Quand on se repent, revenant à Dieu (tawba), et qu'on Lui demande pardon (istighfâr) pour des manquements qu'on a eus, ou des actions interdites qu'on a commises : est-on certain que Dieu nous les a pardonnés (يُقطَع بأنّ الله قد غفرها لنا) ? ou bien faut-il l'espérer (يُرجَى ذلك) ?

-

Le sens de "Tawba" ?

- Tawba veut dire littéralement : revenir (le verbe en est : "tâba-yatûbu"). C'est une action du cœur : il s'agit de revenir vers Dieu après s'être éloigné de Lui (soit en ayant commis du Kufr Akbar, soit en ayant commis ce qui est moindre que cela). C'est ce qu'on traduit par "se repentir" (cela s'emploie alors avec la particule "ilâ"*).

- Istighfâr signifie pour sa part : demander pardon, sous-entendu - le plus souvent - "à Dieu". C'est une action de la langue.

Il arrive qu'il y ait Istighfâr mais pas Tawba : c'est lorsque c'est machinalement que la personne demande pardon à Dieu, sans que son cœur revienne à Lui.

-
(* Quand c'est le nom "Dieu" qui est le sujet du verbe "tâba-yatûbu-tawbatan", ce verbe s'emploie cette fois avec la particule "'alâ", et signifie : "accepter le repentir".)
-

Pourquoi se repentir ?

Parce que, fatalement, nous, humains, étant par nature négligents, avons des manquements dans ce que Dieu a rendu obligatoire sur nous, et commettons des actions (de pensée, de cœur, de langue et d'autres membres) que Dieu a interdites pour nous.
--- "Chaque fils d'Adam est pécheur. Et les meilleurs des pécheurs sont ceux qui se repentent abondamment" : "عن أنس، أن النبي صلى الله عليه وسلم قال: "كل ابن آدم خطاء؛ وخير الخطائين التوابون" (at-Tirmidhî, 2499, Ibn Mâja, 4251).
--- Le prophète Muhammad (que Dieu le bénisse et le salue) a dit : "Par Dieu, je demande pardon à Dieu et reviens à Lui plus de 70 fois dans le jour" : "قال أبو هريرة: سمعت رسول الله صلى الله عليه وسلم يقول: "والله إني لأستغفر الله وأتوب إليه في اليوم أكثر من سبعين مرة" (al-Bukhârî, 5948).

--- Dans un passage, Dieu parle des Muttaqûn, Pieux, qui seront dans les Jardins du Paradis : Il cite alors leurs actions terrestres ainsi : "Peu du (temps) de la nuit était ce qu'ils dormaient ; et lors des moments avant l'aube ils demandaient pardon. Et dans leurs biens il y avait un droit pour celui qui demande et celui qui est privé" : "كَانُوا قَلِيلًا مِّنَ اللَّيْلِ مَا يَهْجَعُونَ وَبِالْأَسْحَارِ هُمْ يَسْتَغْفِرُونَ وَفِي أَمْوَالِهِمْ حَقٌّ لِّلسَّائِلِ وَالْمَحْرُومِ" (Coran 51/17-19).
--- Ailleurs, Dieu fait les éloges de "ceux qui apportent ce qu'ils apportent, alors que leurs cœurs sont craintifs quant au fait qu'ils vont retourner vers leur Seigneur" : "وَالَّذِينَ يُؤْتُونَ مَا آتَوا وَّقُلُوبُهُمْ وَجِلَةٌ أَنَّهُمْ إِلَى رَبِّهِمْ رَاجِعُونَ" (Coran 23/60) : Aïcha (que Dieu l'agrée) ayant demandé au Prophète (sur lui soit la paix) si (par "qui apportent ce qu'ils apportent" Dieu voulait parler de) ceux "qui boivent de l'alcool et volent", celui-ci lui répondit que non, il s'agit de ceux qui jeûnent, prient et font l'aumône, mais il demeure en eux une crainte que cela ne soit pas accepté d'eux : "عن عبد الرحمن بن سعيد بن وهب الهمداني أن عائشة زوج النبي صلى الله عليه وسلم قالت: سألت رسول الله صلى الله عليه وسلم عن هذه الآية: {والذين يؤتون ما آتوا وقلوبهم وجلة}؛ قالت عائشة: "أهم الذين يشربون الخمر ويسرقون؟" قال: "لا، يا بنت الصديق؛ ولكنهم الذين يصومون ويصلون ويتصدقون وهم يخافون أن لا تقبل منهم {أولئك يسارعون في الخيرات وهم لها سابقون}" (at-Tirmidhî, 3175).

Lire ici :
--- Qu'est-ce que la "إطاعة الله", Obéissance à Dieu ? et la "عصيان الله", Désobéissance à Dieu ? - ِEt qu'est-ce que le "ذنْب" ? et la "سيّئة" ? ;
--- Que signifie le hadîth qui dit en substance : "Si Dieu châtiait tout le monde, ce ne serait pas injustice de Sa part" ? ;
--- Désobéissance à Dieu, suivie d'un Châtiment divin (العذاب) (en 5 lieux) et/ou d'une Miséricorde divine (الرحمة) (accordée par 6 voies) ;
--- Les prophètes de Dieu font-ils des erreurs d'interprétation ? et des péchés ?.

-

Dieu pardonne tous les péchés :

--- "Ô ceux qui ont apporté foi, repentez-vous à Dieu d'un repentir sincère. Il est à espérer que votre Seigneur pardonne de vous vos péchés et vous fasse entrer dans des jardins au pied desquelles coulent les rivières" : "يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آمَنُوا تُوبُوا إِلَى اللَّهِ تَوْبَةً نَّصُوحًا عَسَى رَبُّكُمْ أَن يُكَفِّرَ عَنكُمْ سَيِّئَاتِكُمْ وَيُدْخِلَكُمْ جَنَّاتٍ تَجْرِي مِن تَحْتِهَا الْأَنْهَارُ" (Coran 66/8).

--- "Dis : "Ô Mes Serviteurs qui avez exagéré sur vos personnes, ne désespérez pas de la Miséricorde de Dieu : Dieu pardonne les péchés, tous. Il est, Lui, le Pardonnant le Miséricordieux. Et revenez vers votre Seigneur et soumettez-vous à Lui, avant que vienne à vous le châtiment et que vous ne soyez pas aidés. (...)"" : "قُلْ يَا عِبَادِيَ الَّذِينَ أَسْرَفُوا عَلَى أَنفُسِهِمْ لَا تَقْنَطُوا مِن رَّحْمَةِ اللَّهِ إِنَّ اللَّهَ يَغْفِرُ الذُّنُوبَ جَمِيعًا إِنَّهُ هُوَ الْغَفُورُ الرَّحِيمُ وَأَنِيبُوا إِلَى رَبِّكُمْ وَأَسْلِمُوا لَهُ مِن قَبْلِ أَن يَأْتِيَكُمُ الْعَذَابُ ثُمَّ لَا تُنصَرُونَ" (Coran 39/53-54).

--- Dieu pardonne également le Shirk Akbar qu'on a commis vis-à-vis de Lui si on s'en repent. C'est la même chose pour le Kufr Akbar si on s'en repent. Quant aux grands péchés moindres que le Kufr Akbar et que celui qui a Asl ul-îmân a commis, Dieu les lui pardonne s'il s'en repent ; par contre, s'il ne s'en repent pas et meurt ainsi, Dieu peut lui infliger un châtiment temporaire, comme Il peut le lui pardonner par Pure Faveur.

Lire :
--- Quelle est la différence de sens entre ces 3 termes coraniques évoquant le fait d'excuser, de pardonner : العفو والصفح والغفر ? Et quelle différence y a-t-il entre les 2 termes coraniques الغفر et التكفير ?.

-

Il y a 4 conditions à l'acceptation, par Dieu, du repentir de l'homme ("le serviteur") (on trouve ces conditions dans l'ensemble des hadîths en relation avec le sujet) :

On peut les synthétiser ainsi :
--- 1) regretter vraiment ce qu'on avait fait ; cela englobe la sincérité de la démarche (laquelle n'est pas faite machinalement ni pour faire semblant), mais la dépasse ;
--- 2) prendre la résolution de ne plus commettre ce péché à l'avenir ;
--- 3) être présentement dans la disposition qu'il faut :
----- ne pas être en train de continuer à faire le péché ;
----- s'acquitter de la kaffâra si cela est prescrit comme partie du repentir pour tel péché ; remplacer ce qu'il est prescrit de remplacer parmi les droits de Dieu (par exemple remplacer les jeûnes obligatoires négligés ; d'après la plupart des mujtahidûn, remplacer les prières obligatoires négligées ; par contre, l'application de la sanction légale - hadd - ne fait pas partie des conditions de l'acceptabilité du repentir : islamweb ; maison-islam) ;
----- s'acquitter du droit de cet autrui qu'on l'a lésé (par exemple rembourser celui qu'on a volé ; s'acquitter de la dette qu'on a vis-à-vis d'autrui et dont l'échéance est déjà passée) ;
----- certains ulémas ajoutent à cela le fait que si c'était ouvertement que cet homme faisait ces péchés, il est recommandé qu'il annonce qu'il s'en est repenti : "وفصّل بعض العلماء بين أن يكون معلنا بالفجور فيستحبّ أن يعلن بتوبته، وإلا فلا" (Fat'h ul-bârî, 1/94) ;
--- 4) avoir fait tout cela avant que ce n'en soit plus l'heure, c'est-à-dire : pour chaque individu vivant sur Terre : avant qu'il voit les choses de l'autre monde parce qu'il est en train de mourir ; pour toute l'humanité vivant sur Terre : avant que le soleil se lève de l'ouest.

An-Nawawî"التوبة واجبة من كل ذنب. فإن كانت المعصية بين العبد وبين الله تعالى لا تتعلق بحق آدمي، فلها ثلاثة شروط: أحدها: أن يقلع عن المعصية. والثاني: أن يندم على فعلها. والثالث: أن يعزم أن لا يعود إليها أبدا. فإن فقد أحد الثلاثة لم تصح توبته. وإن كانت المعصية تتعلق بآدمي، فشروطها أربعة: هذه الثلاثة، وأن يبرأ من حق صاحبها: فإن كانت مالا أو نحوه رده إليه، وإن كانت حد قذف ونحوه مكنه منه أو طلب عفوه، وإن كانت غيبة استحلّه منها" (Riyâdh us-sâlihîn, chapitre 2).
Ibn ul-'Uthaymîn : "شروطها الخمسة، وهي: الإخلاص لله تعالى بأن يكون الحامل له على توبته الإخلاص لله فقط لا طلب دنيا أو مال؛ والثاني: الندم على ما وقع منه من ذنب، فإن الندم دليل على صدق التوبة. والثالث: الإقلاع عن الذنب في الحال، ومنه أداء الحقوق إلى ذوي الحقوق إذا كانت الحقوق للآدميين؛ والشرط الرابع: أن يعزم على ألا يعود في المستقبل؛ والشرط الخامس: أن تكون التوبة في وقتها، وذلك قبل طلوع الشمس من مغربها على وجه العموم، وقبل أن يحضر أجل الإنسان على وجه الخصوص" (Fatâwâ nûr 'alâ darb).

-

Celui qui, en ayant rempli les 4 conditions sus-citées, se repent de ce qu'il a fait (de manquement dans l'action de bien, ou d'action interdite), est-il certain (qat') que Dieu lui a pardonné ce qu'il a fait ? ou bien en a-t-il seulement espoir (rajâ') ? ou bien encore est-il toujours au même niveau que celui qui ne s'en est pas repenti ?

S'il s'agit de l'abandon du Kufr Aslî (par l'adhésion à l'islam) :

"وَالَّذِينَ لَا يَدْعُونَ مَعَ اللَّهِ إِلَهًا آخَرَ وَلَا يَقْتُلُونَ النَّفْسَ الَّتِي حَرَّمَ اللَّهُ إِلَّا بِالْحَقِّ وَلَا يَزْنُونَ وَمَن يَفْعَلْ ذَلِكَ يَلْقَ أَثَامًا يُضَاعَفْ لَهُ الْعَذَابُ يَوْمَ الْقِيَامَةِ وَيَخْلُدْ فِيهِ مُهَانًا إِلَّا مَن تَابَ وَآمَنَ وَعَمِلَ عَمَلًا صَالِحًا فَأُوْلَئِكَ يُبَدِّلُ اللَّهُ سَيِّئَاتِهِمْ حَسَنَاتٍ وَكَانَ اللَّهُ غَفُورًا رَّحِيمًا وَمَن تَابَ وَعَمِلَ صَالِحًا فَإِنَّهُ يَتُوبُ إِلَى اللَّهِ مَتَابًا" (Coran 25/68-70).
"فَإِن تَابُواْ وَأَقَامُواْ الصَّلاَةَ وَآتَوُاْ الزَّكَاةَ فَإِخْوَانُكُمْ فِي الدِّينِ" (Coran 9/11).

Alors, dès lors que la personne est sincère (صدقًا من قلبه) et ne se convertit pas pour faire semblant (bi nifâq akbar), elle peut être certaine de l'effacement de son péché de Kufr Akbar antérieur.

Cela est également vrai pour celui qui était jusqu'alors faussement converti à l'islam, c'est-à-dire était un hypocrite : "إِنَّ الْمُنَافِقِينَ فِي الدَّرْكِ الأَسْفَلِ مِنَ النَّارِ وَلَن تَجِدَ لَهُمْ نَصِيرًا إِلاَّ الَّذِينَ تَابُواْ وَأَصْلَحُواْ وَاعْتَصَمُواْ بِاللّهِ وَأَخْلَصُواْ دِينَهُمْ لِلّهِ فَأُوْلَئِكَ مَعَ الْمُؤْمِنِينَ وَسَوْفَ يُؤْتِ اللّهُ الْمُؤْمِنِينَ أَجْرًا عَظِيمًا" (Coran 4/145-146). S'il se convertit sincèrement, son hypocrisie antérieure (qui constituait du Kufr Akbar) lui est pardonnée de façon certaine.

(Par contre, nul n'est certain de bénéficier jusqu'à son dernier souffle de la guidance quant au fait de demeurer sur le minimum de la foi : cela englobe autant les gens ayant grandi musulmans que les gens s'étant convertis à l'islam.)

-
S'il s'agit d'un péché moindre que celui du Kufr Akbar :

–--- Si ce péché est en relation avec les droits d'autrui, il faut, déjà, se faire pardonner par cet autrui en lui demandant pardon.
(Les seuls cas où il ne faut pas lui demander pardon sont :
--- un cas de médisance interdite dont cet autrui n'a pas eu connaissance : il faut alors se contenter de faire istighfâr pour cet humain et de procéder à une kaffâra - un acte recouvrant le péché - : faire ses éloges à la même proportion que celle où on l'avait médit, et devant les mêmes personnes ;
--- un cas de calomnie dont cet autrui n'a pas eu connaissance : il faut alors faire istighfâr pour lui et procéder comme kaffâra au fait de dire devant les personnes devant qui on l'avait calomnié qu'on avait dit telle chose au sujet de tel humain mais elle était fausse : cela relève de "تاب وأصلح".)

-
–-- Et si ce péché est en relation avec les droits de Dieu (ce qui, d'une autre manière, englobe également les manquements aux droits d'autrui, puisque Dieu a interdit ces manquements aussi), alors...

... alors celui qui s'est repenti de la façon voulue ne peut pas être au même niveau que celui qui ne s'en est pas repenti.

Pour autant :
--- d'après Ibn 'Atiyya, al-Qurtubî, Ibn Taymiyya et Ibn Rajab, celui qui s'est repenti de la façon voulue est certain que Dieu lui a pardonné sa faute (c'est le premier avis, a) ;
--- tandis que d'après al-Juwaynî, an-Nawawî et - peut-être - Ibn Hajar, celui qui s'est repenti de la façon voulue doit avoir fort espoir / présomption que Dieu lui a pardonné sa faute (c'est le second avis, b).

An-Nawawî relate cette divergence ainsi :
"ثم توبة الكافر من كفره مقطوع بقبولها. وما سواها من أنواع التوبة هل قبولها مقطوع به أم مظنون، فيه خلاف لأهل السنة؛ واختار إمام الحرمين أنه مظنون، وهو الأصح. والله أعلم" (Shar'h Muslim, an-Nawawî, 17/60).

Ibn Hajar la relate ainsi :
"وفي الحديث أن التوبة تكفر المعاصي الكبائر. وهو في التوبة من الكفر: قطعي؛ وفي غيره من الذنوب: خلاف بين أهل السنة هل هو قطعي أو ظني: قال النووي: "الأقوى أنه ظنيوقال القرطبي: "من استقرأ الشريعة علم أن الله يقبل توبة الصادقين قطعا". وللتوبة الصادقة شروط سيأتي البحث فيها في كتاب الرقاق" (Fat'h ul-bârî, 10/42-43).
"قوله "إن شاء عذبه وإن شاء عفا عنه" يشمل من تاب من ذلك ومن لم يتب: وقال بذلك طائفة. وذهب الجمهور إلى أن من تاب لا يبقى عليه مؤاخذة، ومع ذلك فلا يأمن مكر الله لأنه لا اطلاع له هل قبلت توبته أو لا" (Fat'h ul-bârî, 1/94).

Ibn 'Atiyya la rapporte en ces termes :
"والتوبة لا يجب قبولها على الله تعالى عقلا. فأما السمع فظاهره قبول توبة التائب.
قال أبو المعالي وغيره: فهذه الظواهر إنما تعطي غلبة ظن لا قطعا على الله بقبول التوبة.

قال القاضي أبو محمد: وقد خولف أبو المعالي وغيره في هذا المعنى.
فإذا فرضنا رجلا قد تاب توبة نصوحا تامة الشروط، فقول أبي المعالي: يغلب على الظن قبول توبته. وقال غيره: يقطع على الله تعالى بقبول توبته، كما أخبر عن نفسه عز وجل.
قال القاضي أبو محمد: وكان أبي رحمة الله عليه يميل إلى هذا القول ويرجحه؛ وبه أقول. والله تعالى أرحم بعباده من أن ينخرم في هذا التائب المفروض معنى قوله تعالى: {وهو الذي يقبل التوبة عن عباده} وقوله: {وإني لغفار لمن تاب وآمن}؛ والسوء في هذه الآية يعم الكفر والمعاصي" (Tafsîr Ibn 'Atiyya).

Ibn Rajab relate cette divergence ainsi :
"وظاهر هذه النصوص يدل على أن من تاب إلى الله توبة نصوحا واجتمعت شروط التوبة في حقه، فإنه يقطع بقبول الله توبته، كما يقطع بقبول إسلام الكافر إذا أسلم إسلاما صحيحا؛ وهذا قول الجمهور، وكلام ابن عبد البر يدل على أنه إجماع.
ومن الناس من قال: لا يقطع بقبول التوبة، بل يرجى، وصاحبها تحت المشيئة وإن تاب. واستدلوا بقوله: {إن الله لا يغفر أن يشرك به ويغفر ما دون ذلك لمن يشاء} فجعل الذنوب كلها تحت مشيئته. وربما استدل بمثل قوله تعالى: {يا أيها الذين آمنوا توبوا إلى الله توبة نصوحا عسى ربكم أن يكفر عنكم سيئاتكم}، وبقوله: {فأما من تاب وآمن وعمل صالحا فعسى أن يكون من المفلحين}، وقوله: {وتوبوا إلى الله جميعا أيها المؤمنون لعلكم تفلحون}، وقوله: {وآخرون اعترفوا بذنوبهم خلطوا عملا صالحا وآخر سيئا عسى الله أن يتوب عليهم}؛ والظاهر أن هذا في حق التائب، لأن الاعتراف يقتضي الندم. وفي حديث عائشة عن النبي صلى الله عليه وسلم: قال: "إن العبد إذا اعترف بذنبه، ثم تاب، تاب الله عليه".
والصحيح قول الأكثرين" (Jâmi' ul-'ulûm wa-l-hikam, commentaire du n° 18).

Ibn Taymiyya écrit pour sa part ce qui semble montrer qu'il est de l'avis qui dit que l'acceptation du repentir est certaine :
"ولهذا صار الذين لا يرون الاستثناء لأجل الحال الحاضر بل للموافاة لا يقطعون بأن الله يقبل توبة تائب - كما لا يقطعون بأن الله تعالى يعاقب مذنبا -؛ فإنهم لو قطعوا بقبول توبته، لزمهم أن يقطعوا له الجنة، وهم لا يقطعون لأحد من أهل القبلة لا بجنة ولا نار إلا من قطع له النص. وإذا قيل: "الجنة هي لمن أتى بالتوبة النصوح من جميع السيئات"، قالوا: "ولو مات على هذه التوبة، لم يقطع له بالجنة". وهم لا يستثنون في الأحوال بل يجزمون بأن المؤمن مؤمن تام الإيمان، ولكن عندهم الإيمان عند الله هو ما يوافي به؛ فمن قطعوا له بأنه مات مؤمنا لا ذنب له، قطعوا له بالجنة؛ فلهذا لا يقطعون بقبول التوبة: لئلا يلزمهم أن يقطعوا بالجنة.
وأما أئمة السلف، فإنما لم يقطعوا بالجنة: لأنهم لا يقطعون بأنه فعل المأمور وترك المحظور ولا أنه أتى بالتوبة النصوح. وإلا، فهم يقطعون بأن من تاب توبة نصوحا، قبل الله توبته" (MF 7/418).

-
Selon le second avis, si on s'est repenti sincèrement d'un péché, on garde fort espoir que Dieu a pardonné ce péché, mais on n'en développe pas la certitude.

Le fait est que l'acceptation du repentir est assujettie aux conditions sus-énoncées. Or on s'efforce de remplir ces conditions, mais peut-on être certain à 100% qu'on a pu les remplir parfaitement : le regret a-t-il été entier ? la résolution était-elle parfaite à ce moment-là ?

Cela est comparable à cet autre hadîth : 'Uthmân ibn 'Affân (que Dieu l'agrée) procéda aux ablutions puis dit : "J'ai vu le Prophète - que Dieu le bénisse et le salue - procéder aux petites ablutions alors qu'il se trouvait en cette assise : il les fit bien, puis dit : "Celui qui procède aux ablutions de façon semblable à ces ablutions, ensuite vient à la mosquée et (y) accomplit deux unités de prière lors desquelles il ne parle pas à sa personne, ensuite (y demeure) assis, ses péchés antérieurs lui seront pardonnés". 'Uthmân dit : "Et le Prophète - que Dieu le bénisse et le salue - dit : "Ne soyez pas induits en erreur"" : "عن حمران بن أبان، قال: أتيت عثمان بن عفان بطهور وهو جالس على المقاعد. فتوضأ فأحسن الوضوء، ثم قال: "رأيت النبي صلى الله عليه وسلم توضأ وهو في هذا المجلس، فأحسن الوضوء ثم قال: "من توضأ مثل هذا الوضوء، ثم أتى المسجد فركع ركعتين، ثم جلس، غفر له ما تقدم من ذنبه". قال: "وقال النبي صلى الله عليه وسلم: "لا تغتروا" (al-Bukhârî, 6069). Il existe encore d'autres versions de ce hadîth (al-Bukhârî, 158, Muslim, 226). Ainsi que celle-ci : "عن حمران مولى عثمان بن عفان، عن عثمان بن عفان، قال: سمعت رسول الله صلى الله عليه وسلم يقول: "من توضأ للصلاة فأسبغ الوضوء، ثم مشى إلى الصلاة المكتوبة فصلاها مع الناس أو مع الجماعة أو في المسجد، غفر الله له ذنوبه" (Muslim, 232).
En commentaire, Ibn Hajar écrit que cette dernière phrase signifie : ""Ne soyez pas induits en erreur", c'est-à-dire : de sorte que vous vous laissez aller à commettre de nombreux péchés sur la base que l'accomplissement de la prière les recouvrira ! Le fait est que la prière qui recouvre les péchés, c'est celle que Dieu accepte. Or, d'où le serviteur pourrait-il prendre connaissance de cela !" : "ووقع في رواية المصنف في الرقاق في آخر هذا الحديث قال النبي صلى الله عليه وسلم: "لا تغتروا"؛ أي فتستكثروا من الأعمال السيئة بناء على أن الصلاة تكفرها، فإن الصلاة التي تكفر بها الخطايا هي التي يقبلها الله، وأنى للعبد بالاطلاع على ذلك" (Fat'h ul-bârî, 1/342). "قوله "قال: وقال النبي صلى الله عليه وسلم "لا تغتروا"": قدمت شرحه في الطهارة، وحاصله: "لا تحملوا الغفران على عمومه في جميع الذنوب فتسترسلوا في الذنوب اتكالا على غفرانها بالصلاة؛ فإن الصلاة التي تكفر الذنوب هي المقبولة ولا اطلاع لأحد عليه". وظهر لي جواب آخر وهو أن المكفر بالصلاة هي الصغائر، "فلا تغتروا فتعملوا الكبيرة بناء على تكفير الذنوب بالصلاة؛ فإنه خاص بالصغائر". أو: "لا تستكثروا من الصغائر، فإنها بالإصرار تعطى حكم الكبيرة؛ فلا يكفرها ما يكفر الصغيرة". أو "أن ذلك خاص بأهل الطاعة؛ فلا يناله من هو مرتبك في المعصية". والله اعلم" (Fat'h ul-bârî, 11/302).

-
Est-ce qu'il serait possible de proposer ce qui suit ?

Peut-être que les deux avis ont quelque chose de vrai :
--- Au niveau du principe, il est établi que celui qui se repent et dont le repentir satisfait aux 5 conditions, son repentir est accepté par Dieu de façon certaine (ce qui rejoint l'avis 1).
--- Cependant, dans le concret, cela est comparable à la prière obligatoire : quel individu peut garantir avoir rempli parfaitement tout ce qu'il y faut en terme de sincérité ? Il s'agit donc d'avoir fort espoir que Dieu a accepté son repentir (ce qui rejoint l'avis 2). Même si, bien sûr, celui qui s'est repenti de la façon voulue ne peut pas être au même niveau que celui qui ne s'en est pas repenti ! 

-
Il faut donc se repentir, et avoir fort espoir que Dieu nous a pardonné notre faute.
Il ne faut ensuite :
--- ni se torturer l'esprit et l'intérieur en ressassant sans arrêt des péchés pour lesquels on a demandé pardon à Dieu de la façon voulue ;
--- ni s'estimer maintenant en être certainement blanchi, n'ayant plus aucun compte à rendre à Dieu les concernant.

Se torturer l'esprit, c'est que Cheikh Ashraf 'Alî Thânwî recommande de ne pas faire, en pensant volontairement aux péchés par rapport auxquels on a déjà demandé le pardon de la façon voulue à Dieu, car cela empêche d'avancer, dans son cheminement vers Dieu ; par contre, dit-il, si leur souvenir nous revient à l'esprit de façon involontaire, on demande de nouveau pardon à Dieu pour eux, puis on se met à faire les bonnes actions voulues. Il dit : "توبہ کے لیے تو گناہوں کو یاد کرے، اس کے بعد جی بھر کر کے توبہ کر لے. مگر اس کو جان جان کر یاد نہ کرے، کہ اس سے بندہ اور خدا کے درمیان ایک حجاب سا معلوم ہونے لگتا ہے، جو محبت اور ترقی سے مانع ہے، جس کا اثر یہ ہوگا کہ وہاں سے بھی عطا میں کمی ہوگى، کیونکہ جزاء اور ثمرات کا ترتب عمل پر ہوتا ہے. توبہ نصوح کے بعد اگر ازخود پرانا گناہ یاد آجاوے، تو پھر تجدیدِ توبہ کر کے کام میں لگ جاوے؛ اِس سے زیادہ کاوش کرنا غلو ہے" (Ashraf ut-tarîqa, pp. 119-120).
-

D'ailleurs, demander pardon à Dieu, avec du coeur, pour tel grand péché précis, cela n'empêche pas qu'on ajoute à cette demande de pardon l'accomplissement de telle et telle bonnes actions, afin de surpasser le grand péché commis.

Faire telle bonne action pour surpasser le grand péché commis, c'est ce que le Prophète (que Dieu le bénisse et le salue) a dit à un homme venu le trouver pour lui dire : "J'ai commis un grand péché. Aurai-je une (possibilité de me) repentir ? - As-tu tes deux parents (vivants) ? - Non. - As-tu une tante maternelle ? - Oui. - Eh bien agis en bien avec elle, alors" : "عن أبي بكر بن حفص، عن ابن عمر، قال: أتى رسول الله صلى الله عليه وسلم رجل، فقال: "يا رسول الله، إني أذنبت ذنبا كبيرا، فهل لي توبة؟" فقال له رسول الله صلى الله عليه وسلم: "ألك والدان؟" قال: لا، قال: "فلك خالة؟"، قال: نعم، فقال رسول الله صلى الله عليه وسلم: "فبِرَّها إذًا"" (Ahmad, 4624).
De même, pour se faire pardonner ses objections adressées au Prophète après al-Hudaybiya, Omar ibn ul-Khattâb (que Dieu l'agrée) relate avoir fait de nombreuses actions de piété : "Je n'ai cessé (par la suite) de faire des jeûnes, de donner des aumônes, de faire des prières et d'effectuer des affranchissements, de ce que j'ai fait, par crainte pour la parole que j'avais dite ce jour là. Jusqu'à ce que j'ai espéré que cela a constitué un bien (qui a contrebalancé ce que j'avais dit ce jour-là)" : "ثم قال عمر: "ما زلت أصوم وأتصدق وأصلي وأعتق من الذي صنعت، مخافة كلامي الذي تكلمت به يومئذ. حتى رجوت أن يكون خيرا" (Ahmad, 18910) ; "قال الزهري: قال عمر: "فعملت لذلك أعمالا" (al-Bukhârî, 2581).
C'est aussi ce que Aïcha (que Dieu l'agrée) fit pour se faire pardonner son vœu de ne plus adresser la parole à Abdullâh ibn uz-Zubayr (que Dieu l'agrée) : "فقال له الزهريون أخوال النبي صلى الله عليه وسلم، منهم عبد الرحمن بن الأسود بن عبد يغوث، والمسور بن مخرمة: "إذا استأذنا فاقتحم الحجاب". ففعل. فأرسل إليها بعشر رقاب فأعتقتهم، ثم لم تزل تعتقهم حتى بلغت أربعين، فقالت: "وددت أني جعلت حين حلفت عملا أعمله فأفرغ منه" (al-Bukhârî, 3314) ; "فلما دخلوا دخل ابن الزبير الحجاب، فاعتنق عائشة وطفق يناشدها ويبكي. وطفق المسور وعبد الرحمن يناشدانها إلا ما كلمته وقبلت منه، ويقولان: "إن النبي صلى الله عليه وسلم نهى عما قد علمت من الهجرة، فإنه "لا يحل لمسلم أن يهجر أخاه فوق ثلاث ليال"". فلما أكثروا على عائشة من التذكرة والتحريج، طفقت تذكرهما نذرها وتبكي وتقول: "إني نذرت، والنذر شديد"، فلم يزالا بها حتى كلمت ابن الزبير، وأعتقت في نذرها ذلك أربعين رقبة. وكانت تذكر نذرها بعد ذلك فتبكي حتى تبل دموعها خمارها" (al-Bukhârî, 5725).
C'est aussi pourquoi une aumône supplémentaire fut demandée à Abû Lubâba et ceux dans le même cas que lui, pour leur négligence par rapport à la campagne de Tabûk. Et une sanction fut imposée à Ka'b ibn Mâlik, Hilâl ibn Umayya et Murâra ibn ur-Rabî' avant que le pardon divin leur soit accordé, pour leur négligence par rapport à la campagne de Tabûk (rapporté par al-Bukhârî et Muslim).
Le niveau de reconnaissance du péché par Ka'b et ceux dans le même cas que lui n'a pas été accompagnée de ce que Abû Lubâba et ceux dans le même cas que lui avaient fait : ces derniers s'étaient pour leur part attachés aux piliers de la mosquée avant même le retour du Prophète à Médine. Tandis que Ka'b ibn Mâlik n'ont reconnu leur manquement qu'une fois que le Prophète les ait questionnés (cf. Zâd ul-massîr).
Au sujet de Abû Lubâba et semblables, Dieu dit : "وَآخَرُونَ اعْتَرَفُواْ بِذُنُوبِهِمْ خَلَطُواْ عَمَلاً صَالِحًا وَآخَرَ سَيِّئًا عَسَى اللّهُ أَن يَتُوبَ عَلَيْهِمْ إِنَّ اللّهَ غَفُورٌ رَّحِيمٌ خُذْ مِنْ أَمْوَالِهِمْ صَدَقَةً تُطَهِّرُهُمْ وَتُزَكِّيهِم بِهَا وَصَلِّ عَلَيْهِمْ إِنَّ صَلاَتَكَ سَكَنٌ لَّهُمْ وَاللّهُ سَمِيعٌ عَلِيمٌ أَلَمْ يَعْلَمُواْ أَنَّ اللّهَ هُوَ يَقْبَلُ التَّوْبَةَ عَنْ عِبَادِهِ وَيَأْخُذُ الصَّدَقَاتِ وَأَنَّ اللّهَ هُوَ التَّوَّابُ الرَّحِيمُ وَقُلِ اعْمَلُواْ فَسَيَرَى اللّهُ عَمَلَكُمْ وَرَسُولُهُ وَالْمُؤْمِنُونَ وَسَتُرَدُّونَ إِلَى عَالِمِ الْغَيْبِ وَالشَّهَادَةِ فَيُنَبِّئُكُم بِمَا كُنتُمْ تَعْمَلُونَ" (Coran 9/102-105).
Et au sujet de Ka'b ibn Mâlik et semblables, Dieu dit : "وَآخَرُونَ مُرْجَوْنَ لِأَمْرِ اللّهِ إِمَّا يُعَذِّبُهُمْ وَإِمَّا يَتُوبُ عَلَيْهِمْ وَاللّهُ عَلِيمٌ حَكِيمٌ" (Coran 9/106) ; avant, plus tard, d'annoncer qu'Il leur avait accordé Son Pardon : "وَعَلَى الثَّلاَثَةِ الَّذِينَ خُلِّفُواْ حَتَّى إِذَا ضَاقَتْ عَلَيْهِمُ الأَرْضُ بِمَا رَحُبَتْ وَضَاقَتْ عَلَيْهِمْ أَنفُسُهُمْ وَظَنُّواْ أَن لاَّ مَلْجَأَ مِنَ اللّهِ إِلاَّ إِلَيْهِ ثُمَّ تَابَ عَلَيْهِمْ لِيَتُوبُواْ إِنَّ اللّهَ هُوَ التَّوَّابُ الرَّحِيمُ" (Coran 9/118).
-

De même, après avoir demandé pardon à Dieu pour tel grand péché précis, cela n'empêche pas que, de temps à autre, on demande à Dieu "pardon pour tous les péchés antérieurs" de façon globale.

-
Ibn ul-Jawzî écrit pour sa part ceci :
"فصل: الخوف بعد التوبة.
ينبغي للعاقل أن يكون على خوف من ذنوبه، وإن تاب منها، وبكى عليها. وإني رأيت أكثر الناس قد سكنوا إلى قبول التوبة، وكأنهم قد قطعوا على ذلك. وهذا أمر غائب! ثم لو غفرت؛ بقي الخجل من فعلها.
ويؤيد الخوف بعد التوبة أنه في "الصحاح" أن الناس يأتون إلى آدم عليه السلام، فيقولون: اشفع لنا، فيقول: ذنبي، وإلى نوح عليه السلام، فيقول: ذنبي، وإلى إبراهيم، وإلى موسى، وإلى عيسى - صلوات الله وسلامه عليهم-. فهؤلاء إذا اعتبرت ذنوبهم، لم يكن أكثرها ذنوبا حقيقة؛ ثم إن كانت، فقد تابوا منها، واعتذروا؛ وهم بعد على خوف منها.
ثم إن الخجل بعد قبول التوبة لا يرتفع. وما أحسن ما قال الفضيل بن عياض رحمه الله: "وا سوأتاه منك، وإن عفوت! فأفٍ واللهِ لِمختارِ الذنوبِ ومؤْثرِ لذةِ لحظةٍ تبقى حسرةً لا تزول عن قلب المؤمن وإن غفر له".
فالحذر الحذر من كل ما يوجب خجلا.
وهذا أمر قلّ أن ينظر فيه تائب أو زاهد، لأنه يرى أن العفو قد غمر الذنب بالتوبة الصادقة. وما ذكرته يوجب دوام الحذر والخجل" (Sayd ul-khâtir, points 1299 à1302).

En effet, les 5 prophètes sollicités antérieurement au dernier d'entre eux (Muhammad) (عليهم السلام), ce n'est pas que leur erreur ne leur aura pas été pardonnée ! Au contraire, au sujet de Adam et de Moïse, il est dit explicitement dans le Coran qu'ils demandèrent pardon à Dieu et que Dieu la leur pardonna : "قَالاَ رَبَّنَا ظَلَمْنَا أَنفُسَنَا وَإِن لَّمْ تَغْفِرْ لَنَا وَتَرْحَمْنَا لَنَكُونَنَّ مِنَ الْخَاسِرِينَ" (Coran 7/23) ; "فَتَلَقَّى آدَمُ مِن رَّبِّهِ كَلِمَاتٍ فَتَابَ عَلَيْهِ إِنَّهُ هُوَ التَّوَّابُ الرَّحِيمُ" (Coran 2/37) ; "قَالَ رَبِّ إِنِّي ظَلَمْتُ نَفْسِي فَاغْفِرْ لِي فَغَفَرَ لَهُ إِنَّهُ هُوَ الْغَفُورُ الرَّحِيمُ" (Coran 28/16) ; au sujet de Noé, il est dit explicitement dans le Coran qu'il demanda pardon à Dieu : "قَالَ رَبِّ إِنِّي أَعُوذُ بِكَ أَنْ أَسْأَلَكَ مَا لَيْسَ لِي بِهِ عِلْمٌ وَإِلاَّ تَغْفِرْ لِي وَتَرْحَمْنِي أَكُن مِّنَ الْخَاسِرِينَ" (Coran 11/47).
C'est que, se remémorant leur erreur, ils auront quelque peu honte de se présenter devant Dieu - Qui sera alors très en Courroux - pour intercéder auprès de Lui : "فيقول: "لست هناكم"، فيذكر خطيئته التي أصاب، فيستحيي ربه منها" (Muslim, 193/322, min hadîthi Anas). C'est pour le même motif - la honte - que Abraham déclinera la demande d'intercéder auprès de Dieu : car ce qu'il se reprochera - avoir employé trois tawriya - est de niveau bien moindre encore. Et C'est pour le même motif - la honte - que Jésus déclinera la demande d'intercéder auprès de Dieu : il ne citera pas d'erreur de sa part, mais ceci : "(Des gens) m'ont pris comme divinité en-deçà de Dieu" : "فيأتون عيسى، فيقول: "إني عبدت من دون الله، ولكن ائتوا محمدا" (at-Tirmidhî, 3148, min hadîthi Abî Sa'ïd) ; "فيقول: "إني لست هناكم، إني اتخذت إلها من دون الله، وإنه لا يهمني اليوم إلا نفسي" (Ahmad, 2546 etc., min hadîthi Ibn Abbas) (la chaîne de narration de ces deux hadîths comporte 'Alî ibn Zayd ibn Jud'ân, qui fait l'objet d'avis divergents entre les spécialistes quant à sa fiabilité).

Ibn Mas'ûd (que Dieu l'agrée) n'a-t-il pas dit que le Mu'min considère ses péchés comme une montagne au pied de laquelle il est assis, et dont il craint qu'elle s'effondre sur lui ; alors que le Fâjir perçoit ses péchés comme une mouche qui s'est posée sur son nez, et qu'il a alors chassée d'un geste de la main : "عن الحارث بن سويد، حدثنا عبد الله بن مسعود حديثين: أحدهما عن النبي صلى الله عليه وسلم، والآخر عن نفسه، قال: "إن المؤمن يرى ذنوبه كأنه قاعد تحت جبل يخاف أن يقع عليه. وإن الفاجر يرى ذنوبه كذباب مر على أنفه، فقال به هكذا" (al-Bukhârî, 5949) ?

-
Al-'Alâ' ibn Ziyâd parlait [parfois] aux gens de la Géhenne. Quelqu'un lui dit alors : "Pourquoi amènes-tu les gens à désespérer ?" Il répondit : "Comment pourrais-je les faire se désespérer, alors que Dieu dit : "O Mes Serviteurs qui avez été injustes envers vous-mêmes, ne désespérez pas de la Miséricorde de Dieu" (...). Mais vous aimez que bonne nouvelle du Paradis vous soit donnée malgré vos mauvaises actions. Alors que Dieu a dépêché Muhammad (que Dieu le bénisse et le salue) en tant que donneur de bonne nouvelle du Paradis à celui qui obéirait à ce qu'il a apporté, et en tant qu'avertissant contre le Feu celui qui y désobéirait" : "وكان العلاء بن زياد يذكر النار، فقال رجل: "لم تقنط الناس؟" قال: "وأنا أقدر أن أقنط الناس، والله عز وجل يقول: {يا عبادي الذين أسرفوا على أنفسهم لا تقنطوا من رحمة الله} ويقول {وأن المسرفين هم أصحاب النار}؟ ولكنكم تحبون أن تبشروا بالجنة على مساوئ أعمالكم! وإنما بعث الله محمدا صلى الله عليه وسلم مبشرا بالجنة لمن أطاعه، ومنذرا بالنار من عصاه" (al-Bukhârî, ta'lîqan).

Wallâhu A'lam (Dieu sait mieux).

Print Friendly, PDF & Email