Dans le Coran et la Sunna, le terme "shaytân" est employé tantôt en son sens propre, et tantôt en un sens figuré - للفظ "الشيطان" مَعنًى حقيقيّ ومَعانٍ مجازيّة

Question :

As-salâm 'aleïkum wa rahmatullah wa barakatuh.

En lisant le recueil de Muslim traduit en français, j'ai été extrêmement perturbé en lisant ce hadith : Jâbir Ibn Abdillâh rapporte : "Le Prophète nous a ordonné de tuer les chiens, même celui qui accompagne une femme venant du désert. Puis le Prophète nous a interdit cela en disant : "Tuez seulement le chien noir aux deux tâches blanches au dessus de ses yeux, car c'est un démon".
Ce hadith a été rapporté par Muslim, Abu Dawud et Ahmad.

N'est-ce pas là de la superstition ?
Comment expliquer un tel ordre prophétique ?

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Réponse :

Wa 'alaykum us-salâm wa rahmatullâhi wa barakâtuh.

Ce n'est pas toujours en son sens propre qu'il faut appréhender le terme "shaytân" (que vous avez trouvé traduit dans votre traduction par : "démon").
Le terme "
shaytân" figurant dans ce hadîth au sujet du chien noir est à appréhender en son sens figuré : il s'agit du sens E ("un être agressif").

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Si Iblîs et ses disciples ont pour leur part été nommés "shaytân" en le sens propre, A, du terme, voici d'autres sens - figurés pour la totalité, ou pour la plupart - avec lesquels le nom "shaytân" a été employé au sujet d'autres êtres : 
B) un Djinn Kâfir, même s'il n'est pas Mudhill (égarant) ;
C) un être qui est Mudhill, même s'il n'est pas un Djinn mais un humain ;
D) un être qui est responsable (mukallaf) mais qui commet ce qui est interdit - ou même, parfois, ce qui est seulement inapproprié -, fût-il un humain ;
E) un être indocile / agressif, fût-il un animal ;
F) un être qui est Fâtin (perturbant) par rapport à l'Adoration de Dieu, fût-il un humain ;
F') un être qui est Fâtin de façon totalement involontaire et inconsciente, fût-il un humain, ou un animal ;
G) un être qui a une apparence effrayante, fût-il un humain, un animal ou un végétal.

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On peut dès lors dire : "En fait, le chien noir n'est pas véritablement un démon". "فإذا قالوا "إن هذه الأسماء مجاز"، أمكنهم نفي ذلك، لأن علامة المجاز صحة نفيه. فكل من أنكر أن يكون اللفظ حقيقة، لزمه جواز إطلاق نفيه؛ فمن أنكر أن يكون [الله] استوى على العرش حقيقة، فإنه يقول: "ليس الرحمن على العرش استوى"؛ كما أن من قال: "إن لفظ الأسد للرجل الشجاع والحمار للبليد ليس بحقيقة"، فإنه يلزمه صحة نفيه فيقول: "هذا ليس بأسد ولا بحمار، ولكنه آدمي" (MF 3/219).

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Par ailleurs, je suis de l'avis qui dit que l'ordre de tuer tout chien noir n'est pas en vigueur : soit cela a été abrogé ; soit cela était lié à une ratio legis particulière : le chien de cette couleur était là-bas un chien mordeur.

Explications détaillées ci-après, insha Allâh.

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Introduction :

Le nom "shaytân", "شَيْطَانٌ", a pour lettres radicales :
-- soit : ش-ي-ط (pour : "être détruit", "ou : "brûler"), la lettre "nûn" étant alors rajoutée, et le mot étant sur le schème "فَعْلَانٌ" ;
-- soit : ش-ط-ن (pour : "être éloigné"), la lettre "yâ'" étant alors rajoutée et le terme ayant pour schème "فَيْعَالٌ" (cf. Tafsîr ul-Qurtubî, 1/89).
Le second avis a été qualifié de "plus pertinent" par des spécialistes.

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En fait Iblîs n'était pas "shaytân" avant de se rebeller contre l'ordre tashrî'î de Dieu d'effectuer une prosternation de respect devant Adam.
Il ne le devint qu'une fois ayant été rejeté et éloigné par Dieu, et ce suite à son refus de pratiquer cet ordre divin, suivi de sa critique de la pertinence de celui-ci ; il annonça alors à Dieu se consacrer désormais à égarer le maximum d'humains, en les invitant
à désobéir eux aussi à leur Créateur et Pourvoyeur, et ce afin d'en entraîner le maximum avec lui dans la Géhenne
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Dès lors...

Soit le terme "shaytân" signifie tout simplement : "متمرّد", "rebelle" : c'est là son sens propre ; cependant, ce sens s'applique aux différents individus ainsi appelés avec différentes intensités : Iblîs comme le chien tout noir sont véritablement des shaytân, mais au simple sens de "rebelle" / "agressif" : la différence c'est que le degré de rébellion de Iblîs est de loin beaucoup plus grand que celui du chien noir. Cela semble être la posture de Ibn Taymiyya (qui a écrit : "أشار صلى الله عليه وسلم في الإبل إلى أنها من الشياطين؛ يريد - والله أعلم - أنها من جنس الشياطين ونوعهم. فإن كل عات متمرد شيطان، من أي الدواب كان - كالكلب الأسود شيطان، والإبل شياطين الأنعام -، كما للإنس شياطين وللجن شياطين. ولهذا قال عمر بن الخطاب رضي الله عنه لما أركبوه برذونا فجعل يهملج به فقال : "إنما أركبوني شيطانا" : Shar'h ul-'Umda).

Soit - et c'est la possibilité à laquelle personnellement j'adhère - ce terme "shaytân" possède un sens propre, avec lequel il ne s'applique qu'à Iblîs et ses affidés ; cependant, il a ensuite également été employé avec plusieurs sens figurés, et c'est au sens figuré que le chien tout noir a été qualifié de shaytân. Car si, sur le plan purement étymologique, le nom "shaytân" signifiait effectivement "rebelle" de façon générale, par la suite l'usage a déplacé son sens, ayant restreint au "Rebelle qu'est Iblîs" : cela est alors devenu le sens propre de ce nom (ce qui correspond au cas B.B.B.B ou B.B.B.C dans mon article traitant du déplacement de sens du mot).
Plus bas, en I, il sera ainsi exposé que :
--- le sens A constitue le sens propre du terme : le "shaytân" est le Djinn qui est Kâfir et qui est Mudhill (égarant les autres) (et qui possède donc en lui à la fois les attributs 1, 5 et 6 que nous verrons plus bas) ;
--- les autres sens (C, D, E, F et G) sont des sens figurés (معانٍ مجازيّة), en l'occurrence des métaphores (استعارات) : comme toute métaphore, ils impliquent en amont des comparaisons (la métaphore étant l'enfant de la comparaison) ; or, toute comparaison (تشبيه) est rendue possible par le fait que le comparé possède un, ou quelques-uns, de l'ensemble des attributs que le comparant possède (mais pas la totalité de ses attributs essentiels)  ;
--- pour ce qui est du sens B, j'hésite : est-ce une application du terme en son sens propre (auquel cas l'attribut "Mudhill" ne fait pas partie de l'essence du shaytân), ou bien en un sens figuré (l'attribut "Mudhill" faisant alors bel et bien partie de l'essence du shaytân) ?

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Voici quelques attributs que le Shaytân (au sens propre du terme) possède :
--- 1) être un djinn qui est devenu kâfir ;
--- 2) et ce pour s'être rebellé explicitement contre un ordre tashrî'î de Dieu ;
--- 3) commettant lui-même, dans sa relation personnelle à Dieu, bien d'autres choses que Dieu déteste ;
--- 4) agressif et vindicatif vis-à-vis des humains (parfois même sur le plan physique) ;
--- 5) induisant les hommes en erreur, en leur faisant croire être "vrai" ce qui est faux, et leur faisant croire "juste" ce qui est injuste ;
--- 6) fâtin, c'est-à-dire : troublant les gens par rapport au fait d'accomplir ce que Dieu a rendu obligatoire sur eux, et les attirant à commettre ce que Dieu leur a interdit ; et ce en leur faisant de fausses promesses ;
--- 7) effrayant / repoussant sur le plan physique.

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I) Voici maintenant différentes applications du qualificatif "shaytân" à différents êtres : certaines sont avec ce terme ayant son sens propre ; d'autres sont avec ce terme ayant l'un de ses sens figurés, par métaphore, parce que telle chose - n'étant nullement un Djinn Kâfir Egarant - possède l'un des attributs venant d'être mentionnés :

Ont ainsi été nommés "shaytân" dans le Coran ou la Sunna...

A) Iblîs, le Djinn qui a explicitement contesté un Ordre Tashrî'î de Dieu (2) et est alors devenu kâfir (1) ; qui s'est ensuite donné pour mission d'égarer au maximum qu'il peut les hommes (5 & 6), et ce par rancœur vis-à-vis de l'homme (à qui Dieu a donné préférence sur lui) (4) ; qui égare les hommes en leur faisant croire être "vrai" ce qui est faux, et leur faisant croire "juste" ce qui est injuste (5) ; qui les attire également vers le fait de commettre ce que Dieu a interdit, en leur faisant miroiter l'avantage immédiat qu'il y a à commettre ce mal (6) ; enfin qui est laid (7).

--- A.1) Dans le verset qui vient, c'est bien Iblîs qui a été nommé "ash-Shaytân" avec l'article défini (Lâm) de l'excellence (qui possède son équivalent, en langue française, avec la lettre majuscule : "Satan") : "فَوَسْوَسَ لَهُمَا الشَّيْطَانُ لِيُبْدِيَ لَهُمَا مَا وُورِيَ عَنْهُمَا مِن سَوْءَاتِهِمَا وَقَالَ مَا نَهَاكُمَا رَبُّكُمَا عَنْ هَذِهِ الشَّجَرَةِ إِلاَّ أَن تَكُونَا مَلَكَيْنِ أَوْ تَكُونَا مِنَ الْخَالِدِينَ" (Coran 7/20) : il est ici question de Iblîs suggérant à Adam et Eve (que la paix soit eux) de manger le fruit défendu.

--- A.2) Ensuite, par extension, tout subordonné d'Iblîs - c'est-à-dire tout djinn kâfir qui est mudhill (qui a donc en lui à la fois les attributs 1, 5 et 6) - est lui aussi nommé "shaytân" - et ce, toujours au sens propre - :
--- parfois avec un article défini générique (Lâm ul-jins) : "عن حذيفة، قال: قال رسول الله صلى الله عليه وسلم: "إن الشيطان يستحلّ الطعام أن لا يذكر اسم الله عليه" (Muslim, 2017) : il ne s'agit pas d'Iblîs en personne, ici ; (et réciter la Basmala empêche ce genre de Djinn de s'associer à l'activité que l'on va faire ; )
--- d'autres fois en étant indéterminé (bi-t-Tanwîn) : "حدثنا محمد، أخبرنا عبدة، عن هشام بن عروة، عن أبيه، عن ابن عمر رضي الله عنهما، قال: قال رسول الله صلى الله عليه وسلم: "إذا طلع حاجب الشمس فدعوا الصلاة حتى تبرز، وإذا غاب حاجب الشمس فدعوا الصلاة حتى تغيب. ولا تحيّنوا بصلاتكم طلوع الشمس ولا غروبها، فإنها تطلع بين قرني شيطان"، أو "الشيطان" - لا أدري أي ذلك قال هشام" (al-Bukhârî, 3099).

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– B) Un Djinn Kâfir, même s'il n'est pas Mudhill (seul est ici présent : l'attribut 1) (voir note II plus bas : il s'agit du troisième cas).

--- Ce furent des djinns de ce type qui avaient été assujettis au prophète-roi Salomon (sur lui soit la paix) : "فَسَخَّرْنَا لَهُ الرِّيحَ تَجْرِي بِأَمْرِهِ رُخَاء حَيْثُ أَصَابَ وَالشَّيَاطِينَ كُلَّ بَنَّاء وَغَوَّاصٍ وَآخَرِينَ مُقَرَّنِينَ فِي الْأَصْفَادِ هَذَا عَطَاؤُنَا فَامْنُنْ أَوْ أَمْسِكْ بِغَيْرِ حِسَابٍ" (Coran 38/36-39). "وَمِنَ الشَّيَاطِينِ مَن يَغُوصُونَ لَهُ وَيَعْمَلُونَ عَمَلًا دُونَ ذَلِكَ وَكُنَّا لَهُمْ حَافِظِينَ" (Coran 21/82). "وَلِسُلَيْمَانَ الرِّيحَ غُدُوُّهَا شَهْرٌ وَرَوَاحُهَا شَهْرٌ وَأَسَلْنَا لَهُ عَيْنَ الْقِطْرِ وَمِنَ الْجِنِّ مَن يَعْمَلُ بَيْنَ يَدَيْهِ بِإِذْنِ رَبِّهِ وَمَن يَزِغْ مِنْهُمْ عَنْ أَمْرِنَا نُذِقْهُ مِنْ عَذَابِ السَّعِيرِ يَعْمَلُونَ لَهُ مَا يَشَاء مِن مَّحَارِيبَ وَتَمَاثِيلَ وَجِفَانٍ كَالْجَوَابِ وَقُدُورٍ رَّاسِيَاتٍ" (Coran 34/12-13). "فَلَمَّا قَضَيْنَا عَلَيْهِ الْمَوْتَ مَا دَلَّهُمْ عَلَى مَوْتِهِ إِلَّا دَابَّةُ الْأَرْضِ تَأْكُلُ مِنسَأَتَهُ فَلَمَّا خَرَّ تَبَيَّنَتِ الْجِنُّ أَن لَّوْ كَانُوا يَعْلَمُونَ الْغَيْبَ مَا لَبِثُوا فِي الْعَذَابِ الْمُهِينِ" (Coran 34/14).

--- Ce sont également des djinns de ce type qui sont désignés dans ce hadîth : "عن أبي سعيد الخدري، قال: سمعته قال: قال رسول الله صلى الله عليه وسلم: "إن بالمدينة نفرا من الجن قد أسلموا. فمن رأى شيئا من هذه العوامر فليؤذنه ثلاثا؛ فإن بدا له بعد فليقتله، فإنه شيطان" (Muslim 2236/141). An-Nawawî commente : "قال العلماء: معناه وإذا لم يذهب بالإنذار علمتم أنه ليس من عوامر البيوت ولا ممن أسلم من الجن بل هو شيطان فلا حرمة عليكم، فاقتلوه ولن يجعل الله له سبيلا للانتصار عليكم بثأره؛ بخلاف العوامر ومن أسلم. والله أعلم" (Shar'h Muslim).

--- Ce fut encore un djinn de ce type qui vint voler la nourriture collectée en zakât du ramadan, et que Abû Hurayra avait été chargé de garder : "فأصبحت فقال لي رسول الله صلى الله عليه وسلم: "ما فعل أسيرك البارحة؟"، قلت: "يا رسول الله، زعم أنه يعلمني كلمات ينفعني الله بها، فخليت سبيله"، قال: "ما هي؟"، قلت: "قال لي: "إذا أويت إلى فراشك فاقرأ آية الكرسي من أولها حتى تختم الآية: {الله لا إله إلا هو الحي القيوم}"، وقال لي: "لن يزال عليك من الله حافظ، ولا يقربك شيطان حتى تصبح"" - وكانوا أحرص شيء على الخير. فقال النبي صلى الله عليه وسلم: "أما إنه قد صدقك وهو كذوب. تعلم من تخاطب منذ ثلاث ليال يا أبا هريرة؟"، قال: "لا"، قال: "ذاك شيطان" (al-Bukhârî, 2187).

Réciter Âyat ul-Kursî empêche ce genre de Djinns (type C) de s'approcher.

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C) Un être qui est Mudhill, même s'il n'est pas un djinn mais est un humain (seul est ici présent : l'attribut 5) :

--- "وَكَذَلِكَ جَعَلْنَا لِكُلِّ نِبِيٍّ عَدُوًّا شَيَاطِينَ الإِنسِ وَالْجِنِّ يُوحِي بَعْضُهُمْ إِلَى بَعْضٍ زُخْرُفَ الْقَوْلِ غُرُورًا وَلَوْ شَاء رَبُّكَ مَا فَعَلُوهُ فَذَرْهُمْ وَمَا يَفْتَرُونَ وَلِتَصْغَى إِلَيْهِ أَفْئِدَةُ الَّذِينَ لاَ يُؤْمِنُونَ بِالآخِرَةِ وَلِيَرْضَوْهُ وَلِيَقْتَرِفُواْ مَا هُم مُّقْتَرِفُونَ" (Coran 6/112-113).

--- "وَإِذَا لَقُواْ الَّذِينَ آمَنُواْ قَالُواْ آمَنَّا وَإِذَا خَلَوْاْ إِلَى شَيَاطِينِهِمْ قَالُواْ إِنَّا مَعَكْمْ إِنَّمَا نَحْنُ مُسْتَهْزِؤُونَ" (Coran 2/114).

Le verset qui suit montre bien que ce cas C n'est pas au sens propre, contrairement au cas A : "وَإِنَّ الشَّيَاطِينَ لَيُوحُونَ إِلَى أَوْلِيَآئِهِمْ لِيُجَادِلُوكُمْ" (Coran 6/121) : le terme "shayâtîn" désigne ici le cas A.2, alors même que les humains du cas C sont présentés comme étant seulement les "awliyâ'" de ces shayâtîn.

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D) Un être qui est responsable (mukallaf) mais qui commet ce qui est interdit - ou même parfois ce qui est seulement inapproprié -, fût-il humain (seul est ici présent : l'attribut 3) :

--- Un homme suivait une colombe (soit pour l'utiliser pour jouer au jeu de hasard avec mise d'argent - qimâr -, soit pour jouer à un jeu stupide) ; le Prophète le vit, et fit alors la remarque suivante : "Un shaytân suivant une shaytâna""عن أبي هريرة، أن رسول الله صلى الله عليه وسلم: رأى رجلا يتبع حمامة فقال: "شيطان يتبع شيطانة" (Abû Dâoûd, 4943) ; "قال التوربشتي: وإنما سماه شيطانا لمباعدته عن الحق واشتغاله بما لا يعنيه، وسماها شيطانة لأنها أورثته الغفلة عن ذكر الله والشغل عن الأمر الذي كان بصدده في دينه ودنياه. قال النووي: اتخاذ الحمام للفرخ والبيض أو الأنس أو حمل الكتب جائز بلا كراهة؛ وأما اللعب بها للتطيير، فالصحيح أنه مكروه؛ فإن انضم إليه قمار ونحوه، ردت الشهادة" (Mirqât ul-mafâtîh).

--- "Un voyageur seul est un shaytân. Deux voyageurs sont deux shaytân. Trois personnes constituent un groupe de voyageurs" : "عن عمرو بن شعيب، عن أبيه، عن جده، قال: قال رسول الله صلى الله عليه وسلم: "الراكب شيطان، والراكبان شيطانان، والثلاثة ركب" (Abûd Dâoûd, 2607, at-Tirmidhî, 1674, Mâlik).

--- "عن عائشة، قالت: كان رسول الله صلى الله عليه وسلم جالسا فسمعنا لغطا وصوت صبيان، فقام رسول الله صلى الله عليه وسلم فإذا حبشية تزفن والصبيان حولها، فقال: "يا عائشة تعالي فانظري". فجئت فوضعت لحيي على منكب رسول الله صلى الله عليه وسلم، فجعلت أنظر إليها ما بين المنكب إلى رأسه، فقال لي: "أما شبعت؟ أما شبعت؟" قالت: فجعلت أقول لا لأنظر منزلتي عنده. إذ طلع عمر، قالت: فارفض الناس عنها. قالت: فقال رسول الله صلى الله عليه وسلم: "إني لأنظر إلى شياطين الإنس والجن قد فروا من عمر". قالت: فرجعت. هذا حديث حسن صحيح غريب من هذا الوجه"" : Aïcha raconte : "Le Prophète était assis [chez nous] quand nous entendîmes un bruit et des voix d'enfants. Le Prophète se leva. Il y avait (dehors) une abyssinienne qui virevoltait ("tazfinu"), avec autour d'elle des enfants. Le Prophète me dit : "Aïcha, viens voir." Je vins et plaçai ma mâchoire [= menton, ou joue] sur l'épaule du Prophète, et me mis à regarder au travers de l'espace compris entre son épaule et sa tête. Puis il me dit : "N'en as-tu pas assez ? N'en as-tu pas assez ?" Je me mis à dire : "Non", afin de voir la place que j'avais auprès de lui. Soudain Omar survint. Tout le monde se dispersa alors." Le Prophète dit alors : "Je regarde les Shaytân des hommes et des djinns s'étant enfuis de Omar" (at-Tirmidhî, 3691).

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E) Un être indocile / agressif, fût-il un animal (seul ici est présent l'attribut 4, ainsi que quelque chose de l'attribut 2 - la rébellion, même si ce n'est, ici, pas contre Dieu -) :

--- "N'accomplissez pas la prière dans les enclos des chameaux, car ceux-ci font partie des shaytân" : "عن البراء بن عازب، قال: سئل رسول الله صلى الله عليه وسلم عن الصلاة في مبارك الإبل؟ فقال: "لا تصلوا في مبارك الإبل، فإنها من الشياطين". وسئل عن الصلاة في مرابض الغنم؟ فقال: "صلوا فيها، فإنها بركة" (Abû Dâoûd, 493) ; "عن ابن مغفل، قال: قال رسول الله صلى الله عليه وسلم: "إذا حضرت الصلاة وأنتم في مرابض الغنم فصلوا. وإذا حضرت وأنتم في أعطان الإبل فلا تصلوا، فإنها خلقت من الشياطين" (Ahmad, 20541) ; "عن جابر بن سمرة، أن رجلا سأل رسول الله صلى الله عليه وسلم: أأتوضأ من لحوم الغنم؟ قال: "إن شئت فتوضأ، وإن شئت فلا توضأ." قال: أتوضأ من لحوم الإبل؟ قال: "نعم، فتوضأ من لحوم الإبل." قال: "أصلي في مرابض الغنم؟" قال: "نعم." قال: "أصلي في مبارك الإبل؟" قال: "لا" (Muslim, 360). Abû Hanîfa, Mâlik et ash-Shâfi'î ont dit qu'accomplir la prière dans les lieux où les chameaux s'accroupissent après avoir bu, ou bien dans leurs enclos, cela a été défendu ici seulement parce que ces animaux sont parfois très agressifs (c'est le sens du qualificatif "shaytân" leur ayant été appliqué) : "وأما إباحته صلى الله عليه وسلم الصلاة في مرابض الغنم دون مبارك الإبل فهو متفق عليه. والنهي عن مبارك الإبل وهي أعطانها نهي تنزيه وسبب الكراهة ما يخاف من نفارها وتهويشها على المصلي والله أعلم" (ShM 4/69) ; "وإن بسط شيئا طاهرا وصلى عليه أو صلى في موضع طاهر منه صحت صلاته لكن يكره في أعطان الإبل ولا تكره في مراح الغنم. وليست الكراهة بسبب النجاسة فإنهما سواء في نجاسة البول والبعر. وانما سبب كراهة اعطان لابل ما ذكره المصنف والأصحاب وهو ما يخاف من نفارها. بخلاف الغنم فإنها ذات سكينة ولهذا ثبت في صحيح البخاري وغيره إن النبي صلى الله عليه وسلم قال: "ما من نبي إلا رعى الغنم"، وقال في الإبل: "إنها خلقت من الشياطين"؛ قال الخطابي: "معناه لما فيها من النفار والشرور وربما أفسدت على المصلي صلاته". قال: "والعرب تسمي كل مارد: شيطانا". قال أصحابنا: وقد يكون في الغنم مثل عطن الإبل، فيكون حكمه حكم عطن الإبل" (Al-Majmû'). On lit ici que des shafi'ites ont procédé à l'analogie, et ont dit qu'il existe certains caprins ou ovins qui sont agressifs comme le sont en général les chameaux : la même règle les concerne alors.

--- Il y a aussi le célèbre récit avec Omar ibn ul-Khattâb (que Dieu l'agrée) se rendant à Jérusalem ; quand on lui proposa de monter un cheval de type birdhawn plutôt que son chameau, il finit par accepter. Mais le cheval s'étant montré particulièrement rétif, il dit : "Arrêtez(-le), arrêtez-(le). Je ne pensais pas, avant cela, que les gens montaient le shaytân" ; puis il en redescendit et monta de nouveau son chameau : "فقال له الجلومس: "أنت ملك العرب وهذه بلاد لا تصلح بها الإبل. فلو لبست شيئا غير هذا وركبت برذونا، لكان ذلك أعظم في أعين الروم". فقال: "نحن قوم أعزنا الله بالإسلام فلا نطلب بغير الله بديلا". فأتي ببرذون فطرح عليه قطيفة بلا سرج ولا رحل فركبه بها؛ فقال: "احبسوا احبسوا، ما كنت أرى الناس يركبون الشيطان قبل هذا". فأتي بجمله فركبه" (Al-Bidâya wa-n-nihâya).

--- "Rompent la prière : l'âne, la femme et le chien noir". (...) "Le chien noir est un shaytân" : "عن عبد الله بن الصامت، عن أبي ذر، قال: قال رسول الله صلى الله عليه وسلم: "إذا قام أحدكم يصلي، فإنه يستره إذا كان بين يديه مثل آخرة الرحل. فإذا لم يكن بين يديه مثل آخرة الرحل، فإنه يقطع صلاته الحمار والمرأة والكلب الأسود". قلت: "يا أبا ذر، ما بال الكلب الأسود من الكلب الأحمر من الكلب الأصفر؟" قال: "يا ابن أخي، سألت رسول الله صلى الله عليه وسلم كما سألتني، فقال: "الكلب الأسود شيطان" (Muslim, 510, Abû Dâoûd, 702, at-Tirmidhî, 338). Abû Hanîfa, Mâlik et ash-Shâfi'î n'ont pas appréhendé cela en sa littéralité : la prière rituelle n'est pas annulée par le passage de l'une de ces choses ; c'est la concentration qui en est annulée. Si le chien tout noir dont il est ici question était un chien particulièrement agressif (nous allons y revenir), son passage pouvait perturber particulièrement celui qui prie, celui-ci craignant d'être attaqué quand il n'y a pas de chose s'interposant entre lui et ce chien. Par contre, si ce qui était signifié ici est que le chien tout noir est véritablement un diable lui aussi, alors le passage d'un diable annulerait lui aussi la prière ; or Iblîs lui-même est survenu un jour devant le Prophète pour tenter de l'agresser physiquement pendant qu'il priait, et celui-ci n'a pas considéré la prière invalidée : "عن أبي الدرداء، قال: قام رسول الله صلى الله عليه وسلم فسمعناه يقول: "أعوذ بالله منك" ثم قال "ألعنك بلعنة الله" ثلاثا، وبسط يده كأنه يتناول شيئا. فلما فرغ من الصلاة قلنا: "يا رسول الله قد سمعناك تقول في الصلاة شيئا لم نسمعك تقوله قبل ذلك، ورأيناك بسطت يدك". قال: "إن عدو الله إبليس جاء بشهاب من نار ليجعله في وجهي، فقلت: "أعوذ بالله منك"، ثلاث مرات، ثم قلت: "ألعنك بلعنة الله التامة"، فلم يستأخر، ثلاث مرات؛ ثم أردت أخذه. والله لولا دعوة أخينا سليمان لأصبح موثقا يلعب به ولدان أهل المدينة" (Muslim, 542).

--- A un moment donné de la vie médinoise, le Prophète (que Dieu le bénisse et le salue) ordonna aux Compagnons de tuer les chiens ; après un moment, il leur interdit de les tuer, sauf le chien tout noir avec deux taches (au-dessus des yeux), ajoutant : "Car c'est un shaytân" : "عن جابر بن عبد الله، قال: "أمرنا رسول الله صلى الله عليه وسلم بقتل الكلاب، حتى إن المرأة تقدم من البادية بكلبها فنقتله. ثم نهى النبي صلى الله عليه وسلم عن قتلها، وقال: "عليكم بالأسود البهيم ذي النقطتين، فإنه شيطان" (Muslim, 1572). "عن عمرو بن دينار، عن ابن عمر، أن رسول الله صلى الله عليه وسلم أمر بقتل "الكلاب إلا كلب صيد، أو كلب غنم، أو ماشية". فقيل لابن عمر: "إن أبا هريرة يقول: "أو كلب زرع"!"؛ فقال ابن عمر: "إن لأبي هريرة زرعا" (Muslim, 1571) ("قال العلماء: ليس هذا توهينا لرواية أبي هريرة ولا شكا فيها؛ بل معناه أنه لما كان صاحب زرع وحرث، اعتنى بذلك وحفظه وأتقنه؛ والعادة أن المبتلى بشئ يتقنه ما لا يتقنه غيره ويتعرف من أحكامه ما لا يعرفه غيره. وقد ذكر مسلم هذه الزيادة - وهى اتخاذه للزرع - من رواية ابن المغفل ومن رواية سفيان ابن أبي زهير عن النبي صلى الله عليه وسلم" : ShM 10/236). "عن ابن المغفل، قال: أمر رسول الله صلى الله عليه وسلم بقتل الكلاب. ثم قال: "ما بالهم وبال الكلاب؟". ثم رخص في* كلب الصيد وكلب الغنم" (Muslim, 1573) (* أي في اقتناء كلب الصيد).
Au sujet de l'ordre - antérieur - de tuer les chiens : deux interprétations existent :
----- il s'agissait alors de tuer tous les chiens que les Compagnons voyaient ;
----- il s'agissait alors de tuer seulement les chiens qui n'étaient pas employés aux tâches de chasse, de gardiennage de troupeau et de champ (conformément à Muslim 1571 ; quant au second "thumma" figurant dans le Muslim 1573, il signifie : "par ailleurs") : "قال: واختلف القائلون بهذا هل كلب الصيد ونحوه منسوخ من العموم الأول في الحكم بقتل الكلاب، وأن القتل كان عاما في الجميع، أم كان مخصوصا بما سوى ذلك" (Shar'h Muslim, 10/235).
Au sujet de l'ordre - postérieur et abrogeant - de ne plus tuer les chiens : deux avis existent :
----- cet ordre abrogeant n'a pas inclus le chien tout noir : ce dernier, il faut continuer à le tuer ('Iyâdh : ShM 10/235-236) ;
----- l'abrogation a concerné tous les chiens, y compris le chien tout noir, qu'il est désormais interdit de tuer ; seuls le chien porteur de rage et le chien mordeur seront tués (al-Juwaynî). "أجمع العلماء على قتل الكلْب الكلِب والكلب العقور. واختلفوا في قتل مالا ضرر فيه؛ فقال إمام الحرمين من أصحابنا: أمر النبي صلى الله عليه وسلم أولا بقتلها كلها، ثم نسخ ذلك ونهي عن قتلها إلا الأسود البهيم، ثم استقر الشرع على النهي عن قتل جميع الكلاب التي لا ضرر فيها سواء الأسود وغيره" (Shar'h Muslim, 10/235) ; "قال الإمام أبو المعالي إمام الحرمين: والأمر بقتل الكلاب منسوخ. قال: وقد صح أن رسول الله صلى الله عليه وسلم أمر بقتل الكلاب مرة ثم صح أنه نهى عن قتلها. قال: واستقر الشرع عليه على التفصيل الذي ذكرناه. قال: وأمَر بقتل الأسود البهيم، وكان هذا في الابتداء، وهو الآن منسوخ. هذا كلام إمام الحرمين ولا مزيد على تحقيقه والله أعلم" (Shar'h Muslim, 3/186). "وأما الأمر بقتل الكلاب فقال أصحابنا: إن كان الكلب عقورا قتل؛ وإن لم يكن عقورا لم يجز قتله، سواء كان فيه منفعة من المنافع المذكورة أو لم يكن" (Ibid.) (العقور هو العاضّ). "فرع: قال أصحابنا: الكلب العقور والكلِب يقتلان للحديث الصحيح أن رسول الله صلى الله عليه وسلم قال: "خمس يقتلن في الحل والحرم"، منها "الكلب العقور". قال أصحابنا: وإن لم يكن الكلب عقورا ولا كلِبا، لم يجر قتله، سواء كان فيه منفعة أم لا، وسواء كان أسود أم لا؛ وهذا كله لا خلاف فيه بين أصحابنا؛ وممن صرح به القاضي حسين وإمام الحرمين. قال إمام الحرمين: الأمر بقتل الكلب الأسود وغيره كله منسوخ، فلا يحل قتل شئ منها اليوم: لا الأسود ولا غيره؛ إلا الكلِب والعقور" (Al-Majmû', Kitâb ul-Buyû').
Un chien qui n'est pas mordeur ni enragé, lui donner à boire est acte de récompense : Dieu a ainsi accordé Son Pardon à une femme de mauvaise vie [mais qui avait Asl ud-Dîn] parce qu'elle avait donné à boire à un chien assoiffé : "عن أبي هريرة رضي الله عنه، عن رسول الله صلى الله عليه وسلم، قال: غفر لامرأة مومسة، مرت بكلب على رأس ركي يلهث، قال: كاد يقتله العطش، فنزعت خفها، فأوثقته بخمارها، فنزعت له من الماء، فغفر لها بذلك" (al-Bukhârî, 3143). Une histoire similaire a eu lieu avec un homme : "عن أبي هريرة رضي الله عنه: أن رسول الله صلى الله عليه وسلم قال: "بينا رجل يمشي، فاشتد عليه العطش، فنزل بئرا، فشرب منها، ثم خرج فإذا هو بكلب يلهث يأكل الثرى من العطش، فقال: لقد بلغ هذا مثل الذي بلغ بي، فملأ خفه، ثم أمسكه بفيه، ثم رقي، فسقى الكلب، فشكر الله له، فغفر له." قالوا: يا رسول الله، وإن لنا في البهائم أجرا؟ قال: "في كل كبد رطبة أجر" (al-Bukhârî, 2234, Muslim 2244).

--- Ce qui a été dit dans ces deux hadîths au sujet du chien tout noir / noir à deux taches : est-ce lié à la seule couleur de son pelage ? ou bien la ratio legis est-elle tout autre ?
On note que dans la Sunna il est dit par ailleurs les meilleurs chevaux sont les chevaux tout noirs dotés d'une marque blanche sur le front, ainsi que sur le nez et les lèvres : "عن أبي قتادة، عن النبي صلى الله عليه وسلم قال: "خير الخيل الأدهم الأقرح الأرثم؛ ثم الأقرح المحجل طلق اليمين؛ فإن لم يكن أدهم فكميت على هذه الشية" (at-Tirmidhî, 1696, Ibn Mâja, 2789).

Serait-il possible que le type de chien ayant été décrit dans le hadîth par sa seule couleur : "tout noir" / "tour noir avec deux taches au-dessus des yeux", constituait en fait un type de chien particulièrement agressif (sa désignation par sa seule couleur ne ferait alors pas de celle-ci une 'illa mu'atthira, mais une sifa kâshifa) ?
On trouve une explication, sous la plume de al-Khattâbî, qui pourrait être interprétée comme cela : "ويقال: إن السود منها شرارها وعُقُرها" (Ma'âlim us-Sunan) : il faudrait cependant pouvoir interpréter ce propos comme induisant non pas une 'illa mu'atthira lâzima, mais une sifa kâshifa.

Je n'en sais pas plus (لا أدري).

Cela est comparable au fait que la Sunna a dit de ne tuer, parmi les serpents, que celui qui a telle caractéristique physique : "عن أبي لبابة، أن النبي صلى الله عليه وسلم قال: "لا تقتلوا الجنان، إلا كل أبتر ذي طفيتين، فإنه يسقط الولد ويذهب البصر، فاقتلوه" (al-Bukhârî, 3134), et que Ibn Mas'ûd a dit de ne pas tuer le serpent blanc qui est comparable à une baguette d'argent : "عن إبراهيم، عن ابن مسعود، أنه قال: "اقتلوا الحيات كلها، إلا الجان الأبيض الذي كأنه قضيب فضة" (Abû Dâoûd, 5261).

Il est évident que ni l'ordre du Prophète (sur lui soit la paix) de tuer le serpent ayant telle caractéristique, ni la parole de Ibn Mas'ûd disant de ne pas tuer le serpent de telle couleur, ne sont liés à ces seules caractéristiques physiques : en fait le premier était, dans cette région, un serpent dangereux ; tandis que le second était, dans cette région, un serpent inoffensif : les caractéristiques physiques n'en étaient que le descriptif (sifa kâshifa), et pas le principe motivant la règle ('illa mu'atthira / manât ul-hukm).

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F) Un être qui est Fâtin par rapport à l'Adoration de Dieu, fût-il humain (seul est ici présent : l'attribut 6) :

--- Celui qui persiste à vouloir passer tout près de celui qui prie, alors que celui-ci l'en a déjà empêché, le Prophète (sur lui soit la paix) l'a qualifié de "shaytân" : "عن أبي صالح السمان، قال: رأيت أبا سعيد الخدري في يوم جمعة يصلي إلى شيء يستره من الناس، فأراد شاب من بني أبي معيط أن يجتاز بين يديه، فدفع أبو سعيد في صدره، فنظر الشاب فلم يجد مساغا إلا بين يديه، فعاد ليجتاز، فدفعه أبو سعيد أشد من الأولى. فنال من أبي سعيد. ثم دخل على مروان، فشكا إليه ما لقي من أبي سعيد. ودخل أبو سعيد خلفه على مروان، فقال: "ما لك ولابن أخيك يا أبا سعيد؟" قال: "سمعت النبي صلى الله عليه وسلم يقول: "إذا صلى أحدكم إلى شيء يستره من الناس فأراد أحد أن يجتاز بين يديه، فليدفعه؛ فإن أبى، فليقاتله فإنما هو شيطان" (al-Bukhârî, 487, Muslim, 505). D'après les écoles hanafite et malikite, il est seulement demandé ici au prieur de le repousser avec plus d'emphase, et non pas de véritablement le combattre. "فإنما هو شيطان"، يريد أنه فَعَل فِعْلَ الشيطان فى أنه شغل قلب المصلى عن مناجاة ربه والإخلاص له، كما يخطر الشيطان بين المرء ونفسه فى الصلاة، فيذكره ما لم يذكر ليشغله عن مناجاة ربه، ويخلط عليه صلاته. وفيه أنه يجوز أن يقال للرجل إذا فتن فى الدين: "شيطان"، ولا عقوبة على من قال له ذلك. وفيه أن الحكم للمعانى لا للأسماء - بخلاف ما يذهب إليه أهل الظاهر فى نفيهم القياس -، لأنه يستحيل أن يصير المارّ بين يدى المصلى شيطانًا لمروره، فثبت أن الحكم للمعانى لا للأسماء -، وهو قول جمهور الأمة" (Shar'h Ibn Battâl).

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F') Un être qui est Fâtin de façon totalement involontaire et inconsciente, fût-il humain, ou animal (seul est ici présent : l'attribut 6) :

--- Dans le hadîth (déjà cité) avec l'homme qui suivait une colombe (soit pour jouer à un jeu stupide, soit pour l'utiliser pour jouer au jeu de hasard), quand il est dit que le Prophète fit la remarque suivante : "Un shaytân suivant une shaytâna" : "عن أبي هريرة، أن رسول الله صلى الله عليه وسلم: رأى رجلا يتبع حمامة فقال: "شيطان يتبع شيطانة" (Abû Dâoûd, 4943) : la colombe ne commet bien évidemment aucun mal ! C'est au sens figuré qu'elle a nommée ainsi, parce que ayant été la cause (involontaire) de cette action de cet homme : "وسماها شيطانة لأنها أورثته الغفلة عن ذكر الله والشغل عن الأمر الذي كان بصدده في دينه ودنياه" (Mirqât ul-mafâtîh).

--- "Lorsque l'un d'entre vous baille pendant la prière, qu'il garde la bouche fermée par sa main, car (sinon) le shaytân entre""عن أبي سعيد الخدري، قال: قال رسول الله صلى الله عليه وسلم: "إذا تثاءب أحدكم في الصلاة، فليكظم ما استطاع، فإن الشيطان يدخل في فيه" (Ahmad, 11262). Shâh Waliyyullâh en a proposé la ta'wîl suivante : "il veut dire que le bâillement est occasion présumée d'entrée d'une mouche ou chose semblable, ce qui occupera l'attention (du prieur) et retiendra celui-ci de ce qu'il avait l'objectif de faire" : "وقوله صلى الله عليه وسلم: "إذا تثاءب أحدكم في الصلاة فليكظم ما استطاع فإن الشيطان يدخل في فيه": أقول: يريد أن التثاؤب مظنة لدخول ذباب أو نحوه مما يشوش خاطره، ويصده عما هو بسبيله" (Hujjat ullâh il-bâligha, 2/33). Cette bestiole a ici qualifiée de shaytân car perturbant - sans évidemment en être consciente - la prière.
--- "Lorsque l'un d'entre vous baille, qu'il garde la bouche fermée par sa main, car (sinon) le diable entre" : "عن أبي سعيد الخدري، قال: قال رسول الله صلى الله عليه وسلم: "إذا تثاءب أحدكم، فليمسك بيده على فيه، فإن الشيطان يدخل" (Muslim, 2995). Shâh Waliyyullâh en a proposé la ta'wîl suivante : "le diable pousse une mouche ou une punaise à y entrer" ; "et parfois les nerfs du visage de la (personne qui bâille) se bloquent : nous avons vu cela" : "قال صلى الله عليه وسلم: "إذا تثاءب أحكم فليمسك بيده على فمه فإن الشيطان يدخله": أقول: الشيطان يهيج ذبابا أو بقة فيدخل في فمه؛ وربما تشنج أعصاب وجهه، وقد راينا ذلك" (Hujjat ullâh il-bâligha, 2/541).

--- "La femme s'avance sous la forme d'un shaytân" : "عن جابر، أن رسول الله صلى الله عليه وسلم رأى امرأة، فأتى امرأته زينب وهي تمعس منيئة لها، فقضى حاجته. ثم خرج إلى أصحابه، فقال: "إن المرأة تقبل في صورة شيطان، وتدبر في صورة شيطان، فإذا أبصر أحدكم امرأة فليأت أهله، فإن ذلك يرد ما في نفسه" (Muslim, 1403/9) ; dans d'autres versions, il n'y a pas la seconde phrase : "وتدبر في صورة شيطان" (Muslim, 1403, Abû Dâoûd, 2151, at-Tirmidhî, 1158).
En fait ce que ce hadîth veut dire, c'est non pas que la femme serait pécheresse, ou serait systématiquement tentatrice de façon volontaire, mais simplement que la femme trouble l'homme. D'ailleurs un autre hadîth dit que la femme, "lorsqu'elle sort, le shaytân la scrute" : "عن عبد الله، عن النبي صلى الله عليه وسلم، قال: "المرأة عورة، فإذا خرجت استشرفها الشيطان" (at-Tirmidhî, 1173) ; l'une des interprétations est que le terme "shaytân" désigne ici : "l'homme du cas D" : l'homme est celui qui, lorsqu'il porte un regard déplacé sur une femme, a été qualifié ici de shaytân. "ومعناه هنا: أن شياطين الإنس نظروا إليها؛ لأن الطباع مائلة إلى النساء أكثر مما تميل إلى غير النساء" (Al-Mafâtîh) ; "أو يريد بالشيطان: شيطان الإنس من أهل الفسق؛ سماه به على التشبيه" (Tuhfat ul-ahwadhî) ; interprétation également visible dans Mirqât ul-mafâtîh, Faydh ul-Qadîr, etc.
Si, dans le premier hadîth, la femme étant l'objet de ce regard déplacé a été elle aussi qualifiée de shaytân, c'est simplement au sens de fâtin (sens F') : "معناه: الإشارة إلى الهوى والدعوى إلى الفتنة بحالها وما جعل الله فى طباع الرجال من الميل إليها، كما يدعو الشيطان بوسوسته وإغوائه لذلك وتزيينه" (Ikmâl ul-mu'lim).
Parlant du fait que les hommes sont tentés par les femmes de façon générale, un autre hadîth encore dit : "عن أسامة بن زيد رضي الله عنهما، عن النبي صلى الله عليه وسلم قال: "ما تركت بعدي فتنة أضر على الرجال من النساء" (al-Bukhârî, 4808, Muslim, 2740) ; sur ce hadîth - qu'il a lui aussi rapporté dans son Jâmi' Sunan (2780), at-Tirmidhî a écrit : "باب ما جاء في تحذير فتنة النساء" (Jâmi' ut-Tirmidhî, Kitâb ul-Adab) ; Ibn Mâja a pour sa part titré : "باب فتنة النساء" (Sunan Ibn Mâja, Kitâb ul-Fitan). Ces deux érudits ont ici évoqué l'attirance que, de façon générale, les hommes ont pour les femmes.
Or il s'agit là d'une Fitna que les femmes exercent sur les hommes sans même le vouloir (d'ailleurs elles sont pour la plupart - au moins - agacées du fait que certains hommes adoptent en leur présence une attitude visuelle voire comportementale déplacée).

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G) Un être qui a une apparence effrayante / hideuse, fût-il humain, ou végétal (seul est ici présent : l'attribut 7) :

Je n'ai pas cependant pas trouvé sur le sujet de métaphore (استعارة), mais seulement trois comparaisons (تشبيه)...

--- De l'arbre az-Zaqqûm dans la Géhenne, Dieu dit dans le Coran : "Ses spathes, c'est comme si elles sont les têtes de démons" : "إِنَّهَا شَجَرَةٌ تَخْرُجُ فِي أَصْلِ الْجَحِيمِ طَلْعُهَا كَأَنَّهُ رُؤُوسُ الشَّيَاطِينِ" (Coran 37/64-65). Ibn Kathîr écrit que cela est dû à leur apparence repoussante, et ce eu égard au fait qu'il est inscrit dans l'inconscient humain que les démons sont hideux, et les anges très beaux : "قال تعالى: {طلعها كأنه رؤس الشياطين} الصحيح أنهم الشياطين - لا ضرب من الحيات، كما زعمه من زعمه من المفسرين، والله أعلم -؛ فإن النفوس مغروز فيها قبح الشياطين وحسن خلق الملائكة، وإن لم يشاءوا. ولهذا قال تعالى {طلعها كأنه رؤس الشياطين} وقال النسوة لما شاهدن جمال يوسف: {حاش لله ما هذا بشرا إن هذا إلا ملك كريم" (Al-Bidâya wa-n-Nihâya).

--- Pareillement, au sujet des dattiers qui poussaient près du puits de Dharwân, le Prophète a dit à Aïcha que "c'est comme si leurs houppiers étaient des têtes de diables" : "فجاء فقال: "يا عائشة، كأن ماءها نقاعة الحناء، أو كأن رؤوس نخلها رؤوس الشياطين" (al-Bukhârî, 5430, Muslim, 2189).

--- Quelqu'un étant entré dans la mosquée du Prophète (sur lui soit la paix) alors que sa chevelure et sa barbe étaient complètement hirsutes, le Prophète lui fit signe de la main de ressortir et d'aller s'arranger la chevelure et la barbe. C'est ce que l'homme fit. Puis il revint ; le Prophète dit alors : "Cela n'est-il pas meilleur que l'un d'entre vous vienne la tête tout ébouriffée, comme s'il était un diable ?" : "مالك، عن زيد بن أسلم، أن عطاء بن يسار أخبره قال: كان رسول الله صلى الله عليه وسلم في المسجد، فدخل رجل ثائر الرأس واللحية، فأشار إليه رسول الله صلى الله عليه وسلم بيده أن اخرج؛ كأنه يعني إصلاح شعر رأسه ولحيته. ففعل الرجل، ثم رجع. فقال رسول الله صلى الله عليه وسلم: "أليس هذا خيرا من أن يأتي أحدكم ثائر الرأس كأنه شيطان؟" (Mâlik dans son Muwatta', mursal).

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II) Note supplémentaire :

--- les i et ii - qui vont être cités ci-après - correspondent au A.2 qui a été cité en début d'article ;
--- et le iii correspond au B.

Il y a :

- i) le diable qui susurre le mal et dont un individu se trouve en permanence avec chaque humain : ""عن عبد الله بن مسعود، قال: قال رسول الله صلى الله عليه وسلم: "ما منكم من أحد إلا وقد وكل به قرينه من الجن وقرينه من الملائكة." قالوا: "وإياك يا رسول الله؟" قال: "وإياي، إلا أن الله أعانني عليه، فأسلم، فلا يأمرني إلا بخير" (Muslim, 2814) ; "عن عائشة زوج النبي صلى الله عليه وسلم، أن رسول الله صلى الله عليه وسلم خرج من عندها ليلا. قالت: فغرت عليه، فجاء فرأى ما أصنع، فقال: "ما لك؟ يا عائشة أغرت؟" فقلت: "وما لي لا يغار مثلي على مثلك؟" فقال رسول الله صلى الله عليه وسلم: "أقد جاءك شيطانك؟" قالت: "يا رسول الله أو معي شيطان؟" قال: "نعم"، قلت: "ومع كل إنسان؟" قال: "نعم"، قلت: "ومعك يا رسول الله"، قال: "نعم، ولكن ربي أعانني عليه حتى أسلم" (Muslim, 2815) ; "عن جابر، عن النبي صلى الله عليه وسلم قال: "لا تلجوا على المغيبات، فإن الشيطان يجري من أحدكم مجرى الدم". قلنا: "ومنك؟" قال: "ومني، ولكن الله أعانني عليه فأسلم" (at-Tirmidhî, 1172) ;

- ii) les diables dont :
--- certains susurrent à commettre un mal particulier : amener mari et épouse à se disputer beaucoup pour un rien : "عن جابر، قال: قال رسول الله صلى الله عليه وسلم: "إن إبليس يضع عرشه على الماء، ثم يبعث سراياه، فأدناهم منه منزلة أعظمهم فتنة. يجيء أحدهم فيقول: "فعلت كذا وكذا"، فيقول: "ما صنعت شيئا"، قال ثم يجيء أحدهم فيقول: "ما تركته حتى فرقت بينه وبين امرأته"، قال: فيدنيه منه ويقول: "نعم أنت" (Muslim, 2813) ;
--- d'autres cherchent à s'associer aux hommes lors de leurs activités temporelles telles que manger, etc., et la prononciation de la formule "Bismillâh" les en empêche ;
--- etc. ;

iii) les djinns mauvais qui se répandent juste après le coucher du soleil : "عن جابر رضي الله عنه، عن النبي صلى الله عليه وسلم، قال: "إذا استجنح الليل"، أو قال: "جنح الليل، فكفوا صبيانكم، فإن الشياطين تنتشر حينئذ؛ فإذا ذهب ساعة من العشاء فخلوهم. وأغلق بابك واذكر اسم الله، وأطفئ مصباحك واذكر اسم الله، وأوك سقاءك واذكر اسم الله، وخمر إناءك واذكر اسم الله، ولو تعرض عليه شيئا" (al-Bukhârî, 3106, Muslim, 2012/97).
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Ce ne sont pas ceux du premier mais ceux du troisième qui entrent en jeu dans des cas de sorcellerie (sih'r) véritable.

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III) Une autre utilisation encore, que l'on retrouve dans la Sunna : l'affiliation d'une action humaine au Diable (au sens propre, A, du terme). Cependant, si parfois le Diable est véritablement la source de cette action, d'autres fois l'affiliation ne lui est faite qu'au sens figuré :

- Une action dont le Diable (au sens A.2) est véritablement la cause et la source :

--- le cauchemar [il s'agit du cauchemar qui n'exprime ni une mise en garde adressée à l'individu par Dieu, ni un réel traumatisme personnel] : "Le rêve véridique provient de Dieu, et le cauchemar provient du Diable", "عن أبي قتادة، عن النبي صلى الله عليه وسلم، قال: "الرؤيا الصادقة من الله، والحلم من الشيطان" (al-Bukhârî, 6583).
Cela ne signifie pas que ce ne serait pas Dieu qui crée le cauchemar d'effroi, ni que ce ne serait pas Dieu qui a voulu (irâda takwîniyya) que ce cauchemar se soit produit.
Cela signifie seulement que le rêve véridique est une faveur accordée par Dieu au dormeur : ce dernier voit ainsi des choses réelles, parfois même : reçoit un message en provenance de l'ange étant en charge des rêves, voire : reçoit un message provenant de Dieu Lui-même.
Cela contrairement au cauchemar d'effroi, qui est pour sa part un message jeté dans l'âme du dormeur par le Diable, afin de le tourmenter. Ainsi, à un homme venu lui raconter qu'il avait vu en rêve que sa tête était coupée et qu'il essayait de la rattraper, le Prophète dit : "Lorsque le diable se joue de toi dans ton rêve, ne le raconte pas" : "عن جابر، عن رسول الله صلى الله عليه وسلم أنه قال لأعرابي جاءه فقال: "إني حلمت أن رأسي قطع فأنا أتبعه"، فزجره النبي صلى الله عليه وسلم وقال: "لا تخبر بتلعب الشيطان بك في المنام" (Muslim, n° 2268/14).

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- Des actions dont le Diable n'est pas forcément la cause et la source :

--- Le Prophète (que Dieu le bénisse et le salue) a défendu de s'assoir une partie du corps en plein soleil et l'autre à l'ombre, et a dit : "(Il s'agit là) d'une assise du shaytân" : "عن رجل من أصحاب النبي صلى الله عليه وسلم: أن النبي صلى الله عليه وسلم نهى أن يجلس بين الضِحّ والظل، وقال: "مجلس الشيطان" (Ahmad, 15421 : As-Silsilat us-sahîha, 838) ; "عن بريدة، أن النبي صلى الله عليه وسلم نهى أن يقعد بين الظل والشمس" (Ibn Mâja, 3722).
Or le Prophète (sur lui soit la paix) lui-même était un jour assis pour partie au soleil et pour partie à l'ombre : "عن مجاهد، عن أبي هريرة قال: رأيت رسول الله - صلى الله عليه وسلم - قاعدا في فناء الكعبة، بعضه في الظل وبعضه في الشمس، واضعا إحدى يديه على الأخرى" (al-Bayhaqî dans As-Sunan ul-Kub'râ, 5988).
D'après certains ulémas - parmi lesquels Ibn ul-Munkadir (voir As-Sunan ul-Kub'râ, 5990) -, ce qui est visé dans les premiers hadîths, c'est seulement le fait de se retrouver une partie du corps au soleil et une autre à l'ombre après que l'on ait été complètement à l'ombre ou complètement au soleil, et ce conformément à ce qui a été dit dans une parole de Abû Hurayra (al-Bayhaqî, 5989) ainsi que dans un autre hadîth (qui comporte un maillon non identifié : Abû Dâoûd, 4821, al-Bayhaqî dans As-Sunan ul-Kub'râ, 5987).
Pour sa part, al-Bayhaqî a compris ce hadîth comme étant un simple conseil, irshâd, signifiant seulement d'éviter le soleil quand il est ardent : "وهذا يحتمل أن يكون أراد كيلا يتأذى بحرارة الشمس، كما روى عن قيس عن أبيه، أنه جاء والنبي - صلى الله عليه وسلم - يخطب، فقام في الشمس، فأمر به فحول إلى الظل" (As-Sunan ul-Kub'râ, après le hadîth 5987, ceci renvoyant aux hadîths 5886-5887, authentifiés dans As-Silsilat us-sahîha, 833).
Se tenir debout ou assis sous les rayons du soleil quand il est trop ardent et qu'on est sans protection, cela est mauvais pour la santé.
Et s'assoir moitié à l'ombre et moitié au soleil, cela est :
--- soit mak'rûh (ta'abudan) "وقال: "مجلس الشيطان"؛ فإنها تدل على أن النهي تعبدي، وليس كما قال البيهقي بعد أن ذكر حديث بريدة: "يحتمل أن يكون أراد كيلا يتأذى بحرارة الشمس" (As-Silsila as-sahîha 7/302) ;
--- soit contraire à ce qui n'est qu'un conseil, irshâd, et cela lorsque fait continuellement, ou trop souvent (al-Munâwî) ; le Prophète ne l'a fait qu'une fois. "أي فليتحول إلى الظل ندبا وإرشادا لأن الجلوس بين الظل والشمس مضر بالبدن إذ الإنسان إذا قعد ذلك المقعد فسد مزاجه لاختلاف حال البدن من المؤثرين المتضادين كما هو مبين في نظائره من كتب الطب، ذكره القاضي. وقضيته أنه لو كان في الشمس فقلصت عنه فصار بعضه فيها وبعضه في الظل كان الحكم كذلك. ثم لما خفي هذا المعنى على التوربشتي قال: "الحق الأبلج التسليم للشارع فإنه يعلم مالا يعلمه غيره". فإن قلت: هذا ينافيه خبر البيهقي عن أبي هريرة "رأيت رسول الله قاعدا في فناء الكعبة بعضه في الظل وبعضه في الشمس"! قلت: محل النهي المداومة عليه واتخاذه عادة بحيث يؤثر في البدن تأثيرا يتولد منه المحذور المذكور؛ أما وقوع ذلك مرة على سبيل الاتفاق، فغير ضار. على أنه ليس فيه أنه رآه كذلك ولم يتحول. وبهذا التقرير انكشف أنه لا اتجاه لما أبداه الذهبي كمتبوعه في معنى الحديث أنه من قبيل استعمال العدل في البدن كالمنهي عن المثنى في نعل واحدة" (Faydh ul-Qadîr).
Pour ce qui est maintenant de la raison avancée dans ce hadîth : elle n'implique pas que le Diable s'assoit ainsi. L'une des interprétations est que cela est affilié au Diable seulement parce que cela est préjudiciable à la santé physique, alors même que le Diable aime ce qui est contraire à la saine nature. Ibn Kathîr écrit : "وفي السنن أن رسول الله صلى الله عليه وسلم نهى أن يجلس بين الشمس والظل، وقال: "إنه مجلس الشيطان"؛ وقد ذكروا في هذا معاني، من أحسنها أنه لما كان الجلوس في مثل هذا الموضع فيه تشويه بالخلقة فيما يرى، كان يحبه الشيطان، لأن خلقته في نفسه مشوه؛ وهذا مستقر في الأذهان. ولهذا قال تعالى: {طلعها كأنه رؤس الشياطين} الصحيح أنهم الشياطين" (Al-Bidâya wa-n-nihâya). Al-Munâwî : "أضاف المجلس إليه لأنه الباعث على القعود فيه؛ والقعود فيه إذ ذاك مضر لأن الإنسان إذا قصد ذلك المقعد فسد مزاجه لاختلاف حال البدن من المؤثرين المتضادين" (Faydh ul-Qadîr).

--- "L'éternuement provient de Dieu [= est une faveur accordée à l'individu par Dieu], et le bâillement provient du diable" : "عن أبي هريرة، أن رسول الله صلى الله عليه وسلم قال: " العطاس من الله، والتثاؤب من الشيطان؛ فإذا تثاءب أحدكم فليضع يده على فيه؛ وإذا قال "آه آه" فإن الشيطان يضحك من جوفه. وإن الله يحب العطاس ويكره التثاؤب؛ فإذا قال الرجل "آه آه" إذا تثاءب، فإن الشيطان يضحك في جوفه" (at-Tirmidhî, 2746).
L'éternuement est une faveur de la part de Dieu [le hadîth ne parle pas de l'éternuement dû à un refroidissement ou autre maladie, mais de l'éternuement occasionnel, lequel remet la personne en forme].
Quant au bâillement, qu'il provienne du Diable :
--- cela ne veut pas dire que le Diable crée ce bâillement (puisqu'il ne crée rien) ;
--- cela veut dire :
----- soit que le Diable est directement la cause (sabab) du fait qu'on bâille (comme pour le cauchemar) ;
----- soit tout simplement que le Diable est content du bâillement lui-même : "ومعنى إضافة التثاؤب إلى الشيطان إضافة رضى وإرادة أى أن الشيطان يحب أن يرى تثاؤب الانسان؛ لأنها حال المثله وتغيير لصورته فيضحك من جوفه، لا أن الشيطان يفعل التثاؤب فى الانسان" (Ibn Battâl) ;
----- soit que le bâillement a été ici affilié au Diable dans la mesure où le Diable est content de l'état de paresse physique ; or c'est cet état qui entraîne que l'homme bâille ; or tout ce qui est ainsi - paresse, laisser-aller, etc. -, le Diable en est content ; et tout ce dont il est content, cela lui est affilié (même s'il n'en est pas directement la cause) : "التثاؤب من الشيطان" لأنه يصدر عن الامتلاء والكسل، وهما مما يحبه الشيطان، فكأنّ التثاؤب منه" (as-San'ânî dans Subul us-salâm). "قوله: "التثاؤب من الشيطان"، والحديث يسند العطاس إلى الرحمن، لأن الأول يوجب الكسل، والشيطان يرضى به، فأسند إليه إسناد الخبائث إليه. والثاني يدل على نشاط الطبع والجودة عموما - وإن كان في بعض الأحوال من المرض أيضا -، فناسب أن يسند إلى الرحمن، على سنة إسناد الطيبات" (Faydh ul-bârî).

--- "L'agir avec prise du temps provient de Dieu [= est une faveur accordée à l'individu par Dieu], et l'agir dans la précipitation provient du diable" : "عن سهل بن سعد الساعدي قال: قال رسول الله صلى الله عليه وسلم: "الأناة من الله، والعجلة من الشيطان" (at-Tirmidhî, 2012, dha'îf d'après al-Albânî).

--- Ibn Mas'ûd (que Dieu l'agrée) a dit : "Je vais dire sur le sujet (ce qui résulte de) l'effort de mon avis personnel. Si cela est correct, alors cela provient de Dieu Seul - pas d'associé à Lui -; et si cela est erroné, alors cela provient de moi et du shaytân, tandis que Dieu et Son Messager (en) sont innocents" : "سأقول فيها بجهد رأيى؛ فإن كان صوابا فمن الله وحده لا شريك له؛ وإن كان خطأ فمنى ومن الشيطان، والله ورسوله منه برآء" (an-Nassâ'ï, 3358). Ibn Taymiyya écrit : "والآراء والخطأ في الرأي من إلقاء الشيطان، ولو كان صاحبها مجتهدا معذورا، كما قال غير واحد من الصحابة كأبي بكر وابن مسعود في بعض المسائل: "أقول فيها برأيي فإن يكن صوابا فمن الله وإن يكن خطأ فمني ومن الشيطان والله ورسوله برىء منه"" (Ar-Radd 'ala-l-mantiqiyyîn, pp. 430-431). Que la waswassa ainsi que la façon de voir les choses qui est complètement fausse proviennent des suggestions du Diable, cela est indéniable. Par contre, est-ce que tous les ijtihâds erronés, faits par des mujtahids dignes de ce nom, proviennent réellement du Diable (comme l'a dit ici Ibn Taymiyya), ou bien cette affiliation est-elle seulement une façon de dire ? Le fait est que le Prophète, sur lui soit la paix, lui-même a fait parfois certaines khata' ijtihâdî ; or Dieu a assisté Son Messager contre le diable, le Prophète soit ne recevant de ce dernier que des suggestions de bien, soit étant protégé de suivre la moindre suggestion de mal ou d'erreur que celui-ci fait : "وإياي إلا أن الله أعانني عليه، فأسلم" (hadîth déjà cité plus haut).

--- Même question par rapport à ce propos de Job (sur lui soit la paix) : "وَاذْكُرْ عَبْدَنَا أَيُّوبَ إِذْ نَادَى رَبَّهُ أَنِّي مَسَّنِيَ الشَّيْطَانُ بِنُصْبٍ وَعَذَابٍ" (Coran 38/41) :
----- il peut s'être agi de mauvaises pensées (wassâwis) que le Diable faisait apparaître dans l'esprit de Job par rapport aux difficultés qu'il connaissait, et celui-ci était fatigué par ces pensées : "المراد من قوله {أني مسني الشيطان بنصب وعذاب} أنه بسبب إلقاء الوساوس الفاسدة والخواطر الباطنة كان يلقيه في أنواع العذاب والعناء. ثم القائلون بهذا القول اختلفوا في أن تلك الوساوس كيف كانت؛ وذكروا فيه وجوها" (Tafsîr ur-Râzî).

--- Même question par rapport à ce propos de Moïse (sur lui soit la paix) : "فَاسْتَغَاثَهُ الَّذِي مِن شِيعَتِهِ عَلَى الَّذِي مِنْ عَدُوِّهِ فَوَكَزَهُ مُوسَى فَقَضَى عَلَيْهِ قَالَ هَذَا مِنْ عَمَلِ الشَّيْطَانِ إِنَّهُ عَدُوٌّ مُّضِلٌّ مُّبِينٌ" (Coran 28/15) : cette affiliation n'est-elle pas seulement une façon de dire ?

--- Même question en ce qui concerne ce propos de Josué (sur lui soit la paix) : "قَالَ أَرَأَيْتَ إِذْ أَوَيْنَا إِلَى الصَّخْرَةِ فَإِنِّي نَسِيتُ الْحُوتَ وَمَا أَنسَانِيهُ إِلَّا الشَّيْطَانُ أَنْ أَذْكُرَهُ" (Coran 18/63).

--- Même question par rapport à ce qui se rapporte - d'après l'un des deux commentaires existants - à Joseph (sur lui soit la paix) : "وَقَالَ لِلَّذِي ظَنَّ أَنَّهُ نَاجٍ مِّنْهُمَا اذْكُرْنِي عِندَ رَبِّكَ فَأَنسَاهُ الشَّيْطَانُ ذِكْرَ رَبِّهِ فَلَبِثَ فِي السِّجْنِ بِضْعَ سِنِينَ" (Coran 12/42). (Si cela eut bien pour source le diable, cela n'eut forcément lieu qu'à ce moment-là seulement, et fut bien en-deçà de l'intensité en vigueur chez les Hypocrites, ainsi évoqués : "اسْتَحْوَذَ عَلَيْهِمُ الشَّيْطَانُ فَأَنسَاهُمْ ذِكْرَ اللَّهِ أُوْلَئِكَ حِزْبُ الشَّيْطَانِ أَلَا إِنَّ حِزْبَ الشَّيْطَانِ هُمُ الْخَاسِرُونَ" : Coran 58/19.)

Al-Qâdhî 'Iyâdh a consacré quelques pages aux versets de ce genre dans son livre Ash-Shifâ (tome 2 pp. 104-109).

Wallâhu A'lam (Dieu sait mieux).

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