Non, la totalité des Mushrikûn n'adhèrent pas à toute la "Aslu Tahwîd-illâh fi-r-Rubûbiyya"

(La lecture de cet article sera impérativement précédée de celle de l'article suivant :
- Le "توحيد الله في الألوهية" (également appelé : "توحيد الله بالعبادة") englobe et dépasse "توحيد الله في الربوبية").)

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Ceux qui adorent d'autres que Dieu dans le domaine métaphysique et ne possèdent donc pas Aslu Tawhîd illâh fi-l-Ulûhiyya, possèdent-ils cependant toute la Aslu Tawhîd illâh fi-r-Rubûbiyya ?

A) C'est en effet ce qu'affirment certains ulémas.

Selon eux, c'est seulement dans la tawhîd ul-ulûhiyya (ou tawhîd ul-'ibâda) que les Polycultistes (les Mushrikûn) ont des manquements. Par contre, ces Polycultistes n'ont aucun manquement dans aslu tawhîd ir-rubûbiyya (ils en ont seulement dans kamâlu tawhîd ir-rubûbiyya) : ils reconnaissent donc que c'est Dieu qui, de façon directe, gère tout ce qui se passe dans l'univers.

Ces ulémas se sont fondés pour cela sur deux types de versets coraniques, qu'ils ont liés ensemble.

----- Le premier type est le suivant :

- "أَلَا لِلَّهِ الدِّينُ الْخَالِصُ وَالَّذِينَ اتَّخَذُوا مِن دُونِهِ أَوْلِيَاء مَا نَعْبُدُهُمْ إِلَّا لِيُقَرِّبُونَا إِلَى اللَّهِ زُلْفَى. إِنَّ اللَّهَ يَحْكُمُ بَيْنَهُمْ فِي مَا هُمْ فِيهِ يَخْتَلِفُونَ إِنَّ اللَّهَ لَا يَهْدِي مَنْ هُوَ كَاذِبٌ كَفَّارٌ" : "Ecoutez : A Dieu (revient) le culte pur. Et ceux qui ont pris des Awliyâ' en dehors de Lui (disent) : "Nous ne leur rendons de culte que pour qu'ils nous rapprochent de Dieu"" (Coran 39/3).

- "وَيَعْبُدُونَ مِن دُونِ اللّهِ مَا لاَ يَضُرُّهُمْ وَلاَ يَنفَعُهُمْ وَيَقُولُونَ هَؤُلاء شُفَعَاؤُنَا عِندَ اللّهِ" : "Et ils adorent, en dehors de Dieu, ce qui ne leur fait ni tort ni bienfait, et ils disent : "Ceux-là sont nos intercesseurs auprès de Dieu"" (Coran 10/18).

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----- Le second type de versets est le suivant :

- "ولئن سألتهم من خلق السموات والارض؟ ليقولن الله" : "Et si tu leur demandes : "Qui a créé les cieux et la Terre ?", ils diront : "C'est Dieu"" (Coran 31/25 ; 39/38 ; voir aussi 43/9).
- "وَلَئِن سَأَلْتَهُم مَّنْ خَلَقَ السَّمَاوَاتِ وَالْأَرْضَ وَسَخَّرَ الشَّمْسَ وَالْقَمَرَ؟ لَيَقُولُنَّ اللَّهُ! فَأَنَّى يُؤْفَكُونَ" : "Et si tu leur demandes : "Qui a créé les cieux et la Terre et a assujetti le soleil et la lune ?", ils diront : "C'est Dieu"" (Coran 29/61).
- "وَلَئِن سَأَلْتَهُم مَّنْ خَلَقَهُمْ لَيَقُولُنَّ اللَّهُ! فَأَنَّى يُؤْفَكُونَ" : "Et si tu leur demandes : "Qui les a créés ?", ils diront : "C'est Dieu"" (Coran 43/87).
- Et même : "وَلَئِن سَأَلْتَهُم مَّن نَّزَّلَ مِنَ السَّمَاء مَاء فَأَحْيَا بِهِ الْأَرْضَ مِن بَعْدِ مَوْتِهَا لَيَقُولُنَّ اللَّهُ! قُلِ الْحَمْدُ لِلَّهِ! بَلْ أَكْثَرُهُمْ لَا يَعْقِلُونَ" : "Et si tu leur demandes : "Qui a fait descendre du ciel une eau, puis a fait (re)vivre par elle la terre après que celle-ci soit morte ?", ils diront : "C'est Dieu"" (Coran 29/63).
- "قُل لِّمَنِ الْأَرْضُ وَمَن فِيهَا إِن كُنتُمْ تَعْلَمُونَ؟ سَيَقُولُونَ لِلَّهِ! قُلْ أَفَلَا تَذَكَّرُونَ؟ قُلْ مَن رَّبُّ السَّمَاوَاتِ السَّبْعِ وَرَبُّ الْعَرْشِ الْعَظِيمِ؟ سَيَقُولُونَ لِلَّهِ! قُلْ أَفَلَا تَتَّقُونَ؟ قُلْ مَن بِيَدِهِ مَلَكُوتُ كُلِّ شَيْءٍ وَهُوَ يُجِيرُ وَلَا يُجَارُ عَلَيْهِ إِن كُنتُمْ تَعْلَمُونَ؟ سَيَقُولُونَ لِلَّهِ! قُلْ فَأَنَّى تُسْحَرُونَ" :
"Dis : "A qui appartient la Terre et ceux qui s'y trouvent, si vous savez ?" Ils diront : "(Ils appartiennent) à Dieu !" Dis : "Ne vous souvenez-vous donc pas ?"
Dis : "Qui est le Rabb des sept cieux et le Rabb du Trône Sublime ?" Ils diront : "(La rubûbiyya de cela appartient) à Dieu !" Dis : "Ne vous préservez-vous donc pas ?"
"Dis : "Qui est celui dans la main de qui se trouve la royauté de chaque chose, qui accorde protection et face à qui on n'accorde pas de protection (à quelqu'un), si vous savez ?" Ils diront : "(Cette royauté et ce droit d'accorder la protection appartiennent) à Dieu !" Dis : "Comment êtes-vous donc ensorcelés ?""
(Coran 23/84-89).
- "قُلْ: مَن يَرْزُقُكُم مِّنَ السَّمَاء وَالأَرْضِ؟ أَمَّن يَمْلِكُ السَّمْعَ والأَبْصَارَ؟ وَمَن يُخْرِجُ الْحَيَّ مِنَ الْمَيِّتِ وَيُخْرِجُ الْمَيَّتَ مِنَ الْحَيِّ؟ وَمَن يُدَبِّرُ الأَمْرَ؟ فَسَيَقُولُونَ اللّهُ! فَقُلْ أَفَلاَ تَتَّقُونَ" : "Dis : "Qui vous donne (votre) subsistance (provenant) du ciel et la Terre ? Ou bien qui est propriétaire de l'entendement et des vues ? Et qui fait sortir le vivant de l'inerte, et fait sortir l'inerte du vivant ? Et qui gère l'affaire ?" Ils diront : "(C'est) Dieu !" Dis alors : "Ne vous préservez-vous donc pas ?"" (Coran 10/31).

- "قُلْ أَنَدْعُو مِن دُونِ اللّهِ مَا لاَ يَنفَعُنَا وَلاَ يَضُرُّنَا" : "Dis : "Invoquerions-nous, en dehors de Dieu, ce qui ne nous apporte pas de bienfait ni ne nous cause de tort ?..." (Coran 6/71).

- "فَمَنْ أَظْلَمُ مِمَّنِ افْتَرَى عَلَى اللّهِ كَذِبًا أَوْ كَذَّبَ بِآيَاتِهِ إِنَّهُ لاَ يُفْلِحُ الْمُجْرِمُونَ وَيَعْبُدُونَ مِن دُونِ اللّهِ مَا لاَ يَضُرُّهُمْ وَلاَ يَنفَعُهُمْ وَيَقُولُونَ هَؤُلاء شُفَعَاؤُنَا عِندَ اللّهِ قُلْ أَتُنَبِّئُونَ اللّهَ بِمَا لاَ يَعْلَمُ فِي السَّمَاوَاتِ وَلاَ فِي الأَرْضِ سُبْحَانَهُ وَتَعَالَى عَمَّا يُشْرِكُونَ" (Coran 10/17-18).

- "وَأَنْ أَقِمْ وَجْهَكَ لِلدِّينِ حَنِيفًا وَلاَ تَكُونَنَّ مِنَ الْمُشْرِكِينَ وَلاَ تَدْعُ مِن دُونِ اللّهِ مَا لاَ يَنفَعُكَ وَلاَ يَضُرُّكَ فَإِن فَعَلْتَ فَإِنَّكَ إِذًا مِّنَ الظَّالِمِينَ" (Coran 10/105-106).

- "وَمِنَ النَّاسِ مَن يَعْبُدُ اللَّهَ عَلَى حَرْفٍ فَإِنْ أَصَابَهُ خَيْرٌ اطْمَأَنَّ بِهِ وَإِنْ أَصَابَتْهُ فِتْنَةٌ انقَلَبَ عَلَى وَجْهِهِ خَسِرَ الدُّنْيَا وَالْآخِرَةَ ذَلِكَ هُوَ الْخُسْرَانُ الْمُبِينُ يَدْعُو مِن دُونِ اللَّهِ مَا لَا يَضُرُّهُ وَمَا لَا يَنفَعُهُ ذَلِكَ هُوَ الضَّلَالُ الْبَعِيدُ يَدْعُو لَمَن ضَرُّهُ أَقْرَبُ مِن نَّفْعِهِ لَبِئْسَ الْمَوْلَى وَلَبِئْسَ الْعَشِيرُ" (Coran 22/11-13).

- "وَهُوَ الَّذِي خَلَقَ مِنَ الْمَاء بَشَرًا فَجَعَلَهُ نَسَبًا وَصِهْرًا وَكَانَ رَبُّكَ قَدِيرًا وَيَعْبُدُونَ مِن دُونِ اللَّهِ مَا لَا يَنفَعُهُمْ وَلَا يَضُرُّهُمْ وَكَانَ الْكَافِرُ عَلَى رَبِّهِ ظَهِيرًا" (Coran 25/54-55).

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----- Ces ulémas (A) ont lié ensemble ces deux types de versets.

Ils en ont alors ont déduit que les Polycultistes adhèrent à aslu tawhîd illâh fi-r-rubûbiyya et que c'est seulement dans la ulûhiyya qui ne relève pas de la rubûbiyya aussi qu'ils n'ont pas asl ut-tahwîd : ils rendaient un culte (ta'lîh akbar) à ces entités par des moyens qui les rapprochaient spirituellement d'elles, afin (disaient-ils) qu'elles intercèdent pour eux auprès de Dieu pour leurs affaires temporelles : pour leurs recherches de profit et pour se préserver de méfaits. Mais ils ne leur rendaient pas de culte par des considérations de asl ur-rubûbiyya, et donc pas par des invocations de demande d'aide (du'â' ul-mas'ala) : ils savaient au contraire que ces entités ne pouvaient leur apporter ni profit ni méfait directs : elles ne pouvaient, disaient-ils, qu'intercéder pour eux auprès de Dieu.

Quant au verset qui dit : "قُلْ أَغَيْرَ اللّهِ أَبْغِي رَبًّا وَهُوَ رَبُّ كُلِّ شَيْءٍ" : "Dis : "Autre que Dieu chercherais-je comme Rabb, alors qu'Il est le Rabb de toute chose ?"" (Coran 6/164), ces ulémas font valoir que la cause de révélation que des Commentateurs ont mentionnée indique qu'ici les Polycultistes auxquels il est demandé au prophète Muhammad de répondre qu'il ne prendra pas autre que Dieu comme rabb, ces Polycultistes lui avaient proposé non pas de prendre autre que Dieu comme rabb dans asl ur-rubûbiyya, mais de prendre autre que Dieu comme ilâh [soit de faire shirk akbar fi-l-ulûhiyya], et de s'en remettre à eux par rapport à tout éventuel malheur qui l'atteindrait alors [ce qui correspond à un shirk asghar fi-r-rubûbiyya]. Et c'est ce à quoi le Prophète est ici enjoint de répondre qu'il ne prendra de Rabb que Dieu, dans le sens de kamâl ut-tawakkul al-wâjib.
Ibn ul-Jawzî
écrit ainsi : "سبب نزولها أن كفار قريش قالوا للنبي صلى الله عليه وسلم: "ارجع عن هذا الأمر، ونحن لك الكُفلاء بما أصابك من تبعة"، فنزلت هذه الآية، قاله مقاتل" (Zâd ul-massîr).
Al-Qurtubî écrit quant à lui : "روي أن الكفار قالوا للنبي صلى الله عليه وسلم: "ارجع يا محمد إلى ديننا، واعبد آلهتنا، وأترك ما أنت عليه، ونحن نتكفل لك بكل تباعة تتوقعها في دنياك وآخرتك"" (Tafsîr ul-Qurtubî).

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B) Pourtant, dans d'autres textes (versets et hadîth) on lit quelque chose qui semble différent :

Les incroyants parmi le peuple de Âd dirent à Hûd (sur lui soit la paix) : "قَالُواْ يَا هُودُ مَا جِئْتَنَا بِبَيِّنَةٍ وَمَا نَحْنُ بِتَارِكِي آلِهَتِنَا عَن قَوْلِكَ وَمَا نَحْنُ لَكَ بِمُؤْمِنِينَ. إِن نَّقُولُ إِلاَّ اعْتَرَاكَ بَعْضُ آلِهَتِنَا بِسُوَءٍ" : "Ils dirent : "O Hûd ! Tu ne nous as pas apporté de preuve ! Nous n'en sommes pas à délaisser nos divinités à cause de ton propos? Nous n'en sommes pas à croire en toi. Nous ne disons rien d'autre que : "L'une de nos divinités t'a frappé d'un mal !"" (Coran 11/53-54). Il est clair ici que ces polycultistes croyaient leurs divinités capables de causer du tort, de façon autonome par rapport à Dieu, à celui qui dit qu'elles n'ont rien de divin et que Dieu Seul mérite l'adoration. Ils ne croyaient donc pas que Dieu Seul gère chaque événement de l'univers.

– Abraham (sur lui soit la paix) voulant faire comprendre à son peuple qui est le Vrai et Seul Rabb : "فَلَمَّا جَنَّ عَلَيْهِ اللَّيْلُ رَأَى كَوْكَبًا قَالَ هَذَا رَبِّي؟ فَلَمَّا أَفَلَ قَالَ لا أُحِبُّ الآفِلِينَ فَلَمَّا رَأَى الْقَمَرَ بَازِغًا قَالَ هَذَا رَبِّي؟ فَلَمَّا أَفَلَ قَالَ لَئِن لَّمْ يَهْدِنِي رَبِّي لأكُونَنَّ مِنَ الْقَوْمِ الضَّالِّينَ فَلَمَّا رَأَى الشَّمْسَ بَازِغَةً قَالَ هَذَا رَبِّي هَذَآ أَكْبَرُ؟ فَلَمَّا أَفَلَتْ قَالَ يَا قَوْمِ إِنِّي بَرِيءٌ مِّمَّا تُشْرِكُونَ إِنِّي وَجَّهْتُ وَجْهِيَ لِلَّذِي فَطَرَ السَّمَاوَاتِ وَالأَرْضَ حَنِيفًا وَمَا أَنَاْ مِنَ الْمُشْرِكِينَ وَحَآجَّهُ قَوْمُهُ. قَالَ أَتُحَاجُّونِّي فِي اللّهِ وَقَدْ هَدَانِ وَلاَ أَخَافُ مَا تُشْرِكُونَ بِهِ إِلاَّ أَن يَشَاء رَبِّي شَيْئًا وَسِعَ رَبِّي كُلَّ شَيْءٍ عِلْمًا أَفَلاَ تَتَذَكَّرُونَ وَكَيْفَ أَخَافُ مَا أَشْرَكْتُمْ وَلاَ تَخَافُونَ أَنَّكُمْ أَشْرَكْتُم بِاللّهِ مَا لَمْ يُنَزِّلْ بِهِ عَلَيْكُمْ سُلْطَانًا فَأَيُّ الْفَرِيقَيْنِ أَحَقُّ بِالأَمْنِ إِن كُنتُمْ تَعْلَمُونَ" (Coran 6/76-81). Abraham (sur lui soit la paix) s'adressait ici à des gens qui accordait une part de asl ur-rubûbiyya à ceux qu'ils adoraient. En effet, ils considéraient que des étoiles gèrent ce qui se passe sur Terre. Cela est connu et établi. (Abraham avait fait ici un débat, munâzara : il posait donc des questions : voir Tafsîr ul-Qurtubî, tome 5 p. 285, tome 7 p. 25 ; Tafsîr Ibn Kathîr.) "وظن هؤلاء أن قول إبراهيم عليه السلام {هذا ربي} أراد به: هذا خالق السماوات والأرض، القديم الأزلي، وأنه استدل على حدوثه بالحركة. وهذا خطأ من وجوه: أحدهما: أن قول الخليل {هذا ربي} ـ سواء قاله على سبيل التقدير لتقريع قومه، أو على سبيل الاستدلال والترقي، أو غير ذلك ـ ليس المراد به: هذا رب العالمين القديم الأزلي الواجب الوجود بنفسه، ولا كان قومه يقولون: إن الكواكب أو القمر أو الشمس رب العالمين الأزلي الواجب الوجود بنفسه، ولا قال هذا أحد من اهل المقالات المعروفة التي ذكره الناس (لا من مقالات أهل التعطيل والشرك الذين يعبدون الشمس والقمر والكواكب، ولا من مقالات غيرهم)، بل قوم إبراهيم صلى الله عليه وسلم كانوا يتخذونها أرباباً يدعونها ويتقربون إليها بالبناء عليها والدعوة لها والسجود والقرابين وغير ذلك، وهو دين المشركين الذين صنف الرازي كتابه على طريقتهم وسماه "السر المكتوم في دعوة الكواكب والنجوم والسحر والطلاسم والعزائم"؛ وهذا دين المشركين من الصابئين كالكشدانيين والكنعانيين واليونانيين وأرسطو وأمثاله من أهل هذا الدين؛ وكلامه معروف في السحر الطبيعي والسحر الروحاني، والكتب المعروفة بذخيرة الإسكندر بن فليبس الذي يؤرخون به، وكان قبل المسيح بنحو ثلاثمائة سنة. وكانت اليونان مشركين يعبدون الأوثان، كما كان قوم إبراهيم مشركين يعبدون الأوثان" (Dar' ta'ârudh il-'aql wa-n-naql, 1/311-312 ; 1/279 dans l'édition que je possède).

– Joseph (sur lui soit la paix) dit à ses deux compagnons de prison, qui étaient polycultistes : "يَا صَاحِبَيِ السِّجْنِ أَأَرْبَابٌ مُّتَفَرِّقُونَ خَيْرٌ أَمِ اللّهُ الْوَاحِدُ الْقَهَّارُ؟ مَا تَعْبُدُونَ مِن دُونِهِ إِلاَّ أَسْمَاء سَمَّيْتُمُوهَا أَنتُمْ وَآبَآؤُكُم مَّا أَنزَلَ اللّهُ بِهَا مِن سُلْطَانٍ. إِنِ الْحُكْمُ إِلاَّ لِلّهِ. أَمَرَ أَلاَّ تَعْبُدُواْ إِلاَّ إِيَّاهُ. ذَلِكَ الدِّينُ الْقَيِّمُ وَلَكِنَّ أَكْثَرَ النَّاسِ لاَ يَعْلَمُونَ" : "O compagnons de prisons, des rabb différents sont-ils meilleurs, ou bien Dieu, l'Unique, le Dominant ? Vous n'adorez, en dehors de Lui, que des noms* que vous avez nommés, vous et vos ancêtres, à propos desquels Dieu n'a fait descendre aucune preuve. Le hukm** n'appartient qu'à Dieu ! Il a ordonné : "N"adorez que Lui." Voilà la religion droite. Mais la plupart des hommes ne savent pas" (Coran 12/39-40). (* C'est-à-dire que ceux qu'ils adorent en dehors de Dieu n'ont de "caractère divin" que le nom, pas la réalité.) (** Le hukm peut désigner, ici, le hukm takwînî, ou le hukm tashrî'î, ou les deux.)
Les Egyptiens de l'époque de Joseph attribuaient une part de gestion de l'univers à d'autres que Dieu : cela est établi, vérifié et connu. Il croyaient ainsi en des "dieux protecteurs", "un dieu qui renouvelle le monde", etc. Et c'est ce qui permet de comprendre que "arbâb", ici employé par le prophète Joseph fils de Jacob (sur eux soit la paix) est bien dans son sens particulier de "qui gère l'univers ou une partie de l'univers".

"وَلَقَدْ أَهْلَكْنَا مَا حَوْلَكُم مِّنَ الْقُرَى وَصَرَّفْنَا الْآيَاتِ لَعَلَّهُمْ يَرْجِعُونَ فَلَوْلَا نَصَرَهُمُ الَّذِينَ اتَّخَذُوا مِن دُونِ اللَّهِ قُرْبَانًا آلِهَةً بَلْ ضَلُّوا عَنْهُمْ وَذَلِكَ إِفْكُهُمْ وَمَا كَانُوا يَفْتَرُونَ" : "Et Nous avons détruit ce qu'il y (avait) autour de vous de cités, et avons déployé les Signes, afin qu'ils reviennent. Pourquoi ceux qu'ils avaient pris en dehors de Dieu comme moyens de rapprochement, comme divinités, ne les ont-ils pas aidés ? Ils avaient plutôt disparu d'eux. Cela [= dire que ces êtres sont divins] est leur mensonge et ce qu'ils inventaient" (Coran 46/27-28).

"قُلِ ادْعُوا الَّذِينَ زَعَمْتُمْ مِنْ دُونِهِ فَلَا يَمْلِكُونَ كَشْفَ الضُّرِّ عَنْكُمْ وَلَا تَحْوِيلًا أُولَئِكَ الَّذِينَ يَدْعُونَ يَبْتَغُونَ إِلَى رَبِّهِمُ الْوَسِيلَةَ أَيُّهُمْ أَقْرَبُ وَيَرْجُونَ رَحْمَتَهُ وَيَخَافُونَ عَذَابَهُ إِنَّ عَذَابَ رَبِّكَ كَانَ مَحْذُورًا" : "Dis : "Invoquez ceux dont vous prétendez (qu'ils sont divins) autres que Lui ! Ils ne possèdent pas (le pouvoir) d'enlever le tort de vous, ni (celui) de (le) détourner (de vous)." Ceux qu'ils invoquent recherchent le moyen pour (se rapprocher) de leur Pourvoyeur, lequel sera plus proche, espèrent Sa Miséricorde et redoutent Son châtiment. Le châtiment de ton Pourvoyeur est redouté" (Coran 17/56-57). "والمعنى: قل ادعوا الذين زعمتم أنهم آلهة، فلا يملكون كشف الضر عنكم ولا تحويلا له إلى غيركم. قوله تعالى:{أولئك الذين يدعون} في المشار إليهم بـ"أولئك" ثلاثة أقوال: أحدها: أنهم الجن الذين أسلموا؛ والثاني: الملائكة؛ وقد سبق بيان القولين؛ والثالث: أنهم المسيح وعزير والملائكة والشمس والقمر، قاله ابن عباس" (Zâd ul-massîr).
Ces gens invoquaient donc bien ces entités avec l'espoir que celles-ci pourraient les débarrasser d'un tort dont ils souffraient...

– "فَإِذَا رَكِبُوا فِي الْفُلْكِ دَعَوُا اللَّهَ مُخْلِصِينَ لَهُ الدِّينَ؛ فَلَمَّا نَجَّاهُمْ إِلَى الْبَرِّ إِذَا هُمْ يُشْرِكُونَ" : "Alors, lorsqu'ils montent sur le bateau, ils invoquent Dieu en gardant uniquement pour Lui l'adoration. Puis, lorsqu'Il les sauve (en les faisant parvenir) jusqu'à la terre sèche, voilà qu'ils associent (à Dieu d'autres choses)" (Coran 29/65).
En commentaire de ce dernier verset, At-Tabarî écrit :
"يقول تعالى ذكره: فإذا ركب هؤلاء المشركون السفينة في البحر فخافوا الغرق والهلاك فيه، (دعوا الله مخلصين له الدين) يقول: أخلَصوا لله عند الشدة التي نزلت بهم التوحيدَ، وأفردوا له الطاعة، وأذعنوا له بالعبودة، ولم يستغيثوا بآلهتهم وأندادهم ولكن بالله الذي خلقهم.
فلما نجاهم إلى البر) يقول: فلما خلصهم مما كانوا فيه وسلمهم فصاروا إلى البر، إذا هم يجعلون مع الله شريكا في عبادتهم، ويدعون الآلهة والأوثان معه أربابا.
حدثنا بشر، قال: ثنا يزيد، قال: ثنا سعيد، عن قتادة، قوله (فلما نجاهم إلى البر إذا هم يشركون): فالخلق كلهم يقرون لله أنه ربهم، ثم يشركون بعد ذلك" (Tafsîr ut-Tabarî).
S'il est dit que, une fois dans le bateau, ils n'invoquent plus que Dieu Seul pour les sauver du malheur de la noyade, cela signifie que, sur la terre ferme, ils invoquent bien autre que Dieu d'une invocation de demande d'aide (du'â ul-mas'ala), pour être préservés ou délivrés d'un malheur temporel. Ils croyaient donc bien que leurs idoles peuvent réaliser certaines choses dans l'univers, comme par exemple les sauver d'un malheur. Ce n'était donc, pas, de leur part, seulement des invocations d'éloge (du'â uth-thanâ') pour rapprochement spirituel, mais aussi des invocations de demande d'aide (du'â ul-mas'ala), pour être délivrés d'un malheur temporel.
Ibn Kathîr cite quant à lui l'histoire suivante, avec 'Ik'rima ibn Abî Jahl : "وقد ذكر محمد بن إسحاق، عن عكرمة بن أبي جهل: أنه لما فتح رسول الله صلى الله عليه وسلم مكة ذهب فارا منها، فلما ركب في البحر ليذهب إلى الحبشة، اضطربت بهم السفينة. فقال أهلها: "يا قوم، أخلصوا لربكم الدعاء، فإنه لا ينجي هاهنا إلا هو!" فقال عكرمة: "والله إن كان لا ينجي في البحر غيرُه، فإنه لا ينجي غيرُه في البر أيضا! اللهم لك عليّ عهد لئن خرجت لأذهبن فلأضعن يدي في يد محمد فلأجدنه رؤوفا رحيما." وكان كذلك" (Tafsîr Ibn Kathîr). Il est bien question, ici, de "sauver" du malheur.

"رَّبُّكُمُ الَّذِي يُزْجِي لَكُمُ الْفُلْكَ فِي الْبَحْرِ لِتَبْتَغُواْ مِن فَضْلِهِ إِنَّهُ كَانَ بِكُمْ رَحِيمًا وَإِذَا مَسَّكُمُ الْضُّرُّ فِي الْبَحْرِ ضَلَّ مَن تَدْعُونَ إِلاَّ إِيَّاهُ فَلَمَّا نَجَّاكُمْ إِلَى الْبَرِّ أَعْرَضْتُمْ وَكَانَ الإِنْسَانُ كَفُورًا" : "Et lorsqu'un tort vous touche en mer, ceux que invoquiez disparaissent, sauf Lui. Puis, lorsqu'Il vous sauve (en vous faisant parvenir) à la terre sèche, voilà que vous vous détournez. Et l'homme est grand ingrat" (Coran 17/66-67).

Le Prophète (sur lui soit la paix) a dit : "أربع في أمتي من أمر الجاهلية، لا يتركونهن: الفخر في الأحساب، والطعن في الأنساب، والاستسقاء بالنجوم، والنياحة" : ici il a dit entre autres choses que  "demander la pluie aux étoiles" relève des "actions de la période pré-islamique" que certaines personnes de sa "Umma ne délaisseront pas" (Muslim, 934).
Ibn ul-'Uthaymîn écrit que le fait de croire que l'étoile gère la pluie elle-même constitue du shirk akbar fi-r-rubûbiyya ("أن ينسب حصول الأمطار إلى هذه الأنواء على أنها هي الفاعلة بنفسها دون الله، ولو لم يدعها؛ فهذا شرك أكبر في الربوبية") ; et que le fait d'invoquer l'étoile pour lui demander la pluie constitue du shirk akbar fi-l-'ibâda, qui sous-tend du shirk akbar fi-r-rubûbiyya vu que n'invoque l'étoile pour cela que celui qui croit que c'est l'esprit de l'étoile qui gère la pluie ("أن يدعو الأنواء بالسقيا، كأن يقول: "يا نوء كذا! اسقنا أو أغثنا"، وما أشبه ذلك؛ فهذا شرك أكبر (...) في العبادة، لأن الدعاء من العبادة؛ وهو متضمن للشرك في الربوبية، لأنه لم يدعها إلا وهو يعتقد أنها تفعل وتقضي الحاجة") (Al-Qawl ul-mufîd, pp. 597-598).
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– Voici enfin l'écrit de Ibn ul-Qayyim énumérant plusieurs cas s'affiliant à un certain type de shirk akbar :
"ومن هذا شرك كثير ممن يشرك بالكواكب العلويات ويجعلها أربابا مدبرة لأمر هذا العالم، كما هو مذهب مشركي الصابئة وغيرهم. ومن هذا شرك عباد الشمس وعباد النار وغيرهم.
ومن هؤلاء من يزعم أن معبوده هو الإله على الحقيقة؛ ومنهم من يزعم أنه أكبر الآلهة؛ ومنهم من يزعم أنه إله من جملة الآلهة، وأنه إذا خصه بعبادته والتبتل إليه والانقطاع إليه أقبل عليه واعتنى به؛ ومنهم من يزعم أن معبوده الأدنى يقربه إلى المعبود الذي هو فوقه، والفوقاني يقربه إلى من هو فوقه، حتى تقربه تلك الآلهة إلى الله سبحانه وتعالى؛ فتارة تكثر الوسائط وتارة تقل"
(
Ad-Dâ' wa-d-dawâ', p. 301).

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C) Voici donc une proposition de synthèse : on peut distinguer jusqu'à 6 Types de Mushrikûn :

--- Type I) Certains Polycultistes sont tels qu'effectivement, ils ne font que se rapprocher spirituellement de leurs idoles (se prosternant devant les statues les représentant ; offrant des sacrifices en leur nom ; ou faisant des invocations d'éloges, du'â uth-thanâ', seulement), croyant que si cela leur est profitable auprès de Dieu, c'est seulement parce que ces idoles intercèdent en leur faveur auprès de Lui ; mais c'est Dieu Seul qui gère les affaires du monde. Ces Polycultistes-là font un Shirk Akbar fi-l-Ulûhiyya qui ne constitue PAS EGALEMENT du Shirk Akbar fi-r-Rubûbiyya.

--- Type II) Par contre, d'autres Polycultistes croient que d'Autres que Dieu gèrent certains éléments de l'univers. Il faut donc, croient-ils, adresser à ces êtres non pas seulement des invocations d'éloges, du'â uth-thanâ', mais aussi des invocations de demande pour des avantages temporels, du'â ul-'isti'âna. Ce second type de Polycultistes font bien, eux, un Shirk Akbar fi-r-Rubûbiyya : ils ne possèdent pas la totalité de Aslu Tawhid illâh bi-r-Rubûbiyya. C'est dans ce type de Polycultisme que se trouvaient les gens auxquels les prophètes Joseph et Hûd (sur eux soit la paix) adressèrent leur prêche (voir les versets cités plus haut). Ce type de Polycultisme s'appelle : l'hénothéisme.

--- Type III) Plus encore : il existe des Polycultistes qui croient que d'Autres que Dieu créent certaines créatures. Il faut donc, croient-ils, adresser à ces êtres non pas seulement des invocations d'éloges, du'â uth-thanâ', mais aussi des invocations de demande pour des avantages temporels, du'â ul-'isti'âna. Ce troisième type de Polycultistes font eux aussi un Shirk Akbar fi-r-Rubûbiyya : ils ne possèdent pas la totalité de Aslu Tawhid illâh bi-r-Rubûbiyya. 

--- Type IV) De plus, il existe des Polycultistes qui croient qu'un être Autre que Dieu existe qui crée ce qui est Mal, Dieu ne voulant (irâda takwîniyya) et ne créant que ce qui est Bien (sur le plan moral et sur le plan existentiel) (ces hommes font donc eux aussi du Shirk Akbar fi-r-Rubûbiyya). Ces Polycultistes-là font donc du Ta'tîl ullâh al-Akbar fî qad'rin kabîrin min af'âli-hî : eux ne possèdent qu'une partie de Aslu Tawhid illâh bi-r-RubûbiyyaLes mazdéens sont ainsi.

--- Type V) Plus encore : il existe des Polycultistes qui croient que des êtres Autres que Dieu existent qui ont créé toute chose autre que Dieu, ou qui gèrent toutes les affaires de l'Univers de façon indépendante (ces hommes font donc eux aussi du Shirk Akbar fi-r-Rubûbiyya), et ce parce que, bien que croyant en l'existence de Dieu, ils ne croient pas en Son caractère de Créateur et Gérant quoi que ce soit dans l'Univers. Ces Polycultistes-là font donc du Ta'tîl ullâh al-Akbar fî jamî'i af'âli-hî : eux ne possèdent RIEN de Aslu Tawhid illâh bi-r-RubûbiyyaLes hindous brahmaniques sont ainsi.

--- Type VI) Enfin, il existe des Polycultistes qui ne croient même pas en l'existence de Dieu le Créateur de toute chose, Celui qui se trouve au-dessus des Sept Cieux (et dont le Nom est en arabe : "Allah"). Ces Polycultistes-là font donc du Ta'tîl ullâh al-Akbar fî wujûdi-hî : eux ne possèdent RIEN de Aslu Ta'lîh illâhLe roi qui débattit avec Abraham (paix soit sur lui), de même que le pharaon qui débattit avec Moïse (paix soit sur lui), étaient ainsi. C'est selon une acceptation qu'on peut les appeler "Mushrikûn", et cela dans le sens où, malgré leur Ta'tîl ullâh Akbar, dans les faits ils associent à Allah, dans Son caractère de Rabb et de Ilâh, cet autre qu'Allah à quoi ils rendent le culte.

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– Voyons ces 6 types de Polycultistes en détail, avec les preuves de leur existence...

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--- Type I)
Certains Polycultistes sont tels qu'effectivement, ils ne font que se rapprocher spirituellement de leurs idoles (par le fait de se prosterner devant les statues les représentant ; d'offrir des sacrifices en leur nom ; ou de faire des invocations d'éloges, du'â uth-thanâ', seulement). Ces polycultistes croient que le fait de se rapprocher de ces entités (qui sont, d'après eux, "proches de Dieu"), cela leur sera profitable auprès de Dieu, car elles intercèderont pour eux auprès de Lui pour leurs besoins de ce monde ; mais c'est Dieu Seul qui gère les affaires du monde. Ces Polycultistes-là font un Shirk fi-l-Ulûhiyya qui ne constitue PAS AUSSI du Shirk fi-r-Rubûbiyya.

Le fait que Abû Sufyân, lorsque encore polycultiste, avait proclamé devant les musulmans suite à sa victoire à Uhud : "Sois élevé, ô Hubal !" : "أعل هبل" (al-Bukhârî, 2874 etc.), cela relèverait-il de ce cas de figure ?

Il existe ici 2 sous-types :

--- Type I.I) Soit les statues représentent bien quelque chose de la dimension invisible, mais ce ne sont pas des esprits dotés d'une histoire et de légendes, mais seulement quelque chose de diffus. Ce fut le cas des statues que les gens de Harrân, à l'époque de Abraham (sur lui soit la paix), adoraientC'est ce qui expliquerait pourquoi on trouve chez Abraham (sur lui soit la paix) l'argumentation suivante : "إِذْ قَالَ لِأَبِيهِ يَا أَبَتِ لِمَ تَعْبُدُ مَا لَا يَسْمَعُ وَلَا يُبْصِرُ وَلَا يُغْنِي عَنكَ شَيْئًا" : "O père, pourquoi adores-tu ce qui n'entend pas, ne voit pas, et ne te sert à rien ?" (Coran 19/42). Il avait dit la même chose aux gens du peuple : "قَالَ هَلْ يَسْمَعُونَكُمْ إِذْ تَدْعُونَ أَوْ يَنفَعُونَكُمْ أَوْ يَضُرُّونَ" : "Est-ce qu'ils vous entendent lorsque vous invoquez, ou est-ce qu'ils vous apportent du profit, ou est-ce qu'ils vous font du tort ?" (Coran 26/72-73). L'argumentation que Abraham délivra aux habitants de Harrân fut en substance : "Vous savez bien que ces statues ne vous entendent même pas ni ne vous voient. Pourquoi leur rendez-vous donc le culte ?". Il y a même ceci : "قَالَ أَتَعْبُدُونَ مَا تَنْحِتُونَ وَاللَّهُ خَلَقَكُمْ وَمَا تَعْمَلُونَ" : "Adorez-vous ce que vous sculptez, alors que Dieu vous a créés ainsi que ce que vous fabriquez (ainsi) ?" (Coran 37/95-96). Abraham leur reprocha ici de rendre le culte à ce qu'ils sculptent : "ce que vous fabriquez" désigne le produit fini, c'est-à-dire les statues elles-mêmes ; il voulut leur dire : "Pourquoi rendez-vous le culte à ces statues de bois et de pierre, alors que Dieu vous a créés, de même qu'Il crée ces statues que vous fabriquez de vos mains ?" (lire notre article : Les actions de l'homme, est-ce Dieu, ou bien l'homme, qui les crée ?). Bien plus tard, juste avant l'époque de Muhammad (sur lui soit la paix), certains Arabes agissaient de même vis-à-vis non pas de statues mais de pierres : ils choisissaient la plus belle qu'ils trouvaient, et l'adoraient ; s'ils ne trouvaient pas de pierre, ils faisaient un petit tas de terre, sur lequel ils trayaient une chèvre, puis en faisaient la circumambulation : voici sur le sujet le témoignage de Abû Rajâ' al-'Utâridî : "عن مهدي بن ميمون، قال: سمعت أبا رجاء العطاردي، يقول: "كنا نعبد الحجر؛ فإذا وجدنا حجرا هو أخير منه، ألقيناه، وأخذنا الآخر؛ فإذا لم نجد حجرا، جمعنا جثوة من تراب، ثم جئنا بالشاة فحلبناه عليه، ثم طفنا به. فإذا دخل شهر رجب قلنا: منصل الأسنة، فلا ندع رمحا فيه حديدة، ولا سهما فيه حديدة، إلا نزعناه وألقيناه شهر رجب." وسمعت أبا رجاء يقول: "كنت يوم بعث النبي صلى الله عليه وسلم غلاما أرعى الإبل على أهلي. فلما سمعنا بخروجه فررنا إلى النار، إلى مسيلمة الكذاب" (al-Bukhârî, 4117). Ici aussi, cette pierre représentait quelque chose de la dimension invisible (ghaybî), mais de façon globale, et pas un être précis.

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--- Type I.II) Soit
les statues représentent des êtres invisibles dotés de noms précis, d'une histoire (évidemment légendaire), etc. ; et, dans la croyance de ces hommes, même si ces êtres ne peuvent pas, d'eux-mêmes, gérer de façon autonome quoi que ce soit dans l'univers, ils transmettent à Dieu le Pourvoyeur les demandes d'aide et d'assistance temporelle que leurs adorateurs connaissent ; ces adorateurs ne leur rendent le culte que par d'autres moyens que celui de leur demander d'exaucer eux-mêmes leurs demandes (soit une offrande en leur nom, soit la croyance qu'ils entendent tout de partout, etc.).
--- Il arrive aussi que
l'homme demande à l'esprit que la statue représente de faire du tort à telle personne, pour laquelle il a de l'inimitié (un tort qui relève des capacités de créature, dûment octroyées à cet esprit par Dieu). Or, si faire ainsi du tort, cela est, déjà, en soi, interdit (kabîra ghayru shirk akbar), ici cet homme ne peut amener cet esprit à exaucer sa demande que par le fait de lui faire une offrande : ce faisant, il rend un culte ('ibâda) à cet esprit (c'est ce qui se passe avec Expédit à La Réunion). Et cela constitue de nouveau un cas de shirk akbar billâh fi-l-ibâda qui n'est pas aussi du shirk akbar billâh fi-r-rubûbiyya.

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Ce que Dieu relate dans le Coran : "وَيَعْبُدُونَ مِن دُونِ اللّهِ مَا لاَ يَضُرُّهُمْ وَلاَ يَنفَعُهُمْ وَيَقُولُونَ هَؤُلاء شُفَعَاؤُنَا عِندَ اللّهِ" : "Et ils adorent, en dehors de Dieu, ce qui ne leur fait ni tort ni bienfait, et ils disent : "Ceux-là sont nos intercesseurs auprès de Dieu"" (Coran 10/18) s'applique à ce type I de personnes Polycultistes aussi : leur croyance en l'intercession de leurs divinités auprès de Dieu (shafâ'a 'indallâh) était un justificatif du culte ('ibâda) que ces personnes rendaient par ailleurs à ces êtres (culte consistant en le fait pour ces personnes de se prosterner devant ces êtres pour se rapprocher d'eux, ou de procéder à des sacrifices et offrandes pour se rapprocher d'eux). Ils ne demandaient pas à leurs divinités de réaliser ces choses : ils se contentaient de se rapprocher d'elles, et disaient qu'elles intercédaient auprès de Dieu pour que Ce Dernier réalise ce dont ils avaient besoin en ce monde ("وقيل: "شفعاؤنا" أي تشفع لنا عند الله في إصلاح معايشنا في الدنيا" : Tafsîr ul-Qurtubî).

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--- Type II) Par contre, d'autres Polycultistes sont tels qu'ils croient que d'Autres que Dieu gèrent certains éléments de l'univers (Tadbîru ba'dh il-umûr). Il faut donc, croient-ils, adresser à ces idoles non pas seulement des invocations d'éloges, du'â uth-thanâ', mais aussi des invocations de demande pour des choses temporelles, du'â ul-'isti'âna. Ce second type de Polycultistes - les Hénothéistes - font bien, eux, un Shirk Akbar fi-r-Rububiyya : ils ne possèdent pas la totalité de Aslu Tawhid illâh bi-r-Rubûbiyya :

Ce Shirk Akbar fi-r-Rubûbiyya consiste à croire que Dieu a confié à certaines créatures la Capacité de gérer de façon autonome certaines choses, telles que guérir de telle maladie, ou accorder la victoire sur l'ennemi, etc. : des choses qui sont malgré tout secondaires par rapport à ce dont ces Polycultistes gardent la gestion pour Dieu : l'homme peut donc demander à ces créatures ce dont il a besoin en la matière.

Ibn Taymiyya : "بل الذي ذهب إليه بعضهم أنَّ ثَمَّ خالِقا خَلَقَ بعضَ العالَم؛ كما يقوله الثنوية في الظلمة؛ وكما يقوله القدرية في أفعال الحيوان؛ وكما يقوله الفلاسفه الدهرية في حركة الأفلاك أو حركات النفوس أو الأجسام الطبيعية؛ فإن هؤلاء يثبتون أمورا محدثة بدون إحداث الله إياها، فهم مشركون في بعض الربوبية. وكثير من مشركي العرب وغيرهم قد يظن في آلهته شيئا من هذا وأنها تنفعه وتضره بدون أن يخلق الله ذلك. فلما كان هذا الشرك في الربوبية موجودا في الناس، بيَّن القرآنُ بطلانَه، كما في قوله تعالى: {مَا اتَّخَذَ اللَّهُ مِن وَلَدٍ وَمَا كَانَ مَعَهُ مِنْ إِلَهٍ إِذًا لَّذَهَبَ كُلُّ إِلَهٍ بِمَا خَلَقَ وَلَعَلَا بَعْضُهُمْ عَلَى بَعْضٍ" (Shar'h ul-'Aqîda al-Asfahâniyya, ash-Shar'h ul-kabîr, p. 158). (Voir aussi Shar'h ul-'aqida at-tahâwiyya, Ibn Abi-l-'Izz, 1/38-39.)

Il s'agit de Istiqlâl fi-l-hukm : autonomie dans la décision ; et de Istiqlâl fi-t-takwîn : autonomie dans le fait de réaliser cela.

La vision que ces Polycultistes ont de Dieu, par rapport aux autres divinités qu'ils ont adoptées, est celle d'un empereur ayant élevé au statut de rois ou de reines certains de ceux ou celles qui l'ont mérité (soit par leur dévouement à son égard, soit par leurs qualités et aptitudes, soit tout simplement par leur filiation directe avec l'empereur : ils/ elles sont ses fils/ filles, et possèdent donc les qualités requises par hérédité). L'empereur leur a dès lors confié un fief, une région de son empire à gérer. Ces rois et reines disposent alors, pour ce qui relève de la région qui leur a été confiée, d'une autonomie (اسْتِقْلال) (cependant sans être indépendants par rapport à l'empereur).
Différente (de la situation de ces rois et reines) est celle des ministres, hérauts et autres chevaliers de l'empereur, qui, eux, sont entièrement soumis aux vouloirs impériaux et ne disposent d'aucune autonomie.
– Les rois et reines, eux, certes savent bien que leur autonomie, leur fief, leur vient des faveurs de l'empereur, le maître suprême. Cependant ils n'en possèdent pas moins une réelle autonomie (اسْتِقْلال) dans la région qui leur a été confiée : ils ont la faculté de décider d'eux-mêmes certaines choses qu'ils y font se réaliser. Et c'est pourquoi les hommes vivant sur leur domaine deviennent leurs sujets et doivent désormais s'adresser à eux, et non plus à l'empereur, pour toute affaire relevant de leur compétence. L'empereur, d'ailleurs, accepte, par égard pour ces rois et reines, même à contrecœur, l'intercession qu'ils lui adressent à propos de certains de leurs rapprochés à eux, qui ont contrevenu à la loi impériale.

Similairement, ce type II de Polycultistes (les hénothéistes) ne renient ni que Dieu soit le Créateur (soit de tout l'univers, soit de la plus grande partie de l'univers, soit des éléments fondamentaux de l'univers), ni qu'il soit le seul Détenteur originel de tous les pouvoirs de gestion de l'univers, ni qu'Il soit le seul Détenteur effectif des pouvoirs de gestion des grands éléments de l'univers.
Ils croient cependant que Dieu a confié la gestion de certains éléments de l'univers à certaines entités : des Djinns ou des Anges. Dans la croyance de ces Polycultistes, ces êtres sont, par rapport à Dieu, comparables aux rois et reines par rapport à l'empereur. Ces êtres tiennent bien cette gestion de Dieu le Créateur, le maître suprême, cependant ils possèdent une réelle autonomie (اسْتِقْلال) dans cette gestion.

C'est pourquoi d'une part ces Polycultistes invoquent ces entités d'une invocation d'éloge (du'â uth-thanâ), afin de se rapprocher spirituellement d'elles. C'est pourquoi aussi, surtout et d'autre part, ils les invoquent d'une invocation de demande (du'â ul-mas'ala) quand ils ont un besoin, car ils pensent que Dieu leur a confié l'autonomie dans la gestion de certains éléments dans l'univers : ils décident d'eux-mêmes comment gérer ces éléments (irâda takwîniyya).

Ces personnes Polycultistes croient aussi que même si Dieu est quelque peu mécontent d'elles pour certaines de leurs mauvaises actions, il suffit que ces êtres soient pour leur part contents d'elles pour le culte qu'elles leur auront rendu, et alors ils intercéderont en leur faveur auprès de Dieu. Dieu finira alors par leur pardonner, acceptant même à contrecœur l'intercession de ces êtres qui sont proches de Lui et qu'Il a besoin de ménager quelque peu parce qu'ils sont puissants. Tout cela dans ce monde, car ces polycultistes ne croyaient pas en l'au-delà et en le Jugement Dernier.

Ce que Dieu relate dans le Coran (et que nous avons déjà cité plus haut) : "وَيَعْبُدُونَ مِن دُونِ اللّهِ مَا لاَ يَضُرُّهُمْ وَلاَ يَنفَعُهُمْ وَيَقُولُونَ هَؤُلاء شُفَعَاؤُنَا عِندَ اللّهِ" : "Et ils adorent, en dehors de Dieu, ce qui ne leur fait ni tort ni bienfait, et ils disent : "Ceux-là sont nos intercesseurs auprès de Dieu"" (Coran 10/18) s'applique à ce type II de polycultistes aussi. Leur croyance en l'intercession de leurs divinités auprès de Dieu (shafâ'a 'indallâh) était :
--- un constitutif du culte ('ibâda) que ces personnes rendent à ces êtres (par le fait de leur adresser des demandes de réalisation, par eux-mêmes, de ce qu'ils n'ont pas la capacité de réaliser) ;
--- de même qu'un justificatif du culte ('ibâda) que ces personnes rendent à ces êtres (culte consistant en le fait pour ces personnes de demander à ces êtres de réaliser ce dont elles ont besoin et dont Dieu n'a pas donné Capacité à ces êtres de réaliser ; ou de se rapprocher spirituellement de ces êtres).

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Plus de détails concernant cette Autonomie sont visibles dans l'article suivant :
--- Demander à un homme vivant de nous donner une certaine somme d'argent, cela n'est pas du Shirk Akbar. Et en demander à un pieux défunt, alors ? Et qu'en est-il de se rendre sur la tombe du pieux martyr (dont la vie est évoquée dans le hadîth de Suhayb) et de lui demander de nous guérir ?.

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Globalement, ces explications sont celles de Shâh Waliyyullâh (voir Hujjat ullâh il-bâligha, 1/177-178 ; 1/182 ; 1/363 - Al-Fawz ul-kabîr fî ussûl it-tafsîr, p. 24) :

Ci-après 3 de ces passages...

"والمرضى بهذا المرض على أصناف:
منهم من نسي جلال الله بالكلية، فجعل لا يعبد إلا الشركاء، ولا يرفع حاجته إلا إليهم، لا يلتفت إلى الله أصلا، وإن كان يعلم بالنظر البرهاني أن سلسلة الوجود تنصرم إلى الله.
ومنهم من اعتقد أن الله هو السيد وهو المدبر، لكنه قد يخلع على بعض عبيده لباس الشرف والتأله، ويجعله متصرفا في بعض الأمور الخاصة، ويقبل شفاعته في عباده؛ بمنزلة ملك الملوك يبعث على كل قطر ملكا ويقلده تدبير تلك المملكة في ما عدا الأمور العظام؛ فيتلجلج لسانه أن يسميهم عباد الله، فيسويهم وغيرهم، فعدل عن ذلك إلى تسميتهم أبناء الله ومحبوبي الله، وسمى نفسه عبدا لأولئك كعبد المسيح وعبد العزى. وهذا مرض جمهور اليهود والنصارى والمشركين وبعض الغلاة من منافقي دين محمد صلى الله عليه وسلم يومنا هذا"
(Hujjat ullâh il-bâligha, 1/182).

"والمشركون وافقوا المسلمين في تدبير الأمور العظام، وفيما أبرم وجزم، ولم يترك لغيره خيرة؛ ولم يوافقوهم في سائر الأمور: ذهبوا إلى أن الصالحين من قبلهم عبدوا الله وتقربوا إليه فأعطاهم الله الألوهية، فاستحقوا العبادة من سائر خلق الله، كما أن ملك الملوك يخدمه عبده فيحسن خدمته، فيعطيه خلعة الملك ويفوض إليه تدبير بلد من بلاده، فيستحق السمع والطاعة من أهل ذلك البلد، وقالوا: "لا تقبل عبادة الله إلا مضمومة بعبادتهم، بل الحق في غاية التعالي، فلا تفيد عبادته تقربا منه، بل لا بد من عبادة هؤلاء ليقربوا إلى الله زلفى". وقالوا: "هؤلاء يسمعون، ويبصرون، ويشفعون لعبادهم، ويدبرون أمورهم، وينصرونهمفنحتوا على أسمائهم أحجارا، وجعلوها قبلة عند توجههم إلى هؤلاء. فخلف من بعدهم: خلف، فلم يفطنوا للفرق بين الأصنام وبين من هي على صورته، فظنوها معبودات بأعيانها. ولذلك رد الله تعالى عليهم تارة بالتنبيه على أن الحكم والملك له خاصة، وتارة ببيان أنها جمادات: {ألهم أرجل يمشون بها أم لهم أيد يبطشون بها أم لهم أعين يبصرون بها أم لهم آذان يسمعون بها}" (Ibid., 1/177-178).

"فمن تلك الأصول: القول بأن لا شريك لله في خلق السموات والأرض وما فيها من الجواهر، ولا شريك له في تدبير الأمور العظام، وأنه لا راد لحكمه ولا ما نع لقضائه إذا أبرم وجزم. وهو قوله تعالى: {ولئن سألتهم من خلق السموات والأرض ليقون الله}؛ وقوله: {بل إياه تدعون}؛ وقوله تعالى: {ضل ما تدعون إلا إياه.
ولكن كان من زندقتهم قولهم: إن هناك أشخاص من الملائكة والأرواح تدبر أهل الأرض في ما دون الأمور العظام
، من إصلاح حال العابد فيما يرجع إلى خصوصية نفسه وأولاده وأمواله. وشبهوهم بحال الملوك بالنسبة إلى ملك الملوك وبحال الشفعاء والندماء بالنسبة إلى السلطان المتصرف بالجبروت. ومنشأ ذلك: ما نطقت به الشرائع من تفويض الأمور إلى الملائكة واستجابة دعاء المقربين من الناس، فظنوا ذلك تصرفا منهم كتصرف الملوك، قياسا للغائب على الشاهد، وهو الفساد" (Ibid., 1/363).

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Et du culte qu'ils rendent à ces êtres autres que Dieu, les Polycultistes retirent bel et bien des avantages temporels :

- "وَيَوْمَ يَحْشُرُهُمْ جَمِيعًا يَا مَعْشَرَ الْجِنِّ قَدِ اسْتَكْثَرْتُمْ مِنَ الْإِنْسِ وَقَالَ أَوْلِيَاؤُهُمْ مِنَ الْإِنْسِ رَبَّنَا اسْتَمْتَعَ بَعْضُنَا بِبَعْضٍ وَبَلَغْنَا أَجَلَنَا الَّذِي أَجَّلْتَ لَنَا قَالَ النَّارُ مَثْوَاكُمْ خَالِدِينَ فِيهَا إِلَّا مَا شَاءَ اللَّهُ إِنَّ رَبَّكَ حَكِيمٌ عَلِيمٌ" :
"Et le Jour où Il les rassemblera tous : "Assemblées des djinns (mauvais), vous avez beaucoup pris des hommes." Et leurs alliés parmi les hommes diront : "Seigneur, nous avons tiré profit l'un de l'autre, et sommes parvenus à notre délai que Tu avais fixé pour nous""
(Coran 7/128).
L'un des commentaires de cette affirmation est qu'il y est question de la protection que des djinns accordaient aux humains qui les invoquaient : "أحدها: أن استمتاع الإنس بالجن أنهم كانوا إذا سافروا فنزلوا واديا وأرادوا مبيتا، قال أحدهم: "أعوذ بعظيم هذا الوادي من شر أهله". واستمتاع الجن بالإنس أنهم كانوا يفخرون على قومهم، ويقولون: "قد سدنا الإنس حتى صاروا يعوذون بنا". رواه أبو صالح عن ابن عباس، وبه قال مقاتل، والفراء" (Zâd ul-massîr).

Quant aux passages cités plus haut, parmi lesquels celui-ci : "وَيَعْبُدُونَ مِن دُونِ اللَّهِ مَا لَا يَضُرُّهم ولا يَنفَعُهمْ" : "Et ils adorent, en dehors de Dieu, ce qui ne leur fait pas de tort ni ne leur apporte de profit" (Coran 21/66), ils ne signifient pas que les êtres que les polycultistes adorent ne peuvent causer aucun bienfait ni aucun méfait, mais que ces êtres ne peuvent pas engendrer de bienfait ni de méfait de façon autonome (اسْتِقْلال) par rapport à la Volonté de Dieu (Irâda Takwîniyya), ou qu'ils ne peuvent pas engendrer un bienfait ou un méfait d'un niveau de Capacité réservé à Dieu.
Certes, ils peuvent causer certains torts ou certains bienfaits à tel humain, mais cela ne peut se faire que dans le cadre de la Volonté Existentielle (Irâda Takwîniyya) de Dieu, comme c'est le cas d'un humain vivant qui cause du tort ou apporte un bienfait à un autre humain. Ces êtres ne sont donc pas des Rabb. Ils sont soumis à la Rubûbiyya de Dieu. C'est donc Dieu qu'il faut invoquer, et pas ces êtres.

On le voit explicitement dans les passages suivants...

– Abraham (sur lui soit la paix) a dit à son peuple ceci, parlant des astres que ce peuple adorait : "قَالَ أَتُحَاجُّونِّي فِي اللّهِ وَقَدْ هَدَانِ وَلاَ أَخَافُ مَا تُشْرِكُونَ بِهِ إِلاَّ أَن يَشَاء رَبِّي شَيْئًا وَسِعَ رَبِّي كُلَّ شَيْءٍ عِلْمًا" : "Argumentez-vous avec moi au sujet de Dieu, alors qu'Il m'a guidé ? Et je ne crains pas ce que vous Lui associez : ce n'est que si mon Rabb veut quelque chose [qu'un tort m'atteindra]. Mon Rabb englobe toute chose en science" (Coran 6/81).

– Hûd (sur lui soit la paix) dit à son peuple : "قَالُواْ يَا هُودُ مَا جِئْتَنَا بِبَيِّنَةٍ وَمَا نَحْنُ بِتَارِكِي آلِهَتِنَا عَن قَوْلِكَ وَمَا نَحْنُ لَكَ بِمُؤْمِنِينَ إِن نَّقُولُ إِلاَّ اعْتَرَاكَ بَعْضُ آلِهَتِنَا بِسُوَءٍ. قَالَ إِنِّي أُشْهِدُ اللّهِ وَاشْهَدُواْ أَنِّي بَرِيءٌ مِّمَّا تُشْرِكُونَ مِن دُونِهِ؛ فَكِيدُونِي جَمِيعًا ثُمَّ لاَ تُنظِرُونِ؛ إِنِّي تَوَكَّلْتُ عَلَى اللّهِ رَبِّي وَرَبِّكُم مَّا مِن دَآبَّةٍ إِلاَّ هُوَ آخِذٌ بِنَاصِيَتِهَا إِنَّ رَبِّي عَلَى صِرَاطٍ مُّسْتَقِيمٍ" : "Faites donc un plan contre moi, tous, puis ne m'accordez pas de délai. Je m'en suis remis à Dieu, mon Rabb et votre Rabb. Il n'y a pas un animal sans qu'Il tienne son toupet" (Coran 11/53-56).

– A propos de ceux qui font des sortilèges : "فَيَتَعَلَّمُونَ مِنْهُمَا مَا يُفَرِّقُونَ بِهِ بَيْنَ الْمَرْءِ وَزَوْجِهِ وَمَا هُم بِضَآرِّينَ بِهِ مِنْ أَحَدٍ إِلاَّ بِإِذْنِ اللّهِ وَيَتَعَلَّمُونَ مَا يَضُرُّهُمْ وَلاَ يَنفَعُهُمْ وَلَقَدْ عَلِمُواْ لَمَنِ اشْتَرَاهُ مَا لَهُ فِي الآخِرَةِ مِنْ خَلاَقٍ وَلَبِئْسَ مَا شَرَوْاْ بِهِ أَنفُسَهُمْ لَوْ كَانُواْ يَعْلَمُونَ" : "Et ils ne peuvent faire de tort par cela à personne, sauf avec la permission de Dieu" (Coran 2/102). Dieu rappelle ici que même ceux qui font des sortilèges pour provoquer la rupture entre mari et femme, le tort (ici la rupture) que cela constitue ne se produit qu'avec la permission (idhn takwînî) de Dieu, bien que Dieu a interdit cela (il n'y a donc pas idhn shar'î de Dieu).

– Dieu dit au prophète Muhammad (sur lui soit la paix) de dire : "قُل لاَّ أَمْلِكُ لِنَفْسِي نَفْعًا وَلاَ ضَرًّا إِلاَّ مَا شَاء اللّهُ وَلَوْ كُنتُ أَعْلَمُ الْغَيْبَ لاَسْتَكْثَرْتُ مِنَ الْخَيْرِ وَمَا مَسَّنِيَ السُّوءُ إِنْ أَنَاْ إِلاَّ نَذِيرٌ وَبَشِيرٌ لِّقَوْمٍ يُؤْمِنُونَ" : "Dis : "Je ne possède pour moi-même aucun bienfait ni aucun tort, sauf ce que Dieu veut"" (Coran 7/188).

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Quant aux Monothéistes
, ils croient bien en l'existence des Anges, et ils croient bien que certains Anges ont comme fonction de réaliser telle et telle chose dans l'univers. Cependant, ils croient aussi que ces Anges, en faisant se réaliser telle chose, n'agissent que d'après l'Ordre que Dieu leur donne explicitement, n'ayant nulle autonomie de décision dans ce qu'ils réalisent ainsi.

Pour reprendre l'exemple suscité, dans la croyance des Monothéistes, les Anges sont, par rapport à Dieu, comparables aux fidèles chevaliers par rapport à l'empereur.
C'est pour cela que Dieu relate que l'ange Gabriel a été chargé par Dieu de dire au prophète Muhammad (sur lui soit la paix) : "وَمَا نَتَنَزَّلُ إِلَّا بِأَمْرِ رَبِّكَ لَهُ مَا بَيْنَ أَيْدِينَا وَمَا خَلْفَنَا وَمَا بَيْنَ ذَلِكَ وَمَا كَانَ رَبُّكَ نَسِيًّا" : "Nous ne descendons que par l'ordre de ton Rabb" (Coran 19/64).
Et c'est pour cela que certains actes que des Anges font, Dieu les attribue à Lui.

Il n'existe pas, dans la croyance Monothéiste, des êtres qui soient comparables aux rois et reines par rapport à l'empereur. C'est Dieu qui gère toute chose. Rien ne se passe sans qu'Il en ait décidé ainsi (hukm takwînî).

C'est pour cela que toutes les choses contraires aux lois de la nature qu'il faisait se réaliser, Jésus rappelait qu'elles se réalisaient avec la permission de Dieu : "أَنِّي أَخْلُقُ لَكُم مِّنَ الطِّينِ كَهَيْئَةِ الطَّيْرِ فَأَنفُخُ فِيهِ فَيَكُونُ طَيْرًا بِإِذْنِ اللّهِ وَأُبْرِىءُ الأكْمَهَ والأَبْرَصَ وَأُحْيِي الْمَوْتَى بِإِذْنِ اللّهِ" (Coran 3/49). Jésus voulait parler ici du idhn takwînî quant au résultat de ces actions.

C'est encore pour cela que, comme nous venons de le voir un peu plus haut, Dieu rappelle que même ceux qui font des incantations pour provoquer la rupture entre mari et femme, le tort que cela constitue (c'est-à-dire la rupture) ne se produit qu'avec la permission (idhn takwînî) de Dieu, bien que Dieu a interdit de faire ces actions (et qu'il n'y a donc pas Sa idhn shar'î) : "فَيَتَعَلَّمُونَ مِنْهُمَا مَا يُفَرِّقُونَ بِهِ بَيْنَ الْمَرْءِ وَزَوْجِهِ وَمَا هُم بِضَآرِّينَ بِهِ مِنْ أَحَدٍ إِلاَّ بِإِذْنِ اللّهِ وَيَتَعَلَّمُونَ مَا يَضُرُّهُمْ وَلاَ يَنفَعُهُمْ وَلَقَدْ عَلِمُواْ لَمَنِ اشْتَرَاهُ مَا لَهُ فِي الآخِرَةِ مِنْ خَلاَقٍ وَلَبِئْسَ مَا شَرَوْاْ بِهِ أَنفُسَهُمْ لَوْ كَانُواْ يَعْلَمُونَ" (Coran 2/102).

Même ce que les hommes commettent comme mauvaises actions, c'est Dieu qui l'a voulu : dire le contraire comme le font les Qadarites constitue un manquement dans le Monothéisme.

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Quant à l'intercession des anges, des prophètes et des pieux auprès de Dieu en faveur d'autres humains, elle sera réelle, mais la différence touche plusieurs points :

--- Des êtres intercèdent-ils / intercèderont-ils auprès de Dieu en faveur de personnes, ou pas ?.

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Comment ce Shirk Akbar
billâh fi-r-Rubûbiyya est-il apparu dans l'humanité
, sachant qu'à l'origine tous les humains savaient bien que c'est Dieu Seul qui gère (Tawhîd ullâh fi-r-Rubûbiyya) chaque chose de l'univers?
Ce Shirk Akbar est apparu par le biais suivant :

Au début une personne réalise une statue d'un pieux défunt (prophète ou non), et ce uniquement pour se souvenir de lui et pour avoir envie de faire autant d'actes d'adoration de Dieu que lui il faisait.

Ensuite vient au moment où la personne vient, tabarrukan, invoquer Dieu auprès de cette statue : la personne dit à Dieu : "O Dieu, je souffre de telle maladie, aussi, par la Baraka de ce pieux personnage, de ce bien-aimé de Toi, de ce personnage dont voici la statue, accorde-moi la guérison". La personne fait ainsi pendant des années, chaque fois qu'elle se trouve dans une difficulté (maladie, sécheresse, soucis de l'existence, revers de fortune, etc.) ; c'est de la bid'a qui ne va pas jusqu'au shirk akbar.

Au début une personne se rend devant la tombe d'un pieux défunt (prophète ou non), et dit au défunt : "Je souffre de telle maladie, je te demande donc de demander à Dieu de m'accorder la guérison" (أسألك أن تدعو الله أن يشفيني). La personne fait ainsi pendant des années, chaque fois qu'elle se trouve dans une difficulté (maladie, sécheresse, soucis de l'existence, revers de fortune, etc.) ; c'est déjà de la bid'a, bien que cela ne va pas jusqu'au shirk akbar.

– Ensuite arrive un moment où elle se rend devant la tombe de ce pieux défunt (prophète ou non) et se contente de dire à celui-ci : "Je souffre de telle maladie, je te demande la guérison" (أسألك الشفاء) (sous-entendu : "je te demande de demander à Dieu de m'accorder la guérison") ; jusque-là c'est toujours de la bid'a qui ne va pas jusqu'au shirk akbar (même pour le moment où ce prophète était vivant, cette formulation "أسألك الشفاء" est ambigüe, car pouvant signifier : "أسألك أن تدعو الله أن يشفيني" - ce qui est autorisé tant que ce prophète est vivant -, le terme "الشفاء" désignant seulement le résultat final de l'Action de Dieu, Action dont l'intercession avait été demandée à ce prophète ; mais pouvant aussi signifier : "أسألك أن تشفيني أنت" - ce qui est interdit -, le terme "الشفاء" désignant cette fois l'action de ce prophète conférant la guérison).

Cependant, les enfants de cette personne, l'ayant entendue pendant des années adresser cette dernière demande au pieux défunt, devant sa tombe, se mettent alors à se rendre devant cette tombe et à dire à son habitant : "Je souffre de telle maladie, je te demande que tu me guérisses" (أسألك أن تشفيني). Eux se sont mis à croire que c'est le défunt lui-même qui va les guérir, car son toucher est miraculeux ; ils lui disent donc : "Je souffre de telle maladie ; je te demande donc de te rendre en âme auprès de moi, pour me toucher, ou souffler sur moi, ce qui entraînera ma guérison, car c'est Dieu qui a conféré à ton toucher / souffle cet effet !" (أسألك أن تأتي إليّ بروحك فتمسحني أو تنفخ عليّ فأشفي). Voilà encore une bid'a qui ne va pas jusqu'au shirk akbar. Et quand ils font ainsi, si apparition il y a, c'est un djinn qui est intervenu.

Par la suite les petits-enfants de cette personne, l'ayant entendue pendant des années adresser cette dernière demande au pieux défunt, devant sa tombe, se mettent à se rendre devant cette tombe et à dire à son habitant : "Je souffre de telle maladie, je te demande de décider de me guérir, par ta seule volonté, car Dieu t'a confié la gestion de la guérison de cette maladie" (أسألك أن تشفيني بحكمك وقدرتك التي أعطاكها الله). Ce faisant, ils adhèrent à l'une des 6 options mentionnées dans notre article : Les Mushrikûn n'adhèrent pas tous à toute la "aslu tahwîd ir-rubûbiyya". Les voilà dans le shirk fi-r-rubûbiyya. Et quand ils font ainsi, leur invocation est "reçue" par un djinn.

Des descendants de ces personnes imagineront que l'esprit de ce pieux défunt les entend partout, et ils peuvent donc désormais leur adresser ces demandes sans avoir besoin de se rendre devant sa tombe. C'est alors un autre shirk fi-l-ulûhiyya qui voit le jour, par le fait d'attribuer à un autre que Dieu la faculté de tout entendre. C'est le même phénomène qui se produit avec les hommes qui demandent à des Anges qui ne sont pas présents dans leur entourage de réaliser telle chose (dont Dieu leur a donné la capacité), et croient que ces Anges entendent tout de partout.

Et voilà comment cette action bid'a conduit à une ou plusieurs actions de shirk akbar.

L'histoire de l'humanité est là pour le prouver : c'est ainsi que certains shirk sont apparus.
"عن ابن عباس رضي الله عنهما: "صارت الأوثان التي كانت في قوم نوح في العرب بعد أما ود كانت لكلب بدومة الجندل، وأما سواع كانت لهذيل، وأما يغوث فكانت لمراد، ثم لبني غطيف بالجوف، عند سبإ، وأما يعوق فكانت لهمدان، وأما نسر فكانت لحمير لآل ذي الكلاع. أسماء رجال صالحين من قوم نوح، فلما هلكوا أوحى الشيطان إلى قومهم أن "انصبوا إلى مجالسهم التي كانوا يجلسون أنصابا وسموها بأسمائهم." ففعلوا، فلم تعبد. حتى إذا هلك أولئك وتنسخ العلم، عبدت"
(al-Bukhârî, 4636).
"عن محمد بن قيس (وَيَعُوقَ وَنَسْرًا) قال: كانوا قومًا صالحين من بنى آدم، وكان لهم أتباع يقتدون بهم. فلما ماتوا قال أصحابهم الذين كانوا يقتدون بهم: "لو صوّرناهم كان أشوق لنا إلى العبادة إذا ذكرناهم!" فصوّروهم. فلما ماتوا وجاء آخرون
، دبّ إليهم إبليس فقال: "إنما كانوا يعبدونهم، وبهم يُسقون المطر." فعبدوهم" (Tafsîr ut-Tabarî).

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Une variante est comme suit :

Au début une personne se rend près de la tombe d'un pieux défunt (prophète ou non) pour invoquer Dieu avec tabarruk de cette tombe : elle dit à Dieu : "O Dieu, je souffre de telle maladie, aussi, par la Baraka de ce pieux personnage, de ce bien-aimé de Toi, de ce personnage dont la tombe est tout proche, accorde-moi la guérison". La personne fait ainsi pendant des années, chaque fois qu'elle se trouve dans une difficulté (maladie, sécheresse, soucis de l'existence, revers de fortune, etc.) ; c'est de la bid'a qui ne va pas jusqu'au shirk akbar.

– Ensuite arrive un moment où elle se rend devant la tombe de ce pieux défunt et dit cette fois au défunt : "Je souffre de telle maladie, demande à Dieu de m'accorder la guérison". La personne fait ainsi pendant des années, chaque fois qu'elle se trouve dans une difficulté (maladie, sécheresse, soucis de l'existence, revers de fortune, etc.) ; c'est de la bid'a qui ne va pas jusqu'au shirk akbar.

– Puis vient le moment où elle se rend devant la tombe de ce pieux défunt et se contente de dire à celui-ci : "Je souffre de telle maladie, j'ai donc besoin de la guérison" (sous-entendu : "je compte donc sur toi pour demander à Dieu de m'accorder celle-ci") ; jusque-là c'est toujours de la bid'a qui ne va pas jusqu'au shirk akbar.

Le reste est comme ce qui a été exposé plus haut.

D'ailleurs le shirk que font certains chrétiens est né de cette façon : lire un premier et un second articles.

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Lorsque Shâh Waliyyullâh a écrit des 2 strates "Tawhîd Asl ir-Rubûbiyya fî jamî' il-umûr" et "Tawhîd Asl il-Ulûhiyya" qu'elles sont liées l'une à l'autre (والثالثة: حصر تدبير السموات والأرض وما بينهما فيه تعالى؛ والرابعة: أنه لا يستحق غيره العبادة؛ وهما متشابكتان متلازمتان لربط طبيعي بينهما), cela est vrai chez certains Polycultistes seulement : cela n'est pas vérifié chez les Polycultistes du type I.

Le lien entre les deux est vérifié chez les Polycultistes du type II : ces derniers croient que telle entité gère telle chose précise de l'univers de façon autonome, alors ceci les amène à rendre un culte à cette entité quand ils auront un besoin en relation avec cette chose (nous l'avons vu sous la plume de Ibn ul-'Uthaymîn à propos de la croyance qu'ont certains, qui disent que la pluie est gérée par des étoiles, à qui ils demandent donc de faire pleuvoir).
D'autres humains sont tels qu'ils invoquent telle entité par pure imitation de leurs ancêtres ; cette invocation faite dans un premier temps par pur traditionalisme les amène a posteriori à justifier cela par l'idée que l'entité a le pouvoir autonome de gérer telle chose, ils développent alors une telle croyance, et ils en deviennent des Polycultistes du second type.

Par contre
cela n'est pas vérifié chez les Polycultistes du type I. C'est bien pourquoi il existe du Shirk billâh fi-l-ulûhiyya qui ne constitue pas du Shirk billâh fi-r-rubûbiyya aussi.

En voici 2 exemples (le premier avait déjà été évoqué plus haut) :
------- Il y a l'homme qui demande à un esprit (djinn) de faire du tort à telle personne, parce qu'il a de l'inimitié pour elle (un tort qui relève des capacités de créature, dûment octroyées à cet esprit par Dieu) : faire ainsi du tort, cela est, déjà, en soi, interdit. Mais, en sus, cet homme ne peut amener cet esprit à exaucer sa demande que par le fait de lui faire une offrande : ce faisant, qu'il en soit conscient ou pas, il rend un culte ('ibâda) à cet esprit (c'est ce qui se passe avec Expédit à La Réunion). Et cela constitue de nouveau un cas de shirk akbar billâh fi-l-ibâda qui n'est pas aussi un shirk akbar billâh fi-r-rubûbiyya.
------- L'homme qui croit bien que c'est Dieu Seul qui gère tout ce qui se passe dans l'univers, mais croit parallèlement qu'un autre que Dieu a la faculté d'entendre et de voir tout, partout, directement.

Lire mon article consacré à Tawhîd ullâh fi-r-Rubûbiyya et Tawhîd ullâh fi-l-Ulûhiyya.

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Ensuite, chez ces Polycultistes du type II, la proportion et la nature des éléments qu'ils considèrent comme relevant des prérogatives de Dieu Seul (la strate 2 du asl ut-tawhîd) et des éléments qu'ils font passer dans la gestion des divinités "secondaires" (le manquement dans la strate 3 du asl ut-tawhîd), ces proportion et nature varient selon les différents groupes et leurs croyances :

En effet, parmi ces polycultistes du type II :

------ certains reconnaissent que la gestion de la pluie, cela relève de Dieu Seul.
C'est ce type de polycultistes que Dieu a évoqué dans le verset cité plus haut : "وَلَئِن سَأَلْتَهُم مَّن نَّزَّلَ مِنَ السَّمَاء مَاء فَأَحْيَا بِهِ الْأَرْضَ مِن بَعْدِ مَوْتِهَا لَيَقُولُنَّ اللَّهُ قُلِ الْحَمْدُ لِلَّهِ بَلْ أَكْثَرُهُمْ لَا يَعْقِلُونَ" : "Et si tu leur demandes : "Qui a fait descendre du ciel une eau, puis a fait (re)vivre par elle la terre après la mort de celle-ci ?", ils diront : "C'est Dieu"" (Coran 29/63). Apparemment les Quraysh qui étaient polycultistes faisaient partie de ce groupe.

------ mais d'autres croient que Dieu a confié la gestion de faire pleuvoir à telle créature.
C'est d'eux que le Prophète (que Dieu le bénisse et le salue) a parlé lorsqu'il a dit que dans sa Umma il y aura des gens qui ne délaisseront pas l'action de demander la pluie à l'étoile, comme le faisaient les gens d'avant la venue de l'islam : "أربع في أمتي من أمر الجاهلية، لا يتركونهن: الفخر في الأحساب، والطعن في الأنساب، والاستسقاء بالنجوم، والنياحة" (Muslim, 934).
Nous avons déjà vu que Ibn ul-'Uthaymîn écrit que le fait de croire que l'étoile gère elle-même la pluie, cela constitue du shirk akbar fi-r-rubûbiyya ("أن ينسب حصول الأمطار إلى هذه الأنواء على أنها هي الفاعلة بنفسها دون الله، ولو لم يدعها؛ فهذا شرك أكبر في الربوبية") ; et que le fait d'invoquer l'étoile pour lui demander la pluie constitue du shirk akbar fi-l-'ibâda, qui sous-tend du shirk akbar fi-r-rubûbiyya vu que n'invoque l'étoile pour cela que celui qui croit que c'est l'esprit de l'étoile qui gère la pluie ("أن يدعو الأنواء بالسقيا، كأن يقول: "يا نوء كذا! اسقنا أو أغثنا"، وما أشبه ذلك؛ فهذا شرك أكبر (...) في العبادة، لأن الدعاء من العبادة؛ وهو متضمن للشرك في الربوبية، لأنه لم يدعها إلا وهو يعتقد أنها تفعل وتقضي الحاجة") (Al-Qawl ul-mufîd, pp. 597-598).

De même, ceux qui ont divinisé l'or et l'argent ou toute autre objet matériel visible (nous parlons, ici, de ceux qui ont fait à leur sujet du shirk akbar, suite à de l'athéisme, et non pas de ceux qui ont fait à leur sujet du shirk asghar seulement), s'ils leur accordent le statut de ilâh, c'est, de nouveau, parce qu'ils les considèrent aussi comme leur rabb : ils pensent que c'est grâce à eux que quelque chose peut se faire sur Terre.

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--- Type III) Plus encore : il existe des Polycultistes qui croient que d'Autres que Dieu créent certaines petites créatures (Khalqu ba'dh il-A'yân). Il faut donc, croient ces polycultistes, adresser à ces êtres non pas seulement des invocations d'éloges, du'â uth-thanâ', mais aussi des invocations de demande pour des avantages temporels, du'â ul-'isti'âna. Ce troisième type de Polycultistes font eux aussi un Shirk Akbar fi-r-Rubûbiyya : ils ne possèdent pas la totalité de Aslu Tawhid illâh bi-r-Rubûbiyya:

"مَا اتَّخَذَ اللَّهُ مِن وَلَدٍ وَمَا كَانَ مَعَهُ مِنْ إِلَهٍ إِذًا لَّذَهَبَ كُلُّ إِلَهٍ بِمَا خَلَقَ وَلَعَلَا بَعْضُهُمْ عَلَى بَعْضٍ سُبْحَانَ اللَّهِ عَمَّا يَصِفُونَ" :
"Dieu n'a pas pris d'enfant [= enfant divinisé], et il n'y a pas (non plus) avec Lui un (autre type de) divinité [= une divinité n'étant pas Son enfant] ; si c'était le cas, chaque divinité se séparerait [de l'autre] emmenant ce qu'elle a créé, et certaines d'entre elles en domineraient d'autres" (Coran 23/91).
Dans ce verset :
--- la croyance de Polycultistes en "des fils de Dieu" désignerait leur croyance en des "divinités n'ayant la capacité que de créer certains événements (a'râdh, pluriel de 'aradh) (soit le Amr / Tadbîr)" (il s'agit donc du type II de polycultistes) ;
--- tandis que la croyance de Polycultistes en "des divinités autres que Dieu et autres que Ses fils" désignerait leur croyance en des "divinités (certes inférieures à Dieu le Créateur mais) ayant la capacité de créer des créatures concrètes (a'yân, pluriel de 'ayn), distinctes des créatures d'autres divinités" (il s'agit de ce type III de polycultistes)...

Ces Polycultistes de Type III font la différence entre :
------- le Khalq des êtres les plus grands, tels que cieux, terre, djinns et êtres humains (lequel Khalq ils réservaient à Dieu Seul),
------- et le Khalq d'êtres secondaires (dont ils croyaient les divinités inférieures capables de le réaliser).

At-Tabarî écrit ainsi : "إِذًا لَذَهَبَ} يقول: إذن لاعتزل {كل إله} منهم {بِمَا خَلَقَ} من شيء، فانفرد به، {و}لتغالبوا، فـ{لعلا بعضهم على بعض}، وغلب القويّ منهم الضعيف؛ لأن القويّ لا يرضى أن يعلوه ضعيف، والضعيف لا يصلح أن يكون إلها. فسبحان الله، ما أبلغها من حجة وأوجزها لمن عقل وتدبر" (Tafsîr ut-Tabarî).

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--- Type IV) Plus encore : il existe des Polycultistes qui croient qu'un être Autre que Dieu existe qui crée (khalq) tout ce qui est Mal, Dieu pour Sa part ne voulant (irâda takwîniyya) et ne créant (khalq) que ce qui est Bien (sur le plan moral et sur le plan existentiel) (ces hommes font donc eux aussi du Shirk Akbar fi-r-Rubûbiyya). Ces Polycultistes-là font donc du Ta'tîl ullâh al-Akbar fî qad'rin kabîrin min af'âli-hî : eux ne possèdent qu'une partie de Aslu Tawhid illâh bi-r-Rubûbiyya :

 Les Mazdéens (ou : Zoroastriens) sont ainsi. Ils disent que le dieu créant le mal s'appelle : Ahriman.

Le verset coranique : "وَقَالَ اللّهُ لاَ تَتَّخِذُواْ إِلهَيْنِ اثْنَيْنِ إِنَّمَا هُوَ إِلهٌ وَاحِدٌ فَإيَّايَ فَارْهَبُونِ" : "Et Dieu a dit : "Ne prenez pas deux divinités ; Il n'est qu'un dieu unique. Aussi, Moi seul, craignez"" (Coran 16/51), Ibn 'Âshûr pense qu'il s'adresse aux Zoroastriens / Mazdéens : "لما أشبع القول في إبطال تعدد الآلهة الشائع في جميع قبائل العرب، وأتبع بإبطال الاختلاق على الرسول صلى الله عليه وسلم والقرآن، نقل الكلام إلى إبطال نوع آخر من الشرك متبع عند قبائل من العرب، وهو الإشراك بإلهية أصلين للخير والشر، تقلدته قبائل العرب المجاورة بلاد فارس والساري فيهم سلطان كسرى وعوائدهم، مثل بني بكر بن وائل وبني تميم، فقد دان منهم كثير بالمجوسية، أي المزدكية والمانوية في زمن كسرى أبرويش وفي زمن كسرى أنوشروان. والمجوسية تثبت عقيدة بإلهين:إله للخير وهو النور، وإله للشر وهو الظلمة؛ فإله الخير لا يصدر منه إلا الخير والإنعام، وإله الشر لا يصدر عنه إلا الشر والآلام. وسموا إله الخير "يزدان"، وسموا إله الشر "أهرمن". وزعموا أن يزدان كان منفردا بالإلهية وكان لا يخلق إلا الخير فلم يكن في العالم إلا الخير، فخطر في نفسه مرة خاطر شر فتولد عنه إله آخر شريك له هو إله الشر (...). ويدل على أن هذا الدين هو المراد التعقيب بآية {ما بكم من نعمة فمن الله ثم إذا مسكم الضر فإليه تجئرون} كما سيأتي" (At-Tahrîr wa-t-tanwîr).
(Pour leur part, bien d'autres commentateurs comprennent ce verset 16/51 comme signifiant seulement : "Ne prenez même pas une autre divinité en dehors de Dieu : Il n'est qu'une divinité unique". "إعلام بنهيه الصريح عن الإشراك وبأمره بعبادته وحده. وإنما خصص هذا العدد لأنه الأقل، فيعلم انتفاء ما فوقه بالدلالة" : Mahâssin ut-ta'wîl. Cela exactement comme dans ces versets : "إِنَّا كَفَيْنَاكَ الْمُسْتَهْزِئِينَ الَّذِينَ يَجْعَلُونَ مَعَ اللّهِ إِلهًا آخَرَ فَسَوْفَ يَعْمَلُونَ" : Coran 15/95-96 ; "لاَّ تَجْعَل مَعَ اللّهِ إِلَهًا آخَرَ فَتَقْعُدَ مَذْمُومًا مَّخْذُولاً" : Coran 17/22.)

Ibn ul-Qayyim écrit au sujet des Zoroastriens / Mazdéens : "بل كفر المجوس أغلظ. وعباد الأوثان كانوا يقرون بتوحيد الربوبية، وأنه لا خالق إلا الله، وأنهم إنما يعبدون آلهتهم لتقربهم إلى الله سبحانه وتعالى، ولم يكونوا يقرون بصانعين للعالم، أحدهما: خالق للخير، والآخر للشر، كما تقوله المجوس" : "(...) Le Kufr des Zoroastriens est plus épais [que celui des Idolâtres Arabes]. Les Idolâtres [descendants de Ismaël] reconnaissaient le Tawhid ur-Rubûbiyya, et qu'il n'y a de créateur que Dieu, et (ils disaient) qu'ils n'adoraient leurs divinités, c'était pour qu'elles les rapprochent de Lui, Pureté à Lui et Elevé soit-Il. Ils ne sont pas allés jusqu'à dire qu'il y aurait deux créateurs du monde, l'un du bien, l'autre du mal, comme le disaient les Zoroastriens" (Ibid., 5/91).

Ibn Taymiyya décrit ainsi leur croyance : "وأما المجوس الثنوية فهم أشهر الناس قولاً بإلهين. لكن القوم متفقون على أن الإله الخير المحمود هو النور الفاعل للخيرات. وأما الظلمة - التي هي فاعل الشرور -، فلهم فيها قولان: أحدهما: "إنه محدث، حدث عن فكرة رديئة من النور"؛ وعلى هذا فتكون الظلمة مفعولاً للنور، لكنهم جهال أرادوا تنزيه الرب عن فعل شر معين، فجعلوه فاعلاً لأصل الشر، ووصفوه بالفكرة الرديئة التي هي من أعظم النقائص، وجعلوها سبباً لحدوث أصل الشر. والقول الآخر قولهم: "إن الظلمة قديمة، كالنور"؛ فهؤلاء أثبتوا قديمين، لكن لم يجعلوها متماثلين ولا مشتركين في الفعل، بل يمدحون أحدهما ويذمون الآخر" (Dar' ut-ta'ârudh, 9/182-183 dans l'édition que je possède).

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--- Type V) Plus encore que ce qui précéde : il existe des Polycultistes qui croient que des êtres Autres que Dieu existent qui ont créé (khalq) toute chose autre que Dieu, ou qui gèrent(tadbîr) toutes les affaires de l'Univers de façon indépendante (ces hommes font donc eux aussi du Shirk Akbar fi-r-Rubûbiyya), mais qui, bien qu'ils croient en l'existence de Dieu, ne croient pas en Son caractère de Gérant quoi que ce soit dans l'Univers. Ces Polycultistes-là font donc du Ta'tîl ullâh al-akbar fî jamî'i Af'âlihî : eux ne possèdent RIEN de Aslu Tawhid illâh bi-r-Rubûbiyya :

Les Hindous Brahmaniques sont ainsi :

"Brahman / Prâm-âtma est le Dieu suprême, mais Il est seulement un Principe. Nous reconnaissons Son existence, mais Il est dénué d'Attributs, et ce n'est pas Lui qui gère l'univers" disent-ils.
Lire à ce sujet notre article : Un Dieu-personne, ou un Dieu-substance ? – La différence théologique entre Islam et Hindouisme.

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--- Type VI) Enfin, il existe des Polycultistes qui ne croient même pas en l'existence de Dieu le Créateur de toute chose, Celui qui se trouve au-dessus des Sept Cieux (et dont le Nom est en arabe : "Allah"). Ces Polycultistes-là font donc du Ta'tîl ullâh al-akbar kâmilan :

Le roi de la cité d'Abraham (Harrân) était ainsi.

Il s'agit de celui au sujet de qui Dieu a dit : "أَلَمْ تَرَ إِلَى الَّذِي حَاجَّ إِبْرَاهِيمَ فِي رَبِّهِ أَنْ آتَاهُ اللَّهُ الْمُلْكَ إِذْ قَالَ إِبْرَاهِيمُ رَبِّيَ الَّذِي يُحْيِي وَيُمِيتُ قَالَ أَنَا أُحْيِي وَأُمِيتُ قَالَ إِبْرَاهِيمُ فَإِنَّ اللَّهَ يَأْتِي بِالشَّمْسِ مِنَ الْمَشْرِقِ فَأْتِ بِهَا مِنَ الْمَغْرِبِ فَبُهِتَ الَّذِي كَفَرَ" : "N'as-tu pas vu qui a argumenté face à Abraham, au motif que Dieu lui avait accordé la royauté ! Lorsque Abraham lui dit : "Mon rabb est celui qui fait vivre et fait mourir." Il dit : "Moi je fais vivre et fais mourir." Abraham lui dit : "Eh bien mon rabb fait venir le soleil de l'est, toi fais-le venir de l'ouest !" Celui qui croyait pas [= le roi] resta alors ébahi" (Coran 2/258).

Ibn Kathîr écrit : "ومعنى قوله: {ألم تر} أي: بقلبك يا محمد {إلى الذي حاج إبراهيم في ربه} أي: في وجود ربه. وذلك أنه أنكر أن يكون ثم إله غيره كما قال بعده فرعون لملئه: {ما علمت لكم من إله غيري}. وما حمله على هذا الطغيان والكفر الغليظ والمعاندة الشديدة إلا تجبره وطول مدته في الملك؛ وذلك أنه يقال: إنه مكث أربعمائة سنة في ملكه؛ ولهذا قال: {أن آتاه الله الملك}. وكأنه طلب من إبراهيم دليلا على وجود الرب الذي يدعو إليه فقال إبراهيم: {ربي الذي يحيي ويميت} أي: الدليل على وجوده حدوث هذه الأشياء المشاهدة بعد عدمها، وعدمها بعد وجودها. وهذا دليل على وجود الفاعل المختار ضرورة، لأنها لم تحدث بنفسها، فلا بد لها من موجد أوجدها؛ وهو الرب الذي أدعو إلى عبادته وحده لا شريك له. فعند ذلك قال المحاج - وهو النمروذ -: {أنا أحيي وأميت}: قال قتادة ومحمد بن إسحاق والسدي وغير واحد: وذلك أني أوتى بالرجلين قد استحقا القتل فآمر بقتل أحدهما فيقتل، وبالعفو عن الآخر فلا يقتل. فذلك معنى الإحياء والإماتة" (Tafsîr Ibn Kathîr).

Ibn ul-Jawzî écrit : "قوله تعالى: {إذ قال إبراهيم ربي الذي يحيي ويميت}، قال بعضهم: هذا جواب سؤال سابق غير مذكور، تقديره: أنه قال له: من ربك؟ فقال: ربي الذين يحيي ويميت. قال نمروذ: أنا أحيي وأميت. قال ابن عباس: يقول: أترك من شئت، وأقتل من شئت" (Zâd ul-massîr).

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De même, le Pharaon de l'époque de Moïse, ainsi que ceux de son peuple qui le suivaient, étaient ainsi.

Les versets suivants du Coran le montrent :
- "قَالَ فَمَن رَّبُّكُمَا يَا مُوسَى" (Coran 20/49) ;
- "قَالَ فِرْعَوْنُ وَمَا رَبُّ الْعَالَمِينَ قَالَ رَبُّ السَّمَاوَاتِ وَالْأَرْضِ وَمَا بَيْنَهُمَا إن كُنتُم مُّوقِنِينَ قَالَ لِمَنْ حَوْلَهُ أَلَا تَسْتَمِعُونَ قَالَ رَبُّكُمْ وَرَبُّ آبَائِكُمُ الْأَوَّلِينَ قَالَ إِنَّ رَسُولَكُمُ الَّذِي أُرْسِلَ إِلَيْكُمْ لَمَجْنُونٌ قَالَ رَبُّ الْمَشْرِقِ وَالْمَغْرِبِ وَمَا بَيْنَهُمَا إِن كُنتُمْ تَعْقِلُونَ  قَالَ لَئِنِ اتَّخَذْتَ إِلَهًا غَيْرِي لَأَجْعَلَنَّكَ مِنَ الْمَسْجُونِينَ" (Coran 26/23-29) ;
- "وَقَالَ الْمَلَأُ مِن قَوْمِ فِرْعَوْنَ أَتَذَرُ مُوسَىٰ وَقَوْمَهُ لِيُفْسِدُوا فِي الْأَرْضِ وَيَذَرَكَ وَآلِهَتَكَ؟" (Coran 7/127)
- "وَقَالَ فِرْعَوْنُ يَا أَيُّهَا الْمَلَأُ مَا عَلِمْتُ لَكُم مِّنْ إِلَهٍ غَيْرِي" (Coran 28/38) (contrairement au verset 7/127 - ci-dessus -, ici en 28/38, il s'agit seulement d'une négation par hyperbole : Pharaon se présentait à eux comme le plus grand objet de culte qu'ils devaient prendre ; ou bien c'est qu'il se considérait comme le représentant de toutes les divinités égyptiennes : adorer n'importe quelle autre divinité nationale, cela revenait à l'adorer, lui ; ou bien il s'agit d'une négation par rapport à ce qui a été affirmé par Moïse : "Vous n'avez pas à adorer un dieu se trouvant au-dessus des cieux : plutôt, adorez-moi") ;
- "فَأَرَاهُ الْآيَةَ الْكُبْرَى فَكَذَّبَ وَعَصَى ثُمَّ أَدْبَرَ يَسْعَى فَحَشَرَ فَنَادَى فَقَالَ أَنَا رَبُّكُمُ الْأَعْلَى" (Coran 79/20-24).

- "وَقَالَ فِرْعَوْنُ يَا هَامَانُ ابْنِ لِي صَرْحًا لَّعَلِّي أَبْلُغُ الْأَسْبَابَ أَسْبَابَ السَّمَاوَاتِ فَأَطَّلِعَ إِلَى إِلَهِ مُوسَى وَإِنِّي لَأَظُنُّهُ كَاذِبًا" (Coran 40/36-37) ;
- "وَقَالَ فِرْعَوْنُ يَا أَيُّهَا الْمَلَأُ مَا عَلِمْتُ لَكُم مِّنْ إِلَهٍ غَيْرِي فَأَوْقِدْ لِي يَا هَامَانُ عَلَى الطِّينِ فَاجْعَل لِّي صَرْحًا لَّعَلِّي أَطَّلِعُ إِلَى إِلَهِ مُوسَى وَإِنِّي لَأَظُنُّهُ مِنَ الْكَاذِبِينَ" (Coran 28/38).

En fait, avant d'entendre la prédication de Moïse :
--- Soit ils savaient déjà, au fond d'eux-mêmes (ma'rifa, istîqân), que Dieu existe, mais refusaient de reconnaître cette Existence ('adam ul-i'tirâf : juhûd) (c'est ce qu'a écrit Ibn Abi-l-'Izz : Shar'h ul-aqîda at-tahâwiyya) et donc refusaient a fortiori d'adhérer à cela comme croyance ('adam ul-iltizâm). Or, pour qu'il y ait "croyance en quelque chose", il faut : la conviction en cette chose, la reconnaissance de cette chose, et l'adhésion à cette chose.
--- Soit ils ne connaissaient même pas ('adam ul-ma'rifa) et n'étaient donc a fortiori pas convaincus de ('adam ul-'istîqân) l'existence du Créateur et Pourvoyeur des cieux et de la Terre : ils croyaient que c'est Pharaon qui est le Rabb le plus élevé. C'est suite à la prédication de Moïse qu'ils ont compris que Pharaon n'est pas le Rabb ; mais même alors, dans leur majorité ils n'ont pas apporté foi à l'Existence de Dieu le Créateur ('adam ul-i'tirâf wa 'adam ul-iltizâm).

- "وَلَقَدْ آتَيْنَا مُوسَى تِسْعَ آيَاتٍ بَيِّنَاتٍ فَاسْأَلْ بَنِي إِسْرَائِيلَ إِذْ جَاءهُمْ فَقَالَ لَهُ فِرْعَونُ إِنِّي لَأَظُنُّكَ يَا مُوسَى مَسْحُورًا. قَالَ لَقَدْ عَلِمْتَ مَا أَنزَلَ هَؤُلاء إِلاَّ رَبُّ السَّمَاوَاتِ وَالأَرْضِ بَصَآئِرَ وَإِنِّي لَأَظُنُّكَ يَا فِرْعَونُ مَثْبُورًا" (Coran 17/101-102) ;
- "فِي تِسْعِ آيَاتٍ إِلَى فِرْعَوْنَ وَقَوْمِهِ إِنَّهُمْ كَانُوا قَوْمًا فَاسِقِينَ فَلَمَّا جَاءتْهُمْ آيَاتُنَا مُبْصِرَةً قَالُوا هَذَا سِحْرٌ مُّبِينٌ وَجَحَدُوا بِهَا وَاسْتَيْقَنَتْهَا أَنفُسُهُمْ ظُلْمًا وَعُلُوًّا فَانظُرْ كَيْفَ كَانَ عَاقِبَةُ الْمُفْسِدِينَ" (Coran 27/12-14).

En tous cas Pharaon et ses magiciens n'avaient pas de nom pour nommer Dieu :
- "فَأُلْقِيَ السَّحَرَةُ سَاجِدِينَ قَالُوا آمَنَّا بِرَبِّ الْعَالَمِينَ رَبِّ مُوسَى وَهَارُونَ" (Coran 26/46-48) (également : Coran 7/120-122 ; et Coran 20/70) ;
- "حَتَّى إِذَا أَدْرَكَهُ الْغَرَقُ قَالَ آمَنتُ أَنَّهُ لا إِلِهَ إِلاَّ الَّذِي آمَنَتْ بِهِ بَنُو إِسْرَائِيلَ وَأَنَاْ مِنَ الْمُسْلِمِينَ" (Coran 10/90).

Ibn Taymiyya écrit :
"كما كان فرعون يفعل، فكان يجحد الخالق جل جلاله ويقول: {ما علمت لكم من إله غيري} ويقول لموسى {لئن اتخذت إلها غيري لأجعلنك من المسجونين} ويقول: {أنا ربكم الأعلى}. وكان ينكر أن يكون الله كلم موسى أو يكون لموسى إله فوق السموات. ويريد أن يبطل عبادة الله وطاعته ويكون هو المعبود المطاع" (MF 13/185).

"وأما طه والشعراء مما بسط فيه قصة موسى، فالمقصود الأعظم بقصة موسى إثبات الصانع ورسالته، إذ كان فرعون منكرا؛ ولهذا عظم ذكرها في القرآن. بخلاف قصة غيره، فإن فيها الرد على المشركين المقرين بالصانع، ومن جعل له ولدا من المشركين وأهل الكتاب" (Kitâb un-Nubuwwât, pp. 28-29).

"والإقرار بالملائكة والجن عام في بني آدم، لم ينكر ذلك إلا شواذ من بعض الأمم. ولهذا قالت الأمم المكذبة: {ولو شاء الله لأنزل ملائكة}، حتى قوم نوح وعاد وثمود وقوم فرعون. قال قوم نوح: {ما هذا إلا بشر مثلكم يريد أن يتفضل عليكم ولو شاء الله لأنزل ملائكة}، وقال: {فإن أعرضوا فقل أنذرتكم صاعقة مثل صاعقة عاد وثمود إذ جاءتهم الرسل من بين أيديهم ومن خلفهم أن لا تعبدوا إلا الله قالوا لو شاء ربنا لأنزل ملائكة فإنا بما أرسلتم به كافرون}. وفرعون وإن كان مظهرا لجحد الصانع، فإنه ما قال: {فلولا ألقي عليه أسورة من ذهب أو جاء معه الملائكة مقترنين} إلا وقد سمع بذكر الملائكة، إما معترفا بهم، وإما منكرا لهم. فذكر الملائكة والجن عام في الأمم.
وليس في الأمم أمة تنكر ذلك إنكارا عاما. وإنما يوجد إنكار ذلك في بعضهم؛ مثل من قد يتفلسف، فينكرهم لعدم العلم لا للعلم بالعدم
" (Kitâb un-Nubuwwât, p. 35).

"فإن قيل: كيف يكون قوم فرعون مشركين، وقد أخبر الله عن فرعون أنه جحد الخالق فقال: {وما رب العالمين}، وقال: {ما علمت لكم من إله غيري}، وقال: {أنا ربكم الأعلى}، وقال عن قومه: {فلما جاءتهم آياتنا مبصرة قالوا هذا سحر مبين وجحدوا بها واستيقنتها أنفسهم ظلما وعلوا}؛ والإشراك لا يكون إلا من مقر بالله! وإلا فالجاحد له لم يشرك به. قيل: لم يذكر الله جحود الصانع إلا عن فرعون موسى. وأما الذين كانوا في زمن يوسف فالقرآن يدل على أنهم كانوا مقرين بالله وهم مشركون به؛ ولهذا كان خطاب يوسف للملك وللعزيز ولهم يتضمن الإقرار بوجود الصانع كقوله: {أأرباب متفرقون خير أم الله الواحد القهار}، {ارجع إلى ربك فاسأله ما بال النسوة} إلى قوله {إن ربي بكيدهن عليم}، {وأن الله لا يهدي كيد الخائنين} إلى قوله {إن النفس لأمارة بالسوء إلا ما رحم ربي إن ربي غفور رحيم}؛ وقد قال مؤمن آل حم: {ولقد جاءكم يوسف من قبل بالبينات فما زلتم في شك مما جاءكم به حتى إذا هلك قلتم لن يبعث الله من بعده رسولافهذا يقتضي أن أولئك الذين بعث إليهم يوسف كانوا يقرون بالله. ولهذا كان إخوة يوسف يخاطبونه قبل أن يعرفوا أنه يوسف ويظنونه من آل فرعون بخطاب يقتضي الإقرار بالصانع، كقولهم: {تالله لقد علمتم ما جئنا لنفسد في الأرض وما كنا سارقين}، وقال لهم: {أنتم شر مكانا والله أعلم بما تصفون}، وقال: {معاذ الله أن نأخذ إلا من وجدنا متاعنا عنده}، وقالوا له: {يا أيها العزيز مسنا وأهلنا الضر وجئنا ببضاعة مزجاة فأوف لنا الكيل وتصدق علينا إن الله يجزي المتصدقين}. وذلك أن فرعون الذي كان في زمن يوسف أكرم أبويه وأهل بيته لما قدموا إكراما عظيما مع علمه بدينهم. واستقراء أحوال الناس يدل على ذلك؛ فإن جحود الصانع لم يكن دينا غالبا على أمة من الأمم قط. وإنما كان دين الكفار الخارجين عن الرسالة هو الإشراك. وإنما كان يجحد الصانع بعض الناس، وأولئك كان علماؤهم من الفلاسفة الصابئة المشركين الذين يعظمون الهياكل والكواكب والأصنام. والأخبار المروية من نقل أخبارهم وسيرهم كلها تدل على ذلك. ولكن فرعون موسى {استخف قومه فأطاعوه}، وهو الذي قال لهم - دون الفراعنة المتقدمين -: {ما علمت لكم من إله غيري}، ثم قال لهم بعد ذلك: {أنا ربكم الأعلى}؛ {فأخذه الله نكال الآخرة والأولى}: نكال الكلمة الأولى ونكال الكلمة الأخيرة. وكان فرعون في الباطن عارفا بوجود الصانع، وإنما استكبر - كإبليس -، وأنكر وجوده؛ ولهذا قال له موسى: {لقد علمت ما أنزل هؤلاء إلا رب السماوات والأرض بصائر}؛ فلما أنكر الصانع وكانت له آلهة يعبدها، بقي على عبادتها؛ ولم يصفه الله تعالى بالشرك وإنما وصفه بجحود الصانع وعبادة آلهة أخرى. والمنكر للصانع منهم: مستكبر، كثيرا ما يعبد آلهة ولا يعبد الله قط؛ فإنه يقول: "هذا العالم واجب الوجود بنفسه، وبعض أجزائه مؤثر في بعض"، ويقول: "إنما أنتفع بعبادة الكواكب والأصنام ونحو ذلك"؛ ولهذا كان باطن قول هؤلاء الاتحادية المنتسبة إلى الإسلام هو قول فرعون. وكنت أبين أنه مذهبهم وأبين أنه حقيقة مذهب فرعون، حتى حدثني الثقة عن بعض طواغيتهم أنه قال: "نحن على قول فرعون"؛ ولهذا يعظمون فرعون في كتبهم تعظيما كثيرا؛ فإنهم لم يجعلوا ثم صانعا للعالم خلق العالم ولا أثبتوا ربا مدبرا للمخلوقات، وإنما جعلوا نفس الطبيعة هي الصانع؛ ولهذا جوزوا عبادة كل شيء وقالوا: "من عبده فقد عبد الله"، ولا يتصور عندهم أن يعبد غير الله؛ فما من شيء يعبد إلا وهو الله؛ وهذه الكائنات عندهم أجزاؤه أو صفاته، كأجزاء الإنسان أو صفاته؛ فهؤلاء إذا عبدوا الكائنات، فلم يعبدوها لتقربهم إلى الله زلفى، لكن لأنها عندهم هي الله، أو مجلى من مجاليه أو بعض من أبعاضه أو صفة من صفاته أو تعين من تعيناته. وهؤلاء [اي الاتحادية] يعبدون ما يعبده فرعون، وغيره من المشركين؛ لكن فرعون لا يقول: "هي الله"، ولا: "تقربنا إلى الله"؛ والمشركون يقولون: "هي شفعاؤنا وتقربنا إلى الله"؛ وهؤلاء [اي الاتحادية] يقولون: "هي الله"، كما تقدم. وأولئك [اي المشركون، وفرعون] أكفر من حيث اعترفوا بأنهم عبدوا غير الله، أو جحدوه؛ وهؤلاء [اي الاتحادية] أوسع ضلالا من حيث جوزوا عبادة كل شيء وزعموا أنه هو الله وأن العابد هو المعبود، وإن كانوا إنما قصدوا عبادة الله"(MF 7/629-632).
L'homme croyant parmi les gens du Pharaon de l'époque de Moïse dit en effet à ses contemporains, parlant de leur peuple en général : "Et Joseph vous avait auparavant apporté les preuves évidentes. Vous n'aviez alors cessé d'être dans un doute au sujet de ce qu'il vous avait apporté. Jusqu'à ce quand il mourut, vous dîtes : "Dieu n'enverra jamais plus après lui de Messager"" : "وَلَقَدْ جَاءكُمْ يُوسُفُ مِن قَبْلُ بِالْبَيِّنَاتِ فَمَا زِلْتُمْ فِي شَكٍّ مِّمَّا جَاءكُم بِهِ حَتَّى إِذَا هَلَكَ قُلْتُمْ لَن يَبْعَثَ اللَّهُ مِن بَعْدِهِ رَسُولًا كَذَلِكَ يُضِلُّ اللَّهُ مَنْ هُوَ مُسْرِفٌ مُّرْتَابٌ" (Coran 40/34). Par cette dernière phrase, ils voulurent dire que primo Joseph n'était pas un messager de Dieu, et que secundo, à supposer que Joseph l'ait vraiment été, Dieu, voyant qu'ils n'avaient pas cru en lui, n'enverrait plus un autre messager après lui (Bayân ul-qur'ân). "قوله تعالى: {فما زلتم في شك مما جاءكم به} أي: من عبادة الله وحده {حتى إذا هلك} أي: مات {قلتم لن يبعث الله من بعده رسولا} أي: إنكم أقمتم على كفركم وظننتم أن الله لا يجدد إيجاب الحجة عليكم. {كذلك} أي: مثل هذا الضلال {يضل الله من هو مسرف} أي: مشرك {مرتاب} أي: شاك في التوحيد وصدق الرسل" (Zâd ul-massîr).
Il y a encore, prouvant que les égyptiens que Joseph fréquentaient connaissaient Dieu (même s'ils Lui associaient d'autres divinités et étaient donc hénothéistes) : "فَلَمَّا رَأَيْنَهُ أَكْبَرْنَهُ وَقَطَّعْنَ أَيْدِيَهُنَّ وَقُلْنَ حَاشَ لِلّهِ مَا هَذَا بَشَرًا إِنْ هَذَا إِلاَّ مَلَكٌ كَرِيمٌ" (Coran 12/31) ; "قُلْنَ حَاشَ لِلّهِ مَا عَلِمْنَا عَلَيْهِ مِن سُوءٍ" (Coran 12/51) ; "مَا كَانَ لَنَا أَن نُّشْرِكَ بِاللّهِ مِن شَيْءٍ ذَلِكَ مِن فَضْلِ اللّهِ عَلَيْنَا وَعَلَى النَّاسِ وَلَكِنَّ أَكْثَرَ النَّاسِ لاَ يَشْكُرُونَ يَا صَاحِبَيِ السِّجْنِ أَأَرْبَابٌ مُّتَفَرِّقُونَ خَيْرٌ أَمِ اللّهُ الْوَاحِدُ الْقَهَّارُ مَا تَعْبُدُونَ مِن دُونِهِ إِلاَّ أَسْمَاء سَمَّيْتُمُوهَا أَنتُمْ وَآبَآؤُكُم مَّا أَنزَلَ اللّهُ بِهَا مِن سُلْطَانٍ إِنِ الْحُكْمُ إِلاَّ لِلّهِ أَمَرَ أَلاَّ تَعْبُدُواْ إِلاَّ إِيَّاهُ ذَلِكَ الدِّينُ الْقَيِّمُ وَلَكِنَّ أَكْثَرَ النَّاسِ لاَ يَعْلَمُونَ" (Coran 12/38-40) ; "قَالَ مَعَاذَ اللّهِ أَن نَّأْخُذَ إِلاَّ مَن وَجَدْنَا مَتَاعَنَا عِندَهُ إِنَّآ إِذًا لَّظَالِمُونَ" (Coran 12/79) ; "فَلَمَّا دَخَلُواْ عَلَيْهِ قَالُواْ يَا أَيُّهَا الْعَزِيزُ مَسَّنَا وَأَهْلَنَا الضُّرُّ وَجِئْنَا بِبِضَاعَةٍ مُّزْجَاةٍ فَأَوْفِ لَنَا الْكَيْلَ وَتَصَدَّقْ عَلَيْنَآ إِنَّ اللّهَ يَجْزِي الْمُتَصَدِّقِينَ" (Coran 12/88).

Ar-Râzî écrit :
"المسألة الرابعة: اختلف الناس في أن فرعون هل كان عارفا بالله تعالى. فقيل: إنه كان عارفا إلا أنه كان يظهر الإنكار تكبرا وتجبرا وزورا وبهتانا. واحتجوا عليه بستة أوجه. أحدها: (...) وسادسها: أنه لما قال: وما رب العالمين، قال موسى عليه السلام: رب السماوات والأرض وما بينهما، قال: إن رسولكم الذي أرسل إليكم لمجنون؛ يعني أنا أطلب منه الماهية وهو يشرح الوصف؛ فهو لم ينازع موسى في الوجود بل طلب منه الماهية فدل هذا على اعترافه بأصل الوجود، ومن الناس من قال: إنه كان جاهلا بربه. واتفقوا على أن العاقل لا يجوز أن يعتقد في نفسه أنه خالق هذه السموات والأرضين والشمس والقمر وأنه خالق نفسه لأنه يعلم بالضرورة عجزه عنها ويعلم بالضرورة أنها كانت موجودة قبله فيحصل العلم الضروري بأنه ليس موجودا لها ولا خالقا لها. واختلفوا في كيفية جهله بالله تعالى: فيحتمل أنه كان دهريا نافيا للمؤثر أصلا، ويحتمل أنه كان فلسفيا قائلا بالعلة لموجبه، ويحتمل أنه كان من عبدة الكواكب، ويحتمل أنه كان من الحلولية المجسمة. وأما ادعاؤه الربوبية لنفسه فبمعنى أنه يجب عليهم طاعته والانقياد له وعدم الاشتغال بطاعة غيره" (Tafsîr ur-Râzî, commentaire de Coran 20/49).

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Un autre écrit de ar-Râzî sur ce sujet général :

"المسألة الثانية : اعلم أنه ليس في العالم أحد يثبت لله تعالى شريكا يساويه في الوجوب والقدرة والعلم والحكمة، لكن الثنوية يثبتون إلهين، أحدهما حكيم يفعل الخير، والثاني سفيه يفعل الشر. وأما الاشتغال بعبادة غير الله، ففي الذاهبين إليه كثرة؛ فمنهم عبدة الكواكب؛ وهم فريقان: منهم من يقول: "إنه سبحانه خلق هذه الكواكب وفوض تدبير هذا العالم السفلي إليها، فهذه الكواكب هي المدبرات لهذا العالم"، قالوا: "فيجب علينا أن نعبد هذه الكواكب، ثم إن هذه الأفلاك والكواكب تعبد الله وتطيعه"؛ ومنهم قوم غلاة ينكرون الصانع، ويقولون: "هذه الأفلاك والكواكب أجسام واجبة الوجود لذواتها ويمتنع عليها العدم والفناء، وهي المدبرة لأحوال هذا العالم الأسفل"؛ وهؤلاء هم الدهرية الخالصة؛ وممن يعبد غير الله: النصارى الذين يعبدون المسيح؛ ومنهم أيضا عبدة الأصنام" (Tafsîr ur-Râzî, commentaire de Coran 6/74).

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Ensuite, parmi les Polycultistes (ceux du type I, ceux du type II, ceux du type III, ceux du type IV, ceux du type V et ceux du type VI) :

------ La plupart disent qu'ils ne rendent le culte qu'à des esprits, et que les statues les représentant ne sont qu'une direction (qibla) pour se tourner vers ces esprits (Al-Fawz ul-kabîr, p. 24). Cependant, ils croient aussi qu'il est grave de manquer de respect à ces statues, façonnées à l'image de ceux qu'elles représentent : casser une statue par mépris, c'est exprimer du mépris pour l'esprit qu'elle représente.

------ Cependant, certains parmi eux sont allés jusqu'à croire, écrit Shâh Waliyyullâh, que le culte est rendu à la statue elle-même (Al-Fawz ul-kabîr, pp. 24-25). Certaines argumentations du Coran contre l'idolâtrie s'adressent à cette seconde catégorie (Ibid., p. 27).

Shâh Waliyyullâh écrit :
"والمشركون وافقوا المسلمين في تدبير الأمور العظام، وفيما أبرم وجزم، ولم يترك لغيره خيرة، ولم يوافقوهم في سائر الأمور، ذهبوا إلى أن الصالحين من قبلهم عبدوا الله وتقربوا إليه فأعطاهم الله الألوهية، فاستحقوا العبادة من سائر خلق الله، كما أن ملك الملوك يخدمه عبده، فيحسن خدمته، فيعطيه خلعة الملك، ويفوض إليه تدبير بلد من بلاده، فيستحق السمع والطاعة من أهل ذلك البلد، وقالوا: لا تقبل عبادة الله إلا مضمومة بعبادتهم بل الحق في غاية التعالي، فلا تفيد عبادته تقربا منه، بل لا بد من عبادة هؤلاء ليقربوا إلى الله زلفى. وقالوا: "هؤلاء يسمعون، ويبصرون، ويشفعون لعبادهم، ويدبرون أمورهم، وينصرونهم"؛ فنحتوا على أسمائهم أحجارا، وجعلوها قبلة عند توجههم إلى هؤلاء.
فخلف من بعدهم: خلف، فلم يفطنوا للفرق بين الأصنام وبين من هي على صورته، فظنوها معبودات بأعيانها. ولذلك رد الله تعالى عليهم تارة بالتنبيه على أن الحكم والملك له خاصة، وتارة ببيان أنها جمادات: {ألهم أرجل يمشون بها أم لهم أيد يبطشون بها أم لهم أعين يبصرون بها أم لهم آذان يسمعون بها}"
(Hujjat ullâh, 1/177-178).

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Et qu'en est-il des Chrétiens qui invoquent Jésus, Marie et tous ceux et celles qu'ils considèrent saints : font-ils du Shirk Akbar fi-r-Rubûbiyya aussi ?

--- Découvrir cela en lisant un autre article.

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Wallâhu A'lam (Dieu sait mieux).

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