Les éléments dont la présence en quelque chose définit cette chose comme étant telle - أصل الشيء وكمال الشيء؛ شُعَب الأصل وشعب الكمال؛ أجزاء الشعبة - La précision des mots est importante ; cela eu égard au fait que chaque mot recouvre un sens précis (la détermination du sens par rapport au mot employé étant également importante)

Pour qu'une chose puisse être qualifiée par tel terme donné - au sens propre de celui-ci -, elle doit comporter la totalité des éléments constitutifs du minimum de la réalité pour désigner laquelle ce terme a été institué par l'usage en vigueur (soit en vigueur chez tous les locuteurs au moment de la conversation, soit en vigueur chez les locuteurs en train de converser).

لا يوصف الشيء باسم مخصوص - بمعناه الحقيقيّ - إلا إذا وجدت في ذلك الشيء جميع الأجزاء المكوّنة لأقلّ الحقيقة التى وُضِع ذلك الاسم للدلالة عليها.

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Pour ce qui est du Asl (au sens de Aqall, Minimum), auquel fait face : le Kamâl (Complétude, Perfection) :

Le Asl comme le Kamâl sont constitués d'éléments (Ajzâ') : il y a les Azjâ' ul-Asl, et puis les Ajzâ' ul-Kamâl.

Si la chose est un 'Ayn, alors :
--- certains des éléments constitutifs de cette chose sont 'Aynî (au sens de shakhsî),
--- tandis que d'autres sont 'Aradhî (au sens de "attributs et faits") (et pas au sens que ce terme "'aradhî" possède lorsqu'ayant été employé dans un autre article).

Eléments constitutifs 'Aynî comme éléments 'Aradhî sont :
----- pour certains quantifiables (Kammî),
----- et pour certains qualifiables (Kayfî).

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– Si une chose donnée, dans le réel (fi-l-Wâqi'), possède tous les éléments constitutifs essentiels (Dhâtî Jawharî) de telle chose précise (fi-dh-Dhih'n), mais qu'il lui manque certains autres éléments, lesquels ne sont pour leur part pas essentiels (mais sont Dhâtî Mukammil), alors cette chose a atteint au moins le degré du Asl (minimum). Le nom de la chose en question est alors applicable à cette chose-ci, bien qu'elle ne soit pas complète dans la réalité que ce nom désigne. Et cette chose-ci constitue un Juz'î de ce genre (Naw') de chose.

– Si par contre il manque à cette chose du réel (fi-l-Wâqi') un des éléments constitutifs essentiels de telle chose précise (fi-dh-Dhih'n), alors, n'ayant pas atteint le Asl de cette chose (dhih'nî), elle n'est pas la chose (dhih'nî) désignée par le nom en question, et ce nom ne peut pas lui être appliqué (du moins au sens propre de celui-ci). Malgré tout, il se peut que cette chose-ci (fi-l-Wâqi') recèle certains Ajzâ' de cette chose précise (dhih'nî) (ces éléments, Ajzâ', étant cependant en nombre insuffisant pour constituer le Asl - minimum - de cette chose, et ceux-ci étant mêlés aux Ajzâ' d'une chose encore différente).
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Il est impératif de distinguer Juz' (pl. Ajzâ') et Juz'î (pl. Juzi'yyât) (syn. Fard, pl. Af'râd).
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Ensuite il y a les
Azjâ'u Asl ish-Shay', et les Ajzâ'u Kamâl ish-Shay'.
Et certains Juz' sont parfois eux-mêmes constitués de Ajzâ' plus petits.
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ففرق بين جزء شيء (وهو الذي لا بد من جملة مخصوصة منها ليتكوّن الشيء)، وجزئيّ الشيء.
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ثم
الشيء له درجةُ أصلٍ (بمعنى الأقلّ) ودرجاتُ كمالٍ. وللأصل أجزاء؛ وللكمال أجزاء. وقد تكون كل جزء منها متكوّنًا بأجزاء أصغر، تكون هي أجزاءَ أجزاءِ الأصل
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Le célèbre hadîth : "La foi est constituée de plus de 70 branches - ou plus de 60 branches. La plus haute d'entre elles est de dire : "Il n'y a de divinité que Dieu". Et la plus basse est d'enlever du chemin ce qui gêne (le passage). Et la pudeur est (aussi) une branche de la foi" : "عن أبي هريرة قال: قال رسول الله صلى الله عليه وسلم: "الإيمان بضع وسبعون - أو بضع وستون - شعبة. فأفضلها قول لا إله إلا الله، وأدناها إماطة الأذى عن الطريق. والحياء شعبة من الإيمان" (Muslim, 35), "عن أبي هريرة عن رسول الله صلى الله عليه وسلم قال: "الإيمان بضع وستون شعبة - أو بضع وسبعون - شعبة. فأرفعها لا إله إلا الله، وأدناها إماطة الأذى عن الطريق، والحياء شعبة من الإيمان" (Ibn Hibbân, 166), ce hadîth parle lui aussi des parties constituant la Foi Complète (voir Fat'h ul-bârî 1/73), parties (Ajzâ') qu'il désigne par le terme "Shu'ba". Dès lors, "la plus haute d'entre elles est : "Il n'y a de divinité que Dieu"" évoque l'adhésion à, et la prononciation de cette parole pour entrer en islam.

Le Aslu Asl il-Îmân est constitué du Îmân bi Asli Tawhîd illâh et du Îmân bi Rissâlati Muhammad (sallallâhu 'alayhi wa sallam), qui sont ses deux Shu'ba principales (car constituant "le Cœur du Cœur du Îmân" dans notre article comparant le Îmân/ Dîn à un arbre).

--- Or ce Îmân bi Asli Tawhîd illâh est lui-même constitué de plusieurs éléments, Ajzâ', comme on le voit au travers de ce verset, qui parle des Polycultistes Arabes : "وَمَا يُؤْمِنُ أَكْثَرُهُمْ بِاللّهِ إِلاَّ وَهُم مُّشْرِكُونَ" : "Et la plupart d'entre eux ne croient en Dieu qu'en étant polycultistes" (Coran 12/106). Ces Polycultistes arabes n'étaient bien évidemment pas Mu'min, mais Kâfir ; pourtant, Dieu dit dans ce verset qu'ils avaient quelques éléments du Asl ul-Îmân"قال ابن عباس: "مِن إيمانهم، إذا قيل لهم: "من خلق السموات؟ ومن خلق الأرض؟ ومن خلق الجبال؟"، قالوا: "الله"؛ وهم مشركون به". وكذا قال مجاهد وعطاء وعكرمة والشعبي وقتادة والضحاك وعبد الرحمن بن زيد بن أسلم" (Tafsîr Ibn Kathîr). Ces éléments (Ajzâ') de Îmân bi Tawhîd-illâh étaient réellement présents en eux, mais insuffisants pour constituer le Degré Minimal, Asl ut-Tawhîd, car étant eux-mêmes mêlés à des éléments de Shirk Akbar.

--- De même, le Îmân bi Rissâlati Muhammad comporte plusieurs éléments. Il y a certains juifs qui reconnaissent par exemple que Muhammad ibn Abdillâh était un authentique prophète de Dieu, mais, ajoutent-ils aussitôt, "suscité uniquement à destination des non-juifs, ces derniers n'ayant pas besoin de son message car disposant déjà de la Torah". C'est également là avoir des éléments de Îmân bi Rissâlati Muhammad, mais insuffisants pour en constituer le degré minimal.

Dans ces deux cas, ces éléments de Îmân étaient présents mais insuffisants pour constituer le Aslu Asl il-Îmân, "le Cœur du Cœur du Îmân".

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Il y a par ailleurs le cas de celui qui a accepté "le Cœur du Cœur du Îmân", autrement dit : "le Cœur du Asl ul-Îmân", ou "Aslu Asl il-îmân", mais à qui il manque certains autres des Ajzâ' du Asl ul-Îmân, à cause de son ignorance : lui a donc parallèlement en lui quelques éléments (Ajzâ') de Kufr Akbar ; cependant, il n'en devient pas kâfir (bi-l-'ayn) tant que qiyâm ul-hujja n'a pas eu lieu.

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Quant à celui qui a quelques parties manquantes dans l'Ensemble Obligatoire du Kamâl ud-Dîn (ou Kamâl ul-Îmân), lui a automatiquement, à la place de ces parties de Îmân, quelques parties (Shu'ba) de Kufr : il s'agit de Kufr Dûna Kufr, encore appelé "Kufr Asghar" (puisque contredisant seulement le Kamâl ul-Îmân al-Wâjib, et non pas le Asl ul-Îmân) : "وروى مسلم في صحيحه، عن الأعمش، عن أبي صالح، عن أبي هريرة رضي الله عنه قال: قال رسول الله صلى الله عليه وسلم: "اثنتان في الناس هما بهم كفر: الطعن في النسب، والنياحة على الميت". فقوله: "هما بهم كفر": أي هاتان الخصلتان هما كفر قائم بالناس. فنفس الخصلتين كفر حيث كانتا من أعمال الكفار وهما قائمتان بالناس؛ لكن ليس كل من قام به شعبة من شعب الكفر يصير كافرا الكفر المطلق حتى تقوم به حقيقة الكفر؛ كما أنه ليس كل من قام به شعبة من شعب الإيمان يصير مؤمنا حتى يقوم به أصل الإيمان. وفرق بين الكفر المعرف باللام كما في قوله صلى الله عليه وسلم "ليس بين العبد وبين الكفر - أو الشرك - إلا ترك الصلاة"، وبين كفر منكر في الإثبات" (Iqtidhâ' us-sirât il-mustaqîm, p. 70). "ومن هنا تعرف دخول الأعمال في مستحق الإيمان حقيقة لا مجازا؛ وإن لم يكن كل من ترك شيئا من الأعمال كافرا، ولا خارجا عن أصل مسمى الإيمان" (Ibid., p. 78). "وإذا كانت البدع والمعاصي شعبة من الكفر وكانت مشتقة من شعبه - كما أن الطاعات كلها شعبة من شعب الإيمان ومشتقة منه" (MF 7/633). "فإن هذه الكبائر كلها من شعب الكفر؛ ولم يكن المسلم كافرا بمجرد ارتكاب كبيرة، ولكنه يزول عنه اسم الإيمان الواجب" (MF 15/294). "وتمام هذا أن الناس قد يكون فيهم من معه شعبة من شعب الإيمان وشعبة من شعب الكفر أو النفاق، ويسمى مسلما كما نص عليه أحمد. وتمام هذا أن الإنسان قد يكون فيه شعبة من شعب الإيمان وشعبة من شعب النفاق؛ وقد يكون مسلما وفيه كفر دون الكفر (الذي ينقل عن الإسلام بالكلية) كما قال الصحابة ابن عباس وغيره: "كفر دون كفر" (MF 7/350).

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Si quelqu'un possède un élément (Juz' / Shu'ba) du Tashayyu' madhmûm, mais pas la totalité des éléments qui sont constitutifs du Asl ut-Tashayyu' al-madhmûm, cela ne suffit pas à faire de lui "un Chiite", car il n'a pas en lui Asl ut-Tashayyu'.
Par contre, s'il a en lui tous les éléments constitutifs du minimum du Tashayyu', il a alors Asl ut-Tashayyu' et en devient "Chiite". Il peut ensuite ne pas avoir, ou bien avoir également, des éléments aggravants du Tashayyu' (comme le fait de considérer "bien" d'insulter Abû Bakr et Omar) (on emploie ici non plus le terme de Kamâl mais celui de Ghilza ou de Ghuluww), ce qui confère à son Chiisme un Degré plus Grand encore (nous y reviendrons plus bas).

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C'est pour tout cela que les Mots sont importants, de même que l'exactitude de leur Définition :

En effet, c'est à juste titre qu'on dit que les mots sont importants, de même que le sens que l'on confère à chacun de ces mots.
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C'est pour cela aussi que la définition que l'on établit d'un terme est importante : car quels sont véritablement les éléments qui, seulement une fois tous réunis en une chose, constituent le degré minimal -
Asl - de la chose désignée par tel terme - ism - (terme - ism - auquel telle norme - hukm - est reliée) ?

En effet, quand on présente la définition d'une chose (Ta'rîf), on énumère en fait ses éléments constitutifs essentiels (et on le fait habituellement en allant du plus général au plus particulier de ceux-ci). C'est la mention de ces éléments qui excluent de la définition du terme les autres choses que celle à laquelle ce terme peut exclusivement s'appliquer.

C'est pourquoi on dit que la définition d'un terme doit être exclusive (mâni') mais aussi inclusive (jâmi') (car devant englober tous les éléments bénéficiant de l'application de ce nom).

"ومن هنا يغلط القياسيون الذين يلحظون المعنى المشترك الجامع، دون الفارق المميز. والعرب من أصناف الناس، والمسلمون من أهل الأديان: أعظم الناس إدراكا للفروق وتمييزا للمشتركات. وذلك يوجد في عقولهم ولغاتهم وعلومهم وأحكامهم. ولهذا لما ناظر متكلمو الإسلام العرب هؤلاء المتكلمة الصابئة عجم الروم وذكروا فضل منطقهم وكلامهم على منطق أولئك وكلامهم، ظهر رجحان كلام الإسلاميين. كما فعله القاضي أبو بكر بن الباقلاني في كتاب الدقائق الذي رد فيه على الفلاسفة كثيرا من مذاهبهم الفاسدة في الأفلاك والنجوم والعقول والنفوس وواجب الوجود وغير ذلك، وتكلم على منطقهم وتقسيمهم الموجودات كتقسيمهم الموجود إلى الجوهر والعرض ثم تقسيم الأعراض إلى المقولات التسعة، وذكر تقسيم متكلمة المسلمين، الذي فيه من التمييز والجمع والفرق ما ليس في كلام أولئك. وذلك أن الله علم الإنسان البيان (...) والبيان: بيان القلب واللسان - كما أن العمى والبكم يكون في القلب واللسان (...). وتبين الأشياء للقلب ضد اشتباهها عليه (...). فالإنسان يستبين الأشياء. وهم يقولون: قد بان الشيء وبينته وتبين الشيء وتبينته واستبان الشيء واستبنته، كل هذا يستعمل لازما ومتعديا. ومنه قوله تعالى {إن جاءكم فاسق بنبإ فتبينوا}؛ وهو هنا متعد. ومنه قوله: {بفاحشة مبينة} أي متبينة؛ فهنا هو لازم. (...). والمقصود ببيان الكلام: حصول البيان لقلب المستمع حتى يتبين له الشيء ويستبين" (MF 9/62-64).

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Il faut ici cependant rappeler que, parallèlement à ce qui vient d'être dit :
--- il existe certains mots qui sont amphibologiques, Mushtarak : le même mot possède plusieurs sens ;
--- à l'inverse total, il existe certains mots qui sont synonymes, Mutarâdif : des mots totalement différents signifient en fait un seul et même sens (c'est l'un des cas entraînant le fameux ikhtilâf lafzî : divergence dans la formulation, pour dire en fait la même chose) ;
--- enfin, il existe des mots à qui différents ulémas ont donné des sens forts différents, selon les réalités différentes que chacun d'eux avait devant ses yeux. Attention, alors, aux malentendus. On en a un parfait exemple avec le terme "soufisme". Ibn Hazm écrit que l'une des causes des malentendus est : "le fait qu'un nom unique ait plusieurs sens. La personne qui informe donne une information avec ce terme, et elle veut parler de l'un des sens que celui-ci recouvre. Celui qui l'entend le comprend dans un sens autre que celui que la personne qui informe a visé. Alors se produit le problème" : "قال أبو محمد: فلما كانت هذه المعاني المسماة الخمسة التي ذكرنا مختلفة متغايرة كل واحد منها غير الآخر وكانت كلها مختلفة الحدود والمراتب، وجب أن يطلق على كل واحد منها اسم غير الاسم الذي لغيره منها، ليقع الفهم واضحا، ولئلا تختلط فيسمى بعضها باسم آخر منها فيوجب ذلك وضع معنى في غير موضعه فتبطل الحقائق. والأصل في كل بلاء وعماء وتخليط وفساد: اختلاط أسماء ووقوع اسم واحد على معاني كثيرة، فيخبر المخبر بذلك الاسم وهو يريد أحد المعاني التي تحته، فيحمله السامع على غير ذلك المعنى الذي أراد المخبر؛ فيقع البلاء والإشكال. وهذا في الشريعة أضر شيء وأشده هلاكا لمن اعتقد الباطل إلا من وفقه الله تعالى" (Al-Ihkâm, p. 1168). 

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Une chose existe parfois par le biais non pas d'un seul individu mais d'individus multiples (Juz'iyyât, Af'râd) (الجزئيات والأفراد). Si c'est le cas (fût-ce seulement mentalement), on dit de cette chose qu'elle est un Kullî (كلّيّ) :

Ensuite :

--- si le nom désignant cette chose s'applique à tous ses individus de façon strictement semblable et égale, alors ce Kullî est dit : "Mutawâti'" (متواطئ) ;

--- si par contre le nom la désignant s'applique à certains de ses individus de façon plus accentuée qu'à d'autres (et ce parce que soit ces derniers ne comportent pour leur part que le Minimum, Asl, soit qu'un individu comporte davantage - ziyâda, kamman- d'attributs constitutifs de perfection qu'un autre, soit qu'un individu possède ces attributs de façon plus prononcée - shidda, kayfan - qu'un autre), alors cette chose est dite : "Kullî Mushakkik" (كلّيّ مشكّك).
Quand on dit d'une chose qu'elle possède différents Degrés (c'est le cas du Îmân, mais c'est aussi le cas du Tashayyu', du Tajahhum, ou encore du Irjâ', et même du Kufr Akbar), son cas s'insère ici : au-delà des éléments constituant le Asl de cette chose, c'est sur le plan quantitatif (kamman) et/ou qualitatif (kayfan) que les éléments de cette chose sont, dans le Degré plus grand / grave, plus nombreux (azyad) / accentués (ashadd) que dans l'un de ses Degrés avérés mais moins grands / graves.

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--- Lorsque le nom d'une chose est dûment appliqué (par quelqu'un de fiable) à ce à quoi il ne devrait normalement pas l'être, cela est au sens figuré ; nous avons alors :

----- soit une métonymie (majâz mursal) ; le cas qui en est possible par rapport à ce dont nous parlons dans cet article est la 'alâqa mâ kâna : ce que la chose était : "فلا تعضلوهن أن ينكحن أزواجهن" "Ne les empêchez pas de se marier avec leurs époux s'ils sont d'accord entre eux, selon la bienséance", pour dire : "de se remarier avec ceux qui étaient auparavant leurs époux et qui ont divorcé d'elles" ; ou encore la 'alâqa mâ yakûnu : ce que la chose va devenir : "قَالَ أَحَدُهُمَآ إِنِّي أَرَانِي أَعْصِرُ خَمْرًا" : "L'un des deux dit : "Je me suis vu (en rêve) pressant du vin"", pour signifier : "pressant du raisin" ;

----- soit une métaphore indirecte (tashbîh balîgh) : il s'agit d'une comparaison ne comportant pas la particule "comme" ou "semblable à" : "الكبرياء ردائي، والعظمة إزاري" : "L'(Extrême) Puissance est Mon manteau, et l'(Extrême) Grandeur est Mon pagne" (hadîth ilâhî : Abû Dâoûd) ; au sujet du cheval de Abû Tal'ha : "إنه لبحر" : "Il est une mer" (hadîth nabawî : al-Bukhârî, Muslim) ;

----- soit une métaphore directe (isti'âra) (deux exemples en seront donnés peu après).

Ce qui nous intéresse ici sont les deux derniers cas, liés à une comparaison.
Or la comparaison porte toujours sur un ou quelques élément(s) commun(s) (même si les autres éléments sont différents) ; l'élément commun est le waj'h ush-shabah (وجه الشبه) ; les éléments différents sont les wujûh ul-farq (وجوه الفرق).

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Ainsi, le prêt (Qardh) consiste en le fait de remettre à quelqu'un un bien matériel qu'il pourra utiliser (soit en détruisant l'être de ce bien, soit en tirant profit de ce que ce bien produit), avec comme condition qu'il rende ultérieurement chose semblable à ce bien (dans le cas de l'utilisation par destruction de l'objet prêté) ou qu'il retourne ce bien lui-même (dans le cas de l'utilisation par consommation de ce que cet objet produit).

Or on ne prête qu'à celui qui en a besoin.

Dans le cas de Dieu, on ne Lui prête rien, car Il n'a besoin de rien.

Or Dieu a dit que celui qui dépense de ses biens matériels dans Son chemin, Dieu lui retournera cela de façon pleine [soit en ce monde aussi, soit assurément dans l'autre] : "وَمَا تُنفِقُواْ مِنْ خَيْرٍ يُوَفَّ إِلَيْكُمْ وَأَنتُمْ لاَ تُظْلَمُونَ" : "Et tout ce que vous dépensez de bien, cela sera vous pleinement donné, et vous ne serez pas lésés" (Coran 2/272).
Cette dépense qu'on fait dans Son Chemin, Il l'a alors comparée à un prêt qu'on Lui fait : "Et prêtez à Dieu un bon prêt. Et ce que vous envoyez en avant, pour vous-même, de bien, vous le trouverez auprès de Dieu, meilleur et plus grand en récompense" : "وَأَقْرِضُوا اللَّهَ قَرْضًا حَسَنًا وَمَا تُقَدِّمُوا لِأَنفُسِكُم مِّنْ خَيْرٍ تَجِدُوهُ عِندَ اللَّهِ هُوَ خَيْرًا وَأَعْظَمَ أَجْرًا" (Coran 73/20) ; "Qui est celui qui prêtera à Dieu un bon prêt, (Dieu) le lui multipliera ensuite ?" : "مَّن ذَا الَّذِي يُقْرِضُ اللّهَ قَرْضًا حَسَنًا فَيُضَاعِفَهُ لَهُ" (Coran 2/245 ; 57/11) ; "Si vous prêtez à Dieu un bon prêt, Il vous le multipliera et vous pardonnera" : "إِن تُقْرِضُوا اللَّهَ قَرْضًا حَسَنًا يُضَاعِفْهُ لَكُمْ وَيَغْفِرْ لَكُمْ" (Coran 64/17).
Quelques non-musulmans de Médine tournèrent alors cela en dérision, s'exclamant : "Dieu est donc bien pauvre, et nous riches, pour qu'Il demande de Lui accorder un prêt !" (Tafsîr ut-Tabarî ; Bayân ul-qur'ân).
Dieu révéla alors : "لَّقَدْ سَمِعَ اللّهُ قَوْلَ الَّذِينَ قَالُواْ: إِنَّ اللّهَ فَقِيرٌ وَنَحْنُ أَغْنِيَاء" : "Dieu a entendu la parole de ceux qui ont dit : "Dieu est pauvre et nous sommes riches !"" (Coran 3/181).
Ces personnes n'avaient bien évidemment pas comme croyance au sujet de Dieu qu'Il est pauvre (Tafsîr ul-Qurtubî, Bayân ul-qur'ân), et ce verset ne leur reproche pas d'avoir pareille croyance ; il leur reproche de s'être moqués de la formulation divine "prêter à Dieu un bon prêt". Le fait est que ne pas croire en le Coran comme étant la parole de Dieu, cela constitue déjà du kufr akbar, mais s'en moquer est chose plus grave encore (Bayân ul-qur'ân).
Dans la dépense que l'homme fait dans le chemin de Dieu, il n'y a pas l'élément "besoin" ("hâja") du côté de Dieu, qu'il y a systématiquement dans le prêt fait à quelqu'un (élément qui en est au moins une khâssa : un élément systématique mais ne relevant pas de l'essence de la chose) ; mais en fait c'est par rapport à l'autre élément, "retour promis par la personne à celui qui le lui remet" que ce genre de dépense a été comparé à un prêt.
Nous avons donc là une métaphore directe (isti'âra).

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Ainsi encore, alors que, pendant le voyage, Anjasha chantait pour faire avancer plus vite les chameaux, le Prophète (sur lui soit la paix) lui dit : "Attention, Anjasha. Doucement, ta conduite des cristaux" : "عن أنس بن مالك رضي الله عنه، قال: أتى النبي صلى الله عليه وسلم على بعض نسائه ومعهن أم سليم، فقال: "ويحك يا أنجشة، رويدك سوقا بالقوارير." قال أبو قلابة: "فتكلم النبي صلى الله عليه وسلم بكلمة لو تكلم بها بعضكم لعبتموها عليه، قوله: سوقك بالقوارير" (al-Bukhârî, 5797, Muslim, 2323) : le terme "les cristaux" / "les bouteilles" désigne "les femmes" ; il y a eu en amont une comparaison : les femmes ont été comparées à des créatures en cristal, à cause de la délicatesse de leur constitution physique. Le Prophète voulait dire à Anjasha de ne pas faire avancer trop vite les montures (des dromadaires, dont il pressait le pas par ses chants), de crainte que les femmes - qui sont de constitution physique plus délicate - présentes dans les palanquins ne tombent du haut de ces montures, ou ne se cognent contre les parois de ces palanquins (c'est l'interprétation de Ibn Battâl : voir Fat'h ul-bârî, 10/669).

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--- Parfois, à l'inverse, le nom d'une chose est nié de ce en quoi est présent le minimum de réalité correspondant à ce nom : ce qui est alors signifié c'est seulement la négation de la perfection de la réalité prévue pour cela :

Par exemple : "N'est pas mu'min celui qui se repaît alors que son voisin est affamé".
Ou encore : "Celui qui relie les liens familiaux n'est pas celui qui rend la pareille".

A ce sujet, lire notre article traitant de ce point.

Wallâhu A'lam (Dieu sait mieux).

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