Le Coran recèle des éléments qui sont des signes de son origine divine, mais aussi des éléments qui peuvent être sources de test pour la solidité de la foi des croyants

Dieu a voulu que le Coran constitue, en soi, "une guidance pour les hommes" : "شَهْرُ رَمَضَانَ الَّذِيَ أُنزِلَ فِيهِ الْقُرْآنُ هُدًى لِّلنَّاسِ وَبَيِّنَاتٍ مِّنَ الْهُدَى وَالْفُرْقَانِ" (Coran 2/185), pour tous les hommes. Cependant, Il a aussi voulu que les hommes réussissent, à son sujet aussi, une certaine épreuve.

C'est pourquoi d'un côté, Il a mis dans le texte du Coran des éléments qui prouvent l'origine de celui-ci et qu'Il a dit : "فَاتَّقُوا اللَّهَ يَا أُوْلِي الْأَلْبَابِ الَّذِينَ آمَنُوا قَدْ أَنزَلَ اللَّهُ إِلَيْكُمْ ذِكْرًا رَّسُولًا يَتْلُو عَلَيْكُمْ آيَاتِ اللَّهِ مُبَيِّنَاتٍ لِّيُخْرِجَ الَّذِينَ آمَنُوا وَعَمِلُوا الصَّالِحَاتِ مِنَ الظُّلُمَاتِ إِلَى النُّورِ" : "Un Messager qui récite devant eux les Signes de Dieu, clarifiant, afin (...)" (Coran 65/10-11). "وَقَالُوا لَوْلَا أُنزِلَ عَلَيْهِ آيَاتٌ مِّن رَّبِّهِ قُلْ إِنَّمَا الْآيَاتُ عِندَ اللَّهِ وَإِنَّمَا أَنَا نَذِيرٌ مُّبِينٌ. أَوَلَمْ يَكْفِهِمْ أَنَّا أَنزَلْنَا عَلَيْكَ الْكِتَابَ يُتْلَى عَلَيْهِمْ إِنَّ فِي ذَلِكَ لَرَحْمَةً وَذِكْرَى لِقَوْمٍ يُؤْمِنُونَ" (Coran 29/50-51). "وَقَالُوا لَوْلَا يَأْتِينَا بِآيَةٍ مِّن رَّبِّهِ. أَوَلَمْ تَأْتِهِم بَيِّنَةُ مَا فِي الصُّحُفِ الْأُولَى" (Coran 20/133). "سَنُرِيهِمْ آيَاتِنَا فِي الْآفَاقِ وَفِي أَنفُسِهِمْ حَتَّى يَتَبَيَّنَ لَهُمْ أَنَّهُ الْحَقُّ" : "Nous allons leur montrer Nos signes dans les horizons et en eux-mêmes jusqu'à ce qu'il leur devienne évident que ceci [= le Coran] est la vérité" (Coran 41/53). Lire ici : Quelles preuves a-t-on de l'origine divine du Coran ? (إعجاز القرآن).
Un seul exemple : le texte de la Torah emploie le terme "pharaon" pour désigner le souverain égyptien de l'époque de Joseph (sur lui soit la paix) comme le souverain égyptien de l'époque de Moïse (sur lui soit la paix) ; alors que le texte du Coran emploie bien le terme "pharaon" pour désigner le souverain égyptien de l'époque de Moïse, mais utilise le terme "roi" au sujet du souverain égyptien de l'époque de Joseph : ce que l'on sait aujourd'hui être rigoureusement correct sur le plan historique : le souverain sous l'autorité duquel Joseph a vécu ne portait pas le titre de "pharaon".

Mais, d'un autre côté, Il a également et délibérément placé dans le texte du Coran quelques éléments qui constituent des "tests", destinés à éprouver la solidité de la foi de ceux qui ont adhéré à son message, et pouvant troubler – jusqu'à lui faire perdre foi celui qui ne persévère pas, qui ne fait pas des recherches l'esprit et le cœur réellement ouverts à Dieu. L'effet est encore plus grand sur ceux qui depuis le départ lui sont opposés. Au contraire de ceux qui demeurent attachés à Dieu, au Coran, à la Sunna : eux en ont la foi augmentée, avec la permission de Dieu.
Un exemple de tels éléments : le texte de la Torah relate que Moïse et Aaron avaient une sœur nommée Marie ; le Coran relate que Marie la mère de Jésus fut appelée : "O sœur de Aaron". Comment expliquer cela ? "N'y aurait-il pas eu confusion de la part de l'auteur du Coran ?", disent certains.
Un autre exemple de tels éléments : le texte du Livre d'Esther évoque un ministre Haman à la cour du roi perse Xerxès Ier (Vè siècle avant le début de l'ère chrétienne) ; le Coran évoque un Haman qui est haut responsable (peut-être même ministre) du pharaon de l'époque de Moïse (plusieurs siècles avant Xerxès Ier). Comment expliquer cela ? "N'y aurait-il pas eu confusion de la part de l'auteur du Coran ?", disent certains.

Car des mêmes versets coraniques, qui sont en soi lumière – et qui, produisant leur effet, guident donc les personnes voyantes –, peuvent aveugler encore plus les personnes qui souffrent de malvoyance du cœur et ne veulent pas prendre conscience de leur état : "وَنُنَزِّلُ مِنَ الْقُرْآنِ مَا هُوَ شِفَاء وَرَحْمَةٌ لِّلْمُؤْمِنِينَ وَلاَ يَزِيدُ الظَّالِمِينَ إَلاَّ خَسَارًا" : "Et Nous faisons descendre, du Coran [= de Notre Parole], ce qui est guérison et miséricorde pour les Croyants. Et cela n'augmente les Injustes qu'en perte" (Coran 17/82). "وَإِذَا مَا أُنزِلَتْ سُورَةٌ فَمِنْهُم مَّن يَقُولُ أَيُّكُمْ زَادَتْهُ هَذِهِ إِيمَانًا فَأَمَّا الَّذِينَ آمَنُواْ فَزَادَتْهُمْ إِيمَانًا وَهُمْ يَسْتَبْشِرُونَ وَأَمَّا الَّذِينَ فِي قُلُوبِهِم مَّرَضٌ فَزَادَتْهُمْ رِجْسًا إِلَى رِجْسِهِمْ وَمَاتُواْ وَهُمْ كَافِرُونَ أَوَلاَ يَرَوْنَ أَنَّهُمْ يُفْتَنُونَ فِي كُلِّ عَامٍ مَّرَّةً أَوْ مَرَّتَيْنِ ثُمَّ لاَ يَتُوبُونَ وَلاَ هُمْ يَذَّكَّرُونَ" (Coran 9/124-126).

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La présence, dans le Coran, de tels passages constituant des "tests" pour la solidité de la foi en lui en tant que "Parole de Dieu", cela est exposé dans les passages coraniques suivants :

--- 1) A propos du fait que des paraboles existent dans le Coran qui mettent en action des mouche, araignée, etc. :

Lorsqu'ils découvrirent que le Coran cite en parabole des mouche, araignée, etc., certains Polythéistes, certains Gens du Livre et certains Hypocrites y firent des objections. On trouve les remarques suivantes :
--- "Comment se fait-il qu'araignée et mouche (y) soient citées !" : "ما بال العنكبوت والذباب يذكران؟" (Tafsîr ut-Tabarî) ;
--- "Cela ne ressemble pas à de la Parole de Dieu !" : "ما يشبه هذا كلام الله" (Asbâb un-nuzûl, al-Wâhidî ; Tafsîr ul-Qurtubî) ;
--- "Dieu est trop Elevé et Majestueux pour citer ces exemples !" : "الله أعلى وأجلّ من أنْ يضرب هذه الأمثال" (Tafsîr ut-Tabarî) (certaines de ces remarques ne se rapportèrent pas forcément aux deux exemples précis de la mouche et de l'araignée).

Dieu révéla alors :
"إِنَّ اللَّهَ لاَ يَسْتَحْيِي أَن يَضْرِبَ مَثَلاً مَّا بَعُوضَةً فَمَا فَوْقَهَا فَأَمَّا الَّذِينَ آمَنُواْ فَيَعْلَمُونَ أَنَّهُ الْحَقُّ مِن رَّبِّهِمْ وَأَمَّا الَّذِينَ كَفَرُواْ فَيَقُولُونَ مَاذَا أَرَادَ اللَّهُ بِهَذَا مَثَلاً. يُضِلُّ بِهِ كَثِيراً وَيَهْدِي بِهِ كَثِيراً وَمَا يُضِلُّ بِهِ إِلاَّ الْفَاسِقِينَ" :
"Dieu n'a pas de honte à citer un exemple quelconque : un moustique, ou plus que lui.
Quant à ceux qui croient, ils savent que (le Coran) est la vérité venant de leur Seigneur.
Et quant à ceux qui ne croient pas, ils disent : "Qu'est-ce que Dieu aurait bien voulu dire par cela en tant qu'exemple ?".
Il égare de nombreuses personnes par son moyen [= le Coran], et Il guide de nombreuses personnes par son moyen. Et il n'égare par son moyen que les fâssiqûn"
(Coran 2/26) (ce terme "fassîqûn", issu de la racine F-S-Q, qui signifie étymologiquement "sortir" – "fassaqat ir-rutabatu min qish'rihâ" –, désigne celui qui a choisi de se démarquer de ce que lui souffle son cœur : "kharaja an mâ alzamahu-l-'aql wa-qtadhat'hu-l-fit'ra").

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--- 2) A propos du voyage nocturne du Prophète (sur lui soit la paix), et à propos de l'existence d'un arbre poussant dans la Géhenne : le Zaqqûm :

Lorsque le Prophète (que Dieu le bénisse et le salue) relata avoir fait en une nuit le voyage depuis la Mecque jusqu'à Jérusalem, puis en être revenu, cela causa ricanements et ironies de la part des Polythéistes mecquois.
Et cela affecta certains Croyants, qui apostasièrent.

De même, lorsqu'ils entendirent le verset coranique disant que les habitants de la Géhenne mangeront d'un arbre y poussant (Coran 37/62-68) ("إِنَّهَا شَجَرَةٌ تَخْرُجُ فِي أَصْلِ الْجَحِيمِ" : Coran 37/64), Abû Jahl s'exclama : "Voilà Muhammad qui vous fait des menaces d'un Feu qui dévore même les pierres, puis il prétend que ce (même Feu) fait pousser un arbre ! Alors que (tout le monde sait que) le feu dévore les arbres. Quant au "Zaqqûm", nous ne le connaissons être rien d'autre que les dattes et le beurre". Ensuite il se faisait apporter ces aliments et disait : "Prenez le Zaqqûm !". Ibn uz-Ziba'râ (un poète, et donc un fin connaisseur de la langue arabe) dit pour sa part à ses coreligionnaires polythéistes : "Que Dieu vous accorde beaucoup de Zaqqûm dans vos demeures, car, dans la langue des gens du Yémen, il s'agit de dattes au beurre".
Cela aussi affecta certains Croyants, qui finirent par apostasier.

Dieu révéla alors :
"وَمَا جَعَلْنَا الرُّؤيَا الَّتِي أَرَيْنَاكَ إِلاَّ فِتْنَةً لِّلنَّاسِ وَالشَّجَرَةَ الْمَلْعُونَةَ فِي القُرْآنِ" :
"Et Nous n'avons fait de la vision que Nous t'avons fait voir, ainsi que de l'arbre maudit (évoqué) dans le Coran, qu'épreuve pour les hommes" (Coran 17/60).

Voici la source de ce qui a été cité ci-dessus : "قوله تعالى: {وما جعلنا الرؤيا التي أريناك إلا فتنة للناس}: لما بين أن إنزال آيات القرآن تتضمن التخويف، ضم إليه ذكر آية الإسراء، وهي المذكورة في صدر السورة. وفي البخاري والترمذي عن ابن عباس في قوله تعالى: {وما جعلنا الرؤيا التي أريناك إلا فتنة للناس} قال: "هي رؤيا عين أريها النبي صلى الله عليه وسلم ليلة أسري به إلى بيت المقدس"؛ قال: {والشجرة الملعونة في القرآن}: "هي شجرة الزقوم". قال أبو عيسى الترمذي: هذا حديث صحيح. وبقول ابن عباس قالت عائشة ومعاوية والحسن ومجاهد وقتادة وسعيد بن جبير والضحاك وابن أبي نجيح وابن زيد. وكانت الفتنة ارتداد قوم كانوا أسلموا حين أخبرهم النبي صلى الله عليه وسلم أنه أسري به.  (...). قوله تعالى: {والشجرة الملعونة في القرآن} فيه تقديم وتأخير، أي: "ما جعلنا الرؤيا التي أريناك والشجرة الملعونة في القرآن إلا فتنة للناس". وفتنتها أنهم لما خوفوا بها، قال أبو جهل استهزاء: "هذا محمد يتوعدكم بنار تحرق الحجارة، ثم يزعم أنها تنبت الشجر، والنار تأكل الشجر! وما نعرف الزقوم إلا التمر والزبد"، ثم أمر أبو جهل جارية فأحضرت تمرا وزبدا وقال لأصحابه: "تزقموا". وقد قيل: إن القائل "ما نعلم الزقوم إلا التمر والزبد": ابن الزبعرى، حيث قال: "كثر الله من الزقوم في داركم، فإنه التمر بالزبد بلغة اليمن". وجائز أن يقول كلاهما ذلك. فافتتن أيضا لهذه المقالة بعض الضعفاء. فأخبر الله تعالى نبيه عليه السلام أنه إنما جعل الإسراء وذكر شجرة الزقوم فتنة واختبارا ليكفر من سبق عليه الكفر ويصدق من سبق له الإيمان. كما روي أن أبا بكر الصديق رضي الله عنه قيل له صبيحة الإسراء: "إن صاحبك يزعم أنه جاء البارحة من بيت المقدس"، فقال: "إن كان قال ذلك فلقد صدق". فقيل له: "أتصدقه قبل أن تسمع منه؟" فقال: "أين عقولكم؟ أنا أصدقه بخبر السماء، فكيف لا أصدقه بخبر بيت المقدس، والسماء أبعد منها بكثير" (Tafsîr ul-Qurtubî).

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--- 3) A propos du fait que 19 êtres sont en charge du Feu (Saqar) :

Dans le passage 74/11-30 parlant de al-Walîd ibn ul-Mughîra, il fut dit ces Paroles : "وَمَا أَدْرَاكَ مَا سَقَرُ لَا تُبْقِي وَلَا تَذَرُ لَوَّاحَةٌ لِّلْبَشَرِ عَلَيْهَا تِسْعَةَ عَشَرَ" : "Je le ferai brûler dans Saqar. Et qui te fera savoir ce qu'est Saqar ? Il ne garde ni ne délaisse. Brûleur de peaux. Sur lui se trouvent 19 (gardiens)" (Coran 74/26-30). Lorsque les Polythéistes mecquois entendirent ce verset qui dit qu'il y a 19 gardiens en charge de la Géhenne, ils tournèrent cela en dérision, et certains ironisèrent ainsi (en substance) : "19 gardiens ? Nous pourrons facilement nous en occuper, et alors nous sortirons de cet Enfer dont il nous parle".

Le verset suivant fut alors révélé :
"وَمَا جَعَلْنَا أَصْحَابَ النَّارِ إِلَّا مَلَائِكَةً وَمَا جَعَلْنَا عِدَّتَهُمْ إِلَّا فِتْنَةً لِّلَّذِينَ كَفَرُوا؛ لِيَسْتَيْقِنَ الَّذِينَ أُوتُوا الْكِتَابَ وَيَزْدَادَ الَّذِينَ آمَنُوا إِيمَانًا، وَلَا يَرْتَابَ الَّذِينَ أُوتُوا الْكِتَابَ وَالْمُؤْمِنُونَ؛ وَلِيَقُولَ الَّذِينَ فِي قُلُوبِهِم مَّرَضٌ وَالْكَافِرُونَ مَاذَا أَرَادَ اللَّهُ بِهَذَا مَثَلًا. كَذَلِكَ يُضِلُّ اللَّهُ مَن يَشَاء وَيَهْدِي مَن يَشَاء. وَمَا يَعْلَمُ جُنُودَ رَبِّكَ إِلَّا هُوَ وَمَا هِيَ إِلَّا ذِكْرَى لِلْبَشَرِ" :
"Et Nous n'avons assigné comme gardiens du Feu que des Anges.
Et Nous n'avons fait de l'(énoncé de) leur nombre qu'une épreuve pour les incroyants ; afin que ceux à qui l'Ecriture a été donnée soient convaincus, et que ceux qui croient augmentent en foi, et que ceux à qui l'Ecriture a été donnée, et les Croyants, ne doutent pas ; et afin que ceux dont le cœur de qui il y a une maladie ainsi que les incroyants disent : "Qu'est-ce que Dieu aurait bien voulu dire par cela en tant qu'exemple ?"
Ainsi Dieu égare-t-Il qui Il veut et guide-t-Il qui Il veut.
Nul ne connaît les armées de ton Seigneur, à part Lui. Et ce n'est là qu'un rappel pour les humains"
(Coran 74/31).

Source : "قلت: والصحيح إن شاء الله أن هؤلاء التسعة عشر هم الرؤساء والنقباء؛ وأما جملتهم فالعبارة تعجز عنه كما قال الله تعالى: {وما يعلم جنود ربك إلا هو}، وقد ثبت في الصحيح عن عبد الله بن مسعود قال : قال رسول الله صلى الله عليه وسلم: "يؤتى بجهنم يومئذ لها سبعون ألف زمام مع كل زمام سبعون ألف ملك يجرونها". وقال ابن عباس وقتادة والضحاك: "لما نزل: {عليها تسعة عشر}، قال أبو جهل لقريش: "ثكلتكم أمهاتكم! أسمع ابن أبي كبشة يخبركم أن خزنة جهنم تسعة عشر، وأنتم الدهم - أي العدد - والشجعان؛ فيعجز كل عشرة منكم أن يبطشوا بواحد منهم!" قال السدي: فقال أبو الأسود بن كلدة الجمحي: "لا يهولنكم التسعة عشر؛ أنا أدفع بمنكبي الأيمن عشرة من الملائكة، وبمنكبي الأيسر التسعة، ثم تمرون إلى الجنة" يقولها مستهزئا. في رواية أن الحارث بن كلدة قال: "أنا أكفيكم سبعة عشر، واكفوني أنتم اثنين". وقيل: إن أبا جهل قال: "أفيعجز كل مائة منكم أن يبطشوا بواحد منهم، ثم تخرجون من النار؟" فنزل قوله تعالى: {وما جعلنا أصحاب النار إلا ملائكة} أي لم نجعلهم رجالا فتتعاطون مغالبتهم. وقيل: جعلها ملائكة لأنهم خلاف جنس المعذبين من الجن والإنس، فلا يأخذهم ما يأخذ المجانس من الرأفة والرقة، ولا يستروحون إليهم؛ ولأنهم أقوم خلق الله بحق الله وبالغضب له، فتؤمن هوادتهم؛ ولأنهم أشد خلق الله بأسا وأقواهم بطشا" (Tafsîr ul-Qurtubî).

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--- 4) Le changement de Qibla :

--- Au début de l'islam, il n'y avait pas de Qibla déterminée : chacun prenait la direction qu'il voulait [sauf qu'il ne fallait bien sûr pas se prosterner devant une statue ou chose semblable]. Comme exposé dans notre autre article, le Prophète (sur lui soit la paix), lorsqu'il se trouvait à La Mecque, et devant la Kaaba, priait tourné vers celle-ci ; lorsqu'il se trouvait ailleurs que devant la Kaaba, il lui arrivait de prier tourné vers Bayt ul-Maqdis. Ceux des Yathribites (Médinois) qui avaient embrassé l'islam dans les 3 années précédant l'émigration priaient tournés vers Bayt ul-Maqdis.

--- Puis, [lorsque le Prophète (sur lui soit la paix) émigra à Yathrib (Médine)], ordre lui fut donné de prendre Bayt ul-Maqdis comme Qibla. "وقال قتادة: كان الناس يتوجهون إلى أي جهة شاؤوا، بقوله: {ولله المشرق والمغرب}. ثم أمرهم باستقبال بيت المقدس" (Zâd ul-massîr).

--- Enfin, 17 mois plus tard, et alors que le Prophète lui-même le désirait, ordre définitif lui fut donné de prendre la Kaaba comme Qibla : "قَدْ نَرَى تَقَلُّبَ وَجْهِكَ فِي السَّمَاء فَلَنُوَلِّيَنَّكَ قِبْلَةً تَرْضَاهَا فَوَلِّ وَجْهَكَ شَطْرَ الْمَسْجِدِ الْحَرَامِ وَحَيْثُ مَا كُنتُمْ فَوَلُّواْ وُجُوِهَكُمْ شَطْرَهُ"(Coran 2/144).

Dieu dit :
"وَمَا جَعَلْنَا الْقِبْلَةَ الَّتِي كُنتَ عَلَيْهَا إِلاَّ لِنَعْلَمَ مَن يَتَّبِعُ الرَّسُولَ مِمَّن يَنقَلِبُ عَلَى عَقِبَيْهِ وَإِن كَانَتْ لَكَبِيرَةً إِلاَّ عَلَى الَّذِينَ هَدَى اللّهُ وَمَا كَانَ اللّهُ لِيُضِيعَ إِيمَانَكُمْ إِنَّ اللّهَ بِالنَّاسِ لَرَؤُوفٌ رَّحِيمٌ" :
"Et Nous n'avons institué la Qibla sur laquelle tu es qu'afin que Nous sachions qui suit le Messager (le distinguant) de qui retourne sur ses talons. Et cela fut difficile, sauf pour ceux que Dieu a guidés. Et Dieu n'en était pas à anéantir votre foi [= prière rituelle]. Dieu est, pour les gens, Bon, Miséricordieux" (Coran 2/143).
Ici :
--- soit il faut traduire par : "la Qibla sur laquelle tu étais" ; et il s'agit de Bayt ul-Maqdis : se tourner vers elle ne fut pas si facile pour les Arabes, qui se demandaient pourquoi ils ne se tournaient pas plutôt vers la Kaaba ;
--- soit il faut traduire par : "la Qibla sur laquelle tu es (maintenant)" ; et il s'agit d'avoir été changé de Qibla, passant de Bayt ul-Maqdis à la Kaaba : ce changement n'a pas été facile pour tous les musulmans.
(At-Tabarî a retenu la seconde interprétation ; les deux sont visibles in Zâd ul-massîr).

Le changement de Qibla fut en effet cause d'épreuve pour la foi d'un certain nombre de croyants (certains d'entre eux allèrent jusqu'à apostasier), de même que cela fut la cause d'une critique supplémentaire de la part et d'hypocrites et de certains incroyants (des polythéistes ainsi que des juifs). On trouve les remarques suivantes :
--- "Muhammad est dans la confusion quant à son Dîn !" ;
--- "Une fois ici, et une autre fois là !" ;
--- "Comment se fait-il que pendant un laps de temps ils ont été sur une Qibla, puis la délaissent pour en prendre une autre !".

At-Tabarî écrit : "قال أبو جعفر: وإنما ترك ذكر"الصرف عنها"، اكتفاء بدلالة ما قد ذكر من الكلام على معناه، كسائر ما قد ذكرنا فيما مضى من نظائره. وإنما قلنا: "ذلك معناه"، لأن محنة الله أصحاب رسوله في القبلة، إنما كانت -فيما تظاهرت به الأخبار- عند التحويل من بيت المقدس إلى الكعبة، حتى ارتد - فيما ذكر- رجال ممن كان قد أسلم واتبع رسول الله صلى الله عليه وسلم، وأظهر كثير من المنافقين من أجل ذلك نفاقهم، وقالوا: "ما بال محمد يحولنا مرة إلى هاهنا ومرة إلى هاهنا!" وقال المسلمون فيمن مضى من إخوانهم المسلمين وهم يصلون نحو بيت المقدس: "بطلت أعمالنا وأعمالهم وضاعت!" وقال المشركون: "تحير محمد [صلى الله عليه وسلم] في دينه!" فكان ذلك فتنة للناس، وتمحيصا للمؤمنين. فلذلك قال جل ثناؤه: {وما جعلنا القبلة التي كنت عليها إلا لنعلم من يتبع الرسول ممن ينقلب على عقبيه}، أي: "وما جعلنا صرفك عن القبلة التي كنت عليها، وتحويلك إلى غيرها". كما قال جل ثناؤه: {وما جعلنا الرؤيا التي أريناك إلا فتنة للناس} بمعنى: "وما جعلنا خبرك عن الرؤيا التي أريناك"؛ وذلك أنه لو لم يكن أخبر القوم بما كان أري، لم يكن فيه على أحد فتنة. وكذلك القبلة الأولى التي كانت نحو بيت المقدس، لو لم يكن صرف عنها إلى الكعبة، لم يكن فيها على أحد فتنة ولا محنة. ذكر الأخبار التي رويت في ذلك بمعنى ما قلنا: (...) حدثني موسى قال، حدثنا عمرو قال، حدثنا أسباط، عن السدي قال: كان النبي صلى الله عليه وسلم يصلي قبل بيت المقدس، فنسختها الكعبة. فلما وجه قبل المسجد الحرام، اختلف الناس فيها، فكانوا أصنافا. فقال المنافقون: "ما بالهم كانوا على قبلة زمانا، ثم تركوها وتوجهوا إلى غيرها؟". وقال المسلمون: "ليت شعرنا عن إخواننا الذين ماتوا وهم يصلون قبل بيت المقدس! هل تقبل الله منا ومنهم، أو لا؟". وقالت اليهود: "إن محمدا اشتاق إلى بلد أبيه ومولده، ولو ثبت على قبلتنا لكنا نرجو أن يكون هو صاحبنا الذي ننتظر!". وقال المشركون من أهل مكة: "تحير على محمد دينه، فتوجه بقبلته إليكم، وعلم أنكم كنتم أهدى منه، ويوشك أن يدخل في دينكم!" فأنزل الله جل ثناؤه في المنافقين:"سيقول السفهاء من الناس ما ولاهم عن قبلتهم التي كانوا عليها" إلى قوله: "وإن كانت كبيرة إلا على الذين هدى الله"، وأنزل في الآخرين الآيات بعدها.
حدثنا القاسم قال، حدثنا الحسين قال، حدثنا حجاج، عن ابن جريج قال، قلت لعطاء: "إلا لنعلم من يتبع الرسول ممن ينقلب على عقبيه"؟ فقال عطاء: "يبتليهم، ليعلم من يسلم لأمره". قال ابن جريج: "بلغني أن ناسا ممن أسلم رجعوا فقالوا: "مرة هاهنا ومرة هاهنا!" (Tafsîr ut-Tabarî). "حدثني المثنى قال، حدثنا أبو صالح قال، حدثني معاوية بن صالح، عن علي، عن ابن عباس قال، كان أول ما نسخ من القرآن القبلة. وذلك أن رسول الله صلى الله عليه وسلم لما هاجر إلى المدينة، وكان أكثر أهلها اليهود، أمره الله عز وجل أن يستقبل بيت المقدس، ففرحت اليهود. فاستقبلها رسول الله صلى الله عليه وسلم بضعة عشر شهرا. فكان رسول الله صلى الله عليه وسلم يحب قبلة إبراهيم عليه السلام، فكان يدعو وينظر إلى السماء. فأنزل الله تبارك وتعالى: {قد نرى تقلب وجهك في السماء} إلى قوله: {فولوا وجوهكم شطره}، فارتاب من ذلك اليهود، وقالوا: "ما ولاهم عن قبلتهم التي كانوا عليها؟" فأنزل الله عز وجل: {قل لله المشرق والمغرب}، وقال: {فأينما تولوا فثم وجه الله" (Tafsîr ut-Tabarî, 1833, 2160, 2236 : "munqati' bayna 'Alî ibn Abî Tal'ha et Ibn Abbâs").

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--- 5) De façon générale :

Le passage qui vient parle du fait qu'il est une permanence que lorsque les hommes entendent des paroles de vérité être dites (paroles de Dieu, ou du prophète de l'époque), le Diable insuffle dans le for intérieur des hommes – des objections et des doutes quant à la pertinence du contenu de ces paroles (Bayân ul-qur'ân).
Cela a eu lieu avec tout prophète lorsque celui-ci exposait les paroles que Dieu lui avait révélées, ou prêchait par ses propres paroles.
Alors certains hommes acceptent ces suggestions du Diable qui constituent des objections au contenu des paroles entendues de la bouche du prophète, et doutent sérieusement et profondément de la pertinence de ces paroles. Tandis que sur d'autres, ces suggestions du diable n'exercent aucun effet véritable, demeurant au niveau de la
waswassa passagère et faible.
Alors, en enseignant à ce prophète une nouvelle argumentation explicitant la pertinence de ce qu'il avait récité ou dit précédemment, Dieu annihile ce que le Diable avait jeté de doutes.

"وَمَا أَرْسَلْنَا مِن قَبْلِكَ مِن رَّسُولٍ وَلَا نَبِيٍّ إِلَّا إِذَا تَمَنَّى أَلْقَى الشَّيْطَانُ فِي أُمْنِيَّتِهِ فَيَنسَخُ اللَّهُ مَا يُلْقِي الشَّيْطَانُ ثُمَّ يُحْكِمُ اللَّهُ آيَاتِهِ - وَاللَّهُ عَلِيمٌ حَكِيمٌ -، لِيَجْعَلَ مَا يُلْقِي الشَّيْطَانُ فِتْنَةً لِّلَّذِينَ فِي قُلُوبِهِم مَّرَضٌ وَالْقَاسِيَةِ قُلُوبُهُمْ - وَإِنَّ الظَّالِمِينَ لَفِي شِقَاقٍ بَعِيدٍ -، وَلِيَعْلَمَ الَّذِينَ أُوتُوا الْعِلْمَ أَنَّهُ الْحَقُّ مِن رَّبِّكَ فَيُؤْمِنُوا بِهِ فَتُخْبِتَ لَهُ قُلُوبُهُمْ - وَإِنَّ اللَّهَ لَهَادِ الَّذِينَ آمَنُوا إِلَى صِرَاطٍ مُّسْتَقِيمٍ" :
"Et Nous n'avons dépêché avant toi de Messager ni de Prophète (non-messager) sans que lorsqu'il récite (devant des hommes) (les phrases lui ayant été révélées), le Diable jette, lors de sa récitation, (des doutes) (dans l'intérieur de ceux qui l'écoutent) ; alors, (par une nouvelle argumentation explicitant la pertinence de ce que ce prophète avait récité,) Dieu annihile ce que le Diable a jeté (de doutes), ensuite Il solidifie Ses Signes ; et Dieu est Savant, Sage. (Cela) afin qu'Il fasse de ce que le Diable jette (de la sorte) une épreuve pour ceux dans le cœur desquels il y a une maladie, ainsi que pour ceux qui sont durs de cœur – et les injustes sont dans une opposition longue – ; et afin que ceux qui ont reçu la connaissance sachent que cela est la vérité provenant de leur Seigneur, qu'ils y croient donc, et que leur cœur s'y soumette alors ; et Dieu est Celui qui guide ceux qui ont foi sur un chemin droit" (Coran 22/52-54).

Le terme "أمنيته" veut dire : "قراءته", comme l'ont dit tant que Commentateurs des premiers temps. Source : al-Bukhârî écrit : "("وقال ابن عباس في: {إذا تمنى ألقى الشيطان في أمنيته}: إذا حدث ألقى الشيطان في حديثه، فيبطل الله ما يلقي الشيطان ويحكم آياته. ويقال: أمنيته قراءته؛ {إلا أماني}: يقرءون ولا يكتبون" (cité ta'lîqan par al-Bukhârî). Ibn Hajar commente cet écrit de al-Bukhârî ainsi : "قوله: "وقال ابن عباس: {إذا تمنى ألقى الشيطان في أمنيته}: إذا حدث، ألقى الشيطان في حديثه؛ فيبطل الله ما يلقي الشيطان، ويحكم آياته": وصله الطبري من طريق علي بن أبي طلحة عن ابن عباس مقطعا. قوله: "ويقال: أمنيته قراءته {إلا أماني} يقرؤون ولا يكتبون": هو قول الفراء؛ قال: "التمني التلاوة". قال: وقوله {لا يعلمون الكتاب إلا أماني} قال: "الأماني أن يفتعل الأحاديث. وكانت أحاديث يسمعونها من كبرائهم وليست من كتاب الله". قال: "ومن شواهد ذلك قول الشاعر: "تمنى كتاب الله أول ليلة تمني داود الزبور على رسل". قال الفراء: "والتمني أيضا حديث النفس" (FB).

Et "فِي أُمْنِيَّتِهِ" signifie : "عند تلاوته أو حديثه". Al-Qurtubî écrit ainsi : وقد قال سليمان بن حرب: إن" في" بمعنى عنده، أي ألقى الشيطان في قلوب الكفار عند تلاوة النبي صلى الله عليه وسلم، كقوله عز وجل: "ولبثت فينا" أي عندنا" (Tafsîr ul-Qurtubî). At-Tabarî : "فتأويل الكلام إذن: وما أرسلنا من قبلك من رسول ولا نبيّ إلا إذا تلا كتاب الله وقرأ، أو حدّث وتكلم، ألقى الشيطان في كتاب الله الذي تلاه وقرأه، أو في حديثه الذي حدث وتكلم؛ (فَيَنْسَخُ اللَّهُ مَا يُلْقِي الشَّيْطَانُ) يقول تعالى: فيذهب الله ما يلقي الشيطان من ذلك على لسان نبيه ويبطله" (Tafsîr ut-Tabarî).

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Un récit existe ici qui présente, comme cause de révélation de ce passage de sourate al-Hajj 22/52-54, le fameux épisode dit : "Qissat ul-gharânîq". Il est un passage de sourate an-Najm qui se lit ainsi : "أَفَرَأَيْتُمُ اللَّاتَ وَالْعُزَّى وَمَنَاةَ الثَّالِثَةَ الْأُخْرَى أَلَكُمُ الذَّكَرُ وَلَهُ الْأُنثَى تِلْكَ إِذًا قِسْمَةٌ ضِيزَى إِنْ هِيَ إِلَّا أَسْمَاء سَمَّيْتُمُوهَا أَنتُمْ وَآبَاؤُكُم مَّا أَنزَلَ اللَّهُ بِهَا مِن سُلْطَانٍ إِن يَتَّبِعُونَ إِلَّا الظَّنَّ وَمَا تَهْوَى الْأَنفُسُ وَلَقَدْ جَاءهُم مِّن رَّبِّهِمُ الْهُدَى" : "Avez-vous considéré al-Lât et al-'Uzzâ, ainsi que Manât, la troisième, l'autre : Pour vous des fils, et pour Lui des filles ? Ce serait alors un partage injuste ! Ce ne sont que des noms, que vous avez forgés, vous et vos pères ; Dieu n'a fait descendre à leur sujet aucune preuve. Ils ne font que suivre la conjecture ainsi que ce les âmes désirent. Alors que la guidance leur est venue de la part de leur Pourvoyeur" (Coran 53/19-23). Or ledit récit "Qissat ul-gharânîq" affirme que, alors que le Prophète Muhammad récitait un jour à haute voix devant des Polythéistes mecquois la sourate an-Najm, après les versets 19 et 20 suscités : "أَفَرَأَيْتُمُ اللَّاتَ وَالْعُزَّى وَمَنَاةَ الثَّالِثَةَ الْأُخْرَى", [pendant les arrêts de récitation du Prophète*], le Diable aurait fait entendre à haute voix aux Polythéistes : "تلك الغرانيق العـلى وإن شفاعتهن لترتجى" (* cité dans Tafsîr ul-Qurtubî, 12/82-83 ; Zafar ul-amânî, p. 459). Ces Polythéistes crurent que c'était Muhammad ibn Abdillâh lui-même qui avait récité cela ; ils furent alors contents de ce qui leur parut être un infléchissement dans la position de Muhammad vis-à-vis de leurs idoles. Pour sa part, ne sachant rien de cela, le Prophète continua sa récitation, pour ensuite se prosterner au verset dit "de prosternation, à la fin de la sourate. Les polythéistes présents se prosternèrent alors avec lui, contents de ce qu'ils avaient entendu (rapporté entre autres par at-Tabarî dans son Tafsîr).

--- Or ce récit n'est pas authentique, comme l'ont affirmé Ibn ul-Arabî, 'Iyâdh, al-Bayhaqî, et d'autres. Al-Albânî a démontré sa non-authenticité par une longue et minutieuse analyse de toutes les chaînes de narration par lesquelles ce récit nous est narré (cf. Nasb ul-majânîq li nasfi qissat il-gharânîq). Questionné au sujet de cette histoire, Muhammad ibn Is'hâq a dit pour sa part : "هذا من وضع الزنادقة" : "Cela relève des récits forgés par des Zindîq". Même propos chez Ibn Khuzayma : "إن هذه القصة من وضع الزنادقة".

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Dans ce cas, pourrait demander quelqu'un, comment expliquer que, lorsqu'ils ont entendu le Prophète réciter la sourate an-Najm, les Polythéistes mecquois se sont prosternés en même temps que lui, cela étant relaté pour sa part dans un récit tout à fait reconnu : "عن عبد الله رضي الله عنه قال: " قرأ النبي صلى الله عليه وسلم النجم بمكة، فسجد فيها، وسجد من معه؛ غير شيخ أخذ كفا من حصى - أو تراب - فرفعه إلى جبهته، وقال: "يكفيني هذا"؛ فرأيته بعد ذلك قتل كافرا" (al-Bukhârî, 1017), "عن عبد الله رضي الله عنه "أن النبي صلى الله عليه وسلم قرأ سورة النجم، فسجد بها، فما بقي أحد من القوم إلا سجد؛ فأخذ رجل من القوم كفا من حصى - أو تراب - فرفعه إلى وجهه، وقال: "يكفيني هذا". قال عبد الله: فلقد رأيته بعد قتل كافرا" (al-Bukhârî, 1020 ; voir aussi Muslim, 576) ?

--- La réponse est que ce jour-là ces Polythéistes, ayant été très touchés par la récitation de ce passage, se sont prosternés devant Dieu, même si cela ne les a pas conduits à adhérer à l'islam. Exactement comme 'Utba ibn Rabî'a sera, quelque temps après, très touché par la récitation de sourate Fussilat mais n'adhérera lui non plus pas à l'islam : ليس لأحد أن يقول: "إن سجود المشركين يدل على أنه كان في السورة ما ظاهره مدح آلهتهم، وإلا لما سجدوا!" لأنا نقول: يجوز أن يكونوا سجدوا لدهشة أصابتهم وخوف اعتراهم عند سماع السورة لما فيها من قوله تعالى: {وأنه أهلك عادا الأولى وثمود فما أبقى وقوم نوح من قبل إنهم كانوا هم أظلم وأطغى والمؤتفكة أهوى فغشاها ما غشى} إلى آخر الآيات، فاستشعروا نزول مثل ذلك بهم؛ ولعلهم لم يسمعوا قبل ذلك مثلها منه صلى الله عليه وسلم وهو قائم بين يدي ربه سبحانه في مقام خطير وجمع كثير. وقد ظنوا، من ترتيب الأمر بالسجود على ما تقدم، أن سجودهم ولو لم يكن عن إيمان كاف في دفع ما توهموه. ولا تستبعد خوفهم من سماع مثل ذلك منه صلى الله عليه وسلم، فقد نزلت سورة حم السجدة بعد ذلك - كما جاء مصرحا به في حديث عن ابن عباس ذكره السيوطي في أول الإتقان -؛ فلما سمع عتبة بن ربيعة قوله تعالى فيها: {فإن أعرضوا فقل أنذرتكم صاعقة مثل صاعقة عاد وثمود}، أمسك على فم رسول الله صلى الله عليه وسلم وناشده الرحم واعتذر لقومه حين ظنوا به أنه صبأ وقال: "كيف وقد علمتم أن محمدا إذا قال شيئا لم يكذب فخفت أن ينزل بكم العذاب"؛ وقد أخرج ذلك البيهقي في الدلائل، وابن عساكر في حديث طويل عن جابر بن عبد الله رضي الله تعالى عنه" (Rûh ul-ma'ânî).

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En fait le contenu de ce passage coranique 22/52-54 rejoint tout à fait le contenu de cet autre passage coranique : 6/112-121 :

"وَكَذَلِكَ جَعَلْنَا لِكُلِّ نِبِيٍّ عَدُوًّا شَيَاطِينَ الإِنسِ وَالْجِنِّ يُوحِي بَعْضُهُمْ إِلَى بَعْضٍ زُخْرُفَ الْقَوْلِ غُرُورًا وَلَوْ شَاء رَبُّكَ مَا فَعَلُوهُ فَذَرْهُمْ وَمَا يَفْتَرُونَ وَلِتَصْغَى إِلَيْهِ أَفْئِدَةُ الَّذِينَ لاَ يُؤْمِنُونَ بِالآخِرَةِ وَلِيَرْضَوْهُ وَلِيَقْتَرِفُواْ مَا هُم مُّقْتَرِفُونَ. أَفَغَيْرَ اللّهِ أَبْتَغِي حَكَمًا وَهُوَ الَّذِي أَنَزَلَ إِلَيْكُمُ الْكِتَابَ مُفَصَّلاً. وَالَّذِينَ آتَيْنَاهُمُ الْكِتَابَ يَعْلَمُونَ أَنَّهُ مُنَزَّلٌ مِّن رَّبِّكَ بِالْحَقِّ فَلاَ تَكُونَنَّ مِنَ الْمُمْتَرِينَ. وَتَمَّتْ كَلِمَتُ رَبِّكَ صِدْقًا وَعَدْلاً لاَّ مُبَدِّلِ لِكَلِمَاتِهِ وَهُوَ السَّمِيعُ الْعَلِيمُ. وَإِن تُطِعْ أَكْثَرَ مَن فِي الأَرْضِ يُضِلُّوكَ عَن سَبِيلِ اللّهِ إِن يَتَّبِعُونَ إِلاَّ الظَّنَّ وَإِنْ هُمْ إِلاَّ يَخْرُصُونَ إِنَّ رَبَّكَ هُوَ أَعْلَمُ مَن يَضِلُّ عَن سَبِيلِهِ وَهُوَ أَعْلَمُ بِالْمُهْتَدِينَ. فَكُلُواْ مِمَّا ذُكِرَ اسْمُ اللّهِ عَلَيْهِ إِن كُنتُمْ بِآيَاتِهِ مُؤْمِنِينَ وَمَا لَكُمْ أَلاَّ تَأْكُلُواْ مِمَّا ذُكِرَ اسْمُ اللّهِ عَلَيْهِ وَقَدْ فَصَّلَ لَكُم مَّا حَرَّمَ عَلَيْكُمْ إِلاَّ مَا اضْطُرِرْتُمْ إِلَيْهِ. وَإِنَّ كَثِيرًا لَّيُضِلُّونَ بِأَهْوَائِهِم بِغَيْرِ عِلْمٍ إِنَّ رَبَّكَ هُوَ أَعْلَمُ بِالْمُعْتَدِينَ وَذَرُواْ ظَاهِرَ الإِثْمِ وَبَاطِنَهُ إِنَّ الَّذِينَ يَكْسِبُونَ الإِثْمَ سَيُجْزَوْنَ بِمَا كَانُواْ يَقْتَرِفُونَ. وَلاَ تَأْكُلُواْ مِمَّا لَمْ يُذْكَرِ اسْمُ اللّهِ عَلَيْهِ وَإِنَّهُ لَفِسْقٌ. وَإِنَّ الشَّيَاطِينَ لَيُوحُونَ إِلَى أَوْلِيَآئِهِمْ لِيُجَادِلُوكُمْ وَإِنْ أَطَعْتُمُوهُمْ إِنَّكُمْ لَمُشْرِكُونَ" (Coran 6/112-121).
Ici il est explicitement dit que les diables insufflent, dans le for intérieur de certains hommes, des paroles enjolivées, destinées à amener ces hommes à contredire certaines choses que le Coran dit et à contre-argumenter avec les Croyants.
Ensuite il est question de la licité de la chair de l'animal ayant été abattu par des humains remplissant les conditions voulues et selon la façon voulue, et de l'illicité de la chair de l'animal mort de lui-même : des Polythéistes avaient tourné cette règle (hukm shar'î) en dérision : "Quand c'est Dieu qui fait mourir de Lui-même l'animal, celui-ci serait illicite à la consommation ? Tandis que lorsque ce sont des hommes qui le font, il en deviendrait licite ?" : "عن عبد الله بن عباس، قال: "أتى أناس النبي صلى الله عليه وسلم، فقالوا: "يا رسول الله، أنأكل ما نقتل، ولا نأكل ما يقتل الله؟" فأنزل الله: {فكلوا مما ذكر اسم الله عليه إن كنتم بآياته مؤمنين} إلى قوله {وإن أطعتموهم إنكم لمشركون" (at-Tirmidhî, 3069, Abû Dâoûd, 2818) : en fait c'étaient des Polythéistes qui avaient soulevé tout d'abord cette objection, laquelle avait quelque peu perturbé quelques musulmans (Tafsîr ut-Tabarî, n° 13842) (voir aussi 13845 à 18460) (voir aussi Asbâb un-nuzûl, al-Wâhidî).

Ce passage 6/118-121 fut alors révélé.
Quant aux versets précédant ceux-ci (Coran 6/112-117), ils semblent, au moins au niveau de l'agencement du texte coranique, constituer une introduction à ce passage 6/118-121. At-Tabarî écrit ainsi : "قال أبو جعفر: وأولى القولين في ذلك بالصواب عندي، قول من قال: معنى قوله: {وما لكم} في هذا الموضع: "وأي شيء يمنعكم أن تأكلوا مما ذكر اسم الله عليه؟" وذلك أنّ الله - تعالى ذكره - تقدّم إلى المؤمنين بتحليل ما ذكر اسم الله عليه، وإباحة أكل ما ذبح بدينه أو دين من كان يدين ببعض شرائع كتبه المعروفة، وتحريم ما أهلّ به لغيره من الحيوان، وزجرهم عن الإصغاء لما يوحي الشياطين بعضهم إلى بعض من زخرف القول في الميتة والمنخنقة والمتردية وسائر ما حرم الله من المطاعم؛ ثم قال: وما يمنعكم من أكل ما ذبح بديني الذي ارتضيته، وقد فصلت لكم الحلال من الحرام فيما تطعمون" (Tafsîr ut-Tabarî).

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Le même phénomène est visible dans d'autres passages du Coran : une objection est soulevée avec l'intention de contredire ce que ce passage dit, et alors une nouvelle révélation vient annihiler cette objection et renforcer la vérité
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Cela été le cas avec ce passage : "إِنَّكُمْ وَمَا تَعْبُدُونَ مِن دُونِ اللَّهِ حَصَبُ جَهَنَّمَ أَنتُمْ لَهَا وَارِدُونَ لَوْ كَانَ هَؤُلَاء آلِهَةً مَّا وَرَدُوهَا وَكُلٌّ فِيهَا خَالِدُونَ لَهُمْ فِيهَا زَفِيرٌ وَهُمْ فِيهَا لَا يَسْمَعُونَ" : "Vous et ce que vous adorez en dehors de Dieu serez le combustible de la Géhenne ; vous vous y rendrez. Si ceux-ci étaient des dieux, ils ne s'y seraient pas rendus ! Et tous y seront perpétuellement. Là, ils pousseront un cri, et là ils n'entendront pas" (Coran 21/98-100), par rapport auquel Ibn uz-Ziba'râ a objecté le cas des Anges (auxquels lui-même rendait du culte), de Jésus (auquel des chrétiens rendent le culte)...
Dieu révéla alors ceci : "إِنَّ الَّذِينَ سَبَقَتْ لَهُم مِّنَّا الْحُسْنَى أُوْلَئِكَ عَنْهَا مُبْعَدُونَ لَا يَسْمَعُونَ حَسِيسَهَا وَهُمْ فِي مَا اشْتَهَتْ أَنفُسُهُمْ خَالِدُونَ لَا يَحْزُنُهُمُ الْفَزَعُ الْأَكْبَرُ وَتَتَلَقَّاهُمُ الْمَلَائِكَةُ هَذَا يَوْمُكُمُ الَّذِي كُنتُمْ تُوعَدُونَ" : "Ceux en faveur de qui la meilleure chose a déjà été décidée de Notre part, eux en seront éloignés. Ils n'entendront même pas son bruit" (Coran 21/101-103).

Source : "حدثنا ابن حميد، قال: ثنا سلمة، عن ابن إسحاق، قال: جلس رسول الله صلى الله عليه وسلم فيما بلغني يوما مع الوليد بن المغيرة، فجاء النضر بن الحارث حتى جلس معهم، وفي المجلس غير واحد من رجال قريش. فتكلم رسول الله صلى الله عليه وسلم، فعرض له النضر بن الحارث، وكلمه رسول الله صلى الله عليه وسلم حتى أفحمه، ثم تلا عليه وعليهم {إِنَّكُمْ وَمَا تَعْبُدُونَ مِنْ دُونِ اللَّهِ حَصَبُ جَهَنَّمَ أَنْتُمْ لَهَا وَارِدُونَ لَوْ كَانَ هَؤُلاءِ آلِهَةً مَا وَرَدُوهَا وَكُلٌّ فِيهَا خَالِدُونَ} إلى قوله {وَهُمْ فِيهَا لا يَسْمَعُونَ}. ثم قام رسول الله صلى الله عليه وسلم. وأقبل عبد الله بن الزّبَعْرى بن قيس بن عديّ السهمي حتى جلس. فقال الوليد بن المغيرة لعبد الله بن الزّبَعْرى: "والله ما قام النضر بن الحارث لابن عبد المطلب آنفا وما قعد، وقد زعم أنا وما نعبد من آلهتنا هذه حصب جهنم". فقال عبد الله بن الزبعري: "أما والله لو وجدته لخصمته. فسلوا محمدا: "أكلّ من عبد من دون الله في جهنم مع من عبده؟ فنحن نعبد الملائكة، واليهود تعبد عُزَيرا، والنصارى تعبد المسيح عيسى ابن مريم."" فعجب الوليد بن المغيرة ومن كان في المجلس من قول عبد الله بن الزّبَعْرى، ورأوا أنه قد احتج وخاصم. فذكر ذلك لرسول الله صلى الله عليه وسلم من قول ابن الزّبَعْرى، فقال رسول الله صلى الله عليه وسلم: "نعم كل من أحب أن يعبد من دون الله فهو مع من عبد، إنما يعبدون الشياطين ومن أمرهم بعبادته"، فأنزل الله عليه {إِنَّ الَّذِينَ سَبَقَتْ لَهُمْ مِنَّا الْحُسْنَى أُولَئِكَ عَنْهَا مُبْعَدُونَ} إلى {خالِدُونَ}؛ أي عيسى ابن مريم، وعُزير، ومن عبدوا من الأحبار والرهبان الذي مضوا على طاعة الله فاتخذهم مَن بعدهم مِن أهل الضلالة أربابا من دون الله. فأنزل الله فيما ذكروا أنهم يعبدون الملائكة وأنها بنات الله {وَقَالُوا اتَّخَذَ الرَّحْمَنُ وَلَدًا سُبْحَانَهُ بَلْ عِبَادٌ مُكْرَمُونَ} إلى قوله {نَجْزِي الظَّالِمِينَ" (Tafsîr ut-Tabarî).

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Cette épreuve de la foi par certains passages du Coran relève du concept plus général de l'épreuve pour la foi qui englobe également les difficultés personnelles qui atteignent le croyant dans sa vie, le fait que des incroyants ont temporairement le dessus sur les croyants, etc. :

Dieu dit ainsi :
"الم أَحَسِبَ النَّاسُ أَن يُتْرَكُوا أَن يَقُولُوا آمَنَّا وَهُمْ لَا يُفْتَنُونَ وَلَقَدْ فَتَنَّا الَّذِينَ مِن قَبْلِهِمْ فَلَيَعْلَمَنَّ اللَّهُ الَّذِينَ صَدَقُوا وَلَيَعْلَمَنَّ الْكَاذِبِينَ" : "Alif, Lâm, Mîm. Les hommes ont-ils pensé qu'ils seront laissés à dire : "Nous avons foi" et ne seront pas mis à l'épreuve ? Certes Nous avions éprouvé ceux qui étaient avant eux. [Nous les éprouverons donc eux aussi ;] alors Dieu saura assurément qui étaient véridiques, et Il saura assurément les menteurs" (Coran 29/1-3).

Lire à ce sujet notre autre article : La vie sur Terre recèle différents types d'épreuves pour l'homme en général, et également pour le Croyant.

Wallâhu A'lam (Dieu sait mieux).

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