Quand une action est désignée par un seul de ses constituants

-

Un ancien article, à lire avant le présent :

--- Les éléments dont la présence en quelque chose définit cette chose comme étant : "telle chose" - أصل الشيء وكمال الشيء؛ أجزاء الأصل وأجزاء الكمال؛ ثم أجزاء الأجزاء - La précision des mots est importante ; cela eu égard au fait que chaque mot recouvre un sens précis (la détermination du sens par rapport au mot employé étant également importante).

-
Extrait :

Pour qu'une chose puisse être qualifiée par tel terme donné - au sens propre de celui-ci -, elle doit comporter la totalité des éléments constitutifs du minimum de la réalité pour désigner laquelle ce terme a été institué par l'usage en vigueur (soit en vigueur chez tous les locuteurs au moment de la conversation, soit en vigueur chez les locuteurs en train de converser).
لا يوصف الشيء باسم مخصوص - بمعناه الحقيقيّ - إلا إذا وجدت في ذلك الشيء جميع الأجزاء المكوّنة لأصل - أي لأقلّ - الحقيقة التى وُضِع ذلك الاسم للدلالة عليها
.

-
Second extrait :

Cette chose possède un Asl (au sens de Aqall, Minimum), et un Kamâl (Complétude, Perfection) :
-
Le Asl comme le Kamâl sont constitués d'éléments (Ajzâ') : il y a les Azjâ' ul-Asl, et puis les Ajzâ' ul-Kamâl.
-
Si la chose est un 'Ayn, alors :
--- certains de ses éléments constitutifs sont 'Aynî (au sens de shakhsî),
--- tandis que d'autres sont 'Aradhî (au sens de "attributs et faits") (et pas au sens que ce terme "'aradhî" possède lorsqu'ayant été employé dans un autre article).

Eléments constitutifs 'Aynî comme éléments 'Aradhî sont :
----- pour certains quantifiables (Kammî),
----- et pour certains qualifiables (Kayfî).

-
– Si une chose donnée, dans le réel (fi-l-Wâqi'), possède tous les éléments constitutifs essentiels (Dhâtî Jawharî) de telle chose précise (fi-dh-Dhih'n), mais qu'il lui manque certains autres éléments, lesquels ne sont pour leur part pas essentiels (mais sont Dhâtî Mukammil), alors cette chose a atteint au moins le degré du Asl (minimum). Le nom de la chose en question est alors applicable à cette chose-ci, bien qu'elle ne soit pas complète dans la réalité que ce nom désigne. Et cette chose-ci constitue un Juz'î de ce genre (Naw') de chose.

– Si par contre il manque à cette chose du réel (fi-l-Wâqi') un des éléments constitutifs essentiels de telle chose précise (fi-dh-Dhih'n), alors, n'ayant pas atteint le Aslde cette chose (dhih'nî), elle n'est pas la chose (dhih'nî) désignée par le nom en question, et ce nom ne peut pas lui être appliqué (du moins au sens propre de celui-ci). Malgré tout, il se peut que cette chose-ci (fi-l-Wâqi') recèle certains Ajzâ' de cette chose précise (dhih'nî) (ces éléments, Ajzâ', étant cependant en nombre insuffisant pour constituer le Asl - minimum - de cette chose, et ceux-ci étant mêlés aux Ajzâ' d'une chose encore différente).

-

Dans le présent article :

Ici nous allons voir que, parfois, une chose est désignée non plus par le nom institué pour elle, et qui désigne son tout, mais par le nom désignant l'un de ses constituants.

Il s'agit alors d'un nom employé au sens figuré, avec "la partie" pour "le tout". Majâz Mursal, 'alâqa juz'iyya.

-

I) L'exemple de la prière rituelle, Salât :

La prière rituelle comporte :
--- une partie qui constitue son Asl (sa Base) : sans ce Asl, la prière n'est tout simplement pas valide ;
--- une partie qui relève de son Kamâl (sa Complétude) ; celle-ci est :
------ pour partie Obligatoire (Kamâl Wâjib) (d'après l'école hanafite) : c'est un manquement - par oubli - dans quelque chose de ce Kamâl Wâjib qui doit être comblé - d'après l'école hanafite - par deux Sajdah du Sahw ;
------ pour partie Recommandée (Kamâl Mandûb) : soit Mandûb Mu'akkad, soit Mandûb simple (d'après l'école hanafite, le fait de délaisser un Mandûb Mu'akkad de la prière n'a pas à être comblé par les Sajdah du Sahw).

Ce qui m'intéresse ici c'est le Asl : cette Base est formée des Eléments constitutifs appelés "Piliers" (Arkân).

-
Or, la norme, dans les textes du Coran et de la Sunna, c'est que la prière rituelle soit désignée par le nom qui est le sien : "as-salât" : "صَلَّى", "accomplir la prière rituelle" (ceci constitue déjà un manqûl, en l'occurrence un manqûl shar'î, car avant la venue de l'islam, le terme désignait : "toute prière", fût-elle verbale seulement). Et c'est bien le cas dans de nombreux versets du Coran et hadîths du Prophète (sur lui soit la paix).

Pourtant, parfois, elle est désignée dans certains Hadîths par le nom de l'un de ses piliers.
Ainsi, toute la prière rituelle a été désignée par les formules suivantes dans les textes suivants :
--- "قَامَ", "faire qiyâm", littéralement : "se tenir debout" ; pour signifier en fait : "accomplir la prière rituelle" : "عن أبي هريرة رضي الله عنه، عن النبي صلى الله عليه وسلم، قال: "من قام ليلة القدر إيمانا واحتسابا، غفر له ما تقدم من ذنبه. ومن صام رمضان إيمانا واحتسابا غفر له ما تقدم من ذنبه" (al-Bukhârî, 1802, Muslim, 760) ;
--- "رَكَعَ ركعتين", "faire rukû' en deux fois", littéralement : "procéder à la génuflexion par deux fois" ; pour signifier en fait : "accomplir une prière rituelle comportant deux cycles". Cette formule est présente dans un certain nombre de hadîths, dont voici un : "عن عثمان بن عفان قال: رأيت النبي صلى الله عليه وسلم توضأ وهو في هذا المجلس، فأحسن الوضوء ثم قال: "من توضأ مثل هذا الوضوء، ثم أتى المسجد فركع ركعتين، ثم جلس، غفر له ما تقدم من ذنبه" (al-Bukhârî, 6069). Aïcha (que Dieu l'agrée) a utilisé cette formule ici : "عن عائشة، قالت: "كان رسول الله صلى الله عليه وسلم إذا سكت المؤذن بالأولى من صلاة الفجر، قام فركع ركعتين خفيفتين قبل صلاة الفجر بعد أن يستبين الفجر. ثم اضطجع على شقه الأيمن، حتى يأتيه المؤذن للإقامة" (al-Bukhârî, 600, Muslim, 736) ;
--- "سَجَدَ سجدتين", "faire sujûd en deux fois", littéralement : "se prosterner par deux fois" ; pour signifier en fait : "accomplir une prière rituelle comportant deux cycles". C'est ainsi que Nâfi' a décrit les deux cycles de prière accomplis par Abdullâh ibn Omar (que Dieu les agrée) : "عن نافع، عن عبد الله أنه "كان إذا صلى الجمعة انصرف، فسجد سجدتين في بيته، ثم قال: "كان رسول الله صلى الله عليه وسلم يصنع ذلك" (Muslim, 882, at-Tirmidhî, 522).

Il s'agit bien, dans ces trois cas, d'un nom employé en son sens figuré : la partie a été employée pour désigner pour le tout (Majâz Mursal, 'alâqa juz'iyya).

-

II) La même chose peut être dite au sujet de la Foi, Îmân :

La Foi (Îmân) comporte :
--- une partie qui constitue son Asl (sa Base) : sans ce Asl, la foi n'est tout simplement pas valide ;
--- une partie qui relève de son Kamâl (sa Complétude) ; celle-ci est :
------ pour partie Obligatoire (Kamâl Wâjib) ;
------ pour partie Recommandée (Kamâl Mandûb).

Le Asl ul-Îmân consiste à faire une Action (croire et adhérer), en relation avec un certain nombre de points essentiels (en lesquels il s'agit de croire et auxquels il s'agit d'adhérer) : cela donne Asl ul-I'tiqâd ; à quoi il faut ajouter - pour qu'il y ait Asl ul-Îmân - : l'Action de témoigner verbalement, ainsi que - d'après l'avis qui semble pertinent - l'Action d'accomplir des prières rituelles obligatoires.

En effet, chacun sait que, pour avoir Asl ul-I'tiqâd, il faut les 3 constituants suivants :
--- le Yaqîn (alias : "'Ilm") ;
--- le Tasdîq (au sens de I'tirâf) ;
--- et le Iltizâm.
-
Celui qui ne possède pas l'élément de base ne peut pas posséder l'élément qui normalement est bâti dessus.

--- Celui qui ne possède même pas le degré de Yaqîn (n'étant pas convaincu par la vérité) ne peut avoir le Tasdîq :
----- "وَلَكِنَّ أَكْثَرَ النَّاسِ لَا يَعْلَمُونَ" (Coran ; cela y est dit en 11 fois) (en voici 2 : "وَأَقْسَمُواْ بِاللّهِ جَهْدَ أَيْمَانِهِمْ لاَ يَبْعَثُ اللّهُ مَن يَمُوتُ بَلَى وَعْدًا عَلَيْهِ حَقًّا وَلكِنَّ أَكْثَرَ النَّاسِ لاَ يَعْلَمُونَ" : Coran 16/38 ; "قُلِ اللَّهُ يُحْيِيكُمْ ثُمَّ يُمِيتُكُمْ ثُمَّ يَجْمَعُكُمْ إِلَى يَوْمِ الْقِيَامَةِ لَا رَيبَ فِيهِ وَلَكِنَّ أَكَثَرَ النَّاسِ لَا يَعْلَمُونَ" : Coran 45/26. A comparer avec : "إِنَّ السَّاعَةَ لَآتِيَةٌ لَّا رَيْبَ فِيهَا وَلَكِنَّ أَكْثَرَ النَّاسِ لَا يُؤْمِنُونَ" : Coran 40/59) ;
----- "وَقَالَ الَّذِينَ أُوتُوا الْعِلْمَ وَالْإِيمَانَ لَقَدْ لَبِثْتُمْ فِي كِتَابِ اللَّهِ إِلَى يَوْمِ الْبَعْثِ فَهَذَا يَوْمُ الْبَعْثِ وَلَكِنَّكُمْ كُنْتُمْ لَا تَعْلَمُونَ" (Coran 30/56).
--- De même, celui qui ne possède même pas le Tasdîq (ne reconnaissant pas "vérité" ce qui est vérité bien qu'en étant intérieurement convaincu), celui-là ne peut pas bâtir du Iltizâm dessus :
----- "وَكَذَّبَ بِهِ قَوْمُكَ وَهُوَ الْحَقُّ" (Coran 6/66).

-

Or, parfois, au sein de l'Action d'avoir Foi, seuls certains éléments constitutifs de cette Action sont évoqués pour désigner la Base de la Foi.

En effet, parfois, la "Foi" est désignée par :

--- seulement le Yaqîn ('Ilm) :
----- "عن عثمان، قال: قال رسول الله صلى الله عليه وسلم: "من مات وهو يعلم أنه لا إله إلا الله، دخل الجنة" (Muslim, 26) ;
----- "لِيَسْتَيْقِنَ الَّذِينَ أُوتُوا الْكِتَابَ وَيَزْدَادَ الَّذِينَ آمَنُوا إِيمَانًا" (Coran 74/31) ;
----- "قُلْ آمِنُواْ بِهِ أَوْ لاَ تُؤْمِنُواْ إِنَّ الَّذِينَ أُوتُواْ الْعِلْمَ مِن قَبْلِهِ إِذَا يُتْلَى عَلَيْهِمْ يَخِرُّونَ لِلأَذْقَانِ سُجَّدًا وَيَقُولُونَ سُبْحَانَ رَبِّنَا إِن كَانَ وَعْدُ رَبِّنَا لَمَفْعُولاً" (Coran 17/107-108) ;
----- "وَمِنْهُم مَّن يَسْتَمِعُ إِلَيْكَ حَتَّى إِذَا خَرَجُوا مِنْ عِندِكَ قَالُوا لِلَّذِينَ أُوتُوا الْعِلْمَ مَاذَا قَالَ آنِفًا أُوْلَئِكَ الَّذِينَ طَبَعَ اللَّهُ عَلَى قُلُوبِهِمْ وَاتَّبَعُوا أَهْوَاءهُمْ" (Coran 47/16) ;
----- "وَلِيَعْلَمَ الَّذِينَ أُوتُوا الْعِلْمَ أَنَّهُ الْحَقُّ مِن رَّبِّكَ فَيُؤْمِنُوا بِهِ فَتُخْبِتَ لَهُ قُلُوبُهُمْ" (Coran 22/54) : "قوله تعالى: "وَلِيَعْلَمَ الَّذِينَ أُوتُوا الْعِلْمَ" وهو التوحيد والقرآن؛ وهم المؤمنون" (Zâd ul-massîr) ; "و"الذين أوتوا العلم" هم المؤمنون" (At-Tahrîr wa-t-tanwîr) ; il y a donc eu ici : "تسمية "الذين آمنوا" باسم "الذين أوتوا العلم" (remarque personnelle) ; "وأما في حق المؤمنين فهو قوله: {وليعلم الذين أوتوا العلم أنه الحق من ربك}؛ وفي الكناية ثلاثة أوجه: أحدها: أنها عائدة إلى نسخ ما ألقاه الشيطان، عن الكلبي. وثانيها: أنه الحق أي القرآن عن مقاتل وثالثها: أن تمكن الشيطان من ذلك الإلقاء هو الحق" (Tafsîr ur-Râzî) ;
----- "وَيَرَى الَّذِينَ أُوتُوا الْعِلْمَ الَّذِي أُنزِلَ إِلَيْكَ مِن رَّبِّكَ هُوَ الْحَقَّ" (Coran 34/6) : "وفي "الَّذِينَ أُوتُوا الْعِلْمَ" قولان: أحدهما: أنهم مؤمنوا أهل الكتاب، كعبد الله بن سلام وأصحابه، رواه أبو صالح عن ابن عباس. والثاني: أصحاب محمّد صلى الله عليه وسلّم، قاله قتادة. قوله تعالى: "الَّذِي أُنْزِلَ إِلَيْكَ مِنْ رَبِّكَ يعني القرآن هُوَ الْحَقَّ": قال الفرّاء: "هو" عماد لـ"الذي"، فلذلك انتصب الحقّ" (Zâd ul-massîr) ;
----- "قَالَ الَّذِينَ يُرِيدُونَ الْحَيَاةَ الدُّنيَا يَا لَيْتَ لَنَا مِثْلَ مَا أُوتِيَ قَارُونُ إِنَّهُ لَذُو حَظٍّ عَظِيمٍ وَقَالَ الَّذِينَ أُوتُوا الْعِلْمَ وَيْلَكُمْ ثَوَابُ اللَّهِ خَيْرٌ لِّمَنْ آمَنَ وَعَمِلَ صَالِحًا وَلَا يُلَقَّاهَا إِلَّا الصَّابِرُونَ" (Coran 28/79-80) ;
----- "بَلْ هُوَ آيَاتٌ بَيِّنَاتٌ فِي صُدُورِ الَّذِينَ أُوتُوا الْعِلْمَ وَمَا يَجْحَدُ بِآيَاتِنَا إِلَّا الظَّالِمُونَ" (Coran 29/49) ;
----- "قَالَ الَّذِينَ أُوتُواْ الْعِلْمَ إِنَّ الْخِزْيَ الْيَوْمَ وَالْسُّوءَ عَلَى الْكَافِرِينَ" (Coran 16/27).
(Aux deux versets suivants, les termes "'ilm" (pour "avoir la certitude") et "îmân" (pour "avoir foi") sont mentionnés côte à côte au sujet des mêmes personnes ; parlant du premier de ces versets, Ibn 'Atiyya dit que la mention de "foi" après "certitude" est seulement pour étayer ce que ce terme induisait déjà :
----- "وَقَالَ الَّذِينَ أُوتُوا الْعِلْمَ وَالْإِيمَانَ لَقَدْ لَبِثْتُمْ فِي كِتَابِ اللَّهِ إِلَى يَوْمِ الْبَعْثِ فَهَذَا يَوْمُ الْبَعْثِ" (Coran 30/56) : "وفيهم قولان: أحدهما: أنهم الملائكة. والثاني: المؤمنون" (Zad ul-massîr) ; "ثم أخبر تعالى عن "الَّذِينَ أُوتُوا الْعِلْمَ وَالْإِيمانَ" أنهم يقفون في تلك الحال على حق ويعرفون أنه الوعد المتقرر في الدنيا. وقال بعض المفسرين: إنما أراد: "أوتوا الإيمان والعلم"، ففي الكلام تقديم وتأخير. قال الفقيه الإمام القاضي: ولا يحتاج إلى هذا، بل ذكر العلم يتضمن الإيمان، ولا يصف اللهُ بعلمٍ مَن لم يَعلَمْ كلَ ما يوجِب الإيمان؛ ثم ذكر الإيمان بعد ذلك تنبيها عليه وتشريفا لأمره، كما قال تعالى: {فاكِهَةٌ وَنَخْلٌ وَرُمَّانٌ}؛ فنبه على مكان الإيمان وخصه بالذكر تشريفا" (Tafsîr Ibn 'Atiyya) ;
----- "يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آمَنُوا إِذَا قِيلَ لَكُمْ تَفَسَّحُوا فِي الْمَجَالِسِ فَافْسَحُوا يَفْسَحِ اللَّهُ لَكُمْ وَإِذَا قِيلَ انشُزُوا فَانشُزُوا يَرْفَعِ اللَّهُ الَّذِينَ آمَنُوا مِنكُمْ وَالَّذِينَ أُوتُوا الْعِلْمَ دَرَجَاتٍ" (Coran 58/11).)
En fait, le 'Ilm complet et parfait se dit du fait de savoir ce qu'est la vérité, et d'y adhérer - au moins au niveau du for intérieur - : "أَفَمَن يَعْلَمُ أَنَّمَا أُنزِلَ إِلَيْكَ مِن رَبِّكَ الْحَقُّ كَمَنْ هُوَ أَعْمَى إِنَّمَا يَتَذَكَّرُ أُوْلُواْ الأَلْبَابِ" (Coran 13/19) ; "أَمَّنْ هُوَ قَانِتٌ آنَاء اللَّيْلِ سَاجِدًا وَقَائِمًا يَحْذَرُ الْآخِرَةَ وَيَرْجُو رَحْمَةَ رَبِّهِ قُلْ هَلْ يَسْتَوِي الَّذِينَ يَعْلَمُونَ وَالَّذِينَ لَا يَعْلَمُونَ إِنَّمَا يَتَذَكَّرُ أُوْلُواْ الأَلْبَابِ" (Coran 39/9) : "وقال غيره: الذين يعلمون هم الذين ينتفعون بعلمهم ويعملون به؛ فأما من لم ينتفع بعلمه ولم يعمل به، فهو بمنزلة من لم يعلم" (Tafsîr ul-Qurtubî) ; "إِنَّ اللَّهَ لاَ يَسْتَحْيِي أَن يَضْرِبَ مَثَلاً مَّا بَعُوضَةً فَمَا فَوْقَهَا فَأَمَّا الَّذِينَ آمَنُواْ فَيَعْلَمُونَ أَنَّهُ الْحَقُّ مِن رَّبِّهِمْ وَأَمَّا الَّذِينَ كَفَرُواْ فَيَقُولُونَ مَاذَا أَرَادَ اللَّهُ بِهَذَا مَثَلاً يُضِلُّ بِهِ كَثِيراً وَيَهْدِي بِهِ كَثِيراً وَمَا يُضِلُّ بِهِ إِلاَّ الْفَاسِقِينَ" (Coran 2/26). Le fait est que "savoir" est la première étape pour "croire" ; et c'est l'étape qui doit normalement mener à celle du croire : "فَاعْلَمْ أَنَّهُ لَا إِلَهَ إِلَّا اللَّهُ" (Coran 47/19). Celui qui ne croit pas est quelqu'un qui ne sait pas véritablement. Ibn Taymiyya écrit : "وذلك نسبة إلى الجهل الذي هو عدم العلم، أو عدم اتباع العلم. فإنّ من لم يعلم الحق، فهو جاهل جهلا بسيطا. فإن اعتقد خلافه، فهو جاهل جهلا مركبا. فإنْ قال خلاف الحق، عالما بالحق أو غير عالم، فهو جاهل أيضا؛ كما (...) قال النبي صلى الله عليه وسلم: "إذا كان أحدكم صائما فلا يرفث ولا يجهل". (...) وكذلك من عمل بخلاف الحق، فهو جاهل، وإن علم أنه مخالف للحق" (Al-Iqtidhâ', p. 77) ; )

--- ou seulement le Tasdîq :
----- "نَحْنُ خَلَقْنَاكُمْ فَلَوْلَا تُصَدِّقُونَ" (Coran 56/57).

Cela est en fait au sens figuré, avec la partie pour le tout. Majâz Mursal, 'alâqa juz'iyya.

-

De même, l'Action de la Foi doit, pour engendrer le Asl ul-I'tiqâd, porter sur un certain nombre de points essentiels.

En effet, il s'agit de croire en "Lâ ilâha Ill'Allah", "il n'y a de divinité que Dieu", mais aussi en "Muhammadun Rassûlullâh", "Muhammad est Messager de Dieu". Car croire en la première assertion mais pas en la seconde (alors même que le message du dernier prophète est parvenu), cela constitue du Kufr Akbar : "عن أبي هريرة، عن رسول الله صلى الله عليه وسلم أنه قال: "والذي نفس محمد بيده، لا يسمع بي أحد من هذه الأمة يهودي، ولا نصراني، ثم يموت ولم يؤمن بالذي أرسلت به، إلا كان من أصحاب النار" (Muslim, 153).
Et dans les hadîths suivants, ce sont bien ces deux assertions qui sont mentionnées :
----- "عن أبي هريرة، قال: كنا مع النبي صلى الله عليه وسلم في مسير، (...). فقال عند ذلك: "أشهد أن لا إله إلا الله، وأني رسول الله: لا يلقى الله بهما عبد غير شاك فيهما، إلا دخل الجنة" (Muslim, 27) ;
----- "عن قتادة، قال: حدثنا أنس بن مالك أن النبي صلى الله عليه وسلم، ومعاذ رديفه على الرحل، قال: "يا معاذ بن جبل"، قال: "لبيك يا رسول الله وسعديك"، قال: "يا معاذ"، قال: "لبيك يا رسول الله وسعديك"، ثلاثا، قال: "ما من أحد يشهد أن لا إله إلا الله وأن محمدا رسول الله، صدقا من قلبه، إلا حرمه الله على النار"، قال: "يا رسول الله، أفلا أخبر به الناس فيستبشروا؟" قال: "إذا يتكلوا". وأخبر بها معاذ عند موته تأثما" (al-Bukhârî, 128, Muslim, 32/53) ;
----- "عن أنس بن مالك، قال: قال رسول الله صلى الله عليه وسلم: "أمرت أن أقاتل الناس حتى يقولوا لا إله إلا الله، فإذا قالوها، وصلوا صلاتنا، واستقبلوا قبلتنا، وذبحوا ذبيحتنا، فقد حرمت علينا دماؤهم وأموالهم إلا بحقها، وحسابهم على الله" (al-Bukhârî, 385) ;
----- "عن ابن عمر، أن رسول الله صلى الله عليه وسلم قال: "أمرت أن أقاتل الناس حتى يشهدوا أن لا إله إلا الله، وأن محمدا رسول الله، ويقيموا الصلاة، ويؤتوا الزكاة، فإذا فعلوا ذلك عصموا مني دماءهم وأموالهم إلا بحق الإسلام، وحسابهم على الله" (al-Bukhârî, 25, Muslim, 22).

Dans ce hadîth, il est précisé que croire que "Muhammad est Messager de Dieu", c'est aussi adhérer à ce qu'il a apporté comme message (lequel se trouve dans le Coran et la Sunna) :
----- "عن أبي هريرة، عن رسول الله صلى الله عليه وسلم، قال: "أقاتل الناس حتى يشهدوا أن لا إله إلا الله، ويؤمنوا بي، وبما جئت به. فإذا فعلوا ذلك، عصموا مني دماءهم وأموالهم إلا بحقها، وحسابهم على الله" (Muslim, 21/34).

Or parfois seuls certains de ces points sont évoqués pour désigner : tout ce en quoi il faut croire :

--- seulement : "Lâ ilâha ill'Allah" :
----- "عن أبي ذر رضي الله عنه قال: أتيت النبي صلى الله عليه وسلم وعليه ثوب أبيض، وهو نائم، ثم أتيته وقد استيقظ، فقال: "ما من عبد قال: لا إله إلا الله، ثم مات على ذلك، إلا دخل الجنة". قلت: "وإن زنى وإن سرق؟"، قال: "وإن زنى وإن سرق". قلت: "وإن زنى وإن سرق؟"، قال: "وإن زنى وإن سرق". قلت: "وإن زنى وإن سرق؟"، قال: "وإن زنى وإن سرق، على رغم أنف أبي ذر". وكان أبو ذر إذا حدث بهذا، قال: "وإن رغم أنف أبي ذر" (al-Bukhârî, 5489, Muslim, 94/154) ;
----- "عن أبي هريرة أن رسول الله صلى الله عليه وسلم قال: "يا أبا هريرة" - وأعطاني نعليه -، قال: "اذهب بنعلي هاتين، فمن لقيت من وراء هذا الحائط يشهد أن لا إله إلا الله مستيقنا بها قلبه، فبشره بالجنة" (Muslim, 31) ;
----- "عن الزهري، قال: أخبرني سعيد بن المسيب، عن أبيه، قال: لما حضرت أبا طالب الوفاة، جاءه رسول الله صلى الله عليه وسلم فوجد عنده أبا جهل وعبد الله بن أبي أمية بن المغيرة. فقال: "أي عم، قل: لا إله إلا الله، كلمة أحاج لك بها عند الله." فقال أبو جهل وعبد الله بن أبي أمية: "أترغب عن ملة عبد المطلب؟" فلم يزل رسول الله صلى الله عليه وسلم يعرضها عليه، ويعيدانه بتلك المقالة، حتى قال أبو طالب آخر ما كلمهم: "على ملة عبد المطلبوأبى أن يقول: لا إله إلا الله. قال: قال رسول الله صلى الله عليه وسلم: "والله لأستغفرن لك ما لم أنه عنك"، فأنزل الله: {ما كان للنبي والذين آمنوا أن يستغفروا للمشركين}، وأنزل الله في أبي طالب فقال لرسول الله صلى الله عليه وسلم: {إنك لا تهدي من أحببت ولكن الله يهدي من يشاء" (al-Bukhârî, 4494, Muslim, 24). "عن يزيد وهو ابن كيسان، عن أبي حازم، عن أبي هريرة، قال: قال رسول الله صلى الله عليه وسلم لعمه عند الموت: "قل: لا إله إلا الله، أشهد لك بها يوم القيامة". فأبى. فأنزل الله: {إنك لا تهدي من أحببت} الآية" (Muslim, 25) ;
----- "عن عمر رضي الله عنه: قال: قال رسول الله صلى الله عليه وسلم: "أمرت أن أقاتل الناس حتى يقولوا: لا إله إلا الله. فمن قالها فقد عصم مني ماله ونفسه إلا بحقه، وحسابه على الله" (al-Bukhârî, 1335, Muslim, 20) ;
----- "عن جابر، قال: قال رسول الله صلى الله عليه وسلم: "أمرت أن أقاتل الناس حتى يقولوا: لا إله إلا الله. فإذا قالوا: لا إله إلا الله عصموا مني دماءهم، وأموالهم إلا بحقها، وحسابهم على الله" (Muslim, 21/35) ;
----- "عن المسيب، أن أبا هريرة أخبره أن رسول الله صلى الله عليه وسلم، قال: "أمرت أن أقاتل الناس حتى يقولوا: لا إله إلا الله. فمن قال: لا إله إلا الله، عصم مني ماله ونفسه إلا بحقه، وحسابه على الله" (Muslim, 21/33) ;
----- de même dans ce propos de Ibn Mas'ûd : "عن شقيق، عن عبد الله رضي الله عنه، قال: قال رسول الله صلى الله عليه وسلم: "من مات يشرك بالله شيئا، دخل النار"؛ وقلت أنا: "من مات لا يشرك بالله شيئا، دخل الجنة" (al-Bukhârî, 1181, Muslim, 92).

Cela est au sens figuré, avec emploi de la partie pour le tout. Majâz Mursal, 'alâqa juz'iyya.

Ibn Hajar écrit : "المراد بقوله "لا إله إلا الله" في هذا الحديث وغيره: كلمتا الشهادة. فلا يرد إشكال ترك ذكر الرسالة. قال الزين بن المنير: قول "لا إله إلا الله" لقب جرى على النطق بالشهادتين شرعا" (Fat'h ul-bârî, 3/142).
An-Nawawî : "وهذا محمول عند الجماهير على قول الشهادتين. واستغنى بذكر إحداهما عن الأخرى لارتباطهما وشهرتهما. والله أعلم" (Shar'h Muslim, 1/149).

-
Wallâhu A'lam (Dieu sait mieux).

Print Friendly, PDF & Email