Les Mots (الألفاظ) sont Importants. Et tout aussi important est de connaître le(s) Sens (المعنى/ المعاني) qui est(sont) véritablement le(s) leur(s), et qui les fait(font) évoquer telle, ou telle autre Réalité (الحقيقة الخارجة)

I) Introduction :

Pour nous faire savoir ce en quoi Il veut que nous croyons (i'tiqâd) et ce qu'Il veut que nous faisons ('amal), Dieu a révélé à Son Messager un texte (le Coran) qui est composé de Mots. De même, ce sont par des Mots que les paroles, actes et approbations du Messager (la Sunna) nous sont parvenus.

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Les Réalités ("الحقيقة الخارجة") dont Dieu ou Son Messager nous a parlé sont de plusieurs types (tous créés par Dieu) : les choses concrètes, les actions ou les qualités, ainsi que les concepts :

L'être (al-'ayn) (العين) : il s'agit de ce qui se tient par lui-même dans le réel. Par exemple : "livre" ; "homme" (cela se dit également "adh-dhât" (الذات), mais d'après l'une des acceptions de ce terme : "هو يطلق على معان. منها (...). ومنها ما يقوم بنفسه؛ وهذا لا يشتمل العرض؛ وتقابله الصّفة بمعنى ما لا يقوم بنفسه؛ ومعنى القيام بالذات يجيء في محله" : Kashshâfu Istilâhât il-funûn).

L'accident (al-'aradh) (العرض) : il s'agit de la qualité d'un être, ou de l'action faite par un être, ces deux choses ne se produisant que par et dans un être. Même dans la représentation que l'esprit se fait d'elles, la qualité comme l'action ne se tiennent que par et dans quelque chose d'autre qu'elles. Il s'agit :
--- soit d'une qualité temporaire, ou permanente, d'un être (fi'l wasfî) (الصفة) : "être miséricordieux" ; "être beau" ; "être abîmé" ; "être vrai" (= la véracité) ; "être juste" (= la justesse) ;
--- soit d'une action que fait un objet matériel (fi'l 'amalî) (الحدث) : "bouger" ; "demeurer immobile" ; "manger" ; etc.

Pour ce qui est du concept (al-ma'nâ al-mah'dh) (المعنى المحض) : il semble s'agir lui aussi d'un 'aradh quelque peu particulier : "le lien de parenté" ; "la vérité" ; "la justice".
"ومنها ما يقوم به غيره، سواء كان قائما بنفسه، كزيد في قولنا: "زيد العالم قائم"، أو لا يكون قائما بنفسه، كالسّواد في قولنا: "رأيت السّواد الشديد". وبهذا المعنى وقع في تعريف النّعت بأنّه تابع يدلّ على ذات، كذا في چلپي المطول في باب القصر" (Kashshâfu Istilâhât il-funûn).

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Ma'nâ est opposé à 'ayn, et signifie : "ce qui ne se tient pas par lui-même dans la réalité".
(Attention ! Ici, ma'nâ ne signifie pas : "ma'nî", "sens d'un terme", comme c'est le cas lorsqu'il est opposé à lafz.)

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Or il existe ici 3 choses (parfois : 3 + 1 choses) :

Le Mot ("اللفظ") ayant été employé par Dieu ou Son Messager (sur lui soit la paix) pour nous parler de l'une de ces Réalités.

Le Sens ("المعنى") que ce terme évoque dans notre esprit quand nous entendons ce Mot ;
---- si nous avons déjà, de nos yeux, vu la Réalité que ce mot cherche à désigner, il y a dans notre esprit, couplée à ce Sens : l'Image Mentale ("الصورة الذهنية") de cette Réalité ; sinon, il n'y a que le Sens ("المعنى").

La Réali ("الحقيقة الخارجة") à laquelle ce Sens correspond, et qui relève de l'une des 2 catégories sus-évoquées : "العين والعَرَض".

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II) Les Mots (surtout les Noms) : quel Sens leur donner ? et à quelle Réalité ce Sens correspond-il ?

Ibn Taymiyya écrit :

"الأسماء التي علق الله بها الأحكام في الكتاب والسنة:

منها ما يعرف حده ومسماه بالشرع فقد بينه الله ورسوله: كاسم الصلاة والزكاة والصيام والحج؛ والإيمان والإسلام؛ والكفر والنفاق.
ومنه ما يعرف حده باللغة؛ كالشمس والقمر والسماء والأرض والبر والبحر.
ومنه ما يرجع حده إلى عادة الناس وعرفهم فيتنوع بحسب عادتهم؛ كاسم البيع والنكاح والقبض والدرهم والدينار؛ ونحو ذلك من الأسماء التي لم يحدها الشارع بحد؛ ولا لها حد واحد يشترك فيه جميع أهل اللغة بل يختلف قدره وصفته باختلاف عادات الناس.

فما كان من النوع الأول فقد بينه الله ورسوله.
وما كان من الثاني والثالث فالصحابة والتابعون المخاطبون بالكتاب والسنة قد عرفوا المراد به، لمعرفتهم بمسماه المحدود في اللغة أو المطلق في عرف الناس"

"Les noms auxquels Dieu a relié des ahkâm dans le Coran et la Sunna (sont de plusieurs types) :
il en est dont la définition et ce qu'ils désignent sont connus par la Shar' : Dieu et Son Messager les ont explicités ; ainsi en est-il des noms : prière, zakât, jeûne, pèlerinage, foi, islam, kufr et nifâq ;
il en est dont la définition est connue par la langue (arabe) : le soleil, la lune, le ciel, la terre, la terre sèche, la mer ;
et il en est dont la définition est liée à l'habitude ('âdah) et l'usage ('urf) des gens ; elle varie donc selon leur habitude. Ainsi en est-il des termes : "transaction de vente", "acte de mariage", "prise de possession (de l'objet acheté)", "pièce d'argent", "pièce d'or", et autres termes qui sont tels que leur définition n'a pas été fixée par le Shâri' ni ne fait l'objet d'un accord de tous les gens de la langue ; (au contraire,) leur mesure et leur description changent en fonction du changement des habitudes humaines"
(Majmû' ul-fatâwâ 19/235).

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III) On peut présenter en fait les différentes catégories suivantes de Noms :

1) Le Nom est présent dans le Coran ou la Sunna : il y est lié à un hukm (soit à une khabar, soit à un talab) :

--- 1.1) ce Nom a un Sens littéral connu en langue arabe, sans que l'islam y ait apporté de changement : ce Nom a donc été utilisé dans le Coran et la Sunna avec son Sens littéral :

----- "shams" (soleil), "qamar" (lune), "ardh" (Terre), "sayyâra" (caravane), "nabîdh" (eau dans laquelle ont trempé des fruits) ;

--- 1.2) ce Nom a un Sens littéral connu en langue arabe, mais la Réalité à laquelle il correspond varie selon les usages ('urf) : l'applicabilité de la règle islamique liée à ce Nom varie donc selon l'Usage :

----- le respect (adab) vis-à-vis de plus âgé que soi est requis en islam ; mais qu'est-ce que cela recouvre de parole et d'attitude gestuelle ?
----- le qabdh est requis après une vente, pour que l'on puisse revendre l'objet acheté ; mais qu'est-ce que cela recouvre : "la prise réelle dans sa main" seulement ?
----- entreprendre un "voyage" entraîne la possibilité de raccourcir les prières de 4 cycles et de reporter à plus tard l'accomplissement du jeûne du ramadan, etc. ; mais qu'est-ce qu'un voyage ? d'après Ibn Taymiyya, cela dépend de ce que l'usage considère être "un voyage".

--- 1.3) ce Nom a un Sens littéral connu en langue arabe, mais le Coran et la Sunna lui ont conféré un Sens nuancé : soit spécifique (manqûl shar'î) ; soit plus général (a'amm). Quand ce Nom est présent dans le Coran et la Sunna, ce Sens ne varie pas (sauf cas exceptionnel) :

----- "salât" (= prière),
----- "hajj" (= pèlerinage) ;
----- "khamr" (= alcool, même si ça n'est pas du vin) ;
----- "ijmâ'" (= consensus de tous les mujtahidûn de la Umma).

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2) Le Nom n'est présent ni dans le Coran ni la Sunna ni les propos des Compagnons, et c'est un autre usage qui l'a généralisé :

--- 2.1) soit c'est malgré tout un usage né chez les musulmans :

----- "J'adhère aux enseignements des soufis orthodoxes" : "soufisme" signifie-t-il systématiquement : "bid'a" ? ;
----- "Je ne suis pas salafi" : cela implique-t-il que celui qui dit cela ne soit pas dans l'orthodoxie musulmane ? ;
----- "J'approuve / je désapprouve le wahhabisme" : qu'est-ce que cela signifie-t-il ? ;
----- "Ahmad ibn Hanbal a qualifié tel hadîth de "hadîth dha'îf" mais en a extrait une règle." Mais qu'est-ce que Ahmad voulait-il dire par "hadîth dha'îf" ?
----- "Ibn ul-Jawzî a qualifié tel hadîth de "hadîth mawdhu'", alors que les autres spécialistes ne l'ont pas fait." Ibn ul-Jawzî serait-il trop dur (mutashaddid) à ce sujet ?
----- Peut-on dire : "Dieu est Intelligent", sachant que ce Qualificatif ne figure ni dans le Coran ni dans la Sunna ?

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--- 2.2) soit c'est un usage d'origine non-musulmane :

----- "L'islam enseigne-t-il la tolérance ?" : que signifie "tolérance" : "dire que toute religion est vraie" ? ou bien "ne contraindre personne à y adhérer, et agir normalement avec ceux qui ont choisi de ne pas y adhérer" ? ;
----- "L'islam permet-il des libertés sociales ?" : que signifie ici "libertés" ?
----- "En pays musulman, faut-il implanter la démocratie ?" : que signifie ici "démocratie" ? ;
----- "Faut-il exporter la laïcité en pays musulman  ?" : que signifie ici : "laïcité" ? ;
----- etc.

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IV) En ce qui concerne les Noms de type 1.3 (les Noms auxquels le Coran et la Sunna ont conféré un Sens spécifique) :

Alors que, à l'origine, dans la langue arabe, le terme "salât" signifie "prière, quelle qu'elle soit".
Cependant, dans le langage du Coran et de la Sunna, le terme "salât" désigne la prière rituelle avec les postures, les gestes et les formules bien connues : en bref la prière que la Sunna a enseignée.
On ne doit donc pas, lisant le terme "salât" dans la formule du Coran "Etablissez la salât", en comprendre le sens littéral et originel que le terme a en arabe. C'est en son sens shar'î qu'il faut comprendre ce terme lorsque présent dans le Coran ou la Sunna.

Le terme "ijmâ'" a, à l'origine, le sens d'unanimité, quels qu'en soient les auteurs. Cependant, le terme "ijmâ'" présent dans le langage de la Sunna ne s'applique pas à l'unanimité d'un groupe de ulémas d'une région donnée ont (excepté en ce qui concerne Médine : leur consensus est reconnu par l'école malikite pour les premières générations) : le terme "ijmâ'" présent dans le langage de la Sunna réfère à l'unanimité de toute la Umma (ce que les ulémas ont compris comme concernant : "les mujtahidûn de toute la Umma").

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Par contre, ce qu'il faut savoir c'est que, pour certains termes ayant ainsi un sens shar'î, il existe, à l'intérieur de ce sens shar'î, plusieurs degrés (ce qui fait du terme un Kullî Mushakkik), voire plusieurs dérivés
(ce qui fait du terme un Mushtarak).

Il ne faut alors pas méconnaître l'existence de cette pluralité de degrés / de dérivés :
--- il ne faut pas, de tous les textes liant à ce terme une règle, retenir un seul des sens que ce terme possède (c'est le cas pour les termes Jihad, Ibâdat-ullâh, Sunna, Nifâq, etc.) ;
--- et il ne faut pas, à un autre sens que celui alors voulu, appliquer la règle qui, dans tel texte précisément, est en réalité liée à tel sens précis du terme (c'est le cas pour les termes Dîn, Fitna, Ikhtilâf, etc.).

----- "Kitâb ullâh" : signifie :
-------- tantôt : "Livre de Dieu" : soit le Coran ("وَاتْلُ مَا أُوحِيَ إِلَيْكَ مِن كِتَابِ رَبِّكَ" : Coran 18/27) ; soit une révélation antérieure de Dieu qui a été transcrite ("إِنَّا أَنزَلْنَا التَّوْرَاةَ فِيهَا هُدًى وَنُورٌ يَحْكُمُ بِهَا النَّبِيُّونَ الَّذِينَ أَسْلَمُواْ لِلَّذِينَ هَادُواْ وَالرَّبَّانِيُّونَ وَالأَحْبَارُ بِمَا اسْتُحْفِظُواْ مِن كِتَابِ اللّهِ وَكَانُواْ عَلَيْهِ شُهَدَاء" : Coran 5/441) ;
--------- mais tantôt : "ce qui a été décidé par Dieu" : soit au niveau takwînî ("لَقَدْ لَبِثْتُمْ فِي كِتَابِ اللَّهِ إِلَى يَوْمِ الْبَعْثِ" : Coran 30/56) ; soit au niveau tashrî'î (signifiant alors : "norme prescrite par Dieu pour cette circonstance" : "وَالْمُحْصَنَاتُ مِنَ النِّسَاء إِلاَّ مَا مَلَكَتْ أَيْمَانُكُمْ كِتَابَ اللّهِ عَلَيْكُمْ" : Coran 4/24) ;

----- "Jihad" : Le concept islamique du "jihad" n'est pas spécifiquement d'ordre militaire ;

----- Ibâdat ullâh : Il existe différents "recouvrements" du terme "'Ibâda" ("adorer"), dans la formule : "عبادة الله" ("faire la 'Ibâda d'Allâh" : "adorer Dieu") ;

----- Îmân : Différentes "étendues" de ce que désigne le terme "foi" (الإيمان), et, ensuite, différents sens de ce terme "foi" (الإيمان) ;

----- Nifâq : Il existe le Nifâq Akbar, et le Nifâq Asghar ;

----- Dhikr ullâh : Il existe 2 (+ 1) sens à la formule "ذكر الله" ;

----- "Sunna" : Il existe 2 sens principaux au terme "سُنّة" ("Sunna") (chacun des 2 possède des dérivés, ce qui nous donne un total de 5 sens) ;

----- "Fî sabilillâh" : 2 sens, l'un général et l'autre plus particulier, à la formule "dans le chemin de Dieu" ("fî sabîlillâh") (في سبيل الله) ;

----- Sadaqa : Il y a deux sens au terme "aumône" "صدقة" présent dans les textes du Coran et de la Sunna ;

----- Dîn et Dunyâ : Il existe 2 sens à l'articulation "Dîn / Dunyâ" ;

----- "Ikhtilâf" : parfois ce terme désigne la simple divergence, d'autres fois la division.
--------- Division : "عن عبد الله، قال: سمعت رجلا قرأ آية، سمعت من النبي صلى الله عليه وسلم خلافها، فأخذت بيده، فأتيت به رسول الله صلى الله عليه وسلم فقال: "كلاكما محسن"، قال شعبة: أظنه قال: "لا تختلفوا، فإن من كان قبلكم اختلفوا فهلكوا" (al-Bukhârî, 2279). "عن عبد الله، أنه سمع رجلا يقرأ آية سمع النبي صلى الله عليه وسلم خلافها، فأخذت بيده، فانطلقت به إلى النبي صلى الله عليه وسلم فقال: "كلاكما محسن، فاقرآ"؛ أكبر علمي قال: "فإن من كان قبلكم اختلفوا فأهلكوا" (al-Bukhârî, 4775). A propos de 2 façons divergentes de réciter un même verset, le Prophète (que Dieu le bénisse et le salue) dit : "Chacun de vous deux récite bien. Continuez donc à réciter (ainsi). Et ne vous divisez pas. Car ceux qui étaient avant vous se sont divisés et ont alors été détruits" (al-Bukhârî, 2279, 4775).
-------- Simple divergence : "عن أنس بن مالك قال: فأمر عثمان، زيد بن ثابت، وسعيد بن العاص، وعبد الله بن الزبير، وعبد الرحمن بن الحارث بن هشام، أن ينسخوها في المصاحف. وقال لهم: "إذا اختلفتم أنتم وزيد بن ثابت في عربية من عربية القرآن فاكتبوها بلسان قريش، فإن القرآن أنزل بلسانهم ففعلوا" : "Uthmân dit alors aux 3 Compagnons Qurayshites : "Si vous et Zayd ibn Thâbit avez une divergence à propos de la façon de prononcer quelque chose, en arabe, du Coran, alors écrivez-le selon le dialecte des Quraysh, car le Coran a été révélé (originellement) dans leur dialecte." C'est ce qu'ils firent (al-Bukhârî, 4699). "قال الزهري: فاختلفوا يومئذ في التابوت والتابوه، فقال القرشيون: التابوت، وقال زيد: التابوه فرفع اختلافهم إلى عثمان، فقال: "اكتبوه التابوت فإنه نزل بلسان قريش" : Ils divergèrent au sujet de "Tâbût" : les Qurayshites le prononçaient : "Tâbût", et Zayd : "Tâbûh". Ils firent part de leur divergence à 'Uthmân, qui leur dit : "Ecrivez-le : "Tâbût", car cela a été révélé (originellement) selon le dialecte des Quraysh" (at-TIrmidhî, 3104).

----- "Fitna" : alors que sévissait une Fitna entre deux groupes musulmans (les Banû Umayya et Abdullâh ibn uz-Zubayr), deux hommes vinrent trouver Abdullâh ibn Omar et l'un d'eux lui demanda pourquoi il ne participait pas à la lutte armée contre Abdullâh ibn uz-Zubayr, alors que Dieu a dit : "Et combattez-les jusqu'à ce qu'il n'y ait plus de Fitna" (Coran 2/193, 8/39). Ibn Omar répondit à cet homme : "Sais-tu (déjà) ce qu'est la Fitna (évoquée dans ce verset) ?" Avant de lui expliquer qu'il s'agissait des persécutions que des Polycultistes Arabes infligeaient à des musulmans, afin de les faire apostasier. Il ajouta : "Ce n'est pas comme votre lutte armée pour le pouvoir !" : "عن نافع، عن ابن عمر رضي الله عنهما أتاه رجلان في فتنة ابن الزبير فقالا: "إن الناس صنعوا، وأنت ابن عمر وصاحب النبي صلى الله عليه وسلم، فما يمنعك أن تخرج؟" فقال: "يمنعني أن الله حرم دم أخي". فقالا: "ألم يقل الله: {وقاتلوهم حتى لا تكون فتنة}؟" فقال: "قاتلنا حتى لم تكن فتنة، وكان الدين لله، وأنتم تريدون أن تقاتلوا حتى تكون فتنة، ويكون الدين لغير الله"" (al-Bukhârî, 4243). "عن سعيد بن جبير، قال: خرج علينا عبد الله بن عمر، فرجونا أن يحدثنا حديثا حسنا، قال: فبادرنا إليه رجل فقال: "يا أبا عبد الرحمن، حدثنا عن القتال في الفتنة، والله يقول: {وقاتلوهم حتى لا تكون فتنة}." فقال: "هل تدري ما الفتنة، ثكلتك أمك؟ إنما كان محمد صلى الله عليه وسلم يقاتل المشركين وكان الدخول في دينهم فتنة، وليس كقتالكم على الملك" (al-Bukhârî, 6682). "عن نافع، أن رجلا أتى ابن عمر فقال: "يا أبا عبد الرحمن، ما حملك على أن تحج عاما وتعتمر عاما، وتترك الجهاد في سبيل الله عز وجل، وقد علمت ما رغب الله فيه؟" قال: "يا ابن أخي، بني الإسلام على خمس، إيمان بالله ورسوله، والصلاة الخمس، وصيام رمضان، وأداء الزكاة، وحج البيت." قال يا أبا عبد الرحمن: "ألا تسمع ما ذكر الله في كتابه: {وإن طائفتان من المؤمنين اقتتلوا فأصلحوا بينهما، فإن بغت إحداهما على الأخرى فقاتلوا التي تبغي حتى تفيء إلى أمر الله}، {قاتلوهم حتى لا تكون فتنة}." قال: "فعلنا على عهد رسول الله صلى الله عليه وسلم وكان الإسلام قليلا، فكان الرجل يفتن في دينه: إما قتلوه، وإما يعذبونه، حتى كثر الإسلام فلم تكن فتنة." قال: "فما قولك في علي وعثمان؟" قال: "أما عثمان فكأن الله عفا عنه، وأما أنتم فكرهتم أن تعفوا عنه. وأما علي فابن عم رسول الله صلى الله عليه وسلم، وختنه" وأشار بيده، فقال: "هذا بيته حيث ترون" (al-Bukhârî, 4243). "عن نافع، عن ابن عمر رضي الله عنهما، أن رجلا جاءه فقال: "يا أبا عبد الرحمن، ألا تسمع ما ذكر الله في كتابه: {وإن طائفتان من المؤمنين اقتتلوا} إلى آخر الآية؟ فما يمنعك أن لا تقاتل كما ذكر الله في كتابه؟" فقال: "يا ابن أخي أغتر بهذه الآية ولا أقاتل، أحب إلي من أن أغتر بهذه الآية التي يقول الله تعالى: {ومن يقتل مؤمنا متعمدا} إلى آخرها". قال: "فإن الله يقول: {وقاتلوهم حتى لا تكون فتنة}". قال ابن عمر: "قد فعلنا على عهد رسول الله صلى الله عليه وسلم إذ كان الإسلام قليلا، فكان الرجل يفتن في دينه إما يقتلونه وإما يوثقونه، حتى كثر الإسلام فلم تكن فتنة". فلما رأى أنه لا يوافقه فيما يريد، قال: "فما قولك في علي، وعثمان؟" قال ابن عمر: "ما قولي في علي وعثمان؟ أما عثمان: فكان الله قد عفا عنه فكرهتم أن يعفو عنه. وأما علي: فابن عم رسول الله صلى الله عليه وسلم وختنه - وأشار بيده - وهذه ابنته - أو بنته - حيث ترون" (al-Bukhârî, 4373).
On voit ici que bien qu'il y avait bien une Fitna dans le réel, celle-ci n'était pas la Fitna énoncée dans les versets 2/193 et 8/39.

----- "Wilâya" / "Tawwalî" / "Walâ'" :
---------- Un premier sens est de divinisation : Les termes "Walî" / "Wilâya" / "Walâ'" / "Tawallî" / "Muwâlât" et leurs différentes utilisations dans le Coran ;
---------- Un second sens n'est pas de divinisation, mais ses expressions sont malgré tout différentes, l'une d'elles étant réservée aux musulmans, une autre étant générale et applicable aux musulmans comme aux non-musulmans :
------------ La Tawallî entre humains - "O les croyants, ne prenez pas pour awliyâ' les juifs et les chrétiens" (Coran 5/51) : que signifie l'interdiction de prendre des non-musulmans comme Awliyâ' ? (Commentaire de Coran 3/28 ; 4/144 ; 5/51 ; 58/22 ; 60/1) ;
------------ Qu'est-ce que la Taqiyya ? "Les croyants ne doivent pas prendre pour awliyâ' des incroyants, délaissant les croyants. Car celui qui fait ainsi n'est en rien de Dieu. Sauf si vous Tattaqû de leur part une Taqiyya" (Coran 3/28).

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D'autres fois, c'est dans un usage ('urf) particulier que tel sens existe, lequel sens est différent du sens que ce Nom a dans le Coran et la Sunna ou bien dans l'usage des Compagnons.

Ibn Taymiyya écrit : "ومن لم يعرف لغة الصحابة التي كانوا يتخاطبون بها ويخاطبهم بها النبي صلى الله عليه وسلم وعادتهم في الكلام، وإلا حرف الكلم عن مواضعه. فإن كثيرا من الناس ينشأ على اصطلاح قومه وعادتهم في الألفاظ، ثم يجد تلك الألفاظ في كلام الله أو رسوله أو الصحابة، فيظن أن مراد الله أو رسوله أو الصحابة بتلك الألفاظ ما يريده بذلك أهل عادته واصطلاحه. ويكون مراد الله ورسوله والصحابة خلاف ذلك! وهذا واقع لطوائف من الناس من أهل الكلام والفقه والنحو والعامة وغيرهم" :
"Celui qui ne connaît pas la langue des Compagnons, par laquelle ils se parlaient et par laquelle le Prophète (que Dieu le bénisse et le salue) leur parlait, et (ne connaît pas) leur usage dans la parole, celui-là va détourner les termes (du Coran et de la Sunna) de leur sens voulu.
Car beaucoup de gens grandissent avec l'usage de leur groupe par rapport aux termes [usage conférant à certains termes un sens particulier], puis, trouvant ces mêmes termes dans la Parole de Dieu ou celle de Son Messager ou celle des Compagnons, croient alors que ce que Dieu, ou Son Messager, ou ces Compagnons, a(ont) voulu signifier (par ces termes) est cela même que les gens de l'usage qu'il (connaît) veulent signifier par (ces termes). Alors que ce que Dieu, Son Messager et ses Compagnons ont voulu signifier est différent de cela !"
(MF 1/242-243).
Il écrit également : "السبب السادس: عدم معرفته بدلالة الحديث: تارة لكون اللفظ الذي في الحديث غريبا عنده: مثل لفظ المزابنة والمحاقلة والمخابرة والملامسة والمنابذة والغرر، إلى غير ذلك من الكلمات الغريبة التي قد يختلف العلماء في تفسيرها؛ وكالحديث المرفوع: {لا طلاق ولا عتاق في إغلاق} فإنهم قد فسروا الإغلاق بالإكراه؛ ومن يخالفه لا يعرف هذا التفسير. وتارة لكون معناه في لغته وعرفه غير معناه في لغة النبي صلى الله عليه وسلم؛ وهو يحمله على ما يفهمه في لغته بناء على أن الأصل بقاء اللغة. كما سمع بعضهم آثارا في الرخصة في النبيذ فظنوه بعض أنواع المسكر، لأنه لغتهم؛ وإنما هو ما ينبذ لتحلية الماء قبل أن يشتد: فإنه جاء مفسرا في أحاديث كثيرة صحيحة. وسمعوا لفظ الخمر في الكتاب والسنة فاعتقدوه عصير العنب المشتد خاصة بناء على أنه كذلك في اللغة؛ وإن كان قد جاء من الأحاديث أحاديث صحيحة تبين أن الخمر اسم لكل شراب مسكر. وتارة لكون اللفظ مشتركا أو مجملا؛ أو مترددا بين حقيقة ومجاز؛ فيحمله على الأقرب عنده وإن كان المراد هو الآخر؛ كما حمل جماعة من الصحابة في أول الأمر الخيط الأبيض والخيط الأسود على الحبل وكما حمل آخرون قوله {فامسحوا بوجوهكم وأيديكم} على اليد إلى الإبط. وتارة لكون الدلالة من النص خفية؛ فإن جهات دلالات الأقوال متسعة جدا يتفاوت الناس في إدراكها وفهم وجوه الكلام بحسب منح الحق سبحانه ومواهبه ثم قد يعرفها الرجل من حيث العموم ولا يتفطن لكون هذا المعنى داخلا في ذلك العام ثم قد يتفطن له تارة ثم ينساه بعد ذلك. وهذا باب واسع جدا لا يحيط به إلا الله. وقد يغلط الرجل فيفهم من الكلام ما لا تحتمله اللغة العربية التي بعث الرسول صلى الله عليه وسلم بها" (MF 20/244-245).

----- "Sunna" :
--------- Dans le Coran et la Sunna, cela désigne : tous les enseignements du Prophète (sur lui soit la paix).
--------- Or chez certains juristes postérieurs, cela désigne : le degré "recommandé et non obligatoire".
Lire : Ne pas confondre le terme "sunna" présent dans certains ouvrages de Fiqh et "la Sunna du Prophète" (sur lui soit la paix).

----- "Naskh" :
--------- Dans l'usage des Anciens, cela signifie : "changement dans la règle précédemment révélée, que ce changement consiste en une véritable abrogation ou bien en une simple nuance".
--------- Or dans l'usage des Ulémas postérieurs, cela signifie seulement : "abrogation".
Lire : "Mansûkh", à propos de versets, ne veut pas toujours dire "abrogé" - المعاني المختلفة للفظ النسخ.

----- Dâr ul-islâm :
--------- Il existe 2 sens à l'appellation "Dâr ul-islâm".

----- "Shar'î" :
--------- D'après un premier sens, cela signifie : "qui est ce que l'on trouve TEL QUEL DANS la Shar' ullâh" ;
--------- D'après un second sens, plus élargi, cela signifie : "qui est CONFORME AUX ahkâm shar'iyya (donc à ce que la Shar' ullâh dit sur le sujet), même si on ne trouve pas cela TEL QUEL DANS la Shar' ullâh".
Lire : Il existe 2 sens au terme "Shar'î" - Qu'est-ce qu'un "Hukm Shar'î" ? un "Dalîl Shar'î" ? une "Siyâssa Shari'yya" ? un "Libâs Shar'î" ?.

----- "Dhalâla":
--------- Dans le Coran et la Sunna, cela désigne l'avis qui est erroné, que le niveau soit : ijtihâdî ; ou bien ghayr ijtihâdî ghayr kufr ; ou encore ghayr ijtihâdî wa kufr.
--------- Or chez les ulémas postérieurs, cela désigne l'avis qui est ghayr ijtihâdî ghayr kufr.
Lire : Peut-on employer le terme "dhalâlah" à propos de l'avis qui constitue une erreur d'interprétation qat'î (khata' ijtihâdî qat'î) ?.

----- "Haqq ullâh" :
--------- D'après un premier sens, large, cela désigne : "tout ce que Dieu a demandé d'adopter, tout ce qu'Il a demandé de faire et tout ce dont Il a demandé de se préserver, même s'il s'agit de subvenir aux besoins de créatures et de se préserver de faire du tort à autrui" ;
--------- D'après un sens plus restreint, cela désigne : "ce qui relève de notre devoir en lien avec les actions qui ne concernent pas autrui".
Lire : Comment comprendre la distinction faite entre "droits de Dieu" et "droits de la personne" ? quelles implications a-t-elle ?.

----- "Da'wa" :
--------- Dans le Coran et la Sunna, cela désigne : le fait d'inviter, de prêcher.
--------- Or, dans le mouvement Tabligh, on confère à ces termes un sens particulier (qui ne correspond en fait qu'à une forme partielle de toute la réalité que le terme Da'wa recouvre). Or certaines personnes participant au Mouvement se sont mises à conférer à ce terme, dès qu'il est présent dans le Coran ou la Sunna, le sens particulier et la réalité partielle sus-évoqués. Résultat : "Tu ne participes pas au mouvement "Tablîgh" de Cheikh Ilyâs ? Alors tu ne pratiques pas la Da'wa, dont le Coran et la Sunna parlent pourtant abondamment !"

----- "Wassîla" : "Moyen" :
--------- Dans le Coran, cela désigne la foi et les bonnes actions, qui sont le moyen pour se rapprocher de Dieu.
--------- Dans la Sunna, cela désigne un degré très élevé du Paradis.
--------- Dans l'usage des Compagnons, "at-Tawassul il-Allâh bi Fulân", "prendre Untel comme Wassîla auprès de Dieu" signifie : "désigner Untel pour faire les invocations collectives, pour le bénéfice de tous les hommes présents".
--------- Or :
----------- certains ulémas ont pensé que "prendre Untel comme wassîla auprès de Dieu" englobe aussi : "demander à Dieu d'accepter, à cause de Untel, l'invocation qu'on a adressée à Dieu" : cela constitue une khata ijtihâdî ;
----------- d'autres personnes ont cru que cela désigne "demander à Untel, défunt, en étant présent devant sa tombe, d'invoquer Dieu pour que Dieu nous accorde la guérison" : cela est une bid'a de façon qat'î ;
----------- d'autres personnes s'affiliant à l'islam ont cru que cela signifie "demander à Untel, défunt, de nous accorder lui-même la guérison" : l'âme de cette personne intercède alors auprès de Dieu, on l'a prise comme "moyen", "intermédiaire entre Dieu et soi" ; cela constitue du shirk akbar.

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V) En ce qui concerne les Noms de type 1.2 (les Noms dont le Coran et la Sunna ont gardé le sens littéral, mais dont la réalité varie selon l'usage) :

On prendra en compte le changement de l'étendue du champ du nom, de sorte que la règle liée à ce nom s'applique aussi à l'autre réalité que celui-ci s'est mis à englober.

Ainsi, "qabdh" désigne la prise de possession de la marchandise qu'on avait achetée. Les Textes des sources de l'islam disent que le "qabdh" est nécessaire pour que la revente de cette marchandise soit permise – d'après l'interprétation de certaines écoles, il s'agit de certaines catégories de marchandises seulement. Or, si le "qabdh" se faisait autrefois essentiellement par "la prise en main" de cette marchandise, il peut se faire aujourd'hui par d'autres moyens (Islâm aur jadîd ma'âshî massâ'ïl, pp. 214-222).

Un autre exemple : d'après l'école hanafite, parmi les conditions de validité de la prière particulière du vendredi (avec sermon et seulement deux cycles), il y a qu'elle soit accomplie dans une ville ; si les musulmans habitent un village, ils ne peuvent y accomplir la prière du vendredi, qui, s'ils la font, ne sera pas valable. Telle est l'interprétation de l'école hanafite. Se pose alors la question de la définition de la ville : Qu'est-ce qu'une "ville" ? Cheikh Khâlid Saïfullâh a dénombré 12 définitions de ce genre. Mais il a conclu : "La réalité est que la "ville" fait partie des termes qui n'ont pas été définis dans le Coran et la Sunna ; cela dépend donc de l'usage : est "ville" ce qui s'appelle "ville" dans l'usage des gens à une époque donnée et qui est considéré "ville" par l'Etat" (Jadîd fiqhî massâ'ïl, pp. 61-62, première édition).

Lire à ce sujet notre article sur le 'Urf : l'Usage.

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VI) En ce qui concerne les Noms de type 1.1 (les Noms dont le Coran et la Sunna ont gardé le sens littéral) :

Soit il n'y a jamais eu de modification dans le sens de ce mot. Pour autant, plusieurs nuances existent ici :

--- Il existe bel et bien des termes à appréhender au sens figuré (مجاز) dans le Coran et la Sunna ;
--- La raison peut-elle appréhender un texte dans un sens allégorique (ta'wîl) ? ;
--- Rationalité de la Foi - Autonomie de la Raison - Enchantement du monde ;

--- Dans le Coran et la Sunna, le nom pluriel précédé de l'article défini "Al-" induit normalement une généralité absolue, mais parfois une généralité seulement relative : "Les hommes" (النَّاس) ; "Les polycultistes" (الْمُشْرِكُونَ) ; "Les juifs" (الْيَهُود) ; "Les chrétiens" (النَّصَارَى) ;
--- Dans le texte du Coran, la formule "la Terre" (الأرض) désigne normalement toute la Terre, mais, parfois, seulement une région précise de la Terre ;
--- Dans le texte du Coran et de la Sunna, le terme "tout" (كلّ) induit parfois une généralité (عموم) non pas absolue mais seulement relative (إضافي) de la chose qu'il qualifie ;

--- Le propos (محكوم به) communiqué dans un verset, faut-il l'appliquer à tout cas de figure correspondant au thème (محكوم عليه) évoqué dans le verset, ce thème étant compris selon la simple lettre (ظاهر اللفظ) de ce verset ? Ou bien, pour établir tous les cas de figure (محكوم عليه) auquel ce propos (محكوم به) est applicable, faut-il prendre en considération la particularité de la cause de la révélation (خصوص سبب النزول) de ce verset ?

--- Quelques passages du Coran où ce qui est dit (hukm, حكم) au sujet d'une chose X (mahkûm 'alayh, محكوم عليه) est en réalité dû à la présence d'un principe motivant (manât /'illa) (مَناط/ عِلّة) dans la réalité de cette chose X. Ce qui fait que le propos (حكم) concerne en réalité un thème (mahkûm 'alayh, محكوم عليه) plus restreint (أَخَصّ) que ce que la littéralité du texte (ظاهر اللفظ) laissait croire (1/5) (تخصيص) ;
--- Quelques paroles du Prophète (sur lui soit la paix) où ce qu'il a dit (hukm, حكم) au sujet d'une chose X (mahkûm 'alayh, محكوم عليه) est en réalité dû à la présence d'un principe motivant (manât /'illa) (مَناط/ عِلّة) dans la réalité de cette chose X. Ce qui fait que le propos (حكم) concerne en réalité un thème (mahkûm 'alayh, محكوم عليه) plus restreint (أَخَصّ) que ce que la littéralité du texte (ظاهر اللفظ) laissait croire (3/5) (تخصيص).

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Soit l'usage général des Arabes eux-mêmes a fait que, depuis l'époque de la Révélation, il y a eu une modification dans le sens conféré à ce terme. Il faut alors appliquer la règle (que le Coran ou la Sunna a reliée à ce nom) à la Réalité que ce Nom désignait à l'époque de la Révélation, et pas à la Réalité que ce Nom s'est mis à désigner dans son sens ultérieur. "Al-'ibratu bi-l-mussammâ, wa lam yataghayyar".

--- Le Coran parle d'une sayyâra qui arriva près du puits dans lequel Joseph se trouvait, enfant, y ayant été jeté par ses 10 frères (Coran, sourate 12). A l'époque, cela signifiait : "caravane". Aujourd'hui, cela signifie : "automobile". Attention à ne pas traduire ce terme du Coran par le sens qu'il a aujourd'hui !

--- A l'époque du Prophète, on nommait "ribâ" tout surplus perçu sur un emprunt, soit : l'intérêt. Or, en arabe moderne, "ribâ" ne désigne plus que l'usure, tandis que l'intérêt y est désigné par le terme "fâ'ïda". Quiconque ne connaît pas cette modification dans le champ d'application du terme "ribâ'" croira que ce que le Coran interdit, c'est seulement l'usure – le taux d'intérêt interdit par l'Etat –, et non l'intérêt tout court. Or c'est le champ du nom qui a changé, alors que la réalité de l'objet ainsi nommé est restée la même.
La règle (hurma, interdiction) liée au terme "ribâ" s'applique toujours aujourd'hui à l'intérêt, même si celui-ci ne s'appelle plus aujourd'hui "ribâ" mais "fâ'ïda".

--- Un autre exemple : il est rapporté que le Prophète (sur lui la paix) buvait du nabîdh jusqu'à un certain temps après sa confection, puis le jetait. Ici "nabîdh" signifie "eau dans laquelle on a mis à tremper des dattes ou autres fruits" : le Prophète buvait de cette eau imprégnée de la douceur de ces fruits, mais quand un certain temps passait, il la jetait (il ne fallait pas qu'elle devienne enivrante ou qu'on y ressente la présence d'alcool). Or, en arabe moderne, "nabîdh" signifie "liqueur". Voyez où pourraient conduire certains faux raisonnements !
La règle (hilla, licéité) liée au terme "nabîdh" s'applique seulement à l'eau dans laquelle on a mis des fruits à tremper et qui n'est pas devenue enivrante, et pas à la boisson enivrante, même si celle-ci s'appelle aujourd'hui "nabîdh".

Dans ces deux cas, le changement de nom a été fait par l'usage – 'urf – de la société, et nous avons vu que ce changement n'avait pas d'influence sur la règle.

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Et qu'en est-il de procéder à une modification de la réalité de la chose, de sorte que la chose porte un autre nom, et de prétendre ensuite que la règle, étant liée à tel nom, ne s'applique donc pas au nouveau nom ?

--- Cela n'est pas valable si le principe motivant ('illa) auquel la règle est liée demeure, malgré le changement et bien que le nom s'en est retrouvé modifié.
"عن جابر بن عبد الله رضي الله عنهما، أنه: سمع رسول الله صلى الله عليه وسلم، يقول عام الفتح وهو بمكة: "إن الله ورسوله حرم بيع الخمر، والميتة والخنزير والأصنام." فقيل: يا رسول الله، أرأيت شحوم الميتة، فإنها يطلى بها السفن، ويدهن بها الجلود، ويستصبح بها الناس؟ فقال: "لا، هو حرام." ثم قال رسول الله صلى الله عليه وسلم عند ذلك: "قاتل الله اليهود إن الله لما حرم شحومها جملوه، ثم باعوه، فأكلوا ثمنه" : Jâbir rapporte que le Prophète (sur lui soit la paix) a dit ceci à propos de croyants d'une communauté antérieure à la sienne : "Lorsque Dieu leur interdit les graisses, ils les firent fondre, les vendirent et en mangèrent la contrepartie marchande" (al-Bukhârî 2121, Muslim 1581). "عن ابن عباس رضي الله عنهما قال: بلغ عمر بن الخطاب أن فلانا باع خمرا، فقال: قاتل الله فلانا، ألم يعلم أن رسول الله صلى الله عليه وسلم قال: "قاتل الله اليهود حرمت عليهم الشحوم، فجملوها فباعوها" : Omar ibn ul-Khattâb rapporte que le Prophète (sur lui soit la paix) a dit sur le même sujet : "Les graisses leur avaient été interdites, ils les firent fondre et les vendirent" (al-Bukhârî 2110, Muslim 1582). "Des gens consommeront de l'alcool en le nommant par un autre nom" (Abû Dâoûd, 3688-3689, an-Nassâ'ï, 5658, Ibn Mâja ; voir aussi ad-Dârimî 2100).

--- Cela est valable s'il y a eu un vrai changement de la réalité de la chose : si la 'illa n'est plus présente en elle.

Lire :
------ Peut-on transformer quelque chose d'illicite pour en obtenir un produit licite ? (مسألة تغيير العين الخبيث للانتفاع منه) - Et si on a procédé à un léger changement de la chose illicite, de sorte que son nom a changé, la règle d'illicité s'applique-t-elle toujours ? ;
------ La "hîla" (الحِيْلَة), astuce permettant de "contourner" la règle, est-elle autorisée ? - مسألة الاحتيال.

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Soit il n'y a pas eu de changement de sens chez tous les Arabes, cependant il existe un usage particulier présent dans une discipline particulière.

----- "Dhawu-l-arhâm" : "les gens des parentés" :
--------- Dans le Coran et la Sunna, il s'agit de "l'ensemble des gens de la parenté".
--------- Or, dans le Fiqh classique, ce terme désigne uniquement "les proches qui ne sont ni dhawu-l-furûdh, ni 'assaba". Il ne faut alors pas que, lisant ce terme dans un verset du Coran, le musulman lui confère le sens restreint qu'il possède dans le Fiqh !
"وكذلك لفظ "ذوي الأرحام" في الكتاب والسنة يراد به الأقارب من جهة الأبوين فيدخل فيهم العصبة وذوو الفروض وإن شمل ذلك من لا يرث بفرض ولا تعصيب. ثم صار ذلك في اصطلاح الفقهاء اسما لهؤلاء دون غيرهم. فيظن من لا يعرف إلا ذلك أن هذا هو المراد بهذا اللفظ في كلام الله ورسوله وكلام الصحابة.
ونظائر هذا كثيرة"
(MF 1/246).

----- "Ta'wîl": interprétation.
--------- Dans le Coran et la Sunna, il s'agit du commentaire, ou de la réalisation concrète.
--------- Or chez les ulémas postérieurs, cela désigne : le fait d'interpréter un texte dans un sens autre que son sens immédiat.
Lire : Trois sens existent du terme "ta'wîl" (utilisé dans la formule : "Peut-on faire ta'wîl de ce texte, ou pas ?").

----- "Istashfa'tu bi Fulân ilallâh" : "J'ai pris Untel comme intercesseur auprès de Dieu" :
--------- cela signifie : "J'ai pris Untel comme intercesseur auprès de Dieu à l'instant T, car j'ai la preuve que cet Untel est en train d'intercéder pour moi auprès de Dieu : cet Untel me l'a dit".
--------- Or certains ont cru que cela englobe aussi : "prendre quelqu'un comme intercesseur à l'instant T, alors même que Untel n'est pas, à l'instant T, en train d'invoquer Dieu en notre faveur".
Parlant du dialogue attribué Mâlik ibn Anas dans Kitâb ush-shifâ (2/35-36), Ibn Taymiyya écrit ainsi : "وإذا كان الاستشفاع منه طلب شفاعته فإنما يقال في ذلك: "استشفِعْ به فيُشفِّعه اللهُ فيك" لا يقال: فيُشفِّعك اللهُ فيه. وهذا معروف الكلام ولغة النبي صلى الله عليه وسلم وأصحابه وسائر العلماء يقال: شفع فلان في فلان فشفع فيه" (MF 1/240). "ولكن هذا اللفظ الذي في الحكاية يشبه لفظ كثير من العامة الذين يستعملون لفظ الشفاعة في معنى التوسل فيقول أحدهم: "اللهم إنا نستشفع إليك بفلان وفلان": أي نتوسل به. ويقولون لمن توسل في دعائه بنبي أو غيره: "قد تَشفَّعَ به"، من غير أن يكون المستشفع به شفَع له ولا دعا له بل وقد يكون غائبا لم يسمع كلامه ولا شفع له! وهذا ليس هو لغة النبي صلى الله عليه وسلم وأصحابه وعلماء الأمة بل ولا هو لغة العرب؛ فإن الاستشفاع طلب الشفاعة؛ والشافع: هو الذي يُشفِع السائلَ* فيطلب له ما يطلب من المسئول المدعو المشفوع إليه. وأما الاستشفاع بمن لم يشفع للسائل ولا طلب له حاجة بل وقد لا يعلم بسؤاله: فليس هذا استشفاعا، لا في اللغة ولا في كلام من يدري ما يقول! نعم هذا سؤال به ودعاؤه، ليس هو استشفاعا به. ولكن هؤلاء لما غيروا اللغة - كما غيروا الشريعة - وسموا هذا استشفاعا أي سؤالا بالشافع، صاروا يقولون: "استشفِعْ به فيُشفِّعك [اللهُ]": أي يجيب سؤالك به. وهذا مما يبين أن هذه الحكاية وضعها جاهل بالشرع واللغة وليس لفظها من ألفاظ مالك. نعم قد يكون أصلها صحيحا، ويكون مالك قد نهى عن رفع الصوت في مسجد الرسول اتباعا للسنة (كما كان عمر ينهى عن رفع الصوت في مسجده)؛ ويكون مالك أمر بما أمر الله به من تعزيره وتوقيره ونحو ذلك مما يليق بمالك أن يأمر به. ومن لم يعرف لغة الصحابة التي كانوا يتخاطبون بها ويخاطبهم بها النبي صلى الله عليه وسلم وعادتهم في الكلام، وإلا حرف الكلم عن مواضعه. فإن كثيرا من الناس ينشأ على اصطلاح قومه وعادتهم في الألفاظ، ثم يجد تلك الألفاظ في كلام الله أو رسوله أو الصحابة، فيظن أن مراد الله أو رسوله أو الصحابة بتلك الألفاظ ما يريده بذلك أهل عادته واصطلاحه. ويكون مراد الله ورسوله والصحابة خلاف ذلك! وهذا واقع لطوائف من الناس من أهل الكلام والفقه والنحو والعامة وغيرهم" (MF 1/242-243). (* Ceci car : "والشفاعة الإعانة؛ إذ المعين قد صار شفعا للمعان" : MF 15/341. Et : "فإن الشفاعة إعانة الطالب حتى يصير معه شفعا بعد أن كان وترا" : MF 28/300.)

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VII) En ce qui concerne les Noms de type 2.1 (les Noms que le Coran et la Sunna n'ont pas évoqués, et qui ont pour source un usage musulman) :

Parfois il se peut que deux ulémas aient conféré à ce même Mot : 2 sens divergents. Attention, alors, aux inutiles malentendus, dus à un seul manque de communication !

"قال أبو محمد: فلما كانت هذه المعاني المسماة الخمسة التي ذكرنا مختلفة متغايرة كل واحد منها غير الآخر وكانت كلها مختلفة الحدود والمراتب، وجب أن يطلق على كل واحد منها اسم غير الاسم الذي لغيره منها، ليقع الفهم واضحا، ولئلا تختلط فيسمى بعضها باسم آخر منها فيوجب ذلك وضع معنى في غير موضعه فتبطل الحقائق. والأصل في كل بلاء وعماء وتخليط وفساد: اختلاط أسماء ووقوع اسم واحد على معاني كثيرة، فيخبر المخبر بذلك الاسم وهو يريد أحد المعاني التي تحته، فيحمله السامع على غير ذلك المعنى الذي أراد المخبر؛ فيقع البلاء والإشكال. وهذا في الشريعة أضر شيء وأشده هلاكا لمن اعتقد الباطل إلا من وفقه الله تعالى" :
Ibn Hazm écrit ici que
l'une des causes des malentendus est :
"le fait qu'un nom unique ait plusieurs sens. La personne qui informe donne une information avec ce terme, et elle veut parler de l'un des sens que celui-ci recouvre. Celui qui l'entend le comprend dans un sens autre que celui que la personne qui informe a visé. Alors se produit le problème" (Al-Ihkâm, p. 1168 : également cité dans Nazariyyat ul-maqâssid, p. 191).

----- "Soufisme" : "وقد تكلم بهذا الاسم [التصوف] قوم من الأئمة: كأحمد بن حنبل وغيره؛ وقد تكلم به أبو سليمان الداراني وغيره. وأما الشافعي فالمنقول عنه ذم الصوفية؛ وكذلك مالك فيما أظن. وقد خاطب به أحمد لأبي حمزة الخراساني وليوسف بن الحسين الرازي ولبدر بن أبي بدر المغازلي. وقد ذم طريقهم طائفة من أهل العلم ومن العباد أيضا من أصحاب أحمد ومالك والشافعي وأبي حنيفة وأهل الحديث والعباد. ومدحه آخرون. والتحقيق فيه: أنه مشتمل على الممدوح والمذموم، كغيره من الطريق، وأن المذموم منه: قد يكون اجتهاديا، وقد لا يكون؛ وأنهم في ذلك بمنزلة الفقهاء في "الرأي": فإنه قد ذم الرأي من العلماء والعباد طوائف كثيرة. والقاعدة التي قدمتها تجمع ذلك كله؛ وفي المتسمين بذلك، من أولياء الله وصفوته وخيار عباده: ما لا يحصى عدده؛ كما في أهل الرأي، من أهل العلم والإيمان: من لا يحصي عدده إلا الله. والله سبحانه أعلم" (MF 10/369-370).

----- "Salafisme" : Ibn ul-Uthaymîn : "Et il n'y a pas de doute que ce qui est obligatoire sur tous les musulmans est que leur école soit celle des Salaf. Et pas s'affilier à un groupe précis qui s'appelle "les Salafîs". Ce qui est obligatoire est que la Umma, son école soit l'école des Salaf sâlif. Et pas s'affilier à ceux qui sont appelés "les Salafîs". Soyez conscients de la différence : il y a là la voie des Salaf ; et il y a là un groupe qui est appelé "les Salafîs"" : "ولا شك أن الواجب على جميع المسلمين أن يكون مذهبهم مذهب السلف، لا الانتماء إلى حزب معيّن يسمى "السلفيين". الواجب أن تكون الأمة الإسلامية مذهبها مذهب السلف الصالح، لا التحزب إلى من يسمى "السلفيون". انتبهوا للفَرْق! هناك طريق سلف، وهناك حزب يُسمى: "السلفيون" (sunnahonline). Lire aussi : Trois sens au terme "Salafî".

----- "Wahhabisme" : Lire : Que penser du wahhabisme ?

----- "Hadîth dha'îf" : Ahmad confère à ce terme un sens plus large que celui, restreint, que d'autres spécialistes, postérieurs, lui confèrent : "ومن نقل عن أحمد أنه كان يحتج بالحديث الضعيف الذي ليس بصحيح ولا حسن فقد غلط عليه ولكن كان في عرف أحمد بن حنبل ومن قبله من العلماء أن الحديث ينقسم إلى نوعين: صحيح وضعيف. والضعيف عندهم ينقسم إلى ضعيف متروك لا يحتج به، وإلى ضعيف حسن (كما أن ضعف الإنسان بالمرض ينقسم إلى مرض مخوف يمنع التبرع من رأس المال وإلى ضعيف خفيف لا يمنع من ذلك). وأول من عرف أنه قسم الحديث ثلاثة أقسام - صحيح وحسن وضعيف - هو أبو عيسى الترمذي في جامعه. والحسن عنده ما تعددت طرقه ولم يكن في رواته متهم وليس بشاذ. فهذا الحديث وأمثاله يسميه أحمد "ضعيفا" ويحتج به. ولهذا مثل أحمد الحديث الضعيف الذي يحتج به بحديث عمرو بن شعيب وحديث إبراهيم الهجري ونحوهما. وهذا مبسوط في موضعه" (MF 1/251-252).

----- "Hadîth mawdhu'" : Ibn ul-Jawzî confère à ce terme un sens plus large que celui, restreint, que d'autres spécialistes, postérieurs, lui confèrent : "وليس في الأحاديث المرفوعة في ذلك حديث في شيء من دواوين المسلمين التي يعتمد عليها في الأحاديث - لا في الصحيحين ولا كتب السنن ولا المسانيد المعتمدة كمسند الإمام أحمد وغيره. وإنما يوجد في الكتب التي عرف أن فيها كثيرا من الأحاديث الموضوعة المكذوبة التي يختلقها الكذابون. بخلاف من قد يغلط في الحديث ولا يتعمد الكذب فإن هؤلاء توجد الرواية عنهم في السنن ومسند الإمام أحمد ونحوه. بخلاف من يتعمد الكذب فإن أحمد لم يرو في مسنده عن أحد من هؤلاء. ولهذا تنازع الحافظ أبو العلاء الهمداني والشيخ أبو الفرج ابن الجوزي: "هل في المسند حديث موضوع؟" فأنكر الحافظ أبو العلاء أن يكون في المسند حديث موضوع. وأثبت ذلك أبو الفرج وبين أن فيه أحاديث قد علم أنها باطلة. ولا منافاة بين القولين. فإن الموضوع في اصطلاح أبي الفرج هو الذي قام دليل على أنه باطل وإن كان المحدث به لم يتعمد الكذب بل غلط فيه؛ ولهذا روى في كتابه في الموضوعات أحاديث كثيرة من هذا النوع؛ وقد نازعه طائفة من العلماء في كثير مما ذكره وقالوا إنه ليس مما يقوم دليل على أنه باطل بل بينوا ثبوت بعض ذلك؛ لكن الغالب على ما ذكره في الموضوعات أنه باطل باتفاق العلماء. وأما الحافظ أبو العلاء وأمثاله فإنما يريدون بالموضوع المختلق المصنوع الذي تعمد صاحبه الكذب" (MF 1/248-249).

----- Certains qualificatifs à propos de Dieu : Lire à ce sujet : Peut-on donner une information au sujet de Dieu par un Qualificatif ou un ensemble de termes qui nous semble(nt) être le synonyme (مُرادف أو مُقارب) ou le corollaire (لازم) d'un terme que le Coran ou la Sunna a employé au sujet de Dieu ?.

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VIII) En ce qui concerne les Noms de type 2.2 (les Noms que le Coran et la Sunna n'ont pas évoqués, et qui ont pour source un usage non-musulman) :

Il faut analyser le sens du terme avant de se prononcer.

Et, alors :

- parfois on peut se prononcer (dans un sens ou dans l'autre), et dire : "Cela existe en islam", ou, au contraire : "Cela n'existe pas en islam" ;

- d'autres fois on est amené à détailler ("Si on entend par ce terme telle chose, alors... Par contre, si par ce terme on entend telle autre chose, alors...").

Ainsi :
----- "La notion de tolérance existe-t-elle en islam ?" ;
----- "La question des libertés individuelles en islam" ;
----- "Démocratie : l'islam est-il pour ou contre ?" :
----- "Les pays musulmans devraient-ils eux aussi adopter la laïcité ?",
----- etc.

Wallâhu A'lam (Dieu sait mieux).

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