Voir le Prophète (que Dieu l'élève et le salue) en rêve, cela est possible et se produit - Mais voir le Prophète alors qu'on est en état de veille : est-ce que cela se produit ?

Le Prophète (que Dieu l'élève et le salue) a dit : " عن أبي هريرة عن النبي صلى الله عليه وسلم قال: "تسموا باسمي ولا تكتنوا بكنيتي. ومن رآني في المنام فقد رآني، فإن الشيطان لا يتمثل في صورتي. ومن كذب علي متعمدا فليتبوأ مقعده من النار" : "(...) Et celui qui me voit en rêve, me voit ; car le djinn ne peut pas prendre ma forme. (...)" (al-Bukhârî, n° 110 ; Muslim, n° 2666, sans la première et la troisième phrases). " عن أبي سعيد الخدري، سمع النبي صلى الله عليه وسلم يقول: "من رآني فقد رأى الحق، فإن الشيطان لا يتكونني" (al-Bukhârî, n° 6596).

Selon le texte de ce hadîth, si on voit le Prophète (que Dieu l'élève et le salue) en rêve, on peut être certain qu'on l'a vu, lui, et que ce n'était pas un djinn. Mais y a-t-il à cela, comme condition, qu'on l'ait vu avec les caractéristiques physiques qui sont réellement les siennes (qui ont été relatées par des Compagnons, et que l'on peut désormais découvrir dans les Kutub us-Sunna), ou n'y a-t-il pas cette condition ? Les deux avis existent chez les Ulémas. Nous y reviendrons plus bas, en I.

Par contre, il y a ici deux cas :
--- voir le Prophète en rêve,
--- et depuis son décès, le voir en état de veille.

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I) Quand on rêve (et qu'on est donc endormi) :

----- Il arrive que quelqu'un voit en rêve une personne ayant exactement la même apparence physique que le Prophète (sur lui soit la paix) : à ce moment-là il s'agit bien du Prophète.
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----- Et il arrive aussi que quelqu'un voit en rêve une personne ayant une apparence différente de celle qui est relatée au sujet du Prophète, et cette personne nous dit qu'elle est le Prophète, ou on ressent qu'elle est le Prophète : est-ce alors bien le Prophète qu'on a vu en rêve ?
------- Oui d'après an-Nawawî, al-Mâzirî ;
------------ Oui aussi d'après al-Qushayrî, 'Iyâdh, Ibn Abî Jamra, Ibn ul-'Arabî, al-Qurtubî, Ibn Hajar, cependant que le fait de ne pas l'avoir vu selon l'apparence physique qui est la sienne demande une interprétation particulière (FB 12/478-484) ; Alî al-qârî est du même avis (Mirqât ; Jam' ul-wassâ'ïl) ;
------- Non d'après Ibn Abbâs, Ibn Sîrîn, etc. ; cela semble aussi être l'avis de Ibn Taymiyya (MF 13/93-94).

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II) Quand on est en état de veille :

L'avis de Ibn Taymiyya est que :
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celui qui (se trouvant devant la tombe bénie du Prophète, sur lui soit la paix) et étant tout à fait éveillé, voit une personne en sortir et la croit être le Prophète, celui-là a en fait vu un djinn : "ولهذا يحصل عند القبور لبعض الناس من خطاب يسمعه وشخص يراه وتصرف عجيب ما يظن أنه من الميت وقد يكون من الجن والشياطين؛ مثل أن يرى القبر قد انشق وخرج منه الميت وكلمه وعانقه - وهذا يرى عند قبور الأنبياء وغيرهم - وإنما هو شيطان. فإن الشيطان يتصور بصور الإنس ويدعي أحدهم أنه النبي فلان أو الشيخ فلان، ويكون كاذبا في ذلك. وفي هذا الباب من الوقائع ما يضيق هذا الموضع عن ذكره وهي كثيرة جدا. والجاهل يظن أن ذلك الذي رآه قد خرج من القبر وعانقه أو كلمه هو المقبور أو النبي أو الصالح وغيرهما. والمؤمن العظيم يعلم أنه شيطان" (MF 1/168) ;
--- de même, celui qui (où qu'il soit sur Terre) voit, en étant tout à fait éveillé, une apparition lui affirmer qu'il est le Prophète, celui-là a en fait vu un djinn : "والمقصود أن هذا الجنس واقع لكن يقع أيضا ما يظن أنه منه كثير أو لا يميز كثير منهم الحق من الباطل كما يقع في الأدلة العقلية والسمعية. فمن هؤلاء من يسمع خطابا أو يرى من يأمره بقضية ويكون ذلك الخطاب من الشيطان ويكون ذلك الذي يخاطبه الشيطان وهو يحسب أنه من أولياء الله من رجال الغيب. ورجال الغيب هم الجن وهو يحسب أنه إنسي وقد يقول له: أنا الخضر أو إلياس بل أنا محمد أو إبراهيم الخليل أو المسيح أو أبو بكر أو عمر أو أنا الشيخ فلان أو الشيخ فلان ممن يحسن بهم الظن وقد يطير به في الهواء أو يأتيه بطعام أو شراب أو نفقة، فيظن هذا كرامة، بل آية ومعجزة تدل على أن هذا من رجال الغيب أو من الملائكة، ويكون ذلك شيطانا لبس عليه. فهذا ومثله واقع كثيرا أعرف منه وقائع كثيرة كما أعرف من الغلط في السمعيات والعقليات. فهؤلاء يتبعون ظنا لا يغني من الحق شيئا ولو لم يتقدموا بين يدي الله ورسوله؛ بل اعتصموا بالكتاب والسنة لتبين لهم أن هذا من الشيطان وكثير من هؤلاء يتبع ذوقه ووجده وما يجده محبوبا إليه بغير علم ولا هدى ولا بصيرة فيكون متبعا لهواه بلا ظن وخيارهم من يتبع الظن وما تهوى الأنفس. وهؤلاء إذا طلب من أحدهم حجة ذكر تقليده لمن يحبه من آبائه وأسلافه" (MF 13/71-72). "وقد ثبت في الصحيح عن النبي صلى الله عليه وسلم أنه قال {من رآني في المنام فقد رآني حقا فإن الشيطان لا يتمثل في صورتي}، فهذا في رؤية المنام؛ لأن الرؤية في المنام: تكون حقا، وتكون من الشيطان؛ فمنعه الله أن يتمثل به في المنام. وأما في اليقظة فلا يراه أحد بعينه في الدنيا" (MF 1/172-173).
----- Ces apparitions en état de veille n'ont forcément pas l'apparence exacte du prophète Muhammad (sur lui soit la paix), puisque le hadîth dit :
"le Diable ne peut pas prendre mon apparence" (ce qui vaut pour le rêve comme pour l'état de veille de la personne qui voit). Le fait est que d'autres personnes ressemblaient quelque peu au Prophète, parmi lesquelles : al-Hassan ibn 'Alî, et aussi, dans une moindre mesure, al-Hussein ibn 'Alî.

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L'avis de Ibn Hajar al-'Asqalânî sur la question est que :
--- une personne qui se trouve en état de veille ne peut pas voir le Prophète apparaître devant lui (
"Cela est très problématique", dit-il de récits de ce genre, comme nous le verrons plus bas) ;
--- par contre, il peut arriver qu'un pieux ait un
kashf lui faisant voir le Prophète [ce pieux voit alors soit le corps du Prophète, tel qu'il repose dans sa tombe bénie ; soit l'âme de celui-ci, accomplissant la prière dans sa tombe : nous y reviendrons plus bas]
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Par contre, je ne sais pas si Ibn Taymiyya s'est prononcé sur ce cas de figure d'un
kashf pour la personne pieuse qui se trouve devant la tombe du Prophète, et qui, karâmatan, voit alors l'âme de celui-ci y accomplir la prière. Cela étant comparable toutes proportions gardées au miracle qu'a connu le Prophète (sur lui soit la paix) lorsque, passant près de la tombe du prophète Moïse, il a vu celui-ci debout dans sa tombe, y accomplissant la prière : "عن أنس بن مالك، أن رسول الله صلى الله عليه وسلم قال: "أتيت - وفي رواية هداب: مررت - على موسى ليلة أسري بي عند الكثيب الأحمر، وهو قائم يصلي في قبره" (Muslim, 2375).

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Par ailleurs, certains ulémas disent que ce que le prophète Muhammad (que Dieu l'élève et le salue) a ici énoncé pour sa personne : "le Diable ne peut pas prendre mon apparence", cela est valable pour tous les prophètes aussi (sur eux soit la paix) : un djinn ne peut pas prendre leur apparence non plus.

Al-Baghawî écrit ainsi : "ورؤية النبي صلى الله عليه وسلم في المنام حق، ولا يتمثل الشيطان به. وكذلك جميع الأنبياء والملائكة عليهم السلام" (Shar'h us-Sunna).
Al-Qâdhî 'Iyâdh écrit que l'histoire qui relate qu'un djinn prit l'apparence du prophète-roi Salomon (sur lui soit la paix) et prit sa place sur le trône, cette histoire est fausse (As-Shifâ, 2/148). En commentaire, 'Alî al-qârî écrit : "قلت: ومما يؤيد هذا قوله عليه الصلاة والسلام "إن الشيطان لا يتمثل بي ولا يتصور بصورتي": فهذا إذا كان ممنوعا عنه في حال المنام، فبالأولى أن لا يقدر على التمثل في حال اليقظة بشكله عليه الصلاة والسلام. والظاهر أن سائر الأنبياء عليهم السلام يكون أمرهم على هذا النظام؛ فإن الأنام مأمورون باتباع أوامرهم ونواهيهم والاقتداء بأقواله وأفعالهم؛ فلو صور الشيطان بصور الأنبياء، لوقع التشكيك في حقيقة أحوالهم" (Shar'h ush-Shifâ).
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En vertu de ces dires (celui, cité plus haut, de Ibn Taymiyya, auquel on adjoint l'analogie faite ici par al-Baghawî), les gens qui, en état de veille, voient qui ils croient être Muhammad ibn 'Abdillâh (sur le premier soit la paix), ou Jésus fils de Marie (sur eux soit la paix), venir leur parler, n'ont vu en fait qu'un djinn qui s'est fait passer pour ceux-ci.

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Première partie) Le fait de voir en rêve le prophète Muhammad (sur lui soit la paix) :

Deux débats apparaissent ici, qui sont dus au fait primo que le dormeur voit parfois en rêve une personne qu'il ressent être le Prophète, alors même que l'apparence physique de cette personne n'est absolument pas, ou pas suffisamment, celle qui est connue du Prophète (car relatée de Compagnons, et consignée dans les Kutub us-Sunna)... Secundo qu'il arrive qu'en même temps, plusieurs dormeurs voient en rêve le Prophète... Qui le dormeur voit-il donc en rêve : l'être du Prophète, corps et âme ? ou bien l'âme du Prophète ? ou encore la représentation du Prophète ?

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Premier débat) Si on a vu en rêve une personne qu'on ressent être le Prophète, alors que l'apparence physique de cette personne n'est pas celle que le Prophète a :

--- Avis i) Il s'agit bien, même alors, du Prophète, d'après an-Nawawî, al-Mâzirî ;
------- Il s'agit bien de lui d'après al-Qushayrî, 'Iyâdh, Ibn Abî Jamra, Ibn ul-'Arabî, al-Qurtubî, Ibn Hajar, cependant, le fait de ne pas l'avoir vu selon l'apparence physique qui est la sienne requiert une interprétation particulière (FB 12/478-484) ; Alî al-qârî est du même avis (Mirqât ; Jam' ul-wassâ'ïl). (Cela peut être une représentation de l'état de son Dîn personnel : c'est l'avis de certains ulémas tels que Ibn Abî Jamra, al-Qurtubî.)

--- Avis ii) On n'a alors pas vu le Prophète d'après Ibn Abbâs, Ibn Sîrîn, etc ; cela semble aussi être l'avis de Ibn Taymiyya (MF 13/93-94). Est-ce que Zakariyyâ al-Ansârî aussi serait de cet avis (lui qui a dit ce que nous verrons plus bas de lui) ?

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Second débat) Que voit donc celui qui, en rêve, voit le Prophète (sur lui soit la paix) : voit-il l'être du Prophète, corps et âme ? ou bien l'âme du Prophète ? ou encore sa représentation ?

--- Avis a) Certains ulémas disent que celui qui voit le Prophète en rêve voit toujours le réel de celui-ci (حقيقته) (avis relaté de certains par al-Qurtubî, mais désapprouvé par ce dernier : FB 12/480).
Mais que veut dire ici : "C'est le réel du Prophète, حقيقته, que le dormeur voit en rêve" ? Est-ce :
------- Avis a.a) l'être du Prophète, corps et âme (ذاته) ? (auquel cas, le contre-argument avancé par al-Qurtubî prend tout son sens : "قال القرطبي: اختلف في معنى الحديث: فقال قوم: "هو على ظاهره، فمن رآه في النوم رأى حقيقته كمن رآه في اليقظة سواء". قال: وهذا قول يدرك فساده بأوائل العقول. ويلزم عليه أن لا يراه أحد إلا على صورته التي مات عليها وأن لا يراه رائيان في آن واحد في مكانين وأن يحيا الآن ويخرج من قبره ويمشي في الأسواق ويخاطب الناس ويخاطبوه. ويلزم من ذلك أن يخلو قبره من جسده فلا يبقى من قبره فيه شيء فيزار مجرد القبر ويسلم على غائب، لأنه جائز أن يرى في الليل والنهار مع اتصال الأوقات على حقيقته في غير قبره. وهذه جهالات لا يلتزم بها من له أدنى مسكة من عقل" : Fat'h ul-bârî, 12/480) ;
------- Avis a.b) ou bien l'âme du Prophète (روحه) ? ce qui signifie que l'âme du dormeur voit et rencontre l'âme du Prophète (comme elle peut rencontrer l'âme d'autres personnes défuntes : Ar-Rûh, pp. 19-33) ? 

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--- Avis b) D'autres ulémas sont d'avis que celui qui voit le Prophète en rêve voit toujours une représentation de lui (مثاله) ; cependant, c'est systématiquement un rêve véridique, car le diable ne peut pas prendre cette apparence (al-Ghazâlî est de cet avis : il précise que ce n'est ni le corps ni l'âme du Prophète que l'on voit : FB 12/484. Al-Qurtubî est peut-être lui aussi de cet avis : FB 12/480).

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--- Avis c) D'autres ulémas encore disent que celui qui le voit en rêve, s'il l'a vu avec les caractéristiques physiques qui sont les siennes, alors il a vu son réel (حقيقته) (ce qui rejoint l'Avis a) ; et si ce n'est pas le cas, alors il a vu sa représentation (مثاله) (ce qui rejoint l'Avis b) (Ibn ul-'Arabî est de cet avis : FB 12/480).

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Entre les avis de ces Premier et Second Débats :

Ceux des ulémas qui pensent que dès lors qu'on a ressenti en rêve que c'est le Prophète que l'on voit, c'est bien lui qu'on a vu, et ce systématiquement (quelle que soit l'apparence physique avec laquelle on l'a vu en rêve) (Avis i), ceux-là disent par ailleurs :

----- soit qu'en rêve c'est le réel du Prophète (حقيقته) que l'on voit (ce qui correspond à l'Avis a)...
.......... cependant, dans le cas où dans le rêve l'apparence physique de la personne vue ne correspond pas à l'apparence véritable du Prophète, on n'a alors pas vu les Sifât Khalqiyya du Prophète : dans ce cas, la personne qui rêve n'a pas pu saisir les Sifât de cette Dhât comme elles sont véritablement (c'est ce que al-Mâzirî relate de certains ulémas : FB 12/483) ;

----- soit qu'en rêve c'est la représentation du Prophète (مثاله) que l'on voit, et ce :
------- soit systématiquement (c'est l'avis de al-Ghazâlî : Avis b) ;
------- soit seulement dans les cas où on a vu le Prophète selon une autre apparence physique que celle qui était véritablement la sienne (c'est l'avis de Ibn ul-'Arabî : Avis c).

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Quant à ceux qui sont d'avis que, celui que l'on voit en rêve et dont a ressenti en rêve que c'est le Prophète, c'est seulement si on l'a vu en rêve avec l'apparence physique qui était la sienne, qu'il s'agit bien du Prophète (Avis ii), ceux-là semblent également dire qu'on voit alors en rêve le réel du Prophète (حقيقته), ce terme étant à comprendre comme désignant : son âme (روحه) (Avis a.b). 

Ainsi, et même si l'état du Prophète lors du voyage de al-isrâ' wa-l-mi'râj était supérieur à celui de l'âme du dormeur, Ibn Taymiyya écrit que ce furent, lors de ce isrâ' wa mi'râj, les âmes des autres prophètes que le prophète Muhammad (que la paix soit sur eux tous) vit et rencontra (à l'exception de Jésus fils de Marie, qui se trouve corps et âme au ciel, pour y avoir été élevé) ; et leurs âmes avaient l'apparence de leur corps : "وأما رؤيته [أي موسى] ورؤية غيره من الأنبياء ليلة المعراج في السماء لما رأى آدم في السماء الدنيا ورأى يحيى وعيسى في السماء الثانية ويوسف في الثالثة وإدريس في الرابعة وهارون في الخامسة وموسى في السادسة وإبراهيم في السابعة أو بالعكس، فهذا رأى أرواحهم مصورة في صور أبدانهم. وقد قال بعض الناس: لعله رأى نفس الأجساد المدفونة في القبور. وهذا ليس بشيء. لكن عيسى صعد إلى السماء بروحه وجسده؛ وكذلك قد قيل في إدريس. وأما إبراهيم وموسى وغيرهما فهم مدفونون في الأرض. (...). وأما كونه رأى موسى قائما يصلي في قبره، ورآه في السماء أيضا، فهذا لا منافاة بينهما فإن أمر الأرواح من جنس أمر الملائكة: في اللحظة الواحدة تصعد وتهبط، كالملك؛ ليست في ذلك كالبدن. وقد بسطت الكلام على أحكام الأرواح بعد مفارقة الأبدان في غير هذا الموضع وذكرت بعض ما في ذلك من الأحاديث والآثار والدلائل" (MF 4/328-329).

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ِIl existe un hadîth où il est dit : "Qui me voit en rêve, me verra bientôt en état de veille" :

"عن أبي هريرة، قال: سمعت النبي صلى الله عليه وسلم يقول: "من رآني في المنام فسيراني في اليقظة، ولا يتمثل الشيطان بي" : "Qui me voit en rêve, me verra bientôt en état de veille ; et le diable ne peut pas prendre ma forme" (al-Bukhârî, n° 6592). Ce hadîth est à comprendre :
--- soit comme se rapportant seulement aux gens de l'époque dans laquelle le Prophète vivait : eux, s'ils apportent foi en le Prophète avant de l'avoir rencontré, puis le voient en rêve, ce hadîth leur donne la bonne nouvelle qu'ils le rencontreront avant leur décès et le décès du Prophète ; mais cela ne vaut pas pour ceux qui viendront après son décès ;
--- soit comme signifiant : celui qui l'a vu en rêve verra la réalisation de ce qu'il vu, c'est-à-dire qu'au moins le sens figuré de ce que ce rêve signifie se réalisera dans le concret de sa vie ;
--- soit comme se rapportant seulement au jour de la résurrection : celui qui l'a vu en rêve, le verra le jour de la résurrection, c'est-à-dire bénéficiera, par rapport à tous les autres, d'une proximité particulière par rapport au Prophète, ce jour-là ; al-Munâwî écrit ainsi : "من رآني في المنام فسيراني في اليقظة" بفتح القاف؛ رؤية خاصة في الآخرة بصفة القرب والشفاعة. قال الدماميني: وهذه بشارة لرائيه بموته على الإسلام لأنه لا يراه في القيامة تلك الرؤية الخاصة باعتبار القرب منه إلا من تحقق منه الوفاة على الإسلام اه" (Faydh ul-qadîr) ;
--- soit dans le sens d'une comparaison, c'est-à-dire : "Comme il est certain que celui de mes contemporains qui m'a vu en veille m'a bien vu, moi, eh bien de la même façon il est certain que celui qui me voit en rêve m'a bien vu, moi, et non pas un djinn, car le djinn ne peut pas prendre mon apparence.". D'ailleurs une autre version comporte ces mots plus explicites : "من رآني في المنام، فسيراني في اليقظة" أو: "لكأنما رآني في اليقظة، لا يتمثل الشيطان بي" : Le Prophète (sur lui soit la paix) a dit : "Qui me voit en rêve, me verra bientôt en état de veille", ou bien il a dit : "c'est comme s'il m'avait vu en état de veille" ; "et le diable ne peut pas prendre ma forme" (Muslim, 2266) ;
--- soit autre chose, car quelques autres interprétations existent encore : Ibn Hajar al-'Asqalânî en a recensé en tout 7, éventuellement 8, mais a émis des réserves sur 2 d'entre elles, notamment l'interprétation selon laquelle ce hadîth signifie qu'à toute époque, celui qui voit le Prophète en rêve va le voir en état de veille.

Cette dernière interprétation nous amène à la question suivante...

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Deuxième partie) Est-il possible (ممكن عقلًا ؟ واقع فعلًا ؟) de voir, alors qu'on est en état de veille, le prophète Muhammad (sur lui soit la paix), maintenant qu'il est décédé ?

Avis A) Certains ulémas sont d'avis qu'en effet, à toute époque, il demeure possible de voir le Prophète (sur lui soit la paix) en état de veille, et de l'écouter nous parler, voire de converser alors avec lui. Ibn Abî Jamra, al-Ghazâlî (Al-Munqidh min adh-dhalâl, p. 39), Ibn Hajar al-Haytamî, as-Suyûtî (Tanwîr ul-halak), an-Naf'râwî (Al-Fawâkih ud-dawânî, Khâtima) (parmi d'autres encore, que as-Suyûtî nomme dans son livret Tanwîr ul-halak) sont de cet avis. Alî al-qâri est lui aussi de cet avis (Jam' ul-wassâ'ïl). Cheikh Ashraf 'Alî Thânwî aussi (Nashr ut-tîb, p. 249). Cela semble aussi être l'avis de Abu-l-'Abbâs al-Qurtubî (au vu des contre-arguments qu'il a développés à l'avis a.a, et qui ont déjà été cités plus haut : "قال القرطبي: اختلف في معنى الحديث: فقال قوم: "هو على ظاهره، فمن رآه في النوم رأى حقيقته كمن رآه في اليقظة سواء". قال: وهذا قول يدرك فساده بأوائل العقول. ويلزم عليه أن لا يراه أحد إلا على صورته التي مات عليها وأن لا يراه رائيان في آن واحد في مكانين وأن يحيا الآن ويخرج من قبره ويمشي في الأسواق ويخاطب الناس ويخاطبوه. ويلزم من ذلك أن يخلو قبره من جسده فلا يبقى من قبره فيه شيء فيزار مجرد القبر ويسلم على غائب، لأنه جائز أن يرى في الليل والنهار مع اتصال الأوقات على حقيقته في غير قبره. وهذه جهالات لا يلتزم بها من له أدنى مسكة من عقل" : Fat'h ul-bârî, 12/480). Shâh Waliyyullâh serait-il lui aussi de cet avis (cf. Hujjat ullâh il-bâligha, 1/23) ?
L'avis de ces ulémas n'est pas forcément lié avec le hadîth traité ci-dessus : quelqu'un peut comprendre ce hadîth comme se rapportant à l'une des autres explications suscitées, tout en adoptant quand même cet avis A.

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Avis
B) D'autres ulémas disent que
, depuis son décès, on ne peut plus voir le Prophète (sur lui soit la paix) en état de veille : cela ne se produit jamais.
As-Sakhâwî souligne ainsi qu'aucune vision du Prophète en état de veille, après son décès, n'est relatée d'aucun Compagnon (pas même de sa fille Fâtima), ni d'aucun élève de Compagnons, alors même que le muqtadhî en était présent (l'envie de le revoir, ainsi que le besoin de réponses face aux nouveaux problèmes), de même que la shart, condition (la très grande piété, puisque tout Sahâbî est plus pieux que n'importe quel Walî, et que dans leur ensemble les Tâbi'ûn sont plus pieux que l'ensemble de ceux qui sont venus après). 
Parmi les ulémas qui sont de cet avis, on trouve également Ibn Taymiyya ainsi que tous ceux qui suivent la réforme qu'il a apportée (Ibn ul-Qayyim, Ibn Abi-l-'Izz, Ibn Abd il-Hâdî, etc.) ; et on trouve aussi Ibn Hajar al-'Asqalânî et al-Ahdal al-yamanî : "وأنكر ذلك جماعة منهم الأهدل اليمني (...)، ومنهم أيضا صاحب فتح الباري فقال بعد ما مر عن ابن أبي جمرة: "وهذا مشكل جدا. ولو حمل على الظاهر لكان هؤلاء صحابة، ولأمكن بقاء الصحبة إلى يوم القيامة" (Jam' ul-wâssâ'ïl, 'Alî al-qârî). (Il y a une petite nuance par rapport à Ibn Hajar al-'Asqalânî : celui-ci nie qu'on puisse rencontrer le Prophète et converser avec lui ; cependant, il est d'avis qu'on peut voir le corps du Prophète dans sa tombe / l'âme du Prophète se trouvant sa tombe, par kashf : nous exposerons son avis plus bas.)

Appréhender ces deux avis demande qu'on aborde le point suivant...

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Troisième partie) Pendant qu'on rêve, ou pendant qu'on est en état de veille, par rapport à la question de voir le Prophète (sur lui soit la paix) et de converser alors avec lui (alors qu'il est maintenant décédé), plusieurs éventualités sont théoriquement imaginables :

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Eventualité 1) Soit le Prophète (sur lui soit la paix) peut, corps et âme, sortir de sa tombe et se rendre en un lieu sur Terre ; celui qui (en veille ou en rêve) voit le Prophète, celui-là le voit donc corps et âme (ذاته) (cela correspond à l'Avis a.a cité plus haut au sujet du Rêve, dans la "Première Partie".

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--- Eventualités 2) Soit c'est l'âme (روحه) du Prophète qu'un vivant peut aujourd'hui voir (ce qui correspond à l'Avis a.b cité plus haut au sujet du Rêve)...

----------- et soit : 2.1) celui qui (alors qu'il rêve ou est en état de veille) voit le Prophète, celui-là voit l'âme de celui-ci, et il peut arriver qu'elle lui parle ; car, certes, le corps du Prophète demeure dans sa tombe, par contre son âme peut se déplacer sur Terre et dans les cieux ;

----------- et soit : 2.2) celui qui (alors qu'il rêve ou est en état de veille) voit le Prophète, celui-là voit l'âme de celui-ci, et il peut arriver qu'elle lui parle ; ce sont les "voiles" qui sont levés entre le pieux et l'âme du Prophète (là où elle se trouve) ;

----------- et soit : 2.3) ce fait de voir le Prophète et de l'écouter parler ou même de converser avec lui, cela se produit seulement en rêve, et ce dans la mesure où pendant le sommeil des rencontres entre âmes se produisent, l'âme du dormeur se rendant parfois dans la dimension où les défunts se trouvent.

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--- Eventualité 3) Soit c'est la représentation du Prophète (مثاله) qu'un vivant peut aujourd'hui voir (pendant qu'il rêve, ou pendant qu'il est en état de veille) (cela correspond à l'Avis b cité plus haut au sujet du Rêve).

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Voyons ces différentes Eventualités, qui sont au nombre de cinq (1 ; 2.1 ; 2.2 ; 2.3 et 3) de façon détaillée...

--- Eventualité 1) Soit le Prophète (sur lui soit la paix) peut, corps et âme, sortir de sa tombe et se rendre en un lieu sur Terre ; celui qui le voit (en veille ou en rêve) le voit donc corps et âme (ذاته) (cela correspond à l'Avis a.a cité plus haut).
Mais, ce 1 est impossible sur le plan purement rationnel, 'aqlan. Et c'est ce 1 qui est l'objet de la réfutation (déjà citée) faite par Abu-l-'Abbâs al-Qurtubî : "قال القرطبي: اختلف في معنى الحديث: فقال قوم: "هو على ظاهره فمن رآه في النوم رأى حقيقته كمن رآه في اليقظة سواء". قال: وهذا قول يدرك فساده بأوائل العقول. ويلزم عليه أن لا يراه أحد إلا على صورته التي مات عليها وأن لا يراه رائيان في آن واحد في مكانين وأن يحيا الآن ويخرج من قبره ويمشي في الأسواق ويخاطب الناس ويخاطبوه. ويلزم من ذلك أن يخلو قبره من جسده فلا يبقى من قبره فيه شيء فيزار مجرد القبر ويسلم على غائب، لأنه جائز أن يرى في الليل والنهار مع اتصال الأوقات على حقيقته في غير قبره. وهذه جهالات لا يلتزم بها من له أدنى مسكة من عقل" (relaté de al-Qurtubî in Fat'h ul-bârî, 12/480). Ibn Hazm : "واتفقوا أن البعث حق وأن الناس كلهم يبعثون في وقت تنقطع فيه سكناهم في الدنيا يحاسبون عما عملوا من خير وشر وأن الله تعالى يعذب من يشاء ويغفر لم يشاء واختلفوا في تفسير هذه الجملة بعد اتفاقهم على هذا اللفظ. واتفقوا أن محمدا عليه السلام وجميع أصحابه لا يرجعون إلى الدنيا الا حين يبعثون مع جميع الناس؛ وأن الاجساد تنشر وتجمع مع الانفس يومئذ" (Marâtib ul-ijmâ', pp. 271-272).

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--- Eventualité 2.1) Soit c'est l'âme (روحه) du Prophète qu'un vivant peut aujourd'hui voir (ce qui correspond à l'Avis a.b cité plus haut au sujet du Rêve) ; et, si le corps du Prophète demeure dans sa tombe, son âme peut se déplacer sur Terre et dans les cieux ; celui qui voit le Prophète (alors qu'il rêve ou est en état de veille) voit l'âme de celui-ci, laquelle s'est rendue près de là où il se trouve, et il peut arriver qu'elle lui parle.
Muhammad ibn 'Alawî al-mâlikî dit ainsi : "إننا نعتقد أنه صلى الله عليه وسلم حي حياة برزخية كاملة لائقة بمقامه، وبمقتضى تلك الحياة الكاملة العليا تكون روحه جوالة سياحة في ملكوت الله سبحانه وتعالى، ويمكن أن تحضر مجالس الخير ومشاهد النور والعلم، وكذلك أرواح خلص المؤمنين من أتباعه" (Hawl al-ihtifâl bi dhikra-l-mawlid in-nabawî).
Alî al-qârî a cité cette option-ci ainsi : "فيتعين أن يحمل هذه الرؤية أيضا على رؤية عالم المثال أو عالم الأرواح، كما سبق تحقيقه عن الإمام حجة الإسلام. وبعد حملنا على عالم المثال، فيزول الإشكال على كل حال. فإن الأولياء في عالم الدنيا مع ضيقها، قد يحصل لهم أبدان مكتسبة وأجسام متعددة، تتعلق حقيقة أرواحهم بكل واحد من الأبدان، فيظهر كل في خلاف آخر من الأماكن والأزمان. وحينئذ لا نقول بأن الرسول صلى الله عليه وسلم مضيق عليه في عالم البرزخ بكونه محصورا في قبره، بل نقول إنه يجول في العالم السفلي والعالم العلوي. (فإن أرواح الشهداء مع أن مرتبتهم دون مرتبة الأنبياء إذا كانت في أجواف طير خضر تسرح في رياض الجنة، ثم تعود إلى قنديل معلقة تحت العرش كما هو مقرر، وفي محله محرر، مع أنه لم يقل أحد أن قبورهم خالية عن أجسادهم، وأرواحهم غير المتعلقة بأجسامهم لئلا يسمعوا سلام من يسلم عليهم.) وكذا ورد أن الأنبياء يلبون ويحجون. فنبينا صلى الله عليه وسلم أولى بهذه الكرامات. وأمته مكرمة بحصول خوارق العادات" (Jam' ul-wassâ'ïl).
Al-Khâdimî a relaté cet avis en ces termes : "وعن شرح الشمائل: لا مانع من ذلك، ولا داعي إلى التخصيص برؤية المثال، لأنه عليه الصلاة والسلام حي بروحه وجسده، ويسير حيث شاء في الأرض والملكوت؛ وكونه غيبا عن الأبصار كغيب الملائكة" (cité in Al-Burayqa al-mahmûdiyya).

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--- Eventualité 2.2) Soit c'est l'âme (روحه) du Prophète qu'un vivant peut aujourd'hui voir (ce qui correspond à l'Avis a.b cité plus haut au sujet du Rêve) ; cependant, il n'est pas nécessaire de croire que l'âme du Prophète se déplace dans notre monde, venant dans la proximité de celui qui la voit : il suffit que les "voiles" soient levés entre le pieux et l'âme du Prophète (là où elle se trouve), et ce pieux peut (pendant qu'il rêve ou pendant qu'il est en état de veille) voir alors cette âme et converser avec elle.
Alî al-qârî avait cité cette option-ci : "وبيانه أن رؤيته صلى الله عليه وسلم يقظة لا تستلزم خروجه من قبره*؛ لأن من كرامات الأولياء - كما مر - أن الله يخرق لهم الحجب؛ فلا مانع عقلا ولا شرعا ولا عادة أن الولي - وهو بأقصى المشرق أو المغرب - يكرمه الله تعالى بأن لا يجعل بينه وبين الذات الشريفة - وهي في محلها من القبر الشريف - ساترا ولا حاجبا، بأن يجعل تلك الحجب كالزجاج الذي يحكي ما وراءه؛ وحينئذ فيمكن أن يكون الولي يقع نظره عليه - عليه السلام -؛ ونحن نعلم أنه صلى الله عليه وسلم حي في قبره يصلي. وإذا أكرم إنسان بوقوع بصره عليه، فلا مانع من أن يكرم بمحادثته ومكالمته وسؤاله عن الأشياء وأنه يجيبه عنها. وهذا كله غير منكر شرعا ولا عقلا. وإذا كانت المقدمات والنتيجات غير منكرين عقلا ولا شرعا، فإنكارهما أو إنكار أحدهما غير ملتفت إليه، ولا معول عليه" : Jam' ul-wassâ'ïl fî shar'h ish-shamâ'ïl, dernier chapitre). * "أي خروج جسده من قبره؛ وهو الاحتمال الأول الذي ذكرناه فوق". Alî al-qârî aurait-il donné préférence à cette option-ci ?

Cheikh Ashraf 'Alî Thânwî a, comme actions qu'il croit que le Prophète (sur lui soit la paix) les réalise dans le Barzakh, et qu'il a déduites d'un "ensemble des relations", a énuméré (entre autres choses) : 
"--- Le fait d'entendre le Salâm – directement si cela est fait de près ; et par le biais de la transmission d'anges si cela est fait de loin.
--- Le fait d'y répondre.
Cela est établi systématiquement.
--- Le fait, parfois, de parler et de donner des conseils à certains pieux de la Umma, cela aussi est mentionné dans des âthar et akhbâr. De tels événements (alors que la personne est) en rêve ou (qu'elle connaît) un kashf sont innombrables"
(Nashr ut-tîb, p. 249). Cet écrit de Cheikh Thânwî correspondrait-il à cette option 2.2 ? ou bien à l'option 2.1 ?

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--- Eventualité 2.3) Soit c'est l'âme (روحه) du Prophète qu'un vivant peut aujourd'hui voir (ce qui correspond à l'Avis a.b cité plus haut au sujet du Rêve) ; cependant, ce fait de voir le Prophète et, alors, de l'écouter parler ou même de converser avec lui, cela se produit seulement en rêve, et ce dans la mesure où, pendant le sommeil, des rencontres entre âmes se produisent, l'âme du dormeur se rendant parfois dans la dimension où les défunts se trouvent ; par contre, une rencontre entre quelqu'un se trouvant en ce monde et étant éveillé, et l'âme du Prophète, cela ne se produit pas (ceci semble être l'explication de l'avis de Ibn Taymiyya).

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--- Eventualité 3) Soit c'est la représentation du Prophète (مثاله) qu'un vivant peut aujourd'hui voir (cela correspond à l'Avis b cité plus haut au sujet du Rêve). C'est là l'avis de al-Ghazâlî (concernant le fait de voir le Prophète en état de veille comme en rêve) et de al-Qastalânî (concernant au moins le fait de le voir en état de veille) : "فلا يمتنع من الخواص، أرباب القلوب القائمين بالمراقبة والتوجه على قدم الخوف بحيث لا يسكنون بشىء مما يقع لهم من الكرامات، فضلا عن التحدث بها لغير ضرورة، مع السعى فى التخلص من الكدورات والإعراض عن الدنيا وأهلها جملة، وكون الواحد منهم يود أنه يخرج من أهله وماله وأنه يرى النبى صلى الله عليه وسلم، كالشيخ عبد القادر الكيلانى: أن يتمثل صورته صلى الله عليه وسلم فى خاطره ويتصور فى عالم سره أنه يكلمه، بشرط استقرار ذلك وعدم اضطرابه؛ فإن تزلزل أو اضطراب كان لمة من الشيطان؛ وليس ذلك خادشا فى علو مناصبهم لعدم عصمة غير الأنبياء؛ فقد قال العلامة التاج ابن السبكى فى جمع الجوامع - تبعا لغيره -: وإن الإلهام ليس بحجة لعدم ثقة من ليس معصوما بخواطره، وحينئذ فمن قال - ممن حكينا عنه أو غيرهم - بأن المرئى هو المثال، لا يمتنع حمله على هذا، بل حمل كل من أطلق عليه هو اللائق" (Al-Mawâhib ul-ladunniyya). 

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En fait, maintenant qu'il est décédé, on peut voir le Prophète (sur lui soit la paix) en rêve, mais cela n'implique pas qu'on puisse aussi le voir en état de veille.
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L'analogie ne peut pas fonctionner entre les deux, car il ne faut pas oublier qu'en rêve, même véridique (
ru'yâ sâdiqa), on voit certaines choses qui, dans la réalité de ce monde, ne se réalisent pourtant jamais.
Le Prophète a ainsi vu en rêve ad-Dajjâl faire le
tawâf autour de la Kaaba, alors que dans la réalité ad-Dajjâl ne peut pas entrer à La Mecque.
De même, des vivants rencontrent en rêve l'âme d'hommes qui sont décédés en étant kâfir, tels que Abû Lahab, alors que, à l'unanimité, ces défunts-là on ne peut pas rencontrer leur âme alors qu'on est éveillé : "قال عروة: "وثويبة مولاة لأبي لهب: كان أبو لهب أعتقها، فأرضعت النبي صلى الله عليه وسلم. فلما مات أبو لهب، أريه بعض أهله بشر حيبة، قال له: ماذا لقيت؟ قال أبو لهب: لم ألق بعدكم، غير أني سقيت في هذه بعتاقتي ثويبة" (al-Bukhârî, 4813).
On voit ici que ce qui est possible pour l'état de rêve n'en devient pas forcément possible pour l'état de veille.

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L'analogie avec le rêve est ainsi impossible.

Que dire maintenant des récits de la vision du Prophète en état de veille, après son décès ?

Pareille expérience n'est relatée, a rappelé as-Sakhâwî, d'aucun Compagnon ni Tâbi'î, alors même que le Muqtadhî en était présent (fin de citation), de même que la Shart.
Après la citation de ce propos de as-Sakhâwî ("لم يصل إلينا ذلك عن أحد من الصحابة ولا عن من بعدهم. وقد اشتد حزن فاطمة عليه صلى الله عليه وسلم حتى ماتت كمدا بعده بستة أشهر - على الصحيح - وبيتها مجاور لضريحه الشريف، ولم ينقل عنها رؤيته فى المدة التى تأخرت عنه"), quand vient le propos de Ibn Abî Jamra : "قد ذكر عن السلف والخلف إلى هلم جرّا عن جماعة كانوا يصدقون بهذا الحديث (يعنى: "من رآنى فى المنام فسيرانى فى اليقظة") أنهم رأوه - صلى الله عليه وسلم - فى النوم فرأوه بعد ذلك فى اليقظة، وسألوه عن أشياء كانوا منها متشوشين فأخبرهم بتفريجها، ونص لهم على الوجوه التى منها يكون فرجها، فجاء الأمر كذلك بلا زيادة ولا نقص", az-Zurqânî commente ce dernier propos en ces termes : "ثم قال: "وقد ذكر عن السلف": لعله أراد بهم: "من دون من بعد الصحابةفلا ينافي ما قدمه المصنف عن شيخه؛ أو أن نفي السخاوي إنما هو من جهة اصطلاح المحدثين بالأسانيد ولو ضعيفة" (
Shar'h uz-Zurqânî 'ala-l-Mawâhib).
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S'il y a un islam qui mérite l'appellation "
islam traditionnel" (par différenciation avec un "islam moderniste" ou un "islam étrange"), c'est bien celui des Sahâba et des Tâbi'ûn, n'est-ce pas...
Car comment qualifier ce qui, relevant du
Dîn, est apparu seulement après eux, alors même que son Muqtadhî et sa Shart étaient présents à leur époque ?

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Dès lors, pour ce qui est de voir le Prophète (sur lui soit la paix) alors qu'on se trouve en état de veille :

L'Eventualité 1 est, rationnellement parlant, erronée : cela a été démontré par des citations vues plus haut.
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L'Eventualité 2.1, je la crois être erronée : aussi, alors qu'on est en état de veille, on ne peut pas rencontrer l'âme du Prophète (que Dieu le bénisse et le salue) s'étant déplacée en ce monde, et, alors, converser avec lui.
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L'Eventualité 2.2 appliquée à l'état de veille de la personne, je la crois elle aussi être erronée : aussi, alors qu'on est en état de veille, on ne peut pas voir l'âme du Prophète (que Dieu le bénisse et le salue) là où elle se trouve, par "levée des voiles", et converser alors avec lui. (Ibn Hajar parle lui aussi de possibilité de vision par
kashf - soit du corps du Prophète dans sa tombe, soit de son âme dans sa tombe -, cependant, il n'est pas d'avis qu'on puisse alors converser avec le Prophète ; cet avis de Ibn Hajar, par contre, je le considère être une possibilité.) 
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L'Eventualité 2.3 constitue une autre possibilité : cette éventualité qui dit qu'on ne peut pas voir le Prophète (depuis qu'il est décédé) alors qu'on est en état de veille, et on ne peut le voir (depuis qu'il est décédé) que pendant un rêve, et c'est alors son âme que l'on voit.
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L'Eventualité
 3 :
----- appliquée à l'état de veille de la personne, je la crois également être erronée : aussi, alors qu'on est en état de veille, on ne peut pas rencontrer la représentation du Prophète (que Dieu le bénisse et le salue) ;
----- par contre, si elle est appliquée à l'état de sommeil de la personne, cela constitue une autre possibilité : éventualité en vertu de laquelle, pendant son sommeil, on peut voir le Prophète en rêve, et c'est alors la représentation du Prophète que l'on voit : soit systématiquement ; soit seulement si l'apparence que le Prophète a alors correspond à celle qui était véritablement la sienne.

Quant à ceux des pieux qui sont postérieurs et qui ont relaté avoir vécu une telle expérience, ils n'ont pas menti :
--- soit ils ont eu un bref moment de somnolence et, rêvant, ont vu le Prophète, mais ils ont cru qu'ils étaient éveillés (al-Ahdal a proposé cette ta'wîl, comme nous le verrons plus bas) ;
--- soit c'est un djinn qui a pris une apparence voisine de celle du Prophète et s'est fait passer pour lui devant eux.

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Et :

--- à supposer primo que ce fut bien à Bayt ul-Maqdis que les âmes des prophètes accomplirent la prière sous la direction du Prophète Muhammad (sur eux tous soit la paix) lors de al-isrâ' wa-l-mi'râj et secundo que la présence de leurs âmes en ce lieu n'ait pas été particulière à cette occasion-là, mais peut se dérouler en d'autres moments...
--- enfin, à supposer que dans le hadîth suivant : "عن ابن عباس قال: سرنا مع رسول الله صلى الله عليه وسلم بين مكة والمدينة، فمررنا بواد، فقال: "أي واد هذا؟" فقالوا: وادي الأزرق، فقال: "كأني أنظر إلى موسى صلى الله عليه وسلم - فذكر من لونه وشعره شيئا لم يحفظه داود - واضعا إصبعيه في أذنيه، له جؤار إلى الله بالتلبية، مارا بهذا الوادي." قال: ثم سرنا حتى أتينا على ثنية، فقال: "أي ثنية هذه؟" قالوا: هرشى - أو لفت. فقال: "كأني أنظر إلى يونس على ناقة حمراء، عليه جبة صوف، خطام ناقته ليف خلبة، مارا بهذا الوادي ملبيا" (Muslim, 166), "عن مجاهد، قال: كنا عند ابن عباس رضي الله عنهما، فذكروا الدجال أنه قال: "مكتوب بين عينيه كافر"؛ فقال ابن عباس: لم أسمعه ولكنه قال: "أما موسى كأني أنظر إليه إذ انحدر في الوادي يلبي" (al-Bukhârî, 1480), le Prophète (sur lui soit la paix) n'ait pas raconté un rêve qu'il avait eu, ni n'ait relaté une scène qui s'était déroulée en ces lieux dans le passé lointain (à l'époque où chacun de ces 2 prophètes vivait sur Terre), mais ait bien relaté une scène à laquelle il assistait dans son présent d'alors...
--- à supposer, donc, que les âmes des prophètes voyagent sur la Terre occasionnellement (comme le fait valoir l'Eventualité 2.1)...
--- ces récits relatent ces visions de la part du... Prophète (sur lui soit la paix) !
Or, un non-prophète, quelle garantie a-t-il pour sa part que celui qu'il a rencontré et qui lui a parlé est réellement l'âme d'un prophète, et pas un djinn ?

C'est la même différence que celle qui existe entre le Ilhâm et le Wah'y : le Ilhâm a une valeur, mais il demeure toujours un risque que ce soit le diable qui l'ait insufflé. Contrairement au Wah'y, où il n'y a aucun risque de ce genre, vu que Dieu n'a pas donné la qud'ra au diable de faire un effet sur un prophète dans ce que celui-ci perçoit en son for intérieur (le diable n'ayant la qud'ra que de faire du tort au corps physique d'un prophète, sauf si Dieu accorde à un prophète précis Sa protection face à cela aussi).
Que dans ce que le Walî perçoit en son cœur il demeure malgré tout un risque que cela provienne du Diable, Ibn us-Subkî l'a rappelé : "فإن تزلزل أو اضطراب كان لمة من الشيطان؛ وليس ذلك خادشا فى علو مناصبهم، لعدم عصمة غير الأنبياء؛ فقد قال العلامة التاج ابن السبكى فى جمع الجوامع - تبعا لغيره -: وإن الإلهام ليس بحجة لعدم ثقة من ليس معصوما بخواطره" (Al-Mawâhib ul-ladunniyya) ; Ibn Taymiyya aussi : "فكما أن رسول الله لا يكون رسولا لغيره، فلا يقبل أمر غير الله، فكذلك نبي الله لا يكون نبيا لغير الله، فلا يقبل أنباء أحد إلا أنباء الله؛ وإذا أخبر بما أنبأ الله، وجب الإيمان به، فإنه صادق مصدوق، ليس في شيء مما أنبأه الله به شيء من وحي الشيطان. وهذا بخلاف غير النبي؛ فإنه وإن كان قد يلهم ويحدث ويوحى إليه أشياء من الله، ويكون حقا، فقد يلقي إليه الشيطان أشياء؛ ويشتبه هذا بهذا؛ فإنه ليس نبيا لله. كما أن الذي يأمر بطاعة الله غير الرسول، وإن كان أكثر ما يأمر به هو طاعة الله، فقد يغلط ويأمر بغير طاعة الله. بخلاف الرسول المبلغ عن الله، فإنه لا يأمر إلا بطاعة الله؛ قال تعالى: {من يطع الرسول فقد أطاع الله" (An-Nubuwwât, p. 246). 

A la question qui va être reproduite peu après en arabe, cheikh Zakariyyâ al-Ansârî a répondu (entre autres choses) ceci : "Et il est interdit à la personne (ayant vu le Prophète en rêve lui dire d'ordonner quelque chose aux musulmans) de dire : "Le Prophète (que Dieu l'élève et le salue) vous ordonne telle chose" dans ce qu'il mentionne. Il apportera plutôt ce qui indiquera sa source, à savoir le rêve. Car il n'est pas impossible, 'aqlan, que le Diable se présente du nom du Prophète (que Dieu l'élève et le salue) et dise au dormeur qu'il est le Prophète, et lui ordonne d'obéir" (cela se rapportant uniquement, précise-t-il, au cas où on a vu le Prophète, sur lui soit la paix, dans une apparence physique différente de celle qui est la sienne) :
"فائدة: سئل شيخ الاسلام زكريا عن رجل زعم أنه رأى النبي صلى الله عليه وسلم يقول له: "مر أمتي بصيام ثلاثة أيام وأن يعيدوا بعدها ويخطبوا"؛ فهل يجب الصوم أو يندب أو يجوز أو يحرم؟ وهل يكره أن يقول أحد للناس: "أمركم النبي عليه الصلاة والسلام بصيام أيام" لأنه كذب عليه ومستنده الرؤيا التي سمعها من غير رائيها أو منه؟ وهل يمتنع أن يتسمى إبليس باسم النبي صلى الله عليه وعلى آله وسلم ويقول للنائم: "إنه النبي عليه الصلاة والسلام" ويأمره بطاعة ليتوصل بذلك إلى معصية (كما يمتنع عليه التشكل في صورته الشريفة)، أم لا؟ وبه تتميز الرؤية له صلى الله عليه وآله وسلم الصادقة من الكاذبة؟ وهل يثبت شيء من أحكام الشرع بالرؤية في النوم؟ وهل المرئي ذاته صلى الله عليه وسلم أو روحه أو مثل ذلك؟
أجاب: لا يجب على أحد الصوم ولا غيره من الأحكام بما ذكر ولا مندوب بل قد يكره أو يحرم؛ لكن إن غلب على الظن صدق الرؤية، فله العمل بما دلت عليه ما لم يكن فيه تغيير حكم شرعي ولا يثبت بها شيء من الأحكام، لعدم ضبط الرؤية، لا للشك في الرؤية؛ ويحرم على الشحص أن يقول: "أمركم النبي صلى الله عليه وسلم بكذا" فيما ذكر، بل يأتي بما يدل على مستنده من الرؤية، إذ لا يمتنع عقلا أن يتسمى إبليس باسم النبي صلى الله عليه وسلم ليقول للنائم: "إنه النبي"، ويأمره بالطاعة. والرؤية الصادقة هي الخالصة من الأضغاث؛ والأضغاث أنواع: الأول: تلاعب الشيطان ليحزن الرائي كأنه يرى أنه قطع رأسه؛ الثاني: أن يرى أن بعض الأنبياء يأمره بمحرم أو محال؛ الثالث: ما تتحدث به النفس في اليقظة تمنيا فيراه كما هو في المنام. ورؤية المصطفى صلى الله عليه وسلم بصفته المعلومة إدراك لـذاته؛ ورؤيته بغير صفته إدراك لـمثاله؛ فالأولى لا تحتاج إلى تعبير، والثانية تحتاج إليه"
(Faydh ul-qadîr).

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Le propos suivant de as-Sakhâwî, que réfute-t-il ?

Le propos de as-Sakhâwî ("Voir le Prophète en état de veille, cela n'est relaté d'aucun Compagnon, ni d'aucun de ceux qui sont venus après eux. Sa fille Fâtima était très triste, et pourtant, pendant les 6 mois qu'elle est restée en vie après lui, elle ne l'a pas vue ?" : "وأما رؤيته صلى الله عليه وسلم فى اليقظة بعد موته صلى الله عليه وسلم، فقال شيخنا: "لم يصل إلينا ذلك عن أحد من الصحابة، ولا عن من بعدهم. وقد اشتد حزن فاطمة عليه صلى الله عليه وسلم حتى ماتت كمدا بعده بستة أشهر- على الصحيح - وبيتها مجاور لضريحه الشريف، ولم ينقل عنها رؤيته فى المدة التى تأخرت عنه." وإنما حكى بعض الصالحين حكايات عن أنفسهم، كما هو فى "توثيق عرى الإيمان" للبارزى و"بهجة النفوس" لأبى محمد عبد الله بن جمرة، و"روض الرياحين" للعفيف اليافعى، وغيره من تصانيفه، والشيخ صفى الدين ابن أبى المنصور فى رسالته" (relaté de as-Sakhâwî in Al-Mawâhib ul-ladunniyya) ; ce propos parle-t-il, au sujet des Compagnons, de la Possibilité 1 ("voir l'être du Prophète sortir de sa tombe, et pouvoir le rencontrer") ? ou bien de la Possibilité 2.1, ou encore de la Possibilité 2.2 ("converser avec l'âme du Prophète") ?

Cela parle des trois. Car le propos (en substance : "Cela n'est relaté d'aucun Compagnon, alors même que les causes étaient présentes le muqtadhî : des problèmes conséquents, une forte envie de le revoir et la condition aussi une très grande piété, car n'importe quel Sahâbî est plus pieux que n'importe quel Walî n'étant pas Sahâbî –"), ce propos vaut pour les Possibilités 2.1 et 2.2 aussi : la possibilité de la rencontre de l'âme du Prophète. Malgré la présence du besoin et la présence de la condition, les Compagnons n'ont pas vu l'âme du Prophète en état de veille, et n'ont pas, ainsi, conversé avec lui.

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ِQuant au fait que Uthmân ibn Affân (que Dieu l'agrée) a, alors qu'il était assiégé dans sa maison par les insurgés, vu le Prophète (que Dieu l'élève et le salue) qui lui a dit qu'il romprait son jeûne auprès de lui, il ne s'agissait pas d'une vision en état de veille, mais d'un rêve. "عن نافع، عن ابن عمر رضي الله عنهما، أن عثمان أصبح فحدث، فقال: "إني رأيت النبي صلى الله عليه وسلم في المنام الليلة، فقال: "يا عثمان، أفطر عندنا."" فأصبح عثمان صائما؛ فقتل من يومه رضي الله عنه" (Al-Mustad'rak, al-Hâkim, 4554) ; "عن أم هلال ابنة وكيع، عن امرأة عثمان قالت: "أغفى عثمان، فلما استيقظ قال: "إن القوم يقتلونني!" فقلت: "كلا يا أمير المؤمنين!" فقال: "إني رأيت رسول الله صلى الله عليه وسلم وأبا بكر وعمر؛ قال: فقالوا: "أفطر عندنا الليلة"، أو قالوا: "تفطر عندنا الليلة" (Ibn Abî Shayba, 32048). D'autres versions de ce athar sont visibles dans un article de islamqa.info dédié à ce point
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De même, demander au Prophète (sur lui soit la paix), devant sa tombe : "Invoque Dieu pour qu'Il nous accorde telle chose", les Compagnons ne l'ont jamais fait. Et lorsqu'un homme le fit pour le besoin de la pluie, c'est en rêve que le Prophète se montra à lui et lui dit de se rendre auprès de Omar ibn ul-Khattâb (alors calife) : "عن مالك الدار قال: - وكان خازن عمر على الطعام - قال: أصاب الناس قحط في زمن عمر. فجاء رجل إلى قبر النبي صلى الله عليه وسلم، فقال: "يا رسول الله، استسق لأمتك فإنهم قد هلكوا." فأتي الرجل في المنام فقيل له: "ائت عمر فأقرئه السلام، وأخبره أنكم مستقيمون، وقل له: عليك الكيس، عليك الكيس." فأتى عمر فأخبره. فبكى عمر ثم قال: "يا رب لا آلو إلا ما عجزت عنه" (Ibn Abî Shayba, 32002).

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Quant au propos suivant de al-Khâdimî, que réfute-t-il ?

Al-Khâdimî écrit : "اعلم إنما ادعوا من أخذ الفتوى من النبي أو من الله تعالى إما بمقتضى عالم المثال الذي أثبتوه أو بمقتضى عالم الشهادة الحسي الخارجي. فالأول إنما يعلم حقيقته ورحمانيته بموافقة الكتاب والسنة، إذ كل وقائع وواردات مخالفة للشرع فوساوس شيطانية كما هو عند محققي الصوفية؛ فترك قطعيات الشرع بترجيح الوساوس الشيطانية كفر عندهم كما هو عند أهل الظاهر. والثاني، أعني رؤية شخصه صلى الله تعالى عليه وسلم يقظة بعين الرأس بعد موته، ورؤيته تعالى في الدنيا بعين الرأس: غير ممكن؛ والأول عقلي، إذ الموتى ما داموا كذلك لا يتصور منهم ذلك؛ وأما الثاني فممتنع عند الصوفية، وجائز عند بعض غيرهم، وعند المجوز هل كان وقوعه أو لا؟ قيل: نعم للنبي صلى الله تعالى عليه وسلم ليلة المعراج مرة، وقيل: لا؛ فدعوى وقوع رؤيتهم إياه تعالى سيما كلما أرادوا رؤيته عز وجل: خرق إجماع وتفضيل على كل نبي، فكفر. ولو فرض جوازه على سبيل فرض المحال، فما نقلوا عنه تعالى أو النبي عليه الصلاة والسلام خلاف شريعته: كذب وافتراء على الله ورسوله، إذ ذلك إما بالنسخ أو بنسيان الأمر الأول؛ فالأول مخالف لخبر الكتاب القطعي بتأييد هذه الشريعة إلى القيامة؛ والثاني إثبات جهل له تعالى وكلاهما كفر أيضا. ثم اعلم أنه قال الفاضل المناوي عند شرح قوله صلى الله تعالى عليه وسلم: "من رآني في المنام فسيراني في اليقظة": "وقال جمع منهم ابن أبي جمرة بل يراه في الدنيا حقيقة، وقد نص على إمكان رؤيته بل وقوعها أعلام، منهم حجة الإسلام. وقول ابن حجر "يلزم كون الرائي صحابيا" رد بأن الصحابية إنما تكون بالرؤية المتعارفة، وكذا عن رسالة السيوطي". وعن شرح الشمائل: "لا مانع من ذلك، ولا داعي إلى التخصيص برؤية المثال، لأنه عليه الصلاة والسلام حي بروحه وجسده، ويسير حيث شاء في الأرض والملكوت؛ وكونه غيبا عن الأبصار كغيب الملائكة". وفي المناوي أيضا: "قال الحجة: وليس رائيه يرى بدنه بل مثالا صار آلة لتأدي المعنى والآلة تكون حقيقة وخيالية والنفس غير المثال المتخيل فما رآه من الشكل ليس روح النبي ولا شخصه بل مثاله انتهى. وقال الشاذلي: "لو حجب عني طرفة عين ما عددت نفسي وكان بعضهم إذا سئل عن شيء قال حتى أعرضه عليه ثم يطرق ثم يقول قال كذا فيكون كما أخبر لا يتخلف" (Al-Burayqa al-mahmûdiyya) ; que réfute-t-il : la Possibilité 1 seulement ? ou bien les Possibilités 1 et 2.1 ?

Il semblerait que, pour sa part, cela ne réfute que la Possibilité 1 ("l'être du Prophète, corps et âme, voyage"), puisque y sont employés le terme imtinâ' 'aqlî et le terme muhâl.

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Ibn Hajar al-'Asqalânî et l'idée de voir le Prophète (sur lui soit la paix) en état de veille :

Rappelons tout d'abord que 'Alî al-qârî aussi a compté Ibn Hajar al-'Asqalânî parmi ceux qui réfutent la possibilité que le Prophète apparaisse à un pieux en état de veille, et lui parle : "وأنكر ذلك جماعة، منهم الأهدل اليمني (...)؛ ومنهم أيضا صاحب فتح الباري، فقال بعد ما مر عن ابن أبي جمرة: "وهذا مشكل جدا. ولو حمل على الظاهر لكان هؤلاء صحابة، ولأمكن بقاء الصحبة إلى يوم القيامة". ويردّ بأن الشرط في الصحابي أن يكون رآه في حياته - حتى اختلفوا في من رآه بعد موته وقبل دفنه هل يسمى صحابيا أم لا -، على أن هذا أمر خارق للعادة، والأمور التي كذلك لا يغير لأجلها القواعد الكلية" (Jam' ul-wâssâ'ïl).

L'explication du hadîth suscité selon laquelle "A toute époque, celui qui l'a vu en rêve va le voir en état de veille et il lui parlera", que Ibn Abî Jamra a appréhendée en son sens littéral et avec une portée générale (toute époque), et qu'il a étayée en relatant qu'un groupe de pieux disaient avoir vu le Prophète (sur lui soit la paix) en rêve, puis l'avoir vu après cela en état de veille, l'avoir alors questionné au sujet de certains problèmes qu'ils avaient, et avoir appris de lui la voie à suivre pour pour résoudre ceux-ci : "ونقل عن جماعة من الصالحين أنهم رأوا النبي صلى الله عليه وسلم في المنام ثم رأوه بعد ذلك في اليقظة وسألوه عن أشياء كانوا منها متخوفين، فأرشدهم إلى طريق تفريجها، فجاء الأمر كذلك", cette explication de Ibn Abî Jamra, Ibn Hajar al-'Asqalânî lui a objecté ceci : "Je dirai : Cela est très problématique. Et si cela était appréhendé selon sa littéralité, ces gens deviendraient des Sahâba, et le maintien de la Suhba serait possible jusqu'à la fin du monde ! (...)" : "قلت: وهذا مشكل جدا. ولو حمل على ظاهره، لكان هؤلاء صحابة، ولأمكن بقاء الصحبة إلى يوم القيامة. ويعكر عليه أن جمعا جما رأوه في المنام ثم لم يذكر واحد منهم أنه رآه في اليقظة وخبر الصادق لا يتخلف. وقد اشتد إنكار القرطبي على من قال: "من رآه في المنام فقد رأى حقيقته ثم يراها كذلك في اليقظة" كما تقدم قريبا" (Fat'h ul-bârî, 12/481).

Or il existe un autre passage écrit par Ibn Hajar al-'Asqalânî lui-même dans le même ouvrage, où il dit que ceux d'entre les pieux qui ont eu un dévoilement (kashf) et ont vu le Prophète ainsi ne sont pas comptés "Sahâba" (comme ne le sont d'ailleurs pas : ceux qui n'ont vu le Prophète, en ayant la foi, qu'une fois qu'il était décédé et avant qu'il soit enterré ; ni ceux qui, accidentellement, ont vu son corps après qu'il ait été inhumé dans sa tombe, mais alors que, par exemple, sa tombe a été rouverte momentanément).
Le fait est qu'à ces trois groupes, il manque la clause d'avoir vu le Prophète "alors qu'il était vivant de cette vie terrestre".
"وهذا كله فيمن رآه وهو في قيد الحياة الدنيوية. أما من رآه بعد موته وقبل دفنه فالراجح أنه ليس بصحابي. وإلا لعد من اتفق أن يرى جسده المكرم وهو في قبره المعظم ولو في هذه الأعصار؛ وكذلك من كشف له عنه من الأولياء فرآه كذلك على طريق الكرامة. إذ حجة من أثبت الصحبة لمن رآه قبل دفنه أنه مستمر الحياة. وهذه الحياة ليست دنيوية وإنما هي أخروية لا تتعلق بها أحكام الدنيا فإن الشهداء أحياء ومع ذلك فإن الأحكام المتعلقة بهم بعد القتل جارية على أحكام غيرهم من الموتى والله أعلم" (Fat'h ul-bârî 7/7).

Comment comprendre que là-bas (FB 12/481) Ibn Hajar dise que le récit relaté de pieux disant qu'ils ont vu le Prophète et qu'il leur a parlé, ce récit est très problématique, et que si on l'appréhendait selon son zâhir, la possibilité de devenir Sahâbî demeurerait jusqu'à la fin du monde... mais qu'ici (FB 7/7) il dise que les pieux peuvent avoir un kashf et voir le Prophète en état de veille ?

--- Certains frères tentent de résoudre cette apparente contradiction en disant que Ibn Hajar là-bas parlait de voir le Prophète avec l'œil du corps (et c'est ce dont il a dit que cela est impossible), tandis qu'ici il parle de le voir avec l'œil du cœur (et il veut en dire que cela est possible).

--- Objection de ma part à cette tentative de conciliation : Pourquoi donc, là-bas, les pieux dont Ibn Abî Jamra relate l'histoire, pourquoi ces pieux-là ne pourraient-ils pas eux aussi l'avoir vu avec l'œil de leur cœur ? Pourquoi ce genre de vision serait-il réservé à d'autres pieux qu'eux ?
On voit bien que ce n'est pas cette distinction que Ibn Hajar a voulu signifier là-bas...
D'autant plus que...

... d'autant plus que, là-bas, Ibn Hajar n'a pas dit du récit que Ibn Abî Jamra a relaté de ces pieux : "Cela est problématique si cela est appréhendé selon sa littéralité ("ces pieux dont Ibn Abî Jamra parle l'ont vu en état de veille, mais par l'œil de leur corps") : si cela était possible, ils en seraient devenus des Sahâba ! Par contre, si on l'appréhende avec ta'wîl ("ces pieux dont Ibn Abî Jamra parle l'ont vu en état de veille, mais par l'œil de leur cœur"), alors cela ne pose plus de problème."
Ibn Hajar n'a pas dit cela !  

Ce qu'il en a dit c'est qu'en soi cela est très problématique. Et que si cela était appréhendé selon son zâhir, alors ces gens deviendraient des Compagnons (ce qui est impossible). On en déduit que, pour Ibn Hajar, si cela est appréhendé par une ta'wîl, alors, certes, la problématique de la possibilité que ces gens en deviennent des Sahâba ne se pose plus, en revanche, même alors ce récit demeure problématique.
Relisons bien : " قلت: وهذا مشكل جدا. ولو حمل على ظاهره، لـكان هؤلاء صحابة ولأمكن بقاء الصحبة إلى يوم القيامة. ويعكر عليه أن جمعا جما رأوه في المنام ثم لم يذكر واحد منهم أنه رآه في اليقظة، وخبر الصادق لا يتخلف. وقد اشتد إنكار القرطبي على من قال: "من رآه في المنام فقد رأى حقيقته ثم يراها كذلك في اليقظة" كما تقدم قريبا" :
"Cela est très problématique. Et si cela était appréhendé selon sa littéralité, alors ces gens deviendraient des Sahâba, et le maintien de la Suhba serait possible jusqu'à la fin du monde ! (...)" (Fat'h ul-bârî, 12/481).

En fait, dans le passage où il parle de ce qui constitue la Suhba (FB 7/7), Ibn Hajar semble seulement vouloir parler de pieux qui ont eu un dévoilement (kashf) et ont vu le corps du Prophète reposant dans sa noble tombe. C'est bien ce que semble induire le second "كذلك" qu'il a écrit : "وإلا لعد من اتفق أن يرى جسده المكرم وهو في قبره المعظم [أي وقد فُتح قبره لعارض] ولو في هذه الأعصار؛ وكذلك من كشف له عنه من الأولياء فرآه كذلك على طريق الكرامة" : "Sinon, serait compté ("Sahâbî") celui à qui il est arrivé que, même à ces époques, il a vu le corps honoré (du Prophète) alors qu'il est dans sa tombe honorée. De même : celui d'entre les pieux pour qui, de façon miraculeuse, un dévoilement a eu lieu de lui, et il l'a alors vu ainsi" (Fat'h ul-bârî 7/7). Par dévoilement (kashf), le corps demeure où il est, dans sa tombe, mais un dévoilement a lieu qui permet à un pieux de le voir. Un peu comme le fait que Omar ibn ul-Khattâb (que Dieu l'agrée) ait, alors qu'il faisait un sermon à Médine, vu Sâriya alors que celui-ci était très loin de Médine : ce fut un kashf.

L'avis de Ibn Hajar al-Asqalânî est donc bien que, en état de veille, pour une personne qui est près de la tombe du Prophète, ou loin de celle-ci, voir le Prophète apparaître près de soi, cela est impossible (n'en parlons plus de converser alors avec lui). Et ce n'est pas une question d'œil du corps ou du cœur chez Ibn Hajar.
La preuve en est que cette réfutation de Ibn Hajar ("cela impliquerait qu'il soit devenu Sahâbî"), al-Munâwî en a cité la réfutation ainsi : "Pour devenir Sahâbî, c'est la vision normale et habituelle qui compte, et pas ce genre de vision !". Al-Munâwî et autre que lui avaient donc bien compris que Ibn Hajar entendait bien faire la négation de la possibilité de voir le Prophète apparaître près de soi mutlaqan ! Et c'est pourquoi, au raisonnement de Ibn Hajar, ils ont opposé un : "C'est seulement la vision habituelle - celle de l'œil du corps - qui compte pour établir la Suhba, et pas ce genre de vision, laquelle n'établit de toutes façons pas la Suhba !". Al-Munâwî : "وقال جمع منهم ابن أبي جمرة: بل يراه في الدنيا حقيقة. قال: وذا عام في أهل التوفيق ومحتمل في غيرهم فإن خرق العادة قد يقع للزنديق إغواء وإملاء وقد نص على إمكان رؤيته بل وقوعها أعلام منهم حجة الإسلام. وقول ابن حجر"يلزم عليه أن هؤلاء صحابة وبقاء الصحبة للقيامة": رُدَّ بأن شرط الصحبة رؤيته على الوجه المتعارف. قال الحجة: وليس المراد أنه يرى بدنه بل مثالا له صار آلة يتأدى بها المعنى والآلة تكون حقيقية وخيالية والنفس غير المثال المتخيل فما رآه من التشكل ليس روح النبي صلى الله عليه وسلم ولا شخصه بل مثاله اه. وقال الشاذلي: لو حجب عني طرفة عين ما عددت نفسي مسلما وكان بعضهم إذا سئل عن شيء قال: حتى أعرضه عليه ثم يطرق ثم يقول: قال كذا فيكون كما أخبر لا يتخلف" (Faydh ul-qadîr). Alî al-qârî : منهم أيضا صاحب فتح الباري؛ فقال بعد ما مر عن ابن أبي جمرة: "وهذا مشكل جدا، ولو حمل على الظاهر لكان هؤلاء صحابة، ولأمكن بقاء الصحبة إلى يوم القيامة". ويرد بأن الشرط في الصحابي أن يكون رآه في حياته - حتى اختلفوا في من رآه بعد موته وقبل دفنه هل يسمى صحابيا أم لا -؛ على أن هذا أمر خارق للعادة، والأمور التي كذلك لا يغير لأجلها القواعد الكلية" (Jam' ul-wassâ'ïl fî shar'h ish-shamâ'ïl).

Ibn Hajar est également d'avis que, en état de veille, pour une personne, voir par karâma le corps du Prophète tel qu'il repose à l'intérieur de sa tombe, cela peut arriver. Pourquoi est-ce que je précise : "tel qu'il repose dans sa tombe" ? Parce que Ibn Hajar a écrit : "ainsi", ayant comparé cette vision par kashf avec la vision de l'homme qui voit le Prophète parce que la tombe de celui-ci s'est ouverte. Ibn Hajar veut alors parler d'un kashf ayant permis de voir le corps du Prophète reposant dans sa tombe.
Il se peut aussi que Ibn Hajar veuille parler ici d'un kashf ayant permis de voir l'âme du Prophète priant dans sa tombe ; à ce moment-là, cela ne se produit que pour le pieux qui se trouve devant la tombe du Prophète, à Médine, et non pas pour celui qui en est éloigné. Cela ressemblerait toutes proportions gardées au fait que le prophète Muhammad (sur lui soit la paix) a [passant près de la tombe de celui-ci, lors de son voyage de La Mecque à Jérusalem] vu (l'âme du) prophète Moïse dans sa tombe, priant debout dans celle-ci : "عن أنس بن مالك، أن رسول الله صلى الله عليه وسلم قال: "أتيت - وفي رواية هداب: مررت - على موسى ليلة أسري بي عند الكثيب الأحمر، وهو قائم يصلي في قبره" (Muslim, 2375). On voit ici que c'est seulement lorsqu'il est passé près de la tombe du prophète Moïse (sur lui soit la paix) que le prophète Muhammad (que Dieu l'élève et le salue) a vu cela...

– On voit ici que le propos de Ibn Hajar déclarant impossible qu'un pieux puisse voir le Prophète apparaître devant lui (FB 12/481) est de portée générale ; alors que son propos déclarant possible qu'un pieux voit le Prophète (FB 7/7), cela vaut, de façon particulière et exceptionnelle, pour le pieux qui voit le corps de celui-ci tel qu'il repose dans sa tombe.

-

Je ne suis pas parvenu à cerner de façon précise la posture exacte de 'Alî al-qârî :

'Alî al-qârî est certes de l'Avis A suscité : on peut voir le Prophète (sur lui soit la paix) en état de veille : "وبيانه أن رؤيته صلى الله عليه وسلم يقظة لا تستلزم خروجه من قبره*؛ لأن من كرامات الأولياء - كما مر - أن الله يخرق لهم الحجب؛ فلا مانع عقلا ولا شرعا ولا عادة أن الولي - وهو بأقصى المشرق أو المغرب - يكرمه الله تعالى بأن لا يجعل بينه وبين الذات الشريفة - وهي في محلها من القبر الشريف - ساترا ولا حاجبا، بأن يجعل تلك الحجب كالزجاج الذي يحكي ما وراءه؛ وحينئذ فيمكن أن يكون الولي يقع نظره عليه - عليه السلام -؛ ونحن نعلم أنه صلى الله عليه وسلم حي في قبره يصلي" (Jam' ul-wassâ'ïl* "أي خروج جسده من قبره؛ وهو الاحتمال الأول"). Et : "وإذا أكرم إنسان بوقوع بصره عليه، فلا مانع من أن يكرم بمحادثته ومكالمته وسؤاله عن الأشياء وأنه يجيبه عنها. وهذا كله غير منكر شرعا، ولا عقلا. وإذا كانت المقدمات والنتيجات غير منكرين عقلا ولا شرعا، فإنكارهما أو إنكار أحدهما غير ملتفت إليه، ولا معول عليه" (Jam' ul-wassâ'ïl).

Cependant, ce qui n'est pas clair, c'est le point suivant...

D'un côté, sur une page, 'Alî al-qârî relate que la posture de al-Ahdal est la réfutation de la possibilité de voir le Prophète en état de veille : "وأنكر ذلك جماعة، منهم الأهدل اليمني حيث قال: "القول بذلك يدرك فساده بأوائل العقول، لاستلزامه خروجه من قبره، ومشيه في الأسواق، ومخاطبته للناس، ومخاطبتهم له، وخلو قبره عن جسده المقدس، فلا يبقى منه فيه شيء بحيث يزار مجرد القبر، ويسلم على غائب. وأشار كذلك القرطبي في الرد على القائل بأن الرائي له في المنام رأى حقيقة، ثم يراه كذلك في اليقظة، قال: وهذه جهالات، ولا يقول بشيء منها من له أدنى مسكة من المعقول، وملتزم شيء من ذلك مخبل مخبول. انتهى." وهذه الإلزامات كلها ليس شيء منها بلازم لذلك. ودعوى استلزامه لذلك عين الجهل أو العناد. وبيانه أن رؤيته - صلى الله عليه وسلم - يقظة لا تستلزم خروجه من قبره" (suit le texte que nous avons déjà reproduit) (Jam' ul-wâssâ'ïl). Ce passage montre que al-Ahdal est d'avis qu'il est tout simplement impossible de voir le Prophète en état de veille. Ceci à la différence de ce que 'Alî al-qârî présente comme l'avis juste : ces personnages ont bien vu le Prophète en état de veille : pour 'Alî al-qârî, ils ont alors vu son âme, laquelle peut se déplacer : "حكي أن أبا جمرة والمازري واليافعي وغيرهم عن جماعة من الصالحين أنهم رأوا النبي - صلى الله عليه وسلم - يقظة. وذكر ابن أبي جمرة عن جمع أنهم حملوا على ذلك رواية "فسيراني في اليقظة"، وأنهم رأوه نوما فرأوه يقظة بعد ذلك وسألوه عن تشويشهم في الأشياء، فأخبرهم بوجوه تفريجها، فكان ذلك بلا زيادة، ولا نقصان، وقد أشرنا إليه سابقا؛ قال: ومنكر ذلك: إن كان ممن يكذب بكرامات الأولياء، فلا بحث معه لأنه مكذب بما أثبتته السنة؛ وإلا، فهذه منها، إذ يكشف لهم بخرق العادة عن أشياء في العالم العلوي والسفلي. وحكيت رؤيته - صلى الله عليه وسلم - كذلك عن الأماثل كالإمام عبد القادر الجيلي، كما هو في عوارف المعارف، والإمام أبي الحسن الشاذلي، كما حكاه عنه التاج ابن عطاء الله، وكصاحبه الإمام أبي العباس المرسي، والإمام علي الوفائي، والقطب القسطلاني، والسيد نور الدين الإيجي. وجرى على ذلك الغزالي فقال في كتابه المنقذ من الضلال: "وهم - يعني أرباب القلوب - في يقظتهم يشاهدون الملائكة وأرواح الأنبياء، ويسمعون منهم أصواتا ويقتبسون منهم فوائد انتهى. وأنكر ذلك جماعة منهم الأهدل اليمني حيث قال" (Jam' ul-wassâ'ïl).

Cependant, sur la page suivante, 'Alî al-qârî approuve la posture de al-Ahdal et autre que lui lorsqu'ils font ta'wîl de ce qui est relaté de pieux relatant avoir vu le Prophète en état de veille : ces pieux, disent al-Ahdal et autre que lui, avaient probablement eu un "état d'absence", et c'est pendant ce moment qu'ils ont vu le Prophète (sur lui soit la paix) ; mais ils ont pris leur état d'"absence" pour : "l'état de veille" :
"قال ابن حجر [الهيتمي]: "وتأويل الأهدل وغيره ما وقع للأولياء من ذلك ("إنما هو في حال غيبته فيظنونها يقظة")، فيه إساءة ظن بهم، حيث يشتبه عليهم رؤية الغيبة برؤية اليقظة، وهذا لا يظن بأدون العقلاء فكيف بأكابر الأولياء."
قلت: ليس هذا من باب إساءة الظن، بل من باب التأويل الحسن جمعا بين المنقول والمشاهد والمعقول. فإنه لو حمل على الحقيقة [وهو الاحتمال الأوللكان يجب العمل بما سمعوا منه صلى الله عليه وسلم من أمر ونهي وإثبات ونفي؛ ومن المعلوم أنه لا يجوز ذلك إجماعا، كما لا يجوز بما وقع في حال المنام ولو كان الرائي من أكابر الأنام، وقد صرح المازري بأن من رآه يأمر بقتل من يحرم قتله، كان هذا من الصفات المتخيلة لا المرئية. فيتعين أن يحمل هذه الرؤية أيضا على رؤية عالم المثال أو عالم الأرواح، كما سبق تحقيقه عن الإمام حجة الإسلام. وبعد حملنا على عالم المثال، فيزول الإشكال على كل حال. فإن الأولياء في عالم الدنيا مع ضيقها، قد يحصل لهم أبدان مكتسبة وأجسام متعددة، تتعلق حقيقة أرواحهم بكل واحد من الأبدان، فيظهر كل في خلاف آخر من الأماكن والأزمان. وحينئذ لا نقول بأن الرسول صلى الله عليه وسلم مضيق عليه في عالم البرزخ بكونه محصورا في قبره، بل نقول إنه يجول في العالم السفلي والعالم العلوي. (فإن أرواح الشهداء مع أن مرتبتهم دون مرتبة الأنبياء إذا كانت في أجواف طير خضر تسرح في رياض الجنة، ثم تعود إلى قنديل معلقة تحت العرش كما هو مقرر، وفي محله محرر، مع أنه لم يقل أحد أن قبورهم خالية عن أجسادهم، وأرواحهم غير المتعلقة بأجسامهم لئلا يسمعوا سلام من يسلم عليهم.) وكذا ورد أن الأنبياء يلبون ويحجون. فنبينا صلى الله عليه وسلم أولى بهذه الكرامات. وأمته مكرمة بحصول خوارق العادات. فيتعين تأويل الأهدل وغيره فتأمل.
ومن جملة تأويلاته: قوله في قول العارف أبي العباس المرسي "لو حجب عني رسول الله - صلى الله عليه وسلم - طرفة عين، ما عددت نفسي مسلما"، بأن: "هذا فيه تجوز، أي: "لو حجب عني حجاب غفلة"؛ ولم يرد أنه "يحجب عن الروح الشخصية طرفة عين"، فذلك مستحيل"؛ أي: عرفا وعادة؛ إذ لا يعرف استمرار خارق العادة أصلا لا شرعا ولا عقلا. فاندفع قول ابن حجر [الهيتمي]: "لا استحالة فيه بوجه أصلا"
(Jam' ul-wâssâ'ïl). 

Alors :
–--- 'Alî al-qârî pense-t-il que des pieux ont vu l'âme du Prophète venir près d'eux pendant un état d'absence, qu'ils ont pris pour un état de veille ? Ensuite, vu que ce n'est pas la possibilité de voir le Prophète pendant le sommeil qui fait l'objet de toutes ces divergences, al-Ahdal, par les termes "un état d'absence" (في حال غيبة), voulait-il dire : "dans un moment de somnolence" (lui qui réfute toute possibilité de voir le Prophète en état de veille) ? et 'Alî al-qârî l'a-t-il pour sa part interprété comme signifiant : "dans un état d'absence de conscience pour cause de profonde extase spirituelle" (lui qui est d'avis que voir le Prophète en état de veille est possible) ?
Je serais tenté de penser que c'est bien là ce que 'Alî al-qârî a voulu dire.

Wallâhu A'lam (Dieu sait mieux).

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