Qui sont les "Ahl ul-Bayt", "la 'It'rah", du Prophète (صلى الله عليه وسلّم), que l'on trouve évoqués dans le Coran et/ou la Sunna : sont-ce ses épouses, ou bien les gens de sa parenté ?

Les "Ahl" d'un homme sont : ceux qui sont dans la même maison que cet homme.

Or, voilà qui inclut deux types de personnes :

--- A) la personne du sexe féminin mariée à cet homme (mais n'ayant pas forcément de lien de sang avec lui - cas qui n'est vérifié que si l'épouse est la cousine de cet homme -) ;

--- et B) les gens vivant ou ayant vécu dans la même maison que cet homme parce qu'étant ses parents et ses frères et soeurs. Ensuite, par élargissement, la simple parenté de sang suffit pour que faire partie des "Ahl", même s'ils n'ont pas vécu dans la même maison.

Al-Asfahânî écrit : "و"أهل الرجل" في الأصل: من يجمعه وإياهم مسكن واحد. ثم تجوز به فقيل: "أهل الرجل" لمن يجمعه وإياهم نسب (...). وعبر بـ"أهل الرجل" عن امرأته" (Muf'radât ur-Râghib).

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Dès lors, "Ahl ul-bayt" ("les gens de la maison") désigne deux choses (murâd) :

--- A) la (ou les) épouse(s) de l'homme : tous deux vivent dans la même maison : cette maison qui parfois est affiliée au mari (يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آمَنُوا لَا تَدْخُلُوا بُيُوتَ النَّبِيِّ إِلَّا أَن يُؤْذَنَ لَكُمْ), et qui d'autres fois l'est à l'épouse à laquelle cette maison est consacrée (وَاذْكُرْنَ مَا يُتْلَى فِي بُيُوتِكُنَّ مِنْ آيَاتِ اللَّهِ وَالْحِكْمَةِ) ;

--- B) la proche parenté de l'homme (sa famille de sang, tels que son père, son frère, son fils, sa fille, etc.) : ils sont nés ou ont vécu une bonne partie de leur vie dans la même maison.

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I) Au sens général du terme "Ahl", tout croyant est "Ahl du Prophète" (sur lui soit la paix), au sens où il est en quelque sorte "dans la même maison", c'est-à-dire, ici : "dans le même groupe que lui". Le hadîth suivant le prouve :

Un jour, Wâthila ibn ul-Asqa' al-Laythî serendit chez 'Alî ibn Abî Talîb, mais, ayant appelé de l'extérieur, il entendit Fâtima, épouse de 'Alî, lui répondre que son mari s'était rendu auprès du Prophète. Wâthila l'attendit donc. Puis 'Alî arriva, accompagné du Messager de Dieu. Tous deux entrèrent dans la maison de 'Alî, et Wâthila y entra lui aussi. Le Prophète (sur lui soit la paix) fit asseoir ses deux petits-fils devant lui, fit asseoir Fâtima à sa droite et 'Alî à sa gauche. Puis il prit une pièce de tissu, la déploya au-dessus d'eux tous mais pas de Wâthila, puis dit : "Dieu ne veut qu'enlever de vous la souillure, o Ahl al-bayt, et vous purifier". O Dieu, ceux-ci sont mes Ahl ; ils sont sur le vrai". Wâthila, se trouvant dans un coin de la maison et n'ayant lui pas été inclus sous l'étoffe, demanda : "Et moi, ô Messager de Dieu, fais-je partie de ton Ahl ?" Le Prophète lui répondit : "Tu fais partie de mes Ahl". Wâthila disait au sujet de cette dernière parole : "Cela fait partie de ce en quoi j'ai le plus d'espoir".
"أخبرنا أبو عبد الله الحافظ، وأبو بكر القاضي، وأبو عبد الله السوسي قالوا: ثنا أبو العباس محمد بن يعقوب، ثنا العباس بن الوليد بن مزيد، أخبرني أبي قال: سمعت الأوزاعي قال: حدثني أبو عمار رجل منا قال: حدثني واثلة بن الأسقع الليثي قال: جئت أريد عليا رضي الله عنه فلم أجده. فقالت فاطمة رضي الله عنها: "انطلَق إلى رسول الله صلى الله عليه وسلم يدعوه، فاجلس". قال: فجاء مع رسول الله صلى الله عليه وسلم فدخلا، فدخلت معهما. قال: فدعا رسول الله صلى الله عليه وسلم حسنا وحسينا فأجلس كل واحد منهما على فخذه، وأدنى فاطمة من حجره، وزوجها، ثم لف عليهم ثوبه وأنا منتبذ فقال: "{إنما يريد الله ليذهب عنكم الرجس أهل البيت ويطهركم تطهيرا}. اللهم هؤلاء أهلي، اللهم أهلي أحق". قال واثلة: قلت: "يا رسول الله، وأنا من أهلك؟" قال: "وأنت من أهلي". قال واثلة رضي الله عنه: "إنها لمن أرجى ما أرجو" (al-Bayhaqî dans Al-Kub'ra, 2870).

Après avoir lui aussi rapporté ce récit dans son Shar'hu Mushkil il-âthâr (773), at-Tahâwî écrit : "Wâthila (...) n'est qu'un homme des Banû Layth, ne faisant (même) pas partie des Quraysh (...). Dès lors, la parole (du Prophète) à Wâthila "Tu fais partie de mes Ahl", cela est au sens de : "A cause du fait que tu m'a suivi et que tu as apporté foi en moi, tu es entré dans les miens". Nous avons trouvé que Dieu a, dans Son Livre, mentionné ce qui indique ce (sens), par Sa Parole : "Et Noé appela son Seigneur, disant alors : "Mon Rabb, mon fils fait partie de mes Ahl", alors Il lui répondit : "Il ne fait pas partie de tes Ahl ; il est action non-pieuse" [Coran 11/45-46]. Comme il est possible de faire sortir quelqu'un des Ahl, fût-il son fils, à cause du fait qu'il l'a contredit dans son Dîn, il est possible de faire entrer parmi ses Ahl celui qui lui correspond dans son Ahl, fût-il hors de sa parenté de sang" : "وواثلة أبعد منه عليه السلام من أم سلمة منه، لأنه إنما هو رجل من بني ليث ليس من قريش؛ وأم سلمة موضعها من قريش موضعها الذي هي به منه. فكان قوله لواثلة: "أنت من أهلي" على معنى "لاتباعك إياي وإيمانك بي، فدخلت بذلك في جملتي". وقد وجدنا الله قد ذكر في كتابه ما يدل على هذا المعنى بقوله: {وَنَادَى نُوحٌ رَّبَّهُ فَقَالَ رَبِّ إِنَّ ابُنِي مِنْ أَهْلِي}، فأجابه في ذلك بأن قال له: {إِنَّهُ لَيْسَ مِنْ أَهْلِكَ إِنَّهُ عَمَلٌ غَيْرُ صَالِحٍ}؛ فكما جاز أن يخرجه من أهله، وإن كان ابنه، لخلافه إياه في دينه، جاز أن يدخل في أهله من يوافقه على دينه، وإن لم يكن من ذوي نسبه" (Shar'hu Mushkil il-âthâr).

Abû Lahab ne sera ainsi pas dit "faisant partie des Ahl ul-Bayt du Prophète", même s'il est lui aussi son oncle paternel : il était dans le Kufr Akbar. Par contre, on dira bien qu'il a un lien de parenté avec le Prophète.

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II) Par contre, le sens particulier du terme "Ahl" ne confère pas à tout croyant le titre de "Ahlu Bayti Rassûlillâh"  :

Ce titre s'applique uniquement à :

--- A) ses épouses ;

--- B) les croyants parmi les gens de sa parenté, c'est-à-dire tous les musulmans descendants de Hâshim ibn Abdi Manâf.

Questionné par Husayn ibn Sab'ra : "Et qui sont donc les gens de sa maison, ô Zayd ? Ses épouses ne font-elles pas partie des gens de sa maison ?", Zayd ibn Arqam répondit :
"Ses épouses font [bien sûr] partie des "gens de sa maison" (Ahlu baytihî) [A].
Mais"les gens de sa maison" sont [ici, de façon particulière] : "ceux, en sus de lui, à qui prendre l'aumône a été interdit"
 [B].

Hussayn ibn Sab'ra demanda : "Et qui sont-ils ? - Ce sont 'Alî et ses descendants ; 'Aqîl et ses descendants ; Ja'far et ses descendants ; 'Abbâs et ses descendants. - Sur tous ceux-là prendre l'aumône a-t-il été rendu interdit ? - Oui" (Muslim).
"فقال له حصين: "ومن أهل بيته، يا زيد؟ أليس نساؤه من أهل بيته؟" قال: "نساؤه من أهل بيته. ولكن أهل بيته من حرم الصدقة بعده". قال: "ومن هم؟" قال: "هم آل علي وآل عقيل وآل جعفر وآل عباس". قال: "كل هؤلاء حرم الصدقة؟" قال: "نعم"" (Muslim, 2408/36).

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III) A qui s'adresse la phrase : "Dieu ne veut que faire disparaître de vous la souillure, ô Ahl al-Bayt, et vous purifier", au sein du passage : "يَا نِسَاء النَّبِيِّ لَسْتُنَّ كَأَحَدٍ مِّنَ النِّسَاء إِنِ اتَّقَيْتُنَّ فَلَا تَخْضَعْنَ بِالْقَوْلِ فَيَطْمَعَ الَّذِي فِي قَلْبِهِ مَرَضٌ وَقُلْنَ قَوْلًا مَّعْرُوفًا وَقَرْنَ فِي بُيُوتِكُنَّ وَلَا تَبَرَّجْنَ تَبَرُّجَ الْجَاهِلِيَّةِ الْأُولَى وَأَقِمْنَ الصَّلَاةَ وَآتِينَ الزَّكَاةَ وَأَطِعْنَ اللَّهَ وَرَسُولَهُ إِنَّمَا يُرِيدُ اللَّهُ يُذْهِبَ عَنكُمُ الرِّجْسَ أَهْلَ الْبَيْتِ وَيُطَهِّرَكُمْ تَطْهِيرًا وَاذْكُرْنَ مَا يُتْلَى فِي بُيُوتِكُنَّ مِنْ آيَاتِ اللَّهِ وَالْحِكْمَةِ إِنَّ اللَّهَ كَانَ لَطِيفًا خَبِيرًا" (Coran 33/32-34) ?

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--- A) Il s'agit des épouses du Prophète (sur lui soit la paix) :

On le voit bien de par le contexte (السابق واللاحق) :
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"يَا نِسَاء النَّبِيِّ لَسْتُنَّ كَأَحَدٍ مِّنَ النِّسَاء إِنِ اتَّقَيْتُنَّ فَلَا تَخْضَعْنَ بِالْقَوْلِ فَيَطْمَعَ الَّذِي فِي قَلْبِهِ مَرَضٌ وَقُلْنَ قَوْلًا مَّعْرُوفًا وَقَرْنَ فِي بُيُوتِكُنَّ وَلَا تَبَرَّجْنَ تَبَرُّجَ الْجَاهِلِيَّةِ الْأُولَى وَأَقِمْنَ الصَّلَاةَ وَآتِينَ الزَّكَاةَ وَأَطِعْنَ اللَّهَ وَرَسُولَهُ إِنَّمَا يُرِيدُ اللَّهُ يُذْهِبَ عَنكُمُ الرِّجْسَ أَهْلَ الْبَيْتِ وَيُطَهِّرَكُمْ تَطْهِيرًا وَاذْكُرْنَ مَا يُتْلَى فِي بُيُوتِكُنَّ مِنْ آيَاتِ اللَّهِ وَالْحِكْمَةِ إِنَّ اللَّهَ كَانَ لَطِيفًا خَبِيرًا" :
"O femmes du Prophète, vous n'êtes pas comme quiconque parmi les femmes. Si vous faites preuve de piété, alors ne soyez pas complaisantes dans votre langage, afin que celui dans le cœur de qui est une maladie  ne convoite pas. Et tenez une parole bonne. Restez dans vos demeures, et ne vous exhibez pas à la manière de la Jâhiliyya première. Accomplissez la prière rituelle, donnez l'aumône obligatoire, et obéissez à Dieu et Son Messager. Dieu ne veut qu'enlever de vous toute souillure, ô Gens de la Maison, et vous purifier pleinement. Et souvenez-vous de ce qui est récité dans vos demeures, de versets de Dieu et de Sagesse. Dieu est Doux, Informé"(Coran 33/32-34).

De plus, c'est la même formule qu'un autre passage du Coran relate avoir été employée par les anges s'adressant à Sarah, épouse du prophète Abraham (sur eux soit la paix) : "فَلَمَّا رَأَى أَيْدِيَهُمْ لاَ تَصِلُ إِلَيْهِ نَكِرَهُمْ وَأَوْجَسَ مِنْهُمْ خِيفَةً قَالُواْ لاَ تَخَفْ إِنَّا أُرْسِلْنَا إِلَى قَوْمِ لُوطٍ وَامْرَأَتُهُ قَآئِمَةٌ فَضَحِكَتْ فَبَشَّرْنَاهَا بِإِسْحَقَ وَمِن وَرَاء إِسْحَقَ يَعْقُوبَ قَالَتْ يَا وَيْلَتَى أَأَلِدُ وَأَنَاْ عَجُوزٌ وَهَذَا بَعْلِي شَيْخًا إِنَّ هَذَا لَشَيْءٌ عَجِيبٌ قَالُواْ أَتَعْجَبِينَ مِنْ أَمْرِ اللّهِ رَحْمَتُ اللّهِ وَبَرَكَاتُهُ عَلَيْكُمْ أَهْلَ الْبَيْتِ إِنَّهُ حَمِيدٌ مَّجِيدٌ" (Coran 11/70-73).

Ici une question surgit : Si la formule "Ahl ul-bayt" désigne les épouses, pourquoi donc le pluriel masculin a-t-il été employé, juste après elle ou juste avant elle, dans ces deux passages coraniques ?
Réponse :
--- soit par égard au terme "ahl", qui est masculin ;
--- soit parce que le mari est lui aussi inclus dans le propos qui est dit.
"وأورد ضمير جمع المذكر في {عَنْكُمُ} و{يُطَهِّرَكُمْ} رعاية للفظ الأهل والعرب كثيرا ما يستعملون صيغ المذكر في مثل ذلك رعاية للفظ. وهذا كقوله تعالى خطابا لسارة امرأة الخليل عليهما السّلام {أَتَعْجَبِينَ مِنْ أَمْرِ اللَّهِ رَحْمَتُ اللَّهِ وَبَرَكاتُهُ عَلَيْكُمْ أَهْلَ الْبَيْتِ إِنَّهُ حَمِيدٌ مَجِيدٌ}؛ ومنه - على ما قيل - قوله سبحانه: {قالَ لِأَهْلِهِ امْكُثُوا إِنِّي آنَسْتُ ناراً} خطابا من موسى عليه السّلام لامرأته. ولعل اعتبار التذكير هنا أدخل في التعظيم. وقيل: المراد هو صلّى الله عليه وسلم ونساؤه المطهرات رضي الله تعالى عنهن، وضمير جمع المذكر لتغليبه عليه الصلاة والسلام عليهن" (Rûh ul-ma'ânî, sur 33/33).
"وتوحيد البيت لأن بيوت الأزواج المطهرات باعتبار الإضافة إلى النبي صلّى الله عليه وسلم بيت واحد. وجمعه فيما سبق ولحق باعتبار الإضافة إلى الأزواج المطهرات اللاتي كن متعددات؛ وجمعه في قوله سبحانه - الآتي إن شاء الله تعالى -: {يا أَيُّهَا الَّذِينَ آمَنُوا لا تَدْخُلُوا بُيُوتَ النَّبِيِّ إِلَّا أَنْ يُؤْذَنَ لَكُمْ} دفعا لتوهم إرادة بيت زينب لو أفرد من حيث أن سبب النزول أمر وقع فيه كما ستطلع عليه إن شاء الله تعالى" (Rûh ul-ma'ânî, sur 33/33).

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--- B) Selon un autre commentaire, il s'agit de la proche parenté du Prophète (avec laquelle il a un lien de sang) :

D'ailleurs al-Asfahânî écrit : "وتعورف في أسرة النبي عليه الصلاة والسلام مطلقا إذا قيل: "أهل البيت" (Muf'radât ur-Râghib).

– Par rapport à la parenté que le Prophète avait avec toute sa tribu, les Quraysh (++), cette parenté désignée par "Ahl ul-Bayt" est moins élargie (+).

Cependant, il faut savoir que cette parenté désignée par "Ahl ul-Bayt" est plus élargie que les celles comportant les seules personnes de 'Alî, Fâtima et leur descendance (radhiyallâhu 'anhum) (al-'alawiyyûn), car concernant en fait tous ceux des descendants de Hâshim qui ont apporté foi, entre autres al-'Abbâs et ses descendants.

Par rapport à ce point, on peut citer ici 3 hadîths :
--- celui du Kissâ', qui, en sus, fait allusion à une phrase du verset sus-cité, le 33/33 (en IV) ;
--- celui de la Mubâhala avec les chrétiens de Najrân (en V) ;
--- celui de Ghadîru Khumm (en VI).

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IV) Le célèbre hadîth ul-kissâ' :

----- Relation de Ummu Salama : l'événement se passe dans la maison de Ummu Salama :

Alors que le Prophète (sur lui soit la paix) se trouvait dans la maison de Ummu Salama, Fâtima apporta quelque nourriture pour son père. Le Prophète (sur lui soit la paix) l'envoya appeler 'Alî et leurs deux fils al-Hassan et al-Hussein. Tous étant venus, le Prophète fit asseoir ses deux petits-fils dans son giron, fit asseoir Alî à sa droite et Fâtima à sa gauche, prit un manteau et le plaça au-dessus d'eux tous, puis dit : "O Dieu, ces gens sont les Gens de ma Maison (Ahlu Baytî). Fais donc disparaître d'eux la souillure et purifie-les." Ummu Salama dit : "Suis-je avec eux, ô Messager de Dieu ?" Il répondit : "Tu es à ta place, tu fais partie des épouses du Prophète, et tu es sur du bien".

----- Il y a des versions où, suite à la question de Ummu Salama, la réponse du Prophète (sur lui soit la paix) est seulement qu'elle "à sa place" (at-Tirmidhî, 3205) / "est sur du bien" (Shar'hu Mushkil il-âthâr, 767, 769, 771, 772) / "fait partie des épouses du Prophète" (765) / "est sur du bien et fait partie des épouses du Prophète" (766, 768) : dans la réponse il ne lui est pas dit qu'elle fait elle aussi partie des Ahl ul-bayt :
"عن أم سلمة، أن النبي صلى الله عليه وسلم جلل على الحسن والحسين وعلي وفاطمة كساء، ثم قال: "اللهم هؤلاء أهل بيتي وخاصتي، أذهب عنهم الرجس وطهرهم تطهيرا". فقالت أم سلمة: "وأنا معهم يا رسول الله؟" قال: "إنك إلى خير" (at-Tirmidhî, 3871 : at-Tirmidhî ajoute : "هذا حديث حسن صحيح، وهو أحسن شيء روي في هذا الباب") ;
"عن عمر بن أبي سلمة، ربيب النبي صلى الله عليه وسلم قال: لما نزلت هذه الآية على النبي صلى الله عليه وسلم: {إنما يريد الله ليذهب عنكم الرجس أهل البيت ويطهركم تطهيرا} في بيت أم سلمة. فدعا فاطمة وحسنا وحسينا، فجللهم بكساء، وعلي خلف ظهره فجلله بكساء، ثم قال: "اللهم هؤلاء أهل بيتي، فأذهب عنهم الرجس وطهرهم تطهيرا". قالت أم سلمة: "وأنا معهم يا نبي الله؟" قال: "أنت على مكانك وأنت على خير" (at-Tirmidhî 3205) ;
"حدثنا الحسين بن الحكم الحبري الكوفي، حدثنا مخول بن مخول بن راشد الحناط، حدثنا عبد الجبار بن عباس الشبامي، عن عمار الدهني، عن عمرة بنت أفعى، عن أم سلمة قالت: نزلت هذه الآية في بيتي: {إنما يريد الله ليذهب عنكم الرجس أهل البيت ويطهركم تطهيرا}، يعني في سبعة: جبريل وميكائيل ورسول الله صلى الله عليه وسلم وعلي وفاطمة والحسن والحسين عليهم السلام، وأنا على باب البيت. فقلت: يا رسول الله ألست من أهل البيت؟ قال: "إنك من أزواج النبي عليه السلام"" (Shar'hu Mushkil il-âthâr, n° 765) (at-Tahâwî commente : "وما قال: إنك من أهل البيت" : "Il ne lui a pas dit : "Tu fais partie des Ahl ul-bayt")
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----- Il y a une version où il est dit à Ummu Salama qu'elle aussi "fait partie de ses Ahl", mais cela revient à la même chose que "Zawja" : "حدثنا أبو أمية، حدثنا خالد بن مخلد القطواني، حدثنا موسى بن يعقوب الزمعي، حدثنا ابن هاشم بن عتبة، عن عبد الله بن وهب، عن أم سلمة أن رسول الله صلى الله عليه وسلم جمع فاطمة والحسن والحسين، ثم أدخلهم تحت ثوبه ثم جأر إلى الله تعالى: "رب هؤلاء أهلي". قالت أم سلمة: فقلت: "يا رسول الله فتدخلني معهم؟" قال: "أنت من أهلي" (Shar'hu Mushkil il-âthâr, n° 763). At-Tahâwî commente : "ففي هذا الحديث قول رسول الله صلى الله عليه وسلم لأم سلمة جوابا منه لها عند قولها له: "دخلني معهم؟" "أنت من أهلي"؛ فكان ذلك مما قد يجوز أن يكون أراد به أنها من أهله لأنها من أزواجه، وأزواجه أهله. كما قال في حديث الإفك" (Shar'hu Mushkil il-âthâr).

--- Dans les versions 767 et 769, il est dit que Ummu Salama a cherché à soulever l'étoffe pour pouvoir y entrer ; dans la version 769, il est même dit que le Prophète a tiré cette étoffe, [ne l'y faisant pas entrer], et lui a seulement dit : "إنك على خير" : "Tu es sur du bien" (Shar'hu Mushkil il-âthâr, 769).
Dans la relation 770, il est dit que le Prophète l'a fait entrer sous l'étoffe, mais seulement après qu'il eut terminé l'invocation adressée à Dieu en faveur de 'Alî, Fâtima, al-Hassan et al-Hussein : "حدثنا سليمان الكيساني، حدثنا عبد الرحمن بن زياد (ح) وما قد حدثنا الربيع المرادي، حدثنا أسد بن موسى قالا: حدثنا عبد الحميد بن بهرام، حدثنا شهر قال: سمعت أم سلمة، حين جاء نعي الحسين بن علي فقالت: "قتلوه قتلهم الله وعروه وذلوه لعنهم الله! فإني رأيت رسول الله صلى الله عليه وسلم وجاءته فاطمة غدية ببرمة لها قد صنعت منها عصيدة تحملها في طبق لها حتى وضعتها بين يديه، فقال لها: "أين ابن عمك؟" فقالت: "هو في البيت" قال: "اذهبي فادعيه. وائتيني بابنيك". قالت: فجاءت تقود ابنيها كل واحد منهما، وعلي في أثرهم يمشي، حتى دخلوا على رسول الله صلى الله عليه وسلم، فأجلسهما في حجره، وجلس علي على يمينه، وجلست فاطمة على يساره. قالت أم سلمة: فاجتبذ من تحتي كساء حبيرا كان بساطا لنا على المنامة بالمدينة فلفه رسول الله صلى الله عليه وسلم عليهم جميعا فأخذ بشماله طرفي الكساء وألوى بيده اليمنى إلى ربه عز وجل فقال: "اللهم أذهب عنهم الرجس وطهرهم تطهيرا" ثلاث مرار. قالت: قلت: "يا رسول الله ألست من أهلك؟" قال: "بلى" قال: "فادخلي في الكساء" قالت: فدخلت بعدما قضى دعاءه لابن عمه علي وابنيه وابنته فاطمة عليهم السلام" (Shar'hu Mushkil il-âthâr, n° 770).

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----- Relation de Sa'd ibn Mâlik :

"عن عامر بن سعد، عن أبيه قال: لما نزلت هذه الآية، دعا رسول الله صلى الله عليه وسلم عليا وفاطمة وحسنا وحسينا عليهم السلام، فقال: "اللهم هؤلاء أهلي" (Shar'hu Mushkil il-âthâr, 761).

Cela semble être la même occasion que celle relatée par Ummu Salama.

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----- Relation de Wâthila : cette fois cela se passe dans la maison de 'Alî :

Un jour, Wâthila ibn ul-Asqa' al-Laythî vint trouver 'Alî ibn Abî Tâlib chez lui, mais, ayant appelé de l'extérieur, il entendit Fâtima lui répondre que son mari s'était rendu auprès du Prophète. Wâthila l'attendit donc. Puis 'Alî arriva, accompagné du Messager de Dieu. Tous deux entrèrent dans la maison de 'Alî, et Wâthila y entra lui aussi. Le Prophète (sur lui soit la paix) fit asseoir ses deux petits-fils devant lui, fit asseoir Fâtima à sa droite et 'Alî à sa gauche. Puis il prit une pièce de tissu, la déploya au-dessus d'eux tous mais pas de Wâthila, puis dit : "Dieu ne veut qu'enlever de vous la souillure, o Ahl al-bayt, et vous purifier". O Dieu, ceux-ci sont mes Ahl ; ils sont sur le vrai". Wâthila, se trouvant dans un coin de la maison et n'ayant lui pas été inclus sous l'étoffe, demanda : "Et moi, ô Messager de Dieu, fais-je partie de ton Ahl ?" Le Prophète lui répondit : "Tu fais partie de mes Ahl". Wâthila disait au sujet de cette dernière parole : "Cela fait partie de ce en quoi j'ai le plus d'espoir".
"عن واثلة بن الأسقع، قال: سألت عن علي في منزله، فقيل لي: "ذهب يأتي برسول الله صلى الله عليه وسلم". إذ جاء فدخل رسول الله صلى الله عليه وسلم، ودخلت. فجلس رسول الله صلى الله عليه وسلم على الفراش، وأجلس فاطمة عن يمينه وعليا عن يساره، وحسنا وحسينا بين يديه، وقال: "{إنما يريد الله ليذهب عنكم الرجس أهل البيت ويطهركم تطهيرا} اللهم هؤلاء أهلي". قال واثلة: فقلت من ناحية البيت: "وأنا يا رسول الله من أهلك؟" قال: "وأنت من أهلي". قال واثلة: "إنها لمن أرجى ما أرتجي" (Ibn Hibbân dans son Sahîh, 6976).
"حدثنا محمد بن الحجاج الحضرمي، وسليمان الكيساني قالا: حدثنا بشر بن بكر البجلي، عن الأوزاعي، أخبرني أبو عمار، حدثني واثلة قال: أتيت عليا فلم أجده، فقالت فاطمة: انطلَقَ إلى رسول الله صلى الله عليه وسلم يدعوه. قال: فجاء مع رسول الله صلى الله عليه وسلم فدخلا، ودخلت معهما. فدعا رسول الله صلى الله عليه وسلم الحسن والحسين فأقعد كل واحد منهما على فخذه، وأدنى فاطمة من حجره، وزوجها، ثم لف عليهم ثوبا وأنا منتبذ، ثم قال: {إنما يريد الله} الآية، ثم قال: "اللهم هؤلاء أهلي، إنهم أهل حق". فقلت: "يا رسول الله وأنا من أهلك؟" قال: "وأنت من أهلي" قال واثلة: "فإنها من أرجى ما أرجو" (at-Tahâwî, Shar'hu Mushkil il-âthâr, 773). (voir aussi As-Sunan ul-Kub'ra, al-Bayhaqî, 2870).

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----- Relation de Aïcha :

"عن عائشة قالت: خرج النبي صلى الله عليه وسلم غداة وعليه مرط مرحل من شعر أسود، فجاء الحسن بن علي فأدخله، ثم جاء الحسين فدخل معه، ثم جاءت فاطمة فأدخلها، ثم جاء علي فأدخله. ثم قال: "{إنما يريد الله ليذهب عنكم الرجس أهل البيت ويطهركم تطهيرا}" (Muslim 2424).

Cela semble être la même occasion que celle relatée par Wâthila.

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En fait :

De façon véritable, le propos du verset 33/33 concerne les épouses du Prophète, sur lui soit la paix (soit le sens A). Le contexte le montre clairement.
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Cependant, par analogie, le Prophète (sur lui soit la paix) a appliqué le propos du verset ("Dieu veut les purifier") à certains membres de sa proche famille : Alî, Fâtima, al-Hassan et al-Hussein ; cela vu que les membres de sa proche famille sont eux aussi : "des gens de sa maisonnée" (soit le sens B).

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Le Prophète (sur lui soit la paix) a fait de même au sujet du verset : "لَمَسْجِدٌ أُسِّسَ عَلَى التَّقْوَى مِنْ أَوَّلِ يَوْمٍ أَحَقُّ أَن تَقُومَ فِيهِ", dans lequel Dieu fait les éloges d'"une mosquée qui a été fondée depuis le premier jour sur la piété", en disant qu'elle "mérite plus que tu t'y tiennes debout [que celle que les Hypocrites ont bâtie]" (Coran 9/108).

De façon véritable, ce verset parle de la mosquée de Qubâ, dans les faubourgs de Médine, mosquée fondée par le Prophète lors de son séjour de 4 ou de 14 jours avant qu'il entre dans la ville de Médine proprement dite.

Cependant, par analogie, le Prophète (que Dieu le bénisse et le salue) a dit qu'il s'agissait de sa mosquée de Médine : "عن أبي سلمة بن عبد الرحمن، قال: مر بي عبد الرحمن بن أبي سعيد الخدري، قال: قلت له: كيف سمعت أباك يذكر في {المسجد الذي أسس على التقوى}؟ قال: قال أبي: دخلت على رسول الله صلى الله عليه وسلم في بيت بعض نسائه، فقلت: "يا رسول الله، أي المسجدين {الذي أسس على التقوى}؟" قال: فأخذ كفا من حصباء، فضرب به الأرض، ثم قال: "هو مسجدكم هذا" - لمسجد المدينة. قال: فقلت: "أشهد أني سمعت أباك هكذا يذكره" (Muslim 1398) (at-Tirmidhî 323, an-Nassâ'ï 697), celle qu'il bâtit quelque temps après celle de Qubâ, sur le terrain qu'il acheta. En fait il voulait dire que le hukm présent dans ce verset s'appliquait au moins de façon équivalente (a pari) - si ce n'est a fortiori - à sa mosquée, al-masjid un-nabawî ; cela vu qu'elle aussi était une mosquée fondée par lui.

Lire mon article :
--- Dans la Sunna, le Prophète (sur lui soit la paix) a fourni d'un verset une explication donnée. Est-il possible de fournir une autre explication du même verset, différente mais non pas contradictoire de celle donnée par le Prophète ?.

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V) Le hadîth de la Mubâhala :

Le verset 3/61, de sourate Âlu 'Imrân, vient clôturer un ensemble de propos au sujet de la nature véritable de Jésus, et s'adresse à la délégation de Najrân, venue à Médine en l'an 9 de l'hégire.

Sa'd ibn Abî Waqqâs (que Dieu l'agrée) relate : "Lorsque le verset "Dis : "Venez, appelons nos fils et vos fils, nos femmes et vos femmes, nos personnes et vos personnes, puis que nous supplions et appelons la Malédiction de Dieu sur ceux qui disent faux" [Coran 3/61] descendit, le Messager de Dieu appela 'Alî, Fâtima, Hassan et Hussein, et dit : "Ô Dieu, voici mes Ahl"" : "عن عامر بن سعد بن أبي وقاص، عن أبيه، قال: (...) ولما نزلت هذه الآية: {فقل تعالوا ندع أبناءنا وأبناءكم}، دعا رسول الله صلى الله عليه وسلم عليا وفاطمة وحسنا وحسينا فقال: "اللهم هؤلاء أهلي" (Muslim, 2404, at-Tirmidhî, 3724 et 2999).

Ici "Ahlî" a été employé avec son sens B, et désigne une partie des Banû Hâshim.

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A titre de comparaison
, le Prophète (sur lui soit la paix) a également désigné Aïcha (que Dieu l'agrée) par le même terme : "Ahlî" : "فقام رسول الله صلى الله عليه وسلم من يومه، فاستعذر من عبد الله بن أبي ابن سلول، فقال رسول الله صلى الله عليه وسلم: "من يعذرني من رجل بلغني أذاه في أهلي؟ فوالله ما علمت على أهلي إلا خيرا. وقد ذكروا رجلا ما علمت عليه إلا خيرا، وما كان يدخل على أهلي إلا معي" (al-Bukhârî, 2518) ; Ussâma l'avait fait lui aussi au sujet de Aïcha par rapport au Prophète : "Ahla-ka" : "فدعا رسول الله صلى الله عليه وسلم علي بن أبي طالب، وأسامة بن زيد حين استلبث الوحي، يستشيرهما في فراق أهله. فأما أسامة، فأشار عليه بالذي يعلم في نفسه من الود لهم، فقال أسامة: "أهلك يا رسول الله، ولا نعلم والله إلا خيرا" (al-Bukhârî, 2518).

Cette fois "Ahlî" a été employé avec son sens A, et désigne une épouse parmi toutes les épouses.

D'autres hadîths, relatés par d'autres Compagnons encore, emploient le même terme pour désigner :
--- tantôt l'épouse seule, comme dans ce hadîth, qui parle des relations intimes que l'homme a avec "Ahla-hû" : "عن ابن عباس، يبلغ النبي صلى الله عليه وسلم قال: "لو أن أحدكم إذا أتى أهله قال: "باسم الله، اللهم جنبنا الشيطان وجنب الشيطان ما رزقتنا"، فقضي بينهما ولد لم يضره" (al-Bukhârî, 141, Muslim, 1434) ;
--- tantôt l'épouse et les enfants : "عن أبي مسعود عن النبي صلى الله عليه وسلم قال: "إذا أنفق الرجل على أهله يحتسبها فهو له صدقة" (al-Bukhârî, 55, Muslim, 1002).

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En fait on retrouve bien là les deux sens A et B évoqués dès le début de l'article.

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VI) Le hadîth de Ghadîru Khumm :

Zayd ibn Arqam (que Dieu l'agrée) relate que, pendant un voyage, le Prophète s'arrêta en un lieu nommé "point d'eau de Khumm", situé entre La Mecque et Médine. Il fit alors un discours ; après avoir fait les louanges de Dieu et Ses éloges, il adressa des conseils aux Compagnons présents. Il dit : "Ô les gens, je ne suis qu'un humain ; proche est le moment où le messager de mon Rabb viendra [= l'ange de la mort] puis que je répondrai (à son invitation à le suivre). Et je laisse parmi vous deux choses lourdes. La première est le Livre de Dieu ; il s'y trouve la guidance et la lumière ; prenez le Livre de Dieu et attachez-vous à lui." Il exhorta donc à (suivre) le Livre de Dieu. Puis il dit : "Et les gens de ma maison : je vous rappelle Dieu au sujet des gens de ma maison, je vous rappelle Dieu au sujet des gens de ma maison, je vous rappelle Dieu au sujet des gens de ma maison".
Hussayn ibn Sab'ra demanda à Zayd : "Et qui sont donc les gens de sa maison, ô Zayd ? Ses épouses ne font-elles pas partie des gens de sa maison ?"

Zayd ibn Arqam répondit :
"Ses épouses font [bien sûr] partie des "gens de sa maison" (Ahlu baytihî). Mais "les gens de sa maison" sont [ici, de façon particulière] : "ceux, en sus de lui, à qui prendre l'aumône a été interdit"
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Hussayn ibn Sab'ra dit :
"Et qui sont-ils ?
- Ce sont 'Alî et ses descendants ; 'Aqîl et ses descendants ; Ja'far et ses descendants ; 'Abbâs et ses descendants."
- Sur tous ceux-là prendre l'aumône a-t-il été rendu interdit ?
- Oui"
(Muslim).

On retrouve, dans ces mots de Zayd ibn Arqam, les deux Murâd, A et B, sus-cités, de "Ahl ul-Bayt".

"عن يزيد بن حيان، قال: انطلقت أنا وحصين بن سبرة، وعمر بن مسلم، إلى زيد بن أرقم. فلما جلسنا إليه قال له حصين: "لقد لقيت يا زيد خيرا كثيرا، رأيت رسول الله صلى الله عليه وسلم، وسمعت حديثه وغزوت معه وصليت خلفه. لقد لقيت يا زيد خيرا كثيرا. حدثنا يا زيد ما سمعت من رسول الله صلى الله عليه وسلم". قال: "يا ابن أخي والله لقد كبرت سني وقدم عهدي، ونسيت بعض الذي كنت أعي من رسول الله صلى الله عليه وسلم. فما حدثتكم فاقبلوا؛ وما لا، فلا تكلفونيه". ثم قال: قام رسول الله صلى الله عليه وسلم يوما فينا خطيبا بماء يدعى خُمًّا بين مكة والمدينة، فحمد الله وأثنى عليه ووعظ وذكر، ثم قال: "أما بعد. ألا أيها الناس، فإنما أنا بشر يوشك أن يأتي رسول ربي فأجيب. وأنا تارك فيكم ثقلين: أولهما: كتاب الله، فيه الهدى والنور، فخذوا بكتاب الله واستمسكوا به". فحث على كتاب الله ورغب فيه. ثم قال: "وأهل بيتي، أذكركم الله في أهل بيتي، أذكركم الله في أهل بيتي، أذكركم الله في أهل بيتي". فقال له حصين: "ومن أهل بيته، يا زيد؟ أليس نساؤه من أهل بيته؟" قال: "نساؤه من أهل بيته. ولكن أهل بيته من حرم الصدقة بعده". قال: "ومن هم؟" قال: "هم آل علي وآل عقيل وآل جعفر وآل عباس". قال: "كل هؤلاء حرم الصدقة؟" قال: "نعم" (Muslim, 2408/36).
"عن يزيد بن حيان، عن زيد بن أرقم، قال: دخلنا عليه فقلنا له: "لقد رأيت خيرا، لقد صاحبت رسول الله صلى الله عليه وسلم وصليت خلفه". وساق الحديث بنحو حديث أبي حيان، غير أنه قال: "ألا وإني تارك فيكم ثقلين: أحدهما كتاب الله عز وجل، هو حبل الله، من اتبعه كان على الهدى، ومن تركه كان على ضلالة"؛ وفيه فقلنا: "من أهل بيته؟ نساؤه؟" قال: "لا. وايم الله إن المرأة تكون مع الرجل العصر من الدهر، ثم يطلقها فترجع إلى أبيها وقومها! أهل بيته أصله وعصبته الذين حرموا الصدقة بعده"
(Muslim, 2408/37).

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On notera que dans ce hadîth, le Prophète a dit que ce sont deux choses lourdes, dont les musulmans devront prendre soin :
--- le Coran : ils devront en prendre soin ; et ils devront s'y cramponner : "فخذوا بكتاب الله واستمسكوا به" ;
--- les gens de sa famille : ils devront en prendre soin : il leur a rappelé Dieu à leur sujet : "أذكركم الله في أهل بيتي" : ici il n'a pas dit de se référer à leurs interprétations.

Quant aux termes particuliers que l'on trouve dans cette version-ci, elle aussi relatée de Zayd ibn Arqam, où il est dit de se cramponner au Coran et aux Ahl ul-Bayt : "حدثنا علي بن المنذر الكوفي قال: حدثنا محمد بن فضيل قال: حدثنا الأعمش، عن عطية، عن أبي سعيد، والأعمش، عن حبيب بن أبي ثابت، عن زيد بن أرقم قالا: قال رسول الله صلى الله عليه وسلم: "إني تارك فيكم ما إن تمسكتم به لن تضلوا بعدي، أحدهما أعظم من الآخر: كتاب الله حبل ممدود من السماء إلى الأرض؛ وعترتي أهل بيتي. ولن يتفرقا حتى يردا علي الحوض فانظروا كيف تخلفوني فيهما". هذا حديث حسن غريب" (at-Tirmidhî, 3788), ils constituent une ziyâda qui est dha'îfa. Certes, al-Albânî l'a authentifié, mais pour en déduire que cela parle des parents ainsi que des épouses du Prophète (car ses épouses font aussi partie de sa "Âl") ; par ailleurs, il s'agit de ceux d'entre eux et elles qui sont des Ahl ul-'Ilm (Silsilat ul-ahâdîth is-sahîha, n° 1761, tome 4 pp. 355-361). Ibn Taymiyya relate pour sa part que d'après un avis des hanbalites, le Ijmâ' des Banû Hâshim compte ; cependant, il s'agit de tous les Banû Hâshim, parmi lesquels Abdullâh ibn Abbâs : "فيدل على أن إجماع العترة حجة، وهذا قول طائفة من أصحابنا، وذكره القاضي في المعتمد. لكن العترة هم بنو هاشم كلهم: ولد العباس، وولد علي، وولد الحارث بن عبد المطلب، وسائر بني أبي طالب، وغيرهم. وعلي وحده ليس هو العترة. وسيد العترة هو رسول الله صلى الله عليه وسلم. يبين ذلك أن علماء العترة كابن عباس وغيره لم يكونوا يوجبون اتباع علي في كل ما يقوله، ولا كان علي يوجب على الناس طاعته في كل ما يفتي به، ولا عرف أن أحدا من أئمة السلف - لا من بني هاشم ولا غيرهم - قال: إنه يجب اتباع علي في كل ما يقوله" (Minhâj us-Sunna, 4/166). Lire mon article traitant de ce point.

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Dans le hadîth parlant (entre autres) de Fitnat us-Sarrâ', on lit qu'un homme parmi les Ahl ul-Bayt causera un trouble et ne fera pas partie de ceux de Rassûlullâh : "Son trouble sera sous les pieds d'un homme de mes Ahl ul-Bayt qui prétend qu'il est de moi ; or il n'est pas de moi : mes alliés ne sont que les pieux. Ensuite les gens feront la concorde sur un homme qui sera comparable à une hanche placée sur une côte" : "عن عمير بن هانئ العنسي، قال: سمعت عبد الله بن عمر، يقول: كنا قعودا عند رسول الله، فذكر الفتن فأكثر في ذكرها حتى ذكر فتنة الأحلاس، فقال قائل: يا رسول الله وما فتنة الأحلاس؟ قال: "هي هرب وحرب. ثم فتنة السراء، دخنها من تحت قدمي رجل من أهل بيتي يزعم أنه مني، وليس مني، وإنما أوليائي المتقون؛ ثم يصطلح الناس على رجل كورك على ضلع" (Abû Dâoûd, 4242).

Saül avait employé cette formule même au sujet non plus du Kufr Akbar, mais d'une Kabîra : "فَلَمَّا فَصَلَ طَالُوتُ بِالْجُنُودِ قَالَ إِنَّ اللّهَ مُبْتَلِيكُم بِنَهَرٍ فَمَن شَرِبَ مِنْهُ فَلَيْسَ مِنِّي وَمَن لَّمْ يَطْعَمْهُ فَإِنَّهُ مِنِّي" (Coran 2/249).

Lire mon article traitant (entre autres points) de cette formule "ne fait pas partie des nôtres".

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VII) Qui sont donc "les Ahl ul-Bayt du Prophète" (sur lui soit la paix) au sens B du terme, ce qui se dit aussi : "sa 'It'rah" ?

En fait le lien de parenté du Prophète (sur lui soit la paix) est de plusieurs niveaux :

----- à un niveau général (+++), tous les Arabes descendants de Ismaël (sur lui soit la paix) ont un lien de parenté avec lui ;
----- à un niveau moins élargi (++), tous les gens descendants de Quraysh ont un lien de parenté avec lui ;
----- à un niveau plus particulier encore (+), ses proches parents sont les Banû Hâshim.

----- C'est la parenté très générale (+++) qui a été évoquée dans la parole suivante, attribuée au Prophète : "إِنَّ بَنِي قَنْطُورَاء أَوَّل مَنْ سَلَبَ أُمَّتِي مُلْكهمْ" : "Les fils de Qantûrâ [= les Turk] seront les premiers à prendre à ma Umma ("Ummatî") sa souveraineté" (Ibn ul-Jawzî et al-Albânî sont d'avis que cette parole ne peut pas être attribuée au Prophète : Silsilat ul-ahâdîth idh-dha'îfa, 4/230-232. Ibn Hajar, par contre, a pour sa part cité ce propos en tant que parole du Prophète : Fat'h ul-bârî 6/745). Ibn Hajar pense que "Ummatî" désigne probablement ici : "Ummat un-nassab" : les Arabes (descendants de Ismaël).

----- Quelqu'un vint questionner Ibn Abbâs au sujet du verset : "قُل لَّا أَسْأَلُكُمْ عَلَيْهِ أَجْرًا إِلَّا الْمَوَدَّةَ فِي الْقُرْبَى" : "Dis : "Je ne vous demande pas de salaire. (Je vous demande) seulement l'affection dans la parenté (qui nous relie)" (Coran 42/23). Sa'îd ibn Jubayr répondit que le terme "parenté" y désignait la proche parenté du Prophète (+). Mais Ibn Abbâs, son maître, lui expliqua qu'il s'agissait plutôt ici de la parenté élargie à tous les Quraysh (++) : "Tu t'es précipité (pour répondre) ! Il n'y avait pas un clan des Quraysh sans que le Prophète - que Dieu l'élève et le salue - y ait un degré de parenté. (Dieu) dit donc (ici) : "Seulement que vous entreteniez le lien de parenté qui existe entre moi et vous"" : "عن ابن عباس رضي الله عنهما أنه سئل عن قوله: {إلا المودة في القربى}. فقال سعيد بن جبير: "قربى آل محمد صلى الله عليه وسلم." فقال ابن عباس: "عجلت! إن النبي صلى الله عليه وسلم لم يكن بطن من قريش إلا كان له فيهم قرابة؛ فقال: "إلا أن تصلوا ما بيني وبينكم من القرابة" (al-Bukhârî, 4541).

----- Par contre, c'est bien la parenté particulière (+) qui est évoquée dans les versets qui énoncent le Dhu-l-Qurbâ, "celui qui a un lien de parenté [avec le Messager]" comme bénéficiaire du Khums et du Fay' : "وَلِلرَّسُولِ وَلِذِي الْقُرْبَى وَالْيَتَامَى وَالْمَسَاكِينِ وَابْنِ السَّبِيلِ" (Coran 8/41 et Coran 59/7). Il s'agit des Banû Hâshim, comme l'a dit Ibn Abbâs : "عن يزيد بن هرمز، قال: كتب نجدة بن عامر الحروري إلى ابن عباس يسأله عن العبد والمرأة يحضران المغنم، هل يقسم لهما؟ وعن قتل الولدان؟ وعن اليتيم متى ينقطع عنه اليتم؟ وعن ذوي القربى من هم؟ فقال ليزيد: "اكتب إليه، فلولا أن يقع في أحموقة ما كتبت إليه. اكتب: "إنك (...). وكتبت تسألني عن ذوي القربى: من هم؟ وإنا زعمنا أنا هم، فأبى ذلك علينا قومنا" (Muslim, 1812).
Quant au fait que les Banu-l-Muttalib ont eux aussi été inclus par le Prophète dans l'application du propos, au contraire des Banu Nawfal et des Banû 'Abdi Shams, alors que ces deux autres clans sont, eux aussi, des cousins des Banû Hâshim, au même degré que les Banu-l-Muttalib, c'est parce que les Banu-l-Muttalib sont toujours restés solidaires et proches des Banû Hâshim, jusqu'à être considérés comme ne formant qu'un seul clan : "عن سعيد بن المسيب عن جبير بن مطعم قال: مشيت أنا وعثمان بن عفان إلى رسول الله صلى الله عليه وسلم، فقلنا: "يا رسول الله أعطيت بني المطلب وتركتنا، ونحن وهم منك بمنزلة واحدة؟" فقال رسول الله صلى الله عليه وسلم: "إنما بنو المطلب وبنو هاشم شيء واحد". قال الليث: حدثني يونس، وزاد، قال جبير: ولم يقسم النبي صلى الله عليه وسلم لبني عبد شمس، ولا لبني نوفل. وقال ابن إسحاق: عبد شمس وهاشم والمطلب إخوة لأم، وأمهم عاتكة بنت مرة؛ وكان نوفل أخاهم لأبيهم" (al-Bukhârî, 2971).
"عن سعيد بن المسيب، أخبرني جبير بن مطعم، قال: لما كان يوم خيبر، وضع رسول الله صلى الله عليه وسلم سهم ذي القربى في بني هاشم وبني المطلب، وترك بني نوفل وبني عبد شمس. فانطلقت أنا وعثمان بن عفان حتى أتينا النبي صلى الله عليه وسلم، فقلنا: "يا رسول الله، هؤلاء بنو هاشم لا ننكر فضلهم للموضع الذي وضعك الله به منهم. فما بال إخواننا بني المطلب: أعطيتهم وتركتنا وقرابتنا واحدة؟" فقال رسول الله صلى الله عليه وسلم: "إنا وبنو المطلب لا نفترق في جاهلية ولا إسلام، وإنما نحن وهم شيء واحد" وشبك بين أصابعه صلى الله عليه وسلم" (Abû Dâoûd, 2980).
"عن سعيد بن المسيب، أخبرني جبير بن مطعم، أنه جاء هو وعثمان بن عفان، يكلمان رسول الله صلى الله عليه وسلم فيما قسم من الخمس بين بني هاشم وبني المطلب. فقلت: "يا رسول الله قسمت لإخواننا بني المطلب، ولم تعطنا شيئا، وقرابتنا وقرابتهم منك واحدة؟" فقال النبي صلى الله عليه وسلم: "إنما بنو هاشم وبنو المطلب شيء واحد". قال جبير: ولم يقسم لبني عبد شمس ولا لبني نوفل من ذلك الخمس كما قسم لبني هاشم وبني المطلب. قال: وكان أبو بكر يقسم الخمس نحو قسم رسول الله صلى الله عليه وسلم، غير أنه لم يكن يعطي قربى رسول الله صلى الله عليه وسلم ما كان النبي صلى الله عليه وسلم يعطيهم. قال: وكان عمر بن الخطاب يعطيهم منه، وعثمان بعده" (Abû Dâoûd, 2978).
"عن عبد المطلب بن ربيعة بن الحارث، قال: اجتمع ربيعة بن الحارث والعباس بن عبد المطلب، فقالا: "والله، لو بعثنا هذين الغلامين - قالا لي وللفضل بن عباس - إلى رسول الله صلى الله عليه وسلم فكلماه، فأمرهما على هذه الصدقات، فأديا ما يؤدي الناس، وأصابا مما يصيب الناس". (...) قال: فسكت طويلا، حتى أردنا أن نكلمه، قال: وجعلت زينب تلمع علينا من وراء الحجاب أن لا تكلماه. قال: ثم قال: "إن الصدقة لا تنبغي لآل محمد إنما هي أوساخ الناس. ادعوا لي محمية - وكان على الخمس - ونوفل بن الحارث بن عبد المطلب". قال: فجاءاه، فقال لمحمية: "أنكح هذا الغلام ابنتك" - للفضل بن عباس؛ فأنكحه. وقال لنوفل بن الحارث: "أنكح هذا الغلام ابنتك" - لي -؛ فأنكحني. وقال لمحمية: "أصدق عنهما من الخمس كذا وكذا" (Muslim, 1072).

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La 'It'rah du Prophète (sur lui soit la paix) sont tous ceux des musulmans qui sont des Banû Hâshim.
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Dès lors, Alî, Fâtima, al-Hassan et al-Hussein font partie des
Ahl ul-Bayt (au sens B du terme), mais cela n'est pas restreint à eux : ce sens B les englobe et les dépasse, englobant tous ceux des Banû Hâshim qui ont apporté foi en le Prophète (sur lui soit la paix) : al-'Abbâs et ses fils en font donc eux aussi (entre autres) partie.
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Il y a d'ailleurs ce hadîth aussi, qui parle de l'égard dont le Prophète voulait que les musulmans témoignent à l'égard de son oncle al-'Abbâs, et, plus généralement, de toute sa famille [ce qui revient aux Banû Hâshim] : "عن عبد الله بن الحارث قال: حدثني عبد المطلب بن ربيعة بن الحارث بن عبد المطلب، أن العباس بن عبد المطلب دخل على رسول الله صلى الله عليه وسلم مغضبا وأنا عنده، فقال: "ما أغضبك؟" قال: "يا رسول الله، ما لنا ولقريش: إذا تلاقوا بينهم تلاقوا بوجوه مبشرة، وإذا لقونا لقونا بغير ذلك". قال: فغضب رسول الله صلى الله عليه وسلم حتى احمر وجهه، ثم قال: "والذي نفسي بيده لا يدخل قلب رجل الإيمان حتى يحبكم لله ولرسوله". ثم قال: "يا أيها الناس من آذى عمي فقد آذاني، فإنما عم الرجل صنو أبيه"
(at-Tirmidhî, 3758 ; il écrit ensuite : "هذا حديث حسن صحيح").

"لكن العترة هم بنو هاشم كلهم: ولد العباس، وولد علي، وولد الحارث بن عبد المطلب، وسائر بني أبي طالب، وغيرهم. وعلي وحده ليس هو العترة. وسيد العترة هو رسول الله صلى الله عليه وسلم" (Minhâj us-Sunna, 4/166).
"والعترة: الأقارب القريبة" (Mirqât ul-mafâtîh, sur 109) ; "قال التوربشتي: عترة الرجل أهل بيته ورهطه الأدنون، ولاستعمالهم العترة على أنحاء كثيرة بينها رسول الله - صلى الله عليه وسلم - بقوله: أهل بيتي، ليعلم أنه أراد بذلك نسله وعصابته الأدنين وأزواجه" (Mirqât sur 6152) ; "وفي النهاية: عترة الرجل أخص أقاربه. وعترة النبي - صلى الله عليه وسلم - بنو عبد المطلب. وقيل: قريش كلهم. والمشهور المعروف أنهم الذين حرمت عليهم الزكاة. أقول: المعنى الأول هو المناسب للمرام، وهو لا ينافي أن يطلق على غيره بحسب ما يقتضيه المقام" (Mirqât sur 5453).

Par ailleurs, les descendants de Banû Hâshim dépassent les seuls que Zayd a cités (ne l'ayant pour sa part fait qu'à titre indicatif) : en effet, les descendants de al-Hârith ibn Abd il-Muttalib aussi y sont inclus, comme le montre le hadîth rapporté par Muslim cité plus haut, où le Prophète a refusé que Abd ul-Muttalib ibn Rabî'a ibn il-Hârith ibn Abd il-Muttalib touche quelque chose de l'aumône.
Au sein de l'école hanafite :
--- une interprétation est que les descendants de Abû Lahab qui sont musulmans peuvent par contre, exceptionnellement, recevoir la zakât : cela parce que Abû Lahab a été considéré comme "hors Banû Hâshim" à cause du fait qu'il s'était désolidarisé d'eux lors du grand boycott ;
--- l'autre interprétation est que, étant eux aussi descendants de Hâshim et étant musulmans, à eux aussi il est interdit de prendre la zakât (Ad-Durr ul-mukhtâr, 3/299) (voir aussi note de pas de page n° 8 sur la page 161 de Nûr ul-îdhâh).

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Abû Mûssâ al-Ash'arî (que Dieu l'agrée) raconte que, lorsque lui et son frère sont arrivés à Médine, venant du Yémen, pendant un laps de temps ils crurent que Ibn Mas'ûd et sa mère faisaient partie des Ahl ul-Bayt du Prophète tellement ils les voyaient se rendre chez lui : "عن أبي موسى الأشعري رضي الله عنه، قال: "قدمت أنا وأخي من اليمن؛ فمكثنا حينا، ما نرى ابن مسعود وأمه إلا من أهل البيت، من كثرة دخولهم ولزومهم له" (al-Bukhârî, 4123), "قدمت أنا وأخي من اليمن؛ فمكثنا حينا، ما نرى إلا أن عبد الله بن مسعود رجل من أهل بيت النبي صلى الله عليه وسلم، لما نرى من دخوله ودخول أمه على النبي صلى الله عليه وسلم" (al-Bukhârî, 3552) (Muslim, 2460).

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Croquis où l'on peut voir la généalogie des Ahl ul-Bayt (au sens B du terme) ; où l'on peut voir aussi les noms de certains des fils de 'Abd ul-Muttalib ; où l'on peut voir également les noms des 4 fils de Abdu Manâf (Hâshim, al-Muttalib, Nawfa et 'Abdu Shams) :

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Second croquis où l'on peut voir la généalogie des Ahl ul-Bayt (au sens B du terme), de façon un peu plus détaillée :


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VIII) "Prendre l'aumône est interdit à la "Âl du Prophète"" : qui sont-ils ?

Que "prendre l'aumône soit interdit à la "Âl du Prophète", cela a été énoncé dans plusieurs hadîths, parmi lesquels :
--- "عن أبي هريرة رضي الله عنه، قال: كان رسول الله صلى الله عليه وسلم يؤتى بالتمر عند صرام النخل، فيجيء هذا بتمره، وهذا من تمره، حتى يصير عنده كوما من تمر. فجعل الحسن والحسين رضي الله عنهما يلعبان بذلك التمر. فأخذ أحدهما تمرة، فجعلها في فيه. فنظر إليه رسول الله صلى الله عليه وسلم، فأخرجها من فيه، فقال: "أما علمت أن آل محمد صلى الله عليه وسلم لا يأكلون الصدقة" (al-Bukhârî, 1414, Muslim, 1069) ;
--- "إن الصدقة لا تنبغي لآل محمد إنما هي أوساخ الناس" (Muslim, 1072 ; Abû Dâoûd, 2985).

Au Prophète (sur lui soit la paix), prendre l'aumône obligatoire (zakât) comme l'aumône surérogatoire était interdit.

Mais à ses Ahl, si l'aumône obligatoire est également interdite, en revanche, concernant l'aumône surérogatoire, il y a divergence d'avis entre les mujtahidûn : l'avis des hanafites (Al-Hidâya 1/186), ainsi que l'avis retenu chez les shafi'ites et les hanbalites est que cela ne leur était pas interdit (FB).

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Par ailleurs :

--- D'après ce que Ibn ul-Qayyim relate de Ahmad ibn Hanbal, par contre, prendre l'aumône est interdit :
----- à ces parents du Prophète (soit les musulmans descendants des Banû Hâshim ; soit, d'après un autre avis relaté de Ahmad, les musulmans descendants des Banû Hâshim ou des Banu-l-Muttalib),
----- aux épouses du Prophète (sur lui soit la paix) aussi, vu que elles aussi ont été qualifiées de "Âl" dans d'autres hadîths : "عن أنس رضي الله عنه: أنه مشى إلى النبي صلى الله عليه وسلم بخبز شعير، وإهالة سنخة. ولقد رهن النبي صلى الله عليه وسلم درعا له بالمدينة عند يهودي، وأخذ منه شعيرا لأهله؛ ولقد سمعته يقول: "ما أمسى عند آل محمد صلى الله عليه وسلم صاع بر، ولا صاع حب، وإن عنده لتسع نسوة"" (al-Bukhârî, 1963). "عن عائشة رضي الله عنها، زوج النبي صلى الله عليه وسلم، قالت: "أرسل أزواج النبي صلى الله عليه وسلم عثمان إلى أبي بكر، يسألنه ثمنهن مما أفاء الله على رسوله صلى الله عليه وسلم. فكنت أنا أردهن، فقلت لهن: "ألا تتقين الله! ألم تعلمن أن النبي صلى الله عليه وسلم كان يقول: "لا نورث، ما تركنا صدقة" - يريد بذلك نفسه - "إنما يأكل آل محمد صلى الله عليه وسلم في هذا المال". فانتهى أزواج النبي صلى الله عليه وسلم إلى ما أخبرتهن" (al-Bukhârî, 3809, Muslim, 1757) ; "عن أبي هريرة رضي الله عنه: أن رسول الله صلى الله عليه وسلم قال: "لا يقتسم ورثتي دينارا ولا درهما. ما تركت بعد نفقة نسائي ومئونة عاملي فهو صدقة" (al-Bukhârî, 2624, Muslim, 1760).
Ainsi, les deux sens A et B de "Âl" et "Ahl" sont appliqués à cette question.

--- Par contre, d'après Abû Hanîfa, Mâlik et ash-Shâfi'î, aux épouses du Prophète il n'était pas interdit de prendre la zakât. La parole de Zayd ibn Arqam va dans le même sens, lui qui a distingué les épouses du Prophète (Ahl au sens A) et ceux à qui prendre l'aumône a été interdit (ses parents, donc ses Ahl au sens B) : "فقال له حصين: "ومن أهل بيته، يا زيد؟ أليس نساؤه من أهل بيته؟" قال: "نساؤه من أهل بيته. ولكن أهل بيته من حرم الصدقة بعده". قال: "ومن هم؟" قال: "هم آل علي وآل عقيل وآل جعفر وآل عباس"" (Muslim, 2408/36).
----- D'après Abû Hanîfa, sont concernés : les musulmans descendants des Banû Hâshim.
----- D'après ash-Shâfi'î, sont concernés : les musulmans descendants des Banû Hâshim ou des Banu-l-Muttalib.

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Wallâhu A'lam (Dieu sait mieux).

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