Ce que Dieu fait se réaliser dans l'Univers et sur la Terre (at-Takwîn) est une chose - Ce qu'Il demande à l'homme de faire ou de ne pas faire (at-Tashrî') est autre chose - Il ne faut pas confondre les 2, car ils ne sont pas du même ordre

Takwîn (au sens, ici, de Mukawwan : "ce que Dieu crée, fait exister dans le Réel") et Tashrî' (au sens, ici, de Musharra' / Mashrû' : "ce que Dieu a prescrit à l'homme comme Norme") sont deux domaines totalement distincts.

Cependant, cela ne signifie pas que tout ce qui relève de la Irâda Takwîniyya (Volonté Divine Créatrice) serait toujours en concurrence avec la Irâda Tashrî'iyya (Volonté Divine Normative) :
--- Une partie des deux Systèmes est en harmonie : c'est bien parce que Dieu a créé l'humain et les autres créatures selon telle et telle particularités qu'Il a rendu pour l'humain telle action humaine vis-à-vis de telle créature : licite, et telle autre : illicite.
--- C'est pour une partie seulement du Réel que l'on trouve un contraste entre les deux Systèmes (comme nous allons le voir ci-après).

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I) Généralités :

1) Rien ne peut se produire sans avoir été créé par Dieu (Khalq). Rien ne peut non plus se produire en étant indépendant par rapport à Dieu, c'est-à-dire sans que Dieu l'ait voulu (Irâda Takwîniyya). Cela est évident, car sinon il y aurait Dieu d'une part, et d'autres divinités d'autre part (puisque disposant du Istqilâl Takwînî) ; ou bien il y aurait Dieu d'une part, mais Il aurait une faiblesse car certaines choses se produisent hors de Son contrôle. C'est pourquoi la croyance en la prédétermination (taqdîr) relève du monothéisme, tawhîd ullâh : la parole suivante est attribuée à Ibn Abbâs : "القدر نظام التوحيد، فمن وحد الله وكذب بالقدر نقض تكذيبه توحيده" (Shar'h ul-'aqîda at-tahâwiyya, 1/320-324 ; 2/358). Et c'est pourquoi les Qadarites ont un manquement dans le tawhid ullâh : "القدرية مجوس هذه الأمة" : "Les Qadarites sont les Mazdéens de cette Umma (Muslima)" (Abû Dâoûd, 4691, hassan d'après al-Albânî).

--- Le Mazdéisme enseignait l'existence d'un Dieu de la Lumière, Ahura-Mazda (ou Yazdân) (le Créateur de l'ordre normal du monde), et d'un dieu du mal, Ahriman, créé par les Ténèbres (et pas par Ahura-Mazda), et en conflit avec Ahura-Mazda dont il envahit la création pour en bouleverser l'ordre : il y a opposition entre les deux, ce qui fait du Mazdéisme une religion dualiste. (Zoroastre aurait ensuite tenté de réformer cette religion mazdéenne et d'appeler au monothéisme, enseignant que seul Ahura Mazda est le Dieu suprême, créateur de la lumière comme des ténèbres ; par contre il existe deux principes : le Bien, dont le représentant est l'Ange, et le Mal, dont le représentant est Ahriman.) (Pour sa part, Mani reprendra plus tard le dualisme mazdéen, mais pour aller plus loin encore : selon lui, les anges et les âmes sont créés par Dieu, et c'est le démiurge qui a forgé les réalités matérielles.)

--- A contrario, la croyance monothéiste est que c'est Dieu Seul qui fait exister (Takwîn), qui crée (Khalq), toute chose, et que toute chose qui se produit se produit parce que Dieu l'a voulu (irâda Takwîniyya). Toute chose autre que Dieu (Etre, Attributs et Actes) est mukawwan / makhlûq de Dieu : les choses concrètes ('ayn), les qualités ou les actions ('aradh) et les concepts (ma'nâ mahdh) sont tous créés par Dieu. Même le mal moral est créé par Dieu ; et le mal moral qui a été commis par un humain s'est produit parce que Dieu l'a voulu et parce que cet humain l'a voulu : il y a eu choix réel (ikhtiyâr) et volonté réelle (irâda) de cet humain, mais il y a eu aussi Volonté de Dieu : cet humain a ainsi acquis (kasb) cette action.
Iblîs reconnaît la Souveraineté Takwînî de Dieu sur toute la création et ne la nie nullement. Ce qu'il y a c'est que son refus d'obéir à l'ordre de Dieu de reconnaître la grande valeur de Adam par une prosternation de respect, et sa révolte contre cet ordre Tashrî'î de Dieu a entraîné son bannissement et éloignement par Dieu, et il a alors promis à Dieu qu'il ferait tout pour appeler les humains à s'éloigner eux aussi de Lui. Dieu lui a alors dit de partir et de faire ce qu'il a ainsi promis de faire (idhn takwînî 'âmm).
Or Dieu (en langue arabe : Allah) appelle (da'wa) au Bien seulement, et Iblîs appelle (da'wa) au Mal seulement.
Le Bien est l'action qui est aimée par Dieu et qui rapproche de Lui. Le Mal est l'action qui est détestée par Dieu et qui éloigne de Lui. L'homme Bon est celui qui est rapproché de Dieu. L'homme Mauvais est celui qui est éloigné de Dieu et proche du Diable.

--- Les Qaradites (et les Mutazilites étaient ainsi) croient pour leur part que, certes, Dieu Sait tout ce qui va se passer et Sait quel humain va choisir quelle voie, néanmoins, les actions du bien et celles du mal ne sont pas créées par Dieu mais existent par les hommes qui les commettent, et le mal ne se produit pas selon la Volonté divine.
C'est là un quelque chose commun que les Qadarites ont avec les Mazdéens, d'où le hadîth suscité : "القدرية مجوس هذه الأمة" : "Les Qadarites sont les Mazdéens de cette Umma (Muslima)" (Abû Dâoûd, 4691). Cependant, cette erreur des Qadarites va jusqu'à la déviance (dhalâl) et pas jusqu'au kufr akbar.
Al-Bukhârî a relaté la filiation historique du Qadarisme au Mazdéisme en ces termes : "قال أبو عبد الله: فالمقروء هو كلام الرب الذي قال لموسى: {إنني أنا الله لا إله إلا أنا فاعبدني}، إلا المعتزلة فإنهم ادعوا أن فعل الله مخلوق، وأن أفعال العباد غير مخلوقة. وهذا خلاف علم المسلمين، إلا من تعلق من البصريين بكلام سنسويه، كان مجوسيا فادعى الإسلام؛ فقال الحسن: أهلكتهم العجمة" (Khalqu Af'âl il-'ibâd, pp. 60-61).
Le Christianisme (tel qu'il est couramment devenu) comporte également un quelque chose du Mazdéisme, et plus précisément du Manichéisme : la mort n'a pas été créée par Dieu, le mal n'a pas été créé par Dieu, le corps est marqué négativement (contrairement à l'âme), etc.

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2) En fait Dieu a voulu mettre le djinn et l'humain à l'épreuve : Croient-ils en Lui comme Il est, ainsi qu'en ce qu'Il a créé et en quoi Il veut qu'ils croient (anges, paradis, géhenne, etc.) ? Et font-ils ce qu'Il agrée ?

3) Dès lors, si Dieu avait créé et créait seulement le Bien Moral, la mise à l'épreuve du djinn et de l'humain n'aurait pas été et ne serait pas possible, puisque seul le Bien existerait.
Et si le mal moral se produisait sans que Dieu ait voulu qu'il se produise, quelque chose se produirait qui échappe au contrôle de Dieu.
Ce sont donc le Bien moral comme le Mal Moral qui sont créés par Dieu. Et ce sont le Bien et le Mal qui se sont produits parce que Dieu l'a voulu.

4) Cependant, Dieu déteste le Mal Moral, et cela est susceptible de Le mettre en Colère. L'avoir créé et voulu rend seulement possible la mise à l'épreuve du djinn et de l'humain.

5) Au niveau de la Sagesse Globale, il fallait également, pour que l'épreuve soit conséquente, qu'il existe un être qui appelle l'homme au Mal et qui se présente comme modèle aux autres djinns. Cet être est Iblîs (dont nous avons déjà parlé) : c'est le djinn qui a choisi de se rebeller contre un ordre tashrî'î de Dieu, et ce par orgueil, et par jalousie envers Adam. Depuis, par dépit, il essaie d'entraîner avec lui dans la Géhenne le maximum d'humains, en les appelant au Mal. Iblîs est l'éloigné de Dieu par excellence, et il est le grand perdant.

6) Le tout, pour chaque individu (djinn ou humain), est d'être sur la Voie Droite et de faire le Bien, se préservant de commettre le Mal.
Vu que le Mal existe sur Terre chez d'autres hommes, suivre la voie du Bien demande de l'homme un effort de sa part, sur lui-même.

7) Le fait que Dieu a tracé la frontière entre "reconnaissance de ce qui est Bien",  qu'Il aime (soit nécessaire, soit recommandé, soit licite), et "reconnaissance de ce qui est Mal", qu'Il déteste (soit déconseillé, soit interdit), cela résulte de Son Attribut : at-Tashrî' : la Faculté de Légiférer, de fixer ce qui est Bien et ce qui est Mal, ce qui est Licite et ce qui est Illicite, ce qui est Vrai et ce qui ne l'est pas. Le cœur humain a une connaissance naturelle de cela, mais seulement pour leur dimension globale, et ce parce que Dieu l'y a inscrit. Pour la dimension détaillée de ces normes, l'homme doit se référer à ce que Dieu lui a fait savoir par le biais de Son Messager du moment. Et, justement, le résultat de l'Attribut de Tashrî' est une Voie tracée (c'est le sens de Sharî'a, pour Mashrû'a) qui est la voie tracée permettant de suivre le Bien, l'ayant distingué du Mal.

8) Il s'agit pour l'homme de suivre cette Voie. Et c'est à cette Voie seule que Dieu appelle tous les hommes.
L'homme dispose du choix (
ikhtiyâr) qu'il fait en son cœur. Nul ne peut lui enlever ce choix intérieur, du cœur. Lorsqu'il fait une action extérieure de son plein gré, cela signifie que son cœur y a participé. Mais lorsqu'il fait une action extérieure parce que subissant la contrainte, son cœur reste libre. C'est cette liberté qui fonde sa responsabilité.
"والمقصود هنا أن القلب هو الأصل في جميع الأفعال والأقوال. فما أمر الله به من الأفعال الظاهرة فلا بد فيه من معرفة القلب وقصده. وما أمر به من الأقوال وكل ما تقدم، والمنهي عنه من الأقوال والأفعال إنما يعاقب عليه إذا كان بقصد القلب. وأما ثبوت بعض الأحكام كضمان النفوس والأموال إذا أتلفها مجنون أو نائم أو مخطئ أو ناس، فهذا من باب العدل في حقوق العباد، ليس هو من باب العقوبة.
فالمأمور به كما ذكرنا، نوعان: نوع ظاهر على الجوارح، ونوع باطن في القلب.
النوع الثاني - ما يكون باطنا في القلب كالإخلاص وحب الله ورسوله والتوكل عليه والخوف منه وكنفس إيمان القلب وتصديقه بما أخبر به الرسول -، فهذا النوع تعلقه بالقلب ظاهر، فإنه محله. وهذا النوع هو أصل النوع الأول، وهو أبلغ في الخير والشر من الأول.
فنفس إيمان القلب وحبه وتعظيمه لله وخوفه ورجائه والتوكل عليه وإخلاص الدين له، لا يتم شيء من المأمور به ظاهرا إلا بها؛ وإلا فلو عمل أعمالا ظاهرة بدون هذه كان منافقا؛ وهي في أنفسها توجب لصاحبها أعمالا ظاهرة توافقها، وهي أشرف من فروعها، كما قال تعالى: {لن ينال الله لحومها ولا دماؤها ولكن يناله التقوى منكم}. وكذلك تكذيب الرسول بالقلب وبغضه وحسده والاستكبار عن متابعته أعظم إثما من أعمال ظاهرة خالية عن هذا، كالقتل والزنا والشرب والسرقة. وما كان كفرا من الأعمال الظاهرة (كالسجود للأوثان وسب الرسول ونحو ذلك) فإنما ذلك لكونه مستلزما لكفر الباطن؛ وإلا فلو قدر أنه سجد قدام وثن ولم يقصد بقلبه السجود له بل قصد السجود لله بقلبه، لم يكن ذلك كفرا؛ وقد يباح ذلك إذا كان بين مشركين يخافهم على نفسه* فيوافقهم في الفعل الظاهر ويقصد بقلبه السجود لله، كما ذكر أن بعض علماء المسلمين وعلماء أهل الكتاب فعل نحو ذلك مع قوم من المشركين حتى دعاهم إلى الإسلام فأسلموا على يديه، ولم يظهر منافرتهم في أول الأمر" (MF 14/120) (* بسبب أنهم أكرهوه بوعيد القتل).

9) La totalité de ce que Dieu crée, Il le crée par Sagesse : non seulement il y a la sagesse que nous venons de voir quant à l'existence même du mal moral, mais il y en a aussi dans la quantité de mal moral qui se produit, de même que dans le lieu et le moment où cela se produit, et dans la détermination des hommes et djinns qui choisissent de le commettre.

10) Tout ce qui précède concerne la Globalité de l'Univers : il y a contraste, qui permet la mise à l'épreuve. On ne doit donc pas dire : Vu que c'est Dieu qui a voulu que tel groupe de gens fassent le mal, j'accepte ce que Dieu a voulu, et je ne fais donc rien. Certes, Iblîs, il ne sert à rien de l'appeler au Bien. Par contre, les créatures (autres que Iblîs) se trouvant autour de l'homme, l'homme déjà bien-guidé doit (en même temps qu'il s'efforce lui-même et prie pour rester sur le Bien) fournir des efforts pour les appeler avec sagesse et douceur à délaisser eux aussi le Mal et à venir au Bien. Ceci nous prouve que Takwîn et Tashrî' ne relèvent pas du même ordre.

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II) Le verset coranique : "لاَ يُكَلِّفُ اللّهُ نَفْسًا إِلَّا وُسْعَهَا" : "Dieu ne charge une âme qu'à (la mesure de) la capacité de celle-ci" (Coran 2/286) parle de ce qui résulte du Tashrî', et pas de ce qui résulte du Takwîn :

Cheikh Ashraf Alî Thânwî explique cela ainsi :

"Pour ce qui est des Ahkâm Takwîniyya
[Décisions de Dieu dans ce qu'Il fait exister], il arrive parfois que le serviteur (de Dieu) soit chargé de ce qui est au-dessus de sa capacité : par exemple les épreuves difficiles (de la vie)*.

La négation [faite dans ce verset 2/286] de toute charge supérieure aux capacités de l'individu est donc spécifique aux Ahkâm Tashrî'iyya [Règles énoncées par Dieu ou Son Messager].

La sagesse en cela est que la raison d'être des Ahkâm Tashrî'iyya est que (l'homme les) mette en pratique. Or il n'est pas possible de mettre en pratique ce qui est au-dessus de ses capacités**. (Si des Ahkâm Tashrî'iyya étaient au-dessus de la capacité de l'homme, ce dernier ne pouvant alors pas agir selon ces Ahkâm), il en résulterait le péché, ce qui constitue un tort (pour l'homme) ; or par Sa Faveur et Sa Bonté, (Dieu) a enlevé le tort.

Cela contrairement aux Ahkâm Takwîniyya telles que les épreuves de la vie et les difficultés. La sagesse de leur venue est que (suite à la patience que l'homme fait alors), les péchés (lui) soient effacés, et ses degrés soient élevés ; ce qui constitue un bienfait ; cela ne contredit donc pas la Faveur (de Dieu) et Sa Bonté" (Bayân ul-qur'ân).

* Cheikh Thânwî évoque ici les épreuves que nul corps humain ne peut pas supporter : ce corps s'en retrouve détruit, ce qui montre que l'épreuve takwînî qui l'a touché était bel et bien au-dessus des capacités humaines.

** Même par rapport à une épreuve takwînî touchant un homme, la règle tashrî'î concernant cet homme par rapport à cette épreuve est toujours à la mesure de ses capacités.
Ainsi, si l'homme tombe malade, les règles tashrî'î relatives à l'accomplissement de sa prière rituelle sont toujours du domaine de sa capacité.
Si l'homme est touché par une famine généralisée, la règle tashrî'î parlant de la nécessité, pour lui, de pourvoir à l'alimentation de sa propre personne ainsi que de sa famille concerne la nourriture qu'il peut trouver, et pas celle qu'il lui est impossible de trouver ; si son épouse ne veut pas se contenter de si peu, elle peut lui demander le divorce.
Enfin, si l'homme est touché par une maladie qui est en train de détruire son corps physique, la règle tashrî'î qui le concerne alors et qui est de sa capacité, c'est de se soigner, mais aussi de faire preuve de patience (sab'r) : cette patience étant en son for intérieur, elle reste toujours du domaine de sa capacité.

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III) Certes, on doit prendre en considération la situation dans laquelle on / la société se trouve à l'instant t dans le lieu l (situation découlant donc du Takwîn) avant d'appliquer certaines des normes voulues par Dieu (normes qui découlent pour leur part du Tashrî'). Cependant, on ne peut pas se satisfaire totalement de ce qui est Mukawwan autour de nous. Ce qu'il y a c'est qu'on doit garder devant soi ce qui est Musharra' / Mashrû' pour soi, selon la situation dans laquelle on se trouve :

Cette nécessaire prise en considération de la situation dans laquelle on / la société se trouve à l'instant t dans le lieu l (situation découlant donc du Takwîn) avant d'appliquer certaines des normes voulues par Dieu (normes qui découlent pour leur part du Tashrî'), cela apparaît dans par exemple les cas suivants :

--- Tout le chapitre du fait d'ordonner le bien et d'empêcher le mal : en fonction de la situation, on aura recours à tel moyen, ou bien on n'y aura pas recours. Il ne faut pas que cela entraîne une mafsada plus grande encore...

--- Le célèbre récit avec Omar ibn Abd il-Azîz, le calife omeyyade du début du IIème siècle de l'hégire : "وفيما يحكى عن عمر بن عبد العزيز أن ابنه عبد الملك قال له: "ما لك لا تنفذ الأمور؟ فوالله ما أبالي لو أن القدور غلت بي وبك في الحق." قال له عمر: "لا تعجل يا بني؛ فإن الله ذم الخمر في القرآن مرتين وحرمها في الثالثة؛ وإنى أخاف أن أحمل الحق على الناس جملة فيدفعوه جملة، ويكون من ذا فتنة"" : Un jour, Omar ibn ul-'Azîz fut ainsi questionné par son fils Abd ul-Malik : "Père, pourquoi n'appliques-tu pas [toutes] les choses ? Je ne me soucie pas que moi et toi ayons à supporter des difficultés à cause de la vérité". Le calife répondit : "Ne te presse pas, mon fils. Car Dieu a, dans le Coran, critiqué 2 fois l'alcool, (puis,) la 3ème fois, l'a interdit. Je crains que si j'applique d'un coup aux gens (tout) ce qui est établi, ils rejettent d'un coup (tout ce qui est établi) ; et que naisse à cause de cela une fitna" (Al-Muwâfaqât, ash-Shâtibî, 1/402). Dans le fait de faire respecter sur la scène publique le caractère interdit de l'alcool, par l'autorité de la Dâr ul-islâm du début du IIème siècle, Omar ibn Abd il-Azîz a évalué la Maslaha de cette action, et la Mafsada que cette action entraînerait sur l'ensemble de la société musulmane d'alors. Et Omar a perçu que, vu la situation (donc du Mukawwan) dans laquelle la société musulmane se trouvait alors, l'application immédiate ou rapide de cette action aurait entraîné une Mafsada trop grande.

--- La réponse que le Prophète (sur lui soit la paix) fit à Aïcha (que Dieu l'agrée) : cette dernière lui avait demandé pourquoi [ayant déjà conquis la Mecque en l'an 8 de l'hégire (21 années après le début du prophétat) et ayant purifié la Kaaba des idoles que les Quraysh y avaient introduites, il n'allait pas plus loin et] il ne la reconstruisait pas entièrement selon le modèle de Abraham. Le Prophète lui répondit : "S'il n'y avait que c'est récemment que ton peuple était dans le kufrcar je crains que leurs cœurs désapprouvent cela –, je l'aurais fait :
– j'aurais reconstruit la Kaaba selon les fondations de Abraham ;
– j'aurais ramené le niveau de sa porte au sol ;
– et j'aurais rajouté une porte (de sortie)" (al-Bukhârî 1506-1507-1508, Muslim 1333).
On voit ici le Prophète (sur lui soit la paix) exposer à Aïcha que, au vu de la situation existant alors (Mukawwan), il avait procédé à une évaluation entre une Mafsada et une Maslaha, et avait perçu que cette Mafsada l'emportait sur cette Maslaha.

Cependant, il laissa par ailleurs la possibilité de cette réforme aux musulmans devant venir après lui, quand le risque suscité ne serait plus présent : "Si après moi il paraît [judicieux] à ton peuple de la reconstruire, eh bien viens, que je te montre la partie qui avait été laissée (hors des murs) de la (Kaaba)" ; et il montra à (Aïcha) une partie d'"environ 7 coudées" (Muslim 1333/403) / "6 coudées" (Muslim 1333/401). Ibn Hajar écrit : "وفيه تقديم الأهم فالأهم من دفع المفسدة وجلب المصلحة وأنهما إذا تعارضا بدئ بدفع المفسدة وأن المفسدة إذا أمن وقوعها عاد استحباب عمل المصلحة" (Fat'h ul-bârî 3/566).

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D'autres perspectives encore existent de la prise en considération du Réel par rapport à l'application de la Shar' :

"La Shar' ullâh dit telle chose..." : peut-on dire cela de façon absolue quand c'est seulement une déduction d'un Mujtahid, et pas ce que dit explicitement un Verset coranique ou un Hadîth ? - "Faut-il distinguer Sharî'a et Fiqh ?" - "الفرق بين الشرع المنزل، والشرع المؤول، والشرع المبدل" ;
Quand il y a divergence d'interprétations ou d'avis entre les mujtahidûn, l'avis qui est juste (swawâb) peut-il toujours être distingué de façon qat'î ? - L'existence d'interprétations divergentes entre les ulémas est-ce une miséricorde (رحمة), ou un problème ?! ;
Face à des argumentations divergentes, il y a : - les cas où on peut (et on doit) être certain de la rectitude de tel avis (الجزم مع القطع بـ) ; - les cas où il s'agit d'affirmer de façon ferme que c'est tel avis qui est correct (الجزم) ; - les cas où il s'agit de donner préférence à tel avis (الترجيح) ; - les cas où il s'agit de pencher vers tel avis (الميلان) ; - les cas où il s'agit de ne pas se prononcer (التوقف) ;
Lorsque sur une question donnée (mas'ala) il n'y a eu que 2 (ou 3, ou 4, ou plus encore) avis chez tous les Salaf, est-il impossible que des grands ulémas postérieurs pensent un nouvel avis, par une nouvelle synthèse des textes existant ? ;
Peut-on, à une personne, donner comme Fatwa que l'action est Autorisée, et à une autre que la même Action est Interdite ? - Distinguer les cas de réel Double Discours, et les cas des Différences de Réponses dues à des Différences de Situations (هل يمكن تغيير الفتوى بتغير الواقع؟) ;
Peut-on suivre une école juridique de référence (Madh'hab), et adopter l'avis d'une autre école (Madh'hab) sur quelques questions précises, par égard pour le Contexte : par Maslaha ? ;
L'autorité exécutive d'un pays musulman peut-elle imposer à tous les musulmans s'y trouvant de ne plus pratiquer, à propos d'une question donnée, qu'un avis précis parmi tous les avis existant depuis des siècles entre les mujtahidûn ? ;
Lorsque, par rapport à la situation dans laquelle il se trouve dans le Réel (الواقع), le musulman a devant lui 2 actions en concurrence : il ne pourra pratiquer qu'une seule des 2 et devra délaisser l'autre. Comment devra-t-il faire pour évaluer l'importance de chacune de ces 2 actions, puis choisir ? "التعارض بين العملين، والموازنة بينهما، والترجيح ؛ الاستصلاح" - Partie 1/3 ;
فقه المآلات : Le musulman a devant lui la possibilité de pratiquer telle Action de Bien. Cependant, par rapport à la situation dans laquelle il se trouve dans le Réel (الواقع), la pratique de cette Action de Bien est susceptible d'entraîner (في المآل) un Problème (Mafsada). Que devra alors faire ce musulman : pratiquer l'Action, sans autre considération ? ou bien considérer la nature et le degré de cette Mafsada, ainsi que la probabilité de son entraînement ? "التعارض بين العملين، والموازنة بينهما، والترجيح ؛ الاستصلاح" - Partie 2/3 ;
Différentes catégories par rapport à la plus ou moins grande subtilité dans la prise en considération de la Maslaha / Mafsada que le Réel présente face à la mise en pratique de l'Action requise - "التعارض بين العملين، والموازنة بينهما، والترجيح ؛ الاستصلاح" - Partie 3/3.

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IV) Cette nécessité d'agir, suivant ce qui est Musharra' / Mashrû' pour soi là où l'on se trouve, avec l'objectif d'améliorer avec sagesse la situation qui est Mukawwan, cela apparaît clairement dans les cas suivants :

--- La vie sur Terre présente de nombreuses difficultés pour l'homme. Imaginez-vous sans cette technique que les inventions humaines ont rendue possible : comment feriez-vous pour manger, boire, avoir un toit, etc. ? Rien n'existe sur Terre sans que Dieu n'ait voulu le créer ainsi. Cela ne signifie cependant pas que les humains devraient ne rien faire pour changer positivement cet état des choses. Et c'est ce qu'ils ont fait : ils ont "domestiqué" des végétaux, des animaux, ont inventé des choses, ont observé et découvert d'autres choses. Ils ont développé la civilisation humaine. Le résultat est là, sous nos yeux.

--- De même, sur Terre, aujourd'hui encore il existe de la pauvreté, et il existe des humains qui sont complètement démunis. Rien n'existe sur Terre sans que Dieu n'ait voulu le créer. Cela ne signifie cependant pas que les autres humains devraient ne rien faire pour changer cet état des choses et faire disparaître cette pauvreté. Et, justement, Dieu leur enjoint de faire cela : par l'aumône, l'entraide, la solidarité.
C'est ce que certains incroyants de l'époque du Prophète (sur lui soit la paix) n'avaient pas compris : lorsqu'on les exhortait à nourrir les pauvres, ils disaient ce que Dieu relate ainsi d'eux : "Pourquoi donnerions-nous à manger à des gens qui, si Dieu l'avait voulu, Il leur aurait donné à manger ?" : "وَإِذَا قِيلَ لَهُمْ أَنفِقُوا مِمَّا رَزَقَكُمْ اللَّهُ قَالَ الَّذِينَ كَفَرُوا لِلَّذِينَ آمَنُوا أَنُطْعِمُ مَن لَّوْ يَشَاء اللَّهُ أَطْعَمَهُ" (Coran 36/47).

--- Sur Terre, il existe des hommes qui ne croient pas en l'existence Dieu ou en Son Unicité, ou en Sa Voie révélée. Rien n'existe sur Terre sans que Dieu n'ait voulu le créer. Cela ne signifie cependant pas que les autres humains devraient ne faire aucun effort pour changer cet état des choses. Et, justement, Dieu leur enjoint de faire cela : par la prédication, par la présentation courtoise.
C'est ce que certains incroyants de l'époque du Prophète (sur lui soit la paix) ne comprirent pas : lorsqu'on les exhorta à revenir au monothéisme, ils dirent ce que Dieu relate ainsi d'eux : "سَيَقُولُ الَّذِينَ أَشْرَكُواْ لَوْ شَاء اللّهُ مَا أَشْرَكْنَا وَلاَ آبَاؤُنَا وَلاَ حَرَّمْنَا مِن شَيْءٍ كَذَلِكَ كَذَّبَ الَّذِينَ مِن قَبْلِهِم حَتَّى ذَاقُواْ بَأْسَنَا قُلْ هَلْ عِندَكُم مِّنْ عِلْمٍ فَتُخْرِجُوهُ لَنَا إِن تَتَّبِعُونَ إِلاَّ الظَّنَّ وَإِنْ أَنتُمْ إَلاَّ تَخْرُصُونَ" : "Si Dieu l'avait voulu, nous n'aurions pas associé, ni nos pères, ni nous n'aurions déclaré illicite quoi que ce soit" (Coran 6/148). Ces Polythéistes voulaient dire : "Si Dieu l'avait voulu, nous n'aurions pas associé à Dieu quoi que ce soit. Mais Dieu n'a pas voulu ainsi, et c'est pourquoi nous adorons d'autre que Lui aussi. Le fait que cela s'est produit montre que Dieu l'agrée. Pourquoi veux-tu, toi ô Muhammad, que nous cessions de faire ce que Dieu a voulu ?". Ils établissaient donc la Volonté Takwînî comme preuve de la Volonté Tashrî'î, ce qui est faux.

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V) Cette nécessité également dans les points relatifs aux événements annoncés comme devant se produire : l'homme ne doit pas se satisfaire de ce qui est annoncé que cela va être Mukawwan, mais doit faire ce qu'il peut, à son échelle, selon ce qui est Musharra' / Mashrû' le concernant, pour éviter le problème ou au moins améliorer la situation :

--- Le cas le plus flagrant à ce sujet est ce qui suit : "سمعت أنس بن مالك قال: قال رسول الله صلى الله عليه وسلم: "إن قامت الساعة وبيد أحدكم فسيلة، فإن استطاع أن لا يقوم حتى يغرسها فليفعل" : "Si la fin du monde venait à arriver alors que dans la main de l'un d'entre vous se trouve un jeune plant de dattier, alors, s'il est capable de le planter avant que la fin du monde se produise, qu'il le fasse" (Ahmad, 12981). Planter des arbres et des plants est déjà, en soi, recommandé (mashrû' : mustahabb juz'iyyan, wâjib kulliyyan) ("عن جابر، قال: قال رسول الله صلى الله عليه وسلم: "من غرس غرسا أو زرع زرعا، فأكل منه إنسان أو طير أو سبع أو دابة، فهو له صدقة" : Ahmad), et le dattier est un arbre-ressource ; ce que ce hadîth montre, c'est que, même lorsque Dieu fait se produire dans le Kawn quelque chose qui va dans un autre sens, on n'est responsable que faire ce que l'on peut faire, à son échelle, selon la situation.

--- Tant d'autres hadîths évoquent des événements que Dieu va faire se produire (Mukawwan), mais, étant donné que ce que ces événements vont à l'encontre de ce que la Shar' prescrit au croyant, ce dernier est responsable de faire ce qu'il peut, à son humble échelle, même si cela semble n'être qu'une petite graine face à un immense désert.
Ainsi, le Prophète (sur lui soit la paix) a annoncé qu'entre sa venue et la fin du monde il y aura des famines, des épidémies, des tremblements de terre, des tueries (harj), de la décadence morale, etc. Même si tous ces événements sont créés par Dieu (Mukawwan), chaque croyant doit faire l'effort qu'il peut, à son échelle, pour améliorer la situation, selon ce qui lui a été prescrit (Musharra').

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VI) Cependant, tout ceci n'implique pas que Dieu ferait se réaliser (Takwîn) n'importe quelle situation. Au contraire, il y a ce qu'Il ne fait jamais se réaliser par rapport à tel être proche de Lui :

Lire à ce sujet notre article : 1.A) Ce que Dieu aime et qui rapproche ou est proche de Lui - 1.D) Ce que Dieu aime sans que cela rapproche ou soit proche de Lui - 2.D) Ce qu'Il n'aime pas sans que cela éloigne ou soit loin de Lui - 2.A) Ce qu'Il n'aime pas et qui éloigne ou est loin de Lui.

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VII) Un point plus ardu à comprendre que les exemples cités aux points IV et V : Que faire quand il y a d'une part ce que Dieu crée par rapport à une raison particulière immédiate (ما يكوّنه الله بسبب المقتضِي الجزئي), alors même qu'il y a d'autre part une norme que Dieu a instituée de façon générale (ما شرّعه الله تشريعًا عامًّا) et qui va dans l'autre sens que ce qui est en train de se dérouler ?

Par exemple Dieu décide d'infliger une sécheresse à des gens qui ont commis de façon persistante le Mal.
Le croyant peut-il / doit-il alors apporter une aide humanitaire
à ces gens par rapport à ce qu'ils subissent , conformément à ce que la Shar' lui demande de façon générale : aider autrui face aux difficultés qui le touchent ?
Ou bien peut-il / doit-il se dire :
"C'est le Plan de Dieu, je ne dois donc rien faire qui en diminue l'efficacité" ? Peut-il / doit-il peut-être même se dire : "C'est le Plan de Dieu contre ces gens, je dois donc agir pour leur faire encore plus de tort" ?

Non, le croyant doit, même alors, agir pour soulager la souffrance de ces gens.

Ainsi, d'après l'une des 2 interprétations, c'était quand le Prophète (sur lui soit la paix) avait déjà émigré à Médine et que les Quraysh de la Mecque étaient en conflit armé contre lui que, suite à la terrible sécheresse qui frappait les Mecquois, Abû Sufyân vint à Médine parler au Prophète de la famine dont les Mecquois souffraient, et, évoquant le fait que lui-même ordonnait d'entretenir le lien de parenté, lui demanda, au nom de cette parenté existant entre lui et les Quraysh, de prier Dieu qu'Il leur accorde la pluie. Suite à l'intercession de Kab' ibn Murra en faveur de la requête de Abû Sufyân, le Prophète invoqua alors Dieu qu'Il leur accorde la pluie ; et la pluie revint.
"عن مسروق، قال: كنا عند عبد الله فقال: إن النبي صلى الله عليه وسلم لما رأى من الناس إدبارا، قال: "اللهم سبع كسبع يوسف." فأخذتهم سنة حصت كل شيء، حتى أكلوا الجلود والميتة والجيف، وينظر أحدهم إلى السماء، فيرى الدخان من الجوع. فأتاه أبو سفيان، فقال: "يا محمد، إنك تأمر بطاعة الله، وبصلة الرحم، وإن قومك قد هلكوا، فادع الله لهم" (al-Bukhârî, 962 ; voir aussi 4496).
"عن مسروق، قال: قال عبد الله: إن الله بعث محمدا صلى الله عليه وسلم، وقال: {قل ما أسألكم عليه من أجر وما أنا من المتكلفين} فإن رسول الله صلى الله عليه وسلم لما رأى قريشا استعصوا عليه، فقال: "اللهم أعني عليهم بسبع كسبع يوسف." فأخذتهم السنة حتى حصت كل شيء، حتى أكلوا العظام والجلود، فقال أحدهم: حتى أكلوا الجلود والميتة، وجعل يخرج من الأرض كهيئة الدخان. فأتاه أبو سفيان، فقال: "أي محمد، إن قومك قد هلكوا، فادع الله أن يكشف عنهم." فدعا، ثم قال: تعودون بعد هذا" (al-Bukhârî, 4824).
"عن مسروق، قال: قال عبد الله: إنما كان هذا، لأن قريشا لما استعصوا على النبي صلى الله عليه وسلم دعا عليهم بسنين كسني يوسف، فأصابهم قحط وجهد حتى أكلوا العظام، فجعل الرجل ينظر إلى السماء فيرى ما بينه وبينها كهيئة الدخان من الجهد، فأنزل الله تعالى: {فارتقب يوم تأتي السماء بدخان مبين. يغشى الناس هذا عذاب أليم} قال: فأتي رسول الله صلى الله عليه وسلم فقيل له: "يا رسول الله، استسق الله لمضر، فإنها قد هلكت." قال: "لمضر؟ إنك لجريء!" فاستسقى لهم فسقوا..."(al-Bukhârî, 4544 ; voir aussi 4545).
Voir aussi Fat'h ul-bârî (2/657-660).
Lire notre article : Le Prophète (sur lui soit la paix) a été miséricordieux même envers ses ennemis.

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De même, une maladie dont le Prophète (sur lui soit la paix) a dit que Dieu la suscitait pour punir telle action de mal ("عن عبد الله بن عمر، قال: أقبل علينا رسول الله صلى الله عليه وسلم، فقال: "يا معشر المهاجرين، خمس إذا ابتليتم بهن، وأعوذ بالله أن تدركوهن: لم تظهر الفاحشة في قوم قط حتى يعلنوا بها، إلا فشا فيهم الطاعون والأوجاع التي لم تكن مضت في أسلافهم الذين مضوا؛ ولم ينقصوا المكيال والميزان، إلا أخذوا بالسنين وشدة المئونة وجور السلطان عليهم؛ ولم يمنعوا زكاة أموالهم، إلا منعوا القطر من السماء، ولولا البهائم لم يمطروا؛ ولم ينقضوا عهد الله وعهد رسوله، إلا سلط الله عليهم عدوا من غيرهم، فأخذوا بعض ما في أيديهم؛ وما لم تحكم أئمتهم بكتاب الله ويتخيروا مما أنزل الله، إلا جعل الله بأسهم بينهم" : Ibn Mâja, 4019), lorsqu'elle touche une personne dont il est établi qu'elle commettait cette action de mal, le croyant doit quand même essayer de lui apporter une aide, un remède, et faire son possible pour soulager ses souffrances. Parallèlement, et selon ce que la situation le permet, le croyant entretiendra également cette personne de l'importance de comprendre que Dieu agrée certaines actions humaines et pas d'autres.
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Seul fait exception à cela : le cas où il y a une prescription spécifique (musharra') pour agir alors de telle façon précise :

"عن أنس بن مالك، قال: قدم أناس من عكل أو عرينة، فاجتووا المدينة. فأمرهم النبي صلى الله عليه وسلم بلقاح، وأن يشربوا من أبوالها وألبانها. فانطلقوا. فلما صحوا، قتلوا راعي النبي صلى الله عليه وسلم، واستاقوا النعم. فجاء الخبر في أول النهار، فبعث في آثارهم، فلما ارتفع النهار جيء بهم، فأمر فقطع أيديهم وأرجلهم، وسمرت أعينهم، وألقوا في الحرة، يستسقون فلا يسقون. قال أبو قلابة: فهؤلاء سرقوا وقتلوا، وكفروا بعد إيمانهم، وحاربوا الله ورسوله" (al-Bukhârî, 231, Muslim, 1671). Cela a été fait par talion : "عن أنس، قال: "إنما سمل النبي صلى الله عليه وسلم أعين أولئك، لأنهم سملوا أعين الرعاء" (Muslim, 1671) ; "عن أنس بن مالك، قال: "إنما سمل النبي صلى الله عليه وسلم أعينهم لأنهم سملوا أعين الرعاة". هذا حديث غريب، لا نعلم أحدا ذكره غير هذا الشيخ، عن يزيد بن زريع. وهو معنى قوله: {والجروح قصاص}. وقد روي عن محمد بن سيرين، قال: "إنما فعل بهم النبي صلى الله عليه وسلم هذا قبل أن تنزل الحدود" (at-Tirmidhî, 73).

Wallâhu A'lam (Dieu sait mieux).

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