذلك الشيء - عن إرادة الله الجزئية، لأن تدبير ذلك الأمر بيده؛ فيتصرف ذلك العبد تصرفًا غير مقيَّد بإرادة الله التكوينيّة الجزئيّة؛ ولا يقدر الله على عزله من تدبير ذلك الأمر" : Soit la personne croit que ce personnage peut décider de lui-même de lui accorder ce qu'elle lui demande, et peut réaliser cela lui-même, et que Dieu n'a même pas capacité à empêcher ce personnage de décider et de réaliser ce qu'il fait là, car il est totalement indépendant de Lui. La personne dit donc à ce personnage : "Ô Untel, je te demande que tu décides de me guérir de telle maladie, toi qui es indépendant par rapport à Dieu pour ce qui est de conférer la guérison quant à cette maladie".

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--- Niveau 4) "أن يعتقد المرء قدرة عبد (له اختيار) على أن يكوّن له شيءً، وهذا باستقلاله - في تكوينه ذلك الشيء - عن إرادة الله الجزئية، لأن الله فوّض إليه تدبير ذلك الأمر؛ فيتصرف ذلك العبد تصرفًا غير مقيَّد بإرادة الله التكوينيّة الجزئيّة؛ ولكن مع ذلك فإنّ الله يقدر على عزله من تدبير ذلك الأمر إن شاء" : Soit la personne croit que ce personnage peut décider de lui-même, et ensuite réaliser, ce qu'elle lui demande, car Dieu lui a confié l'autonomie de gérer cela : Dieu lui a donné de façon permanente la Capacité (qud'ra) de le réaliser. C'est donc avec la permission takwînî permanente de Dieu que ce personnage réalise ce que cette personne lui demande de faire, mais sans besoin que Dieu le décide. Par contre, Dieu peut, ultérieurement, décider de résilier cette permission générale de façon complète. La personne dit donc à ce personnage : "Ô Untel, je te demande que tu décides de me guérir de telle maladie, toi qui disposes de la faculté permanente - que Dieu t'a octroyée - de décider de guérir de cette maladie".
Ensuite :
------ 4.b) soit elle croit que Dieu a capacité à empêcher ce personnage de réaliser ce qu'il réalise, mais Il ne l'en empêche jamais, parfois à contrecœur, afin de ménager ce personnage qu'Il aime énormément, voire qu'Il redoute quelque peu ;
------ 4.a) soit elle croit que Dieu peut, occasionnellement, mettre Son veto à ce que ce personnage applique cette faculté à telle personne précise : Il peut alors lui imposer ce que Lui il veut (comme chez les humains l'empereur le fait avec un des rois qui gèrent un des royaumes constituant l'empire).

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-- Niveau 3) "أن يعتقد المرء قدرة عبد (له اختيار) على أن يكوّن له شيءً يحتاج إليه (ولم يُقْدِره الله به)، ولكن هذا بغير استقلال - في تكوينه ذلك الشيء - عن إرادة الله الجزئية، ولكن بطلبٍ من الله فإقدارِ الله إياه بتحقيق ذلك الأمر بذريعة حسّيّة؛ فيتصرف ذلك العبد تصرفًا مقيَّدًا بإرادة الله التكوينيّة الجزئيّة، وبذريعة حسّيّة وليس بالإرادة المخصوصة التي تنفذ" : Soit la personne croit que ce personnage peut réaliser lui-même ce qu'elle lui demande, mais cela ponctuellement, car cela ne voit le jour qu'après que ce personnage présente à Dieu la requête de réaliser ce que cette personne lui a demandé, et Dieu lui confère alors ponctuellement la Capacité de réaliser personnellement ce que la personne lui a demandé, et ce, par autre chose que la seule volonté affectant directement et à distance ; c'est donc avec la Décision juz'î takwînî de Dieu que ce personnage réalise ce que la personne lui demande de faire. Cette personne dit donc à ce personnage : "Ô Untel, je te demande que tu me guérisses, par ton action, de telle maladie, chose que tu pourras réaliser toi-même si Dieu accepte d'exaucer ma demande et te donne la capacité de réaliser cela, choses qui pourront se faire si tu intercèdes pour moi auprès de Lui" ;
------ 3.b) et soit elle croit que Dieu a la capacité de refuser à ce personnage de lui accorder la capacité de réaliser ce que la personne lui a demandé, mais Il ne la lui refuse jamais, parfois à contrecœur, afin de ménager ce personnage qu'Il aime énormément, voire qu'Il redoute quelque peu ;
------ 3.a) soit elle croit que Dieu parfois refuse à ce personnage sa demande de lui accorder la capacité de réaliser ce qu'il Lui demande : c'est seulement s'Il le décide, quand Il le décide, qu'Il accède à la requête de ce personnage, et lui confère la faculté temporaire d'accorder à cette personne ce qu'elle lui a demandé.

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--- Niveau 2) "أن يعتقد المرء قدرة عبد (له اختيار) على أن يطلب من الله أن يكوّن له شيءً يحتاج إليه؛ ولكن لا يسأل ذلك العبدَ أن يشفع له عند الله في ذلك الشيء، بل يعرض حاجته أمامه مطلقًا، قائلًا: "أسألك تحقيق حاجتي هذه"، ومراده أن يشفع له عند الله في حاجته تلك، فيكوّن الله الشيءَ المحتاج إليه، استجابةً لشفاعته" : Soit la personne croit que ce personnage n'a pas la capacité de réaliser lui-même le besoin qu'elle lui présente, mais seulement de transmettre ce besoin à Dieu. Cependant, à la différence du niveau 1 (qui va suivre), ici la personne se contente de présenter à ce personnage son besoin, et lui formule les choses ainsi : "Ô Untel, je te demande la guérison pour moi" (sous-entendu : "Fais-la moi obtenir de Dieu, par le biais de ton intercession en ma faveur auprès de Lui") ;
----- 2.b) et soit elle croit aussi que Dieu accepte forcément cette intercession, parfois à contrecœur, afin de ménager ce personnage qu'Il aime énormément, voire qu'Il redoute quelque peu ;
----- 2.a) soit elle croit que si Dieu le veut, Il accepte l'intercession de ce personnage en sa faveur, et s'Il ne le veut pas, Il ne l'accepte pas ; tout reste donc dans la Décision takwînî de Dieu.

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--- Niveau 1) "أن يعتقد المرء قدرة عبد (له اختيار) على أن يطلب من الله أن يكوّن له شيءً يحتاج إليه؛ فيسأل ذلك العبدَ أن يشفع له عند الله في أن يكوّن الله له ذلك الشيء " : Soit la personne croit que ce personnage n'a pas la capacité de réaliser de lui-même le besoin qu'elle lui présente, mais seulement de le transmettre à Dieu, et elle lui demande donc explicitement d'invoquer Dieu qu'Il le lui accorde. Elle lui dit donc : "Ô Untel, je te demande de demander à Dieu qu'Il décide de m'accorder la guérison" ;
----- 1.b) et soit elle croit aussi que Dieu accepte toujours cette intercession, parfois à contrecœur, afin de ménager ce personnage qu'Il aime énormément, voire qu'Il redoute quelque peu ;
----- 1.a) soit elle croit aussi que si Dieu le veut, Il acceptera l'intercession de ce personnage en sa faveur, et s'Il ne le veut pas, Il ne l'acceptera pas ; tout reste donc dans la Décision takwînî de Dieu

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A chaque fois que nous avons lu la formule : "le réalise lui-même", cela désigne : "décider lui-même que cela se réalise" : selon la croyance de la personne, les choses se passeraient selon la volonté du personnage, et ce que cette volonté se concrétise par un moyen indirect (sa décision de guérir une personne entraîne la guérison de celle-ci), ou par une action de la part de ce personnage (il ferait un souffle, ou un toucher, et le résultat serait là).

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Récapitulatif :

Niveau 5) croire que ce personnage s'est vu confier par Dieu la gestion autonome du domaine auquel se rapporte la demande que la personne lui a faite (استقلال بالتأثير) ; c'est-à-dire que ce genre de demandes est réalisé directement par ce personnage, et non plus par Dieu ; et Dieu ne met même pas Son Veto à l'application de cette faculté à tel cas de figure individuel ;

Niveau 4.a) croire que ce personnage s'est vu confier par Dieu la gestion autonome du domaine auquel se rapporte la demande que la personne lui a faite (استقلال بالتأثير) ; c'est-à-dire que ce genre de demandes est réalisé directement par ce personnage, Dieu, lui ayant confié ce domaine, ne gérant plus cela et ne prenant plus, en général, les décisions les concernant ; ponctuellement, cependant, pour une raison qu'Il connaît, Dieu peut mettre Son Veto à l'application de la faculté à tel cas de figure individuel ; de même, s'Il le veut, Dieu peut annuler complètement l'octroi de la gestion de ce domaine à ce personnage ;

Niveau 3.a) croire que ce genre de demandes peut être réalisé par ce personnage lui-même, mais avec, systématiquement, le besoin pour lui d'adresser préalablement à Dieu requête de lui accorder la faculté temporaire de pouvoir réaliser la demande que la personne lui a faite, et à condition que Dieu ait exaucé cette requête ; de plus, ce personnage réalise alors cette requête par un moyen "palpable" (un toucher, ou un souffle, etc.) ;

Niveau 2) présenter le besoin au personnage revient soit à croire chose du Niveau 3, soit à croire chose du Niveau 1 ;

Niveau 1) croire que ce personnage se contente de demander à Dieu que Ce Dernier réalise Lui-même la demande que la personne lui a adressée.

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IV) Statut de chacun de ces Niveaux évoqués en III.II.II :

--- Tous les Cas b (4.b / 3.b / 2.b / 1.b) comportent le fait de croire que Dieu est amené à forcément accepter l'intercession de quelqu'un, fût-ce à contrecœur : or pareille croyance constitue du Shirk Akbar.

Cela rejoint la conception de l'intercession que les Polycultistes Arabes avaient.

Notons ici que - selon mon humble compréhension - l'écrit suivant de Cheikh Thânwî correspond au cas de figure 1.b : "اور بعض کا یہ عقیدہ ہوتا ہے کہ ایسی قدرتِ مستقلہ تو کسی مخلوق میں نہیں، مگر بعض مخلوق کو قرب وقبول کا ایسا درجہ عطا ہوتا ہے کہ یہ اپنے متوسلین کے لئے سفارش کرتے ہیں، پھر اس سفارش کے بعد بھی ان کو نفع وضرر کا اختیار نہیں دیا جاتا، بلکہ حق تعالی ہی نفع وضرر پہنچاتے ہیں لیکن اس سفارش کے قبول میں کبھى تخلف نہیں ہوتا. اور اس سفارش کی تحصيل کے لئے اس کے ساتھ بلا واسطہ یا بواسطہ معاملہ مشابہ عبادت کرتے ہیں. یہ عقیده اعتقاد تاثیر نہیں ہے لیکن بلا دلیل شرعی بلکہ خلاف دلیل شرعی ایسا عقیدہ رکھنا معصیت اعتقادیہ اور مشابہ عبادت معاملہ کرنا معصیت عملیہ ہے. اور اسی مشابہت کے سبب اطلاقات شرعیہ میں اس کو مشرک کہدیا جاتا ہے" (Bawâdir un-nawâdir, note sur la page 707 ; Imdâd ul-fatâwâ, 6/84).

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--- Le 5 constitue la croyance en l'Indépendance d'une créature dans le Takwîn : cela constitue du Shirk Akbar fi-r-Rubûbiyya (et, dès lors, du Shirk Akbar billâh fi-l-Ulûhiyya aussi) :

Cela revient à croire que Autre que Dieu fait Khalq (lire mon article sur le sujet) (lire aussi un second article exposant pourquoi cela constitue du Khalq et non plus seulement du Tadbîr).

Cela revient à attribuer à cet Autre que Dieu le Niveau A cité plus haut en II.

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--- Le 4.a constitue la croyance en l'Autonomie d'une créature dans le Takwîn : cela constitue du Shirk Akbar billâh fi-r-Rubûbiyya (et, dès lors, du Shirk Akbar billâh fi-l-Ulûhiyya aussi) :

Cheikh Ashraf 'Alî Thânwî dit du niveau 4.a que cela constitue bel et bien du Shirk Akbar, même si la personne croit que c'est Dieu qui a accordé cette faculté à ce personnage, même si elle croit que Dieu peut résilier complètement cette faculté qu'Il lui avait accordée, et même si elle croit que Dieu peut, occasionnellement, mettre Son veto à ce que ce personnage applique à telle personne le bénéfice de cette faculté lui ayant été accordée et de ce domaine dont la gestion lui a été confiée : "دعاءه واستغاثته كديوان المشركين؛ وهو حرام إجماعا. أما أنه شرك جلي أم لا، فمعياره: أنه إن اعتقد استقلاله بالتأثير، فهو شرك كفري اعتقادا (…)؛ وإلا، فلا. ومعنى [اعتقاد] استقلاله: [اعتقاد] أن الله قد فوّض إليه الأمور بحيث لا يحتاج في إمضائها إلى مشيئته الجزئية، وإن قَدَر على عزله عن هذا التفويض" (Bawâdir un-nawâdir, pp. 706-708). "حاصل، اس اعتقادِ تاثیر وعدمِ اعتقادِ تاثیر کے معیارِ فرق کا، یہ ہے کہ بعض کا تو یہ عقیدہ ہوتا ہے کہ اللہ تعالی نے کسی خاص مخلوق کو جو اس کا مقرب ہے کچھ قدرتِ مستقلہ، نفع وضرر کی، اس طرح سے عطا فرما دی ہے کہ اس کا اپنے معتقِد ومخالِف کو نفع وضرر پہنچانا مشیتِ جزئیہ حق پر موقوف نہیں - گو اگر روکنا چاہے، تو پہر قدرتِ حق ہی غالب ہے -. جیسے سلاطین اپنے نائبین وحکام کو خاص اختیارات اس طرح دے دیتے ہیں کہ ان کا اجراء اس وقت سلطانِ اعظم کی منظوری پر موقوف نہیں آتا، گو روکنا چاہے، سلطان ہی کا حکم غالب رہے گا. سو یہ عقیدہ تو اعتقادِ تاثیر ہے. اور مشرکین عرب کا اپنے اٰلِہَہ باطلہ کے ساتھ یہی اعتقاد تھا. "اور بعض کا یہ عقیدہ ہوتا ہے کہ ایسی قدرتِ مستقلہ تو کسی مخلوق میں نہیں، مگر بعض مخلوق کو قرب وقبول کا ایسا درجہ عطا ہوتا ہے کہ یہ اپنے متوسلین کے لئے سفارش کرتے ہیں" (Bawâdir un-nawâdir, note de bas de page sur p. 707).

Dans un autre article, il est exposé que tout ce qui constitue une invocation et est adressé à un autre que Dieu "tombe" sur un djinn.

Le verset suivant parle aux Polycultistes qui étaient à ce niveau 4.a : "قُلْ أَفَرَأَيْتُم مَّا تَدْعُونَ مِن دُونِ اللَّهِ إِنْ أَرَادَنِيَ اللَّهُ بِضُرٍّ هَلْ هُنَّ كَاشِفَاتُ ضُرِّهِ أَوْ أَرَادَنِي بِرَحْمَةٍ هَلْ هُنَّ مُمْسِكَاتُ رَحْمَتِهِ قُلْ حَسْبِيَ اللَّهُ عَلَيْهِ يَتَوَكَّلُ الْمُتَوَكِّلُونَ" : "Dis : "Avez-donc considéré ce que vous invoquez en dehors de Dieu ? Si Dieu veut à mon sujet un tort, peuvent-ils enlever (ce) tort, ou (s'Il) veut pour moi une faveur, peuvent-ils retenir Sa faveur ?" Dis : "Dieu me suffit ! A Lui s'en remettent ceux qui sont à se remettre" (Coran 39/38). Ici il s'agit d'une argumentation à partir d'un postulat partagé par les Polycultistes du niveau 4.a : ils reconnaissent que ceux qu'ils ont divinisés (et dont ils croient à l'autonomie dans le Takwîn) ne peuvent cependant pas empêcher Dieu de faire se réaliser ce qu'Il a décidé de faire se réaliser ; voilà qui prouve que, face à la Volonté de Dieu, ces êtres ne peuvent rien. Pourquoi, alors, leur demander ce dont on a besoin, et délaisser Dieu ? Voilà l'argumentation présente en ce verset.

C'est dans ce 4ème niveau de Polycultisme que se trouvaient les gens auxquels les prophètes Joseph et Hûd (sur eux soit la paix) adressèrent leur prêche, ainsi que certains Arabes de l'époque du prophète Muhammad (que Dieu le bénisse et le salue). Et c'est ce type de polycultisme de la Jâhiliyya qui, a prédit le Prophète, subsistera malheureusement dans sa Umma sous la forme de la demande de pluie aux étoiles...

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--- Le 3ème niveau (3.a) est interditdans la mesure où cette personne a attribué à ce personnage (une créature dotée de choix, ikhtiyâr) un pouvoir que Dieu n'a pas conféré à celui-ci, et lui adresse une demande en ce sens :

--- Selon Ibn Taymiyya, cela constitue systématiquement du Shirk Akbar, dès lors que la personne demande à ce personnage chose qu'il n'a pas la capacité de lui accorder (et je ne parle pas d'un manque de force ou de richesses, mais d'une incapacité de principe) ; que le personnage soit mort, ou soit absent. Cela englobe :
----- le fait que la personne croit que le personnage dispose d'une faculté dont en fait - par principe même - Seul Dieu dispose (I) ;
----- le fait qu'elle croit que le personnage dispose d'une faculté dont Dieu a gratifié certaines de Ses créatures (comme le fait de guérir miraculeusement, par le toucher, ou le souffle), mais ce personnage dispose de cette faculté de façon autonome par rapport à Dieu (niveau 4.a) ;
----- le fait qu'elle croit que le personnage a besoin systématiquement de l'autorisation ponctuelle de Dieu pour obtenir l'aptitude de réaliser cette faculté en faveur de qui leur a adressé son besoin (niveau 3.a).
C'est bien ce qui ressort de son écrit suivant : "فقد أخبر الله في هذه الآية أنه يغفر الذنوب: أي لمن تاب. وقد قال في الأخرى: {إن الله لا يغفر أن يشرك به ويغفر ما دون ذلك لمن يشاء} وهذا في حق من لم يتب؛ فالشرك لا يغفره الله، وما دون الشرك أمره إلى الله إن شاء عاقب عليه وإن شاء عفا عنه. ومن الشرك أن يدعو العبد غير الله، كمن يستغيث في المخاوف والأمراض والفاقات بالأموات والغائبين، فيقول: "يا سيدي الشيخ فلان" - لشيخ ميت أو غائب - فيستغيث به ويستوصيه ويطلب منه ما يطلب من الله من النصر والعافية؛ فإن هذا من الشرك الذي حرمه الله ورسوله باتفاق المسلمين. وهؤلاء المشركون قد يتمثل لأحدهم صورة الشيخ الذي استغاث به، فيظن أنه الشيخ أو ملك جاء على صورته، وإنما هو شيطان تمثل له ليضله ويغويه لما دعا غير الله" (MF 11/663-664) ; ainsi que de l'écrit dans lequel il relate que des gens l'ayant appelé à leur secours alors qu'il n'était pas sur place, c'est un djinn ayant pris son apparence qui est venu les secourir : "وأعرف عددا كثيرا وقع لهم في عدة أشخاص يقول لي كل من الأشخاص: "إني لم أعرف أن هذا استغاث بي"، والمستغيث قد رأى ذلك الذي هو على صورة هذا وما اعتقد أنه إلا هذا. وذكر لي غير واحد أنهم استغاثوا بي، كل يذكر قصة غير قصة صاحبه؛ فأَخبَرت كلا منهم أني لم أجب أحدا منهم ولا علمت باستغاثته؛ فقيل: "هذا يكون ملكا"؛ فقلت: "الملك لا يغيث المشرك، إنما هو شيطان أراد أن يضله" (MF 19/47-48). "وأعرف من ذلك وقائع كثيرة في أقوام استغاثوا بي وبغيري في حال غيبتنا عنهم، فرأوني أو ذاك الآخر الذي استغاثوا به قد جئنا في الهواء ودفعنا عنهم. ولما حدثوني بذلك، بينت لهم أن ذلك إنما هو شيطان تصور بصورتي وصورة غيري من الشيوخ الذين استغاثوا بهم، ليظنوا أن ذلك كرامات للشيخ، فتقوى عزائمهم في الاستغاثة بالشيوخ الغائبين والميتين. وهذا من أكبر الأسباب التي بها أشرك المشركون وعبدة الأوثان" (MF 1/360).

Dès lors que la personne demande au personnage quelque chose dans une perspective ghaybî, alors même que ce personnage n'a pas la capacité de réaliser cela, cela constitue du shirk akbar

Il écrit encore : "والمراتب في هذا الباب ثلاث: إحداها أن يدعو غير الله وهو ميت أو غائب، سواء كان من الأنبياء والصالحين أو غيرهم، فيقول: "يا سيدي فلان أغثني" أو "أنا أستجير بك" أو "أستغيث بك" أو "انصرني على عدوي" ونحو ذلك. فهذا هو الشرك بالله" (MF 1/350). "أو يدعوه من دون الله تعالى؛ مثل أن يقول: "يا سيدي فلان اغفر لي" أو "ارحمني" أو "انصرني" أو "ارزقني" أو "أغثني" أو "أجرني" أو "توكلت عليك" أو "أنت حسبي" أو "أنا في حسبك" أو نحو هذه الأقوال والأفعال التي هي من خصائص الربوبية التي لا تصلح إلا لله تعالى. فكل هذا شرك وضلال يستتاب صاحبه" (MF 3/395).

Dans le passage suivant, Ibn Taymiyya semble avoir mêlé les niveaux 3.a et 1 : "وإن قال: "أنا أسأله لكونه أقرب إلى الله مني ليشفع لي في هذه الأمور، لأني أتوسل إلى الله به كما يتوسل إلى السلطان بخواصه وأعوانه"، فهذا من أفعال المشركين والنصارى، فإنهم يزعمون أنهم يتخذون أحبارهم ورهبانهم شفعاء يستشفعون بهم في مطالبهم، وكذلك أخبر الله عن المشركين أنهم قالوا: {ما نعبدهم إلا ليقربونا إلى الله زلفى} وقال سبحانه وتعالى: {أم اتخذوا من دون الله شفعاء قل أولو كانوا لا يملكون شيئا ولا يعقلون}" (MF 27/72) ; "وقول كثير من الضلال: "هذا أقرب إلى الله مني وأنا بعيد من الله لا يمكنني أن أدعوه إلا بهذه الواسطة" ونحو ذلك من أقوال المشركين، فإن الله تعالى يقول: {وإذا سألك عبادي عني فإني قريب أجيب دعوة الداع إذا دعان}، وقد روي أن الصحابة قالوا يا رسول الله: "ربنا قريب فنناجيه، أم بعيد فنناديه؟" فأنزل الله هذه الآية. وفي الصحيح أنهم كانوا في سفر وكانوا يرفعون أصواتهم بالتكبير فقال النبي صلى الله عليه وآله وسلم: "يا أيها الناس أربعوا على أنفسكم فإنكم لا تدعون أصم ولا غائبا بل تدعون سميعا قريبا إن الذي تدعونه أقرب إلى أحدكم من عنق راحلته". وقد أمر الله تعالى العباد كلهم بالصلاة له ومناجاته، وأمر كلا منهم أن يقول: {إياك نعبد وإياك نستعين} وقد أخبر عن المشركين أنهم قالوا: {ما نعبدهم إلا ليقربونا إلى الله زلفى}. ثم يقال لهذا المشرك: "أنت إذا دعوت هذا [3]، فإن كنت تظن أنه أعلم بحالك وأقدر على عطاء سؤالك أو أرحم بك، فهذا جهل وضلال وكفر؛ وإن كنت تعلم أن الله أعلم وأقدر وأرحم، فلم عدلت عن سؤاله إلى سؤال غيره؟" (MF 27/74) ; "وإن كنت تعلم أنه أقرب إلى الله منك وأعلى درجة عند الله منك فهذا حق؛ لكن كلمة حق أريد بها باطل. فإنه إذا كان أقرب منك وأعلى درجة منك، فإنما معناه أن يثيبه ويعطيه أكثر مما يعطيك، ليس معناه أنك إذا دعوته كان الله يقضي حاجتك أعظم مما يقضيها إذا دعوت أنت الله تعالى" (MF 27/75) ; "فهذا هو القسم الثاني وهو ألا تطلب منه الفعل ولا تدعوه [3 ولكن تطلب أن يدعو لك [1]" (MF 27/75-76).

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--- Par contre, chez Cheikh Thânwî, si du niveau 4.a on lit que cela constitue bien du Shirk Akbar (comme nous l'avons vu plus haut), en revanche, du niveau 3.a on lit que cela est Harâm - Ghayr Mashrû', Kabîra - sans atteindre en soi le degré de Shirk Akbar.

Il écrit :
"والتفصيل فى المسألة أن التوسل بالمخلوق له تفاسير ثلاثة. الأول: دعاءه واستغاثته كديوان المشركين [ألفوهو حرام إجماعا. أما أنه شرك جلي أم لا [ب]، فمعياره: أنه إن اعتقد استقلاله بالتأثير، فهو شرك كفري اعتقادا [ج] (…)؛ وإلا، فلا [د]. ومعنى [اعتقاد] استقلاله: [اعتقاد] أن الله قد فوّض إليه الأمور بحيث لا يحتاج في إمضائها إلى مشيئته الجزئية، وإن قَدَر على عزله عن هذا التفويض. والثاني: طلب الدعاء منه (...). والثالث: دعاء الله بهذا المخلوق المقبول" (Bawâdir un-nawâdir, pp. 706-708).

Notes explicatives de ma part :
[ألف] أي كما يفعله المشركون، يعني: كما يسأل المشركون مخلوقًا غيبيًا أن يغيثهم مباشرةً
[ب] يعني: هل هو في نفسه شرك أكبر، أم هو حرام دون أن يَكون في نفسه شركًا أكبر
[ج] يعني: فهي بدعة اعتقادية محرّمة بدرجة الشرك الأكبر - وبالتالي الكفر الأكبر. فهذا إذا اعتقد المستغيثُ أنّ الله فوّض إلى ذلك العبد المقرَّب تدبير هذا الأمر بحيث لا يحتاج فيه إلى مشيئة الله التكوينيّة الجزئية، بل يتصرف فيه تصرفًا غير مقيَّد بإرادة الله التكوينيّة الجزئيّة؛ فهي بدعة اعتقادية محرّمة بدرجة الشرك الأكبر. هذا وإن اعتقد مع ذلك أنّ الله يَقْدِر على عزل ذلك العبد المقرَّب من تدبير هذا الأمر إذا شاء، بل يَقْدِر على منعه حينًا من تنفيذ قدرته تلك لِشخصٍ مّا، إذا لم يرض تعالى بنفاذها له
[د] يعني - فيما فهمتُه -: إن اعتقد المستغيثُ أنّ ذلك المخلوق يتصرف تصرفًا مقيَّدًا بإرادة الله التكوينيّة الجزئيّة، فهي بدعة اعتقادية محرّمة دون الشرك الأكبر. وتفصيله كما يلي: يعتقد المستغيثُ أنّ ذلك العبد المقرَّب لم يفوّض الله إليه تدبير الأمر الذي طلَبَه منه - وهو من الأمور التي ليست خاصّة بالله أيضًا، ولم يُقْدِر الله ذلك المخلوق عليه -، بل لا يزال ذلك العبد المقرَّب يحتاج - في تحقيق الأمر الذي طلَبَه منه - إلى مشيئة الله الجزئية، ولكن يستطيع - بسبب قربه من الله - أن يطلب من خالقه تعالى أن يُقْدِره على تحقيق ذلك الأمر بذريعة حسّيّة؛ ثم قد يأذن الله له بذلك، وقد لا يأذن له به.

Cette croyance est strictement interdite car ayant consisté à attribuer faussement à une créature ce dont seulement certaines autres créatures ont eu la faculté miraculeuse : par leur toucher, entraîner - bi idhnillâh - la création, par Allah, de la guérison de la partie ayant été touchée : cette croyance est contraire à la réalité et à ce que les textes disent : les défunts n'interviennent pas dans ce monde ; Dieu ne leur confère pas la faculté de guérir (même "bi idhni-hî") par un toucher ou un souffle, comme Il avait conféré cette faculté bi idhni-hî à certains de ces personnages lorsqu'ils étaient vivants.
Il est donc strictement interdit de demander au défunt - fût-il le Prophète (que Dieu le bénisse et le salue) -, en étant devant sa tombe, de nous guérir de notre maladie par un toucher qu'il nous ferait (comme il en a fait certains Compagnons), même en ajoutant : "D'abord il devra en demander la faculté à Allah".

Cependant, selon Cheikh Thânwî, cette croyance ne constitue pas en soi du Shirk Akbar, et ce parce que le Shirk Akbar consiste en : "تسوية غير الله بالله فيما هو من خصائص الله", également formulé : "إثبات صفة من الصفات الخاصة بالله تعالى لغيره" (lire mon article). Or, ici la personne n'a pas attribué à cette créature une chose qui est propre au Créateur :
--- ni la faculté d'apporter assistance ou de causer la guérison de façon autonome par rapport à la Permission d'un être lui étant supérieur : "التصرف غير المقيَّد بإرادة أحد" : la personne ne croit pas que ce personnage dispose de la faculté de guérir sans avoir besoin de la Décision Takwînî Juz'î de Dieu. Car c'est bien cette croyance en l'autonomie d'autres que Dieu qui a fait des Arabes anté-islamiques des Polycultistes : "اور جاہلان عرب کا مشرک ہونا نص سے ثابت ہے، پس لا محالہ وہ تصرف غیر مقیَّد بالاذن کے قائل تھے" : Imdâd ul-fatâwâ, 6/86 ; Bawâdir un-nawâdir, note du bas de la page 707 : cela relève des Niveaux 5.a ou 4.a cités plus haut) ; alors que croire autrui capable de guérir, mais cela dans le cadre des Décisions Takwînî ponctuelles de Dieu, c'est-à-dire "sans avoir reçu la faculté de gérer de façon autonome la guérison de cette maladie", cela n'est pas du Shirk Akbar ("تصرف مقید بالاذن کا قائل ہونا شرک اکبر نہیں" : Imdâd ul-fatâwâ, 6/85 ; Bawâdir un-nawâdir, note du bas de la page 707) ;
--- ni la faculté de provoquer la guérison de par sa seule décision, à distance (fût-ce dans le cadre des Décisions Takwînî de Dieu) : "إيجاد شفاء المريض بمحض الإرادة" : la personne ne croit pas que, fût-ce suite à l'autorisation occasionnelle de Dieu, ce personnage devient capable de provoquer de par sa seule décision la guérison de la personne. Car
le fait de croire que Autre que Dieu a la faculté d'affecter de façon ghaybî, par sa seule décision, cela, oui, constitue du Shirk Akbar : "جو لوگ اہل قبور یا تعزیہ کی نسبت تاثیر غیبی کے معتقد ہیں، وہ مشرک ہیں. اور جو محض ظاہری تعظیم کے طور پر ان کو سجدہ وغیرہ کرتے ہیں اور ان کی تاثیر کے معتقد نہیں، وہ شرک عملی کی وجہ سے فاسق ہیں کافر نہیں" (Imdâd ul-fatâwâ, 6/84). Shâh Waliyyullâh a lui aussi compté le fait d'accorder la guérison par sa seule volonté, comme était propre à Dieu : "والشرك هو إثبات [صفة من] الصفات الخاصة بالله تعالى لغيره؛ مثل (...) إثبات إيجاد شفاء المريض" : Al-Fawz ul-kabîr, pp. 23-24). Cela revient à attribuer à cet Autre que Dieu quelque chose du Niveau A cité plus haut en II.

Dans ce cas 3.a, la personne croit "seulement" - ce qui est bien sûr faux et donc interdit - que Dieu a conféré, par Sa permission ponctuelle, à ce personnage la faculté de se déplacer par son âme, et de venir toucher ou souffler sur la personne malade, entraînant alors sa guérison (niveau B cité plus haut en II).
Cette personne croit que ce personnage fait donc là ce que des anges ont pu faire : "فبعث إليهم ملكا، فأتى الأبرص، فقال: "أي شيء أحب إليك؟" قال: "لون حسن وجلد حسن، قد قذرني الناس"، قال: فمسحه فذهب عنه، فأعطي لونا حسنا، وجلدا حسنا. (...). وأتى الأقرع فقال: "أي شيء أحب إليك؟" قال: "شعر حسن، ويذهب عني هذا، قد قذرني الناس"، قال: فمسحه فذهب وأعطي شعرا حسنا. (...). وأتى الأعمى فقال: "أي شيء أحب إليك؟" قال: "يرد الله إلي بصري، فأبصر به الناس"، قال: فمسحه فرد الله إليه بصره" (al-Bukhârî, 3277, Muslim, 2964).
Or ce qui a été vrai dans le cas de cet ange n'est pas vrai dans le cas de chaque ange, et n'est pas vrai dans le cas du défunt : attribuer cela au défunt est faux, et est une croyance interdite ; cependant, cela n'est pas du shirk akbar.
(Par contre, serait du shirk akbar par une autre voie : le fait de croire ce personnage capable d'entendre, de par lui-même, tout de partout : nous l'avons vu au point
III, plus haut).

Cette croyance interdite est une porte susceptible de mener au Shirk Akbar.
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Je me demande si, concernant ce cas de figure 3.a, ce hukm ("Cette croyance est une Bid'a interdite, et est une porte vers le Shirk Akbar, mais n'est pas en soi du Shirk Akbar") ne serait pas également l'avis de Ibn 'Abd il-Hâdî...
En effet, car ce dernier a écrit ceci : "يوضحه أن الميت قد انقطع عمله الذي ينتفع به نفسه، ولم يبق عليه منه إلا ما تسبب في حياته في شيء يبقى نفعه كالصدقة وتعليم العلم النافع ودعاء الولد الصالح. فكيف يبقى نفعه للحي وهو عمل يعمله له؟ وهل هذا إلا باطل شرعاً وقدراً؟ ومن جعل زيارة الميت من جنس زيارة الفقير للغني لينال من بره وإحسانه، فقد أتى بما هو أعظم الباطل، المتضمن لقب الحقيقة والشريعة. ولو كان ذلك مقصود الزيارة، لشرع من دعاء الميت والتضرع إليه وسؤال ما يناسب هذا المطلوب. ولكن هذا يناقض ما دعا إليه الرسول صلى الله عليه وسلم من التوحيد وتجريده مناقضة ظاهرة. ولا ينبغي الاقتصار على ذلك بأنه بدعة؛ بل فتْح لباب الشرك وتوسل إليه بأقرب وسيلة" (
As-Sârim ul-munkî fi-r-raddi 'ala-s-Subkî).

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Le récit où on lit qu'une personne venue à Médine s'est rendue devant la tombe du Prophète (sur lui soit la paix), et a exprimé devant lui son souhait de manger tel mets, cela relève-t-il :
--- de ce cas 3.a ?
--- ou bien du cas 2.a (plus bas) ?
Le récit dit que, un peu plus tard, un homme vivant, de la famille du Prophète, est venu lui apporter cette nourriture, mais lui a également transmis ce reproche de la part du Prophète : "Pars d'auprès de nous ! Car auprès de nous on n'exprime pas le souhait de ce genre de chose !" ("وكذلك حكي لنا أن بعض المجاورين بالمدينة جاء إلى عند قبر النبي صلى الله عليه وسلم فاشتهى عليه نوعا من الأطعمة. فجاء بعض الهاشميين إليه فقال: "إن النبي صلى الله عليه وسلم بعث لك ذلك، وقال لك: "اخرج مِن عندنا! فإنّ مَن يكون عندنا لا يشتهي مثلَ هذا" : Al-Iqtidhâ', p. 321).
Si ce récit est authentique, il s'explique ainsi : Le Prophète (sur lui soit la paix) a dû entendre la demande faite par cette personne devant sa tombe, et a alors chargé - en rêve - un membre de sa famille - un Hachémite - d'apporter la nourriture souhaitée par cette personne, mais également de lui dire qu'elle avait agi de façon interdite et qu'elle devait donc quitter les lieux. Cela n'est néanmoins pas du shirk akbar parce que...
--- si cela relève du cas 3.a, parce que la personne ayant fait cette demande au Prophète ne lui a pas demandé de la rassasier de par sa seule volonté, mais de lui faire parvenir un plat de nourriture par un biais physique ;
--- et si cela relève du cas 2.a, parce que la personne n'a même pas demandé au Prophète de lui fournir ce plat, mais a "seulement" exprimé devant sa tombe le souhait d'obtenir un plat de nourriture.

Il y a ce récit voisin, que adh-Dhahabî a cité : روي عن أبي بكر بن أبي علي قال: كان ابن المقرئ يقول: "كنت أنا والطبراني وأبو الشيخ بالمدينة؛ فضاق بنا الوقت فواصلنا ذلك اليوم. فلما كان وقت العشاء حضرت القبر وقلت: "يا رسول الله الجوع"؛ فقال لي الطبراني: "اجلس، فإما أن يكون الرزق أو الموت"، فقمت أنا وأبو الشيخ. فحضر الباب علوي؛ ففتحنا له؛ فإذا معه غلامان بقفتين فيهما شيء كثير وقال: "شكوتموني إلى النبي - صلى الله عليه وآله وسلم -؛ رأيته في النوم فأمرني بحمل شيء إليكم" (Tadhkirat ul-huffâz, 3/121-122).
Le problème c'est que ce récit est cité sans chaîne de narration, avec seulement "ruwiya". Or il faut quelque chose de plus vérifié que cela pour établir une croyance ! Il y a, de plus, des éléments qui se contredisent, dans ce récit : il est d'abord dit qu'ils n'ont pas mangé pour cause de manque de temps et ont donc pratiqué sawm ul-wissâl ; puis il est sous-entendu qu'en fait ils n'avaient pas du tout de nourriture !
De toutes façons, même si cela était authentique, cela relèverait de nouveau soit du cas 3.a, soit du cas 2.a...

Il y a encore ce récit,

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--- Le 2nd niveau (2.a) est à éviter absolument, car constituant une formule trop ambigüe :

La demande de cette personne peut constituer une demande du niveau 3.a (interdit), voire 4.a (shirk akbar).
A tout le moins cela relève d'une demande du niveau 1.a (qui sera cité ci-après), qui est bid'a (de niveau interdit) lorsque le personnage est décédé.

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--- Le 1er niveau (1.a) est :

--- bid'a (de niveau interdit) une fois que le personnage est décédé (en effet, cela n'était chose bien que lorsque ce personnage était vivant : la personne lui demandait alors d'invoquer Dieu - de la façon mashrû', instituée - pour que Celui-ci lui accorde telle chose).

Ibn Taymiyya écrit : "الثانية أن يقال للميت أو الغائب من الأنبياء والصالحين: "ادعُ الله لي" أو "ادعُ لنا ربك" أو "اسألِ الله لنا"، كما تقول النصارى لمريم وغيرها. فهذا أيضا لا يستريب عالم أنه غير جائز وأنه من البدع التي لم يفعلها أحد من سلف الأمة، وإن كان السلام على أهل القبور جائزا ومخاطبتهم جائزة" (MF 1/351). "ولا خلاف بين المسلمين أنه لا يشرع أن يقصد الصلاة إلى القبر، بل هذا من البدع المحدثة؛ وكذلك قصد شيء من القبور لا سيما قبور الأنبياء والصالحين عند الدعاء. فإذا لم يجز قصد استقباله عند الدعاء لله تعالى، فدعاء الميت نفسه أولى أن لا يجوز؛ كما أنه لا يجوز أن يصلي مستقبله، فلأن لا يجوز الصلاة له بطريق الأولى. فعلم أنه لا يجوز أن يسأل الميت شيئا: لا يطلب منه أن يدعو الله له، ولا غير ذلك؛ ولا يجوز أن يشكى إليه شيء من مصائب الدنيا والدين، ولو جاز أن يشكى إليه ذلك في حياته؛ فإن ذلك في حياته لا يفضي إلى الشرك، وهذا يفضي إلى الشرك، لأنه في حياته مكلف أن يجيب سؤال من سأله لما له في ذلك من الأجر والثواب، وبعد الموت ليس مكلفا بل ما يفعله من ذكر لله تعالى ودعاء ونحو ذلك - كما أن موسى يصلي في قبره وكما صلى الأنبياء خلف النبي صلى الله عليه وسلم ليلة المعراج ببيت المقدس وتسبيح أهل الجنة والملائكة - فهم يمتعون بذلك وهم يفعلون ذلك بحسب ما يسره الله لهم ويقدره لهم ليس هو من باب التكليف الذي يمتحن به العباد" (MF 1/354).

Cheikh Thânwî écrit : "والثاني: طلب الدعاء منه؛ وهذا جائز في من يمكن طلب الدعاء منه؛ ولم يثبت في الميت بدليل، فيختص هذا المعنى بالحي" (Bawâdir un-nawâdir, pp. 706-708).

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V) Croire que ce personnage confère la guérison de par sa seule décision, c'est croire la même chose que croient certaines personnes dont le Coran parle :

Lorsque le pieux personnage était vivant et guérissait des malades miraculeusement, ce n'était pas par sa seule volonté qu'il guérissait ainsi, mais par un toucher, ou un souffle, qui atteignait la partie malade de la personne qui lui en avait fait la demande.

Or, une fois mort, il ne peut plus ni toucher ni souffler, puisque n'étant plus de ce monde.

Si ces personnes lui accordent le pouvoir d'affecter le malade depuis le ghayb par sa seule volonté (Niveau A), c'est là du Shirk Akbar.

C'est bien à cause de cela que le Coran dit qu'un certain nombre de chrétiens ont divinisé Marie : "وَإِذْ قَالَ اللّهُ يَا عِيسَى ابْنَ مَرْيَمَ أَأَنتَ قُلتَ لِلنَّاسِ اتَّخِذُونِي وَأُمِّيَ إِلَهَيْنِ مِن دُونِ اللّهِ قَالَ سُبْحَانَكَ مَا يَكُونُ لِي أَنْ أَقُولَ مَا لَيْسَ لِي بِحَقٍّ إِن كُنتُ قُلْتُهُ فَقَدْ عَلِمْتَهُ تَعْلَمُ مَا فِي نَفْسِي وَلاَ أَعْلَمُ مَا فِي نَفْسِكَ إِنَّكَ أَنتَ عَلاَّمُ الْغُيُوبِ. مَا قُلْتُ لَهُمْ إِلاَّ مَا أَمَرْتَنِي بِهِ أَنِ اعْبُدُواْ اللّهَ رَبِّي وَرَبَّكُمْ وَكُنتُ عَلَيْهِمْ شَهِيدًا مَّا دُمْتُ فِيهِمْ فَلَمَّا تَوَفَّيْتَنِي كُنتَ أَنتَ الرَّقِيبَ عَلَيْهِمْ وَأَنتَ عَلَى كُلِّ شَيْءٍ شَهِيدٌ" : "Et lorsque Dieu dira : "O Jésus fils de Marie, est-ce toi qui as dit aux gens : "Prenez-moi, ainsi que ma mère, pour deux divinités en dehors de Dieu ?" Il dira : "Pureté à Toi ! Il ne m'appartient pas de déclarer ce que je n'ai pas le droit de dire. Si je l'avais dit, Tu l'aurais su ; Tu sais ce qu'il y a en moi, et je ne sais pas ce qu'il y a en Toi. Tu es, en vérité, Connaisseur de tout ce qui est caché. Je ne leur ai dit que ce que Tu m'as ordonné de dire, (à savoir) : Adorez Dieu, qui est mon Pourvoyeur et votre Pourvoyeur". J'étais témoin sur eux tant que je suis resté parmi eux. Puis, lorsque Tu m'as repris, Tu étais le Surveillant sur eux. Et Tu es Témoin de toute chose" (Coran 5/116-117).
Et cela n'est nullement dû au qualificatif "Mère de Dieu", que le concile d'Ephèse avait attribué à Marie en 431, ce qualificatif étant "non que la nature du Verbe ou sa divinité ait reçu le début de son existence à partir de la sainte Vierge, mais parce qu'a été engendré d'elle son saint corps animé d'une âme raisonnable, corps auquel le Verbe s'est uni selon l'hypostase et pour cette raison est dit avoir été engendré selon la chair" (source : Clerus.org).
Cela est dû au culte marial, que les chrétiens orthodoxes et les catholiques pratiquent, et dont il est clairement expliqué chez eux qu'il consiste en l'imitation et la vénération mais aussi "l'invocation de Marie" (source : Spiritualité chrétienne).

Comme exposé dans l'article consacré à ce point, ils demandent bien à Marie de décider d'elle-même de réaliser par elle-même certains de leurs besoins, croyant que Dieu lui a accordé l'autonomie en cela. Cela correspond au niveau 4 évoqué plus haut.

Il y a encore ce verset, qui dit que : "اتَّخَذُواْ أَحْبَارَهُمْ وَرُهْبَانَهُمْ أَرْبَابًا مِّن دُونِ اللّهِ وَالْمَسِيحَ ابْنَ مَرْيَمَ وَمَا أُمِرُواْ إِلاَّ لِيَعْبُدُواْ إِلَهًا وَاحِدًا لاَّ إِلَهَ إِلاَّ هُوَ سُبْحَانَهُ عَمَّا يُشْرِكُونَ" : "ils ont pris leurs érudits et leurs moines, ainsi que le Messie fils de Marie, comme des Rabb en dehors de Dieu. Alors qu'il ne leur avait été ordonné que d'adorer un seul être objet d'adoration - pas de divinité sauf Lui. Pureté à Lui de ce qu'ils (Lui) associent" (Coran 9/31). Selon un des commentaires, si ces personnes font un shirk akbar fi-r-rubûbiyya, c'est par le fait d'avoir comme croyance que Dieu le Créateur a confié à ces saints, après leur mort, le pouvoir de gérer certaines choses de l'univers. Elles les appellent des "saints patrons", ayant donc patronage, c'est-à-dire protection, sur tel métier ou telle région, ou contre telle maladie ou telle affliction (lire notre article). Le terme "rabb" présent dans ce verset est alors à appréhender en son sens particulier par rapport au sens de "ilâh". Ibn Âshûr écrit ainsi que ce shirk fait par ces personnes quant à leurs ascètes est également lié au fait que, chez elles, il est très répandu de demander à ceux-ci leur aide lors des batailles : "ومعنى "اتخاذهم هؤلاء أربابا" أن اليهود ادعوا لبعضهم بنوة الله تعالى وذلك تأليه، وأن النصارى أشد منهم في ذلك، إذ كانوا يسجدون لصور عظماء ملتهم مثل صورة مريم وصور الحواريين وصورة يحيى بن زكرياء - والسجود من شعار الربوبية -؛ وكانوا يستنصرون بهم في حروبهم ولا يستنصرون بالله، وهذا حال كثير من طوائفهم وفرقهم؛ ولأنهم كانوا يأخذون بأقوال أحبارهم ورهبانهم المخالفة لما هو معلوم بالضرورة أنه من الدين، فكانوا يعتقدون أن أحبارهم ورهبانهم يحللون ما حرم الله، ويحرمون ما أحل الله، وهذا مطرد في جميع أهل الدينين، ولذلك أفحم به النبيء صلى الله عليه وسلم عديا بن حاتم لما وفد عليه قبيل إسلامه لما سمع قوله تعالى: {اتخذوا أحبارهم ورهبانهم أربابا من دون الله} وقال عدي: "لسنا نعبدهم!" فقال: "أليس يحرمون ما أحل الله فتحرمونه ويحلون ما حرم الله فتستحلونه؟" فقلت: "بلى" قال: "فتلك عبادتهم" (At-Tahrîr wa-t-tanwîr).

Marie est une très pieuse (siddîqa), voire une prophétesse (d'après certains ulémas). Nous pensons des chrétiens des premiers temps du christianisme (qui n'adhéraient pas à la trinité, et dont la forme de religion n'était pas encore abrogée) et qui ont été tués pour leur adhésion au message originel de Jésus, qu'ils sont des martyrs et des awliyâ' (nahsibu-hum kadhâ) : Etienne fut lapidé ; d'autres chrétiens furent injustement accusés par Néron d'avoir provoqué l'incendie de Rome, et ils furent martyrisés dans d'horribles souffrances.

Si, pour un musulman, demander au Prophète Muhammad (sur lui soit la paix) ou à Abdul Qâdir al-Jilânî (que Dieu lui fasse miséricorde) de le guérir de telle maladie, ou de l'aider face à telle personne ennemie, cela était autorisé (mashrû') (comme le croient hélas certains groupes musulmans), pourquoi donc le Coran adresserait-il ces reproches à des hommes demandant à Marie (sur elle soit la paix) ainsi qu'à des érudits chrétiens et des moines défunts des premiers temps du christianisme, de les assister face à des difficultés ?

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VI) Un certain nombre des personnes qui ne voient aucun mal à demander à un pieux personnage défunt, devant sa tombe, la réalisation de telle de leur demandes, prétendent qu'elles font alors comme elles auraient fait quand ce personnage était vivant : ce personnage réalise cela lui-même, en venant par son âme toucher la partie malade de la personne (de la part de ces personnes, c'est donc une croyance du Niveau 4.a si ces personnes croient que ce personnage a reçu de Dieu la faculté de guérir, sans besoin d'une Décision de Sa part) :

Ce personnage avait la capacité miraculeuse, lorsqu'il était vivant, de toucher de sa main la partie malade de la personne, ou de souffler dessus, et Dieu faisait que cela guérissait : c'est le Créateur qui a conféré cet effet à ce toucher ou ce souffle de ce personnage. On pouvait demander à ce personnage de nous guérir, en ce sens.
Eh bien, pareillement, disent ces personnes, lorsque nous demandons
au personnage décédé de nous guérir, c'est seulement que ce personnage possède cette capacité de façon permanente, à lui octroyée par Dieu ; et c'est ce personnage qui décide (4.a). Ainsi en est-il des personnes qui, se rendant devant la tombe de tel pieux personnage qui, de son vivant, guérissait bi idhnillâh les personnes atteintes de lèpre par son toucher, lui disent : "Accorde-moi la guérison de la lèpre, ô toi qui guéris les lépreux par ton toucher", croyant qu'il dispose de cette Qud'ra de façon permanente, et pensant résoudre le problème en ajoutant : "Il réalise cela bi idhnillâh".

Le problème c'est que la mort change beaucoup de choses : les actions s'interrompent alors. Comment donc affirmer qu'"il réalise cela bi idhnillâh", alors que ce pieux personnage est défunt et n'intervient plus en ce monde ? Nous en avons déjà parlé plus haut.

Si ces personnes croient que ce personnage a reçu de Dieu la faculté de gérer cela de façon autonome par rapport à toute nécessité de Décision Divine Ponctuelle, c'est du Shirk Akbar, comme l'a écrit Cheikh Thânwî.

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Trois textes qui ont été mal compris par ces personnes :

Ces personnes ont déduit le caractère mashrû' de ce niveau 4.a (évoqué en III.II.II), voire du niveau évoqué en I, des trois textes suivants, parmi lesquels celui-ci :
--- Ayant émigré de La Mecque à Médine, 'Amr ibn ul-Âs (que Dieu l'agrée) dit au Prophète (sur lui soit la paix), au moment de lui faire allégeance : "Messager de Dieu, je te fais allégeance sur le fait que tu me pardonnes ce qui précède de mon péché". Le Prophète lui répondit : "'Amr, fais allégeance. Car la conversion à l'islam efface ce qui a été commis avant elle, et la hijra efface ce qui a été commis avant elle" : "ثم دنوت، فقلت: "يا رسول الله، إني أبايعك على أن تغفر لي ما تقدم من ذنبي" - ولا أذكر "وما تأخر" -. قال: فقال رسول الله صلى الله عليه وسلم: "يا عمرو، بايع، فإن الإسلام يجب ما كان قبله، وإن الهجرة تجب ما كان قبلها". قال: فبايعته ثم انصرفت"" (Ahmad, 17777 ; voir aussi 17813 et 17827).

Découvrir les deux autres hadîths sur lesquels ces personnes se sont appuyées, ainsi que l'exposé de là où ces gens se sont trompés dans leur déduction (istidlâl) dans mon article consacré à ce point.

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VII) D'autres gens qui ne voient aucun mal à demander à un pieux personnage défunt, devant sa tombe, la réalisation de telle de leur demandes, prétendent eux  aussi qu'ils font alors comme ils auraient fait quand ce personnage était vivant : pour eux, cependant, ce personnage ne réalise cela qu'à échelle humaine (certes miraculeuse), et seulement après avoir demandé et obtenu un mandat occasionnel de la part de Dieu (soit le Niveau 3.a plus haut évoqué) :

Selon ces gens, ce personnage agréé par Dieu intercède auprès de Lui en leur faveur, eux qui lui ont demandé de les guérir, et Dieu décide ponctuellement de lui accorder ce pouvoir, suite à quoi son âme se déplace et vient guérir ces gens par un toucher ou un souffle (3.a).

Le problème c'est que, avec la mort, les actions s'interrompent. Comment donc affirmer qu'"il réalise cela bi idhnillâh", alors que ce pieux personnage est défunt et n'intervient plus en ce monde ?

Voilà une croyance interdite, dit Cheikh Thânwî, car ne correspondant pas à ce qui est établi et ne reposant sur rien de concret.

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Ces gens ont déduit cela du hadîth suivant, qu'ils ont compris de façon particulière :

Ils ont cru que quand Rabî'a ibn Ka'b (que Dieu l'agrée) a dit au Prophète (sur lui soit la paix) : "Je te demande ta compagnie au Paradis", "أسألك مرافقتك في الجنة" (Muslim, 489), cela signifie que celui-ci viendrait le faire entrer au Paradis en prenant sa main, après en avoir obtenu l'Acceptation de la part Dieu.
Pareillement disent-ils, si on demande au Prophète la guérison, il demandera cela à Dieu, puis, après avoir obtenu de Dieu l'acceptation de son intercession, viendra par son âme nous toucher, ce qui causera notre guérison.

Or cette phrase de Rabî'a ne signifie pas qu'il demandait là au Prophète de venir le faire entrer dans le Paradis personnellement, en lui prenant la main.

Lire l'article déjà évoqué plus haut, où est également exposé le sens véritable de cette parole de Rabî'a.

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VIII) D'autres personnes ne voient aucun mal à exposer devant un pieux personnage défunt, se trouvant alors devant sa tombe, leur besoin, et disent savoir que c'est Dieu qui décide de réaliser cela, ce personnage défunt ne faisant qu'intercéder pour elle auprès du Créateur (il s'agit du Niveau 2.a plus haut évoqué) :

Pour ces personnes, il n'est pas autorisé de dire au Prophète : "Je te demande que tu décides de m'accorder le Pardon pour tous mes péchés / que tu décides de me faire entrer dans le Paradis", car le Prophète n'a jamais reçu d'Allah la prérogative de décider d'accorder le Pardon à quelqu'un pour tous ses péchés, ni de décider de faire entrer quelqu'un dans le Paradis.
En revanche, chacun sait que le Prophète a bien reçu d'Allah la prérogative d'intercéder auprès de Lui pour que Lui décide d'accorder Son Pardon / de faire entrer dans le Paradis. Dès lors, ajoutent ces personnes, il est autorisé de dire au Prophète : "Je te demande le Pardon pour tous mes péchés / l'entrée au Paradis". La différence est que, cette fois, ce qui sous-entendu est : "Je te demande d'être la cause que Dieu me pardonne / me fasse entrer au Paradis ; et ce par le fait que tu intercèdes pour moi auprès de Dieu pour qu'Il décide de m'accorder Son Pardon pour tous mes péchés / pour qu'Il décide de me faire entrer dans le Paradis".
Pour ces personnes, quand elles demandent à tel pieux personnage défunt de les guérir, c'était comme si elles demandaient au jeune homme évoqué dans le hadîth de Suhayb : "Guéris-moi" : elles savent bien qu'il ne fait qu'invoquer Dieu de les guérir ; l'attribution du verbe "guérir" au jeune homme étant due au seul fait qu'il était la cause, par son intercession, de la guérison, décidée et créée par Dieu.
C'est le niveau 2.a.

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Déjà adresser ce genre de demande à une personne défunte est une bid'a, interdite.
En sus, cette formulation est trop ambigüe vis-à-vis d'un être qui est dans le ghayb par rapport à soi.

Par ailleurs, quand on entend certaines de ces personnes dire que, suite à leur demande adressée à ce défunt, elles ont vu ensuite - en rêve, voire en état de veille - l'âme du défunt venir souffler sur elles et les guérir par ce moyen, on voit bien que ces personnes ne sont pas au Niveau 2.a - comme elles le prétendent -, mais au moins au Niveau 3.a (يعتقدون أنّ الميت يتصرّف بنفسه تصرُّفًا مقيّدًا بإرادة الله).

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Ces personnes ont elles aussi compris de façon erronée les deux hadîths sus-cités :

--- Le Prophète (que Dieu l'élève et le salue) dit à Rabî'a : "Demande. - Je te demande ta compagnie au Paradis" : "فقال لي: "سل" فقلت: "أسألك مرافقتك في الجنة (Muslim, 489).

--- Par ailleurs, d'après une version différente de celle reproduite plus haut, voici ce que 'Amr ibn ul-'Âs dit : "Je me rendis auprès du Prophète et lui dis : "Etends ta main, que je te fasse allégeance". Le Prophète étendit alors la main droite. Je ramenai la mienne. Il me dit : "Qu'as-tu, 'Amr ? - Je veux stipuler une condition. - Tu stipules comme condition quoi donc ? - Que le Pardon me soit accordé. - Ne sais-tu pas que la conversion à l'islam efface ce qui a été commis avant elle ? que la hijra efface ce qui a été commis avant elle ? que le hajj efface ce qui a été commis avant lui ?" : "فلما جعل الله الإسلام في قلبي أتيت النبي صلى الله عليه وسلم، فقلت: "ابسط يمينك فلأبايعك"، فبسط يمينه، قال: فقبضت يدي، قال: "ما لك يا عمرو؟" قال: قلت: "أردت أن أشترط". قال: "تشترط بماذا؟" قلت: "أن يُغفَر لي"، قال: "أما علمت أن الإسلام يهدم ما كان قبله؟ وأن الهجرة تهدم ما كان قبلها؟ وأن الحج يهدم ما كان قبله؟" (Muslim, 121).

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Dans ces deux cas, une chose a certes été explicitement demandée au Prophète (sur lui soit la paix), mais en tant que résultat de la Décision de Dieu, suite à l'intercession du Prophète...
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Voilà ce que ces personnes disent.

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Cette déduction est elle aussi erronée.

Dans l'article déjà évoqué deux fois récemment le sens correct de ces deux hadîths est à découvrir.

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Wallâhu A'lam (Dieu sait mieux).

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